Entrevue avec Andrée-Anne Barbeau, journaliste sportive (RDS)

Entrevue avec François Legault, Premier ministre du Québec, réalisée par Noémie Boutin, Juliette Léveillée, Marie-Pierre Beaudet, Ève Rioux et Éléonore Guévin-Roy des Comités 12-18 de Ste-Sophie d’Halifax, L’Avenir et Tingwick.

Quelle personne vous inspire dans la vie ?

Dans ma jeunesse, il y avait un politicien inspirant, aimé de tout le monde et proche du monde. C’était René Lévesque. En politique, c’est lui qui m’inspire. Dans le monde des affaires, je dirais Bernard Lemaire, il est décédé dernièrement. C’était vraiment un entrepreneur. Les frères Lemaire ont lancé une entreprise (Cascades) et ça m’a donné le goût de faire comme eux. J’ai lancé une compagnie aérienne qui s’appelle Air Transat.

Pourquoi vouliez-vous devenir Premier ministre ?

Il y a toujours eu deux sujets qui sont importants pour moi et à la base de mon implication politique. En tant qu’homme d’affaires, l’économie, c’est essentiel. Quand on compare la richesse du Québec avec celles du Canada et des États-Unis, on est moins riches qu’eux pour toutes sortes de raisons. Les francophones, pendant longtemps, n’aimaient pas les affaires. On était encore en rattrapage et maintenant ce qu’on essaie de faire entre autres, c’est de développer de nouveaux créneaux. Comme dans votre coin à Bécancour, avec la filière batterie. On voudrait attirer davantage d’investissements en offrant de l’électricité, de l’énergie verte.

Le deuxième point que je trouve important, c’est l’identité québécoise qui passe par la protection de la langue française. Je suis fier d’être Québécois. J’ai toujours été nationaliste, j’ai même été souverainiste. On oublie des fois (c’est peut-être encore plus vrai pour vous autres) que le français sera toujours fragile en Amérique du Nord. On est quelques millions entourés de centaines de millions d’anglophones. Moi, je viens de l’Ouest-de l’Île, donc j’étais vraiment entouré d’anglophones à Montréal. Il y a un déclin du français et pour arrêter ce déclin, il faut qu’on commence à augmenter le nombre de francophones. Ce n’est pas facile avec vous autres, les jeunes, parce qu’il y a Internet où presque tout est en anglais (Netflix, Spotify, etc.). C’est vraiment un gros défi. Être aussi riche que nos voisins, ce n’est pas une fin en soi. Mais ça donnerait les moyens de se payer de bons programmes sociaux et d’inverser le déclin du français pour qu’on soit encore plus fiers d’être Québécois.

Comment aimeriez-vous que les gens se souviennent de vous comme Premier ministre ?

Ça c’est facile. J’aimerais qu’ils disent : « François Legault, il a réussi à créer de la richesse et à réduire notre écart de richesse avec nos voisins. Il a aussi réussi à arrêter le déclin du français et maintenant, on est encore plus fiers d’être Québécois ». Mes deux plus grandes raisons d’être en politique sont les mêmes pour lesquelles j’aimerais qu’on se souvienne de moi.

Avec le recul d’aujourd’hui sur la situation de la COVID, qu’est-ce que vous auriez voulu changer ? Les mesures mises en place par le gouvernement ?

D’abord, je dois dire que de façon générale, je suis fier de ce qu’on a fait. On a été sévères, beaucoup plus qu’ailleurs en Amérique du Nord. Je vous donne juste quelques chiffres. Au Québec, pendant toute la pandémie, il y a eu 11 000 morts. Mais si on avait eu le même taux de surmortalité que dans le reste du Canada, on aurait eu 21 000 morts. Si on avait eu le même taux qu’aux États‑Unis, on aurait eu 31 000 morts. Ça veut dire qu’on a sauvé entre 10 000 et 20 000 vies. Il reste que ça a été très dur dans ce qu’on appelle les CHSLD (les résidences pour personnes âgées). On avait l’idée, avant la pandémie d’augmenter les salaires des préposés et finalement on l’a fait au début de la première vague. Si c’était à refaire, je l’aurais fait avant ça.

Quelle est la chose la plus difficile à faire quand on est Premier ministre ?

Répondre aux questions des journalistes comme vous autres. (rires) Je ne sais pas ce que vous allez faire avec ça dans les journaux, mais des fois, on prend un petit bout et on me fait dire des choses que je n’ai pas dites. En ce moment, je vous parle et si vous n’êtes pas d’accord, on peut s’obstiner et échanger. Quand c’est en première page du journal, c’est trop tard. Je me dis que ce n’était peut-être pas une bonne idée d’avoir dit ça. C’est ça qui est le plus dur.

Quelle situation pendant la pandémie fut la plus difficile pour vous ?

Je dirais que c’est par rapport à vous autres, les jeunes. J’ai des neveux et j’ai deux gars, je sais que ça a été difficile pour vous. Ne pas pouvoir aller dans les gyms alors qu’il y a bien du monde qui aime ça. Ne pas pouvoir voir vos amis. Ne pas pouvoir faire de party le vendredi soir. On disait : « Mettez des masques pour aller à l’école et quand l’école est finie, allez-vous-en chez vous ». Je me souviens quand j’avais treize ans, c’était important de voir mes amis. Je me mettais à votre place et comme le disaient les experts, vous n’étiez pas le plus à risque. Mais vous pouviez transmettre le virus à vos parents et encore plus à vos grands-parents. Eux, ils peuvent mourir. Dans le fond, je vous ai demandé de faire des sacrifices pour sauver des vies, mais ça me déchirait le cœur de le savoir.

Comment le conflit israélo-palestinien affecte votre travail depuis les récents événements ?

Qu’est-ce que vous en pensez, vous ? (rires) Je pense que ça s’ajoute à toute la morosité qu’on a. Avec l’inflation, le coût de la vie a beaucoup augmenté, donc l’épicerie coûte plus cher, le loyer coûte plus cher, etc. Maintenant, en plus de tout ça, ils ouvrent la télévision et voient des enfants qui se font tuer. On a beau se dire que c’est loin, ce sont des vrais enfants qui sont tués. C’est dur pour le moral. Évidemment, on souhaite tous que ça se termine. C’est un conflit qui existe depuis longtemps et qui ne sera jamais facile à régler. Ça ajoute à la lourdeur.

Quel impact apporte la grève dans votre travail ?

Oh, boy ! J’ai été trois ans Ministre de l’Éducation, j’ai passé beaucoup de temps dans des écoles. Je sais que la grève, ce n’est pas bon pour les jeunes. Quand tu manques une semaine, puis deux, puis trois, c’est difficile après de rattraper ton retard. Ça, je trouve ça dur. Évidemment, on essaie avec l’argent qu’on a de s’entendre avec les enseignants sur leurs salaires et leurs conditions de travail. Je voudrais que ça aille plus vite. Ça a un impact sur la scolarité des enfants et moi, c’est ce qui m’achale le plus.

Trouvez-vous que la question de la pluralité des genres est pertinente et quelle est votre opinion sur le sujet ?

C’est un nouvel enjeu partout dans le monde. Avec Suzanne Roy, la Ministre de la Famille, on a nommé un comité des « sages ». Ce sont des gens qui connaissent la sociologie et qui vont regarder ce qui se fait ailleurs. C’est un nouvel enjeu de se dire qu’il y a des personnes qui ne sont ni des hommes ni des femmes et qui se demandent : « C’est quoi ma place ? Est-ce que je peux avoir un X sur mon certificat de naissance ? Est-ce que je devrais avoir accès à des lieux, des toilettes et des services de façon différente ? » Il y a plein de questions qui se posent. Il faut y réfléchir. Ce n’est pas évident. Il y a des parents qui trouvent ça dur. Par exemple, vous avez treize ans, vous voulez changer de sexe, vos parents ne veulent pas, qu’est-ce qu’on fait ? Ce sont des questions fondamentales qu’on ne se posait pas quand moi j’avais treize ans, mais on doit se les poser actuellement. Il y a des experts qui vont se pencher là-dessus. Comme c’est un enjeu qui se passe partout dans le monde, ils vont regarder ce qui se fait ailleurs. Ils vont nous revenir avec des recommandations.

Avec les derniers résultats des sondages électoraux, comment envisagez-vous l’avenir du parti ?

Les sondages, ça monte et ça descend. Six mois, en politique, c’est une éternité. Il reste trois ans avant la prochaine élection, ça veut dire qu’il reste six éternités. Ça va continuer de monter et de baisser, mais j’essaie de ne pas trop regarder les sondages, même quand ils sont en ma faveur. Ce qui est important, c’est de faire les changements qu’on veut faire et obtenir des résultats. Nous, on a cinq priorités : l’éducation, la santé, l’économie, l’environnement et l’identité québécoise. J’essaie de regarder comment ça avance dans ces dossiers plus que comment ça avance dans les sondages.

Comment conseilleriez-vous quelqu’un qui veut se lancer en politique ? Quelles études doit-il/elle faire ?

Je pense que c’est important, avant de se lancer en politique, d’avoir une expérience de vie, d’avoir eu au moins un autre job avant. En politique, tu représentes tes concitoyens. Il faut que tu connaisses les enjeux sociaux et ça ne s’apprend pas juste à l’école, mais aussi par les expériences professionnelles.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

Pour tout le monde, moi le premier, il y a des moments quand on est à l’école que ça ne va pas bien. Tu as des mauvais résultats, tu te fais écœurer (dans la vraie vie ou sur les médias sociaux), tu te retrouves avec d’autres problèmes et tu as le goût de tout sacrer ça là. Il faut résister. Aujourd’hui, on est dans une société du savoir. Si on veut avoir un job stimulant intellectuellement, il faut avoir fait un minimum d’études. C’est long, travailler. Ça se peut que vous travailliez jusqu’à 70 ans si vous êtes en forme. Ça vaut la peine d’étudier, d’aller jusqu’au bout et de passer à travers les moments les plus durs. En somme, de persévérer.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

On travaille fort dans votre région. Je me souviens qu’il y a vingt ans, c’était dur au Centre-du-Québec et en Mauricie. Quand je comparais le revenu moyen, c’était plus bas que la moyenne du Québec pour toutes sortes de raisons. Il y a eu longtemps des industries dans le secteur du papier à Trois-Rivières et en Mauricie et, avec le temps, elles ont disparu. Même chose pour les compagnies à Shawinigan. Il fallait arriver avec quelque chose de nouveau dans la région. Ce qu’on a fait, entre autres avec la filière batterie, c’est d’amener des jobs : fabriquer des batteries pour des véhicules électriques. Ça va être long de passer des véhicules à essence aux véhicules électriques. Ce n’est pas rien de recevoir à Bécancour des grosses compagnies comme General Motors (GM) et Ford. On avait un parc industriel. Je me souviens l’avoir visité il y a vingt ans. On disait : « C’est le plus grand parc industriel au Canada à Bécancour ». C’est sur le bord de l’eau en plus, c’est bien situé pour le transport des marchandises par bateau. Le parc était vide à l’époque. Maintenant, il est plein. Même que l’inquiétude des entreprises, c’est : va-t-on trouver assez d’employés ? Ce sont de beaux problèmes. Il va falloir qu’on mette en place des formations. Mais je pense que c’est une bonne nouvelle pour le Centre-du-Québec et la Mauricie.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est super! J’adore ça. La solidarité, ce n’est pas juste Québec Solidaire. La solidarité, c’est à la base d’une société. Il faut s’aider les uns les autres. Dans la vie, il y en a qui ont plus de talent que d’autres, il y en a qui sont plus choyés que d’autres. Quand tu es plus choyé, il faut que tu t’occupes de ceux qui le sont moins. Il faut que tu penses à eux, pas juste à toi. Ça commence tôt. Ça commence dans les organismes et les municipalités. Éventuellement, grâce au bénévolat, il y en a qui vont faire de la politique.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

J’aime ça, je suis un passionné de sport. J’ai deux gars aujourd’hui qui ont 30 et 31 ans. Dès qu’ils ont été capables de marcher, ils n’avaient pas le choix, ils jouaient au tennis parce que je suis un maniaque de tennis. Je leur ai en plus appris le ski. Il y en a un qui me critique parce que j’aurais dû lui apprendre le hockey. Mais c’est une autre affaire. Le principe de dire que le sport aide à la réussite scolaire, moi j’y crois. En plus, ça déstresse. Pour moi, c’est bien important.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Je n’aime pas ça. C’est pour ça qu’on a enlevé les saveurs dans le vapotage. Il y en a qui n’ont pas aimé ça. Il faut tout faire pour éviter de tomber là-dedans. Ce n’est pas bon pour la santé.


Entrevue avec Christian G. Pageau, fondateur de l’entreprise Lavxel

Entrevue avec Christian G. Pageau, fondateur de l’entreprise Lavxel, réalisée par Laurence Picard, Maëlie Turcotte et Malyck Jacques du Comité 12-18 de St-Rémi-de-Tingwick.

Décrivez-nous votre entreprise.

Je vais commencer par vous raconter une anecdote. J’ai vécu à St-Rémi-de-Tingwick, dans la maison rouge en avant du presbytère, à peu près de dix à quinze ans. Après ça, j’ai déménagé dans un appartement à Victoriaville. Je connais un peu le coin, mais ça a changé pas mal. En avant de la maison de mes parents, il y avait deux gros sapins. Aujourd’hui, il n’y a plus de sapins. Ça, c’était une école, c’est rendu un musée. C’est passé par plein d’affaires. Ici, c’était une caserne de pompiers. À côté, c’est rendu la salle communautaire, mais avant c’était un garage autos. Il y a eu un dépanneur en bas de la côte. Il y avait un restaurant aussi. Bref, il y a eu plein de choses ici. Il y a une autre chose aussi que vous ne savez peut-être pas. J’ai déjà habité pendant un an chez Philippe. Quand tu démarres dans la vie, tu as parfois des difficultés et moi, je n’avais pas nécessairement la chance d’avoir des parents qui étaient là pour moi. Donc, il m’a accueilli avec sa famille. Sa mère me faisait à manger. Elle faisait mon lavage aussi (rires). J’avais peut-être quinze, seize ou dix-sept ans. Je voulais vous raconter ça parce que je suis un humain comme les autres.

Pour répondre à votre question, mon entreprise existe depuis douze ans. On est distributeur d’équipements de buanderie (laveuses et sécheuses) commerciale industrielle. Il y a bien des choses qui sont plus « sexy » que ça, mais ce qu’il faut comprendre, c’est que mon entreprise, c’est juste un véhicule. Peu importe ce que tu vends, ça te permet de créer une entreprise. Moi, j’ai eu la chance de travailler dans une buanderie. Je n’avais aucune scolarité. Je lavais du linge. À un moment donné, je me suis dit qu’il allait bien falloir que je fasse quelque chose de ma vie. J’ai décidé de retourner à l’école. J’ai fait mon école de soir. Je travaillais de 7 h le matin jusqu’à 3 h l’après-midi. Puis, de 3 h 30 l’après-midi jusqu’à 10 h 30 le soir, je faisais mon DEP en électromécanique. Tout ça pour vous dire que peu importe le chemin, vous allez arriver à quelque chose. Si on en vient à mon entreprise, c’est pour ça que je m’en suis allé en buanderie. J’avais une certaine connaissance dans le domaine. On a un entrepôt à Drummondville et un bureau à Laval. En grande primeur, je vous apprends qu’on va aussi avoir un bureau à Trois-Rivières, mais en ce moment, il n’y a personne qui le sait. Moi-même, je l’ai su aujourd’hui et là je vous le dis, mais ne le dites pas à personne (rires). On devrait l’annoncer à notre équipe d’ici un mois et demi. Lavxel dessert le marché de Québec et avec notre bureau à Laval et des partenaires, on vend partout au Canada, notamment en Ontario et dans les Maritimes.

Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ?

C’est assez diversifié. On peut avoir des électromécaniciens, des mécaniciens industriels, des commis d’entrepôts, des gens à la comptabilité, des vendeurs et des gens de soutien technique. On peut aussi avoir des gens qui vont s’occuper des pièces et services, donc des commis aux pièces. Dans la nouvelle branche qu’on va ouvrir bientôt, consacrée à la technologie, on va avoir des programmeurs Web, des analystes et des gens au « marketing ». Notre objectif sera de vendre des applications et de la connectivité, autrement dit des appareils qu’on va mettre dans nos laveuses. Donc par exemple, si vous allez dans un camping, au lieu de mettre de l’argent dans une machine, vous allez pouvoir payer avec votre cellulaire grâce à un code QR. Je voulais rendre ça le « fun » et innovateur.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

L’engagement, la collaboration et l’authenticité. Pourquoi ? Parce que ça définit tous les employés qui viennent travailler chez nous. S’ils ne cadrent pas dans nos valeurs, malheureusement ils quittent. Nous, on veut des gens engagés qui vont travailler vers la réussite de l’entreprise. On veut des gens authentiques. C’est correct de faire des erreurs, mais on veut le savoir, trouver une solution et avancer. Puis, l’authenticité est importante parce qu’on travaille tous ensemble. On ne travaille pas juste de notre côté pour faire notre « job », non, on travaille en équipe. On demande la même chose de nos fournisseurs et de nos clients. Quand on a une décision importante à prendre, on se pose trois questions. Est-ce que ça engage le client ? Est-ce qu’on collabore avec le client ? Est-ce qu’on est authentiques dans nos décisions ? Ce sont nos valeurs. La mission de l’entreprise, c’est de conquérir le monde une buanderie à la fois. Ce que ça dit, c’est qu’on ne se donne pas de limites, mais on prend le temps de faire les choses tout en conquérant les gens. Parce que conquérir le monde, c’est conquérir les gens.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

De respecter les valeurs qu’on vient juste de dire : l’engagement, la collaboration et l’authenticité. Ça fait douze ans que je suis en affaires et « by the way », quand j’ai démarré mon entreprise, je n’avais aucune idée de ce que je faisais. Je ne suis pas un entrepreneur, ma famille non plus. Je me suis juste dit : « Si je vais faire quelque chose, je vais le faire moi-même, on verra ce que ça donne ». C’est ce que j’ai fait. Mais au fil du temps, j’ai appris de mes erreurs et je suis allé suivre des formations à l’école. On va en parler peut-être plus tard, mais je pense que l’école, ça te montre comment apprendre des choses et après tu t’en sers dans le monde du travail. Pour en revenir aux qualités de nos employés, on veut des gens qui respectent nos valeurs et qui sont des humains avant tout. Ils vont avoir à cœur le développement de l’entreprise, mais qui vont aussi vouloir se réaliser et être ouverts. L’ouverture, ça va vous amener n’importe où dans le monde. Si vous restez toujours fermés à n’importe quoi, vous allez toujours être fermés. Si vous êtes ouverts, ça va vous ouvrir des opportunités. Nous, on demande à nos gens d’être ouverts à tous les problèmes et de trouver des solutions en discutant et en étant collaboratifs. De discuter et d’être collaboratifs.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?

