Entrevue avec Sara Dufour, auteure-compositrice-interprète.
Entrevue avec Sara Dufour, auteure-compositrice-interprète, réalisée par Léanne Landry, Genevieve Duclos, Eliam Matteau, Sophie Beaulieu et Jade Fortier des Comités 12-18 de St-Pierre-Baptiste, Inverness et Villeroy.
Quelle genre d’adolescente étais-tu?
Premièrement, je n’ai pas fait de crise d’adolescence comme plusieurs jeunes font. Ma sœur en a fait une. Moi, je me décrirais plus comme étant une aventurière tripeuse. Je recherchais beaucoup le « fun ». À l’adolescence, j’ai fait énormément de pouce. Je voyageais beaucoup sur l’autostop comme on dit. Quand je manquais mon autobus, je partais à l’école sur le pouce. À 15 ans, je suis partie sur le pouce à Montréal avec une de mes amies pour aller voir des shows de punk à l’île Sainte-Hélène. Je ne l’ai pas dit à ma mère. Je disais tout à ma mère, mais trois mois plus tard. (rires) Après ça, je me rappelle avoir un « packsack » sur le dos et je me promenais. On veillait tard, on se levait tard, l’été surtout. Je me rappelle qu’avec deux piastres, on était vraiment heureuses. On allait s’acheter deux piastres de frites chez Noël avec une montagne de ketchup. On se disait : « La vie est belle. » C’était ça mon adolescence. C’était l’aventure. Je rêvais énormément d’aventures, encore aujourd’hui d’ailleurs. J’ai fait un peu de « skate ». J’ai fait beaucoup d’improvisation, ça a fait une grosse différence dans ma vie. J’ai été dans les cadets de l’air. J’ai commencé à jouer de la guitare à l’adolescence aussi. Je pense que ça fait le tour.
Il y a beaucoup de visuels et d’accessoires jaunes dans tes spectacles et ton image de marque. Est-ce qu’il y a une histoire derrière ce choix de couleur?
C’est vrai que j’ai une belle relation avec la couleur jaune. On pourrait probablement dire que ça part du fait que je suis une tripeuse de Skidoo dans la vie et la couleur d’un Skidoo, c’est jaune. D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours aimé cette couleur-là. Quand j’ai commencé à faire de la musique, j’avais une gourde Skidoo. Elle était noire et il était écrit Skidoo en jaune. Je niaisais tout le temps, je disais toujours en spectacle qu’à chaque fois que je dis « Skidoo », Skidoo me donne une piastre. Après ça, la couleur jaune est restée. Quand sont venus les produits dérivés, la première affaire que j’ai fait, c’est un t-shirt et le dessin que j’avais fait faire était jaune. Après ça, ma gourde jaune, mes bas jaunes, ma teinture jaune… J’ai souvent un accessoire jaune sur mon corps ou même en spectacle, mon micro est jaune. Je trouve que c’est une couleur vivante, joyeuse et remplie de surprises. (rires)
À part le Skidoo et le motocross, as-tu un passe-temps ou un loisir quand tu n’es pas en spectacle?
Le motocross, je m’en étais acheté un. Mais honnêtement, j’ai plus grandi avec des quatre-roues, alors je l’ai vendu quelques années plus tard. J’ai encore mon quatre-roues et mon Skidoo chez nous. J’aime ça aller me promener avec mon chien dans les bleuetières en quatre-roues. Lui, il court à côté. Je te dirais que ce n’est pas mal de cette façon-là que je décroche quand je ne suis pas en spectacle, que je ne suis pas dans le tourbillon d’être sur la route tout le temps. Quand j’arrive chez nous, bien souvent, je passe à l’épicerie et après, je ne sors plus jusqu’à ce que je reparte. Je m’isole un peu pour promener mon chien, aller prendre des marches. Après ça, j’ai beaucoup trippé sur le karting dans ma vie. Si je n’avais pas été chanteuse, j’aurais aimé ça être une professionnelle du karting. Faire des compétitions et devenir une pro. La vie m’a amenée ailleurs, mais j’ai toujours aimé faire du karting. À part le quatre-roues, j’aime faire des casse-têtes. Mais c’est rare que j’en fais parce que quand j’en commence un, il faut que je le finisse. Des fois, si je commence, je suis plus capable d’arrêter. Alors je ne fais pas grand-chose d’autre dans ce temps-là. (rires) Mais l’hiver, je vais faire un casse-tête.
Quels sont les moments qui ont eu un impact important et qui t’ont motivée à continuer ta carrière?
Il y a des décisions qu’on prend dans la vie qu’on sent qu’elles vont avoir un impact et un changement. Moi, c’est quand j’ai découvert l’École nationale de la chanson, qui est une école spécialisée pour les auteurs-compositeurs-interprètes, située à Granby. Ça dure un an intensif. C’est une attestation d’études collégiales. Quand j’ai découvert ça, c’était pour moi une révélation si on peut dire. J’avais toujours eu une petite voix à l’intérieur de moi qui me disait de faire quelque chose de poussé, mais je ne savais pas quel chemin prendre. Quand j’ai découvert ça, j’ai été cherché plus d’informations et la vie a fait en sorte que quand je suis rentrée là, ça a vraiment changé ma vie. Cette décision-là, ça a vraiment été le point tournant. À la suite de ça, j’ai pris la décision de plonger la tête la première dans cette passion-là, dans ce rêve-là, dans ces objectifs-là. Je suis repartie à zéro dans la plupart des sphères de ma vie au niveau du travail, des relations et tout ça. J’ai tout mis mon énergie dans la musique, pour l’amour que j’avais pour ça. Finalement, aujourd’hui ça fait onze ans que je suis sortie de l’École nationale de la chanson et ça fait onze ans que chaque année, c’est ma plus grosse année. C’est un beau parcours.
Comment les gens ont réagi à l’annonce de la carrière que tu voulais faire?
Ma mère, vraiment bien. Mes frères et sœurs aussi. Mes parents se sont séparés quand j’avais sept ou huit ans. Mon père n’a pas été super présent. Je l’ai appelé pour voir s’il pouvait m’aider financièrement parce que je n’allais pas travailler pendant un an. Je lui ai demandé s’il pouvait payer ma chambre, il m’a dit non. (rires) On a raccroché. Il m’a rappelé disant : « Ça veut dire quoi, ça, aller dans la chanson ? » Je lui ai dit que ça me donnait une attestation collégiale en chanson. Mon père aime ça, les beaux diplômes, mais là, c’était juste un diplôme en chanson. Finalement, il m’a dit oui. Peut-être à reculons, mais je pense qu’aujourd’hui, il est vraiment fier de voir que le petit apport qu’il a mis, ça fait une grande différence. Sinon, je te dirais que le reste du monde était en accord avec mon choix. Sauf mon père. Mais maintenant, il est fier. (rires)
Quel parcours as-tu effectué pour faire le métier que tu fais aujourd’hui?
Je dirais que le début a été de prendre des cours de guitare, sans savoir que c’est ce que je ferais dans la vie. Jusqu’à ce que je découvre l’École Nationale de la chanson et c’est là que ma vie a changé à 180 degrés je dirais. À cette école là on t’apprend tout pour être capable de voler de nos propres ailes. Que ce soit au niveau de la gestion de la carrière artistique, de la création, de l’histoire de la chanson, du chant, des techniques vocales et j’en passe. Quand je suis sortie de l’école, il nous fallait des objectifs à court, moyen et long terme. Quand j’ai commencé, mon but était de faire 10 spectacles par années, ce qui équivaut à un peu moins d’un spectacle par mois. 11 ans plus tard, l’an dernier j’en ai fait 55 en 4 mois, on peut voir que les objectifs ont changé, ça évolué beaucoup. Mon début de parcours a été beaucoup dans les concours partout au Québec. Ceux-ci permettent de baigner dans ce milieu-là, tu rencontres des amis, tu tisses des liens, tu te fais des contacts, tu apprends beaucoup aussi. J’ai fait beaucoup de formations sur plein de trucs en lien avec la musique parce que c’est un milieu complexe (droits d’auteur, droits d’édition, droits mécaniques etc.). Ensuite je voulais un mini album pour jouer dans les festivals, puis j’ai fait 2 albums. Je vais sortir mon 3e album à l’automne.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui voudraient aller dans le domaine de la musique?
Une des choses les plus importante, je dirais, serait de rester soi-même, de ne pas essayer d’être quelqu’un d’autre. Nous sommes tous uniques et souvent, ce qu’on pense qui est étrange chez nous, deviendra souvent notre force. Comme moi au début je trouvais ça bizarre de voir que j’écrivais comme je parlais, je me comparais à la façon de parler des autres. Quelques années plus tard, je réalise que c’est finalement une de mes forces, je pense. De croire en ses rêves, avoir un rêve c’est quelque chose mais de faire les premiers pas dans sa direction, amènera toujours un autre pas qui permet de tracer le parcours. Finalement c’est d’avoir du plaisir.
Tu as écrit un de tes albums dans ton chalet dans le bois, où as-tu écris ton nouvel album?
Cet album-là, j’avais comme objectif de l’écrire au lac Saint-Jean et sur cet abum là, on entend vraiment mon retour en région parce que je devais aller passer un hiver là mais finalement je suis retournée là, je me suis acheté une maison. J’habite là depuis 2 ans et demi, il y a des chansons que j’ai écrit en prenant une marche, d’autre dans la nuit, d’autres à la table du chalet où je passais l’hiver, il y en a que j’ai écrit dans la maison que je me suis achetée et ça s’entend sur l’album.
Quel sujet n’as-tu pas abordé dans tes chansons, que tu aimerais aborder dans le futur?
J’ai commencé à l’aborder un peu dans mes chansons, mes chansons sont souvent collées sur ce que je vis, au quotidien. J’aimerais être capable d’écrire une chanson en me sortant en racontant l’histoire de quelqu’un d’autre, avec la voix de quelqu’un d’autre. Être moins au ‘’je’’ c’est un défi auquel je pense depuis quelques années déjà.
Dans tes vidéoclips, on peut voir un aperçu de tes talents de comédienne. Aurais-tu aimé continuer cette voie après Watatatow?
Oui, j’aurais aimé ça. Quand j’ai commencé à faire de l’improvisation à 13 ans, j’ai eu le désir en même temps de devenir comédienne. J’aimais tout ce qui touchait le domaine des arts au secondaire. Après ça, Watatatow est arrivé. Quand ça s’est terminé, j’ai quand même essayé de continuer dans ça et c’est là que la musique a pris plus de place si on peut dire. Mais oui, j’ai essayé un peu. J’ai fait de la figuration dans quelques films, j’ai fait des émissions et tout ça. Mais je me suis vraiment concentrée sur la musique. J’ai vraiment aimé ça de jouer des rôles dans mes clips. Ce n’est pas quelque chose que j’exclus dans ma vie plus tard.
Tu fais maintenant une chronique à la radio chaque semaine. Est-ce que faire de la radio faisait partie de tes rêves ? Aimes-tu l’expérience ?
Je n’avais pas comme rêve de faire de la radio, mais c’était dans ma tête parce que j’aime ça toucher à tout. J’aime ça apprendre et découvrir de nouvelles choses et je m’étais dit peut-être que plus tard j’aimerais ça toucher à ça. Je ne pensais pas que ça allait venir vite comme ça dans ma vie. On m’a approchée pour me proposer des vendredis à CKOI et j’étais là : « C’est une belle offre que j’ai de la misère à refuser ». Pour répondre à ta question, ce n’était pas un rêve, mais c’est quelque chose e je me plais vraiment à découvrir. En fait, ça me fait vraiment sortir de ma zone de confort. Je trouve que quand on sort de notre zone de confort, on grandit en tant que personne. C’est un peu ça que je vais chercher en ce moment.
Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique dans la vie de tous les jours ?
Une grande importance. Je pense que plus on vieillit, plus c’est important de se garder en forme. Je le vois parce que je fais des spectacles et c’est important de se garder en forme pour le souffle et essayer de livrer. Je suis quelqu’un qui bouge beaucoup en spectacle et j’essaie chaque jour de faire un peu d’exercice. Ce n’est pas toujours facile quand on est tout le temps en déplacement. J’aimerais pour le restant de mes jours essayer de garder l’activité physique présente dans ma vie. Je pense que c’est une clé pour une bonne santé, un bon mental et un équilibre de vie.
Que penses tu du fait que des jeunes comme nous s’impliquent bénévolement dans leur municipalité?
Je trouve ça merveilleux et vraiment beau de voir ça parce que j’ai l’impression que même quand j’étais jeune, je ne me rappelle pas avoir vu quelque chose comme ça. Je trouve ça « hot ». J’ai l’impression qu’on dit souvent que les jeunes sont sur leur cellulaire et qu’ils ne font rien. Mais là, je trouve que c’est tout le contraire que je vois. Je trouve ça magnifique de vous voir et de pouvoir participer à ça avec toi. Je vois que c’est plein d’avenir pour le futur.
Pour toi, la persévérance scolaire, c’est quoi?
Pour moi, c’est quand ça devient difficile. Je suis passée par là, autour de mon secondaire 4 environ. J’étais démotivée complètement de l’école, j’avais même pensé lâcher l’école. J’arrivais en retard à mes cours, je dormais pour mes examens. J’étais complètement déconnectée. Par contre, j’ai toujours eu une petite voix à l’intérieur de moi qui me disait de ne pas lâcher. Je me suis accroché à cette petite voix-là. Je ne savais pas pourquoi, mais je me suis dit : « Je vais l’écouter parce que je pense que le « feeling » et l’intuition qu’on a à l’intérieur de nous, c’est parfois notre meilleur conseiller ». Avec les années, j’ai vu que c’était vrai. J’ai décidé de poursuivre et de finir mon secondaire 5. Quand je l’ai fini, je n’avais pas les mathématiques nécessaires pour aller au cégep. Je me disais : « Bof, de toute façon, je ne vais pas aller au cégep ». Mais j’avais encore cette petite voix-là qui m’a dit : « Tu devrais finir tes affaires et après, on en parlera plus ». Je suis allée m’inscrire à une école qui était semi-adulte, pour les jeunes de 16, 17 ou 18 ans. Je suis allée finir mes maths. Honnêtement, j’ai déjà eu 1 % dans un examen de maths. Donc, ça m’a pris du courage, de la persévérance et de la détermination pour aller m’inscrire et de me dire que je vais aller à mon rythme pour finir mes mathématiques. J’ai toujours été motivée en commençant une année scolaire, mais je suis quelqu’un qui est beaucoup dans la lune. Dans une classe de 32 élèves comme c’était, ce n’était pas long avant que je parte dans la lune et que je manque la formule d’algèbre. Pendant l’année où j’ai fini mes maths, j’allais à mon rythme, mon prof m’a aidée aussi. J’ai terminé mes maths de secondaire 5 avec 95 %. Je pensais que j’étais nulle, mais finalement ce n’est pas que j’étais nulle, c’est juste que je ne cadrais pas dans cette façon de faire-là. Ça m’a beaucoup encouragée, mais je ne savais pas encore pourquoi j’avais fini mes maths. Je ne voulais pas y aller au cégep. C’est dix ans plus tard, quand j’ai découvert l’École nationale de la chanson, qui est l’équivalent d’un Cégep, que j’ai vu que j’avais besoin de mes maths de secondaire 5. Là, j’étais vraiment contente de les avoir finis parce que sinon, je n’aurais pas pu accomplir mon rêve. Je pense que ça répond bien à ce que c’est pour moi la persévérance scolaire.
Quel artiste t’inspire le plus?
Je n’ai pas vraiment d’idoles, mais en ce moment, dans le monde entier, Brandi Carlile, c’est l’artiste que j’admire le plus. J’aime sa façon d’écrire, j’aime la personne qu’elle est, j’aime la façon qu’elle a de s’exprimer, j’aime son style. J’ai été la voir en show déjà deux fois. Une fois en spectacle solo et curieusement je m’étais habillée comme elle, mais à l’envers. Donc j’avais des pantalons bleus avec un veston vert et elle, elle avait un veston bleu avec des pantalons verts. À la deuxième chanson, elle m’a vue. Elle m’a dit : « Hey, on matche ! » Pendant tout le spectacle, elle lançait des pics de guitare. Je souhaitais tellement qu’elle m’en lance un dans ma direction parce que j’avais un bon siège. Le dernier pic de la soirée, elle part pour le lancer et je me suis levée. J’ai crié : « Hey! » Et là, elle m’a vue. J’ai fait un pas en avant et elle m’a lancé son pic, mais le pic est tombé entre la clôture de sécurité et le stage. Là, je voulais fouiller avec ma lampe de poche pour le trouver, mais elle m’a dit : « Je vais t’en chercher un autre ». Donc je me suis avancée sur le bord du stage pour attendre le pic. Quand elle m’a revue habillée comme elle, elle a dit : « You guys gotta see this shit » et elle m’a dit de monter sur le stage. Elle me fait monter sur le stage devant 3000 personnes. Je monte, j’ai sauté comme mon chien quand je lui dis de faire une commande. Elle m’a dit que c’était sa dernière chanson et qu’on allait faire le salut ensemble. (rires) On a salué le public ensemble et j’ai eu son pic. J’ai plein de photos avec elle aussi. C’était mon anecdote avec Brandi Carlile. En ce moment, c’est l’artiste que j’admire le plus. Mon rêve, ce serait de faire une chanson avec elle. (rires)
Qu’est-ce qui t’a inspirée à écrire ton hit Semi-route Semi-trail?
J’étais en discussion avec un de mes amis qui me disait un peu comment il était. C’est quelqu’un que je venais de rencontrer et il m’expliquait qu’il était « redneck ». J’étais là : « Okay, moi je ne suis pas « redneck », je suis semi-route semi-trail » pour expliquer que je suis capable d’être « redneck », mais je suis capable aussi d’avoir de la classe. C’est là que je lui ai dit qu’il fallait que j’arrête de lui parler parce que je venais d’avoir une idée de chanson. Je suis rentrée tout de suite chez nous et j’ai écrit toutes les idées que j’avais. Je me disais que j’allais écrire une toune qui s’appelle Semi-route Semi-trail parce que j’ai besoin des deux univers pour être équilibrée. Je ne pourrais pas habiter à Montréal tout le temps, je ne pourrais pas habiter dans le bois tout le temps. J’aime ça l’équilibre entre les deux.
Quelle est ta chanson préférée?
J’en ai plusieurs. Si j’en ai une à dire, je vais parler de la chanson avec laquelle j’ai découvert Brandi Carlile. J’étais assise dans ma voiture, dans le stationnement du Canadian Tire. J’ai écouté la chanson, je suis partie à brailler. Ça s’appelle « The Story ». Encore aujourd’hui, c’est une chanson que j’aime énormément. Il y en a plein d’autres que j’aurais pu nommer, mais celle-là est significative parce qu’en plus, c’est l’artiste que j’admire.
Quelle est la marque de son ski doo?
C’est un Summit X 850, 165 pouces, 2 pouces et demi de chenille.
Entrevue avec Véronique Boutet, propriétaire du restaurant Chez Lucky
Entrevue avec Véronique Boutet, propriétaire du Resto Chez Lucky, réalisée par Shelby et Shanny Croteau et Malyck Jacques du Comité 12-18 de St-Rémi-de-Tingwick.
Décrivez-vous votre entreprise.
C’est un petit restaurant qui est très familial. Les gens, ça vient ici, ça jase entre eux autres. Puis ce qui est agréable, c’est que tout le monde mange bien.
Quel type de métiers peut-on trouver dans votre entreprise ?
Il y a des cuisiniers, des serveurs, des « busgirls et busboys ». Je le dis en anglais, mais dans le fond, ce sont des aide‑cuisiniers et des aide‑serveurs. Il y a aussi des laveurs de vaisselle. Puis il y a des « boss » comme moi pour faire la gestion. (rires)
Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?
