Entrevue avec Bernard Drainville, ministre de l'éducation.

Entrevue avec Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, réalisée par Corine Bradette, Noémie Boutin, Shanny Croteau, Antonin Arès et Étienne Monty des Comités 12-18 de Notre-Dame-de-Lourdes, Ste-Sophie d’Halifax, St-Rémi-de-Tingwick, Tingwick et Inverness.

Comment étiez vous à l’adolescence ?

J’ai été élevé sur une ferme laitière. Je n’ai pas eu une adolescence très « olé olé », mais plutôt très sérieuse parce qu’on travaillait tout le temps. J’étais dans un pensionnat en semaine et les fins de semaine, on retournait à la maison et on travaillait sur la ferme. L’été, c’était aussi du travail sur la ferme, mais pratiquement sept jours sur sept. Il fallait traire les vaches soir et matin. Je ne suis pas beaucoup sorti pendant que j’étais adolescent. Mais il faut vous dire que le collège où j’allais, c’étaient juste des gars jusqu’en secondaire 4. Après ça, ça devenait un collège mixte. Et puis là, j’avais hâte d’avoir une première amoureuse et c’est fini par arriver en secondaire 5. Elle s’appelait Nathalie, elle était en secondaire 4.

Au collège, je faisais beaucoup de sport et un peu aussi les fins de semaine. L’été, je faisais du ski nautique parce que j’ai été élevé sur , entre Berthierville et Sorel-Tracy. Les moments de détente, c’était avec mon ami Luc. Lui, c’était un gars de la ville. Il avait un chalet sur l’île et son père avait un yatch. À un moment donné, je me suis tanné parce que tout le monde prenait des vacances sauf moi. J’avais une tante qui habitait à Montréal, elle s’appelait Isola. Je lui ai demandé de me prendre chez elle pendant quelques jours. Alors je quittais la ferme et j’allais à Montréal où je passais quelques jours. Pas plus parce que c’était tout ce qui était permis par mes parents. Je me promenais en métro sur l’île de Montréal, j’allais voir des matchs de baseball. C’étaient mes vacances d’été.

Dans quel milieu familial avez-vous grandi ?

J’étais l’aîné d’une famille de six. Trois gars, trois filles, nés à peu près à un an d’intervalle chacun. Moi, Martin, Caroline, Hélène et les deux derniers étaient des jumeaux. On était une famille tissée serrée. Le sens de la famille, c’est très important, plus que de se réaliser professionnellement et de laisser une trace de son passage sur Terre. Je pense que c’est même ce qui est le plus important pour moi dans la vie. À la fin, c’est tout ce qui reste à mon sens. Moi, j’ai trois enfants avec Martine. Deux enfants biologiques et on a adopté Mathis, le troisième, de Corée du Sud. Ce sont trois enfants formidables et en santé, on est très chanceux et heureux.

Quel est votre parcours scolaire ?

Il n’y avait pas d’école dans mon village, donc je suis allé à l’école primaire à Berthierville, juste à côté de l’île d’où je viens. Après ça, mes parents m’ont envoyé au collège, dans un pensionnat. C’était bien correct, j’ai aimé ça. Après ça, le cégep. Je suis allé à l’Université d’Ottawa en sciences politiques et communication. Puis, j’ai fait une maîtrise au London School of Economics and Political Science à Londres en études stratégiques et relations internationales.

Quel a été votre premier emploi payant ?

Vendre du blé d’Inde de chez nous. Quand tu travailles sur la ferme, il n’y a pas de salaire. Dans la logique de mes parents et je dirais du monde agricole, tu n’es pas supposé être payé pour travailler sur la ferme familiale. Mais en arrivant à l’adolescence, tu as quand même des petites dépenses. Tu as le goût d’acheter des espadrilles. Moi, je suis chasseur de canards, je voulais m’acheter un fusil de calibre 12, mais je n’avais pas d’argent. Alors Papa nous avait dit, à moi et mon frère : « Je vous donne un terrain, une petite terre, et vous faites ce que vous voulez avec ». Nous autres, on avait décidé de semer du blé d’Inde. C’est ce qu’on a fait et on a vendu le maïs. On s’est fait des sous avec ça. L’autre chose aussi que j’ai faite, c’était de ramasser les bouteilles quand le printemps arrivait et que la neige fondait. On allait les vendre, ça nous faisait des sous également. Ça a été mes premières sources de revenus.

Mais mon premier vrai emploi, ça a été d’être guide touristique à Berthierville, le même endroit où j’ai fait mes études du primaire. Il y a une chapelle protestante là-bas : la Chapelle des Cuthbert, un lieu touristique et historique. J’ai travaillé là pendant quatre étés d’affilée. Les gens s’arrêtaient pour visiter la chapelle. C’était moi qui leur racontais son histoire, leur expliquais que c’était la première chapelle protestante du Bas-Canada, etc. C’était la femme du Seigneur Cuthbert, madame Catherine, qui avait fait construire la chapelle et elle était enterrée en dessous. Moi, j’étais tout seul la plupart du temps en attendant que les visiteurs viennent me voir. J’étais donc tout seul avec la morte qui était enterrée sous le jubé. (rires) Mais je vous assure qu’elle était très tranquille, elle n’a jamais fait d’apparitions surprises. Elle ne m’a jamais hanté dans mes rêves ou autrement.

Je vous en parle et je réalise que j’ai travaillé dans la communication très tôt, dès quatorze ou quinze ans. Parce que faire visiter la chapelle à des touristes, c’est un exercice de communication orale. Il faut que tu rendes ça intéressant et que tu racontes une histoire. Alors le fait que je sois allé dans le journalisme par la suite, je pense que ça vient de là. J’ai développé ce potentiel et j’ai peut-être aussi découvert que j’aimais ça. Ça peut expliquer que par la suite, je me suis inscrit en communication à l’Université d’Ottawa, comme je vous l’ai dit, puis que j’ai décidé de pratiquer le métier de journaliste. Je pense qu’il y a probablement un lien. Il n’y a pas juste ça qui l’explique, mais je pense que ça l’explique en partie.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à faire de la politique ?

Mon père était très impliqué dans le syndicalisme agricole (l’UPA[1]) et aussi dans le mouvement coopératif (les coopératives comme il y en a encore). Ma mère s’impliquait pour sa part dans le Cercle de Fermières du Québec et l’AFEAS[2]. J’ai un oncle qui a été maire de l’île Dupas. J’ai un arrière-grand-père qui était un organisateur politique. Il n’a jamais perdu une élection apparemment. Bref, ça coulait un peu dans les veines de la famille de s’engager dans la communauté et de faire sa part pour sa société. L’idée de servir et d’améliorer le sort de nos concitoyens, c’était une valeur importante pour nous.

Moi, je me suis intéressé très tôt à la politique et à l’actualité. Je lisais les journaux. J’étais précoce là-dessus, les élèves au collège me voyaient me promener avec un journal et me trouvaient vraiment bizarre. Je découpais les articles, j’en avais une collection. J’avais treize ans quand René Lévesque est devenu premier ministre en 1976. C’est un homme que j’ai trouvé et que je trouve encore très inspirant. Lévesque, pour moi, c’est un modèle d’engagement politique par sa très grande intégrité. Tu sentais qu’il était là pour le peuple et passionné par son peuple. Il voulait l’amélioration de son Québec, de nous comme Québécois. J’ai trouvé ce personnage tellement inspirant. Il m’a inspiré à m’engager en politique.

Ça aurait pu être une femme, mais il n’y en avait pas beaucoup dans ce temps-là. Même très peu. Lise Payette était ministre dans le premier gouvernement de René Lévesque. Puis, il y a eu Thérèse Casgrain, ministre dans les années 60, suivie de Lise Bacon dans les années 70. Pauline Marois est devenue ministre pendant le deuxième mandat de René Lévesque. Il y avait quelques femmes en politique, mais vraiment pas beaucoup.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre parcours dont vous êtes particulièrement fier ?

Vous êtes du Centre-du-Québec, vous avez dû en entendre parler. On est en train de devenir un leader mondial dans la fabrication des batteries électriques qui vont servir aux véhicules électriques. Comme on le sait, il faut adopter de plus en plus la voiture électrique si on veut diminuer les gaz à effet de serre et lutter contre les changements climatiques. Donc, on va contribuer à créer de bons emplois parce qu’il en faut notamment pour votre génération. Puis, ça va permettre au Québec de contribuer à la lutte contre les changements climatiques. Je suis très fier de ça. Mais si vous me permettez, je vais élargir la question. C’est mon deuxième passage en politique. J’ai fait de la politique en 2007 à 2016 avec le Parti québécois. J’ai quitté pour revenir à mes premiers amours dans les médias. Puis, je suis revenu avec la CAQ. Pendant mon premier passage, j’ai fait adopter un certain nombre de lois dont je suis très fier. Si vous me le permettez, je vais me péter les bretelles un peu. (rires) Quand j’étais ministre des Institutions démocratiques, j’ai mené un grand débat sur la laïcité qui n’a malheureusement pas mené à l’adoption d’une loi, mais j’ai fait avancer le débat. Je suis très fier de ça également.