Je suis fier d’avoir des employés, c’est quand même « cool » (rires). Bâtir une entreprise, c’est bien, mais quand tu réussis à avoir des employés, c’est le « fun ». C’est une belle réalisation je trouve. Ensuite, d’avoir ouvert un bureau à Montréal. Et maintenant, on distribue tous nos équipements partout au Canada. Ça aussi c’est le « fun ». Enfin, comme je l’ai dit, on va développer des applications technologiques pour faire en sorte que nos équipements de buanderie soient connectés les uns aux autres. Si vous avez un téléphone cellulaire ou un ordinateur portable, vous pouvez géolocaliser vos appareils. Eh bien, on va pouvoir faire ça avec nos équipements de buanderie. On va aussi avoir des bornes de paiement avec des cartes à réutiliser comme on utilise dans les jeux d’arcade, celles que tu recharges. On veut innover dans le domaine et j’en suis assez fier. Et je suis papa d’un petit garçon, je suis fier de ça aussi (rires).

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

J’ai ouvert un bureau à Laval et j’ai grandi en région. Ce que j’ai remarqué, c’est qu’en région, on sent plus de proximité. On se sent plus proche des gens. À Laval, c’est grand, mais on a l’impression que tout est loin. J’ai un bureau à Drummondville et éventuellement un autre à Trois-Rivières (j’y ai vécu pendant huit ans). J’ai l’impression qu’en région, les ressources sont plus accessibles. Il y a plus de programmes et de services pour les entreprises. Il y a moins de monde et c’est plus facile, c’est ça la différence. Si par exemple, il y a un concours d’entreprenariat, il y a peut-être 1500 candidatures. Mais s’il y a la même chose à disons Victoriaville, il y en a peut-être 80. Tu as pas mal plus de chances de gagner.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

Ça a changé beaucoup. Quand j’ai démarré mon entreprise, je faisais de la réparation d’équipements de buanderie. Je partais avec mon camion pour réparer les machines et les installer. Entre-temps, je recevais un appel d’un client qui avait besoin d’une laveuse. Je lui faisais une soumission. Je faisais tout. Au départ, j’étais un touche-à-tout. Maintenant, mon rôle a beaucoup changé. J’ai une équipe. Mon rôle, c’est de développer l’entreprise et de m’assurer que tout fonctionne bien. Mais ma priorité, c’est que les gens soient heureux. Et moi aussi, il faut que je sois heureux. Être entrepreneur, des fois ce n’est pas facile. Mais il y a des moyens d’être heureux là-dedans quand même. Il faut juste s’écouter.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez ?

Innover, développer et trouver de nouvelles idées. Développer l’entreprise, c’était une idée en soi. Ce que je trouve intéressant dans mon entreprise, c’est que ça me permet d’avoir des idées et de les concrétiser. C’est ce que j’aime le plus. Je suis une personne qui aime les idées, la nouveauté, la technologie, les nouvelles choses, apprendre. Ce que j’aime de mon travail, c’est d’être ouvert. Mettons que je suis en vacances dans un chalet ou que j’assiste à une « game » de hockey. Je vois une affaire et ça me donne une idée. Des fois, ça m’empêche de dormir la nuit. Quand je reviens au bureau, je propose de faire ça, ça ou ça. Toutes mes nouvelles idées d’entreprise, je les trouve bien souvent dans un cadre autre que le travail.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

J’ai toujours rêvé qu’un jour, je partirais en vacances quelque part et que je verrais un logo de ma compagnie. Ça me ferait « capoter ». Je n’ai pas de limites. Quand on se met des limites, on se met des barrières et on s’empêche d’avancer. Je pense que dans la vie, tu ne peux pas t’arrêter d’avancer. Si tu n’avances plus, tu meurs. Je ne me mets aucune limite, j’avance. S’il y a des gens qui veulent avancer, je vais avancer avec eux. Ce que j’aime, c’est qu’il y a des gens dans mon entreprise qui sont rendus meilleurs que moi. C’est le « fun ».

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

Je pense qu’avant tout, c’est une entreprise qui est humaine. On comprend qu’à la fin de la journée, on a notre famille à aller voir. Je suis beaucoup à l’écoute de mes employés. Je n’ai pas toujours été comme ça honnêtement. En bâtissant mon entreprise, j’avais encore le vieil adage qui dit que je suis le « boss » et c’est moi qui décide, « that’s it ». Mais ça ne marche pas comme ça quand tu fais affaire avec des gens, surtout avec la nouvelle génération. Vous avez des besoins différents et on doit être à l’écoute des changements qui s’opèrent dans la société. Encore là, je parle d’ouverture depuis tantôt, il faut rester ouvert, allumé et à l’écoute. Je pense que notre grande force chez Lavxel, c’est d’être à l’écoute de nos employés et de nos fournisseurs.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie?

C’est une drôle de question parce que c’est la plus dure. Je lisais les questions avant l’entrevue et je me demandais ce que j’allais répondre. Je n’ai jamais eu d’idoles ou de personnes que je trouvais vraiment « hot ». Alors ce qui m’inspire dans la vie, ce sont des entrepreneurs de renom. Avant je lisais beaucoup et j’ai arrêté parce que je n’avais plus le temps. Maintenant, j’écoute des podcasts et des livres audios. Quand je m’en venais ici, j’écoutais l’histoire de Steve Jobs, le cofondateur d’Apple. Je m’inspire beaucoup de ces gens-là. Elon Musk est un autre exemple. Je prends le meilleur d’eux et je le transpose dans ma vie avec mes valeurs à moi. Ce qui m’inspire aussi, c’est qu’il n’y a pas de limites. La seule limite, c’est celle que vous vous donnez. Je me suis rendu compte de ça assez tard. Mais c’est vrai.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est de ne pas lâcher. Moi, j’ai lâché l’école quatre fois (rires). J’ai redoublé mon anglais de secondaire 1. En secondaire 4, j’ai lâché l’école. Je suis revenu, je suis allé faire un DEP en électromécanique, j’ai lâché. Je suis retourné à l’école pour adultes, j’ai lâché. Pour vous mettre en contexte, j’avais quinze ans. Je suis allé en appartement, je faisais des « jobs » un peu partout. J’ai travaillé dans des « shops ». À tous les trois mois, je changeais de « job ». Je vous raconte ça parce que c’est important. Un jour, en-dedans de moi, il y a quelque chose qui s’est dit que ça n’avait pas d’allure. Il fallait que je fasse quelque chose. Je me suis dit : « Si je ne le fais pas là, je vais continuer comme ça toute ma vie ». Ce n’est pas ça que je voulais. Je savais en-dedans de moi que j’allais réaliser quelque chose. Ça n’avait pas de sens que je fasse juste ça de ma vie. À un moment, je travaillais à un endroit où pour la première fois de ma vie quelqu’un me faisait confiance et me donnait des responsabilités. Ça m’a donné le goût de retourner à l’école. C’est quand je travaillais à la buanderie en fait. Je suis retourné à l’école, je travaillais le soir. Après deux ans, j’ai eu mon diplôme. C’était la première fois de ma vie que je réalisais quelque chose. Il ne faut pas oublier que j’avais vingt-trois ans à ce moment-là.

Pour moi, la persévérance scolaire, c’est de ne jamais abandonner. Dites-vous que c’est juste une question de confiance. Ayez confiance en vous. Vous allez le comprendre un jour, mais vous êtes jeunes, vous avez la vie devant vous. J’ai quarante ans, vous avez quinze et quatorze ans. Ce qui va vous aider, c’est d’avoir confiance en vous. Mais la première chose, c’est que quelqu’un ait confiance en vous. Je suis convaincu que Philippe a confiance en vous. Ça va vous aider beaucoup. Ce sont les gens qui vont tourner autour de vous qui vont faire en sorte que vous allez avancer. Entourez-vous de gens qui croient en vous et qui veulent vous aider pour que vous n’abandonniez pas. Il n’y en aura pas de limites.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Je vous dirais que c’est un bel apprentissage. Quand j’étais jeune, je jouais dehors et mes seuls jeux, c’était de lancer des pommes et des roches (rires). On jouait à la cachette à travers le village au complet. En région, il y a quelque chose de spécial. Ça permet d’avoir une vision unique de la vie. En ville, les gens vivent parmi le brouhaha. En région, on vit autre chose. Quand vous arrivez ailleurs, ça vous permet d’amener votre propre perspective. Vous avez grandi dans une autre réalité. Vous allez vous démarquer des autres.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est merveilleux. Quelqu’un étant jeune qui s’implique bénévolement dans sa communauté va sans doute le faire quand il va être vieux. Si vous vous impliquez là, présentement, vous allez aussi vous impliquer plus tard dans tout ce que vous allez faire dans votre vie. Donc, tout va être une réussite parce que vous êtes habitués de travailler pour atteindre vos objectifs. J’aurais aimé ça être comme vous quand j’étais jeune. Je ne l’étais pas, je ne faisais que m’amuser. Vous êtes « hot », vous vous impliquez quand vous êtes jeunes, imaginez ça va être quoi quand vous allez être plus vieux. Ça va être malade.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

C’est très bien, c’est important. Mais une chose plus importante encore, c’est l’alimentation. Tu vas ressembler à ce que tu manges. Je m’en suis rendu compte il n’y a pas si longtemps. Je bois trois litres d’eau par jour. Je ne mange plus de « fast-food ». Je mange mes fruits et légumes ainsi que mes protéines. Je ne mange pas de grosses portions. Je ne bois pas d’alcool régulièrement. Pourquoi ? Parce que ça garde ton esprit vif et alimenté par une énergie qui est toujours présente. On a avancé l’heure dernièrement. Pour moi, ça n’a rien fait du tout. Je me suis levé et c’est comme s’il n’y avait aucun problème. Le sommeil, c’est aussi important. Dormir au moins huit heures par nuit, ça fait toute une différence. C’est comme une batterie. Si tu ne recharges pas ton cellulaire, il devient mort. C’est la même chose pour l’être humain. Pour en revenir à l’activité physique, c’est sûr que j’aimerais en faire beaucoup plus. Malheureusement, je ne suis pas un exemple. Mais je sais que c’est bien et je m’engage dans les prochaines années à avoir une meilleure activité physique. Pourquoi ? J’ai un petit garçon de quatre ans. Un jour, il va vouloir s’amuser un peu plus et il va falloir que je sois en forme pour le suivre. L’activité physique, l’alimentation et le sommeil, ce sont trois éléments clés pour être bien dans sa peau.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Ce n’est pas une bonne idée de fumer. Je l’ai déjà essayée quand j’étais jeune. Je suis chanceux de ne pas avoir aimé ça. Si tu veux détruire ta santé, très bien. Mais si tu veux mener à bien tes projets, il faut que tu sois en santé. Et je ne pense pas que fumer fasse partie des conditions pour être en santé.


Entrevue avec François Legault, Premier ministre du Québec.

Entrevue avec François Legault, Premier ministre du Québec, réalisée par Noémie Boutin, Juliette Léveillée, Marie-Pierre Beaudet, Ève Rioux et Éléonore Guévin-Roy des Comités 12-18 de Ste-Sophie d’Halifax, L’Avenir et Tingwick.

Quelle personne vous inspire dans la vie ?

Dans ma jeunesse, il y avait un politicien inspirant, aimé de tout le monde et proche du monde. C’était René Lévesque. En politique, c’est lui qui m’inspire. Dans le monde des affaires, je dirais Bernard Lemaire, il est décédé dernièrement. C’était vraiment un entrepreneur. Les frères Lemaire ont lancé une entreprise (Cascades) et ça m’a donné le goût de faire comme eux. J’ai lancé une compagnie aérienne qui s’appelle Air Transat.

Pourquoi vouliez-vous devenir Premier ministre ?

Il y a toujours eu deux sujets qui sont importants pour moi et à la base de mon implication politique. En tant qu’homme d’affaires, l’économie, c’est essentiel. Quand on compare la richesse du Québec avec celles du Canada et des États-Unis, on est moins riches qu’eux pour toutes sortes de raisons. Les francophones, pendant longtemps, n’aimaient pas les affaires. On était encore en rattrapage et maintenant ce qu’on essaie de faire entre autres, c’est de développer de nouveaux créneaux. Comme dans votre coin à Bécancour, avec la filière batterie. On voudrait attirer davantage d’investissements en offrant de l’électricité, de l’énergie verte.

Le deuxième point que je trouve important, c’est l’identité québécoise qui passe par la protection de la langue française. Je suis fier d’être Québécois. J’ai toujours été nationaliste, j’ai même été souverainiste. On oublie des fois (c’est peut-être encore plus vrai pour vous autres) que le français sera toujours fragile en Amérique du Nord. On est quelques millions entourés de centaines de millions d’anglophones. Moi, je viens de l’Ouest-de l’Île, donc j’étais vraiment entouré d’anglophones à Montréal. Il y a un déclin du français et pour arrêter ce déclin, il faut qu’on commence à augmenter le nombre de francophones. Ce n’est pas facile avec vous autres, les jeunes, parce qu’il y a Internet où presque tout est en anglais (Netflix, Spotify, etc.). C’est vraiment un gros défi. Être aussi riche que nos voisins, ce n’est pas une fin en soi. Mais ça donnerait les moyens de se payer de bons programmes sociaux et d’inverser le déclin du français pour qu’on soit encore plus fiers d’être Québécois.

Comment aimeriez-vous que les gens se souviennent de vous comme Premier ministre ?

Ça c’est facile. J’aimerais qu’ils disent : « François Legault, il a réussi à créer de la richesse et à réduire notre écart de richesse avec nos voisins. Il a aussi réussi à arrêter le déclin du français et maintenant, on est encore plus fiers d’être Québécois ». Mes deux plus grandes raisons d’être en politique sont les mêmes pour lesquelles j’aimerais qu’on se souvienne de moi.

Avec le recul d’aujourd’hui sur la situation de la COVID, qu’est-ce que vous auriez voulu changer ? Les mesures mises en place par le gouvernement ?

D’abord, je dois dire que de façon générale, je suis fier de ce qu’on a fait. On a été sévères, beaucoup plus qu’ailleurs en Amérique du Nord. Je vous donne juste quelques chiffres. Au Québec, pendant toute la pandémie, il y a eu 11 000 morts. Mais si on avait eu le même taux de surmortalité que dans le reste du Canada, on aurait eu 21 000 morts. Si on avait eu le même taux qu’aux États‑Unis, on aurait eu 31 000 morts. Ça veut dire qu’on a sauvé entre 10 000 et 20 000 vies. Il reste que ça a été très dur dans ce qu’on appelle les CHSLD (les résidences pour personnes âgées). On avait l’idée, avant la pandémie d’augmenter les salaires des préposés et finalement on l’a fait au début de la première vague. Si c’était à refaire, je l’aurais fait avant ça.

Quelle est la chose la plus difficile à faire quand on est Premier ministre ?

Répondre aux questions des journalistes comme vous autres. (rires) Je ne sais pas ce que vous allez faire avec ça dans les journaux, mais des fois, on prend un petit bout et on me fait dire des choses que je n’ai pas dites. En ce moment, je vous parle et si vous n’êtes pas d’accord, on peut s’obstiner et échanger. Quand c’est en première page du journal, c’est trop tard. Je me dis que ce n’était peut-être pas une bonne idée d’avoir dit ça. C’est ça qui est le plus dur.

Quelle situation pendant la pandémie fut la plus difficile pour vous ?

Je dirais que c’est par rapport à vous autres, les jeunes. J’ai des neveux et j’ai deux gars, je sais que ça a été difficile pour vous. Ne pas pouvoir aller dans les gyms alors qu’il y a bien du monde qui aime ça. Ne pas pouvoir voir vos amis. Ne pas pouvoir faire de party le vendredi soir. On disait : « Mettez des masques pour aller à l’école et quand l’école est finie, allez-vous-en chez vous ». Je me souviens quand j’avais treize ans, c’était important de voir mes amis. Je me mettais à votre place et comme le disaient les experts, vous n’étiez pas le plus à risque. Mais vous pouviez transmettre le virus à vos parents et encore plus à vos grands-parents. Eux, ils peuvent mourir. Dans le fond, je vous ai demandé de faire des sacrifices pour sauver des vies, mais ça me déchirait le cœur de le savoir.

Comment le conflit israélo-palestinien affecte votre travail depuis les récents événements ?

Qu’est-ce que vous en pensez, vous ? (rires) Je pense que ça s’ajoute à toute la morosité qu’on a. Avec l’inflation, le coût de la vie a beaucoup augmenté, donc l’épicerie coûte plus cher, le loyer coûte plus cher, etc. Maintenant, en plus de tout ça, ils ouvrent la télévision et voient des enfants qui se font tuer. On a beau se dire que c’est loin, ce sont des vrais enfants qui sont tués. C’est dur pour le moral. Évidemment, on souhaite tous que ça se termine. C’est un conflit qui existe depuis longtemps et qui ne sera jamais facile à régler. Ça ajoute à la lourdeur.

Quel impact apporte la grève dans votre travail ?

Oh, boy ! J’ai été trois ans Ministre de l’Éducation, j’ai passé beaucoup de temps dans des écoles. Je sais que la grève, ce n’est pas bon pour les jeunes. Quand tu manques une semaine, puis deux, puis trois, c’est difficile après de rattraper ton retard. Ça, je trouve ça dur. Évidemment, on essaie avec l’argent qu’on a de s’entendre avec les enseignants sur leurs salaires et leurs conditions de travail. Je voudrais que ça aille plus vite. Ça a un impact sur la scolarité des enfants et moi, c’est ce qui m’achale le plus.

Trouvez-vous que la question de la pluralité des genres est pertinente et quelle est votre opinion sur le sujet ?

C’est un nouvel enjeu partout dans le monde. Avec Suzanne Roy, la Ministre de la Famille, on a nommé un comité des « sages ». Ce sont des gens qui connaissent la sociologie et qui vont regarder ce qui se fait ailleurs. C’est un nouvel enjeu de se dire qu’il y a des personnes qui ne sont ni des hommes ni des femmes et qui se demandent : « C’est quoi ma place ? Est-ce que je peux avoir un X sur mon certificat de naissance ? Est-ce que je devrais avoir accès à des lieux, des toilettes et des services de façon différente ? » Il y a plein de questions qui se posent. Il faut y réfléchir. Ce n’est pas évident. Il y a des parents qui trouvent ça dur. Par exemple, vous avez treize ans, vous voulez changer de sexe, vos parents ne veulent pas, qu’est-ce qu’on fait ? Ce sont des questions fondamentales qu’on ne se posait pas quand moi j’avais treize ans, mais on doit se les poser actuellement. Il y a des experts qui vont se pencher là-dessus. Comme c’est un enjeu qui se passe partout dans le monde, ils vont regarder ce qui se fait ailleurs. Ils vont nous revenir avec des recommandations.

Avec les derniers résultats des sondages électoraux, comment envisagez-vous l’avenir du parti ?