C’est sûr qu’il y en a quelques-unes, mais moi, la valeur que j’ai ici, c’est vraiment que c’est familier.
Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez ?
La ponctualité. Le respect. Être souriant ou souriante, mais surtout le respect.
Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ?
Depuis avant-hier, ça fait exactement cinq mois que j’ai acheté. J’ai pas encore fait beaucoup de choses, mais j’ai changé les chaises et les gens sont tous contents. (rires) C’est le seul projet que j’ai eu à date. J’en veux d’autres, mais pour le moment…
Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?
C’est le « fun » parce que tout le monde se parle. Il y a personne qui reste dans son coin.
Comment se passe une journée de travail pour vous ?
J’ai mal aux jambes le soir quand j’arrive chez nous, mais j’adore mon travail. Je suis souriante du matin au soir. Juste l’approche des gens, c’est très important pour moi. J’ai bien du plaisir. Pour moi, c’est ça une journée de travail.
Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?
Jaser avec les gens, avec mes clients.
Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?
Je sais pas. (rires) Pour le moment, je rêve qu’un jour, ma fille reprenne mon entreprise. Elle a 27 ans et travaille en cuisine pour le moment. J’espère qu’un jour, elle va me dire : « Maman, je t’achète. » (rires)
Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?
Les raisons sont simples. On est une petite famille. On est tissés serrés. Tout le monde a du plaisir à travailler. En plus, on a de la bonne bouffe. (rires)
Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?
Les clients heureux. La satisfaction des gens quand ils viennent me voir à la caisse et me disent : « Merci, c’était vraiment bon. »
Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?
C’est très important. Quand on est jeune, à votre âge, nos parents nous disent ça et ça ne nous tente pas de l’entendre. J’aurais dû écouter un peu plus, mais c’est pas grave. (rires) J’ai réussi quand même dans la vie. La persévérance, c’est très important.
Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?
De pas lâcher. C’est pas toujours facile à tous les jours, mais si c’était facile, on aurait rien.
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
Ça, c’est vraiment un beau wow pour moi. Tous les jeunes devraient essayer ça au moins une fois dans leur vie, je pense, de faire quelque chose bénévolement. Juste pour savoir c’est quoi le travail, c’est quoi le « fun » qu’on peut avoir à faire quelque chose sans bénéfices. Juste pour le plaisir de le faire.
Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?
C’est important, parce qu’au bout du compte, c’est la santé qui compte. Au moins faire une petite demi-heure d’activité physique par jour.
Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?
C’est une perte de temps, une perte d’argent, énormément. J’ai fumé quand j’étais jeune et si c’était à recommencer aujourd’hui, je le ferais pas, parce que ma santé est bien plus importante.
Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?
Je suis totalement en désaccord avec ça. Je peux même pas dire s’il y a du positif là-dedans. Pour moi, c’est que du négatif. Moi, c’est mon opinion personnelle, parce que j’ai jamais pris ça de ma vie et ça me manque pas, je l’essaierais pas non plus. Mais pour ceux qui en prennent à l’occasion, tant mieux pour eux autres que ce soit légal, mais pour moi il y a rien de positif par rapport à ça. Le temps qu’ils sont là-dessus, ils travaillent pas, ils font pas d’efforts physiques, ils peuvent pas étudier. Ils ont un manque à quelque part, parce qu’ils font ça en attendant.
Entrevue avec Marie-Claude Savard, animatrice à la radio et à la télévision.
Entrevue avec Marie-Claude Savard, animatrice à la radio et à la télévision, réalisée par Victor Bourgeois, Gaëlle Lauzière, Makayla Nantel et Charline Pelletier des Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey et de Lefebvre.
Je m’appelle Victor, je suis vice-président dans le Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey. Moi ainsi que tous les membres de Partenaires 12-18 sommes très heureux que vous nous accueilliez dans les studios d’Énergie et que vous ayez accepté notre invitation.
Ça me fait plaisir de vous recevoir dans les studios là où on fait « Ça rentre au poste » tous les jours.
On pourrait commencer l’entrevue, j’ai trois questions à vous poser. La première, c’est : y a-t-il des études spéciales qu’il faut faire pour animer à la radio comme vous le faites ?
Non, il n’y a pas de prérequis. C’est pas comme quand on devient médecin où ça nous prend un diplôme. Évidemment, une formation en communication ne fait pas de tort. Par contre, il y a des gens de tous les horizons qui peuvent se ramasser à la radio. Ça prend quand même un bon français, donc peu importe le programme qu’on choisit, il faut savoir bien écrire, bien parler, savoir placer la voix. Il y a quand même des choses à apprendre dans le monde de la radio. Alors un bon cours en communication peut nous les donner. Sinon, d’écouter beaucoup la radio et de s’exercer à en faire. Par exemple, moi j’ai étudié en histoire, en science politique et en communication. J’étais pas prédestinée à faire de la radio et de la télé dès le départ. Sébastien Benoît, avec qui j’ai travaillé, a fait ses études en droit. La plupart de mes collègues ont pas vraiment d’études. (rires) Mais ça dépend de ce qu’on veut faire parce que pour être journaliste, oui ça prend une formation de journaliste. Mais tous les chemins mènent à Rome comme on dit. Et tous les chemins mènent à la radio.
Quelle importance accordez-vous à l’activité physique ?
C’est essentiel parce que le milieu du travail est quand même sédentaire. Ça vient avec beaucoup de stress, d’anxiété et de compétition. Souvent l’un des bons remèdes, c’est justement de balancer ça avec de l’activité physique, de bouger. L’activité physique, ça peut être juste de partir prendre une marche, de pas toujours rester dans notre tête. Nous, on travaille avec des écrans d’ordinateur. J’ai l’ordinateur ici, j’ai l’ordinateur là, c’est beaucoup d’écrans et beaucoup de stimuli. Pour moi, en tout cas, c’est essentiel de bouger.
Pour terminer, lors d’un coup de téléphone que vous avez fait, est-ce qu’il y a quelqu’un qui a tellement cru à la situation que ça aurait pu finir par dégénérer si vous aviez pas dit que c’était une blague ?
En fait, on fait beaucoup de recherches quand on téléphone. Avec les complices et notre producteur, il se passe énormément d’échanges. Il faut toujours s’assurer que la personne qu’on va piéger n’est pas cardiaque, n’a pas de problèmes de santé majeurs, n’est pas sur la route ou avec un véhicule à proximité. C’est pas quelqu’un qui pourrait décider de prendre son auto et de partir sur la route pour aller dénouer une situation. Souvent, les gens qu’on piège sont sur leur milieu de travail et il y a des gens autour qui sont au courant qu’il y a un téléphone qui va se passer. Donc, on s’assure qu’ils sont bien entourés parce qu’on sait jamais ça va être quoi la réaction. Il y en a qui réagissent très fortement. Comme là, ça fait 3 fois qu’on piège Nancy Vaillancourt et elle, elle part de 0 à 100. Mais elle est jeune, Nancy, on le sait. Je suis sûre que dans la vie de tous les jours, elle pogne les nerfs souvent comme ça. Des fois, on piège des personnes âgées et ça devient encore plus crucial de faire une recherche au préalable. On s’arrange tout le temps pour que ce soit sécuritaire.
Bonjour, moi c’est Gaëlle, je suis trésorière dans le Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey. Pour commencer, c’est quoi la blague la plus malaisante que vous ayez dite à la radio ?
Ça dépend quel niveau de malaisant, dans le sens où des fois, je dis quelque chose d’hyper personnel que normalement, tu dirais pas à la radio. Mais moi, j’ai pas le malaise à la même place que tout le monde. Ce qui pourrait être malaisant pour toi ne l’est probablement pas pour moi. Je sais pas si j’ai déjà vraiment eu des gros moments de malaise. Il faudrait que je pose la question à mes collègues. À un moment donné, j’ai piégé Christine Morency. Je l’avais appelée pour lui dire qu’elle avait tout cochonné le studio et que ça n’avait pas d’allure. J’arrêtais pas parce que j’étais dedans et elle, elle m’écoutait. Là, peut-être que j’aurais créé un malaise. Je suis peut-être allée un peu loin dans cette blague-là, mais autrement, non je me sens pas très mal à l’aise.
Comment définiriez-vous le métier d’animatrice à la radio ?
Ça ressemble à du théâtre d’une certaine façon. C’est de l’improvisation. Quand on est en situation d’improvisation, c’est un jeu humain très serré. C’est beaucoup d’écoute. C’est souvent plus important ce qu’on ne dit pas que ce qu’on va dire, surtout quand on travaille à plusieurs. C’est très important que je ne parle pas en même temps que toi et vice-versa. On se regarde énormément, on est toujours en train de se regarder. Tu peux pas être sur ton téléphone cellulaire et attendre ton tour quand tu fais de la radio. On est très engagés dans ce qu’on fait. C’est un peu comme le hockey : on joue en trio et ça va vite sur la patinoire. On se lance la rondelle et ce qu’on espère, c’est marquer un but. C’est un travail où il faut savoir parler de manière efficace et concise. Il faut avoir un sens de l’humour, un sens du rythme et une connaissance des codes de la radio comme je le disais. Ça veut dire que quand l’animateur va présenter une chanson, c’est pas le temps de partir un sujet ou d’ouvrir une parenthèse. C’est beaucoup de rodage et beaucoup de pratique.
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
Pour moi, c’est la base de tout. Moi, j’aurais pas fait le métier que j’ai fait si j’avais pas fait des activités parascolaires et si je m’étais pas impliquée. C’est important de s’impliquer parce que c’est ça qui fait qu’on va chercher des connaissances différentes et qu’on se découvre aussi. À l’école, on apprend des choses, on est exposé à certaines activités. Plus on s’ouvre jeune, plus on se donne la possibilité de découvrir quelque chose. Moi, j’étais pas prédestinée au métier que je fais. J’étais très bonne en arts plastiques et je pensais que je ferais carrière là-dedans. C’est vraiment des orienteurs et des gens que j’ai rencontrés qui m’ont poussée vers les communications. Vous apprenez aussi à rencontrer de nouvelles personnes et à vous présenter différemment. Ça, c’est essentiel dans le milieu du travail aujourd’hui. Ça fait toute la différence. Je pense donc que le bénévolat, c’est hyper important.
Bonjour, je suis Makayla, je suis responsable des relations publiques du Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey. J’ai quelques questions pour vous. Qu’est-ce qui vous a inspirée à faire ce métier ?
Ce sont les orienteurs à l’école. C’est-à-dire que j’étais partie dans d’autres champs d’intérêt et puis à un moment donné, il y a eu des professeurs qui m’ont dit qu’ils me verraient bien en communication. Moi, mon père était réalisateur télé, alors j’avais déjà des connaissances dans ce milieu-là. Souvent on veut faire différemment de nos parents et je voulais partir dans une autre direction. Les profs m’ont suggéré d’aller en communication. Quand j’ai commencé à étudier dans ce domaine, c’était clair que c’était quelque chose qui était fait pour moi. Évidemment, c’est un milieu dans lequel c’est difficile de percer. C’est un milieu où on est travailleur autonome, ça prend un type de personnalité pour ça. Pour moi, c’était bien. Donc, c’est un peu un concours de circonstances qui m’a amenée à faire ce métier.
Qui vous a le plus soutenue dans votre cheminement?
Il y a eu mon père, beaucoup, parce qu’il connaissait le métier. Mes premiers patrons aussi quand je suis rentrée stagiaire à CKVL Radio, au début de ma vingtaine. Ils m’ont beaucoup encouragée. Je pense que ce sont les premières personnes qu’on rencontre sur notre chemin qui vont nous donner un élan. Après ça, au fil du temps, on rencontre d’autres personnes, des mentors qui nous aident à persévérer. Moi, ça fait 30 ans que je fais cette carrière, il y a eu des hauts et des bas. Donc, mes premiers patrons qui m’ont choisie comme stagiaire et qui ont décidé de me donner un chèque de paie pour ce travail-là, c’est ça qui a fait toute la différence dans ma vie. Encore aujourd’hui, ils travaillent en radio et je les côtoie. Ça fait drôle que 30 ans plus tard, on soit encore ensemble.
Quel message voudriez-vous envoyer aux jeunes de notre région ?
D’essayer des choses, de se faire confiance, d’être curieux. C’est un beau mélange de se fixer des objectifs, mais aussi de se laisser ouvert à la possibilité qu’il y ait d’autres choses. De pas se décourager. C’est important de suivre son instinct. Les conseils que les gens nous donnent à l’extérieur sont importants, mais je pense qu’on sait toujours à l’intérieur de nous si on aime quelque chose. Et moi, je suis persuadée que quand on aime quelque chose et qu’on a du talent là-dedans, on a la possibilité de réussir. Je pense qu’aujourd’hui, on est appelé à faire plusieurs carrières différentes. C’est pour ça que c’est important de s’ouvrir à plein de sujets. Parce qu’avant, on faisait 40 ans dans une entreprise et un seul métier. Aujourd’hui, on fait plein de métiers connexes, comme moi je fais de la radio, mais aussi de la télé. On jongle avec plusieurs balles et je pense que c’est important d’apprendre à le faire quand on est jeune. En ayant des activités scolaires et en vous impliquant comme vous le faites dans votre municipalité, vous apprenez à jongler. Ça, ça va être extraordinaire pour l’avenir.
Dernière question : que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la vapoteuse et/ou la cigarette ?
Dans mon temps, c’était la cigarette. Aujourd’hui, c’est la vapoteuse. Je pense qu’on cherche tous une façon d’être cool et intégré et de gérer notre stress et notre anxiété. C’est souvent ces choses-là qui semblent très faciles qui arrivent à nous quand on est jeune. C’est dommage parce que facilement on devient accro à ça. Ça devient une bêtise et c’est mauvais pour la santé. Moi, j’ai perdu mes parents alors qu’ils étaient encore très jeunes à cause du tabagisme, donc ça a eu un impact sur moi. La santé, c’est tellement important. C’est ça qui va nous permettre de réaliser notre potentiel. Une vapoteuse, ça nous mène à rien. Je trouve ça décevant. En même temps, je comprends les jeunes parce qu’on est tous exposés à ça. Mais ça ne vaut pas la peine.
Bonjour madame Savard, je suis Charline, responsable des relations publiques dans le Comité 12-18 de Lefebvre. Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?
La persévérance scolaire, ça m’en a tellement pris, moi. (rires) C’est d’accepter que des fois, on a des défis et des obstacles. Il faut les accepter. Moi, j’avais tellement de difficultés en mathématiques, c’était épouvantable. J’ai vraiment eu besoin d’aide. Encore aujourd’hui, c’est quelque chose que je ne maîtrise pas très bien. Au secondaire, ça a été un enjeu majeur pour moi. Je remercie tous ceux qui m’ont aidée parce que ça me prenait ma scolarité pour réussir à faire ce que je fais aujourd’hui. C’est sûr que les mathématiques, ça ne me sert pas à grand-chose à mon travail, mais il fallait que je réussisse à les faire. Je suis contente d’avoir persévéré. Il y a eu des moments de découragement intenses, surtout en secondaire 4 quand on a commencé à faire de l’algèbre. Moi, j’étais complètement perdue là-dedans et j’ai passé limite. De persévérer, ça m’a donné confiance et j’étais fière de ça. J’ai trouvé ça très difficile en même temps. Ça dure pas longtemps, l’école, mais quand tu es dedans, tu as l’impression que c’est une éternité. Il faut juste passer à travers et trouver des outils. Si c’est juste de passer à la note de passage, c’est suffisant. On peut pas être bon dans tout, mais il faut faire la route au complet.
Qu’est-ce que vous préférez de votre travail ?
De vivre la synergie, la communauté, le sentiment d’accomplissement et de fierté. De savoir que je mets des gens de bonne humeur. Juste en m’en venant ici, je suis entrée dans ma voiture au centre-ville et il y avait un camionneur qui me disait que ça le déstresse quand l’émission commence. C’est le sentiment de contribuer. Je pense que c’est ça qui fait une différence dans n’importe quel travail. C’est ça le plus important pour moi.
Qu’est-ce que vous désiriez faire à notre âge ?
Je voulais être artiste et faire des peintures et des sculptures. Je voulais aller aux beaux-arts, j’étais très spécialisée en arts plastiques. Mon rêve, c’était d’avoir un atelier à New York. J’ai monté mon portfolio. J’ai réussi à me faire accepter aux beaux-arts et là, les profs m’ont dit que je n’étais pas si bonne que ça finalement. (rires) En tout cas, pas assez pour en faire un métier. Et puis, j’ai fait un majeur en histoire et là, même chose : il fallait se spécialiser et les profs m’ont dit que j’étais pas tant historienne. Il a fallu que j’accepte une réorientation à quelques reprises. Je me voyais faire autre chose à la base, mais finalement je suis bien contente.
Entrevue avec Sylvianne Desrochers, propriétaire de Toilettage Sissi.
Entrevue avec Sylvianne Desrochers, propriétaire de Toilettage Sissi, réalisée par Maéla St-Pierre et Dalie Montambeault du Comité 12-18 de Laurierville.
Décrivez-nous votre entreprise.
C’est Toilettage Sissi, un salon de toilettage. Ça consiste à laver les chiens et les chats, couper les griffes des animaux. Je lave aussi les oreilles. Pour les chiens qui perdent beaucoup de poils, on fait des traitements nus. Dans le bain, j’ai un produit qui fait que tous les poils morts tombent, alors le chien repart et a perdu les poils qu’il avait à perdre. Laver, raser les chats ou les chiens.
Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ?
C’est un salon de toilettage, donc on retrouve des toiletteuses.
Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?
L’honnêteté. C’est plaisant avec les clients d’être honnête. Si exemple son chien, je vois qu’il a un problème aux oreilles, je vais lui dire et la personne est contente de le savoir. Le respect. Respecter les clients et les animaux. La minutie, l’ouverture d’esprit et la patience, autant avec les animaux que les clients.
Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ?
J’ai pas d’employés, alors je sais pas quoi répondre. (rires) Mais supposons que j’avais à en embaucher, je rechercherais les mêmes valeurs que celles de l’entreprise. Une personne honnête, ouverte d’esprit et qui aime travailler avec les animaux.
Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ?
Juste le fait d’avoir démarré ce projet que j’ai toujours voulu faire. Travailler pour moi et non pour quelqu’un d’autre, j’aime bien ça aussi.
Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?
Le bouche-à-oreille. Mettons que je fais un client. S’il aime le travail que je fais, il va en parler. Ça va se parler dans la région. Aussi, encourager les entreprises de chez nous, c’est plaisant. Puis, je peux aller travailler à pied. Ça coûte moins cher de gaz et c’est moins polluant aussi pour la planète.
Comment se passe une journée de travail pour vous ?
C’est jamais pareil. Ça dépend, des fois j’ai des gros chiens, des petits chiens. Comme aujourd’hui, j’ai fait 2 gros chiens et 1 petit chien. Je peux faire 2, 3 chats.
Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?
Voir la réaction des gens quand ils voient leur animal après le toilettage. Je trouve ça plaisant. Ils sont contents de voir qu’il est tout beau et bien toiletté. Ça me rend fière de mon travail.
Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?
J’espère avoir une clientèle fidèle. Des gens qui reviennent à tous les mois ou les 2 mois pour toiletter leurs animaux. Aussi, travailler à temps plein. Là, je commence et je suis pas complète tout le temps. Faire ça à tous les jours, j’aimerais ça.
Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?
L’entreprise est basée sur l’honnêteté, le respect et l’ouverture d’esprit, alors c’est plaisant d’y travailler.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?
Ma famille. Aimer son travail, c’est important également.
Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?
Continuer et de faire le mieux qu’on peut, même si des fois on a de la difficulté à l’école. Tout le monde dans sa vie a une matière où il a déjà eu de la difficulté ou quelque chose qu’il aime moins. C’est de pas se décourager. Surmonter une chose à la fois. Demander de l’aide s’il en a besoin.
Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?
Faire un travail qu’on aime. Faire des activités qu’on aime avec les gens qu’on aime. Avoir confiance en soi. Faire des choix pour nous et non pour les autres personnes autour de nous.
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
Je trouve que c’est vraiment super de s’impliquer. Ça aide beaucoup à avoir des activités dans la région pour les familles, comme à l’Halloween ou à Noël. C’est plaisant pour ce côté-là. Ça crée une belle complicité.
Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?
Je sais pas trop quoi répondre à ça. (rires) Mais des fois, quand on fait de l’activité physique, ça peut nous aider à vider notre tête si on pense à trop de choses et à mieux se concentrer après si on a des travaux scolaires.
Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?
La cigarette, personnellement, j’y ai jamais touché. J’ai jamais fumé. Je trouve que c’est néfaste pour la santé, que c’est pas quelque chose qu’on devrait prendre. Souvent, on veut le faire parce que les grands le font. C’est une habitude, mais c’est pas bon.
Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?
C’est plus facile de s’en procurer, donc plus accessible pour les jeunes. C’est quelque chose qui n’est pas bon pour le corps et l’esprit si on en consomme beaucoup et régulièrement. Pour les impacts positifs, j’en trouve pas.
Entrevue avec Roxanne Bédard-Martineau, propriétaire de l'entreprise Pression.
Roxanne Bédard-Martineau, propriétaire de l’entreprise ‘’Pression’’ réalisée par Madison Ménard et Maxime Houle du Comité 12-18 de Durham-Sud.
Pourriez-vous nous décrire votre entreprise ?
En fait, PRESSION est une entreprise qui conçoit des accessoires textiles, plus particulièrement des boîtes à lunch qui sont isothermes donc qui gardent au froid. Je fais aussi des trousses, des étuis, des napperons, tout ce qui à un lien aux boîtes à lunch. Ce qui me différencie beaucoup des autres, c’est que mes motifs sont créés par une graphiste et ensuite, moi je les fais imprimer ici au Québec. Une de mes valeurs, c’est vraiment la production locale et l’achat local donc j’essaie de rassembler toutes les actions le plus possible ici au Québec.
Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ?
Dans le fond, ça peut aller de designer, parce qu’il faut quelqu’un pour concevoir les produits, les penser, les imaginer. Ensuite, une patronniste. Il faut aussi quelqu’un pour coudre, donc une couturière. Mais tu sais…derrière tout cela, il y a aussi une personne qui doit s’occuper des réseaux sociaux, celle-ci doit préparer les visuels pour les réseaux sociaux et les événements. On doit avoir une comptable et bien sûr pour se vendre, il faut quelqu’un qui soit capable de vendre les produits aussi.
Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?
Ha ! C’est une belle question ! Les valeurs bien premièrement comme je disais plutôt, l’achat local et tout ce qui entoure la production locale, c’est vraiment quelque chose d’important pour moi. Aussi la collaboration des artisans entre d’autres entreprises. Par exemple, moi je fais faire mes petites plaquettes sur mes produits par une autre artisane du Québec. Mes motifs sont créés ici aussi, j’y fais imprimer mes trucs…J’aime beaucoup l’aspect qu’un produit rassemble plein d’entreprises d’ici.
Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employé(e)s lors ce que vous les embauchez?
Et bien par exemple, depuis quelques années déjà, j’ai quelqu’un qui fait la confection pour moi, donc qui va m’aider dans la couture. Ce que je recherche d’une personne qui va coudre, c’est d’être minutieuse, d’être à l’écoute aussi des instructions que je vais lui donner pour qu’elle comprenne bien et qu’elle soit fiable. Par exemple, si je demande si c’est possible d’avoir une conception dans deux semaines et bien j’ai envie qu’elle respecte ses engagements.
Quels types de réalisations ou de projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière?
Le fait de réussir à la faire grandir, c’est bien…Mon but ce n’est pas de devenir international, loin de là, j’ai envie que ça reste petit, que ça reste proche des gens, c’est de garder mes valeurs. Ce que je veux c’est de rester vraiment fidèle à moi !
Comment se passe une journée de travail pour vous ?
C’est assez différent d’une journée à l’autre ! Quand il y a des évènements qui arrivent, c’est certain que je prépare ma production. Sinon, si c’est plus dans un temps mort d’évènement alors j’en profite pour préparer mes publications Facebook et pour chercher des nouveaux points de ventes, c’est beaucoup de recherches aussi.
Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?
La création ! C’est vraiment ça qui est le plus agréable ! C’est quelqu’un d’autre qui fait les dessins pour moi mais c’est moi que donne l’ambiance que je veux donner. savoir ce qu’ils ont envie. Sinon quand je fais des marchés, avoir le contact direct avec les clients, c’est intéressant. Ce n’est pas comme une vente internet ou je fais seulement voir le nom de la personne et que je fais son envoi.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?
Je pense que c’est la simplicité, je crois que je ne suis pas une personne compliquée et ça se reflète dans mes produits. Il n’y a pas de superflu. J’aime tout ce qui touche à l’art aussi. Comme je suis quelqu’un de quand même artistique, ça m’inspire ! Et la relève aussi, c’est inspirant de voir les jeunes évoluer avec Partenaires 12-18 en particulier !
Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?
Pour moi la persévérance scolaire veut dire que même si quelqu’un n’a pas de résultats incroyables, celui-ci est engagé dans ses études, il travaille fort. Même s’il ne réussit pas du premier coup, il ne lâche pas, il persévère. C’est vraiment quelque chose dont je suis un peu rattachée parce que je ne suis pas quelqu’un qui performait tant que ça, mais je travaillais fort et au bout de la ligne, j’étais fière de ce que je faisais !
Quel message voulez-vous lancer aux jeunes ?
Et bien de croire en vos rêves, de croire en ce qui vous fait vibrer aussi, malgré des fois. Je n’aurais pas mon entreprise aujourd’hui si j’avais écouté tout ce que l’on m’a dit.
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
Ça me touche beaucoup parce que je suis passée par là aussi, donc je trouve ça très intéressant de voir qu’encore aujourd’hui, ça continue. Je pense que le bénévolat leur apprend aussi beaucoup de chose dans la vie, que parfois ce n’est pas une question d’argent mais plutôt de reconnaissance, de satisfaction d’avoir aidé les autres, je trouve ça important !
Quelle importance accordez-vous à l’activité physique ?
Juste l’équilibre ! Je suis allée dans les deux extrêmes et aujourd’hui, je pense avoir trouvé mon équilibre. Oui c’est important mais je pense que c’est important aussi d’avoir du plaisir dans ça et de ne pas transformer ça en compétition nécessairement !
Entrevue avec Martin Lajeunesse, propriétaire d’AG Gestion Financière.
Entrevue avec Martin Lajeunesse, propriétaire d’AG Gestion Financière, réalisée par Leïla Quirion, Shanny Croteau et Tifanye Carrier des Comités 12-18 de St-Valère, St-Rémi-de-Tingwick et Lyster.
Décrivez-nous votre entreprise.
C’est un cabinet de services financiers dédiés dans l’assurance de personnes principalement et aussi en placements dans les secteurs. Il faut juste différencier que dans le terme assurance, il y a l’assurance de dommages (pour votre auto, maison, responsabilités) qui n’est pas mon secteur. Moi, je couvre tout ce qui est relatif à la personne en tant que telle (assurance-vie, assurance-salaire, assurance-médicaments, assurances-voyage). C’est très différent comme domaine d’intervention. Je connais l’automobile, mais pour assurer mes autos, c’est carrément un autre monde.
Pour faire une histoire courte, les services financiers se sont évolués depuis je te dirais 1992. Il y a une loi qui a été passée au Canada que les institutions financières (caisses ou banques) ont eu le droit de vendre de l’assurance de personne. Par contre, en contrepartie, nous, on a eu le droit de vendre tous les produits bancaires. Donc je fais autant de l’hypothèque, comptes d’épargne, comptes chèques, marges de crédit… En fait, je peux être un conseiller bancaire au même titre qu’un conseiller d’assurances en même temps. C’est ça qui est l’enveloppe du type d’entreprise dans laquelle j’évolue, qui est d’environ 12 000 représentants dans le même secteur que moi au Québec. Il y a beaucoup de relève à y avoir, car la clientèle est vieillissante. Il y a au moins 5000 représentants à remplacer à très court terme, disons en dedans de 5 ans. Beaucoup de monde à remplacer, c’est semblable à d’autres secteurs. Je ne sais pas où on va les prendre. (rires)
C’est à peu près ça, vite de même. C’est du conseil financier avec une fonction conseil. Je dis tout le temps à mes clients : « Peu importe la question que vous avez, emmenez-moi-la et si je n’ai pas la réponse, je vais vous la trouver. Mais avant de prendre une décision majeure, ça ne vous coûte rien de me passer un coup de fil, je vais vous guider à travers la décision que vous avez à prendre. » Avec les années d’expérience, on en sait beaucoup. Même si on ne sait pas tout, on peut aider. J’ai une formation de comptabilité à l’université (administration et sciences comptables). Techniquement, je m’enlignais pour être un comptable, mais je n’ai jamais finalement travaillé dans un bureau comptable. J’ai fait beaucoup d’administration, par contre, il y a plusieurs années, mais ça fait depuis 1984 que je suis dans le secteur financier et dans le type d’entreprise dans laquelle je suis aujourd’hui.
Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ?
En fait, ici, on fait un peu de tout, par exemple il y a de l’administration, donc normalement une personne dédiée à la comptabilité, l’administration générale, c’est l’un des métiers qu’on retrouve. Au niveau de la vente, moi je fais la vente, la représentation avec la clientèle, les conseils, etc. Et puis, Marilou, vous l’avez vue, elle est adjointe administrative, donc l’aspect clérical, réponses téléphoniques… On n’a pas le choix d’avoir ces trois emplois-là : comptabilité, administration et domaine de la vente.
Par contre, tout ce qui est lié au domaine de la vente, ça a l’obligation d’être régi par l’Autorité des marchés financiers (AMF), donc il faut obtenir un permis, passer des examens, et puis il y a différents types qui peuvent être émis en terme de certificats. Il y a entre autres les planificateurs financiers, que j’aurais pu obtenir, mais finalement j’ai pratiquement la même formation mais sans avoir le titre. Ça m’empêche pas de travailler pareil, mais quand vous entendez le terme « planificateur financier », ce n’est pas tout le monde qui a son titre de planificateur financier. (Intervention d’une femme : Petite parenthèse, pour avoir un permis de l’Autorité des marchés, il ne faut pas de dossier criminel, sinon on est expulsé.) Oui, il faut être blanc comme neige partout, car tout est scruté par l’Autorité des marchés. Tu ne peux pas avoir eu des écarts et c’est correct, parce qu’ils protègent le public. L’Autorité, elle est là pour protéger le public en premier lieu.
Il y a un autre organisme qui est la Chambre de la sécurité financière, qu’on fait partie aussi. Eux, c’est plus pour l’aspect formation. On a l’abréviation UFC (Unité de Formation Continue), comme moi j’ai 40 unités de formation obligatoire basées sur une période de 2 ans. Une unité équivaut à peu près à une heure de cours, grosso modo, mais si tu n’as pas tes unités de cours, ils ne te renouvellent pas ton permis. Ça touche la majorité de tous les secteurs pour lesquels on a des permis de distribution. Donc, plus tu as de permis, plus tu vas avoir d’UFC. Ça fait le tour des métiers de ce secteur.
Certains gros cabinets vont avoir des personnes dédiées seulement à l’investissement et d’autres seulement dédiées à l’assurance. Dans l’assurance, il y en a qui vont faire l’assurance-vie, un autre va faire l’assurance collective. L’assurance collective, c’est lorsque par exemple chez un employeur, il y a… Je ne sais pas, cinquante employés, mais on couvre l’assurance-salaire, l’assurance-vie et l’assurance-médicaments dans un régime qu’on appelle « collectif », parce que c’est souscrit par l’employeur, mais offert à tous les salariés dans l’entreprise. C’est un permis séparé aussi pour l’assurance collective, il y a beaucoup moins de permis en collectif qu’en assurance-vie. Les 12 000 représentants dont je parlais, c’est l’assurance-vie et là-dedans, je te dirais peut-être 2000 ou 3000 ont le collectif, mais les autres ne l’ont pas. Ce sont tous des cours supplémentaires.
Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?
Les valeurs, comme disait Julie tantôt, il faut avoir… Comment je dirais ça ? C’est sûr que l’honnêteté en premier lieu, c’est la base. Tu dois être respectueux de l’argent que les clients te confient. Mais le conseil que t’apportes aux clients se fait toujours par ce qu’on appelle l’analyse des besoins (une cueillette de données). Plus j’en connais sur les clients que j’ai à conseiller, mieux va être la pertinence du conseil que j’apporterai. Pour ça, il faut vraiment faire une analyse et discuter avec les gens.
Je comprends que vous pouvez acheter de l’assurance sur Internet. Par contre, jusqu’à quel point le service ou le conseil est complet ? Tu parles avec une machine, tu rentres ta date de naissance, ton statut fumeur ou non-fumeur, tu dis que tu veux 1000 $. Oui, tu vas en avoir, une assurance. Mais c’est peut-être de 2000 $ ou 3000 $ dont t’avais besoin. La machine, elle ne sera pas là peut‑être pour te dire de combien t’as besoin exactement. Ça s’améliore un peu, l’espèce d’intelligence artificielle, mais en tout cas, moi je suis encore du point de vue qu’il faut avoir une intervention humaine, plus particulière avec la clientèle. C’est là que l’expérience entre en ligne de compte. C’est sûr que les nouveaux représentants ont à apprendre ça.
Les valeurs, c’est une chose, les aptitudes… Il faut que tu sois empathique, que tu ailles chercher le fond de la pensée de tes clients. Souvent, je connais des familles, à partir de ce que les parents m’ont dit, j’en connais plus que leurs propres enfants, parce que moi je suis au courant. Je leur pose la question : « As-tu un testament ? » ou « C’est quoi tes volontés en cas de décès ? » Moi, je voudrais ci, moi je voudrais ça. Souvent, les gens nous confient quasiment leurs secrets qu’ils ne vont pas dire à d’autres. Mais ça, pour aller le chercher, c’est la confiance qu’il faut qui s’installe. Ce n’est pas dans une conversation de 2 minutes au téléphone que tu vas régler ça. Ça va se régler selon moi plus facilement face to face.
À partir de là, tes valeurs… Je dis tout le temps à la blague que je ne vendrais pas un produit que j’achèterais pas. Donc, à quelque part, je suis très, très rigoureux dans ma recherche de produits. Sans dénigrer la compétition, ce produit-là, à valeur égale ou à prix égal, celui-là est bien meilleur que lui et voici les raisons pour lesquelles je te dis ça. J’appuie toujours mes recommandations face à ça. Moi, j’entre ça dans l’honnêteté, mais je ne sais pas si vous avez un meilleur mot pour ça. C’est ancré en moi, ce réflexe-là de dire si c’est bon pour moi, c’est bon pour eux. Si je ne l’achèterais pas, je ne le vendrais pas. C’est tout à fait normal.
Vous avez déjà en partie répondu à la question, mais je me demandais si vous aviez d’autres choses à rajouter : quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez ?
Mon slogan, ici, pour tout le monde qui a travaillé chez nous, c’est « plaisir et affaires font équipe ». Si t’as pas de plaisir dans le travail que tu fais, viens pas chez nous, parce que tu ne « fitteras » pas dans l’équipe. J’ai l’impression que quand je m’en viens travailler, je ne m’en viens pas à reculons. Je dis « travailler », mais je ne le vois pas comme un travail en tant que tel. C’est sûr qu’à un moment donné, la charge nous pousse tout le temps et on dirait que le tas d’ouvrage est toujours en augmentant, mais c’est pas comme un labeur ou quelque chose pour lequel je fais ça à reculons. Tu peux pas être une patte dedans et une patte à côté. Il faut que tu sois 100 % impliqué dans ton travail et dans tes activités.
L’implication, la prestance, la ponctualité… Tu donnes un rendez-vous à un client, tu lui dis : « Je vais être chez vous à 6 h 30 », eh bien arrive pas à 7 h. Je vais être là quelques minutes avant, je vais être présent à l’heure que j’ai dit que je me présenterais. Si je suis pour être en retard pour des raisons que je connaissais pas, je vais l’aviser. « Excusez-moi, je vais avoir quelques minutes de retard. » La ponctualité, c’est l’une des choses importantes.
La gentillesse. Quand Marylou, elle répond au téléphone, c’est la porte d’entrée chez nous. Si le client appelle et quelqu’un a un air bête au téléphone, oublie ça. Ça donne pas une belle visibilité à l’entreprise. Je suis content des fois d’entendre des clients me dire « J’ai parlé à Marylou, elle est « smatte ». Ça fait partie de mon slogan de dire que si ça te fait plaisir de travailler chez nous, tu y vas avec agrément, eh bien ça se transmet à la clientèle.
Pour le reste, s’éduquer, apprendre de nouvelles choses. L’un des points importants, ce qui est constant dans notre domaine, c’est le changement. Ça change constamment, il faut que tu te gardes à jour tout le temps. Ça touche tous les aspects financiers. Quand on parle d’aspects financiers, on parle des placements, mais on parle aussi de la fiscalité. Les clients parlent de leurs rapports d’impôts, les entreprises me présentent leur état financier, donc je dois toujours être à la page de savoir ce qui se passe. Il y a une nouvelle que le gouvernement sort un nouveau budget, le client appelle : « Qu’est-ce qu’ils ont dit, là ? Ils vont rajouter une taxe et vont nous donner un 400 $, c’est quoi cette affaire-là ? C’est quoi les conditions ? » Je ne peux pas être là à dire : « J’étais pas au courant ». Non, il faut que je sois au courant. Donc, je dois constamment rester à l’affût de tout ce qui se distribue comme nouvelles économiques ou gouvernementales pour pouvoir répondre aux clients. C’est pour ça que je dis que c’est pas routinier, dans le sens qu’il faut tout le temps, par contre, se garder à jour. Si je suis en dehors de l’information, ne serait‑ce que quelques mois, je suis rendu un dinosaure, je suis plus up to date. En placements, mon ordinateur est ouvert sur les marchés boursiers à journée longue. Je jette un coup d’œil, est-ce à la hausse ou est-ce à la baisse ? Il faut que j’aie une idée. Le client m’appelle : « Les marchés baissent. » Eh bien c’est à cause de ça, c’est à cause de ça. « Est-ce que ça va se placer ? » Je pense que oui pour telle raison. Il faut toujours être à l’avant du client pour pouvoir répondre à ses questions. C’est exigeant, ça demande une exigence d’apprendre et de se réinventer quasiment régulièrement. Les qualités, ça en est quelques-unes, sans être ultra précis.
Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?