J’ai aussi fait voter trois lois à l’unanimité du Parlement. La première, pour limiter les dons à 100 $ aux partis politiques, pour faire en sorte que ce ne soit pas juste les personnes qui ont beaucoup d’argent qui contribuent aux partis politiques Le financement des partis politiques est donc plus démocratique. La deuxième loi, pour instaurer les élections à date fixe, ce qui fait que depuis ce temps, on sait d’avance quand les élections ont lieu. La date est déjà inscrite sur le calendrier, impossible ainsi pour le parti politique au pouvoir de s’en servir pour ses propres intérêts politiques. C’est une façon d’égaliser les chances. Enfin, la troisième loi que j’ai fait voter permet aux étudiants inscrits au cégep et à l’université de voter sur les lieux de leur institution scolaire. Auparavant, ce n’était pas permis, il fallait que tu te déplaces comme tout le monde dans le même bureau de vote. Mais depuis que j’ai fait voter cette loi, quand il y a une élection, les étudiants de 18 ans et plus (qui ont le droit de vote) peuvent voter sur les lieux de leur institution scolaire. Ça veut dire que si vous devez sortir de votre région pour aller étudier dans une autre région, vous pouvez non seulement voter tout court, mais aussi voter pour des candidats de votre région d’origine. L’idée, c’était de permettre aux étudiants de rester enracinés dans leur milieu. En effet, tu ne connais pas forcément les enjeux du milieu où tu vas étudier, mais tu connais très bien ceux d’où tu viens. C’est là que tu as été élevé et ta famille y est encore. Dans la loi que j’ai fait voter à l’unanimité de tous les députés, c’est possible pour vous de voter pour un ou une candidate du comté où vous avez résidé. Je sais que je ne réponds pas à votre question, mais je voulais vous dire que j’étais fier de ça aussi.

Quel est le plus gros risque que vous avez pris dans votre carrière ?

Le risque réputationnel. Quand tu t’engages en politique, tu prends le risque de sortir magané. Moi, je dis toujours que la vie est un combat. Et la vie politique est un combat extrême. Tu peux perdre ton nom. Les médias sont féroces, encore plus maintenant avec les réseaux sociaux. Ils sont devenus un média en soi et font même de la compétition avec les médias traditionnels. Ça crée une espèce de surenchère qui fait en sorte que les médias sont affamés d’informations et de primeurs. Si tu fais une erreur en tant que politicien, tu vas payer cher. Ça n’a pas beaucoup de pardon.

L’été passé, en 2022, j’étais dans les médias. Ça allait bien, j’avais de bonnes cotes d’écoute. Je venais de signer le plus beau contrat de toute ma carrière comme animateur. Je pense que c’était un contrat de 1,3 million pour trois ans, sans compter les bonus. (Je les aurais eus, en plus, parce que l’émission que j’animais était numéro un dans les cotes d’écoute.) J’ai décidé de renoncer à ça parce que je trouvais que ça avait du sens de revenir en politique. La raison première pour laquelle je fais de la politique, c’est que je trouve que ça donne du sens à la vie. Tu te sens utile, tu peux participer à des changements, tu peux faire une contribution à ta société, tu peux changer les choses pour le mieux. Parfois, c’est pour le pire malheureusement, mais tu essaies de faire des changements pour le mieux. De cette façon, tu peux te réaliser comme personne. Moi, c’est ça ma conception de la politique. Je trouvais que ça allait bien dans les médias, j’avais de bonnes cotes d’écoute, mais quand je sortais des ondes après trois heures à la radio, je me demandais : « Qu’est-ce qui reste du trois heures que je viens de faire? » Je trouvais des fois qu’il ne restait pas grand-chose. Il restait de l’éducation populaire, des débats et des idées qu’on avait brassées pendant les trois heures. Ça ne servait pas à rien, mais quand je comparais ça aux lois que j’avais fait voter (celles que je vous ai décrites tout à l’heure), je me disais que ça ne durerait pas dans le temps. Si j’avais demandé aux gens ce qu’ils retenaient ou apprenaient de l’émission, je ne suis pas sûr qu’ils auraient su quoi me répondre spécifiquement.

Alors, j’ai quitté cette fonction d’animateur où ça allait bien pour retourner dans une arène de combat. Je dis « combat », car tu as quelqu’un en face de toi qui veux gagner comme toi tu veux gagner. Et parfois, le combat est très féroce. S’il faut parfois te tuer politiquement ou te blesser mortellement, ton adversaire va le faire. Il va utiliser tous les arguments possibles pour t’abattre. Moi, j’avais de bonnes cotes d’écoute, le monde m’aimait. Aujourd’hui, si vous faisiez un sondage, il y aurait pas mal moins de monde qui m’aime. Le sondage des personnalités politiques de Léger de la dernière fois a démontré que j’ai pris une descente incroyable. J’ai perdu beaucoup d’appuis dans la population. Il y a beaucoup de gens qui m’aimaient qui ne m’aiment plus aujourd’hui. Mais c’est ça la vie politique. C’est un combat. Parfois, pour faire avancer des idées, il faut mener des combats qui sont assez féroces. Parfois, tu gagnes et parfois, tu perds. Et quand tu perds, tu peux perdre plus que le combat. Tu peux perdre ta réputation, ton nom, ta crédibilité. Le risque que tu prends quand tu fais de la politique, c’est de te faire mal et de te faire du mal.

Est-ce que vous pensez que la population vous soutient moins maintenant parce que vous êtes présentement avec la CAQ ? 

Oui, c’est lié à ça, mais c’est surtout lié au fait que j’ai fait des erreurs pendant mes premiers six mois en tant que ministre de l’Éducation. Ça a donné la possibilité aux médias de me critiquer très férocement, à juste titre jusqu’à un certain point. Ça a beaucoup influencé, je pense, le jugement de la population. Alors, le risque que tu prends, c’est de perdre des plumes, d’être moins aimé qu’auparavant. Mais je reste quand même très heureux de la décision que j’ai prise. Je n’ai aucun regret, je referais le même parcours. Je reprendrais la même décision, même en sachant ce qui s’est passé, parce que justement, ça a du sens ce que je fais. J’ai la conviction que si je continue à bien travailler avec mon équipe, éventuellement les changements que nous allons faire vont s’avérer positifs et les gens qui actuellement me jugent sévèrement vont peut-être, avec le recul et le temps, dire que j’ai fait de bons changements et que j’ai été un bon ministre. C’est comme ça que je vois ça.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

Changer les choses. Pour y parvenir, avec ce que je suis en tant que personne (les outils à ma disposition, mes forces et mes faiblesses), c’est par mon engagement politique. Il y en a pour qui ce serait fonder une entreprise, écrire, produire un film, enseigner, etc. Il y a toutes sortes de moyens de changer la société. Mais moi, ce qui me correspond le mieux, c’est la politique. C’est grâce à ça que je peux faire des changements positifs pour la société dans laquelle je vis et que j’aime profondément. Moi, j’aime beaucoup le Québec. Je suis en amour. Je trouve qu’on a une nation extraordinaire et qu’on a une très belle histoire. On est chanceux d’être des Québécois. Je voulais faire ma part pour améliorer notre province et faire en sorte qu’elle soit encore plus belle qu’elle ne l’est déjà.

Le contact avec les gens, j’aime beaucoup ça aussi. La politique nous donne la possibilité de faire beaucoup de rencontres. Chaque personne a une histoire, chaque personne peut nous apprendre des choses si on prend la peine de l’écouter. Chaque personne est un trésor. C’est un peu quétaine ou cliché de dire ça, mais c’est vrai. Tu prends la peine de t’asseoir avec quelqu’un et passées les premières minutes de « small talk », tu te mets à t’intéresser à son parcours, tu vas finir par trouver quelque chose de fascinant. On n’a pas toujours le temps malheureusement de s’asseoir et de discuter, mais moi j’essaie de le faire assez systématiquement. Je fais des rencontres extraordinaires et très inspirantes.

Si vous étiez premier ministre, qu’est-ce que vous changeriez ?

J’ai déjà rêvé d’être premier ministre. Je me suis présenté à la course au leadership du Parti québécois. Finalement, j’ai dû renoncer parce que je m’en allais clairement vers une défaite. Je me suis rallié à celui qui a gagné la course, monsieur Péladeau, qui n’a jamais été premier ministre. Moi, je ne suis pas revenu en politique pour être premier ministre. Je l’ai essayé, mais j’ai trouvé ça difficile d’être dans un esprit de compétition. Ça m’est passé et je ne crois pas que ça me reviendra parce que je suis très comblé par le défi que j’ai à l’Éducation.