Les sondages, ça monte et ça descend. Six mois, en politique, c’est une éternité. Il reste trois ans avant la prochaine élection, ça veut dire qu’il reste six éternités. Ça va continuer de monter et de baisser, mais j’essaie de ne pas trop regarder les sondages, même quand ils sont en ma faveur. Ce qui est important, c’est de faire les changements qu’on veut faire et obtenir des résultats. Nous, on a cinq priorités : l’éducation, la santé, l’économie, l’environnement et l’identité québécoise. J’essaie de regarder comment ça avance dans ces dossiers plus que comment ça avance dans les sondages.

Comment conseilleriez-vous quelqu’un qui veut se lancer en politique ? Quelles études doit-il/elle faire ?

Je pense que c’est important, avant de se lancer en politique, d’avoir une expérience de vie, d’avoir eu au moins un autre job avant. En politique, tu représentes tes concitoyens. Il faut que tu connaisses les enjeux sociaux et ça ne s’apprend pas juste à l’école, mais aussi par les expériences professionnelles.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

Pour tout le monde, moi le premier, il y a des moments quand on est à l’école que ça ne va pas bien. Tu as des mauvais résultats, tu te fais écœurer (dans la vraie vie ou sur les médias sociaux), tu te retrouves avec d’autres problèmes et tu as le goût de tout sacrer ça là. Il faut résister. Aujourd’hui, on est dans une société du savoir. Si on veut avoir un job stimulant intellectuellement, il faut avoir fait un minimum d’études. C’est long, travailler. Ça se peut que vous travailliez jusqu’à 70 ans si vous êtes en forme. Ça vaut la peine d’étudier, d’aller jusqu’au bout et de passer à travers les moments les plus durs. En somme, de persévérer.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

On travaille fort dans votre région. Je me souviens qu’il y a vingt ans, c’était dur au Centre-du-Québec et en Mauricie. Quand je comparais le revenu moyen, c’était plus bas que la moyenne du Québec pour toutes sortes de raisons. Il y a eu longtemps des industries dans le secteur du papier à Trois-Rivières et en Mauricie et, avec le temps, elles ont disparu. Même chose pour les compagnies à Shawinigan. Il fallait arriver avec quelque chose de nouveau dans la région. Ce qu’on a fait, entre autres avec la filière batterie, c’est d’amener des jobs : fabriquer des batteries pour des véhicules électriques. Ça va être long de passer des véhicules à essence aux véhicules électriques. Ce n’est pas rien de recevoir à Bécancour des grosses compagnies comme General Motors (GM) et Ford. On avait un parc industriel. Je me souviens l’avoir visité il y a vingt ans. On disait : « C’est le plus grand parc industriel au Canada à Bécancour ». C’est sur le bord de l’eau en plus, c’est bien situé pour le transport des marchandises par bateau. Le parc était vide à l’époque. Maintenant, il est plein. Même que l’inquiétude des entreprises, c’est : va-t-on trouver assez d’employés ? Ce sont de beaux problèmes. Il va falloir qu’on mette en place des formations. Mais je pense que c’est une bonne nouvelle pour le Centre-du-Québec et la Mauricie.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est super! J’adore ça. La solidarité, ce n’est pas juste Québec Solidaire. La solidarité, c’est à la base d’une société. Il faut s’aider les uns les autres. Dans la vie, il y en a qui ont plus de talent que d’autres, il y en a qui sont plus choyés que d’autres. Quand tu es plus choyé, il faut que tu t’occupes de ceux qui le sont moins. Il faut que tu penses à eux, pas juste à toi. Ça commence tôt. Ça commence dans les organismes et les municipalités. Éventuellement, grâce au bénévolat, il y en a qui vont faire de la politique.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

J’aime ça, je suis un passionné de sport. J’ai deux gars aujourd’hui qui ont 30 et 31 ans. Dès qu’ils ont été capables de marcher, ils n’avaient pas le choix, ils jouaient au tennis parce que je suis un maniaque de tennis. Je leur ai en plus appris le ski. Il y en a un qui me critique parce que j’aurais dû lui apprendre le hockey. Mais c’est une autre affaire. Le principe de dire que le sport aide à la réussite scolaire, moi j’y crois. En plus, ça déstresse. Pour moi, c’est bien important.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Je n’aime pas ça. C’est pour ça qu’on a enlevé les saveurs dans le vapotage. Il y en a qui n’ont pas aimé ça. Il faut tout faire pour éviter de tomber là-dedans. Ce n’est pas bon pour la santé.


Entrevue avec Marie-Claude Demers, sculpteure de bronze.

Entrevue avec Marie-Claude Demers, sculpteure de bronze, réalisée par Geneviève Duclos du Comité 12-18 d’Inverness.

Décrivez-nous votre entreprise.

Je suis sculpteure de bronze. J’ai envie de mettre une parenthèse, on dit « sculpteure de bronze », mais si j’ai envie d’être plus vraie, je suis modeleuse. Moi, dans le fond, je fais de la plasticine, au début de la sculpture. Mais oui, le résultat final est en bronze, donc on dit pour que les gens comprennent, « sculpteure de bronze ».

Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ?

Dans mon entreprise, je suis toute seule ici, dans l’atelier, à faire le modelage. Je fais la sculpture. Mais quand j’ai terminé, je l’amène dans une des deux fonderies au village et puis là, plusieurs départements s’occupent de transformer ma sculpture.

De un, le fondeur avec qui je fais la soumission. On regarde le format et tout et il me dit le prix que ça va me coûter. Ensuite de ça, la sculpture va rentrer au moulage. On a ceux qui vont faire les moules. Après ça, il va y avoir d’autres personnes, une fois le premier moule fini, qui vont couler la sculpture en cire. Ensuite, quand la cire va être prête et corrigée, on va avoir d’autres personnes qui vont faire le moule en céramique par-dessus. Quand la céramique est terminée, on fait fondre la cire et on coule en bronze. Donc, il y a les équipes qui coulent le bronze. Quand le bronze est terminé, on a le bufflage, donc on a les équipes qui font la soudure, le bufflage, tout assembler ça. Puis, il y a les patines. En ce moment, ce n’est que des filles, ça adonne comme ça. Ce sont les couleurs qu’on voit sur le bronze. Donc, ce sont des oxydes qu’on applique sur le bronze pour que la torche vienne se fixer sur le métal et ça donne l’effet que tu vois là, au niveau des couleurs. Donc, il y a aussi les filles des patines.

Dans mon travail, il y a tout ce monde-là, mais moi, de mon côté, mis à part que je fais l’argile, je porte plusieurs autres chapeaux aussi. On peut m’appeler la secrétaire, la réceptionniste, la livreuse, la vendeuse… On en oublie. Je porte plusieurs autres chapeaux que juste faire de la sculpture. Les gens m’imaginent juste en train de faire de la sculpture, mais il y a beaucoup d’autres choses que ça comprend.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

Les bases, il y en a beaucoup, c’est clair que c’est l’honnêteté, la confiance et la transparence. Je pense que ça, c’est super important envers moi, mes clients et les gens avec qui je travaille aussi parce que tout part de là. Surtout que ce sont des œuvres qui sont quand même dispendieuses. Donc, je pense que les gens ont besoin de sentir qu’ils sont en train de faire un bon investissement, d’être à la bonne place. Ils investissent sur une œuvre, mais ils vont acheter une partie de l’artiste aussi. Donc, c’est sûr qu’il faut que tu aimes l’artiste. Si tu n’aimes pas l’artiste, tu iras pas acheter une œuvre. Donc, ça c’est les principales valeurs, mais je pourrais t’en mettre plein d’autres qui tournent autour de ça.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

Comme je disais, les gens des fonderies, ce ne sont pas mes employés, mais côté qualité, je pense qu’on est pas loin de ce que j’avais dit. C’est sûr que quand je jase avec les gens, que je suis avec eux autres, c’est clair que j’ai envie qu’il y ait de la transparence, de l’honnêteté, de la confiance aussi dans ce qu’ils me disent. Moi, je transige avec mes clients, mais si eux me disent qu’ils vont me donner une sculpture mais qu’ils ne sont pas prêts et que mon client s’en vient… Il faut vraiment s’entendre. Je repars sur les mêmes valeurs de base.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ?

C’est sûr qu’il y a des sculptures que j’aime plus que d’autres. Mais le défi de sculpter est grand en lui-même parce que de un, c’est de longue haleine. Ce qui est difficile, c’est de pas perdre l’intérêt quand ça nous prend plus d’un an pour finir une sculpture à temps partiel. Des fois, je peux même la laisser de côté un mois, deux mois, trois mois. De pas perdre l’intérêt, c’est important, mais des fois, ça peut arriver que tu aies moins le goût, tout simplement. Mais j’ai mis tellement de temps, on a investi tellement d’heures que ce serait triste de laisser tomber. Il y a la question d’argent aussi. C’est long à ramasser, tout l’argent pour couler ça. Donc, c’est une fierté de tenir bon jusqu’au bout pour la faire et d’avancer là-dedans, en ayant complètement confiance en l’univers. Moi j’avance sans savoir si je vais la vendre ma sculpture. C’est une fierté de dire : « Oh my god, je l’ai fait, je suis allée jusqu’au bout ». Il faut être fou un peu, mais ça aide, c’est une belle folie.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

Je ne suis pas une fille de ville. Ici, j’ai un univers absolument parfait, pour moi, que j’aime. Dans mon village, j’ai les deux fonderies. Il y a rien de plus merveilleux que d’être à cinq minutes des fonderies quand j’ai besoin d’y aller. Je n’ai pas besoin d’y aller tous les jours. Je connais beaucoup d’artistes qui restent à Montréal et à Québec qui font du bronze. Ils doivent venir jusqu’ici. Ce sont des heures et des heures. Des fois, le projet est sur quelques jours et ça leur prend une place à coucher. Tout est plus compliqué. Alors que moi je reviens à la maison, je fais mon petit dîner et si j’ai besoin d’y retourner dans l’après-midi, c’est pas grave. Des fois, en plus, on a besoin d’aller à la fonderie, mais on a besoin d’être là juste cinq, dix ou quinze minutes. Si u es à Montréal, tu fais quatre heures d’auto, peut-être plus, alors que tu as besoin d’être là vingt minutes. C’est dommage un peu. Alors moi, je me trouve dans un paradis. (rires)

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

Comme je te disais tantôt, j’ai plusieurs autres chapeaux. Si je suis secrétaire, je suis en train de faire de la paperasse et de la comptabilité. Si je suis sur la livraison, je dois monter à l’extérieur livrer des sculptures. Mais la majorité de mes journées, je déjeune et après je vais marcher jusqu’au pont s’il fait beau. Je reviens. Et là, je rentre dans l’atelier et je vais faire de l’atelier pas mal tout l’avant-midi. Mais des fois, je peux prendre une pause au milieu de l’avant-midi pour aller dans le jardin et chercher des petits légumes. Et là, je reviens dans l’atelier et je suis déjà en train de penser à mon petit dîner qui est très créatif parce que j’adore cuisiner. C’est un bel art aussi.

L’après-midi, je reviens dans l’atelier. Mes pauses servent davantage à des trucs maison, désherber un peu. C’est sûr qu’entre ça, il peut y avoir des appels avec les fondeurs. Ça arrive qu’ils m’écrivent pour me dire que telle chose est prête. Dès qu’ils m’écrivent et qu’ils ont besoin de moi, tout de suite j’y vais. J’essaie de pas retarder les équipes parce que s’ils attendent mon approbation, tout le monde attend. Ils peuvent faire autre chose en attendant, mais je bloque tout le monde dans l’avancement de ma pièce. Je lâche tout ce que je fais. Je peux y aller trois ou quatre fois par semaine, sauf quand j’ai beaucoup de stock en route dans les fonderies. Là, ça arrive que j’y aille même trois fois par jour, pas longtemps, c’est presque un aller-retour. Mais je dois aller approuver pour qu’ils puissent continuer leurs trucs. Ça, c’est ce qui vient couper mes heures d’atelier. Grosso modo, ça ressemble à ça.

La création, mine de rien, ça demande quand même une certaine énergie. Comme je me connais, je sais quelle partie va être la plus demandante niveau créativité. Quand je suis plus fatiguée, je la mets de côté et je fais mon bonhomme en argile parce que ça demande pas vraiment de créativité. Je me garde des tâches pour quand je suis plus fatiguée. Je vais continuer de travailler, mais pas au niveau créatif. Je peux faire de la comptabilité, mon bureau est dans la maison. J’essaie d’alterner. En tant que travailleuse autonome, tu ne veux jamais perdre ton temps. J’essaie de changer de tâche pour pas rien faire.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

C’est faire de la création avec la plasticine. Je n’en fais pas assez. Les gens m’imaginent toujours comme je disais en train de faire de la sculpture, mais le reste prend beaucoup de place malgré tout. J’étais en symposium ces dernières semaines. Le avant est demandant parce qu’on « pack » le stock, on se prépare et tout. Le pendant aussi. Le après parce qu’il y a beaucoup de clients avec qui je prends contact, on parle, on planifie des affaires, on téléphone à la fonderie pour savoir si on va avoir des sculptures. Pendant cette période-là, je ne fais presque pas de sculptures.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

Je suis une fille qui est constamment choyée et qui a constamment des rêves. Je te dirais qu’il faut prendre le temps, mais je les atteins tous. Je construis ça au fur et à mesure. Je suis tellement heureuse que j’avance et je les fais tous. Faire des grandes sculptures, je te dirais que ce sont des beaux rêves, mais on fait tout ça en temps et lieu. Je ne sais pas si c’est parce que je vieillis, mais le bonheur est aussi dans des petites choses. Souvent, on imagine qu’il faut que ce soit incroyable. Oui, des grandes sculptures, c’est magnifique, mais crime, de réaliser ce que je fais là, je fais : « Ayoye ». Si la vie me donne la chance de continuer ce que je fais là, je suis déjà dans ce qu’il y a de plus merveilleux.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

Oh, si tu as envie d’être heureux dans la vie, c’est la première chose que tu devrais choisir, il n’y a rien de plus merveilleux. (rires) Pourquoi on devrait faire cette job-là ? Tout est tellement personnel d’une personne à l’autre. Je ramènerais ça à faire quelque chose qui te passionne. Pourquoi ? Parce que c’est du bonheur à chaque jour. Tu trippes. Qui ne voudrait pas du bonheur chaque jour ? Je sais que cette job-là conviendrait pas à tout le monde. Si les gens pouvaient trouver ce qui les rend heureux et travailler dans ce qui les rend heureux… C’est ça le but de la vie à mon avis.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

C’est une grande question. Je reviens encore à ce que je viens de te répondre. Je crois que ce sont les choses simples de la vie, que ce soit mettre des fleurs dans un beau jardin, faire un beau plat qui te fait tripper ou parler avec des gens avec qui tu t’entends bien. Quand tout le monde est en santé, que personne a mal nulle part, juste des choses de base de nos jours. Moi, je trouve ça merveilleux. Un beau coucher de soleil, des beaux nuages. C’est simple, mais mon dieu tout est là. Les gens des fois imaginent tellement des choses immenses pour que ce soit trippant et incroyable. Je pense que le bonheur est dans les petits plaisirs.

Qu’est-ce qui vous a inspirée à sculpter avec du bronze ?

Si je t’explique mon cheminement, avant j’étais peintre. J’aimais ça. Ce n’est pas que j’aime plus ça, mais quand je suis déménagée ici à Inverness, il y avait deux fonderies d’art. Ça me faisait tripper parce que j’étais petite et je faisais déjà des sculptures. Pas en bronze, évidemment, mais en argile. C’était déjà en moi. J’étais déjà une petite artiste. Je dessinais, je faisais de la peinture, je faisais de la sculpture et tout. J’avais entendu dire qu’à Inverness, il y avait des fonderies d’art. Je n’avais jamais eu personne dans mon entourage qui avait pu m’en parler ou qui connaissait ça. Quand je suis arrivée ici, mon voisin travaillait dans une des fonderies. Il y avait un artiste pour lequel j’avais de l’admiration, il peignait et faisait de la sculpture de bronze. Mon voisin m’a dit que cet artiste allait être là cette semaine, telle journée et que si ça me tentait de venir voir, il serait là. Je suis allée voir ça. Quand je suis entrée dans les fonderies, j’ai fait : « Oh my god, ça me parle ». Tout de suite, j’ai commencé à faire des sculptures et tout de suite j’ai voulu la couler. Et là, je suis devenue une fille « heavy metal. » (rires) Je suis tombée dans la potion magique et j’ai fait : « Oh, c’est mon médium ».

Je trouve que le bronze, c’est noble, c’est chic, ça passe les siècles. Écoute, si tu passes au feu, c’est la seule affaire qui te reste. Ça va perdurer dans le temps. C’est plaisant de faire quelque chose que tu sens qui va rester. Je me trouve choyée. Ce qui est plaisant aussi, c’est que ce sont des séries. Ça me permet de prendre plus le temps sur chacune, contrairement à un tableau. Je t’explique, quand j’étais peintre et que je vendais plusieurs tableaux, vite, ça pressait, il fallait que j’en fasse d’autres. Mais les tableaux étaient longs à faire quand même et je voulais qu’ils soient beaux. Ça prenait du temps. Mais la sculpture, je peux prendre plus mon temps parce que comme ce sont des séries, ils m’en font une autre. Si j’en vends, je ne suis pas pressée, ils vont m’en refaire une autre. Moi, quand j’en fais une, je peux être deux ou trois mois sur un modèle. Je veux la rendre magnifique jusqu’au bout. Mais je suis moins pressée parce que je sais que je ne manquerai pas de stock pour le prochain événement ou la prochaine galerie. Ça me permet d’être plus posée et d’aller plus loin dans mon travail sans être stressée.

Est-ce qu’il y a certaines de vos sculptures qui sont exposées dans le village qu’on peut voir ?

Oui, au village en face du dépanneur, il y a la sculpture de deux personnages à moto, le gars et la fille. À l’entrée du musée, c’est la même mais reproduite en plus grand et avec plus de détails. Parce que dans le fond, j’ai recommencé le même modèle, mais on reprend le même concept. J’y ai caché deux souris et deux mouches, il va falloir les chercher quand vous allez les voir. (rires) À la boutique du musée, il y a toujours des petites œuvres de moi aussi en permanence.

Il y en a juste une dans le village ? Parce que je sais que ça fait longtemps, six ou sept ans, mais il y avait des sculptures qui avaient été brisées dans le village par on ne sait pas qui.

Oui, il y avait eu des sculptures volées, arrachées.

Et la vôtre ?

La mienne a pas été touchée.

Qu’est-ce que ça vous a fait de voir celles des autres défaites ?