En ’84, quand j’ai débuté, j’ai commencé à zéro, zéro, zéro. Aucun client. Donc il faut acquérir, rechercher, convaincre quelqu’un. À l’époque, on appelait ça en anglais des cold call : décrocher le téléphone, quasiment prendre l’annuaire téléphonique et appeler. « Bonsoir, monsieur Cayer, mon nom est Martin Lajeunesse, je suis conseiller, j’aimerais vous rencontrer. » Et on me répond : « Je te connais pas, t’es un autre vendeur d’assurances. » T’as un paquet d’objections que les gens qui te connaissent pas vont t’amener, alors il faut qu’à un moment donné tu réussisses à te faire une carapace, un genre de speech pour les convaincre de te donner un rendez-vous. Il faut que tu te vendes. C’est la qualité première, savoir se vendre, parce que les gens qui rentrent dans l’industrie, sur 5 représentants que j’engagerais aujourd’hui, en dedans d’un an, il va en rester un. Les quatre autres vont avoir déclaré forfait. Pourquoi ? Pas capables de rencontrer du monde. Je vends à qui si je rencontre pas de monde ? Je vends rien. Oui, le « walk-in », je suis dans le secteur centre‑ville, il passe du monde constamment, mais ça ne fait pas la file devant mon bureau. Si j’attends après le monde, oubliez ça, je vais avoir fermé. C’est pas ça, il faut recruter, donc ça c’en est une des qualités nécessaires : être capable de recruter et d’approcher du monde. C’est toute la relation humaine qui rentre en cause. On est des psychologues, des vendeurs. On joue avec les émotions des clients, eux autres nous amènent des émotions. Il arrive un décès, la première personne qu’ils appellent, c’est moi. Je dis toujours à la blague à mes clients : « Le seul qui va amener un chèque, c’est moi, les autres m’ont tous amené des factures. » Ton salon funéraire va te charger, l’impôt va te collecter, tout le monde t’amène des factures. Moi, j’amène le chèque. » Et c’est moi qui ai de la misère à rentrer dans la maison. (rires)
C’est un peu ironique, parce qu’on a déjà eu une mauvaise presse. Il fut un temps où les représentants, c’était : t’arrivais quelque part, quelqu’un te rencontrait et te disait : « Ah, toi tu peux faire de l’assurance ? » Il te donnait une valise, puis go. Moi je les appelle à la blague un peu mes derrières de plomb, parce qu’ils cognent à toutes les portes et comme on dit, ils se font donner des coups de pied dans le derrière, parce qu’ils veulent rien savoir de toi. C’est tough. Moi, personnellement, je l’aurais pas fait. C’est vraiment la partie dure pour eux autres. Le training, ça dit : « Fais les rues, fais les portes. » Oh boy. Ça devrait être théoriquement révolu en 2022, mais ça existe encore. Mais mosus que c’est la partie pas facile. S’ils ont fait ça et s’ils ont « toughé », c’est vraiment des colosses. (rires)
Tout ça pour dire que le degré de réussite de maintien est très, très bas. Donc, très difficile. Alors, quand tu me parles de réalisation, moi ça a été de partir à zéro. Ça a été quoi ? Un, j’ai fait le tour des gens que je connaissais, mais ça, ça a une limite. T’as un cercle de connaissances X, là il faut que tu demandes des recommandations. Si t’as pas de recommandations, la semaine prochaine, tu la remplis avec qui comme prospects ? Ça me prend tout le temps une source d’approvisionnement de noms pour pouvoir aller rencontrer des gens. Donc ça, c’est important, de demander des recommandations. Mais moi, je voulais aller encore plus vite que ça.
Ce que j’ai fait ? Des acquisitions. Comme je le disais tantôt, il y a plusieurs personnes qui vont prendre leur retraite, alors tout de suite dans l’année suivant mon début de carrière, j’ai fait l’acquisition d’un représentant qui connaissait le domaine mais qui avait déjà une clientèle de 1000 clients. Il a fallu que un, j’investisse, j’achète, je demande du financement, mais ça, ça m’a propulsé très, très rapidement, parce qu’au lieu d’avoir à chercher des clients, j’ouvrais le tiroir, j’avais 1000 dossiers. J’y suis allé rigoureusement, un par un, rencontrer un par un ces clients‑là. « Bonjour, je suis votre nouveau représentant, Monsieur Untel. J’ai fait l’acquisition du bureau de votre représentant et je voudrais vous rencontrer, pour qu’on se connaisse. » Ç’a été un tremplin énorme quand j’ai acheté cette première clientèle-là. Mon niveau de vente a monté considérablement.
Au final, aujourd’hui, j’ai fait 19 acquisitions de bureaux et j’ai 600 500 clients alors que je suis parti de zéro. J’ai monté à 8000, j’en ai revendu, mais présentement, on est dans ce range-là. Pour vous dire, la moyenne des représentants font leur carrière à peu près entre 300 à 400 clients. Sans me vanter, je peux me qualifier que je suis l’un des gros cabinets dans la région. Ma clientèle est répartie à travers la province : 1000 clients dans la région de la Beauce et Thetford Mines, 300 à 400 clients dans la région de Montréal, surtout dans le nord de Montréal, et pour ceux pour qui ça peut dire de quoi, à partir de Repentigny, j’ai des clients à toutes les sorties de l’autoroute 640, même de la 15 jusqu’à Saint-Jérôme. J’ai acheté un bureau à Trois-Rivières qui avait 600 clients. J’ai le bassin local du Centre-du-Québec, principalement Victoriaville, Princeville, Plessisville et Davelyuville. (Intervention d’une femme : Il y a eu aussi plusieurs prix Hommage.)
Je suis courtier indépendant, je ne suis employé par aucune compagnie, je suis mon propre entrepreneur, mon propre propriétaire. Mais je signe des ententes de distribution avec 24 compagnies différentes. C’est une relation d’affaires. L’un de mes gros joueurs, aujourd’hui, s’appelle la Canada Vie. Quand j’ai débuté, le premier gros contrat que j’ai eu, c’était Great West Life, une compagnie qui date des années 1800, une très vieille compagnie. J’ai été pendant plusieurs années dans les dix premiers représentants au Canada. J’ai une plaque entre autres sur laquelle il y a 25 petites plaques pour les 25 années consécutives. Après ça, ils n’en ont plus donné, je suis membre à vie. (rires) Pour atteindre ce statut-là, qu’ils appelaient le conseil présidentiel, il fallait que tu fasses 400 % des normes minimales qu’eux autres demandaient d’un représentant. Pendant plusieurs années, ça m’a permis d’être membre de ça avec plusieurs avantages, dans le sens que j’ai participé pendant 6 ans de temps au comité consultatif canadien des représentants. Ça, ça veut dire qu’une semaine par année, on s’assoit avec les dirigeants de la compagnie Great West pour discuter. Eux nous présentent leurs objectifs, qu’est-ce qu’ils veulent faire et nous, à la base, on dit dans tel domaine, il nous manque ça, il faudrait qu’on ait tel produit. Donc, c’est vraiment un échange avec la haute direction pour les orientations que la compagnie va prendre. C’est vraiment un beau mandat. C’est un représentant par province, j’étais donc le représentant du Québec à ce comité-là. Ça m’a permis de connaître à 100 % la haute direction et de rencontrer des gens de partout au Canada. Des confrères de Vancouver, Calgary, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve. J’ai des connaissances partout et j’ai voyagé partout au Canada, de A à Z. On a eu des congrès d’Halifax jusqu’à Victoria. Juste pour vous donner une idée, je suis allé au moins 15 fois à Calgary. L’Ouest canadien, j’ai tout voyagé ça.
Ça, c’est un aspect parallèle à la carrière qui m’a permis de voyager en même temps que j’allais pour des congrès. Mais un congrès de formation, juste pour vous donner une idée, si le congrès est à Victoria, pour 3 jours de congrès, c’est au moins 5000 $ de dépenses. Il faut que t’investisses dans ton perfectionnement, tout le temps. Il y a des coûts à ça, mais t’as pas le choix, il faut se garder à jour, rencontrer les gestionnaires, voir les gens qui gèrent les placements dans lesquels on place. Ça me prend cette information-là, c’est le cœur du travail que je fais.
Il y a donc eu plusieurs réalisations, oui, que je peux être fier. L’aspect humain a toujours été la base de ça, parce que les confrères que j’ai rencontrés de partout au Canada, c’est des échanges, on est dans le même secteur, mais il y avait beaucoup de partage d’informations, de comment toi t’as fait ça dans ton bureau, comment t’as développé telle affaire, comment ça se passe au Québec alors que nous autres en Ontario, on a tel ou tel défi, etc. Ça amène beaucoup, beaucoup de développement personnel, je dirais, de ce côté-là.
Selon vous, quels sont les avantages de travailler en région ?
Comme je l’ai dit, je travaille un peu partout, même si je suis majoritairement en région. Je dirais que le contact est plus facile en région que dans les grands centres. C’est sûr que si j’étais à Montréal, si j’étais né et aurais vécu là, peut-être que je serais plus habitué, mais c’est sûrement plus compliqué. Beaucoup plus de compétition aussi, plus difficile, beaucoup plus d’ethnies. J’ai rien contre, mais c’est un autre monde. Je suis québécois d’origine, né à Victoriaville, je demeure ici, donc c’est sûr que la région, je trouve ça plus simple de ce côté-là. L’approche va être plus familiale, c’est peut-être plus facile d’approcher les gens. C’est ma façon de voir les choses.
Il reste que j’ai des confrères qui sont dans les grands centres qui réalisent des chiffres d’affaires extraordinaires. C’est sûr que des clients pour des primes d’un million, c’est pas à tous les jours que j’en ai. J’en ai, mais juste pour vous donner une idée, un confrère qui est à Montréal vend 60 contrats environ par année et il n’y a aucun de ces contrats-là qui est en bas d’un million de primes. Ça, ça veut dire qu’à chaque année, le client fait un chèque d’un million pour payer son assurance. Ça vous donne une idée, plusieurs millions d’assurance, mais le dépôt annuel, c’est 1 million. Moi, à date, en carrière, la plus grosse que j’ai vendue, c’est 484 000 $ de prime annuelle. J’ai vendu il y a 6 ou 7 ans un 200 000 $ de prime annuelle pour 4 millions d’assurance que j’ai payés d’ailleurs l’an passé. Ça a probablement été l’un des placements les plus rentables de ce client d’avoir acheté cette assurance-là, même à 200 000 par année. Mais la première présentation que je lui avais faite, c’était 500 000 $ de prime. Là, il a un peu reculé sur sa chaise, pas qu’il n’avait pas les moyens, mais disons qu’on va commencer avec un 200 000. (rires)
Mais c’est quand tu apportes ce genre de contrat-là, ça fait partie d’une planification souvent successorale qu’on transfère l’actif d’une génération à l’autre. Ton père est immensément riche, mais à son décès, il y a beaucoup d’impôts à payer et après ça, l’argent qui reste te revient. Moi, je dis souvent aux gens : « Regarde, il y a 2 façons. Est-ce que l’impôt que tu as à payer au gouvernement, t’aimerais mieux la donner à tes enfants ? » La réponse, je la sais, normalement c’est oui. « Astheure, si je te trouve un moyen de faire ça sans que ça te coûte trop cher, t’es-tu intéressé ? » S’il me dit oui, je vais amener une approche d’assurance qui fait en sorte que l’assurance va payer l’impôt et l’ensemble de l’actif va s’en aller à ses héritiers. C’est tous des conseils fiscaux, mais c’est pour ça que je disais qu’au départ, la fiscalité est importante, comme de connaître toutes les approches fiscales pour économiser de l’impôt. C’est là qu’on réussit à souscrire des gros dossiers.
Mais en dehors de ça, c’est sûr que le marché familial (Papa, Maman, enfants), oui ça fait partie d’une base de la business. Mais quand tu veux courir après des gros dossiers, il faut que tu te diriges du côté commercial, où souvent les entrepreneurs ont déjà des grosses entreprises. Il faut pas que tu sois trop impressionné et il faut que tu sois assez formé pour les approcher et dire : « Ton comptable t’a parlé de ça ? Et ton fiscaliste ? » Il faut que t’ouvres des portes, comme on dit. (rires) Ça prend des livres, c’est comme aller à la pêche, si t’as pas de ligne à pêche, ça ira pas bien.
Comment se passe une journée de travail pour vous ?
C’est très varié. Un, répondre aux services à la clientèle. Le nombre d’appels qu’on peut recevoir par jour, c’est l’un des aspects. Marylou répond, mais comme elle n’a pas de permis, elle n’a pas le droit de donner de conseils. Elle peut juste donner de l’information par rapport à ce que le client détient déjà, mais elle n’a aucun droit de donner des conseils. Donc, il faut qu’elle me réfère le dossier. Si je suis disponible, je vais prendre l’appel et à partir de là, je vais déterminer si c’est déjà un client. Si je n’ai pas besoin d’ouvrir un nouveau contrat et que je travaille déjà sur quelque chose d’existant, je vais lui donner des conseils et on va régler le dossier en tant que tel. Mais souvent, j’ai un appel ou même aujourd’hui, des courriels. J’ai une cliente tantôt, elle m’envoie un courriel en me disant qu’elle s’excuse, qu’elle n’a pas eu le temps de m’appeler, elle a un 100 000 $ à placer, elle veut que je m’occupe de ça. Son dossier est déjà ouvert, je n’ai pas besoin de faire toute la paperasse pour ouvrir un nouveau dossier, mais je vais m’occuper d’investir son placement qu’elle veut faire.
Dans une journée de travail, il y a de la préparation de dossiers, parce que si je sais que demain j’ai 2 rendez-vous, il faut que je sois préparé avant ma rencontre. Je vais ressortir et mettre à jour la valeur des contrats, les montants d’assurance, les valeurs des placements, puis quand j’arrive à ma rencontre, je suis déjà tout préparé pour donner l’information au client . Est-ce qu’il a besoin de souscrire à un REER ? Est-ce qu’il a besoin de souscrire à du CELI ? Je vais arriver déjà « mindé » chez mon client, peu importe ce qu’il va me poser comme questions. J’ai tout son dossier et j’ai déjà entrepris la prochaine étape de lui offrir quelque chose. « Tu te rappelles, on a parlé de telle affaire, finalement t’avais pas souscrit ça, veux-tu en entendre parler ? » T’as toujours ta carte de vendeur un peu à quelque part, dans ta poche. C’est ça, ta business : recommander et vendre les produits.
Et puis, vient tout le côté administration. L’administration, malheureusement, nous gruge beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps. L’administration, ce sont des renouvellements de placements, des renouvellements d’assurances, tout ce qui est légal. L’ANF, le renouvellement des permis et celui des assurances responsabilité, parce qu’on doit se couvrir en cas de poursuite d’une assurance. Produire des paies, ça c’est dans l’aspect comptable. Payer les factures. Les téléphones. Renouveler les abonnements de cellulaire, de téléphone, de qui va ouvrir la cour l’hiver. Il y a tout le temps, tout le temps de l’administration. J’ai des factures qui arrivent sur mon bureau à chaque jour. (rires) Il faut tout le temps régler un paquet de choses. Ça gruge du temps dans le quotidien et le peu de temps qui me reste, il faut que je me concentre et que je me dise « OK, là il faut que je monte un dossier, mais si j’ai quelqu’un à rencontrer, comment je vais l’approcher ? » Souvent, j’ai déjà fait au préalable une cueillette de données suite à ce qu’ils m’ont donné. J’analyse ça, je me fais une idée sur la meilleure offre de conseil que je peux lui faire. Après ça, je suis prêt à le rencontrer.
C’est très varié. Des fois, tu le sais pas. Il y a des journées, je commence et je me dis : « Je vais faire ça aujourd’hui » et finalement à la fin de la journée, j’ai pas eu trop, trop le temps de le faire, parce qu’il y a eu 3 clients qui se sont présentés et qui n’ont pas pris rendez-vous. Tu les laisses pas sur le carreau, si je suis capable de les prendre, je les prends. Mais pendant ce temps-là, je fais pas mon travail que je pensais faire. Il faut jamais, à quelque part, que ça paraisse, je suis toujours content de les voir. Ce que j’ai à faire, c’est là. Le client est là, c’est ma priorité, c’est de le servir. C’est ça qui va faire en sorte qu’un client va être fidèle, il va rester chez vous et même s’il est approché par la compétition, il se dit qu’il travaille avec Martin, c’est beau. C’est d’acquérir ça au fil du temps. J’ai un client qui aujourd’hui est décédé à 73 ans environ et quelques années avant, il me disait : « Une chose que je peux te dire, Martin, si on t’avait pas eu dans notre vie, on n’aurait pas la qualité de retraite qu’on a eue. Si on a tout ça, c’est en grande partie à cause de toi, avec ton aide. » Je le prends comme une fleur, je suis content, parce qu’on a eu assez de temps de relation d’affaires ensemble pour qu’il voit le résultat concret de mes conseils. Des fois, ils achètent du vent comme idée, parce que je leur dis qu’on « s’en va là ». Mais tant qu’ils ne l’ont pas réalisé, c’est pas évident. Je leur vends des conseils, mais c’est dans le temps qu’ils vont porter fruit. C’est très, très particulier comme domaine. Il n’y a pas un autre emploi qui va te donner le même aspect nécessairement. C’est ça qui est très spécial.
Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?
C’est sûr que c’est la rencontre client. C’est là que tout ce que j’ai acquis comme connaissances va entrer en ligne de compte. L’aspect client, il peut m’amener sur plusieurs chemins. Ça m’amène à me dépasser, à trouver le bon conseil, etc. C’est le client qui me fait vivre, si j’ai pas de clients, je serais pas là. En même temps, c’est lui qui m’apporte la reconnaissance et l’objectif de l’aider. C’est pas mal l’aspect prioritaire, mais c’est aussi mon préféré, c’est sûr que c’est ça. Parce que faire de la paperasse, payer des factures… C’est pas le côté qui m’apporte une joie énorme… En tout cas, pas équivalente à l’autre. (rires) Avoir le sentiment de lui avoir servi, que le client, quand il quitte mon bureau, il est content. Ça, c’est la récompense.
Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?
L’entreprise, je l’ai amenée où est-ce qu’elle est, en partant de rien. Là, je suis rendu à 60 ans, 40 ans presque de carrière. Ça fait un bon moment que je pense à la relève. Mais la relève, comme dans tous les métiers, les gens disponibles sont rares, très rares. J’ai eu une association que j’ai faite en 2016, j’avais un partenaire que j’avais avec moi depuis 2011 et qui est devenu actionnaire de mon entreprise en 2016. Par contre, je l’ai perdu en 2017. Il a été atteint d’un cancer et est décédé à 48 ans. Ça a été plate, parce que j’avais un planning avec lui, c’était lui qui prenait tranquillement ma relève. On avait un premier objectif de 5 ans, soit 2016-2021. Pendant 5 ans, il payait son acquisition de 40 % des parts à l’époque et normalement en 2021, je lui aurais revendu probablement la balance de l’entreprise. Peut-être que je serais resté avec lui pareil, mais pour moi, mon transfert d’entreprise aurait été fait.
L’objectif est encore là. Je vous cacherai pas que j’ai des pourparlers avec différents intervenants, mais là, en tout cas, il y a une vague présentement qui est en train de se faire où ce que je deviendrais régional. Dans le sens que mon bureau resterait tel quel, mais je rattacherais des représentants du Centre-du-Québec, Trois-Rivières, Drummondville, Sherbrooke et Victoriaville. Ce serait à peu près ça. À partir de là, il y a des actionnaires qui s’ajouteraient. On deviendrait un méga bureau régional avec plusieurs représentants, mais en allant chercher de la force du regroupement de tout ça. Moi, à travers ça, tranquillement pas vite, je céderais des parts du bureau pour avoir un bureau qui se continue. Parce que demain matin, je pourrais mettre une pancarte qui annonce que je suis à vendre, j’aurais des acheteurs, de même. Sauf que, à regret, eux prendraient mes affaires, emmèneraient ça dans leur bureau et mon cabinet viendrait de disparaître. Moi, ça fait 40 ans que je bâtis ça et mon objectif, c’est que ça se continue, même si je suis pas là.
Quand je me suis incorporé la première fois, j’ai appelé mon cabinet Assurances Martin Lajeunesse et au fil du temps, je l’ai changé aujourd’hui pour que ça s’appelle AG Gestion Financière. Pourquoi ? Parce que un, Assurances Martin, le monde voyait juste « assurances » et « Martin ». Les clients ont commencé à me poser la question : « Si tantôt t’es plus là, c’est qui qui est là pour nous servir ? » J’ai un cabinet, je vais avoir d’autres personnes. Mais les gens commencent à te poser la question, ils voient que tu rajeunis pas non plus. Alors, j’ai décidé de mettre AG, qui est le symbole de l’argent en chimie. Je n’étais pas pour mettre un signe de piastre sous gestion financière, mais en mettant AG comme ça, c’est le représentant de l’argent.