Par ailleurs, je trouve que monsieur Legault est un très bon premier ministre, même si actuellement, c’est un peu difficile. Je ne suis pas sûr que je serais revenu en politique si ce n’avait pas été lui. On s’est connus du temps où on était tous les deux députés du Parti québécois. C’est quelqu’un que je connaissais quand même. Quand il m’a demandé de revenir, j’ai accepté au-delà des raisons que je vous ai dites parce que je le connaissais. Je savais qui il était et j’avais le goût de travailler avec lui. Je pense qu’actuellement, on fait de très belles choses. Je vous ai parlé de la filière batterie. Je pense que les projets de loi sur la laïcité et sur la langue que monsieur Legault a fait voter, ce sont de très bons projets de loi. Quand il dit que l’éducation, c’est sa priorité, c’est vrai. On met beaucoup de moyens en éducation actuellement. On a beaucoup augmenté les budgets. Est-ce qu’on devrait les augmenter encore plus ? Sans doute. Mais on a quand même fait beaucoup d’investissements en éducation et je suis fier de ça. Son attachement au Québec est sincère. Alors non, je ne rêve pas de devenir premier ministre. J’ai déjà rêvé à ça. Mais là, je travaille avec un premier ministre que j’aime beaucoup, puis ça me convient. J’ai assez d’ouvrage de même. (rires)

Trouvez vous que la question sur la pluralité des genres est pertinente ? Quelle est votre opinion à ce sujet ?

Bien sûr qu’elle est pertinente. C’est quoi la pluralité des genres, dans le fond ? C’est vaste. Il faut toujours se rappeler qu’on naît avec un genre, garçon ou fille, mais assez rapidement il y a des garçons et des filles qui ne se sentent pas bien dans leurs corps. Ils ne se sentent pas gars, elles ne se sentent pas filles. Alors on se retrouve dans ce qu’on appelle la dysphorie de genre. Donc, ces personnes ne sont pas d’une certaine manière dans le bon corps, même si c’est le corps avec lequel ils sont nés à la naissance. Ils se retrouvent dans un corps qui les rend malheureux et qui les fait souffrir. Il faut permettre à ces garçons et ces filles de changer de genre. Il faut leur donner la possibilité de le faire. On a des garçons qui décident d’amorcer une transition vers une autre identité de genre. Inversement, on a des filles qui amorcent une transition vers une autre identité de genre. Il faut que la société les accompagne là-dedans. Le système de santé le fait. Il faut accepter d’en discuter, comme on le fait présentement.

Il y a un nouveau cours qui va être introduit dans toutes les écoles du Québec l’année prochaine qui s’appelle « Culture et citoyenneté québécoise ». Dans ce cours, ces enjeux d’identité de genre seront abordés ouvertement. Maintenant, il faut le faire au bon moment. Ce sont des enjeux qui sont très délicats. Il faut toujours y aller avec mesure. Il y a un âge pour discuter de différents enjeux. Je pense que cette discussion, il faut l’étaler dans le temps. Il faut l’aborder au moment où l’élève est prêt à l’aborder. Il ne faut pas lui imposer une discussion qu’il n’est pas prête à avoir. C’est très important. Il faut que les adultes respectent le rythme auquel nos jeunes sont prêts à discuter de ces enjeux. Il faut se garder comme adultes d’imposer des valeurs ou une idéologie sur ces questions. Il faut le faire, mais de façon responsable.

Concernant les dernières grèves et celles qui s’en viennent, comment espérez-vous que la situation se règle ?

J’espère que ça va se régler avec une entente. Honnêtement, j’espère qu’on va éviter la grève, même si au jour où on se parle, ça semble plus probable qu’il y ait grève qu’il y ait entente. Mais écoutez, je n’ai pas le choix d’être optimiste et d’avoir l’espoir qu’on peut éviter ça. Une grève, au bout de ligne, tout le monde en sort perdant. J’espère qu’on va trouver un terrain d’entente avec les syndicats. Pour le moment, c’est difficile. Mais il ne faut jamais perdre de vue que tout le monde (c’est-à-dire moi comme ministre, le gouvernement, les syndicats, les enseignants et enseignantes ainsi que le personnel scolaire) travaille pour une chose. C’est que vous ayez la meilleure éducation possible et que vous puissiez réussir votre parcours scolaire. On ne s’entend pas nécessairement sur les moyens d’y arriver, mais on a le même objectif. Si on garde en tête le bien et la réussite de l’enfant, je ne peux pas croire qu’en bout de ligne, on ne puisse pas trouver un moyen de s’entendre. C’est l’espoir que j’ai.

Que pensez-vous de l’urgent besoin de personnel pour les besoins à adopter dans les écoles ?

On en a besoin, mais le problème, c’est qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre. Actuellement, il me manque des bras et des têtes. Il me manque des enseignants, des professionnels en éducation, d’éducatrices, de techniciens spécialisés… Il me manque de tout. Alors j’ai des besoins. Les budgets ont beaucoup augmenté. Il y a cinq ans, ils étaient de 15 milliards par année. Aujourd’hui, ils sont de 20 milliards. Ça veut dire qu’en cinq ans, le budget de l’éducation a augmenté en moyenne d’un milliard par année. C’est considérable. Malgré ça, il me manque encore des personnes pour donner des services. Alors ce qu’il faut, c’est qu’on trouve collectivement une façon de convaincre plus de jeunes comme vous de se diriger vers l’enseignement, la psychoéducation et l’orthophonie. J’ai tellement besoin d’aide dans les écoles présentement. J’ai besoin que les jeunes choisissent la carrière de l’éducation. Malheureusement, il y en a beaucoup qui ne la choisissent pas, peut-être notamment parce que tout ce qu’ils entendent sur l’éducation est négatif.

C’est une chose que j’essaie de changer dans les rencontres que j’ai avec les professeurs quand je visite des écoles. J’ai visité à peu près 55 écoles depuis que je suis ministre. Ça fait une par semaine. Un des messages que je porte, quand je rencontre les enseignants et le personnel scolaire, c’est de dire : « Écoutez, il y a toutes sortes de griefs et de problèmes que vous vivez et moi je veux vous aider comme ministre de l’Éducation, mais est-ce qu’on peut dire de temps en temps qu’il se fait de très belles choses dans les écoles ? » Il y a beaucoup plus de positif dans les salles de classe que de négatif. Ça, il faut le dire. Je le dis au syndicat. « Que vous chialez contre ce qui va mal, OK, je respecte, c’est votre job. C’est tout à fait légitime. Mais une fois de temps en temps, « time out ». Arrêtez. Dites que malgré tout, on a des professeurs dévoués et du personnel incroyable qui accompagnent les enfants. Ils leur permettent d’apprendre, leur donnent confiance, les font sourire, les consolent ou les rassurent ». À tous les jours, dans toutes les écoles du Québec, il y a du beau. On n’en entend jamais parler. À un moment donné, il va falloir commencer à parler en beau et en bien du monde de l’éducation si on veut convaincre des jeunes comme vous d’y faire carrière. Si on réussit à le faire, éventuellement je vais avoir les orthophonistes, audiologistes, psychologues, ergothérapeutes et orthopédagogues. Tous ceux dont j’ai besoin pour répondre aux besoins des élèves à besoins particuliers. Mais actuellement, il manque de personnel, je vis une pénurie comme beaucoup d’autres domaines dans la société québécoise.

Le problème de la pénurie est vécu partout dans le monde. Partout. J’étais avec le maire de Helsinki (la capitale de la Finlande) la semaine passée. Il y a des gens en éducation qui me disent que le modèle finlandais en matière de système d’éducation est le meilleur sur la planète. J’avais avec moi le maire de Helsinki, lui-même issu du monde de l’éducation. Je lui demandais comment ça allait, de ce côté. Il me parlait de pénurie de main-d’œuvre. Il manquait lui aussi de personnel scolaire. Alors, c’est une crise que l’on vit partout sur la planète. Évidemment, je n’ai pas de solution miracle à ça, mais je travaille très fort pour essayer de revaloriser le monde de l’éducation. Je pense que l’une des façons de le faire, c’est de recommencer effectivement à parler positivement de ce qu’il s’y fait. On ne peut pas juste parler de ce qui va mal. À un moment donné, il faut parler de ce qui va bien si on veut attirer de nouvelles recrues.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

De ne jamais lâcher. En fait, c’est ma définition générale du mot, pas juste pour la persévérance scolaire. La vie est un combat, comme je le disais. C’est sûr que tu fais face à des difficultés. Tu vas toujours faire face à des difficultés. Il ne faut pas abandonner, il faut aller au bout de son potentiel. C’est ça, la persévérance. Chaque être humain a un potentiel. Il n’y a aucune exception à cette règle. La responsabilité du système d’éducation, c’est de vous donner les outils pour aller au bout de votre potentiel. Malheureusement, parfois on n’y arrive pas pour toutes sortes de raisons, dont la pénurie. Mais la raison première pour laquelle un système scolaire existe, c’est pour donner aux jeunes que vous êtes des outils pour aller au bout de votre potentiel. Pour aller aussi loin que vous le voulez et que vous pouvez aller. C’est ça, la persévérance.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Ce n’est pas juste un message aux jeunes de votre région, que j’aime par ailleurs, mais à tous les jeunes. Croyez en vous. Ne cessez pas de rêver. Ne vous laissez pas décourager par les circonstances du monde d’aujourd’hui. Chaque génération a eu ses défis. Les vôtres sont considérables. Les changements climatiques, c’est immense. Ça vient nous toucher dans notre existence comme êtres humains et ça remet en question carrément la vie sur Terre. C’est assez fondamental. Je peux comprendre que ça crée de l’anxiété chez certains d’entre vous, mais ce n’est pas une raison pour abandonner. Croyez en vous et dites vous qu’il y a peut-être chez l’un d’entre vous ou l’une d’entre vous la solution qui va nous permettre de surmonter ce défi et passer à travers cette crise climatique. Vous devez croire en vous et continuer de rêver. Ce n’est pas parce que le défi est grand que vous allez vous laisser décourager. Il faut que vous vous battiez. La vie est un combat, elle n’est pas toujours sympathique. Mais elle vaut la peine d’être vécue et elle est foncièrement belle.