C’est triste parce que dans le fond, ce qu’on observe c’est que ces gens-là se sont imaginé que ça valait cher. C’est ce qu’on entend dire. Mais ce n’est pas le bronze qui vaut cher, c’est la main-d’œuvre et le temps qu’on a pris pour faire la sculpture. Parce que pour le bronze comme tel, le métal, il vaut plus ou moins cher. C’est juste que toutes les étapes que je t’expliquais tantôt, ce sont des mois de travail. C’est ça qui coûte cher dans une œuvre. Alors que la personne qui a décidé de voler, on s’entend qu’au niveau de la réflexion, on est limité. Et on est deux fois plus limité parce que le bronze, il ne connaissait pas ça. Lui, il brisait les sculptures pour aller vendre du métal. Ce n’était même pas pour l’œuvre d’art qu’il la volait parce qu’il la coupait et il partait. Du métal qui vaut absolument presque rien. Et l’autre chose qu’il sait pas non plus, c’est que toutes les œuvres d’art sont numérotées. Tu ne peux pas aller revendre ça comme ça si facilement sans te faire attraper.

Donc ces gens-là sont limités j’ai envie de dire dans leur réflexion parce que s’ils étaient un peu plus connaissants, ils auraient jamais fait ça. C’est triste parce qu’ils brisent le travail des artistes et les fonderies ont investi là-dedans, c’était un « package ». C’est dommage parce qu’on essaie de construire des choses belles alentour, d’embellir, on met de l’énergie et du temps. Ça manque de réflexion en arrière de ça, mais… ça arrive.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

Je le vois vraiment comme travailler plus fort que certains qui l’ont peut-être plus facile. C’est vouloir faire plus pour aller plus loin, se dépasser personnellement, vouloir aller jusqu’au bout, dépasser ses limites. Je le vois comme ça.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de la région?

De un, de rêver. De deux, de croire en ses rêves. De pas lâcher le morceau. Il y a des étapes, du temps. Tout n’arrive pas d’un seul coup. Mais quand tu as un rêve, tu le gardes, tu le construis étape par étape. Tu réfléchis à ce qui peut te mener vers tes rêves et aux actions que tu peux poser constamment pour t’en rapprocher. Ça prend du temps et de l’énergie, mais tout peut arriver, tout est réalisable. J’y crois profondément parce que ma vie n’est que ça. J’ai réussi parce que j’y ai cru profondément. Tu sais, l’expression « Aide-toi et le ciel t’aidera » ? Ça marche. Mais il faut y croire profondément. Il faut faire attention aux influences alentour aussi. Dans le sens où c’est correct des fois que les gens peuvent t’apporter leur avis et c’est important aussi, mais il faut construire avec tout ça. Ce n’est pas mauvais des fois quand les gens te disent : « Oh, mais ça, fais attention à ça » parce qu’ils veulent nous protéger. C’est correct. Il faut juste prendre ce qu’ils disent, réfléchir à comment je balance ça pour aller vers mes rêves. Toujours garder le cap vers les rêves. Ça se peut aussi que les rêves changent en cours de route parce qu’il y a d’autres choses qu’on apprend et qu’on découvre et hop, tu découvres quelque chose d’encore plus trippant. C’est ben correct, on est ici pour avancer, découvrir et changer. Mais mon dieu, rêvez et réalisez vos rêves. C’est possible.

Qu’est-ce que vous pensez des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

J’ai beaucoup d’admiration. (rires) Je trouve ça « cute » et je trouve que ça leur permet d’apprendre énormément. Tout ce qu’ils côtoient, les expériences, les gens, je crois que ça fait grandir.

Quelle importance doit-on accorder aux activités physiques ?

Je trouve ça important de bouger, de faire des choses, ça aide l’équilibre dans ta tête, dans ton cœur, dans ton corps. Ça prend de l’exercice et une bonne alimentation. J’insiste parce que l’alimentation et l’exercice, pour moi, ce sont deux choses qui doivent être là. Ce que je trouve, c’est qu’aujourd’hui, c’est tellement plus facile. Je retourne quand j’étais à ton âge, la différence, c’est fou avec Internet. Vous posez une question sur un aliment ou un exercice et vous avez tout sous la main. Vous n’avez pas besoin d’engager un entraîneur ou une diététiste pour apprendre. Vous avez tout pour apprendre entre les mains. Alors dès que vous vous posez des questions, allez chercher. Quel muscle renforcir ? Quel aliment choisir ?

Il y a plein d’applications pratiques. Yuka, c’est une application sur ton cellulaire. Tu es à l’épicerie, des fois c’est long lire tous les ingrédients. Amuse-toi à scanner les codes-barres de ce que tu as dans ta maison. Tes chips, tes petits gâteaux, tes pâtes alimentaires, l’autre sorte de pâtes… À l’épicerie, tu es pressé, tu n’as pas envie de vérifier les ingrédients de chaque truc que tu achètes. Des fois, on fait : « Telle marque ou telle marque ? C’est le même prix pour chacune, je vais choisir laquelle ? » Avec l’application, ça va te dire que celle-là, c’est mauvais parce qu’il y a tel, tel et tel ingrédient. Celle-là, elle passe à temps. Tant qu’à choisir quelque chose, pourquoi on ne choisirait pas quelque chose qui est bon pour nous ? Je ne vais pas faire un cours de nutrition aujourd’hui, mais ça me tente. (rires) C’est plaisant, ils le font aussi pour les produits quotidiens. Nous autres, les filles, on aime ça, tant qu’à choisir un petit truc pour le visage. Lui, lui, lui, Yuka fait : « Mauvais ! Mauvais ! Mauvais ! Zéro ! Pas prendre ! »

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Tu me parles de ça et je trouve ça triste. Ce que j’aimerais dire, c’est que si chacun était capable d’arrêter et de se dire : « Ça m’apporte quoi, ça ? Et si j’arrêtais, ça m’apporterait quoi ? » Parce qu’on a des réflexes dans la vie qui s’installent et puis à un moment donné, ça devient une compensation, etc. On en a tous, on est des humains, on n’est pas parfaits. Mais vous êtes jeunes, c’est le temps de se poser des questions et de casser les mauvaises habitudes tout de suite. Comme je disais, vous avez tellement de ressources maintenant. Vous avez toute la force avec vous. Utilisez-la, la force. Je me questionne, je peux faire des petites recherches Internet pour m’aider si j’ai envie d’arrêter. Puisque je tends vers un côté santé, j’aurais envie de dire que vous êtes jeunes, c’est le temps de casser les mauvaises habitudes avant d’être un peu plus vieux, de trouver ça encore plus difficile et d’avoir déjà abîmé une partie de votre corps.


Entrevue avec Bernard Drainville, ministre de l'éducation.

Entrevue avec Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, réalisée par Corine Bradette, Noémie Boutin, Shanny Croteau, Antonin Arès et Étienne Monty des Comités 12-18 de Notre-Dame-de-Lourdes, Ste-Sophie d’Halifax, St-Rémi-de-Tingwick, Tingwick et Inverness.

Comment étiez vous à l’adolescence ?

J’ai été élevé sur une ferme laitière. Je n’ai pas eu une adolescence très « olé olé », mais plutôt très sérieuse parce qu’on travaillait tout le temps. J’étais dans un pensionnat en semaine et les fins de semaine, on retournait à la maison et on travaillait sur la ferme. L’été, c’était aussi du travail sur la ferme, mais pratiquement sept jours sur sept. Il fallait traire les vaches soir et matin. Je ne suis pas beaucoup sorti pendant que j’étais adolescent. Mais il faut vous dire que le collège où j’allais, c’étaient juste des gars jusqu’en secondaire 4. Après ça, ça devenait un collège mixte. Et puis là, j’avais hâte d’avoir une première amoureuse et c’est fini par arriver en secondaire 5. Elle s’appelait Nathalie, elle était en secondaire 4.

Au collège, je faisais beaucoup de sport et un peu aussi les fins de semaine. L’été, je faisais du ski nautique parce que j’ai été élevé sur , entre Berthierville et Sorel-Tracy. Les moments de détente, c’était avec mon ami Luc. Lui, c’était un gars de la ville. Il avait un chalet sur l’île et son père avait un yatch. À un moment donné, je me suis tanné parce que tout le monde prenait des vacances sauf moi. J’avais une tante qui habitait à Montréal, elle s’appelait Isola. Je lui ai demandé de me prendre chez elle pendant quelques jours. Alors je quittais la ferme et j’allais à Montréal où je passais quelques jours. Pas plus parce que c’était tout ce qui était permis par mes parents. Je me promenais en métro sur l’île de Montréal, j’allais voir des matchs de baseball. C’étaient mes vacances d’été.

Dans quel milieu familial avez-vous grandi ?

J’étais l’aîné d’une famille de six. Trois gars, trois filles, nés à peu près à un an d’intervalle chacun. Moi, Martin, Caroline, Hélène et les deux derniers étaient des jumeaux. On était une famille tissée serrée. Le sens de la famille, c’est très important, plus que de se réaliser professionnellement et de laisser une trace de son passage sur Terre. Je pense que c’est même ce qui est le plus important pour moi dans la vie. À la fin, c’est tout ce qui reste à mon sens. Moi, j’ai trois enfants avec Martine. Deux enfants biologiques et on a adopté Mathis, le troisième, de Corée du Sud. Ce sont trois enfants formidables et en santé, on est très chanceux et heureux.

Quel est votre parcours scolaire ?

Il n’y avait pas d’école dans mon village, donc je suis allé à l’école primaire à Berthierville, juste à côté de l’île d’où je viens. Après ça, mes parents m’ont envoyé au collège, dans un pensionnat. C’était bien correct, j’ai aimé ça. Après ça, le cégep. Je suis allé à l’Université d’Ottawa en sciences politiques et communication. Puis, j’ai fait une maîtrise au London School of Economics and Political Science à Londres en études stratégiques et relations internationales.

Quel a été votre premier emploi payant ?

Vendre du blé d’Inde de chez nous. Quand tu travailles sur la ferme, il n’y a pas de salaire. Dans la logique de mes parents et je dirais du monde agricole, tu n’es pas supposé être payé pour travailler sur la ferme familiale. Mais en arrivant à l’adolescence, tu as quand même des petites dépenses. Tu as le goût d’acheter des espadrilles. Moi, je suis chasseur de canards, je voulais m’acheter un fusil de calibre 12, mais je n’avais pas d’argent. Alors Papa nous avait dit, à moi et mon frère : « Je vous donne un terrain, une petite terre, et vous faites ce que vous voulez avec ». Nous autres, on avait décidé de semer du blé d’Inde. C’est ce qu’on a fait et on a vendu le maïs. On s’est fait des sous avec ça. L’autre chose aussi que j’ai faite, c’était de ramasser les bouteilles quand le printemps arrivait et que la neige fondait. On allait les vendre, ça nous faisait des sous également. Ça a été mes premières sources de revenus.

Mais mon premier vrai emploi, ça a été d’être guide touristique à Berthierville, le même endroit où j’ai fait mes études du primaire. Il y a une chapelle protestante là-bas : la Chapelle des Cuthbert, un lieu touristique et historique. J’ai travaillé là pendant quatre étés d’affilée. Les gens s’arrêtaient pour visiter la chapelle. C’était moi qui leur racontais son histoire, leur expliquais que c’était la première chapelle protestante du Bas-Canada, etc. C’était la femme du Seigneur Cuthbert, madame Catherine, qui avait fait construire la chapelle et elle était enterrée en dessous. Moi, j’étais tout seul la plupart du temps en attendant que les visiteurs viennent me voir. J’étais donc tout seul avec la morte qui était enterrée sous le jubé. (rires) Mais je vous assure qu’elle était très tranquille, elle n’a jamais fait d’apparitions surprises. Elle ne m’a jamais hanté dans mes rêves ou autrement.

Je vous en parle et je réalise que j’ai travaillé dans la communication très tôt, dès quatorze ou quinze ans. Parce que faire visiter la chapelle à des touristes, c’est un exercice de communication orale. Il faut que tu rendes ça intéressant et que tu racontes une histoire. Alors le fait que je sois allé dans le journalisme par la suite, je pense que ça vient de là. J’ai développé ce potentiel et j’ai peut-être aussi découvert que j’aimais ça. Ça peut expliquer que par la suite, je me suis inscrit en communication à l’Université d’Ottawa, comme je vous l’ai dit, puis que j’ai décidé de pratiquer le métier de journaliste. Je pense qu’il y a probablement un lien. Il n’y a pas juste ça qui l’explique, mais je pense que ça l’explique en partie.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à faire de la politique ?

Mon père était très impliqué dans le syndicalisme agricole (l’UPA[1]) et aussi dans le mouvement coopératif (les coopératives comme il y en a encore). Ma mère s’impliquait pour sa part dans le Cercle de Fermières du Québec et l’AFEAS[2]. J’ai un oncle qui a été maire de l’île Dupas. J’ai un arrière-grand-père qui était un organisateur politique. Il n’a jamais perdu une élection apparemment. Bref, ça coulait un peu dans les veines de la famille de s’engager dans la communauté et de faire sa part pour sa société. L’idée de servir et d’améliorer le sort de nos concitoyens, c’était une valeur importante pour nous.

Moi, je me suis intéressé très tôt à la politique et à l’actualité. Je lisais les journaux. J’étais précoce là-dessus, les élèves au collège me voyaient me promener avec un journal et me trouvaient vraiment bizarre. Je découpais les articles, j’en avais une collection. J’avais treize ans quand René Lévesque est devenu premier ministre en 1976. C’est un homme que j’ai trouvé et que je trouve encore très inspirant. Lévesque, pour moi, c’est un modèle d’engagement politique par sa très grande intégrité. Tu sentais qu’il était là pour le peuple et passionné par son peuple. Il voulait l’amélioration de son Québec, de nous comme Québécois. J’ai trouvé ce personnage tellement inspirant. Il m’a inspiré à m’engager en politique.

Ça aurait pu être une femme, mais il n’y en avait pas beaucoup dans ce temps-là. Même très peu. Lise Payette était ministre dans le premier gouvernement de René Lévesque. Puis, il y a eu Thérèse Casgrain, ministre dans les années 60, suivie de Lise Bacon dans les années 70. Pauline Marois est devenue ministre pendant le deuxième mandat de René Lévesque. Il y avait quelques femmes en politique, mais vraiment pas beaucoup.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre parcours dont vous êtes particulièrement fier ?

Vous êtes du Centre-du-Québec, vous avez dû en entendre parler. On est en train de devenir un leader mondial dans la fabrication des batteries électriques qui vont servir aux véhicules électriques. Comme on le sait, il faut adopter de plus en plus la voiture électrique si on veut diminuer les gaz à effet de serre et lutter contre les changements climatiques. Donc, on va contribuer à créer de bons emplois parce qu’il en faut notamment pour votre génération. Puis, ça va permettre au Québec de contribuer à la lutte contre les changements climatiques. Je suis très fier de ça. Mais si vous me permettez, je vais élargir la question. C’est mon deuxième passage en politique. J’ai fait de la politique en 2007 à 2016 avec le Parti québécois. J’ai quitté pour revenir à mes premiers amours dans les médias. Puis, je suis revenu avec la CAQ. Pendant mon premier passage, j’ai fait adopter un certain nombre de lois dont je suis très fier. Si vous me le permettez, je vais me péter les bretelles un peu. (rires) Quand j’étais ministre des Institutions démocratiques, j’ai mené un grand débat sur la laïcité qui n’a malheureusement pas mené à l’adoption d’une loi, mais j’ai fait avancer le débat. Je suis très fier de ça également.

J’ai aussi fait voter trois lois à l’unanimité du Parlement. La première, pour limiter les dons à 100 $ aux partis politiques, pour faire en sorte que ce ne soit pas juste les personnes qui ont beaucoup d’argent qui contribuent aux partis politiques Le financement des partis politiques est donc plus démocratique. La deuxième loi, pour instaurer les élections à date fixe, ce qui fait que depuis ce temps, on sait d’avance quand les élections ont lieu. La date est déjà inscrite sur le calendrier, impossible ainsi pour le parti politique au pouvoir de s’en servir pour ses propres intérêts politiques. C’est une façon d’égaliser les chances. Enfin, la troisième loi que j’ai fait voter permet aux étudiants inscrits au cégep et à l’université de voter sur les lieux de leur institution scolaire. Auparavant, ce n’était pas permis, il fallait que tu te déplaces comme tout le monde dans le même bureau de vote. Mais depuis que j’ai fait voter cette loi, quand il y a une élection, les étudiants de 18 ans et plus (qui ont le droit de vote) peuvent voter sur les lieux de leur institution scolaire. Ça veut dire que si vous devez sortir de votre région pour aller étudier dans une autre région, vous pouvez non seulement voter tout court, mais aussi voter pour des candidats de votre région d’origine. L’idée, c’était de permettre aux étudiants de rester enracinés dans leur milieu. En effet, tu ne connais pas forcément les enjeux du milieu où tu vas étudier, mais tu connais très bien ceux d’où tu viens. C’est là que tu as été élevé et ta famille y est encore. Dans la loi que j’ai fait voter à l’unanimité de tous les députés, c’est possible pour vous de voter pour un ou une candidate du comté où vous avez résidé. Je sais que je ne réponds pas à votre question, mais je voulais vous dire que j’étais fier de ça aussi.

Quel est le plus gros risque que vous avez pris dans votre carrière ?

Le risque réputationnel. Quand tu t’engages en politique, tu prends le risque de sortir magané. Moi, je dis toujours que la vie est un combat. Et la vie politique est un combat extrême. Tu peux perdre ton nom. Les médias sont féroces, encore plus maintenant avec les réseaux sociaux. Ils sont devenus un média en soi et font même de la compétition avec les médias traditionnels. Ça crée une espèce de surenchère qui fait en sorte que les médias sont affamés d’informations et de primeurs. Si tu fais une erreur en tant que politicien, tu vas payer cher. Ça n’a pas beaucoup de pardon.

L’été passé, en 2022, j’étais dans les médias. Ça allait bien, j’avais de bonnes cotes d’écoute. Je venais de signer le plus beau contrat de toute ma carrière comme animateur. Je pense que c’était un contrat de 1,3 million pour trois ans, sans compter les bonus. (Je les aurais eus, en plus, parce que l’émission que j’animais était numéro un dans les cotes d’écoute.) J’ai décidé de renoncer à ça parce que je trouvais que ça avait du sens de revenir en politique. La raison première pour laquelle je fais de la politique, c’est que je trouve que ça donne du sens à la vie. Tu te sens utile, tu peux participer à des changements, tu peux faire une contribution à ta société, tu peux changer les choses pour le mieux. Parfois, c’est pour le pire malheureusement, mais tu essaies de faire des changements pour le mieux. De cette façon, tu peux te réaliser comme personne. Moi, c’est ça ma conception de la politique. Je trouvais que ça allait bien dans les médias, j’avais de bonnes cotes d’écoute, mais quand je sortais des ondes après trois heures à la radio, je me demandais : « Qu’est-ce qui reste du trois heures que je viens de faire? » Je trouvais des fois qu’il ne restait pas grand-chose. Il restait de l’éducation populaire, des débats et des idées qu’on avait brassées pendant les trois heures. Ça ne servait pas à rien, mais quand je comparais ça aux lois que j’avais fait voter (celles que je vous ai décrites tout à l’heure), je me disais que ça ne durerait pas dans le temps. Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils retenaient ou apprenaient de l’émission, je ne suis pas sûr qu’ils auraient su quoi me répondre spécifiquement.