Car, qu’est-ce qu’on fait? On gère des placements, on gère de l’assurance. Tantôt, je disais que j’amène un chèque. Un chèque, ça se transforme en argent. C’est tout le temps de l’argent. On est tout le temps lié à quelque part à de l’argent. Je te vends une assurance salaire, tu tombes invalide, je t’amène de l’argent. T’es malade, t’as besoin d’argent pour payer tes médicaments ? C’est moi qui paie. C’est tout le temps lié à l’argent. Il n’y avait rien de mieux que le symbole de l’argent. C’est de là que ça vient. Pour la gestion financière, je fais quoi ? Je gère de la gestion, tout ce qui est financier. Ton hypothèque, tes assurances, tes placements, nomme-les toutes. On touche à tout. Et ça peut être n’importe qui en arrière ça, tu viens d’enlever un argument des clients qui disent que c’est plus juste Martin. Il faut après ça que j’en mette d’autres derrière, c’est ça le défi.
Avec ce que je vous parle, l’idée qui est en train de se faire, j’ai bon espoir qu’en 2023, on va arriver à ce genre de regroupements-là qui va faire un méga bureau Centre-du-Québec où on va être 7, 8 ou 10 représentants et qu’on va réunir nos forces. Je ne sais pas la clientèle, elle sera rendue à combien, mais je prends mes 600 500, je les mets dans le pot, si les autres amènent chacun 1000 clients, on va peut-être se ramasser à 15 000 clients pour un cabinet, avec plus qu’une adjointe évidemment et plusieurs représentants. Ce serait, je dirais, la prochaine étape de développement au niveau de l’entreprise qui germe tranquillement pas vite, mais qui se précise.
Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?
À peu près toutes les raisons déjà que j’ai dites. Marylou est une employée, mais les personnes aux ventes, je ne les considère pas comme des employés, mais comme des gens autonomes. Tout ce qu’ils viennent chercher ici, c’est les services d’adjoints, se partager de l’information et moi, partager mes connaissances avec eux. « Martin, j’ai un dossier, qu’est-ce que tu ferais, toi, dans ça ? » Je ferais telle ou telle affaire, donne-moi du jus et je vais te dire ce que moi, je recommanderais. Mais ça, si on est plusieurs à mettre notre expérience en commun, je pense qu’on va être très fort dans les recommandations qu’on va faire.
Pour travailler chez nous, comme je l’ai dit, « plaisir et affaires ». Je veux pas que personne travaille chez nous avec l’impression d’avoir un boss dans le dos et qui serre la vis tout le temps. C’est pas ma façon de voir les choses. Un, j’ai déjà essayé de travailler pour une institution financière et j’ai été pendant 2 ans à m’obstiner avec la direction, ça a pas d’allure, c’est pas de même qu’il faut que vous fassiez ça. Mais quand c’est une grande entreprise avec une banque en haut, tu fais ce qu’ils te disent et ton opinion… On en tient pas compte trop, trop. (rires) Cet aspect-là, quelqu’un qui vient travailler chez nous, oui, ça prend un peu d’autonomie pour qu’évidemment, il puisse lui-même travailler. Mais le fait qu’il y ait des collègues et d’autres personnes expérimentées, ça va aider. Il faut aider à partir des jeunes recrues pour pas avoir le défi aussi fort comme je disais tantôt de recruter eux-mêmes client par client. Si on a un bassin de X milliers de clients, c’est pas vrai que je suis capable physiquement de rencontrer 600 500 clients par année, c’est impossible. Oui, il y a une base active, mais je te dirais ma grosse base active, c’est peut-être 1000. Les autres, ce sont des clients à qui j’ai vendu de quoi il y a 10 ans et qui m’ont jamais redemandé quoi que ce soit. Mais si j’ai du monde, je pourrais leur dire : « Prends donc ce dossier-là, appelle donc Monsieur Untel ou Madame Untelle. Ça pourrait être le fun qu’on aille lui faire une visite. »
Mon associé qui est décédé, il est venu ici, je le connaissais pas. Il m’a appelé un matin : « Monsieur Lajeunesse ? Je voudrais vous rencontrer. Vous me connaissez pas, mais moi je vous connais pas mal plus que vous le pensez et je veux vous rencontrer. » La première chose qu’il m’a dit au restaurant, c’est : « Je suis dans le domaine de gestion de placements d’un million et plus depuis plusieurs années. Ce que je trouve remarquable chez vous, c’est qu’à chaque fois, je suis tombé sur l’un de tes clients, j’ai jamais été capable de rien faire. Toi, c’est pas compliqué, tu rentres chez un client, tu passes la gratte et tu fermes la porte, c’est fini. Ça, j’en reviens pas. J’ai jamais été capable de rien faire chez tes clients. Je trouve ça remarquable. C’est l’une des raisons pour laquelle je veux travailler avec toi, être associé et partager le même bureau. Deuxièmement, à chaque fois que je passe devant la porte, je me vois dans ton bureau. T’es au centre-ville, t’es bien placé, t’es bien installé, c’est très important pour moi. » C’était le fun d’entendre ça en même temps, ça fait partie des raisons pour travailler chez nous.
C’est presque illimité comme développement potentiel. Dans un travail qui est routinier, tu vas atteindre une espèce de routine qui fait en sorte que oui, tu fais ton travail, mais que ce soit lundi, mardi, mercredi, jeudi ou vendredi, tu vas avoir fait la même affaire à chaque jour. Alors que moi, il y a pas une journée dans la vie qui est pareil comme la veille. Il y a tout le temps quelque chose de nouveau, il y a tout le temps un nouvel événement, il y a tout le temps une nouvelle personne. Tu rencontres Pierre, Jean, Jacques, tu fais des découvertes. Je suis allé cette semaine à Montréal, je rencontre un gars, j’ai passé la soirée avec eux autres, j’ai appris toutes sortes d’affaires. En même temps, tu te dis : « Ah, je viens de pogner un contact pour telle affaire, parce que lui était là, moi j’étais pas là. Parfait, je vais me servir de lui pour entrer là ». Il faut tout le temps que tu restes aux aguets, de toutes les rencontres que tu peux faire et tu peux pas dénier ou mettre quelqu’un de côté. Il y a toujours quelque chose à apprendre. Cette curiosité-là, il faut que tu l’aies, tout le temps. Il faut que tu dises : « OK, lui, cette personne-là, je la rencontre pas pour rien, il y a quelque chose dans sa vie, si c’est pas pour m’apporter de la business, c’est pour m’apporter quelque chose au personnel de son expérience ».
T’as pas ça dans tous les travails. Quand t’es devant ta machine, tu parles juste à ta machine… C’est correct, ça en prend, je serais pas capable de faire ça, pas après avoir connu ce que j’ai fait. À quelque part, je dirais presque que c’est le meilleur métier du monde, c’est peut-être exagéré, mais c’est l’un des très beaux métiers pour quelqu’un qui veut tout le temps prospérer et mentalement et dans son travail et ses relations. Ça vaut de l’or.
Je pense qu’il y a un mot, que souvent les clients me disent : c’est la passion. C’est pas plus compliqué que ça. Si t’as pas la passion dans le travail que tu fais, change de travail. C’est le plus important.
Pour vous, la persévérance c’est quoi ?
La persévérance, c’est très important. Je dirais, dans mes études, dès le secondaire dans les années 70, il y avait 3 types de classe : les 110, les 220 et les 330. Je me suis toujours classé dans le 330. C’est sûr que quand le professeur rencontrait les 330, il pesait fort, t’avais toujours un peu plus d’ouvrage, mais t’avais un niveau de compétition à travers la classe de peut-être 30 élèves. C’était de haut niveau, tout le temps. Donc, oui, ça prend de la persévérance dans les études, ça prend de la persévérance dans ton travail, mais à partir de là, t’évoluais beaucoup plus rapidement.
Juste pour vous donner une idée, en secondaire 1, on commençait les cours d’anglais. La professeure, après 2 semaines, elle dit : « Toi, je sais pas ce que tu fais ici. T’avanceras pas, t’en sais plus de ce que je vais donner dans l’année. Ta place, c’est pas ici, c’est en secondaire 3. » Elle me passe de 1, elle me transfère en 3. Elle me dit : « Oublie ça, tu vas perdre ton temps. T’as pas d’affaire ici. Je t’envoie tout de suite en 3. » Ça, ça été comme ça pendant tous les secondaires, un après l’autre, de 1 à 5, toujours dans les groupes de 330. L’équipe qui était là aujourd’hui, c’est des notaires, des propriétaires d’entreprises, des avocats. C’est tous des gens qui je dirais ont un niveau professionnel important. Entre autres, il y en a un, que plusieurs peut-être connaissent à Victoriaville : l’entreprise Sani Marc. C’est Pierre Goudreault qui est aujourd’hui président-directeur et propriétaire, c’est son père qui a parti ça, mais Pierre, on était dans les mêmes classes et on s’est suivis tout le temps. Ça vous donne une idée. Monsieur Labé des restaurants St-Hubert à Victoriaville, c’était dans ma classe. Après ça, des notaires, des médecins, des gens en haut niveau informatique.
Si notre cohorte avait pas eu la persévérance de ça, de se dire oui c’est difficile, oui ça demandait plus d’heures, mais par contre, ça nous a amenés à un niveau je dirais très important. La persévérance scolaire, il faut pas lâcher. Par contre, il y en a qui vont dire : « Moi, le secondaire 5, j’en ai assez », mais bon, je pense que dans le milieu, aujourd’hui, ça prend un peu plus que ça.
Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?
Les jeunes, c’est notre relève. Vous avez comme on dit la vie devant vous. Tout ça, si je remonte à l’époque… Je sais pas à tous vos âges, mais à quelque part entre 12 et 18. (rires) Ce qui est difficile, un, on est jeune, on le sait pas encore notre intérêt, vers quoi on veut s’en aller, quel métier on aimerait faire. Des fois, ça, c’est difficile.
Je vous dirais que moi jusqu’à mes 18 ou 19 ans, encore là j’étais pas sûr, je savais pas. Quand je suis arrivé au cégep, je savais pas encore. J’ai pris un cégep en sciences pures, j’ai finalisé mes 2 ans et là j’ai dit : « Ouais, pas sûr encore, je vais faire sciences santé ». J’ai rajouté 1 an. Donc j’avais autant de sciences pures que sciences santé. Si avec ça, j’ai pas de bagage pour faire de quoi, je suis aussi bien de retourner sur les bancs d’école encore. Je me suis inscrit à l’université et j’ai fait 3 demandes : l’Université de Montréal en pharmacie, Université Laval en génie électrique et Université du Québec à Trois-Rivières en administration (sciences comptables). J’ai « spreadé » ça en trois domaines. Après quelques semaines, on reçoit les retours de nos demandes. Montréal ? Refus, programme contingenté. Laval ? Accepté. Trois-Rivières ? Accepté. La conclusion, c’est que je suis allé en sciences comptables, mais je vous dirais qu’il n’y a pas une journée que ce cours-là m’apporte pas dans ma carrière des outils.
Les sciences comptables, il y a la fiscalité en arrière de ça et tout ce qui est l’aspect financier (les placements, par exemple). C’est une base très importante pour le travail que je fais aujourd’hui. Ça m’a aidé à progresser encore plus rapidement dans ce domaine-là à cause de ça, parce que je pouvais me démarquer d’autres confrères qui sont dans l’assurance, mais qui n’ont peut-être pas autant d’études. Moi j’arrivais : « Hop, moi je l’ai, ta solution » ou encore « Moi, je suis en fiscalité, tu devrais faire ça, ça, ça, tu vas sauver de l’impôt ». Toutes ces petites affaires-là, j’étais plus vite que plusieurs autres.
Le conseil que j’aurais à donner, c’est de ne pas lâcher vos études. Allez chercher au moins une certification quelconque pour pouvoir après ça vous orienter. Encore là, ça ne veut pas dire que c’est exactement ce que vous allez préférer faire, mais vous avez encore le temps de changer d’idée par après, c’est pas trop un problème. (rires)
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
Je trouve ça le fun. C’est l’aspect implication qui vous amène à rencontrer du monde, à donner des services. Oui, c’est du bénévolat, mais j’en fais, moi aussi, du bénévolat entre autres dans 2 organismes. Même que j’ai été sur un conseil d’administration d’une maison dans le coin de Joliette. J’ai été plusieurs années sur le conseil d’administration. C’est une maison de ressourcement qui permet entre autres aux femmes violentées d’avoir refuge, etc. C’était du bénévolat. Là, je suis sur un conseil d’administration de la Société sylvicole, dédiée à la forêt. Ça existe depuis au-delà de 40 ans. Je siège au conseil d’administration depuis 15 ans et j’en suis le président depuis 6 ans. La fierté que j’ai, c’est que de par mon implication, j’ai fait évoluer cette entreprise-là pour quadrupler en dedans de 5 ans son chiffre d’affaires. Du 1,2 million du chiffre d’affaires, on est passé à 6,2 l’an passé.
Oui, avec l’expérience personnelle, parce que oui, j’ai amené 7 personnes sur le conseil d’administration, mais ça prend un leader dans la gang et ça faisait longtemps que j’étais là et ça bouge pas. À un moment donné, il fallait donner un coup de barre et dire : « C’est fini, il faut prendre une autre direction ». À partir de là, c’est correct, on veut pas refaire les erreurs du passé, mais cette entreprise, il faut qu’elle s’en aille là. Qu’est-ce qu’on va faire ? On va changer le mode d’opération. C’est de l’implication bénévole, ça me donne pas plus d’argent dans mes poches, sauf que j’ai 15 employés là-bas, on a une masse salariale de 500 000 par année. Je fais quand même vivre des familles et je sécurise leurs emplois, parce qu’eux autres, ils en ont besoin de leurs emplois et pour ça, il faut que l’entreprise soit là. Je veux l’amener encore plus haut, mais comme on dit, à un moment donné, il faut respirer un peu. C’est allé vite, parce qu’en dedans de 5 ans, j’ai doublé le chiffre d’affaires, année après année.
Je fais aussi du bénévolat dans un club d’ébénisterie à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie à Victoriaville. Je suis le trésorier. Encore là, on a fondé ça, on l’a parti de zéro. Aujourd’hui, il y a 80 membres qui viennent passer du temps à s’amuser, à faire leurs projets. Cette année, on va donner autour de 150 jouets à des organismes de charité qui ont tous été fabriqués par des membres du club. On redonne socialement, on divertit des gens, on leur donne l’opportunité de travailler le bois. Le groupe qui est là s’entraide. Vous venez travailler à l’atelier, vous avez envie de faire telle affaire sans savoir comment le faire ? Quelqu’un en a déjà fait, il va t’aider, te donner quelques instructions pour t’aider à bâtir le meuble ou l’objet que tu veux fabriquer en bois. C’est le fun, parce qu’on retrouve des connaissances : l’un est fort en sculpture, l’un est fort pour tourner du bois, l’un a fait des armoires, l’un a fait des escaliers, etc. Il y a un partage de connaissances qui se fait à travers ça.
Le bénévolat, c’est un peu tout ça. À quelque part, t’obtiens une joie, une reconnaissance face à ce que t’apportes dans ton bénévolat, mais nécessairement tu vas avoir aidé des gens autour de toi.
Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?
Il faut trouver le temps. (rires) Quand on est jeune, des fois on se garde du temps, on pratique une activité. J’ai joué au hockey quelques années, mais au fil des années, ça s’est estompé. J’ai fait du ski alpin. Mais l’activité physique, oui, il faut se garder en forme. Étant jeune, on se n’en aperçoit pas, mais quand on prend de l’âge, les bobos vont finir par sortir. C’est important de dire : « OK, il faut que je garde une certaine activité ». Malheureusement, nous autres, on a un travail qui est plus assis, plus de bureau, mais quand même. En dehors de ça, j’ai une terre à bois, une érablière. Je manque de temps pour y aller, mais bon. À un moment donné, je courrais un peu toutes sortes d’affaires pour essayer de me dépenser, mais oui, c’est très important de se garder en forme.
Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette ?
C’est pas une bonne idée à mon avis. J’ai jamais fumé, je peux pas vous dire que je connais ça. J’ai vu des fumeurs en masse. Mais à toutes les fois, j’ai vu des gens qui ont fumé et plusieurs en sont décédés en plus ou moins bas âge. Je suis rendu à 60 ans, mais quelqu’un qui décède à 65 ans, il a été fumeur toute sa vie, ça n’a probablement pas aidé. C’est peut-être un des aspects qui fait qu’il finit avec un cancer de la gorge ou un cancer des poumons. Je peux pas vous dire que je suis très enclin à recommander que quelqu’un fume ou vapote. C’est plus un défaut qu’une qualité à mon avis.
Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie, les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?
Le seul aspect positif à la légalisation que je peux donner, c’est d’essayer de contrer le crime, tous ceux qui font ça de façon criminelle d’une certaine façon. Il y a les groupes de motards, on le sait, où tout le monde peut avoir de la drogue sur la rue, etc. Le gouvernement, en légalisant ça, a essayé de faire diminuer ça. Je dis pas que ça l’a fait disparaître, mais ça peut aider. Par contre, ça donne accès à tout le monde. Je peux croire que ça peut être bénéfique pour certains en thérapeutique, mais en dehors de ça, si ça pouvait ne pas exister… Ça serait plus ma façon de penser. C’est très, très mauvais en tant que tel que ce soit dans notre vie, mais bon.
Il y en a d’autres affaires comme ça, l’alcool par exemple qui n’est pas bien mieux. (rires) Une autre forme de dépendance. Manger trop, c’est pas mieux non plus. Des fois, les jeunes nous disent : « Mourir de ça ou mourir d’autre chose… » Oui, mais ce serait peut-être le fun que tu vives en santé le plus longtemps possible. Parce que ceux qui ont arrêté de fumer, qu’est-ce qui est arrivé ? Prise de poids, souvent. Plein de problématiques qui se continuent même si t’as décidé d’arrêter de fumer, parce que ton organisme réagit mal. Tu vas te garrocher dans la nourriture ou dans d’autre chose.
Entrevue avec Jean Morin, propriétaire de la Fromagerie du Presbytère.
Entrevue avec Jean Morin, propriétaire de la Fromagerie du Presbytère, réalisée par Shelby Croteau, Malyck Jacques et Maëlie Turcotte du Comité 12-18 de St-Rémi-de-Tingwick
Décrivez nous votre entreprise en général ?
En général, c’est une fromagerie qui transforme le lait de notre ferme, celle de mon arrière‑grand‑père. C’est moi qui ai pris la relève de la ferme avec mon frère et on a décidé de faire du fromage, parce que je rêvais d’en faire un jour. Un beau jour est arrivé devant chez nous un presbytère à vendre. « Une belle place pour faire une fromagerie. » J’ai étudié en Europe à faire des fromages. Je me suis embarqué dans la fromagerie. Mon frère s’est occupé un peu plus de la ferme. Il a vendu toutes ses parts de ferme, je les ai achetées et je les donne à mes enfants. J’ai 4 enfants qui prennent la relève et c’est eux qui s’occupent aujourd’hui de la ferme. Sommairement, on transforme le lait de notre troupeau en fromage fin et fromage en grains.
Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ?
On touche à plusieurs métiers. Il y a des curés, des fromagers, de l’assistance à la direction générale. On a fait le tour hier à une technicienne en qualité spécialisée dans le contrôle de la qualité, les normes de salubrité et l’hygiène. Par exemple, dans la fromagerie chez nous, la peinture est une peinture spéciale acceptée par l’Agence canadienne d’inspection des aliments, parce que c’est un peu le ministère de la Santé et des Services sociaux qui génère nos besoins en hygiène. Ça prend aussi des équipes à l’emballage et à la gestion. Quelque chose qui est ben à la mode, c’est quelqu’un qui gère les réseaux sociaux et qui est actif là-dessus. C’est surtout des gens qu’on veut garder avec nous, des gens de passion. C’est un métier, être passionné. C’est le plus beau métier. La passion de son travail.
Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?
Les valeurs sont sur la qualité. Je dis à tous les gens qui travaillent avec moi le matin, quand on arrive : « Qu’est-ce qu’on pourrait faire aujourd’hui pour être meilleur qu’hier ? » Ça sert à tout le monde dans la vie, mais nous autres, quand on fait le fromage, mettons le fromage bleu. Sur le dessus, il y a un petit défaut quelque part dans la pâte qui est un peu agaçante, eh bien, nous, on travaille dessus pour corriger ça. On goûte à tous nos fromages. La principale qualité, la philosophie de l’entreprise pour moi, c’est de faire le meilleur fromage au monde. C’est toujours le but, dans chacun de nos gestes. Quoi faire pour être meilleur qu’hier ?
Quelles qualités de base recherchez vous chez vos employés quand vous les embauchez ?
On recherche des gens qui seraient heureux à faire ça et qui n’auraient pas peur de prendre des responsabilités. On espère aussi qu’ils soient aussi attentionnés dans ce qu’ils font, c’est-à-dire que c’est pas des clous qu’on fait, c’est des aliments. La répercussion d’un geste peut se rendre à Toronto. Un fromage mal emballé, par exemple. Assumer les tâches de qualité. C’est ce que je souhaite avoir : des gens consciencieux, qui le deviennent ou qui le sont déjà. Comment on fait dans une entrevue pour trouver ça ? C’est difficile, mais on le détecte assez vite après quelques semaines.
Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?
Je suis fier de tout l’ensemble des projets. Je suis agriculteur. Ma fonction première, c’est de nourrir les humains. Ma plus grande fierté, c’est quand je nourris les humains, parce qu’ils font des sourires et ils sont heureux. Ça, c’est ma grande fierté. Rendre les gens heureux. À partir du même brin d’herbe. Les vaches mangent ce brin d’herbe et font du lait. Nous, on en fait du fromage : du bleu, en grains… C’est comme des petits magiciens là-dedans. Avec ça, on fait des heureux. Tout ça, avec la dynamique de garder la ruralité encore vivante. Par exemple, Saint‑Rémi. C’est un beau petit village, mais on dirait qu’il a perdu sa nature. Ça va prendre des jeunes comme vous pour bâtir des belles affaires. Notre petit village ici, il y a encore un poste à gaz, une église, un magasin général où tu peux t’acheter des Jos Louis et de la liqueur. Il y a une petite fromagerie et il y a du monde qui viennent faire un tour. C’est le fun, c’est ce qu’on souhaite avec tous les petits villages : qu’ils soient vitalisés par des gens comme vous autres.
Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?
Il y a juste des avantages. Je vois pas l’avantage que j’aurais à travailler en ville. L’avantage de travailler en région, c’est d’abord beau le matin quand tu te lèves. Il y a toutes sortes d’emplois en région. Si tu t’en vas à Saint-Félicien, Saint-Élie-de Caxton, Sainte-Élisabeth, Saint‑Rémi‑de‑Tingwick, il y a plein de choses. Les emplois en région, c’est ce qu’il y a de plus précieux, parce qu’on assume qu’on doit laisser à nos employés une qualité de vie. C’est une belle place pour élever des enfants, faire du ski, faire toutes sortes de belles choses… Et surtout, ton travail, tu peux y aller quasiment à vélo. C’est merveilleux.
Comment se passe une journée de travail pour vous ?
C’est typique. Je me réveille à 3 h le matin, j’amène le lait frais à la ferme. Le lait, il sort du pis de la vache, puis est stocké dans un camion, que j’apporte ici à 4 h du matin. Puis, on commence les opérations. Chauffer le lait. Démouler les fromages d’hier. Les opérations de fromage, ça dure de 4 à 8 h. Puis, vers midi, les relations publiques. Les réunions avec les employés. Hier, j’ai eu un meeting avec Radio-Canada qui m’avait appelé pour faire une réunion. J’avais aussi une dégustation hier au Carré 150, parce qu’il y avait un vins et fromages pour accompagner un vernissage. Le matin, c’est le travail des fromages et l’après-midi, les travaux connexes.
Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?
J’aime nourrir les humains, comme je disais tantôt. Relever le défi quotidien d’être meilleur. Faire des bons fromages. On travaille avec des aliments vivants. Le lait, ça vit, il y a plein de bactéries là-dedans. C’est vivant. Ça va pas toujours là où tu veux, c’est pas comme du fer. Ça nous interpelle à être à l’écoute de ce que c’est. C’est de la matière vivante. Le plus beau de la vie, c’est de travailler avec du vivant. Les bactéries dans le lait, le ferment que je mets dedans. Ce sont des humains qui travaillent autour et qui mangent ça. On est loin des embaumeurs. (rires)
Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?
J’ai pas mal l’impression que je suis rendu là où je voulais être. Je veux vraiment que la fromagerie soit transférée à mes enfants, mais avec des projets différents et nouveaux. Amélioration de ci, amélioration de ça. Je travaille souvent en meeting avec mes enfants pour décider ce qu’on va améliorer. Améliorer le magasin général ? Qu’est-ce qu’on va se donner comme saison ? Bref, toujours améliorer la fromagerie.
Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?
Parce qu’on aime faire de la nourriture, faire du fromage. On aime l’environnement, l’ambiance et la dynamique de l’entreprise. On aime que ce soit vivant, on aime être respecté aussi, surtout ça. Le respect, c’est l’élément le plus fort qu’on a et dont on a besoin quand on travaille.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?
Les gens heureux. (rires) J’ai un bon ami qui s’appelle Fred Pellerin, je le trouve inspirant. Les choses bien faites, ça m’inspire. Quelqu’un qui s’applique à faire du vin, de la confiture, du pain. Quelqu’un qui fait de bonnes choses. Un grand chef cuisinier. Il sait, lui, qu’en composant ça, ça et ça, ça va faire un beau bagage. C’est comme un artiste qui écrit. Il prend ça où, lui, dans sa tête, pour écrire un livre ? Ou pour écrire un film ? La créativité m’inspire.
Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?
C’est la vie. Si tu commences à chier à terre à l’école, tu vas chier à terre toute ta vie. Oui, ça se peut que tu aimes pas le cadre de l’école, parce que il y a du monde à l’école qui t’énerve, t’es mal-aimé, t’as pogné un mauvais prof, le voisin est fatigant, etc. Mais en général, la persévérance, ça permet d’aller plus loin. Après l’école, c’est autre chose. Vous pouvez pas vous imaginer ce qu’on a comme embûches quand on part une patente de même. Moi, c’est le fun, je peux conclure en beauté, mais c’est rien que des embûches. Quand il y a des embûches, mettez votre cerveau en mode « solution ». Mettons, tu sors de la maison, tu te blesses. Il faut que tu trouves une solution. La persévérance, c’est de trouver des solutions. La vie nous met des bâtons dans les roues, tout le temps. Quand t’es en mode « solution », t’actives la persévérance. Ça prend la persévérance pour trouver des solutions aux problèmes.
Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?
Lâchez pas. (rires) Vous êtes dans une mosus de belle région, vous vous en rendez pas compte. J’arrive le matin, j’ouvre le robinet, il coule de l’eau. Il fait 22 °C. Cibole, et j’ai juste tourné le thermostat. C’est le fun, ça. Dans un environnement comme ça, je peux travailler à pied ou à vélo. Je peux respirer de l’air pur. Ça prend pas un gros média pour s’apercevoir qu’il y a du monde, c’est pas sûr qu’ils mangent et ça se peut qu’ils passent l’hiver au froid. S’ils sortent de la maison, ils peuvent se faire bombarder ou mitrailler. Ils n’ont pas le droit de parler. Ils ont la face voilée. Aux États-Unis, ça te prend quasiment un gun. Faudrait que t’aies ton cours d’arme à feu, parce que tu le sais pas, pour t’en aller à St-Rémi-de-Tingwick, tu peux pogner un chevreuil. On est dans un mautadit beau environnement. On a de la chance. On s’en rend pas compte, on est dedans. Quand tu te lèves le matin, tu te dis : « Wow, il fait chaud dans la maison. » On est chanceux d’avoir ça.
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
J’adore cette volonté de faire du bénévolat, c’est ce qui constitue la richesse d’un pays.
Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?
C’est comme obligatoire. Il y a des gens qui se mettent à faire de l’activité physique ou qui se mettent au régime pour maigrir. Quelle mauvaise décision. L’activité physique, c’est comme une dose de drogue. Quand t’en fais, tu reviens, t’as de l’air frais dans les poumons, ça fait du bien de te grouiller. Vous le voyez moins à votre âge, mais on le voit en vieillissant. C’est donc bon d’avoir de l’air propre. On revient chez nous et on est fier d’avoir fait ça. Il faut s’amuser à le faire. Si tu aimes pas faire du jogging, fais-en pas. Va faire autre chose. Il y a tellement de belles choses à faire pour grouiller. À moins d’avoir des problèmes physiques graves, c’est important de faire de l’activité physique.
Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?
Je me demande comment ça se fait que ça existe encore. On en parle moins, de ça. Je vous le dis, j’ai 4 enfants et il y en a pas un qui fume. Ils sont une trentaine quand il y a des fêtes, mes enfants ont entre 25 et 30 ans. C’est l’âge que c’est festif. Mais personne fume. Mettons qu’il y en a un qui fume, il est mal vu. Il se fait traiter de puant. Dans la vie, tu peux être cool, mais à partir du moment où tu te fais traiter de puant, c’est pas drôle. Tu as pas envie de te faire traiter de puant. Quand tu fumes, mautadit que t’es puant. Sans parler de l’argent et la santé.
Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?
On a pensé qu’il y aurait moins de monde en prison, parce qu’on arrêterait de courir après les petits morveux de vendeurs de pot. Malheureusement, ça a juste dévié le problème un petit peu. Ça amène à la consommation de la drogue à des niveaux encore de banditisme. C’est en partie encore la mafia qui s’occupe de ça. L’avantage, par contre, c’est que ça peut être thérapeutique. J’ai un drôle d’ami qui fume du pot, il va chercher çà à la Société québécoise du cannabis (SQDC). Il ramasse ce qu’il veut. Je veux à base de ça, de ça, de ça. C’est contrôlé. C’est donc moins risqué. Sa mère se choquait après lui. Il travaille avec nous à la fromagerie, il a 25 ans. Sa mère se choque : « Tu vas arrêter de prendre de la drogue ? » Il dit : « Toi, la mère, t’as vu le pot de pilules que tu manges ? C’est qui entre nous qui est le plus drogué ? » (rires) Je sais que ça aide beaucoup, que c’est thérapeutique. C’est géré presque de façon médicale. À mon sens, c’est naturel. Mais quand on en a, il y a le risque que ça amène de la corruption, le banditisme, les gangs de rue et, naturellement, la dépendance
Entrevue avec Stéphanie Desharnais, propriétaire de Centaure Kombucha.
Entrevue avec Stéphanie Desharnais, propriétaire de Centaure Kombucha, réalisée par Carolanne Desharnais, Koraly Blanchette, Rosalie Larivière et Anne-Marie Giguère du Comité 12-18 de St-Élizabeth-de-Warwick.
Décrivez-nous votre entreprise ?
Nous sommes en activité depuis 2019. On se spécialise dans la production de kombucha. C’est une boisson pétillante à base de thé fermenté. Comme une culture bactérienne dans le produit qui se développe pendant la fermentation, ça devient un produit qui est riche en probiotiques, c’est bon pour le système digestif. Comme c’est à base de thé, c’est un antioxydant, donc très bon pour le système immunitaire aussi. C’est sans alcool et faible en sucre. Les gens vont prendre le kombucha pour remplacer les liqueurs, les jus sucrés ou les boissons alcoolisées. Ça devient comme l’alternative santé. On se spécialise là-dedans. Au fil des années, on a développé différents produits reliés au kombucha comme le thé et la tisane. On fait aussi des tisanes pétillantes qui seront sur le marché au printemps.
Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ?
Pour l’instant, il y a mon conjoint et moi. Lui est le maître producteur, il s’occupe de la recherche et du développement, des recettes, de la production, de l’achat des équipements, des formations pour peaufiner la production. Moi je m’occupe de la gestion, du volet marketing/communication, comptabilité. Comme toutes les entreprises, il faut assurer le bon fonctionnement au niveau de la comptabilité, discuter avec les points de vente, les publications sur les réseaux sociaux. Finalement, il faut assurer une présence à différents événements, on essaie de se partager cette partie-là.
Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?
On essaie le plus possible d’être authentiques. C’est-à-dire qu’on va prendre des produits qui sont naturels, on ne veut pas chercher à faire quelque chose qui est ‘’cheap’’ avec des produits bas de gamme. On va choisir la qualité des produits, qu’ils soient naturels, qui nous ressemblent. On va opter pour des recettes très originales, qui ne se retrouvent pas sur le marché. On essaie d’innover.
Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez ?
C’est sûr que comme entrepreneur, on cherche des employés qui vont être dévoués, qui vont vouloir s’impliquer dans l’entreprise et qui vont avoir un sentiment d’appartenance, qui prennent ça à cœur et qui ne veulent pas juste une paye. Ils doivent aussi vouloir participer au développement de l’entreprise. On veut quelqu’un de fiable et loyal. Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fiers ?
C’est certain que le plus dur pour une entreprise, c’est le démarrage. On est fiers d’avoir passé ce cap-là des débuts de l’entreprise, plus difficiles, de se faire connaître, de se questionner à savoir si on est sur la bonne route, si on fait la bonne chose. C’est sûr que chaque fois qu’on fait une nouvelle recette, quand on y goûte et que c’est ‘’sur la coche’’, on est super fiers aussi.
Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?
Il y a beaucoup d’avantages. On est plus « connus« parce qu’on se perd moins dans la masse. Si on va par exemple à Victoriaville, on va voir plusieurs commerces qui encouragent les produits locaux des petites régions avoisinantes. Quand on parle de la ville de Québec ou de Montréal et grands centres urbains, c’est plus dilué. On est dans la masse, il y a beaucoup de produits. Même s’ils veulent encourager local, il y a beaucoup de produits dans la région, c’est plus difficile de choisir. On adore habiter en campagne. On est tranquille et il y a beaucoup moins de restrictions au niveau des permis. On est plus libres.
Comment se passe une journée de travail pour vous?
On a comme trois emplois. On a chacun notre emploi à temps plein, on a notre petite famille et on a le Kombucha qu’on va faire les soirs et les fins de semaine. Souvent les soirs, on va faire la comptabilité, de petites publications Facebook, des tests de recettes, etc. Les productions vont être un peu plus longues à faire donc on fait ça les fins de semaine, étant donné que ce sont des journées de cinq à six heures de production.
Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?
Ce qu’on aime beaucoup c’est quand on crée un nouveau produit. On commence par avoir la recette, ensuite il faut faire notre étiquette, la vendre en contactant nos points de vente, etc. Ce qui se démarque, c’est quand on arrive à avoir des événements, des marchés, des kiosques où on est en contact avec les gens directement. On leur fait goûter notre produit et on a le feedback des gens.
Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?
On va être millionnaires (rires) ! En fait, on veut l’amener au point où on va se dire qu’on a un produit que les gens recherchent, qu’ils reconnaissent le nom : Centaure kombucha. On veut que notre produit soit rare, que les gens s’approvisionnent parce qu’ils savent que les nouvelles productions vont partir vite. C’est agréable comme entrepreneur de savoir que notre produit est tellement recherché, qu’on crée une rareté.
Pour quelles raisons devrait on travailler pour votre entreprise ?
Quand tu as un lien avec la personne que tu embauches, que tu lui fais sentir que tu fais attention à elle, qu’il sait que son employeur pourra lui offrir une certaine qualité de vie, des bonus, une participer au processus de création et au développement, l’employé ne doit pas sentir qu’il est là juste pour vendre ou offrir juste de la main-d’œuvre.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?
Nous sommes des aimants de la nature, des sports de plein air. On aime beaucoup être en contact avec ce que la nature peut nous donner. On aime aller en forêt chercher des produits de qualité, naturels, authentiques.
Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?
Ce que je veux lancer, c’est de dire qu’il y a de l’espoir pour l’avenir. Moi je trouve ça le « fun« de vous voir ce soir, vous êtes des jeunes super impliqués. Il y a beaucoup de préjugés envers les adolescents de nos jours. Les gens disent qu’ils ne font plus rien et qu’ils sont toujours sur leurs cellulaires, mais je pense que c’est faux. Il y a tellement de jeunes impliqués et dévoués qui veulent travailler pour leur communauté. Je dirais aux jeunes de ne pas lâcher et de continuer de se démarquer dans ce que vous faites, de continuer à montrer qu’il y a de l’espoir dans l’avenir de la jeunesse.
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
Encore une fois, je trouve ça super admirable ! Je pense que c’est vraiment une expérience d’une vie. Plus tard, vous allez pouvoir dire à vos enfants à quoi vous avez contribué et laissé votre marque. On peut être très individualistes et faire les choses de notre bord, mais quand on arrive à laisser notre trace à travers notre municipalité, ça va se savoir longtemps. Ça va rester dans le temps.
Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?
L’important, c’est d’avoir un équilibre dans ta passion, que ce soit un sport, l’art, l’écriture, la danse ou le chant. Je pense que l’important c’est d’avoir quelque chose qui te passionne et de développer un équilibre entre tout ça.
Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette/la vapoteuse ?
C’est un fléau ! Encore là, il y a beaucoup de préjugés, d’exagération de la part des adultes et des différents médias. Il y a des effets néfastes, on ne va pas se le cacher, mais c’est correct d’essayer et de faire des expériences. Ce qui est important, c’est de se respecter, de connaître ses limites et les impacts. Il s’agit ensuite de s’affirmer auprès de ses amis et de se respecter.
Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie, les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?
Encore une fois, il y a une question de dosage. On voit apparaitre une plus grande sensibilisation dans la publicité, ce qui est nouveau avec la légalisation du cannabis. On a un plus grand contrôle sur ce que l’on achète et quel pourcentage de THC contient chaque produit. Le cannabis acheté sur le coin de la rue ne permet pas de savoir ce qui est ingéré. Est-ce que ça a amené une banalisation ? Probablement que certains parents qui se cachaient avant pour consommer le font maintenant devant leurs enfants puisque c’est légal.
Entrevue avec Josianne Lauzière, présidente-stratège principale de Synaptik Média.
Entrevue avec Josianne Lauzière, présidente- stratège principale de Synaptik Média, réalisée par Émy St Sauveur et Cloé Girard du Comité 12-18 de L’Avenir.
Décrivez-nous votre entreprise ?
Ce que nous faisons chez Synaptik Média, c’est de la production vidéo, du « motion » et aussi de la réalité virtuelle. Nous le faisons surtout pour le secteur corporatif, des entreprises et aussi des municipalités. Nous le faisons également dans le secteur des évènements mais aussi beaucoup pour les formations. Nous créons des formations en ligne ou des vidéos de formation.
Quels types de métiers pouvons-nous trouver dans votre entreprise ?