J’ai vécu en Amérique latine, en Ontario, en Europe et à plein d’endroits et j’ai aussi voyagé beaucoup, notamment grâce à mon métier de journaliste. Je vais vous dire une chose : la vie qu’on a au Québec est formidable. On a une très belle société. On est chanceux d’être Québécois et de vivre ici. On a un bel environnement, de beaux emplois, de l’énergie propre, une démocratie forte et un système scolaire qui n’est pas parfait, mais quand même très bon. Quand on compare les résultats scolaires de partout dans le monde, on se rend compte que les élèves québécois sont parmi les meilleurs. Alors on doit faire quelque chose de bon, hein ? Je vous parle des résultats PISA[3] qui comparent les résultats scolaires de tous les élèves du monde aux mêmes examens (mathématiques, langue d’enseignement, sciences). Les élèves québécois performent très bien dans ces examens. C’est la preuve que notre système d’éducation, malgré tout, a encore beaucoup de forces.

On est chanceux d’être Québécois. Vous êtes chanceux d’être Québécois. Ça, on ne le réalise pas suffisamment parce qu’on est un peuple un peu chialeux par moments. On est très critiques. C’est correct d’être critique, mais il faut aussi s’arrêter et parler un peu du positif. Après avoir dit tout ce qui allait mal, parlons de ce qui va bien. Il faut trouver un équilibre là-dedans. Malgré tous nos grands défis, on a quand même entre les mains une société qui peut nous permettre de faire avancer les choses et d’améliorer notre sort. Croyez-en vous. Dites-vous que vous êtes l’avenir. Moi, en termes d’années, je n’en ai pas mal plus en arrière que j’en ai en avant. Vous, vous en avez beaucoup en avant. C’est incroyable. Pensez-y. Vous avez littéralement la vie devant vous. C’est à vous de décider ce que vous allez en faire. Mais s’il vous plaît, pas de déprime. Oui, c’est triste par moments. Oui, c’est dur. Mais « hey, let’s go ». On se serre les coudes, on avance. Mettez vous en gang et avancez. Ça vous appartient. Je dis ça à mes enfants. Ou plutôt je leur disais ça parce que maintenant, ils sont plutôt grands, ils sont dans la vingtaine. Mais quand ils étaient petits, ils me faisaient une crise. Et ça se finissait parfois en disant : « Écoute, tu es maître de ton destin, tu décides de ce que tu veux. C’est toi qui vas décider de ta vie ». Ça se peut que je fasse un peu pépère ou quétaine, mais ce n’est pas grave.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je trouve ça formidable. Je vais vous dire, le bénévolat est tellement une belle école de vie. J’ai aimé l’école, mais j’aimais plus ce qui se passait à l’extérieur de la classe que ce qu’il y avait dans la classe. J’ai appris beaucoup plus par le parascolaire et en m’engageant dans toutes sortes de « patentes ». Il faut que je fasse attention, je suis le ministre de l’Éducation quand même. (rires) Mais je vais le dire comme ça : on peut apprendre autant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la classe. Quand tu décides de t’engager dans une cause, ce que tu donnes de toi-même est tellement enrichissant. Vous allez apprendre et sortir de là grandis, peu importe la cause pour laquelle vous allez vous engager. Le bénévolat, c’est fantastique. Tu te sens bien. Tu as redonné, tu as aidé, tu vois la différence que tu as fait. Alors le bénévolat, je vous encourage à en faire le plus possible. Vous allez être de meilleures personnes. J’ai beaucoup de défauts, mais je suis devenu une meilleure personne grâce au bénévolat. J’en suis convaincu.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Si tu veux avoir de l’énergie et la santé pour réaliser tes rêves, il faut quand même que tu fasses un peu d’activité physique. Le corps, c’est ton outil. C’est ce qui va te permettre de réaliser tes ambitions. Tu as beau avoir toute la volonté du monde, si ton corps est malade, tu ne pourras pas aller au bout de toi-même. Ça sert à quoi d’avoir des rêves si tu n’as pas l’énergie ou la capacité physique de les réaliser ? Alors l’activité physique, c’est très important. Je prétends qu’un peu comme le bénévolat, le sport est une école de vie. Quand tu fais du sport, tu apprends ce que c’est que de travailler en équipe. Ça reste un concept très important pour réussir dans la vie. Très souvent, tu vas avoir besoin de quelqu’un pour réussir. Cette personne va avoir besoin de toi également. On apprend ça dans le sport. On apprend à s’entraider, travailler en équipe et profiter des forces des uns et des autres pour constituer une seule force. Tu arrives donc à un résultat collectif par l’addition des forces individuelles.

On pourrait me répondre qu’en pratiquant un sport individuel, on n’est pas en équipe. C’est vrai. Mais tu apprends à te mesurer à l’autre et à te dépasser. À gagner et à perdre. C’est plus le fun de gagner, c’est le but du jeu, mais pas à tout prix. Parfois, tu apprends plus par le chemin que tu empruntes que par la victoire ou la défaite. Le sport peut t’apprendre tout ça. Je crois en ça. Tu as de la peine après une défaite, c’est normal. J’ai perdu, moi, c’est arrivé souvent. La vie, c’est aussi ça. Tu perds, tu tombes. Mais tu te relèves. Tu apprends dans la défaite. Pourquoi j’ai perdu ? Pas assez de préparation ? Pas assez en forme ? Pas assez travaillé avant ? Mauvaise stratégie ? Je n’ai pas respecté l’autre ? Finalement, l’adversaire était mieux préparé que moi ? OK, mais la prochaine fois, je vais l’avoir. Alors le sport, c’est nécessaire et très important. Ça fait partie d’un équilibre de vie.

Vous avez dit : « Ça sert à quoi d’avoir des rêves quand on n’a pas l’énergie de les réaliser ? » Je voudrais apporter un sous-point : pour les personnes et surtout les jeunes avec des handicaps ou des maladies chroniques, pour vous ce serait… ?

D’abord, il faut les aider. Mais c’est vrai que si tu es une personne handicapée, tu es très limitée, c’est certain, dans le sens où tu ne peux pas te donner les mêmes objectifs qu’une personne sans handicap. Mais les objectifs que tu vas te donner, propres au monde dans lequel tu vis, vont être à la mesure de tes capacités. On ne peut pas mesurer deux succès de la même façon, surtout si un handicap entre en jeu. Mais ce qui est sûr, c’est que la réussite d’une personne handicapée n’est pas moins grande ou moins valorisante. Voir quelqu’un réussir à atteindre des objectifs qui a priori paraissaient inatteignables à cause d’un handicap, ça peut être incroyablement inspirant. Ça peut donner de l’espoir à la société.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

Moi, j’ai fumé. À un moment, j’ai décidé d’arrêter parce que je nuisais à ma propre santé et je prenais le risque de ne plus avoir les capacités physiques de pouvoir réaliser mes rêves. Le jour où tu réalises ça, tu arrêtes de fumer. Même chose pour la vapoteuse. Je ne juge pas ceux qui fument ou vapotent parce que je suis passé par là. Mais je pense que si tu réfléchis aux conséquences, tu vas te rendre compte qu’au-delà du plaisir immédiat que tu as, tu risques de te priver de moyens pour te permettre de vivre tes rêves et d’aller au bout de ton potentiel. Tu réalises que le plaisir à court terme ne vaut pas les dommages que tu crées sur le moyen et long terme. Ce temps est précieux, c’est parce que tu l’as que tu peux réaliser tes rêves et vivre des moments de bonheur et d’accomplissement. Mais ça vient avec le temps. Il y a des choses que tu ne vois pas quand tu es plus jeune et avec le temps tu t’en rends compte. C’est pour ça qu’il y a des gens qui fument et qui à un moment donné finissent par arrêter.

[1] Union des producteurs agricoles.

[2] Association féministe d’éducation et d’action sociale.

[3] Programme international pour le suivi des acquis des élèves.