Alors, j’ai quitté cette fonction d’animateur où ça allait bien pour retourner dans une arène de combat. Je dis « combat », car tu as quelqu’un en face de toi qui veux gagner comme toi tu veux gagner. Et parfois, le combat est très féroce. S’il faut parfois te tuer politiquement ou te blesser mortellement, ton adversaire va le faire. Il va utiliser tous les arguments possibles pour t’abattre. Moi, j’avais de bonnes cotes d’écoute, le monde m’aimait. Aujourd’hui, si vous faisiez un sondage, il y aurait pas mal moins de monde qui m’aime. Le sondage des personnalités politiques de Léger de la dernière fois a démontré que j’ai pris une descente incroyable. J’ai perdu beaucoup d’appuis dans la population. Il y a beaucoup de gens qui m’aimaient qui ne m’aiment plus aujourd’hui. Mais c’est ça la vie politique. C’est un combat. Parfois, pour faire avancer des idées, il faut mener des combats qui sont assez féroces. Parfois, tu gagnes et parfois, tu perds. Et quand tu perds, tu peux perdre plus que le combat. Tu peux perdre ta réputation, ton nom, ta crédibilité. Le risque que tu prends quand tu fais de la politique, c’est de te faire mal et de te faire du mal.

Est-ce que vous pensez que la population vous soutient moins maintenant parce que vous êtes présentement avec la CAQ ? 

Oui, c’est lié à ça, mais c’est surtout lié au fait que j’ai fait des erreurs pendant mes premiers six mois en tant que ministre de l’Éducation. Ça a donné la possibilité aux médias de me critiquer très férocement, à juste titre jusqu’à un certain point. Ça a beaucoup influencé, je pense, le jugement de la population. Alors, le risque que tu prends, c’est de perdre des plumes, d’être moins aimé qu’auparavant. Mais je reste quand même très heureux de la décision que j’ai prise. Je n’ai aucun regret, je referais le même parcours. Je reprendrais la même décision, même en sachant ce qui s’est passé, parce que justement, ça a du sens ce que je fais. J’ai la conviction que si je continue à bien travailler avec mon équipe, éventuellement les changements que nous allons faire vont s’avérer positifs et les gens qui actuellement me jugent sévèrement vont peut-être, avec le recul et le temps, dire que j’ai fait de bons changements et que j’ai été un bon ministre. C’est comme ça que je vois ça.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

Changer les choses. Pour y parvenir, avec ce que je suis en tant que personne (les outils à ma disposition, mes forces et mes faiblesses), c’est par mon engagement politique. Il y en a pour qui ce serait fonder une entreprise, écrire, produire un film, enseigner, etc. Il y a toutes sortes de moyens de changer la société. Mais moi, ce qui me correspond le mieux, c’est la politique. C’est grâce à ça que je peux faire des changements positifs pour la société dans laquelle je vis et que j’aime profondément. Moi, j’aime beaucoup le Québec. Je suis en amour. Je trouve qu’on a une nation extraordinaire et qu’on a une très belle histoire. On est chanceux d’être des Québécois. Je voulais faire ma part pour améliorer notre province et faire en sorte qu’elle soit encore plus belle qu’elle ne l’est déjà.

Le contact avec les gens, j’aime beaucoup ça aussi. La politique nous donne la possibilité de faire beaucoup de rencontres. Chaque personne a une histoire, chaque personne peut nous apprendre des choses si on prend la peine de l’écouter. Chaque personne est un trésor. C’est un peu quétaine ou cliché de dire ça, mais c’est vrai. Tu prends la peine de t’asseoir avec quelqu’un et passées les premières minutes de « small talk », tu te mets à t’intéresser à son parcours, tu vas finir par trouver quelque chose de fascinant. On n’a pas toujours le temps malheureusement de s’asseoir et de discuter, mais moi j’essaie de le faire assez systématiquement. Je fais des rencontres extraordinaires et très inspirantes.

Si vous étiez premier ministre, qu’est-ce que vous changeriez ?

J’ai déjà rêvé d’être premier ministre. Je me suis présenté à la course au leadership du Parti québécois. Finalement, j’ai dû renoncer parce que je m’en allais clairement vers une défaite. Je me suis rallié à celui qui a gagné la course, monsieur Péladeau, qui n’a jamais été premier ministre. Moi, je ne suis pas revenu en politique pour être premier ministre. Je l’ai essayé, mais j’ai trouvé ça difficile d’être dans un esprit de compétition. Ça m’est passé et je ne crois pas que ça me reviendra parce que je suis très comblé par le défi que j’ai à l’Éducation.

Par ailleurs, je trouve que monsieur Legault est un très bon premier ministre, même si actuellement, c’est un peu difficile. Je ne suis pas sûr que je serais revenu en politique si ce n’avait pas été lui. On s’est connus du temps où on était tous les deux députés du Parti québécois. C’est quelqu’un que je connaissais quand même. Quand il m’a demandé de revenir, j’ai accepté au-delà des raisons que je vous ai dites parce que je le connaissais. Je savais qui il était et j’avais le goût de travailler avec lui. Je pense qu’actuellement, on fait de très belles choses. Je vous ai parlé de la filière batterie. Je pense que les projets de loi sur la laïcité et sur la langue que monsieur Legault a fait voter, ce sont de très bons projets de loi. Quand il dit que l’éducation, c’est sa priorité, c’est vrai. On met beaucoup de moyens en éducation actuellement. On a beaucoup augmenté les budgets. Est-ce qu’on devrait les augmenter encore plus ? Sans doute. Mais on a quand même fait beaucoup d’investissements en éducation et je suis fier de ça. Son attachement au Québec est sincère. Alors non, je ne rêve pas de devenir premier ministre. J’ai déjà rêvé à ça. Mais là, je travaille avec un premier ministre que j’aime beaucoup, puis ça me convient. J’ai assez d’ouvrage de même. (rires)

Trouvez vous que la question sur la pluralité des genres est pertinente ? Quelle est votre opinion à ce sujet ?

Bien sûr qu’elle est pertinente. C’est quoi la pluralité des genres, dans le fond ? C’est vaste. Il faut toujours se rappeler qu’on naît avec un genre, garçon ou fille, mais assez rapidement il y a des garçons et des filles qui ne se sentent pas bien dans leurs corps. Ils ne se sentent pas gars, elles ne se sentent pas filles. Alors on se retrouve dans ce qu’on appelle la dysphorie de genre. Donc, ces personnes ne sont pas d’une certaine manière dans le bon corps, même si c’est le corps avec lequel ils sont nés à la naissance. Ils se retrouvent dans un corps qui les rend malheureux et qui les fait souffrir. Il faut permettre à ces garçons et ces filles de changer de genre. Il faut leur donner la possibilité de le faire. On a des garçons qui décident d’amorcer une transition vers une autre identité de genre. Inversement, on a des filles qui amorcent une transition vers une autre identité de genre. Il faut que la société les accompagne là-dedans. Le système de santé le fait. Il faut accepter d’en discuter, comme on le fait présentement.

Il y a un nouveau cours qui va être introduit dans toutes les écoles du Québec l’année prochaine qui s’appelle « Culture et citoyenneté québécoise ». Dans ce cours, ces enjeux d’identité de genre seront abordés ouvertement. Maintenant, il faut le faire au bon moment. Ce sont des enjeux qui sont très délicats. Il faut toujours y aller avec mesure. Il y a un âge pour discuter de différents enjeux. Je pense que cette discussion, il faut l’étaler dans le temps. Il faut l’aborder au moment où l’élève est prêt à l’aborder. Il ne faut pas lui imposer une discussion qu’il n’est pas prête à avoir. C’est très important. Il faut que les adultes respectent le rythme auquel nos jeunes sont prêts à discuter de ces enjeux. Il faut se garder comme adultes d’imposer des valeurs ou une idéologie sur ces questions. Il faut le faire, mais de façon responsable.

Concernant les dernières grèves et celles qui s’en viennent, comment espérez-vous que la situation se règle ?

J’espère que ça va se régler avec une entente. Honnêtement, j’espère qu’on va éviter la grève, même si au jour où on se parle, ça semble plus probable qu’il y ait grève qu’il y ait entente. Mais écoutez, je n’ai pas le choix d’être optimiste et d’avoir l’espoir qu’on peut éviter ça. Une grève, au bout de ligne, tout le monde en sort perdant. J’espère qu’on va trouver un terrain d’entente avec les syndicats. Pour le moment, c’est difficile. Mais il ne faut jamais perdre de vue que tout le monde (c’est-à-dire moi comme ministre, le gouvernement, les syndicats, les enseignants et enseignantes ainsi que le personnel scolaire) travaille pour une chose. C’est que vous ayez la meilleure éducation possible et que vous puissiez réussir votre parcours scolaire. On ne s’entend pas nécessairement sur les moyens d’y arriver, mais on a le même objectif. Si on garde en tête le bien et la réussite de l’enfant, je ne peux pas croire qu’en bout de ligne, on ne puisse pas trouver un moyen de s’entendre. C’est l’espoir que j’ai.

Que pensez-vous de l’urgent besoin de personnel pour les besoins à adopter dans les écoles ?

On en a besoin, mais le problème, c’est qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre. Actuellement, il me manque des bras et des têtes. Il me manque des enseignants, des professionnels en éducation, d’éducatrices, de techniciens spécialisés… Il me manque de tout. Alors j’ai des besoins. Les budgets ont beaucoup augmenté. Il y a cinq ans, ils étaient de 15 milliards par année. Aujourd’hui, ils sont de 20 milliards. Ça veut dire qu’en cinq ans, le budget de l’éducation a augmenté en moyenne d’un milliard par année. C’est considérable. Malgré ça, il me manque encore des personnes pour donner des services. Alors ce qu’il faut, c’est qu’on trouve collectivement une façon de convaincre plus de jeunes comme vous de se diriger vers l’enseignement, la psychoéducation et l’orthophonie. J’ai tellement besoin d’aide dans les écoles présentement. J’ai besoin que les jeunes choisissent la carrière de l’éducation. Malheureusement, il y en a beaucoup qui ne la choisissent pas, peut-être notamment parce que tout ce qu’ils entendent sur l’éducation est négatif.

C’est une chose que j’essaie de changer dans les rencontres que j’ai avec les professeurs quand je visite des écoles. J’ai visité à peu près 55 écoles depuis que je suis ministre. Ça fait une par semaine. Un des messages que je porte, quand je rencontre les enseignants et le personnel scolaire, c’est de dire : « Écoutez, il y a toutes sortes de griefs et de problèmes que vous vivez et moi je veux vous aider comme ministre de l’Éducation, mais est-ce qu’on peut dire de temps en temps qu’il se fait de très belles choses dans les écoles ? » Il y a beaucoup plus de positif dans les salles de classe que de négatif. Ça, il faut le dire. Je le dis au syndicat. « Que vous chialez contre ce qui va mal, OK, je respecte, c’est votre job. C’est tout à fait légitime. Mais une fois de temps en temps, « time out ». Arrêtez. Dites que malgré tout, on a des professeurs dévoués et du personnel incroyable qui accompagnent les enfants. Ils leur permettent d’apprendre, leur donnent confiance, les font sourire, les consolent ou les rassurent ». À tous les jours, dans toutes les écoles du Québec, il y a du beau. On n’en entend jamais parler. À un moment donné, il va falloir commencer à parler en beau et en bien du monde de l’éducation si on veut convaincre des jeunes comme vous d’y faire carrière. Si on réussit à le faire, éventuellement je vais avoir les orthophonistes, audiologistes, psychologues, ergothérapeutes et orthopédagogues. Tous ceux dont j’ai besoin pour répondre aux besoins des élèves à besoins particuliers. Mais actuellement, il manque de personnel, je vis une pénurie comme beaucoup d’autres domaines dans la société québécoise.

Le problème de la pénurie est vécu partout dans le monde. Partout. J’étais avec le maire de Helsinki (la capitale de la Finlande) la semaine passée. Il y a des gens en éducation qui me disent que le modèle finlandais en matière de système d’éducation est le meilleur sur la planète. J’avais avec moi le maire de Helsinki, lui-même issu du monde de l’éducation. Je lui demandais comment ça allait, de ce côté. Il me parlait de pénurie de main-d’œuvre. Il manquait lui aussi de personnel scolaire. Alors, c’est une crise que l’on vit partout sur la planète. Évidemment, je n’ai pas de solution miracle à ça, mais je travaille très fort pour essayer de revaloriser le monde de l’éducation. Je pense que l’une des façons de le faire, c’est de recommencer effectivement à parler positivement de ce qu’il s’y fait. On ne peut pas juste parler de ce qui va mal. À un moment donné, il faut parler de ce qui va bien si on veut attirer de nouvelles recrues.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

De ne jamais lâcher. En fait, c’est ma définition générale du mot, pas juste pour la persévérance scolaire. La vie est un combat, comme je le disais. C’est sûr que tu fais face à des difficultés. Tu vas toujours faire face à des difficultés. Il ne faut pas abandonner, il faut aller au bout de son potentiel. C’est ça, la persévérance. Chaque être humain a un potentiel. Il n’y a aucune exception à cette règle. La responsabilité du système d’éducation, c’est de vous donner les outils pour aller au bout de votre potentiel. Malheureusement, parfois on n’y arrive pas pour toutes sortes de raisons, dont la pénurie. Mais la raison première pour laquelle un système scolaire existe, c’est pour donner aux jeunes que vous êtes des outils pour aller au bout de votre potentiel. Pour aller aussi loin que vous le voulez et que vous pouvez aller. C’est ça, la persévérance.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Ce n’est pas juste un message aux jeunes de votre région, que j’aime par ailleurs, mais à tous les jeunes. Croyez en vous. Ne cessez pas de rêver. Ne vous laissez pas décourager par les circonstances du monde d’aujourd’hui. Chaque génération a eu ses défis. Les vôtres sont considérables. Les changements climatiques, c’est immense. Ça vient nous toucher dans notre existence comme êtres humains et ça remet en question carrément la vie sur Terre. C’est assez fondamental. Je peux comprendre que ça crée de l’anxiété chez certains d’entre vous, mais ce n’est pas une raison pour abandonner. Croyez en vous et dites vous qu’il y a peut-être chez l’un d’entre vous ou l’une d’entre vous la solution qui va nous permettre de surmonter ce défi et passer à travers cette crise climatique. Vous devez croire en vous et continuer de rêver. Ce n’est pas parce que le défi est grand que vous allez vous laisser décourager. Il faut que vous vous battiez. La vie est un combat, elle n’est pas toujours sympathique. Mais elle vaut la peine d’être vécue et elle est foncièrement belle.

J’ai vécu en Amérique latine, en Ontario, en Europe et à plein d’endroits et j’ai aussi voyagé beaucoup, notamment grâce à mon métier de journaliste. Je vais vous dire une chose : la vie qu’on a au Québec est formidable. On a une très belle société. On est chanceux d’être Québécois et de vivre ici. On a un bel environnement, de beaux emplois, de l’énergie propre, une démocratie forte et un système scolaire qui n’est pas parfait, mais quand même très bon. Quand on compare les résultats scolaires de partout dans le monde, on se rend compte que les élèves québécois sont parmi les meilleurs. Alors on doit faire quelque chose de bon, hein ? Je vous parle des résultats PISA[3] qui comparent les résultats scolaires de tous les élèves du monde aux mêmes examens (mathématiques, langue d’enseignement, sciences). Les élèves québécois performent très bien dans ces examens. C’est la preuve que notre système d’éducation, malgré tout, a encore beaucoup de forces.

On est chanceux d’être Québécois. Vous êtes chanceux d’être Québécois. Ça, on ne le réalise pas suffisamment parce qu’on est un peuple un peu chialeux par moments. On est très critiques. C’est correct d’être critique, mais il faut aussi s’arrêter et parler un peu du positif. Après avoir dit tout ce qui allait mal, parlons de ce qui va bien. Il faut trouver un équilibre là-dedans. Malgré tous nos grands défis, on a quand même entre les mains une société qui peut nous permettre de faire avancer les choses et d’améliorer notre sort. Croyez-en vous. Dites-vous que vous êtes l’avenir. Moi, en termes d’années, je n’en ai pas mal plus en arrière que j’en ai en avant. Vous, vous en avez beaucoup en avant. C’est incroyable. Pensez-y. Vous avez littéralement la vie devant vous. C’est à vous de décider ce que vous allez en faire. Mais s’il vous plaît, pas de déprime. Oui, c’est triste par moments. Oui, c’est dur. Mais « hey, let’s go ». On se serre les coudes, on avance. Mettez vous en gang et avancez. Ça vous appartient. Je dis ça à mes enfants. Ou plutôt je leur disais ça parce que maintenant, ils sont plutôt grands, ils sont dans la vingtaine. Mais quand ils étaient petits, ils me faisaient une crise. Et ça se finissait parfois en disant : « Écoute, tu es maître de ton destin, tu décides de ce que tu veux. C’est toi qui vas décider de ta vie ». Ça se peut que je fasse un peu pépère ou quétaine, mais ce n’est pas grave.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je trouve ça formidable. Je vais vous dire, le bénévolat est tellement une belle école de vie. J’ai aimé l’école, mais j’aimais plus ce qui se passait à l’extérieur de la classe que ce qu’il y avait dans la classe. J’ai appris beaucoup plus par le parascolaire et en m’engageant dans toutes sortes de « patentes ». Il faut que je fasse attention, je suis le ministre de l’Éducation quand même. (rires) Mais je vais le dire comme ça : on peut apprendre autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la classe. Quand tu décides de t’engager dans une cause, ce que tu donnes de toi-même est tellement enrichissant. Vous allez apprendre et sortir de là grandis, peu importe la cause pour laquelle vous allez vous engager. Le bénévolat, c’est fantastique. Tu te sens bien. Tu as redonné, tu as aidé, tu vois la différence que tu as fait. Alors le bénévolat, je vous encourage à en faire le plus possible. Vous allez être de meilleures personnes. J’ai beaucoup de défauts, mais je suis devenu une meilleure personne grâce au bénévolat. J’en suis convaincu.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Si tu veux avoir de l’énergie et la santé pour réaliser tes rêves, il faut quand même que tu fasses un peu d’activité physique. Le corps, c’est ton outil. C’est ce qui va te permettre de réaliser tes ambitions. Tu as beau avoir toute la volonté du monde, si ton corps est malade, tu ne pourras pas aller au bout de toi-même. Ça sert à quoi d’avoir des rêves si tu n’as pas l’énergie ou la capacité physique de les réaliser ? Alors l’activité physique, c’est très important. Je prétends qu’un peu comme le bénévolat, le sport est une école de vie. Quand tu fais du sport, tu apprends ce que c’est que de travailler en équipe. Ça reste un concept très important pour réussir dans la vie. Très souvent, tu vas avoir besoin de quelqu’un pour réussir. Cette personne va avoir besoin de toi également. On apprend ça dans le sport. On apprend à s’entraider, travailler en équipe et profiter des forces des uns et des autres pour constituer une seule force. Tu arrives donc à un résultat collectif par l’addition des forces individuelles.