Il y en a plusieurs ! Il y a des caméramans, des monteurs, des « motions designers ». Le « motion design » est la création de dessins. Ça pourrait se rendre jusqu’aux Simpson, mais nous, nous le faisons surtout pour les entreprises. C’est surtout de l’animation d’images, parfois de personnages, parfois d’icônes, comparativement à la production de vidéos où l’on filme des images réelles. Nous retrouvons également des rédacteurs, des scénaristes, qui vont vraiment planifier le contenu ou planifier les narrations. Nous pouvons aussi trouver des narrateurs, des gestionnaires de plateau qui vont coordonner le tournage, s’assurer que tout ce qui se passe devant la caméra fonctionne bien. Nous avons des intégrateurs multimédias pour le secteur de la formation. Ils s’assurent de faire toute l’intégration du contenu. C’est un travail un peu plus technique. Nous avons aussi des stratèges, c’est ce que moi je fais, c’est un de mes rôles. C’est vraiment de construire la stratégie. Pour qu’une vidéo performe, il faut se questionner, à qui on s’adresse, comment on s’y adresse, quel message nous voulons passer, nous sommes rendus à quelle étape avec lui. C’est mon gros plaisir de me questionner. On diffuse ça où et comment ? Et d’échanger avec les gens, comprendre leurs besoins, pour trouver des solutions, leur expliquer notre univers pour les aider à prendre la bonne décision. Nous avons aussi le coordonnateur de production. Tout le long du processus, c’est lui applique la rigueur. Il s’assure de parler à tous les spécialistes. C’est qui le premier qui va entendre parler du projet et il va établir ce qui doit être fait. Il faut parler au caméraman pour tel évènement, je dois parler avec le stratège. Il coordonne tout ce beau monde-là du début à la fin. Ça prend quelqu’un qui aime la logistique, voir à tout, aimer être en relation avec le client. Il va également avoir une adjointe administrative qui est tellement précieuse pour que tout se tienne d’un point de vue budgétaire et administratif. Finalement, il y a le directeur général qui est notre chef d’orchestre. Il s’assure que tout va bien dans toutes les facettes de l’entreprise. Nous avons tout ce beau monde-là dans notre équipe et c’est avec chacun d’eux que nous réussissons à faire ce que nous faisons dans l’entreprise.
Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?
Synaptik est vraiment une entreprise basée sur les valeurs. Il y en a une pour nous qui est très importance, c’est la bienveillance. Nous voulons être bienveillants. Ce n’est pas de te vendre quelque chose à tout prix et ni de te vendre n’importe quoi parce que j’ai des objectifs à atteindre. Nous en n’avons pas des tactiques de vente chez Synaptik. Personne n’a de commission parce qu’il a vendu quelque chose. Nous voulons rendre service et être bienveillants ce qui nous amène souvent à éduquer nos clients. Nous leur voulons du bien et ça va se voir autant dans l’équipe, qu’avec nos clients. Se permettre d’être humain et se vouloir du bien, voilà. Dans nos valeurs fortes, la pertinence et la performance. Nous voulons nous questionner sur ce qui va vraiment amener la vidéo ou le contenu qu’on développe afin qu’il soit pertinent. Elle doit bien rejoindre les cibles, performer, aller chercher un maximum de vues. Bref, elle doit répondre au pourquoi on fait ce projet-là. Il n’y a aucune entreprise qui fait une vidéo en se disant qu’il espère que personne ne va la voir ! Ils veulent du contenu parce qu’ils ont des enjeux. Ils veulent recruter, communiquer leur message. Nous avons aussi la valeur de l’innovation qui est super forte. On se questionne tout le temps. Ce n’est pas pour rien que nous sommes allés en réalité virtuelle. On se questionne toujours à savoir comment faire plus, comment faire mieux. Et une autre valeur qui est très forte est le plaisir. On s’assure d’avoir du plaisir, de rire ensemble. On a absolument le droit de ne pas se prendre au sérieux !
Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embaucher ?
Les mêmes valeurs que nous autres ! Il est certain que ça demande des compétences de base. Dans notre domaine, il faut avoir travaillé son porte-folio, avoir pratiqué et être curieux de l’industrie. Ici, ce ne sont pas des employés, mais des joueurs parce que chez Synaptik, nous formons une équipe. Si nous avons le choix entre un joueur potentiel qui a un grand ego, il a beau avoir un super beau talent, s’il ne cadre pas dans nos valeurs et qu’il est là juste pour prouver à tout le monde qui est le meilleur, on ne veut rien savoir. Son talent ne compte pas. Si on a quelqu’un qui travaille fort, qui porte les mêmes valeurs que nous et, même avec des connaissances de moins que l’autre, on va choisir celui-là. Des connaissances ça s’apprend, mais une attitude c’est difficile à changer !
Est-ce qu’il y a des réalisations ou des projets pour lesquels vous êtes particulièrement fière ?
Oui ! Encore une fois, il a fallu que je me gère ! Il y en a 3-4. Il y a un projet que nous avons réalisé en République Dominicaine. On est allé faire des visites virtuelles de la République Dominicaine pour permettre aux gens de visiter plusieurs lieux sans devoir s’y rendre. On sait quand nous avons à choisir une destination vacances, nous retournons souvent aux mêmes endroits, car nous sommes certains qu’on va aimer ça. Permettre de visiter de nouveaux lieux étaient très stratégiques. Nous avons fait un 11 jours là-bas à tourner tout le temps. Même à filmer des couchers de soleil. Ils nous ont amenés dans les meilleurs endroits ! La raison pour laquelle il me rend fière ce projet-là, c’est qu’ils l’ont publicisé et ils l’ont mis sur la page Facebook du « National Geographic » du Canada. C’est lui qui a eu le plus de vues de l’histoire du « National Geographic » du Canada ! Nous étions tous très fiers de ces centaines de milliers de vues ! Je suis fière des projets d’implication sociale que nous faisons dans notre communauté. Ça fait plusieurs années qu’on s’implique dans la municipalité pour des fondations. On les aide à communiquer leur message et ça me rend fière ! Ça fait du sens qu’on prenne conscience des besoins de notre communauté et de supporter ceux qui s’impliquent. Il y a aussi Structures BRL. Celui-là je l’aime car le client a accepté qu’on l’amène dans notre univers. Nous avons pu aller dans un concept fou ! C’est tellement drôle ! Une vidéo pour le recrutement pour lui qui est à la recherche de soudeurs. C’est quelque chose de vraiment difficile de recruter des soudeurs dans la vie ! On a vraiment défini avec lui son profil et nous avons sorti un concept de fous où les gars, avec un chalumeau, allument un gâteau de fête. On l’a amené à faire un paquet de niaiseries tout en étant une bonne vidéo corporative. Elle s’est promenée aussi, tout le monde l’a vue ! Nous avons vraiment ri ! Tout le monde qui la regarde est crampé et se demande ce qu’ils font là ! Nous avons un gars qui liche un comptoir en disant que c’est super propre. Ce sont des choses qu’on ne fait pas habituellement, mais eux ont voulu y aller. Ça me rend vraiment fière qu’ils aient osé et assumé leur message. Nous faisons également plusieurs projets pour Cascades. Un projet qui m’a rendu particulièrement fière c’est celui qu’on a pu présenter sur leur plan de développement durable. Ils cherchent à avoir un impact par leurs différentes actions qu’ils mettent en place. Le message qu’ils lançaient donne le goût de faire des efforts pour la planète.
Selon vous, quels sont les avantages de travailler en région ?
Ce qu’on fait habituellement se fait dans les grands centres. Avant qu’on fonde Synaptik, ici au Centre-du-Québec, tout le monde nous disait qu’il fallait être dans les grands centres comme Montréal ou Québec. On s’est entêtés, nous on veut vivre en région. On vient d’ici et on veut s’établir ici. Travailler en région égale la nature, la qualité de vie, le rythme. Pour moi ça symbolise également la confiance qu’il y a entre les gens. On a moins le goût de faire n’importe quoi quand tu sais que tu as des chances de le croiser en faisant ton épicerie. Je trouve ça précieux le sentiment d’appartenir à une communauté, connaître des gens, savoir à quoi que tu contribues et la différence que tu peux faire. Travailler en région, c’est la décision la plus intelligente, surtout en ce moment avec le télétravail. En région, tu peux faire presque tous les métiers.
Comment se passe une journée de travail chez vous ?
Comme nous avons plusieurs quarts de métiers, ce n’est vraiment pas pareil pour tout le monde. Pour ma part, j’ai un rôle d’entrepreneur. Je touche à tout. Pour l’équipe de production c’est beaucoup de tournées, de création, de montage. Personne chez Synaptik fait la même chose tous les jours. Dans mon cas, une journée peut ressembler à des échanges avec mon équipe pour concevoir un projet. Je peux avoir des rencontres avec des clients pour comprendre leurs besoins, les aider à trouver une solution et les conseiller. À l’occasion, je vais sur des tournages. Avant j’y allais beaucoup, c’est principalement ce que je faisais quand l’entreprise était plus petite. J’y vais encore, je vais découvrir les gens, voir les lieux. Ça, c’est l’aventure ! On ne sait jamais ce qui peut arriver sur un tournage. Tu ne peux tout planifier, mais tu dois toujours t’adapter. Il y a toujours une notion d’imprévues. Une journée, je peux faire de la révision de projet. Le projet a déjà été fait, je dois valider si le contenu est correct et si nous passons le bon message. Dans mon rôle, je vais avoir aussi la vigie administrative de l’entreprise. Je ne fais pas la comptabilité et ce bout-là, mais je vérifie comment vont nos chiffres, est-ce que tout tient la route encore. Je vais aussi travailler sur des projets internes d’amélioration continue afin qu’on soit toujours meilleurs. Je vais aussi travailler pour implanter des logiciels pour s’automatiser davantage dans nos communications. Je fais aussi de ça.
Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?
C’est une bonne question ! Ce ne sont pas des tâches que je préfère mais des moments. Ce que je préfère, ce sont les moments de partage, les moments qui sont vrais. Mon gros plaisir dans mon travail, c’est de voir un collègue qui s’accomplit. Comme avant c’était un défi de recevoir de sa part un feedback, je le vois qui sort de sa zone de confort. Nous en avons jasé un peu, il fait une rétroaction à une autre et il s’améliore là-dedans. De jaser avec un client, de le voir réfléchir et ça lui donne plein d’idées de comment il pourrait utiliser la vidéo pour son entreprise. Et aussi moi-même m’améliorer. Devenir chaque jour une meilleure version de moi-même. Avant je me blasais des métiers que je faisais. On dirait qu’une fois que j’ai tout appris et que je dois faire une deuxième boucle, ce n’est pas mon profil. Il faut que ça avance tout le temps, que je m’améliore. Je suis très critique envers moi-même. Le métier que je fais chez Synaptik dure depuis 11 ans et je ne me tanne vraiment pas. Chaque fois que je pense que j’ai appris quelque chose, je vois tout le reste qu’il reste à apprendre et à améliorer. Le fait que ce soit varié et il y a plusieurs zones où je peux travailler à m’améliorer et à devenir meilleure.
Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?
Je ne sais pas ce qu’on vous répond habituellement à cette question. Je pourrais répondre un chiffre d’affaire à 3-4 millions ou je veux qu’on soit deux cents joueurs… Mais moi ce que je rêve, c’est que Synaptik devienne un modèle ce à quoi doit servir une entreprise. Je suis convaincue que l’utilité d’une entreprise est de permettre aux gens de s’accomplir professionnellement. Ce que je rêve avec cette business-là est d’en faire la place où les gens s’accomplissent professionnellement en gagnant le meilleur salaire possible. Je veux que l’entreprise ait les moyens de s’impliquer dans la communauté, de soutenir des projets pour faire une vraie différence, pour soutenir des initiatives. Je rêve de voir performer les entreprises qui ont les mêmes valeurs que nous autres. Je veux que ce soit ces entreprises qui prennent la place dans le marché. Je veux qu’on fasse tout ça en étant rentable. Ne pas faire ça en donnant tout, mais je veux avoir un modèle qui trouve cette équilibre là, qui démontre qu’on peut avoir toutes ces valeurs là et être rentable.
Pour quelles raisons devrait on travailler pour votre entreprise ?
Pour contribuer à ce rêve-là ! Je dis souvent que moi ce que je veux, c’est améliorer le monde une communication à la fois ! Ceux qui ont envie de bâtir ce monde-là, qu’ils viennent, ils auront la place pour y contribuer. On leur donne cette chance, d’être eux même, d’être vrai, avec leurs couleurs. Il n’y a pas de hiérarchie chez Synaptik. Ça serait moi la plus haute dans la hiérarchie et je suis loin d’être autoritaire ! Ce n’est pas ça ma vision.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?
Je crois que c’est la seule question que je n’ai pas préparée d’avance ! Je dirais la vie, dans toutes ces facettes. La vie, la naissance, la mort. La nature en fait, ça m’inspire beaucoup. De juste observer comment ça se passe pour s’enlever de la pression. Ce n’est pas parfait la nature. Et je dirais l’amour, ce que l’amour peut faire. Pas l’amour, amoureux, mais l’amour d’aimer les autres. Et je dirais l’intelligence émotionnelle, ça me fascine ! Ça m’inspire beaucoup en fait. Les émotions, leur donner de la place. Je considère que nous sommes dans une société malade émotionnellement. Dès qu’il y a une émotion, c’est déplacé. Il ne faut pas être en colère, ça c’est de la violence. Non ! La colère n’est pas de la violence ! C’est quelque chose qui me fascine et m’inspire beaucoup.
Pour vous, la persévérance scolaire c’est quoi ?
J’ai pris une petite note question de bien m’enligner. Pour moi la persévérance scolaire, je vois plus la persévérance que le scolaire. De s’entêter à persévérer, ça sert toute une vie ! Il faut se concentrer sur un but et c’est à chacun de déterminer c’est quoi son objectif. Persévérer en regardant notre objectif, on ne peut pas être perdant. On y apprend toujours quelque chose. Pour moi la persévérance scolaire, c’est un plan d’apprentissage de la vie. De persévérer même quand on n’est pas confortable, d’aller chercher de l’aide si l’inconfort est trop fort c’est vraiment correct. Essayer d’atteindre l’objectif peu importe ce que c’est. Faire tout ce qu’on peut pour persévérer et apprendre des affaires qui des fois ne nous intéressent pas. On ne sait pas dans la vie et plus tard, quand est-ce que ça va nous servir. Selon mon humble expérience, ce n’est pas quand j’étais à l’étape du scolaire que je savais ce que je voulais faire dans la vie, que je savais ce que j’avais besoin et à quoi ça me servirait. La preuve, c’est que j’ai fait mes maths 436 et 536 et ma chimie et je ne voulais pas du tout m’en aller vers les sciences. J’aurais pu bifurquer vers le théâtre ! J’en ai appris des affaires ! J’ai appris à me casser le ciboulot et à ne pas lâcher le morceau. Persévérer dans le scolaire, c’est sûr que ça te sert d’apprendre des choses que tu ne juges pas nécessaire. Ça va te servir toute ta vie. Il ne faut pas oublier que c’est important de demander de l’aide et de moduler c’est quoi ton objectif. Si toi tu persévères parce que ton objectif est un secondaire 4, c’est correct ! Va le plus loin que tu es capable.
Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?
Dans quel monde as-tu envie de vivre ? C’est simple comme ça ! Crée-le ! Il reste encore bien de la place pour le construire. Tout le monde peut faire une différence dans le monde ! Rêve-le et fais tous les petits bouts de chemin que tu es capable de faire pour que ça devienne une réalité !
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
Toute expérience te fait avancer ! J’en ai fait du bénévolat. Je me suis impliquée dans plein de projets et j’ai toujours appris ! C’est très louable, ça fait une différence dans la communauté. C’est gagnant-gagnant. Quand tu t’impliques, tu prends de l’expérience, tu rencontres des gens, tu développes ton réseau, tu ne sais pas où ça pourrait te mener. Avec Synaptik, j’ai un client qui venait à l’école primaire. Tu ne sais jamais qui tu vas rencontrer ! Rencontrer des gens, sortir, tisser des liens, agir en fonction de tes valeurs vont normalement t’amener à la bonne place !
Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?
J’ai l’air de la sportive de la place ! C’est drôle, j’ai longtemps été coach au basket et de tennis quand j’étais ado et au CEGEP. Moi je dirais que toute stratégie qui te fait du bien, il faut la mettre en place chaque fois qu’on est capable. On n’a pas les mêmes besoins. On n’a pas tous les mêmes besoins de faire 30 heures d’exercice physique par semaine. Il faut seulement avoir conscience de ce que nous avons besoin. On vit dans un corps, pas juste dans une tête et on n’a pas besoin seulement de bouts de doigt au bout d’un écran. De sortir, de bouger, d’avoir conscience de ce qu’il y a autour, à la fréquence que nous en ressentons le besoin. On est dans un corps, il faut prendre soin de ce coups-là. C’est lui qui nous permet de vivre tout le reste de l’aventure. L’activité physique est une façon d’en prendre soin et de prendre soin de soi.
Qu’est-ce que vous pensez de la relation entre les jeunes et la cigarette et ou la vapoteuse ?
Ce n’est pas un contexte que je connais. Je dirais juste à quel besoin ils répondent en faisant ça ? On essaie tous de combler nos besoins. Moi je ne vais pas juger, loin de là. Je n’ai pas à critiquer le choix d’un autre jusqu’à temps que ma fille soit ado ! Sérieusement, je pense qu’on cherche tous à répondre à des besoins et nous prenons des stratégies pour le faire. Ma question serait : Parfait, tu réponds à quel besoin maintenant ? Quand tu fumes ou vapotes, est-ce que c’est parce que tu as besoin de calme, de descendre la pression ? Tu as le goût d’envoyer quelqu’un promener et c’est ta façon de lui démontrer qu’il n’a aucun pouvoir sur toi ? Est-ce que tu le fais parce que tu adores la sensation quand ça entre à l’intérieur de toi et l’effet que ça te fait ? Tu réponds à des besoins. J’espère que les jeunes ont conscience du pourquoi ils le font. Je considère qu’il faut répondre à nos besoins sans que ça nous détruise ou nous fasse du mal et sans que ça nous impacte à plus long terme. Nous sommes des humains, on cherche des solutions, on cherche des outils.
Pour terminer, quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie les effets négatifs de celle-ci ?
Les deux dernières questions, c’est à vous autres que j’avais envie de les poser ! Pour vrai, moi je suis qui ? Je réponds à mes besoins de d’autres façons. La légalisation du cannabis, ce n’était pas légal quand j’étais jeune. Est-ce mieux légal ou mieux pas ? Vous autres vous, en pensez quoi ? Ça fait quoi comme différence que ce soit légal ?
Crédit photo: Exposeimage
Entrevue avec Alain Carrier, homme d’affaires établi dans la région de Drummondville.
Entrevue avec Alain Carrier, homme d’affaires établi dans la région de Drummondville, réalisée par Cloé Girard, Makayla Nantel, Charline Pelletier et Madison Ménard des Comités 12-18 de L’Avenir, St-Félix-de-Kingsey, Lefebvre et Durham-Sud.
Décrivez-nous votre entreprise.
On a principalement des magasins récréatifs. Comme je vous l’ai dit tantôt, je vous ai fait l’historique des Harley, des 8 magasins, des 7 bannières DRT, 3 Harley Davidson et bientôt 3 BMW. On a aussi une pépinière Centre de Jardin. C’était mon métier principal. On est partis là‑dedans, comme vous le dites, en ‘78-‘79. Aujourd’hui, c’est une des plus grosses entreprises, sinon la plus grosse entreprise, d’aménagement paysager. Principalement, les activités sont à Montréal. Pourquoi ? Parce que pendant longtemps, avec la compétition d’ici, on a trop grossi et on avait trop d’équipement. Résultat : ça nous prenait une journée juste pour déplacer la machinerie, du temps qu’on aurait pu prendre pour remplir le contrat dans son entièreté. Ça devenait que ça nous prenait des gros contrats pour que ce soit rentable. Maintenant, on travaille avec Costco, Métro, Provigo, Pomerleau Construction… Des grosses compagnies. Comme là, on fait l’Oratoire Saint-Joseph, des contrats de 3 à 4 millions. On a fait Amazon, Canadian Tire. C’est ça notre business. Là-dedans, compte tenu des demandes, de l’équipement, on n’a pas trop, trop de compétition. On en a, mais pas tant.