Entrevue avec Valérie Bédard, directrice générale chez Orapé

Entrevue avec Valérie Bédard, directrice générale chez ORAPÉ, réalisée par Anabelle Comtois, Noémie Boutin et Anaîs Guévin des Comités 12-18 de Lyster, Ste-Sophie d’Halifax et Villeroy.

Pour commencer, j’aimerais que vous me décriviez votre entreprise.

ORAPÉ est l’organisme de récupération anti-pauvreté de l’Érable. C’est un grand nom, c’est pour ça qu’on utilise ORAPÉ tout court. C’est un organisme sans but lucratif. On a 3 volets différents dans l’organisation, c’est-à-dire que la mission de base, c’est d’offrir des services de soutien pour les gens qui sont à faible revenu, donc des gens qui viennent chercher de l’aide alimentaire quand ils n’ont pas beaucoup de sous à la fin du mois. On a aussi des gens qui viennent ici en programme d’emploi, c’est-à-dire qu’ils ont besoin d’un petit coup de pouce pour retourner sur le marché du travail, donc ils viennent faire un passage chez nous. J’aurais le goût de dire qu’on est un peu un tremplin à ce moment-là. Puis, on a aussi tout le volet ressourcerie. La ressourcerie, c’est quoi ? C’est tout le volet marchand par lequel vous êtes passés tantôt. Ce volet-là plus particulièrement est axé sur la préservation de l’environnement. On récupère des articles que les gens veulent bien nous donner, puis on les recycle, on les revalorise ou on les remet en vente selon les composantes. Mine de rien, l’année passée, c’est quand même 625 tonnes de matières qui ont été récupérées sur le territoire de la MRC de l’Érable. Donc c’est vraiment un beau travail au niveau de l’environnement.

Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ?

En fait, il y en a plusieurs parce qu’on est vraiment diversifiés. C’est sûr qu’il y a les métiers de base, comme moi qui suis gestionnaire ici. J’aurais le goût de dire que mon travail, c’est comme être une petite pieuvre avec beaucoup de pattes. Donc, je m’occupe des finances, des ressources humaines, de la mise en marché etc. Mais on a aussi un ou une réceptionniste selon les besoins. On a des gens qui vont être au démontage, qui est toute la partie où on reçoit le matériel qui n’est pas toujours bon. À ce moment-là, il faut le défaire et le recycler. On a aussi des gens qui vont travailler fort en cuisine, c’est-à-dire des cuisinières (pour le moment, ce sont des femmes qui sont là) et des aides en cuisine. Sinon, je dirais qu’il y a beaucoup de bénévoles aussi. J’aurais le goût de dire que c’est quasiment un métier. Vous en faites du bénévolat, donc vous savez que c’est demandant. Mais c’est tellement un beau milieu de travail ici que ça en est intéressant.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

En fait, chez ORAPÉ, on a plusieurs valeurs différentes, mais je te dirais que la valeur majeure, c’est l’entraide d’abord et avant tout. L’entraide envers les gens, l’environnement et la communauté. On a aussi la valeur du respect qui est très importante pour nous. On côtoie une clientèle variée, c’est-à-dire que les gens qui viennent magasiner ici, c’est monsieur et madame Tout-le-Monde. Si vous avez le goût de magasiner ici, vous avez le droit. Il y a aussi les gens qui viennent pour nos services d’aide, à ce moment-là, il faut avoir un souci particulier pour ces gens-là. Donc, vraiment, l’équipe est sensibilisée au respect. Sinon, l’honnêteté, la responsabilité, la solidarité aussi. Et il y a aussi une valeur qui est super importante pour moi, c’est la transparence. Qu’est-ce que ça veut dire, la transparence ? C’est qu’on a rien à cacher. Quand on a des choses qu’on fait, des bonnes et des moins bonnes, on en parle. On essaie de trouver des solutions en lien avec ça quand ce sont des moins bonnes choses.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

J’aurais le goût de dire que la principale qualité pour un employé qui vient travailler avec nous (parce que ORAPÉ, c’est quand même 19 employés, il y en a qui sont à temps partiel et d’autres à temps plein), c’est la bonne humeur d’abord et avant tout. Je pense que si on n’a pas de plaisir à travailler, à ce moment-là, ça vaut pas la peine de le faire. C’est la principale qualité qu’on recherche. Puis, sinon, évidemment les qualités de base, comme être assidu (être là, être présent quand on en a besoin), la ponctualité et le respect comme on en a parlé tout à l’heure, qui est une qualité super importante pour nous de la part de nos employés. J’aurais le goût de finir en disant qu’on l’oublie des fois, mais la polyvalence, c’est une super qualité qui est nécessaire, surtout ici. Quand tu viens travailler chez ORAPÉ, ce n’est pas comme venir travailler dans un milieu de travail où tu fais exactement la même chose à tous les jours comme sur une chaîne de montage. Si aujourd’hui on a besoin de toi dans le kit de chargement parce qu’il y a un gros arrivage, il faut que tu sois en mesure de venir donner un coup de main. Être polyvalent, c’est d’être capable de faire plusieurs choses en même temps.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ?

Ça fait 20 ans que je suis chez ORAPÉ, c’est la moitié de ma vie mine de rien. (rires) Mais le développement d’ORAPÉ en général me rend hyper fière. Quand je suis arrivée chez ORAPÉ, on était 3 employés. On était situé au centre-ville de Plessisville aussi et on est passés au feu en 2007. Ce qu’il faut savoir, c’est que quand il y a un nouveau service qui se met en place chez ORAPÉ, c’est toujours parce que les gens ont émis un besoin. Ce sont des gens à faible revenu qui viennent chercher de l’aide. Au début, ORAPÉ, c’était juste de la distribution alimentaire, puis au fil du temps, les gens ont dit : « Si je n’ai pas de poêle, si j’ai pas de frigidaire, je fais quoi ? Si je ne sais pas comment faire à manger, je fais quoi ? » Tous les services ont commencé tranquillement comme ça. Sinon, c’est sûr que toute la reconnaissance que ORAPÉ a été capable d’aller chercher au fil du temps, que ce soit auprès de la population ou des décideurs publics (les députés, par exemple), c’est quelque chose de super important. Puis sinon, c’est sûr qu’il y a toujours une super fierté quand on réussit à se démarquer. Par exemple la dernière fois, c’était l’obtention du Prix Développement durable au concours Gala Nova. On est hyper fiers de ça. Je dirais que c’est une reconnaissance à tous les jours.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

Le principal avantage, c’est qu’il n’y a pas de trafic. (rires) En fait, travailler en région, j’aurais le goût de dire que ça n’aurait pas pu être autrement pour moi. Je suis allée à l’école à Sherbrooke, j’ai tenté les grandes villes et tout ça, mais je dirais que le fait de travailler en région, ça permet de faire partie de sa communauté. C’est peut-être moins facile, quand on est dans les grandes villes, de faire partie de projets au-delà de son travail. Les gens qui viennent magasiner ici assez régulièrement, on est presque capables de les appeler par leur nom. Quand on travaille en région, c’est plus facile de développer son réseau. Je dirais que c’est ça, les avantages. Puis évidemment, de partir du travail et d’être rendus chez vous en 5 minutes, ça aussi, c’est plaisant.

Comment se passe une journée de travail pour vous?

Il n’y a rien de pareil. J’aimerais pouvoir te dire que j’ai une journée type, mais je n’en ai pas. J’essaie de planifier ma journée, mais en fait, ça ne fonctionne pas. C’est-à-dire que souvent, je vais commencer par de la paperasse, puis finalement, je suis appelée à aller aider par exemple au déchargement, en cuisine ou sur le plancher. Je dirais que c’est un beau défi, travailler chez ORAPÉ, mais c’est tellement plaisant parce que c’est tout le temps différent.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

J’aurais le goût de dire que la partie de mon travail que j’aime le plus, qui me fait venir à tous les jours et qui m’aide à toujours avoir la flamme de travailler chez ORAPÉ, c’est les gens d’abord et avant tout. Côtoyer des gens qui ont des besoins, qui arrivent ici et qui sont mal pris. Au fil du temps, on apprend à les connaître et ils réussissent à s’en sortir et avoir de belles réalisations. Évidemment, j’aime voir les clients en magasin. Juste de rencontrer des gens comme vous autres, moi ça fait ma journée. C’est ça la partie préférée de mon travail.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

J’aurais le goût de dire que j’espère que quelqu’un d’autre après moi va l’amener ailleurs. Ça voudra dire que ORAPÉ aura réussi à continuer à se développer. La seule réponse que j’aurais à te donner, c’est que le développement se poursuive selon les besoins des gens et de la communauté.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