On pourrait me répondre qu’en pratiquant un sport individuel, on n’est pas en équipe. C’est vrai. Mais tu apprends à te mesurer à l’autre et à te dépasser. À gagner et à perdre. C’est plus le fun de gagner, c’est le but du jeu, mais pas à tout prix. Parfois, tu apprends plus par le chemin que tu empruntes que par la victoire ou la défaite. Le sport peut t’apprendre tout ça. Je crois en ça. Tu as de la peine après une défaite, c’est normal. J’ai perdu, moi, c’est arrivé souvent. La vie, c’est aussi ça. Tu perds, tu tombes. Mais tu te relèves. Tu apprends dans la défaite. Pourquoi j’ai perdu ? Pas assez de préparation ? Pas assez en forme ? Pas assez travaillé avant ? Mauvaise stratégie ? Je n’ai pas respecté l’autre ? Finalement, l’adversaire était mieux préparé que moi ? OK, mais la prochaine fois, je vais l’avoir. Alors le sport, c’est nécessaire et très important. Ça fait partie d’un équilibre de vie.

Vous avez dit : « Ça sert à quoi d’avoir des rêves quand on n’a pas l’énergie de les réaliser ? » Je voudrais apporter un sous-point : pour les personnes et surtout les jeunes avec des handicaps ou des maladies chroniques, pour vous ce serait… ?

D’abord, il faut les aider. Mais c’est vrai que si tu es une personne handicapée, tu es très limitée, c’est certain, dans le sens où tu ne peux pas te donner les mêmes objectifs qu’une personne sans handicap. Mais les objectifs que tu vas te donner, propres au monde dans lequel tu vis, vont être à la mesure de tes capacités. On ne peut pas mesurer deux succès de la même façon, surtout si un handicap entre en jeu. Mais ce qui est sûr, c’est que la réussite d’une personne handicapée n’est pas moins grande ou moins valorisante. Voir quelqu’un réussir à atteindre des objectifs qui a priori paraissaient inatteignables à cause d’un handicap, ça peut être incroyablement inspirant. Ça peut donner de l’espoir à la société.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

Moi, j’ai fumé. À un moment, j’ai décidé d’arrêter parce que je nuisais à ma propre santé et je prenais le risque de ne plus avoir les capacités physiques de pouvoir réaliser mes rêves. Le jour où tu réalises ça, tu arrêtes de fumer. Même chose pour la vapoteuse. Je ne juge pas ceux qui fument ou vapotent parce que je suis passé par là. Mais je pense que si tu réfléchis aux conséquences, tu vas te rendre compte qu’au-delà du plaisir immédiat que tu as, tu risques de te priver de moyens pour te permettre de vivre tes rêves et d’aller au bout de ton potentiel. Tu réalises que le plaisir à court terme ne vaut pas les dommages que tu crées sur le moyen et long terme. Ce temps est précieux, c’est parce que tu l’as que tu peux réaliser tes rêves et vivre des moments de bonheur et d’accomplissement. Mais ça vient avec le temps. Il y a des choses que tu ne vois pas quand tu es plus jeune et avec le temps tu t’en rends compte. C’est pour ça qu’il y a des gens qui fument et qui à un moment donné finissent par arrêter.

[1] Union des producteurs agricoles.

[2] Association féministe d’éducation et d’action sociale.

[3] Programme international pour le suivi des acquis des élèves.


Entrevue avec Valérie Bédard, directrice générale chez Orapé

Entrevue avec Valérie Bédard, directrice générale chez ORAPÉ, réalisée par Anabelle Comtois, Noémie Boutin et Anaîs Guévin des Comités 12-18 de Lyster, Ste-Sophie d’Halifax et Villeroy.

Pour commencer, j’aimerais que vous me décriviez votre entreprise.

ORAPÉ est l’organisme de récupération anti-pauvreté de l’Érable. C’est un grand nom, c’est pour ça qu’on utilise ORAPÉ tout court. C’est un organisme sans but lucratif. On a 3 volets différents dans l’organisation, c’est-à-dire que la mission de base, c’est d’offrir des services de soutien pour les gens qui sont à faible revenu, donc des gens qui viennent chercher de l’aide alimentaire quand ils n’ont pas beaucoup de sous à la fin du mois. On a aussi des gens qui viennent ici en programme d’emploi, c’est-à-dire qu’ils ont besoin d’un petit coup de pouce pour retourner sur le marché du travail, donc ils viennent faire un passage chez nous. J’aurais le goût de dire qu’on est un peu un tremplin à ce moment-là. Puis, on a aussi tout le volet ressourcerie. La ressourcerie, c’est quoi ? C’est tout le volet marchand par lequel vous êtes passés tantôt. Ce volet-là plus particulièrement est axé sur la préservation de l’environnement. On récupère des articles que les gens veulent bien nous donner, puis on les recycle, on les revalorise ou on les remet en vente selon les composantes. Mine de rien, l’année passée, c’est quand même 625 tonnes de matières qui ont été récupérées sur le territoire de la MRC de l’Érable. Donc c’est vraiment un beau travail au niveau de l’environnement.

Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ?

En fait, il y en a plusieurs parce qu’on est vraiment diversifiés. C’est sûr qu’il y a les métiers de base, comme moi qui suis gestionnaire ici. J’aurais le goût de dire que mon travail, c’est comme être une petite pieuvre avec beaucoup de pattes. Donc, je m’occupe des finances, des ressources humaines, de la mise en marché etc. Mais on a aussi un ou une réceptionniste selon les besoins. On a des gens qui vont être au démontage, qui est toute la partie où on reçoit le matériel qui n’est pas toujours bon. À ce moment-là, il faut le défaire et le recycler. On a aussi des gens qui vont travailler fort en cuisine, c’est-à-dire des cuisinières (pour le moment, ce sont des femmes qui sont là) et des aides en cuisine. Sinon, je dirais qu’il y a beaucoup de bénévoles aussi. J’aurais le goût de dire que c’est quasiment un métier. Vous en faites du bénévolat, donc vous savez que c’est demandant. Mais c’est tellement un beau milieu de travail ici que ça en est intéressant.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

En fait, chez ORAPÉ, on a plusieurs valeurs différentes, mais je te dirais que la valeur majeure, c’est l’entraide d’abord et avant tout. L’entraide envers les gens, l’environnement et la communauté. On a aussi la valeur du respect qui est très importante pour nous. On côtoie une clientèle variée, c’est-à-dire que les gens qui viennent magasiner ici, c’est monsieur et madame Tout-le-Monde. Si vous avez le goût de magasiner ici, vous avez le droit. Il y a aussi les gens qui viennent pour nos services d’aide, à ce moment-là, il faut avoir un souci particulier pour ces gens-là. Donc, vraiment, l’équipe est sensibilisée au respect. Sinon, l’honnêteté, la responsabilité, la solidarité aussi. Et il y a aussi une valeur qui est super importante pour moi, c’est la transparence. Qu’est-ce que ça veut dire, la transparence ? C’est qu’on a rien à cacher. Quand on a des choses qu’on fait, des bonnes et des moins bonnes, on en parle. On essaie de trouver des solutions en lien avec ça quand ce sont des moins bonnes choses.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

J’aurais le goût de dire que la principale qualité pour un employé qui vient travailler avec nous (parce que ORAPÉ, c’est quand même 19 employés, il y en a qui sont à temps partiel et d’autres à temps plein), c’est la bonne humeur d’abord et avant tout. Je pense que si on n’a pas de plaisir à travailler, à ce moment-là, ça vaut pas la peine de le faire. C’est la principale qualité qu’on recherche. Puis, sinon, évidemment les qualités de base, comme être assidu (être là, être présent quand on en a besoin), la ponctualité et le respect comme on en a parlé tout à l’heure, qui est une qualité super importante pour nous de la part de nos employés. J’aurais le goût de finir en disant qu’on l’oublie des fois, mais la polyvalence, c’est une super qualité qui est nécessaire, surtout ici. Quand tu viens travailler chez ORAPÉ, ce n’est pas comme venir travailler dans un milieu de travail où tu fais exactement la même chose à tous les jours comme sur une chaîne de montage. Si aujourd’hui on a besoin de toi dans le kit de chargement parce qu’il y a un gros arrivage, il faut que tu sois en mesure de venir donner un coup de main. Être polyvalent, c’est d’être capable de faire plusieurs choses en même temps.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ?

Ça fait 20 ans que je suis chez ORAPÉ, c’est la moitié de ma vie mine de rien. (rires) Mais le développement d’ORAPÉ en général me rend hyper fière. Quand je suis arrivée chez ORAPÉ, on était 3 employés. On était situé au centre-ville de Plessisville aussi et on est passés au feu en 2007. Ce qu’il faut savoir, c’est que quand il y a un nouveau service qui se met en place chez ORAPÉ, c’est toujours parce que les gens ont émis un besoin. Ce sont des gens à faible revenu qui viennent chercher de l’aide. Au début, ORAPÉ, c’était juste de la distribution alimentaire, puis au fil du temps, les gens ont dit : « Si je n’ai pas de poêle, si j’ai pas de frigidaire, je fais quoi ? Si je ne sais pas comment faire à manger, je fais quoi ? » Tous les services ont commencé tranquillement comme ça. Sinon, c’est sûr que toute la reconnaissance que ORAPÉ a été capable d’aller chercher au fil du temps, que ce soit auprès de la population ou des décideurs publics (les députés, par exemple), c’est quelque chose de super important. Puis sinon, c’est sûr qu’il y a toujours une super fierté quand on réussit à se démarquer. Par exemple la dernière fois, c’était l’obtention du Prix Développement durable au concours Gala Nova. On est hyper fiers de ça. Je dirais que c’est une reconnaissance à tous les jours.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

Le principal avantage, c’est qu’il n’y a pas de trafic. (rires) En fait, travailler en région, j’aurais le goût de dire que ça n’aurait pas pu être autrement pour moi. Je suis allée à l’école à Sherbrooke, j’ai tenté les grandes villes et tout ça, mais je dirais que le fait de travailler en région, ça permet de faire partie de sa communauté. C’est peut-être moins facile, quand on est dans les grandes villes, de faire partie de projets au-delà de son travail. Les gens qui viennent magasiner ici assez régulièrement, on est presque capables de les appeler par leur nom. Quand on travaille en région, c’est plus facile de développer son réseau. Je dirais que c’est ça, les avantages. Puis évidemment, de partir du travail et d’être rendus chez vous en 5 minutes, ça aussi, c’est plaisant.

Comment se passe une journée de travail pour vous?

Il n’y a rien de pareil. J’aimerais pouvoir te dire que j’ai une journée type, mais je n’en ai pas. J’essaie de planifier ma journée, mais en fait, ça ne fonctionne pas. C’est-à-dire que souvent, je vais commencer par de la paperasse, puis finalement, je suis appelée à aller aider par exemple au déchargement, en cuisine ou sur le plancher. Je dirais que c’est un beau défi, travailler chez ORAPÉ, mais c’est tellement plaisant parce que c’est tout le temps différent.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

J’aurais le goût de dire que la partie de mon travail que j’aime le plus, qui me fait venir à tous les jours et qui m’aide à toujours avoir la flamme de travailler chez ORAPÉ, c’est les gens d’abord et avant tout. Côtoyer des gens qui ont des besoins, qui arrivent ici et qui sont mal pris. Au fil du temps, on apprend à les connaître et ils réussissent à s’en sortir et avoir de belles réalisations. Évidemment, j’aime voir les clients en magasin. Juste de rencontrer des gens comme vous autres, moi ça fait ma journée. C’est ça la partie préférée de mon travail.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

J’aurais le goût de dire que j’espère que quelqu’un d’autre après moi va l’amener ailleurs. Ça voudra dire que ORAPÉ aura réussi à continuer à se développer. La seule réponse que j’aurais à te donner, c’est que le développement se poursuive selon les besoins des gens et de la communauté.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

Juste pour faire partie de quelque chose de plus grand que soi, j’aurais envie de dire. Ça fait peut‑être un peu prétentieux, mais je dis souvent que travailler pour ORAPÉ, c’est une mission en soi, une vocation en quelque sorte. Voir quelque chose se développer et avoir la possibilité de faire partie de quelque chose, c’est pas mal la raison pour laquelle on devrait travailler chez nous. Puis sinon, parce qu’on travaille pour l’environnement et les gens et qu’on a beaucoup de plaisir à le faire.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Beaucoup de choses et je pourrais vous en parler pendant 1 heure, mais je pense que vous n’avez pas le temps. (rires) En fait, ce qui m’inspire dans la vie, c’est les petits gestes au quotidien que les gens peuvent faire. Vous regardez probablement des TikTok et compagnie, mais des fois on voit des belles patentes, du genre quelqu’un qui va donner un coup de main à quelqu’un qui est tombé ou qui a échappé quelque chose. Des petits gestes comme ça. Ça n’a pas besoin d’être hyper flamboyant. Vraiment quelqu’un qui a la main tendue et qui aide son prochain, je dirais que c’est ça qui m’inspire dans la vie. Sinon, étant une femme, je dirais que toutes les femmes qui ont réussi à se démarquer dans la vie m’inspirent beaucoup aussi. Ici, au Québec, ça peut paraître un peu drôle, mais Monique Leroux, qui était la présidente-directrice générale de Desjardins, a été la première femme à occuper ce poste-là et ça m’a inspiré beaucoup. Sinon, du côté des États-Unis, Michelle Obama m’inspire beaucoup de par la prestance qu’elle a et la femme qu’elle est. Et puis, on ne se le cachera pas, étant une femme d’une autre culture qui a réussi à faire ce qu’elle fait, c’est vraiment hyper inspirant.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

La persévérance scolaire, pour moi, en fait, c’est de garder l’objectif de l’atteinte de son diplôme malgré les difficultés académiques. On sait que ce n’est pas toujours facile d’y arriver. Pour certains, c’est plus facile, pour d’autres, c’est plus difficile. Mais j’aurais le goût de dire que c’est de se surpasser selon ses capacités pour finalement atteindre son objectif final ultime.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Le message que j’ai le goût de lancer aux jeunes de la région, c’est de se faire confiance, d’oser et de rêver. En fait, j’aurais aimé ça pouvoir dire à la petite Valérie de 12, 13, 14 ans de se faire confiance et d’oser dans la vie, qu’elle va voir que tout va bien aller. Je pense que j’ai le goût de transmettre le même message. Osez rêver. Faites-vous confiance.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Vous êtes tellement une belle richesse et vous en avez pas conscience. En fait, vous êtes les citoyens et citoyennes de demain ! Le fait de vous impliquer bénévolement, ça démontre que vous avez de l’intérêt envers votre communauté et je pense que quelque part, c’est ça qui est important. La communauté, ça le dit, ce n’est pas un individu, c’est une communauté. Donc, je pense que s’impliquer bénévolement, ça démontre qu’on a envie de faire plus quand on va être rendu éventuellement sur le marché du travail et à l’âge adulte.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

J’ai le goût de vous dire que je suis plus dans le mode sédentaire, c’est-à-dire que je ne suis pas quelqu’un de très sportif dans la vie. Je voudrais en faire plus, mais je dirais que le sport que j’ai choisi, si on peut appeler ça un sport, c’est la marche tout simplement. Ça me permet de me ventiler. Je fais ça le matin très tôt. À cinq heures et quart, je suis sur la route à faire ma petite marche. Ça me permet de partir ma journée, de ventiler mes idées, juste faire le vide et prendre le temps de contempler le lever du soleil et d’écouter les oiseaux. Tantôt, tu me demandais ce qui m’inspirait, tout ça m’inspire pour partir ma journée et me dire : « OK, on charge ».

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

En fait, je ne fume pas et j’ai jamais fumé. C’est sûr que je considère que c’est une relation qui est malsaine à la base. J’aurais le goût de vous dire de prendre votre argent pour faire autre chose, quelque chose pour vous autres et qui va perdurer dans le temps. Parce qu’on s’entend que la cigarette, c’est sur le moment et après ça, tu n’as plus rien qui reste à toi. J’aurais aimé ça que dans la vie, ça n’existe pas, mais bon, c’est comme ça. Je suis un peu radicale, mais voilà.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

En fait, pour cette question-là, j’ai fait un peu de recherche parce que c’est sûr qu’il y a 2 côtés à la médaille. C’est positif parce qu’à tout le moins, maintenant, ceux qui s’en procurent dans les SQDC savent exactement ce qu’ils vont consommer. Alors que dans la rue, on le sait pas trop, ça a pu avoir été mixé avec d’autres choses. Donc, au moins, ils savent ce qu’il y a dedans à la SQDC, ça peut être un aspect positif. Compte tenu que c’est légal, je présume aussi que le système de justice est peut-être un peu moins engorgé. Les gens qui avaient été inculpés pour possession ou peu importe ne sont plus dans le système judiciaire. Donc, les personnes qui les défendaient ont probablement le temps de passer à autre chose, peut-être à des causes sur lesquelles ils ne faisaient que passer rapidement autrefois. Sinon, parmi les effets négatifs de la légalisation, c’est que les jeunes peuvent y avoir plus facilement accès. Comme l’alcool, le fait que ce soit légal, j’imagine qu’il y en a qui conduisent sous l’effet du cannabis et ça fait partie des effets négatifs. On ne se le cachera pas, ça les rend dangereux et pour eux et pour les gens autour. On conduit souvent pour les autres, alors si on n’est pas en mesure de conduire de façon adéquate, on peut se blesser et blesser les autres. Je pense que ce n’est pas nécessairement positif.


Entrevue avec Paul St-Pierre Plamondon, Chef du Parti Québécois

Entrevue avec Paul St-Pierre Plamondon, Chef du Parti Québécois, réalisée par Juliette Léveillée, Éléonore Guévin-Roy, Noémie Boutin, Ève Rioux et Marie-Pierre Beaudet des Comités 12-18 de L’Avenir, de Tingwick et de Ste-Sophie d’Halifax

Comment étiez-vous à l’adolescence ?

J’étais un ado sportif et à mon affaire. Je pense que j’étais plus rebelle enfant qu’ado. Je mettais beaucoup de temps à jouer au football, au tennis et au ballon sur glace (qui est moins populaire aujourd’hui). Autrement dit, j’étais assez tranquille.

Dans quel milieu familial avez-vous grandi ?

Mes parents étaient divorcés. J’avais des « quarts » de frères et des « quarts » de sœurs. On appelait ça comme ça parce qu’on était une famille reconstituée et qu’on n’avait pas de parents communs. On se considérait comme des frères et des sœurs, donc on a inventé le concept de « quart de ».

Quel est votre parcours scolaire ?

J’ai étudié un an au Danemark dans l’équivalent d’un cégep où j’ai appris le danois. J’ai fait mon droit à l’Université McGill, puis j’ai fait une maîtrise à l’Université d’Oxford en gestion.

Quel a été votre premier emploi payant ?