Aussi, avec les années, on a acheté des terres agricoles pour faire de la plantation d’arbres pour pouvoir les vendre plus tard. Heureusement, un jour, le gouvernement du Québec a dézoné ces terres-là sans nous le demander, alors on a fait du développement domiciliaire. Donc, j’ai une entreprise qui fait du développement domiciliaire. On fait juste les infrastructures et on vend les terrains à des entrepreneurs pour qu’eux bâtissent principalement de la résidence unifamiliale.
Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ?
La passion. Être dévoué, attentif. Aimer son job. Moi, je dis toujours, si tu travailles quelque part et que tu es pas heureux ou heureuse… Il faut travailler dans la vie, aussi bien le faire dans un endroit où tu te lèves le matin et t’as hâte d’y aller. Moi, je dis toujours, c’est comme tous mes enfants. Il faut qu’ils soient heureux.
Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?
Pas les valeurs monétaires ? (rires) C’est la famille. Je ne dirais pas que j’ai appris ça à mes enfants, mais quand on va au magasin, je fais la navette des magasins. Aujourd’hui, j’ai fait 2 places. C’est une famille. C’est des valeurs. Transmettre ta passion. L’esprit de famille. Parler, échanger. Pas juste parler de business. « Comment ça va, toi ? » T’entends dire qu’un employé, sa femme ou vice-versa, va pas bien Tu t’informes : « Ça va mieux? » Il faut que ça se fasse naturellement, tu peux pas jouer la comédie. Les gens le voient, avec les années. Si on parle de valeurs d’entreprise, c’est ça. Les valeurs dans ma vie privée, c’est être honnête, respectueux, généreux. Ça, c’est mes valeurs personnelles.
Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?
Quand tu pars de rien, que tes parents ont pas d’argent et qu’aujourd’hui tu te réveilles avec 400 et quelques employés et chaque magasin a une valeur, tu peux être fier d’être parti de zéro. Je ne dis pas que quand je vais partir, mes enfants vont avoir ça, ils ont travaillé et participé, ils le font à tous les jours. D’être fier de dire que tu as réussi. Il ne faut jamais le tenir pour acquis, c’est un travail de tous les jours. Moi, j’ai toujours dit, la journée où tu vas dire qu’on « est les meilleurs », tu viens de tomber deuxième, parce que tu es trop au-dessus de tes affaires. Il ne faut pas être maladif, mais il faut se demander ce qu’on ferait de mieux. L’argent, c’est plus nécessaire maintenant. Qu’est-ce qu’on ferait de mieux ? Meilleur service à la clientèle, bien servir tes clients. On est les leaders canadiens dans le sport récréatif. Essayer de conserver ça. Il y a sûrement 20 ou 30 compagnies de ce genre en Amérique du Nord. On est parmi les 3 meilleures, parce qu’on est allés à Prague l’année passée sur l’invitation de Harley. Ils ne disent pas publiquement c’est qui, mais « on nous invite à Prague, toutes dépenses payées. » C’est le fun d’apprendre de BRT qu’on était les plus gros en termes de volume. Pas nécessairement la grosseur de la bâtisse, mais en termes de volume d’affaires. C’est le fun d’entendre ça.
Comment se passe une journée de travail pour vous ?
Une journée de travail, ça commence autour de 3 ou 4 h le matin, tous les matins. Comme je suis dévoué et que je pose beaucoup de questions, comme je disais tantôt, je reçois beaucoup de courriels et de textos. Alors, ma journée de travail, ça dure disons entre 4 et 6 h 30, ça dépend des journées. Je reçois environ 150 messages par jour que je me fais un devoir de répondre en moins de 24 h, à part ceux que je réponds temps en temps, en quelques minutes. C’est ça principalement. Après ça, c’est déjeuner. Après ça, je fais un peu ce que je veux maintenant. Je fais plus de livraison ou de vente sur le plancher, quoique j’aime ça quand un client arrive ici. « Bonjour, vous avez besoin de quoi ? Je vais vous aider. » Mais quand arrive le temps des prix et du financement, je sais plus. Je suis rendu à une autre étape de ma vie. Ça, j’aime ça. Mes journées, c’est ça. C’est de me promener et d’aller voir au Centre de Jardin, aller voir les employés, aller voir les jobs qu’ils font. Mais je le fais quand ça me tente. Si on recule il y a 15 ans, j’étais un bourreau de travail, je faisais toujours ça, partir à 3 ou 4 h le matin et rentrer à 10 h le soir. Pas déjeuné, pas dîné, pas soupé. J’ai fait ça pendant 25 ans. Je ne suis pas mort, j’ai 66 ans. J’ai passé un bilan de santé, je suis en parfaite condition. Le travail ne tue pas.
Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?
Je pense que c’est la relation avec mes employés. Parler avec eux, comme je le disais tantôt, pas juste du travail. Être au courant. Mon plaisir, c’est d’essayer de tous les nommer. Je sais les reconnaître comme je fais la tournée au minimum aux 2 semaines, ne serait-ce qu’une heure. Je le sais quand l’un a eu une nouvelle, surtout ces temps ci. Manque de main-d’œuvre, il y a beaucoup d’offres qui sont faites ailleurs. C’est drôle, parce que nous, on traite bien nos employés. On a eu des départs comme les autres, mais je dirais que 40-50 % des départs sont revenus. C’est le fun de se dire qu’ils sont bien chez nous, ils reviennent.
Pour tout l’attachement que j’ai dit tantôt. Il existe sans doute d’autres entreprises qui portent attention comme on le fait. S’assurer d’être bien, d’être considéré. Il y a tout le temps à gauche et à droite des petits concours organisés par BMW ou Harley Davidson du genre Meilleur vendeur de ceci ou cela. On est très actif là-dessus, agacer les gens, apporter des ballons. Ça se résume à l’esprit d’équipe. De un, faut que t’aimes le sport récréatif, faut que t’aies la passion de ça. De deux, c’est le fun de travailler dans un endroit où c’est plaisant de de te lever le matin pour t’y rendre et y travailler, comme je le disais tantôt. C’est la raison de travailler pour mon entreprise.
Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?
C’est d’avoir un but. S’instruire. Aies des connaissances en administration et en comptabilité. Ça n’empêche pas de faire autre chose, mais d’avoir un petit penchant vers ça et un jour, peu importe ce que je vais faire, ça va me servir, que je sois ingénieur, comptable, infirmière, médecin, etc. Tu as besoin de connaître les chiffres. J’ai un diplôme en génie électrique, en administration marketing et l’autre en Institut de technologie agroalimentaire du Québec (à Saint-Hyacinthe). Je le disais à mes enfants : faites ce que vous voulez, vous n’êtes pas obligés de venir travailler dans l’entreprise, mais apprenez les chiffres. C’est important, même dans ton quotidien. Savoir faire un budget. C’est le conseil que je pourrais donner : aller à l’école.
Moi, j’ai un secondaire 5 et une session au Cégep. C’est tombé en grève, j’ai arrêté. Je suis allé travailler sur la construction au début, j’étais assistant-briqueteur. C’est là que j’ai eu la passion de poser des briques sur une maison. Je me suis dit que si j’étais capable de poser de la brique sur une maison, j’étais capable d’en poser dans un stationnement. C’était nouveau. J’étais capable de vendre du pavé imbriqué. Je suis parti à mon compte en paysagement, j’étais le seul qui faisait ça. Mais ça n’a pas été long, la compétition a suivi. Si j’ai un reproche à me faire aujourd’hui, c’est de me dire que j’aurais aimé ça apprendre la géographie, la culture. Je me tiens au courant, j’aime ça, mais on dirait que ça me manque. Comme vous le voyez, je suis très à l’aise de jaser, mais parfois je suis bloqué quand on parle d’un pays. J’en ai visité beaucoup, mais j’aurais aimé être plus connaissant. Mais bon, on ne peut pas être connaissant dans tout. Il fallait faire un choix.
Jusqu’où rêvez vous d’amener votre entreprise ?
Comme je l’ai dit tantôt, je pense qu’elle a atteint son plafond. Ce qui resterait à faire, ce serait d’acheter d’autres magasins. Le but de ma famille, ça a toujours été d’acheter un magasin, le rendre à son maximum, ramasser les sous et après ça, acheter un deuxième magasin. Là, t’en as 2. Tu attends que les 2 soient opérationnels, tu ramasses tes sous, tu en achètes un troisième, quatrième, cinquième, etc. Disons qu’on a pris une pause autour de 2018, je crois, et puis la pandémie nous a tous bloqués. Mais on est toujours à l’affût d’une occasion. On ne refuse rien. On n’a pas le goût d’arrêter. Pas moi, en tout cas. J’ai le goût encore d’aller plus loin, mais c’est plus l’argent qui me motive. C’est de faire des choses. Il y a des concessionnaires qu’on a (BRT, entre autres), mais peut-être qu’un jour, dans l’automobile, peut-être… Mais pas pour maintenant.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?
Je suis dans les affaires, alors les hommes et les femmes d’affaires, ça m’inspire. J’aime lire sur la vie de Kennedy et celle des gens riches et célèbres. Pas les célébrités comme les musiciens, parce que souvent, c’est superflu. Pas tous, il y a des exceptions. Notre Céline, je pense qu’elle est correcte. Je suis passionné de savoir comment ils ont réussi, eux. Steve Jobs, tous ceux que vous connaissez. Ça, j’aime ça. J’ai une passion de ça, d’apprendre comment ils ont fait pour réussir. Warren Buffet. Tu les vois, ils ont 80 ans. Laurent Beaudoin, anciennement de Bombardier, a 84 ou 85 ans et il n’y a pas une année
qu’il ne vient pas au magasin pour me voir et me jaser d’affaires. Il est passionné encore, il fait de la motoneige, de la motomarine. Lui, il est l’est, passionné.
Une autre affaire qui m’inspire beaucoup, vous le savez si vous êtes de la région, c’est que je suis une personne généreuse. Vous avez vu les dons qu’on a fait à l’Hôpital Sainte-Croix. Ça, honnêtement, c’est la Fondation qui m’a demandé de le dire en pensant que les gens qui ont des sous pourraient en inspirer d’autres, peu importe le montant donné. Le message, c’était de donner. L’hôpital, c’est important, on va tous y passer. La première fois que j’ai fait un don, c’était pour les soins palliatifs. C’était important de donner parce que, riche ou pauvre, entouré ou pas, au moins ton dernier traitement se passe bien, dans une belle chambre avec du vivant. Moi, ma mère et mon père sont allés là et tu as un petit lit, c’est large comme la table et tu as une chaise qui est prise entre le lit et le mur. Tu as un genre de cafétéria là-bas, ce n’est pas trop inspirant. Je me disais qu’il n’y aurait personne qui allait le faire. Le gouvernement, ce n’est pas trop sa priorité. Pour moi, c’était important. Ce serait le fun que la famille de ceux qui n’ont pas eu beaucoup dans la vie aillent là et se disent : « Wow. Mes parents ont fini leur vie dans un bel endroit. On pouvait se rassembler de l’autre côté pendant ses derniers mots. Se parler, prendre le temps. On a des belles chaises. » Ce n’est pas nécessairement la valeur des objets, mais d’avoir quelque chose de propre et de bien. D’avoir un autre lit à côté. Tu veux te coucher à côté de ta mère, parce que tu le sais qu’elle ne passera pas la nuit. Tu as une autre place juste à côté d’elle.
On a fait un don aussi pour les gens qui ont une maladie grave, comme un AVC ou un accident où la personne a perdu un membre. La réhabilitation. Ça aussi, je trouvais que c’était inspirant. Donner un coup de main, parce qu’encore une fois, le gouvernement, il met des sous, mais ce n’est jamais suffisant pour dire : « On va le faire. » C’était comme donner un lancement. Avec Desjardins, on s’est parlé et eux ont donné la même chose que moi, même s’ils sont beaucoup plus riches que moi. (rires) Ça m’inspire, les gens qui sont généreux. Les gens qui aident à la Fondation de la tablée populaire, au Comptoir Alimentaire Drummond. Être aux devants des gens. C’est ridicule, mais parfois tu vois quelqu’un traverser la rue avec des paquets dans une main et c’est un vieillard de 70 ans. Je pense que vous savez ce que je veux dire. Être attentif et dévoué.
Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?
C’est d’avoir un but. Étudier pour étudier, ça doit être plate. En même temps, je ne me suis pas rendu à l’université, il faudrait que je pose la question à mes enfants, quoiqu’eux, ils savaient ce qu’ils voulaient faire et pourquoi ils allaient dans telle ou telle branche. Mais je pense qu’il faut persévérer, il faut se trouver un but à un moment donné, même si vous êtes peut-être encore trop jeunes. C’est quoi mon but ? OK, je m’en vais là et je fonce. Je dis toujours : « Tant qu’à faire de quoi, je vais le faire correctement. » Si je pellette mon banc de neige et mon voisin est sorti en même temps que moi, je vais avoir fini avant lui. Si je vais à l’école, je me dis que tant qu’à aller à l’école, j’aime autant être premier de classe. Si je suis en affaire, j’aime autant être le meilleur. Ce n’est pas maladif, c’est un but. Tant qu’à faire de quoi, faisons le bien. Si on prend 20 ou 25 ans de notre vie à étudier et à être sur un banc d’école, il vaut mieux le faire comme il faut. Ce n’est pas grave si t’arrives 10e sur 100. Mais tant qu’à faire, faisons le bien. Être persévérant dans ce qu’on fait. Ça va vous servir dans votre vie, votre quotidien. La persévérance, on l’apprend à l’école.
Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?
Ces temps ci, le trafic. (rires) Je dirais, connaître ton prochain. Si tu vas à Boucherville, qui est près de Montréal, ton deuxième voisin, tu ne lui as jamais parlé, il ne t’a jamais parlé, t’as l’impression qu’il veut pas te parler. À Drummondville, c’est plus friendly. L’avantage, c’est d’être proche de tout le monde, se faire plus d’amis, de vrais amis. Travailler et connaître ton prochain. En étant en région, tu as l’avantage d’avoir plus de forêt et moins de pollution.
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
C’est bien. Comme je l’ai dit à mes enfants, tout ce que j’ai fait dans ma vie pour aider mon prochain, je l’ai fait avant d’avoir des sous. Je pense que c’est important, tu le fais pour les autres et pour toi-même. C’est le fun arriver le soir et se dire : « Je suis allé manger à la Fondation de la tablée populaire et tu as vu comment le monde était content ? » Je vais là souvent, il n’y a pas un Noël depuis 4-5 ans que j’ai pas donné à tout le monde un billet pour aller au cinéma avec une liqueur et un popcorn. Ça peut paraître ridicule, mais savez-vous qu’il y en a qui ne sont jamais allé au cinéma, encore moins avec un popcorn et une liqueur ? C’est fou, mais chaque année, c’est entre 300 et 400 personnes. Ça existe vraiment. C’est la femme battue qui s’est ramassée sans foyer.
Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?
C’est important. (rires) Ce qui me tient toujours vivant et plein d’énergie, c’est ça. Je pense que « santé physique » est égale à « santé mentale ». Je vais au gym au moins 3 à 4 fois par semaine et je vais pas en vacances dans un hôtel s’il y a pas de gym. Ce n’est pas maladif pour moi, mais quasiment. Je fais du tapis roulant, de l’elliptique, de la musculature. Tu fais le vide. On a tous des tracas et t’arrives chez toi à la fin de la journée, t’as de la misère à dormir. L’activité physique fait en sorte que t’as de l’énergie et je trouve que c’est très important.
Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?
Je n’ai jamais fumé. Mon fils Jonathan fume, les deux autres ne fument pas. Ma femme ne fume pas. Quand je vois Jonathan, je lui dis : « Tu sais lire, tu es instruit, t’es intelligent. C’est marqué là. Ce produit donne le cancer. Pas pourrait donner, il donne le cancer. C’est comme si je te mettais une bouteille d’eau et te disais qu’il y a de l’acide à batterie dedans. Si tu bois ça, tu vas mourir. Je ne sais pas quand, mais tu vas mourir. » « Tu ne comprends pas. » Non, je ne comprends pas. Heureusement, depuis dix ans, ça a beaucoup diminué.
Petite parenthèse, j’ai été maire de Drummondville pas longtemps et par accident. Mes amis me disaient : « Monsieur Cusson quitte, il reste un an et demi, tu devrais y aller et finir le mandat. » « Ben non, je n’ai pas le temps. » J’ai trop du bon temps. Comme je le disais tantôt, si je décide un jour de ne pas aller dans les entreprises, je n’y vais pas. Si je décide de partir 3 jours, j’y vais. Mes amis ont insisté deux, trois fois. La quatrième fois, j’ai dit : « Je vais y aller. » « Tu n’es pas game d’y aller. » Finalement, je suis allé. Pendant le temps que j’étais là, c’était la COVID. Je me rappelle qu’à un moment donné, le chef de police, il voulait me voir et me dit : « Monsieur Carrier, il faut sévir. » « Sévir de quoi ? » « Dans les écoles, on va là, les jeunes nous voient arriver, ils serrent la vapoteuse ou les cigarettes. Je pense qu’on en est à donner des infractions. » Moi je dis : « Ben voyons donc, continuons de leur dire. » Les infractions étaient proches de 200 $. J’imaginais le jeune arriver chez lui et se faire apostropher par ses parents, parce qu’une contravention, on sait très bien que la plupart du temps, ce sont les parents qui vont la payer. C’est déjà plein de problèmes, plein de problèmes de santé, on a déjà les grands-parents qui sont malades s’ils ne sont pas morts. « Ben voyons donc. » Une fois, je m’étais choqué parce qu’ils avaient donné des contraventions, parce que les scooters étaient stationnés sur le bord de la rue. J’étais en maudit. Alors j’ai dit au directeur général : « Va chercher toutes les contraventions, amène-moi ça sur mon bureau, je vais tout payer ça. » « Tu ne fais pas ça. » « Comment ça ? » « Si ça sort dans les journaux, tu es mort. » « Ben voyons donc. » C’est comme si je faisais une offense aux policiers. Je n’étais pas un politicien, j’étais un vrai.
Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?
Je n’ai jamais compris, pour vrai. Je n’ai pas compris monsieur Trudeau dans cette histoire-là, parce que je me disais : « OK, faisons la législation pour les gens malades. » J’y croyais, parce qu’il y a un de mes employés qui souffrait en fin de vie et qui disait : « Tu ne peux pas savoir, quand je fume un joint, comment je suis libéré de ma souffrance. » Il aurait fallu qu’il demande l’aide médicale à mourir. Ça, pour moi, ça avait un sens. Mais de dire que tu ne peux pas fumer ou aller à la SQDC avant 18 ans ou 21 ans, je savais que ça se retrouverait dans les cours d’école. Ce que le cannabis fait, parce que je l’ai déjà essayé un soir, en me disant que « c’est légal, on va essayer ça. » Premièrement, je ne fume pas. Comme on dit en jargon : une puff et j’étais en train de mourir. Alors je n’ai pas eu d’effets, sauf que ceux qui étaient là, ils ont eu des effets. Ça a un effet relaxant. Mais il y en a beaucoup qui font ça sur leur job, on peut tous les remarquer. Ils n’ont pas d’attention, il manque quelque chose. C’est comme si tu vas dîner sur l’heure du midi, tu prends deux bières. Va en discothèque, prends deux bières dans la soirée, danse, il n’y a pas de trouble. Mais prends deux bières, va t’asseoir sur un banc et essaie de continuer ta commande de vêtements. C’est un peu ça, le cannabis. Pour répondre à votre question, j’aurais été contre ça, mais j’aurais été pour ça pour traiter ou guérir. Donner un petit coup de main à ceux qui souffraient.