Juste pour faire partie de quelque chose de plus grand que soi, j’aurais envie de dire. Ça fait peut‑être un peu prétentieux, mais je dis souvent que travailler pour ORAPÉ, c’est une mission en soi, une vocation en quelque sorte. Voir quelque chose se développer et avoir la possibilité de faire partie de quelque chose, c’est pas mal la raison pour laquelle on devrait travailler chez nous. Puis sinon, parce qu’on travaille pour l’environnement et les gens et qu’on a beaucoup de plaisir à le faire.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Beaucoup de choses et je pourrais vous en parler pendant 1 heure, mais je pense que vous n’avez pas le temps. (rires) En fait, ce qui m’inspire dans la vie, c’est les petits gestes au quotidien que les gens peuvent faire. Vous regardez probablement des TikTok et compagnie, mais des fois on voit des belles patentes, du genre quelqu’un qui va donner un coup de main à quelqu’un qui est tombé ou qui a échappé quelque chose. Des petits gestes comme ça. Ça n’a pas besoin d’être hyper flamboyant. Vraiment quelqu’un qui a la main tendue et qui aide son prochain, je dirais que c’est ça qui m’inspire dans la vie. Sinon, étant une femme, je dirais que toutes les femmes qui ont réussi à se démarquer dans la vie m’inspirent beaucoup aussi. Ici, au Québec, ça peut paraître un peu drôle, mais Monique Leroux, qui était la présidente-directrice générale de Desjardins, a été la première femme à occuper ce poste-là et ça m’a inspiré beaucoup. Sinon, du côté des États-Unis, Michelle Obama m’inspire beaucoup de par la prestance qu’elle a et la femme qu’elle est. Et puis, on ne se le cachera pas, étant une femme d’une autre culture qui a réussi à faire ce qu’elle fait, c’est vraiment hyper inspirant.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

La persévérance scolaire, pour moi, en fait, c’est de garder l’objectif de l’atteinte de son diplôme malgré les difficultés académiques. On sait que ce n’est pas toujours facile d’y arriver. Pour certains, c’est plus facile, pour d’autres, c’est plus difficile. Mais j’aurais le goût de dire que c’est de se surpasser selon ses capacités pour finalement atteindre son objectif final ultime.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Le message que j’ai le goût de lancer aux jeunes de la région, c’est de se faire confiance, d’oser et de rêver. En fait, j’aurais aimé ça pouvoir dire à la petite Valérie de 12, 13, 14 ans de se faire confiance et d’oser dans la vie, qu’elle va voir que tout va bien aller. Je pense que j’ai le goût de transmettre le même message. Osez rêver. Faites-vous confiance.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Vous êtes tellement une belle richesse et vous en avez pas conscience. En fait, vous êtes les citoyens et citoyennes de demain ! Le fait de vous impliquer bénévolement, ça démontre que vous avez de l’intérêt envers votre communauté et je pense que quelque part, c’est ça qui est important. La communauté, ça le dit, ce n’est pas un individu, c’est une communauté. Donc, je pense que s’impliquer bénévolement, ça démontre qu’on a envie de faire plus quand on va être rendu éventuellement sur le marché du travail et à l’âge adulte.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

J’ai le goût de vous dire que je suis plus dans le mode sédentaire, c’est-à-dire que je ne suis pas quelqu’un de très sportif dans la vie. Je voudrais en faire plus, mais je dirais que le sport que j’ai choisi, si on peut appeler ça un sport, c’est la marche tout simplement. Ça me permet de me ventiler. Je fais ça le matin très tôt. À cinq heures et quart, je suis sur la route à faire ma petite marche. Ça me permet de partir ma journée, de ventiler mes idées, juste faire le vide et prendre le temps de contempler le lever du soleil et d’écouter les oiseaux. Tantôt, tu me demandais ce qui m’inspirait, tout ça m’inspire pour partir ma journée et me dire : « OK, on charge ».

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

En fait, je ne fume pas et j’ai jamais fumé. C’est sûr que je considère que c’est une relation qui est malsaine à la base. J’aurais le goût de vous dire de prendre votre argent pour faire autre chose, quelque chose pour vous autres et qui va perdurer dans le temps. Parce qu’on s’entend que la cigarette, c’est sur le moment et après ça, tu n’as plus rien qui reste à toi. J’aurais aimé ça que dans la vie, ça n’existe pas, mais bon, c’est comme ça. Je suis un peu radicale, mais voilà.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

En fait, pour cette question-là, j’ai fait un peu de recherche parce que c’est sûr qu’il y a 2 côtés à la médaille. C’est positif parce qu’à tout le moins, maintenant, ceux qui s’en procurent dans les SQDC savent exactement ce qu’ils vont consommer. Alors que dans la rue, on le sait pas trop, ça a pu avoir été mixé avec d’autres choses. Donc, au moins, ils savent ce qu’il y a dedans à la SQDC, ça peut être un aspect positif. Compte tenu que c’est légal, je présume aussi que le système de justice est peut-être un peu moins engorgé. Les gens qui avaient été inculpés pour possession ou peu importe ne sont plus dans le système judiciaire. Donc, les personnes qui les défendaient ont probablement le temps de passer à autre chose, peut-être à des causes sur lesquelles ils ne faisaient que passer rapidement autrefois. Sinon, parmi les effets négatifs de la légalisation, c’est que les jeunes peuvent y avoir plus facilement accès. Comme l’alcool, le fait que ce soit légal, j’imagine qu’il y en a qui conduisent sous l’effet du cannabis et ça fait partie des effets négatifs. On ne se le cachera pas, ça les rend dangereux et pour eux et pour les gens autour. On conduit souvent pour les autres, alors si on n’est pas en mesure de conduire de façon adéquate, on peut se blesser et blesser les autres. Je pense que ce n’est pas nécessairement positif.


Entrevue avec Paul St-Pierre Plamondon, Chef du Parti Québécois

Entrevue avec Paul St-Pierre Plamondon, Chef du Parti Québécois, réalisée par Juliette Léveillée, Éléonore Guévin-Roy, Noémie Boutin, Ève Rioux et Marie-Pierre Beaudet des Comités 12-18 de L’Avenir, de Tingwick et de Ste-Sophie d’Halifax

Comment étiez-vous à l’adolescence ?

J’étais un ado sportif et à mon affaire. Je pense que j’étais plus rebelle enfant qu’ado. Je mettais beaucoup de temps à jouer au football, au tennis et au ballon sur glace (qui est moins populaire aujourd’hui). Autrement dit, j’étais assez tranquille.

Dans quel milieu familial avez-vous grandi ?

Mes parents étaient divorcés. J’avais des « quarts » de frères et des « quarts » de sœurs. On appelait ça comme ça parce qu’on était une famille reconstituée et qu’on n’avait pas de parents communs. On se considérait comme des frères et des sœurs, donc on a inventé le concept de « quart de ».

Quel est votre parcours scolaire ?

J’ai étudié un an au Danemark dans l’équivalent d’un cégep où j’ai appris le danois. J’ai fait mon droit à l’Université McGill, puis j’ai fait une maîtrise à l’Université d’Oxford en gestion.

Quel a été votre premier emploi payant ?

J’étais pelleteur de sauce barbecue chez les usines Berthelet de sauces St-Hubert Barbecue.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à faire de la politique ?

J’ai commencé par la commenter et par m’intéresser à certains enjeux. Quand j’étais avocat, j’ai lutté contre la corruption tant ici qu’en Bolivie notamment. Plus on s’implique, plus on a envie d’aller à la source des enjeux, là où les décisions se prennent. On a l’espoir de corriger certaines choses et d’améliorer un peu la société. C’est donc en s’impliquant que la politique apparaît comme un choix logique, du moins dans mon cas. Je n’avais pas d’envie pressante d’aller en politique par contre.

Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce parti ?

C’est un parti démocratique qui défend les Québécois en leur laissant la parole sur ce qu’on devrait faire. C’est voté en bonne et due forme, contrairement à d’autres partis qui sont l’œuvre d’une personne ou de quelques personnes qui décident de tout et disent aux autres quoi faire. Cette démocratie amène le Parti Québécois à penser qu’on doit vivre dans une société juste où il y a le moins d’inégalités possibles. On doit vivre dans une société libre où on a notre propre pays et où on peut influencer le reste de la planète positivement.

Y a-t-il des projets ou des réalisations de votre parti dont vous êtes particulièrement fier ?

Il y en a plein. Le Parti Québécois est le parti de plein de réformes. La protection des terres agricoles, la protection de la jeunesse, la protection du consommateur, la protection du français évidemment avec la Loi 101 et bien d’autres. C’est un parti qui a à cœur de rendre la société québécoise plus juste et très différente du reste de l’Amérique du Nord. On s’inscrit dans cette tradition. Par exemple, on a beaucoup contribué plus récemment aux CPE, une invention de notre cru.

Quel est le plus gros risque que vous avez pris dans votre carrière ?

J’en ai tellement pris. (rires) En 2016, j’ai fait une première course à la chefferie du Parti Québécois alors que les intentions de vote n’étaient pas du tout en ma faveur. Les chances pour que je l’emporte oscillaient entre zéro et un. En 2022, j’ai pris part à la course à la chefferie pour une seconde fois. J’ai fini par la gagner, mais au départ, les sondages estimaient que j’étais le candidat le moins populaire. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas faire de la politique en fonction de calculs de risque. On est condamné à faire des choses qu’on va regretter. Il faut déterminer ce qui nous motive et ce qu’on pense qui doit être fait, indépendamment des sondages et des probabilités.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

La campagne électorale. C’est en campagne électorale que tu proposes à la population des choses. La population t’écoute et se demande : « Est-ce que je prendrais cette proposition ? » Alors qu’au quotidien de la politique, ce sont des tomates qui s’envoient dans toutes les directions. C’est plus difficile d’avoir de l’espace pour amener des nouvelles idées. On réussit des fois à le faire, mais beaucoup moins qu’en campagne où le ton est plus propice à l’écoute et l’échange.