J’étais pelleteur de sauce barbecue chez les usines Berthelet de sauces St-Hubert Barbecue.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à faire de la politique ?

J’ai commencé par la commenter et par m’intéresser à certains enjeux. Quand j’étais avocat, j’ai lutté contre la corruption tant ici qu’en Bolivie notamment. Plus on s’implique, plus on a envie d’aller à la source des enjeux, là où les décisions se prennent. On a l’espoir de corriger certaines choses et d’améliorer un peu la société. C’est donc en s’impliquant que la politique apparaît comme un choix logique, du moins dans mon cas. Je n’avais pas d’envie pressante d’aller en politique par contre.

Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce parti ?

C’est un parti démocratique qui défend les Québécois en leur laissant la parole sur ce qu’on devrait faire. C’est voté en bonne et due forme, contrairement à d’autres partis qui sont l’œuvre d’une personne ou de quelques personnes qui décident de tout et disent aux autres quoi faire. Cette démocratie amène le Parti Québécois à penser qu’on doit vivre dans une société juste où il y a le moins d’inégalités possibles. On doit vivre dans une société libre où on a notre propre pays et où on peut influencer le reste de la planète positivement.

Y a-t-il des projets ou des réalisations de votre parti dont vous êtes particulièrement fier ?

Il y en a plein. Le Parti Québécois est le parti de plein de réformes. La protection des terres agricoles, la protection de la jeunesse, la protection du consommateur, la protection du français évidemment avec la Loi 101 et bien d’autres. C’est un parti qui a à cœur de rendre la société québécoise plus juste et très différente du reste de l’Amérique du Nord. On s’inscrit dans cette tradition. Par exemple, on a beaucoup contribué plus récemment aux CPE, une invention de notre cru.

Quel est le plus gros risque que vous avez pris dans votre carrière ?

J’en ai tellement pris. (rires) En 2016, j’ai fait une première course à la chefferie du Parti Québécois alors que les intentions de vote n’étaient pas du tout en ma faveur. Les chances pour que je l’emporte oscillaient entre zéro et un. En 2022, j’ai pris part à la course à la chefferie pour une seconde fois. J’ai fini par la gagner, mais au départ, les sondages estimaient que j’étais le candidat le moins populaire. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas faire de la politique en fonction de calculs de risque. On est condamné à faire des choses qu’on va regretter. Il faut déterminer ce qui nous motive et ce qu’on pense qui doit être fait, indépendamment des sondages et des probabilités.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

La campagne électorale. C’est en campagne électorale que tu proposes à la population des choses. La population t’écoute et se demande : « Est-ce que je prendrais cette proposition ? » Alors qu’au quotidien de la politique, ce sont des tomates qui s’envoient dans toutes les directions. C’est plus difficile d’avoir de l’espace pour amener des nouvelles idées. On réussit des fois à le faire, mais beaucoup moins qu’en campagne où le ton est plus propice à l’écoute et l’échange.

Si vous étiez premier ministre, que changeriez-vous ?

Le Québec deviendrait un pays, ce qui n’est pas mineur. Ça veut dire qu’on arrêterait de donner de l’argent en impôt aux sables bitumineux de l’Alberta. On ferait des choix responsables sur le plan environnemental à même notre propre budget au lieu de se faire imposer un agenda anti-environnemental par Ottawa. Tout ce qui touche à la protection de la jeunesse et à la réduction des inégalités sociales, notamment sur le logement, changerait beaucoup.

Quelle importance accordez-vous à l’environnement ?

Comme je viens de dire, c’est l’une des questions les plus structurantes et les plus urgentes de notre époque. C’est difficile d’avancer sur cette question si tu n’as pas le pouvoir de décider et que la moitié de tes impôts s’en vont à un autre palier de gouvernement qu’on peut qualifier de « pétrogouvernement ». C’est-à-dire que le gouvernement du Canada est tellement infiltré par les lobbies du gaz et du pétrole que quand ils vont à la conférence sur le climat (COP) , les gens qu’ils invitent avec eux sont les gazières et les pétrolières. Je pense qu’on ne devrait absolument pas envoyer notre argent dans ça. On devrait investir dans des énergies renouvelables, vertes. Ça aurait dû être déjà fait il y a dix, quinze, vingt-cinq ans. On est en retard déjà. Ultimement, il faut que les gens votent en conséquence. Des fois, les gens ne veulent pas voir. Ils veulent une partie du résultat, mais ils ne veulent pas faire tous les changements pour être cohérents. C’est ça ma mission dans les prochaines années. Convaincre qu’en devenant un pays, on va cesser de faire des choix stupides sur le plan environnemental. On va se faire confiance et faire des choix responsables qui vont changer la donne tant au Québec qu’ailleurs. Je pense qu’on va devenir des diplomates environnementaux pour influencer tous les pays.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

La persévérance scolaire, c’est la clé d’une société qui va bien. Si les gens ne sont pas scolarisés et ne persévèrent pas, tu as plus de problèmes sociaux et plus de richesse à répartir. Pour un gouvernement, ça devient beaucoup plus difficile. C’est un peu la fondation d’une société, l’éducation. C’est sûr que la pandémie a donné un coup dur à toute une génération qui a été déconnectée et on pourrait même dire désocialisée d’une certaine manière. Il faut y remédier pour être certain que chaque jeune a les outils pour se faire une vie qui est à la hauteur de ses aspirations.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Si on ne rêve pas quand on est jeune, on ne rêvera jamais. Mais pour rêver correctement, c’est-à-dire se donner des objectifs qui ont le potentiel d’influencer positivement la société, on ne peut pas s’en remettre aux médias sociaux et à la propagande. La propagande, ce n’est pas de l’information, c’est de la publicité ou des messages mensongers pour influencer l’opinion des gens. Malheureusement, les technologies ont évolué de sorte qu’il y a des gens (de toutes les générations, soit dit en passant) qui se satisfont de ce qu’ils ramassent sur Instagram ou TikTok. Mais ce ne sont pas des sources d’information fiables. C’est donc la responsabilité de chacun de se tenir au courant de ce qui se passe avec une diversité de médias connus, qui offrent des garanties de crédibilité. C’est un devoir essentiel si on veut participer à la société après. La désinformation me semble être un des gros défis qu’on aura dans les prochaines années.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je ne peux pas être contre ça. (rires) Surtout quand on commence entre douze ans et dix-huit ans. Déjà, de vous impliquer pour une cause sociale ou politique, à l’échelle municipale ou provinciale, ça vous distingue de beaucoup d’autres jeunes. Ça vous prépare à des choses intéressantes. Plus on s’implique, plus on apprend. Il n’y a pas que l’école standard pour apprendre dans la vie et progresser. Moi, je suis évidemment en faveur de toutes les implications de cette nature.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Dans ma vie à moi, si je ne fais pas d’activité physique, je ne dors pas, je prends du poids et mon visage grossit. (rires) Pour faire quelque chose d’exigeant comme les études, on ne peut pas négliger l’équilibre entre son corps et son esprit. Les philosophes grecs disaient ça : « Un esprit sain dans un corps sain ». Ça a toujours existé. On ne peut pas négliger l’exercice et le sport, sans quoi le reste commence à être compliqué. C’est mieux de prendre l’habitude jeune. Moi, j’ai commencé à m’entraîner dès l’âge de dix ans, je jouais au tennis régulièrement. Depuis, je n’ai pas arrêté de faire du sport, sauf si j’étais blessé, et j’ai 46 ans aujourd’hui.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et/ou la vapoteuse ?

Respecter les différences, c’est aussi respecter les choix des autres. Inutile d’être agressif avec ceux qui vapotent. Mais est-ce que c’est une bonne idée de vapoter ? La réponse est non. Je pense que chacun devrait se demander ce que ça lui donne de vapoter. Si ton gang t’exclut si tu ne fais pas comme eux, qu’est-ce que ça dit sur le lien que vous avez ? En plus, c’est lié à des maladies pulmonaires qu’on ne s’explique pas. Ce n’est pas comme la cigarette, mais il y a certaines maladies assez étranges qui apparaissent après un certain nombre d’années de vapotage. C’est comme n’importe quelle substance inutile et nocive. Quand tu commences, la question à te poser est : pourquoi tu le fais? Donc, ce serait fou de commencer.


Entrevue avec Annie McMahon, propriétaire de Chopper Burger, un «food truck» situé à Saint-Rosaire

Entrevue avec Annie McMahon, propriétaire de Chopper Burger, réalisée par Marika Rochefort et Mary-Shaw Bellavance du Comité 12-18 de Saint-Rosaire.

Décrivez-nous votre entreprise. 

C’est un « food truck » que j’ai débuté, comme ça sur un coup de tête, à la suite d’un accident de travail. Il fallait alors que je me trouve un travail. En tant que cuisinière, j’ai trouvé ce petit trésor, puis j’ai décidé de l’acquérir. Je fais de la nourriture maison que le monde préfère avant tout. Mon but c’est de satisfaire et nourrir le monde, les rendre heureux pendant un instant.  

Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ? 

On peut retrouver beaucoup de métiers. On peut passer de la gestion du matériel jusqu’à la caisse enregistreuse. On cuisine bien entendu. Dans le fond, dans mon entreprise, tout le monde fait tout. Si on est deux, on se partage les tâches. Il faut être un peu polyvalent. Ce n’est pas compliqué quand même. On va à la plonge, on fait un peu de caisse, on fait du remplissage, on prépare la nourriture.  

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ? 

Ce que je veux, c’est que les gens soient satisfaits quand ils viennent, autant du repas que de l’expérience d’avoir mangé à l’extérieur et profité de la nature. Je veux rendre les choses belles et accueillantes.  

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ? 

La rapidité. Être jovial, courtois et souriant. Aimer les gens, c’est l’une des premières choses que je recherche. Le but c’est de les rendre familiers avec nous. Comme ça, c’est plaisant pour tout le monde. 

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ? 

Gagner une entrevue avec vous ? (rires) Je suis fière de ce qu’on a accompli, moi et mon conjoint. Tous les agrandissements. Faire nos tables de pique-nique nous-mêmes, les peinturer. L’accomplissement personnel d’avoir fait tout ça et que le monde aime ça. Ils sont intéressés à venir nous voir et ça, c’est très valorisant.  

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ? 

Je ne sais pas si c’est le bon mot, mais c’est la familiarité qui me vient en tête. Parce qu’en région, souvent, on voit les mêmes gens et on devient ami avec eux. On développe une connexion avec eux. On jase, on rit, c’est plaisant.  

Comment se passe une journée de travail pour vous ? 

Au Chopper, ça peut aller vite comme ça peut être tranquille. On reçoit beaucoup de monde alors il faut être de bonne humeur. Mais quand on aime notre emploi, on est de bonne humeur naturellement. Il faut être assidu, attentif à nos commandes pour que les choses se déroulent bien et que le monde reçoive leur commande comme ils le veulent. Je vais aussi préparer mes recettes maison, comme ma sauce à spaghetti et mon poulet pour mes pitas.  

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez? 

Je dirais encore là d’être entourée de tout ce monde-là qui vient nous voir. Ça, j’adore ça. J’adore cuisiner aussi. J’ai fait mon cours en cuisine et ça fait des années que je pratique.  

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ? 

J’ai déjà pensé au « Chopper 2.0 » qui se déplacerait un peu partout. J’ai beaucoup d’appels pour aller dans des usines, des fêtes familiales et divers événements. On voudrait préparer quelque chose qui nous permettrait d’étendre le nom du « Chopper ».  

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ? 

Le plaisir. La joie de travailler ensemble. J’adore qu’on travaille tous en équipe. Il n’y en a pas un qui est plus haut que l’autre. J’ai un grand respect pour les employés. On travaille en s’amusant aussi. Et on apprend les uns des autres. Des fois, je donne des petits trucs que moi-même j’ai appris dans le passé. Je pense que les employés sont contents.  

Qu’est-ce qui vous fascine le plus dans la vie ?  

Les gens. Ce que j’aime le plus, c’est d’être entourée de bonnes personnes. De faire des projets comme le « food truck ». De tout le temps l’améliorer. Chaque année il y a quelque chose de nouveau. L’année passée, c’étaient les burritos. Cette année, ce sont les pizzas. J’aime faire évoluer la minientreprise.  

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?  

C’est très important. Premièrement, on apprend plein de choses, c’est sûr et certain. Puis, plus qu’on avance en école, qu’on choisit son métier, on choisit autrement dit son avenir. On choisit la voie qui va nous amener au chemin pas plus facile, mais plus agréable dans notre tête. C’est plaisant parce que si tu as étudié pour être cuisinier par exemple, tu as plein de portes ouvertes partout. C’est comme ça pour chaque métier. C’est très important, l’école.  

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ? 

De continuer à vouloir s’investir comme vous le faites. D’oser venir travailler au « truck » ou rendre des services. Ou juste vous, les 12-18, c’est merveilleux ce que vous faites.  

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ? 

Je trouve ça plaisant parce ça donne des expériences de travail, mais aussi des expériences personnelles. Même si c’est juste du gardiennage d’enfants, tout ce qu’on fait, c’est bon. On peut le mettre dans son CV ou le mentionner lors d’une entrevue pour un emploi. C’est toujours apprécié de voir que les jeunes, et même les personnes en général, font du bénévolat.  

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ? 

C’est tellement important d’être en forme et de continuer de l’être tout le long de notre vie. Des fois, en vieillissant, on a des petites courbatures qu’on n’aurait peut-être pas si on avait fait plus d’exercice ou fait plus attention. C’est important aussi pour sa santé mentale, pour voir le positif.  

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?  

Le positif, j’irais peut-être dans le médical. Il y a beaucoup de personnes qui ont des douleurs ou des maux et le cannabis, ça peut être prescrit par ton médecin sous différentes formes. Sur ce côté-là, je trouve ça correct. Là où je trouve ça moins correct, c’est quand on est jeune, on peut en abuser. Ça peut nous faire faire des erreurs dans nos travaux. On peut aussi tomber « addict » à ça dès qu’on est jeune et ça peut empirer en vieillissant. Ça peut jouer sur tes poumons et ta santé mentale parce que ce n’est pas tout le monde qui va tolérer la même chose.  

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ? 

En tant qu’ancienne fumeuse, je conseillerais de ne pas fumer. Mais chaque personne fait ses propres expériences. Moi, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de personnes qui commencent à fumer avec la vapoteuse. Ensuite, ils passent à la cigarette. J’en connais que c’est comme ça. J’ai posé la question aussi. En plus, les vapoteuses, on entend plein de choses. Des fois, ça peut exploser. Des fois, le liquide qui est à l’intérieur peut nous empoisonner. Et puis, c’est une autre addiction qui coûte très cher à ton portefeuille et â ta santé. C’est ennuyant de toujours penser à ta prochaine « puff. » Ça va être quand ? Est-ce que j’ai oublié mes cigarettes ou ma vapoteuse ? C’est comme si on devenait esclave de ça, comme si c’était un deuxième téléphone.  

Capsule 30 secondes avec Annie McMahon


Entrevue avec Sara Dufour, auteure-compositrice-interprète.

Entrevue avec Sara Dufour, auteure-compositrice-interprète, réalisée par Léanne Landry, Genevieve Duclos, Eliam Matteau, Sophie Beaulieu et Jade Fortier des Comités 12-18 de St-Pierre-Baptiste, Inverness et Villeroy.

Quelle genre d’adolescente étais-tu? 

Premièrement, je n’ai pas fait de crise d’adolescence comme plusieurs jeunes font. Ma sœur en a fait une. Moi, je me décrirais plus comme étant une aventurière tripeuse. Je recherchais beaucoup le « fun ». À l’adolescence, j’ai fait énormément de pouce. Je voyageais beaucoup sur l’autostop comme on dit. Quand je manquais mon autobus, je partais à l’école sur le pouce. À 15 ans, je suis partie sur le pouce à Montréal avec une de mes amies pour aller voir des shows de punk à l’île Sainte-Hélène. Je ne l’ai pas dit à ma mère. Je disais tout à ma mère, mais trois mois plus tard. (rires) Après ça, je me rappelle avoir un « packsack » sur le dos et je me promenais. On veillait tard, on se levait tard, l’été surtout. Je me rappelle qu’avec deux piastres, on était vraiment heureuses. On allait s’acheter deux piastres de frites chez Noël avec une montagne de ketchup. On se disait : « La vie est belle. » C’était ça mon adolescence. C’était l’aventure. Je rêvais énormément d’aventures, encore aujourd’hui d’ailleurs. J’ai fait un peu de « skate ». J’ai fait beaucoup d’improvisation, ça a fait une grosse différence dans ma vie. J’ai été dans les cadets de l’air. J’ai commencé à jouer de la guitare à l’adolescence aussi. Je pense que ça fait le tour.  

Il y a beaucoup de visuels et d’accessoires jaunes dans tes spectacles et ton image de marque. Est-ce qu’il y a une histoire derrière ce choix de couleur? 

C’est vrai que j’ai une belle relation avec la couleur jaune. On pourrait probablement dire que ça part du fait que je suis une tripeuse de Skidoo dans la vie et la couleur d’un Skidoo, c’est jaune. D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours aimé cette couleur-là. Quand j’ai commencé à faire de la musique, j’avais une gourde Skidoo. Elle était noire et il était écrit Skidoo en jaune. Je niaisais tout le temps, je disais toujours en spectacle qu’à chaque fois que je dis « Skidoo », Skidoo me donne une piastre. Après ça, la couleur jaune est restée. Quand sont venus les produits dérivés, la première affaire que j’ai fait, c’est un t-shirt et le dessin que j’avais fait faire était jaune. Après ça, ma gourde jaune, mes bas jaunes, ma teinture jaune… J’ai souvent un accessoire jaune sur mon corps ou même en spectacle, mon micro est jaune. Je trouve que c’est une couleur vivante, joyeuse et remplie de surprises. (rires)  

À part le Skidoo et le motocross, as-tu un passe-temps ou un loisir quand tu n’es pas en spectacle? 

Le motocross, je m’en étais acheté un. Mais honnêtement, j’ai plus grandi avec des quatre-roues, alors je l’ai vendu quelques années plus tard. J’ai encore mon quatre-roues et mon Skidoo chez nous. J’aime ça aller me promener avec mon chien dans les bleuetières en quatre-roues. Lui, il court à côté. Je te dirais que ce n’est pas mal de cette façon-là que je décroche quand je ne suis pas en spectacle, que je ne suis pas dans le tourbillon d’être sur la route tout le temps. Quand j’arrive chez nous, bien souvent, je passe à l’épicerie et après, je ne sors plus jusqu’à ce que je reparte. Je m’isole un peu pour promener mon chien, aller prendre des marches. Après ça, j’ai beaucoup trippé sur le karting dans ma vie. Si je n’avais pas été chanteuse, j’aurais aimé ça être une professionnelle du karting. Faire des compétitions et devenir une pro. La vie m’a amenée ailleurs, mais j’ai toujours aimé faire du karting. À part le quatre-roues, j’aime faire des casse-têtes. Mais c’est rare que j’en fais parce que quand j’en commence un, il faut que je le finisse. Des fois, si je commence, je suis plus capable d’arrêter. Alors je ne fais pas grand-chose d’autre dans ce temps-là. (rires) Mais l’hiver, je vais faire un casse-tête.  