Si vous étiez premier ministre, que changeriez-vous ?

Le Québec deviendrait un pays, ce qui n’est pas mineur. Ça veut dire qu’on arrêterait de donner de l’argent en impôt aux sables bitumineux de l’Alberta. On ferait des choix responsables sur le plan environnemental à même notre propre budget au lieu de se faire imposer un agenda anti-environnemental par Ottawa. Tout ce qui touche à la protection de la jeunesse et à la réduction des inégalités sociales, notamment sur le logement, changerait beaucoup.

Quelle importance accordez-vous à l’environnement ?

Comme je viens de dire, c’est l’une des questions les plus structurantes et les plus urgentes de notre époque. C’est difficile d’avancer sur cette question si tu n’as pas le pouvoir de décider et que la moitié de tes impôts s’en vont à un autre palier de gouvernement qu’on peut qualifier de « pétrogouvernement ». C’est-à-dire que le gouvernement du Canada est tellement infiltré par les lobbies du gaz et du pétrole que quand ils vont à la conférence sur le climat (COP) , les gens qu’ils invitent avec eux sont les gazières et les pétrolières. Je pense qu’on ne devrait absolument pas envoyer notre argent dans ça. On devrait investir dans des énergies renouvelables, vertes. Ça aurait dû être déjà fait il y a dix, quinze, vingt-cinq ans. On est en retard déjà. Ultimement, il faut que les gens votent en conséquence. Des fois, les gens ne veulent pas voir. Ils veulent une partie du résultat, mais ils ne veulent pas faire tous les changements pour être cohérents. C’est ça ma mission dans les prochaines années. Convaincre qu’en devenant un pays, on va cesser de faire des choix stupides sur le plan environnemental. On va se faire confiance et faire des choix responsables qui vont changer la donne tant au Québec qu’ailleurs. Je pense qu’on va devenir des diplomates environnementaux pour influencer tous les pays.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

La persévérance scolaire, c’est la clé d’une société qui va bien. Si les gens ne sont pas scolarisés et ne persévèrent pas, tu as plus de problèmes sociaux et plus de richesse à répartir. Pour un gouvernement, ça devient beaucoup plus difficile. C’est un peu la fondation d’une société, l’éducation. C’est sûr que la pandémie a donné un coup dur à toute une génération qui a été déconnectée et on pourrait même dire désocialisée d’une certaine manière. Il faut y remédier pour être certain que chaque jeune a les outils pour se faire une vie qui est à la hauteur de ses aspirations.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Si on ne rêve pas quand on est jeune, on ne rêvera jamais. Mais pour rêver correctement, c’est-à-dire se donner des objectifs qui ont le potentiel d’influencer positivement la société, on ne peut pas s’en remettre aux médias sociaux et à la propagande. La propagande, ce n’est pas de l’information, c’est de la publicité ou des messages mensongers pour influencer l’opinion des gens. Malheureusement, les technologies ont évolué de sorte qu’il y a des gens (de toutes les générations, soit dit en passant) qui se satisfont de ce qu’ils ramassent sur Instagram ou TikTok. Mais ce ne sont pas des sources d’information fiables. C’est donc la responsabilité de chacun de se tenir au courant de ce qui se passe avec une diversité de médias connus, qui offrent des garanties de crédibilité. C’est un devoir essentiel si on veut participer à la société après. La désinformation me semble être un des gros défis qu’on aura dans les prochaines années.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je ne peux pas être contre ça. (rires) Surtout quand on commence entre douze ans et dix-huit ans. Déjà, de vous impliquer pour une cause sociale ou politique, à l’échelle municipale ou provinciale, ça vous distingue de beaucoup d’autres jeunes. Ça vous prépare à des choses intéressantes. Plus on s’implique, plus on apprend. Il n’y a pas que l’école standard pour apprendre dans la vie et progresser. Moi, je suis évidemment en faveur de toutes les implications de cette nature.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Dans ma vie à moi, si je ne fais pas d’activité physique, je ne dors pas, je prends du poids et mon visage grossit. (rires) Pour faire quelque chose d’exigeant comme les études, on ne peut pas négliger l’équilibre entre son corps et son esprit. Les philosophes grecs disaient ça : « Un esprit sain dans un corps sain ». Ça a toujours existé. On ne peut pas négliger l’exercice et le sport, sans quoi le reste commence à être compliqué. C’est mieux de prendre l’habitude jeune. Moi, j’ai commencé à m’entraîner dès l’âge de dix ans, je jouais au tennis régulièrement. Depuis, je n’ai pas arrêté de faire du sport, sauf si j’étais blessé, et j’ai 46 ans aujourd’hui.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et/ou la vapoteuse ?

Respecter les différences, c’est aussi respecter les choix des autres. Inutile d’être agressif avec ceux qui vapotent. Mais est-ce que c’est une bonne idée de vapoter ? La réponse est non. Je pense que chacun devrait se demander ce que ça lui donne de vapoter. Si ton gang t’exclut si tu ne fais pas comme eux, qu’est-ce que ça dit sur le lien que vous avez ? En plus, c’est lié à des maladies pulmonaires qu’on ne s’explique pas. Ce n’est pas comme la cigarette, mais il y a certaines maladies assez étranges qui apparaissent après un certain nombre d’années de vapotage. C’est comme n’importe quelle substance inutile et nocive. Quand tu commences, la question à te poser est : pourquoi tu le fais? Donc, ce serait fou de commencer.


Entrevue avec Annie McMahon, propriétaire de Chopper Burger, un «food truck» situé à Saint-Rosaire

Entrevue avec Annie McMahon, propriétaire de Chopper Burger, réalisée par Marika Rochefort et Mary-Shaw Bellavance du Comité 12-18 de Saint-Rosaire.

Décrivez-nous votre entreprise. 

C’est un « food truck » que j’ai débuté, comme ça sur un coup de tête, à la suite d’un accident de travail. Il fallait alors que je me trouve un travail. En tant que cuisinière, j’ai trouvé ce petit trésor, puis j’ai décidé de l’acquérir. Je fais de la nourriture maison que le monde préfère avant tout. Mon but c’est de satisfaire et nourrir le monde, les rendre heureux pendant un instant.  

Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ? 

On peut retrouver beaucoup de métiers. On peut passer de la gestion du matériel jusqu’à la caisse enregistreuse. On cuisine bien entendu. Dans le fond, dans mon entreprise, tout le monde fait tout. Si on est deux, on se partage les tâches. Il faut être un peu polyvalent. Ce n’est pas compliqué quand même. On va à la plonge, on fait un peu de caisse, on fait du remplissage, on prépare la nourriture.  

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ? 

Ce que je veux, c’est que les gens soient satisfaits quand ils viennent, autant du repas que de l’expérience d’avoir mangé à l’extérieur et profité de la nature. Je veux rendre les choses belles et accueillantes.  

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ? 

La rapidité. Être jovial, courtois et souriant. Aimer les gens, c’est l’une des premières choses que je recherche. Le but c’est de les rendre familiers avec nous. Comme ça, c’est plaisant pour tout le monde. 

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ? 

Gagner une entrevue avec vous ? (rires) Je suis fière de ce qu’on a accompli, moi et mon conjoint. Tous les agrandissements. Faire nos tables de pique-nique nous-mêmes, les peinturer. L’accomplissement personnel d’avoir fait tout ça et que le monde aime ça. Ils sont intéressés à venir nous voir et ça, c’est très valorisant.  

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ? 

Je ne sais pas si c’est le bon mot, mais c’est la familiarité qui me vient en tête. Parce qu’en région, souvent, on voit les mêmes gens et on devient ami avec eux. On développe une connexion avec eux. On jase, on rit, c’est plaisant.  

Comment se passe une journée de travail pour vous ? 

Au Chopper, ça peut aller vite comme ça peut être tranquille. On reçoit beaucoup de monde alors il faut être de bonne humeur. Mais quand on aime notre emploi, on est de bonne humeur naturellement. Il faut être assidu, attentif à nos commandes pour que les choses se déroulent bien et que le monde reçoive leur commande comme ils le veulent. Je vais aussi préparer mes recettes maison, comme ma sauce à spaghetti et mon poulet pour mes pitas.  

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez? 

Je dirais encore là d’être entourée de tout ce monde-là qui vient nous voir. Ça, j’adore ça. J’adore cuisiner aussi. J’ai fait mon cours en cuisine et ça fait des années que je pratique.  

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ? 