Quels sont les moments qui ont eu un impact important et qui t’ont motivée à continuer ta carrière? 

Il y a des décisions qu’on prend dans la vie qu’on sent qu’elles vont avoir un impact et un changement. Moi, c’est quand j’ai découvert l’École nationale de la chanson, qui est une école spécialisée pour les auteurs-compositeurs-interprètes, située à Granby. Ça dure un an intensif. C’est une attestation d’études collégiales. Quand j’ai découvert ça, c’était pour moi une révélation si on peut dire. J’avais toujours eu une petite voix à l’intérieur de moi qui me disait de faire quelque chose de poussé, mais je ne savais pas quel chemin prendre. Quand j’ai découvert ça, j’ai été cherché plus d’informations et la vie a fait en sorte que quand je suis rentrée là, ça a vraiment changé ma vie. Cette décision-là, ça a vraiment été le point tournant. À la suite de ça, j’ai pris la décision de plonger la tête la première dans cette passion-là, dans ce rêve-là, dans ces objectifs-là. Je suis repartie à zéro dans la plupart des sphères de ma vie au niveau du travail, des relations et tout ça. J’ai tout mis mon énergie dans la musique, pour l’amour que j’avais pour ça. Finalement, aujourd’hui ça fait onze ans que je suis sortie de l’École nationale de la chanson et ça fait onze ans que chaque année, c’est ma plus grosse année. C’est un beau parcours.  

Comment les gens ont réagi à l’annonce de la carrière que tu voulais faire? 

Ma mère, vraiment bien. Mes frères et sœurs aussi. Mes parents se sont séparés quand j’avais sept ou huit ans. Mon père n’a pas été super présent. Je l’ai appelé pour voir s’il pouvait m’aider financièrement parce que je n’allais pas travailler pendant un an. Je lui ai demandé s’il pouvait payer ma chambre, il m’a dit non. (rires) On a raccroché. Il m’a rappelé disant : « Ça veut dire quoi, ça, aller dans la chanson ? » Je lui ai dit que ça me donnait une attestation collégiale en chanson. Mon père aime ça, les beaux diplômes, mais là, c’était juste un diplôme en chanson. Finalement, il m’a dit oui. Peut-être à reculons, mais je pense qu’aujourd’hui, il est vraiment fier de voir que le petit apport qu’il a mis, ça fait une grande différence. Sinon, je te dirais que le reste du monde était en accord avec mon choix. Sauf mon père. Mais maintenant, il est fier. (rires)  

 Quel parcours as-tu effectué pour faire le métier que tu fais aujourd’hui? 

Je dirais que le début a été de prendre des cours de guitare, sans savoir que c’est ce que je ferais dans la vie. Jusqu’à ce que je découvre l’École Nationale de la chanson et c’est là que ma vie a changé à 180 degrés je dirais. À cette école là on t’apprend tout pour être capable de voler de nos propres ailes. Que ce soit au niveau de la gestion de la carrière artistique, de la création, de l’histoire de la chanson, du chant, des techniques vocales et j’en passe. Quand je suis sortie de l’école, il nous fallait des objectifs à court, moyen et long terme. Quand j’ai commencé, mon but était de faire 10 spectacles par années, ce qui équivaut à un peu moins d’un spectacle par mois. 11 ans plus tard, l’an dernier j’en ai fait 55 en 4 mois, on peut voir que les objectifs ont changé, ça évolué beaucoup. Mon début de parcours a été beaucoup dans les concours partout au Québec. Ceux-ci permettent de baigner dans ce milieu-là, tu rencontres des amis, tu tisses des liens, tu te fais des contacts, tu apprends beaucoup aussi. J’ai fait beaucoup de formations sur plein de trucs en lien avec la musique parce que c’est un milieu complexe (droits d’auteur, droits d’édition, droits mécaniques etc.). Ensuite je voulais un mini album pour jouer dans les festivals, puis j’ai fait 2 albums. Je vais sortir mon 3e album à l’automne. 

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui voudraient aller dans le domaine de la musique? 

Une des choses les plus importante, je dirais, serait de rester soi-même, de ne pas essayer d’être quelqu’un d’autre. Nous sommes tous uniques et souvent, ce qu’on pense qui est étrange chez nous, deviendra souvent notre force. Comme moi au début je trouvais ça bizarre de voir que j’écrivais comme je parlais, je me comparais à la façon de parler des autres. Quelques années plus tard, je réalise que c’est finalement une de mes forces, je pense. De croire en ses rêves, avoir un rêve c’est quelque chose mais de faire les premiers pas dans sa direction, amènera toujours un autre pas qui permet de tracer le parcours. Finalement c’est d’avoir du plaisir.  

Tu as écrit un de tes albums dans ton chalet dans le bois, où as-tu écris ton nouvel album? 

Cet album-là, j’avais comme objectif de l’écrire au lac Saint-Jean et sur cet abum là, on entend vraiment mon retour en région parce que je devais aller passer un hiver là mais finalement je suis retournée là, je me suis acheté une maison. J’habite là depuis 2 ans et demi, il y a des chansons que j’ai écrit en prenant une marche, d’autre dans la nuit, d’autres à la table du chalet où je passais l’hiver, il y en a que j’ai écrit dans la maison que je me suis achetée et ça s’entend sur l’album. 

Quel sujet n’as-tu pas abordé dans tes chansons, que tu aimerais aborder dans le futur? 

J’ai commencé à l’aborder un peu dans mes chansons, mes chansons sont souvent collées sur ce que je vis, au quotidien. J’aimerais être capable d’écrire une chanson en me sortant en racontant l’histoire de quelqu’un d’autre, avec la voix de quelqu’un d’autre. Être moins au ‘’je’’ c’est un défi auquel je pense depuis quelques années déjà.  

Dans tes vidéoclips, on peut voir un aperçu de tes talents de comédienne. Aurais-tu aimé continuer cette voie après Watatatow?  

Oui, j’aurais aimé ça. Quand j’ai commencé à faire de l’improvisation à 13 ans, j’ai eu le désir en même temps de devenir comédienne. J’aimais tout ce qui touchait le domaine des arts au secondaire. Après ça, Watatatow est arrivé. Quand ça s’est terminé, j’ai quand même essayé de continuer dans ça et c’est là que la musique a pris plus de place si on peut dire. Mais oui, j’ai essayé un peu. J’ai fait de la figuration dans quelques films, j’ai fait des émissions et tout ça. Mais je me suis vraiment concentrée sur la musique. J’ai vraiment aimé ça de jouer des rôles dans mes clips. Ce n’est pas quelque chose que j’exclus dans ma vie plus tard. 

Tu fais maintenant une chronique à la radio chaque semaine. Est-ce que faire de la radio faisait partie de tes rêves ? Aimes-tu l’expérience ? 

Je n’avais pas comme rêve de faire de la radio, mais c’était dans ma tête parce que j’aime ça toucher à tout. J’aime ça apprendre et découvrir de nouvelles choses et je m’étais dit peut-être que plus tard j’aimerais ça toucher à ça. Je ne pensais pas que ça allait venir vite comme ça dans ma vie. On m’a approchée pour me proposer des vendredis à CKOI et j’étais là : « C’est une belle offre que j’ai de la misère à refuser ». Pour répondre à ta question, ce n’était pas un rêve, mais c’est quelque chose e je me plais vraiment à découvrir. En fait, ça me fait vraiment sortir de ma zone de confort. Je trouve que quand on sort de notre zone de confort, on grandit en tant que personne. C’est un peu ça que je vais chercher en ce moment.  

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique dans la vie de tous les jours ? 

Une grande importance. Je pense que plus on vieillit, plus c’est important de se garder en forme. Je le vois parce que je fais des spectacles et c’est important de se garder en forme pour le souffle et essayer de livrer. Je suis quelqu’un qui bouge beaucoup en spectacle et j’essaie chaque jour de faire un peu d’exercice. Ce n’est pas toujours facile quand on est tout le temps en déplacement. J’aimerais pour le restant de mes jours essayer de garder l’activité physique présente dans ma vie. Je pense que c’est une clé pour une bonne santé, un bon mental et un équilibre de vie. 

Que penses tu du fait que des jeunes comme nous s’impliquent bénévolement dans leur municipalité? 

Je trouve ça merveilleux et vraiment beau de voir ça parce que j’ai l’impression que même quand j’étais jeune, je ne me rappelle pas avoir vu quelque chose comme ça. Je trouve ça « hot ». J’ai l’impression qu’on dit souvent que les jeunes sont sur leur cellulaire et qu’ils ne font rien. Mais là, je trouve que c’est tout le contraire que je vois. Je trouve ça magnifique de vous voir et de pouvoir participer à ça avec toi. Je vois que c’est plein d’avenir pour le futur. 

Pour toi, la persévérance scolaire, c’est quoi?  

Pour moi, c’est quand ça devient difficile. Je suis passée par là, autour de mon secondaire 4 environ. J’étais démotivée complètement de l’école, j’avais même pensé lâcher l’école. J’arrivais en retard à mes cours, je dormais pour mes examens. J’étais complètement déconnectée. Par contre, j’ai toujours eu une petite voix à l’intérieur de moi qui me disait de ne pas lâcher. Je me suis accroché à cette petite voix-là. Je ne savais pas pourquoi, mais je me suis dit : « Je vais l’écouter parce que je pense que le « feeling » et l’intuition qu’on a à l’intérieur de nous, c’est parfois notre meilleur conseiller ». Avec les années, j’ai vu que c’était vrai. J’ai décidé de poursuivre et de finir mon secondaire 5. Quand je l’ai fini, je n’avais pas les mathématiques nécessaires pour aller au cégep. Je me disais : « Bof, de toute façon, je ne vais pas aller au cégep ». Mais j’avais encore cette petite voix-là qui m’a dit : « Tu devrais finir tes affaires et après, on en parlera plus ». Je suis allée m’inscrire à une école qui était semi-adulte, pour les jeunes de 16, 17 ou 18 ans. Je suis allée finir mes maths. Honnêtement, j’ai déjà eu 1 % dans un examen de maths. Donc, ça m’a pris du courage, de la persévérance et de la détermination pour aller m’inscrire et de me dire que je vais aller à mon rythme pour finir mes mathématiques. J’ai toujours été motivée en commençant une année scolaire, mais je suis quelqu’un qui est beaucoup dans la lune. Dans une classe de 32 élèves comme c’était, ce n’était pas long avant que je parte dans la lune et que je manque la formule d’algèbre. Pendant l’année où j’ai fini mes maths, j’allais à mon rythme, mon prof m’a aidée aussi. J’ai terminé mes maths de secondaire 5 avec 95 %. Je pensais que j’étais nulle, mais finalement ce n’est pas que j’étais nulle, c’est juste que je ne cadrais pas dans cette façon de faire-là. Ça m’a beaucoup encouragée, mais je ne savais pas encore pourquoi j’avais fini mes maths. Je ne voulais pas y aller au cégep. C’est dix ans plus tard, quand j’ai découvert l’École nationale de la chanson, qui est l’équivalent d’un Cégep, que j’ai vu que j’avais besoin de mes maths de secondaire 5. Là, j’étais vraiment contente de les avoir finis parce que sinon, je n’aurais pas pu accomplir mon rêve. Je pense que ça répond bien à ce que c’est pour moi la persévérance scolaire. 

Quel artiste t’inspire le plus? 

Je n’ai pas vraiment d’idoles, mais en ce moment, dans le monde entier, Brandi Carlile, c’est l’artiste que j’admire le plus. J’aime sa façon d’écrire, j’aime la personne qu’elle est, j’aime la façon qu’elle a de s’exprimer, j’aime son style. J’ai été la voir en show déjà deux fois. Une fois en spectacle solo et curieusement je m’étais habillée comme elle, mais à l’envers. Donc j’avais des pantalons bleus avec un veston vert et elle, elle avait un veston bleu avec des pantalons verts. À la deuxième chanson, elle m’a vue. Elle m’a dit : « Hey, on matche ! » Pendant tout le spectacle, elle lançait des pics de guitare. Je souhaitais tellement qu’elle m’en lance un dans ma direction parce que j’avais un bon siège. Le dernier pic de la soirée, elle part pour le lancer et je me suis levée. J’ai crié : « Hey! » Et là, elle m’a vue. J’ai fait un pas en avant et elle m’a lancé son pic, mais le pic est tombé entre la clôture de sécurité et le stage. Là, je voulais fouiller avec ma lampe de poche pour le trouver, mais elle m’a dit : « Je vais t’en chercher un autre ». Donc je me suis avancée sur le bord du stage pour attendre le pic. Quand elle m’a revue habillée comme elle, elle a dit : « You guys gotta see this shit » et elle m’a dit de monter sur le stage. Elle me fait monter sur le stage devant 3000 personnes. Je monte, j’ai sauté comme mon chien quand je lui dis de faire une commande. Elle m’a dit que c’était sa dernière chanson et qu’on allait faire le salut ensemble. (rires) On a salué le public ensemble et j’ai eu son pic. J’ai plein de photos avec elle aussi. C’était mon anecdote avec Brandi Carlile. En ce moment, c’est l’artiste que j’admire le plus. Mon rêve, ce serait de faire une chanson avec elle. (rires)  

Qu’est-ce qui t’a inspirée à écrire ton hit Semi-route Semi-trail 

J’étais en discussion avec un de mes amis qui me disait un peu comment il était. C’est quelqu’un que je venais de rencontrer et il m’expliquait qu’il était « redneck ». J’étais là : « Okay, moi je ne suis pas « redneck », je suis semi-route semi-trail » pour expliquer que je suis capable d’être « redneck », mais je suis capable aussi d’avoir de la classe. C’est là que je lui ai dit qu’il fallait que j’arrête de lui parler parce que je venais d’avoir une idée de chanson. Je suis rentrée tout de suite chez nous et j’ai écrit toutes les idées que j’avais. Je me disais que j’allais écrire une toune qui s’appelle Semi-route Semi-trail parce que j’ai besoin des deux univers pour être équilibrée. Je ne pourrais pas habiter à Montréal tout le temps, je ne pourrais pas habiter dans le bois tout le temps. J’aime ça l’équilibre entre les deux.  

Quelle est ta chanson préférée? 

J’en ai plusieurs. Si j’en ai une à dire, je vais parler de la chanson avec laquelle j’ai découvert Brandi Carlile. J’étais assise dans ma voiture, dans le stationnement du Canadian Tire. J’ai écouté la chanson, je suis partie à brailler. Ça s’appelle « The Story ». Encore aujourd’hui, c’est une chanson que j’aime énormément. Il y en a plein d’autres que j’aurais pu nommer, mais celle-là est significative parce qu’en plus, c’est l’artiste que j’admire. 

Quelle est la marque de son ski doo? 

C’est un Summit X 850, 165 pouces, 2 pouces et demi de chenille. 


Entrevue avec Véronique Boutet, propriétaire du restaurant Chez Lucky

Entrevue avec Véronique Boutet, propriétaire du Resto Chez Lucky, réalisée par Shelby et Shanny Croteau et Malyck Jacques du Comité 12-18 de St-Rémi-de-Tingwick.

Décrivez-vous votre entreprise.

C’est un petit restaurant qui est très familial. Les gens, ça vient ici, ça jase entre eux autres. Puis ce qui est agréable, c’est que tout le monde mange bien.

Quel type de métiers peut-on trouver dans votre entreprise ?

Il y a des cuisiniers, des serveurs, des « busgirls et busboys ». Je le dis en anglais, mais dans le fond, ce sont des aide‑cuisiniers et des aide‑serveurs. Il y a aussi des laveurs de vaisselle. Puis il y a des « boss » comme moi pour faire la gestion. (rires)

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

C’est sûr qu’il y en a quelques-unes, mais moi, la valeur que j’ai ici, c’est vraiment que c’est familier.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez ?

La ponctualité. Le respect. Être souriant ou souriante, mais surtout le respect.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ?

Depuis avant-hier, ça fait exactement cinq mois que j’ai acheté. J’ai pas encore fait beaucoup de choses, mais j’ai changé les chaises et les gens sont tous contents. (rires) C’est le seul projet que j’ai eu à date. J’en veux d’autres, mais pour le moment…

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

C’est le « fun » parce que tout le monde se parle. Il y a personne qui reste dans son coin.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

J’ai mal aux jambes le soir quand j’arrive chez nous, mais j’adore mon travail. Je suis souriante du matin au soir. Juste l’approche des gens, c’est très important pour moi. J’ai bien du plaisir. Pour moi, c’est ça une journée de travail.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

Jaser avec les gens, avec mes clients.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

Je sais pas. (rires) Pour le moment, je rêve qu’un jour, ma fille reprenne mon entreprise. Elle a 27 ans et travaille en cuisine pour le moment. J’espère qu’un jour, elle va me dire : « Maman, je t’achète. » (rires)

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

Les raisons sont simples. On est une petite famille. On est tissés serrés. Tout le monde a du plaisir à travailler. En plus, on a de la bonne bouffe. (rires)

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Les clients heureux. La satisfaction des gens quand ils viennent me voir à la caisse et me disent : « Merci, c’était vraiment bon. »

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est très important. Quand on est jeune, à votre âge, nos parents nous disent ça et ça ne nous tente pas de l’entendre. J’aurais dû écouter un peu plus, mais c’est pas grave. (rires) J’ai réussi quand même dans la vie. La persévérance, c’est très important.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

De pas lâcher. C’est pas toujours facile à tous les jours, mais si c’était facile, on aurait rien.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Ça, c’est vraiment un beau wow pour moi. Tous les jeunes devraient essayer ça au moins une fois dans leur vie, je pense, de faire quelque chose bénévolement. Juste pour savoir c’est quoi le travail, c’est quoi le « fun » qu’on peut avoir à faire quelque chose sans bénéfices. Juste pour le plaisir de le faire.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

C’est important, parce qu’au bout du compte, c’est la santé qui compte. Au moins faire une petite demi-heure d’activité physique par jour.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

C’est une perte de temps, une perte d’argent, énormément. J’ai fumé quand j’étais jeune et si c’était à recommencer aujourd’hui, je le ferais pas, parce que ma santé est bien plus importante.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

Je suis totalement en désaccord avec ça. Je peux même pas dire s’il y a du positif là-dedans. Pour moi, c’est que du négatif. Moi, c’est mon opinion personnelle, parce que j’ai jamais pris ça de ma vie et ça me manque pas, je l’essaierais pas non plus. Mais pour ceux qui en prennent à l’occasion, tant mieux pour eux autres que ce soit légal, mais pour moi il y a rien de positif par rapport à ça. Le temps qu’ils sont là-dessus, ils travaillent pas, ils font pas d’efforts physiques, ils peuvent pas étudier. Ils ont un manque à quelque part, parce qu’ils font ça en attendant.