J’ai déjà pensé au « Chopper 2.0 » qui se déplacerait un peu partout. J’ai beaucoup d’appels pour aller dans des usines, des fêtes familiales et divers événements. On voudrait préparer quelque chose qui nous permettrait d’étendre le nom du « Chopper ».  

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ? 

Le plaisir. La joie de travailler ensemble. J’adore qu’on travaille tous en équipe. Il n’y en a pas un qui est plus haut que l’autre. J’ai un grand respect pour les employés. On travaille en s’amusant aussi. Et on apprend les uns des autres. Des fois, je donne des petits trucs que moi-même j’ai appris dans le passé. Je pense que les employés sont contents.  

Qu’est-ce qui vous fascine le plus dans la vie ?  

Les gens. Ce que j’aime le plus, c’est d’être entourée de bonnes personnes. De faire des projets comme le « food truck ». De tout le temps l’améliorer. Chaque année il y a quelque chose de nouveau. L’année passée, c’étaient les burritos. Cette année, ce sont les pizzas. J’aime faire évoluer la minientreprise.  

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?  

C’est très important. Premièrement, on apprend plein de choses, c’est sûr et certain. Puis, plus qu’on avance en école, qu’on choisit son métier, on choisit autrement dit son avenir. On choisit la voie qui va nous amener au chemin pas plus facile, mais plus agréable dans notre tête. C’est plaisant parce que si tu as étudié pour être cuisinier par exemple, tu as plein de portes ouvertes partout. C’est comme ça pour chaque métier. C’est très important, l’école.  

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ? 

De continuer à vouloir s’investir comme vous le faites. D’oser venir travailler au « truck » ou rendre des services. Ou juste vous, les 12-18, c’est merveilleux ce que vous faites.  

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ? 

Je trouve ça plaisant parce ça donne des expériences de travail, mais aussi des expériences personnelles. Même si c’est juste du gardiennage d’enfants, tout ce qu’on fait, c’est bon. On peut le mettre dans son CV ou le mentionner lors d’une entrevue pour un emploi. C’est toujours apprécié de voir que les jeunes, et même les personnes en général, font du bénévolat.  

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ? 

C’est tellement important d’être en forme et de continuer de l’être tout le long de notre vie. Des fois, en vieillissant, on a des petites courbatures qu’on n’aurait peut-être pas si on avait fait plus d’exercice ou fait plus attention. C’est important aussi pour sa santé mentale, pour voir le positif.  

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?  

Le positif, j’irais peut-être dans le médical. Il y a beaucoup de personnes qui ont des douleurs ou des maux et le cannabis, ça peut être prescrit par ton médecin sous différentes formes. Sur ce côté-là, je trouve ça correct. Là où je trouve ça moins correct, c’est quand on est jeune, on peut en abuser. Ça peut nous faire faire des erreurs dans nos travaux. On peut aussi tomber « addict » à ça dès qu’on est jeune et ça peut empirer en vieillissant. Ça peut jouer sur tes poumons et ta santé mentale parce que ce n’est pas tout le monde qui va tolérer la même chose.  

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ? 

En tant qu’ancienne fumeuse, je conseillerais de ne pas fumer. Mais chaque personne fait ses propres expériences. Moi, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup de personnes qui commencent à fumer avec la vapoteuse. Ensuite, ils passent à la cigarette. J’en connais que c’est comme ça. J’ai posé la question aussi. En plus, les vapoteuses, on entend plein de choses. Des fois, ça peut exploser. Des fois, le liquide qui est à l’intérieur peut nous empoisonner. Et puis, c’est une autre addiction qui coûte très cher à ton portefeuille et â ta santé. C’est ennuyant de toujours penser à ta prochaine « puff. » Ça va être quand ? Est-ce que j’ai oublié mes cigarettes ou ma vapoteuse ? C’est comme si on devenait esclave de ça, comme si c’était un deuxième téléphone.  


Entrevue avec Sara Dufour, auteure-compositrice-interprète.

Entrevue avec Sara Dufour, auteure-compositrice-interprète, réalisée par Léanne Landry, Genevieve Duclos, Eliam Matteau, Sophie Beaulieu et Jade Fortier des Comités 12-18 de St-Pierre-Baptiste, Inverness et Villeroy.

Quelle genre d’adolescente étais-tu? 

Premièrement, je n’ai pas fait de crise d’adolescence comme plusieurs jeunes font. Ma sœur en a fait une. Moi, je me décrirais plus comme étant une aventurière tripeuse. Je recherchais beaucoup le « fun ». À l’adolescence, j’ai fait énormément de pouce. Je voyageais beaucoup sur l’autostop comme on dit. Quand je manquais mon autobus, je partais à l’école sur le pouce. À 15 ans, je suis partie sur le pouce à Montréal avec une de mes amies pour aller voir des shows de punk à l’île Sainte-Hélène. Je ne l’ai pas dit à ma mère. Je disais tout à ma mère, mais trois mois plus tard. (rires) Après ça, je me rappelle avoir un « packsack » sur le dos et je me promenais. On veillait tard, on se levait tard, l’été surtout. Je me rappelle qu’avec deux piastres, on était vraiment heureuses. On allait s’acheter deux piastres de frites chez Noël avec une montagne de ketchup. On se disait : « La vie est belle. » C’était ça mon adolescence. C’était l’aventure. Je rêvais énormément d’aventures, encore aujourd’hui d’ailleurs. J’ai fait un peu de « skate ». J’ai fait beaucoup d’improvisation, ça a fait une grosse différence dans ma vie. J’ai été dans les cadets de l’air. J’ai commencé à jouer de la guitare à l’adolescence aussi. Je pense que ça fait le tour.  

Il y a beaucoup de visuels et d’accessoires jaunes dans tes spectacles et ton image de marque. Est-ce qu’il y a une histoire derrière ce choix de couleur? 

C’est vrai que j’ai une belle relation avec la couleur jaune. On pourrait probablement dire que ça part du fait que je suis une tripeuse de Skidoo dans la vie et la couleur d’un Skidoo, c’est jaune. D’aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours aimé cette couleur-là. Quand j’ai commencé à faire de la musique, j’avais une gourde Skidoo. Elle était noire et il était écrit Skidoo en jaune. Je niaisais tout le temps, je disais toujours en spectacle qu’à chaque fois que je dis « Skidoo », Skidoo me donne une piastre. Après ça, la couleur jaune est restée. Quand sont venus les produits dérivés, la première affaire que j’ai fait, c’est un t-shirt et le dessin que j’avais fait faire était jaune. Après ça, ma gourde jaune, mes bas jaunes, ma teinture jaune… J’ai souvent un accessoire jaune sur mon corps ou même en spectacle, mon micro est jaune. Je trouve que c’est une couleur vivante, joyeuse et remplie de surprises. (rires)  

À part le Skidoo et le motocross, as-tu un passe-temps ou un loisir quand tu n’es pas en spectacle? 

Le motocross, je m’en étais acheté un. Mais honnêtement, j’ai plus grandi avec des quatre-roues, alors je l’ai vendu quelques années plus tard. J’ai encore mon quatre-roues et mon Skidoo chez nous. J’aime ça aller me promener avec mon chien dans les bleuetières en quatre-roues. Lui, il court à côté. Je te dirais que ce n’est pas mal de cette façon-là que je décroche quand je ne suis pas en spectacle, que je ne suis pas dans le tourbillon d’être sur la route tout le temps. Quand j’arrive chez nous, bien souvent, je passe à l’épicerie et après, je ne sors plus jusqu’à ce que je reparte. Je m’isole un peu pour promener mon chien, aller prendre des marches. Après ça, j’ai beaucoup trippé sur le karting dans ma vie. Si je n’avais pas été chanteuse, j’aurais aimé ça être une professionnelle du karting. Faire des compétitions et devenir une pro. La vie m’a amenée ailleurs, mais j’ai toujours aimé faire du karting. À part le quatre-roues, j’aime faire des casse-têtes. Mais c’est rare que j’en fais parce que quand j’en commence un, il faut que je le finisse. Des fois, si je commence, je suis plus capable d’arrêter. Alors je ne fais pas grand-chose d’autre dans ce temps-là. (rires) Mais l’hiver, je vais faire un casse-tête.  

Quels sont les moments qui ont eu un impact important et qui t’ont motivée à continuer ta carrière? 

Il y a des décisions qu’on prend dans la vie qu’on sent qu’elles vont avoir un impact et un changement. Moi, c’est quand j’ai découvert l’École nationale de la chanson, qui est une école spécialisée pour les auteurs-compositeurs-interprètes, située à Granby. Ça dure un an intensif. C’est une attestation d’études collégiales. Quand j’ai découvert ça, c’était pour moi une révélation si on peut dire. J’avais toujours eu une petite voix à l’intérieur de moi qui me disait de faire quelque chose de poussé, mais je ne savais pas quel chemin prendre. Quand j’ai découvert ça, j’ai été cherché plus d’informations et la vie a fait en sorte que quand je suis rentrée là, ça a vraiment changé ma vie. Cette décision-là, ça a vraiment été le point tournant. À la suite de ça, j’ai pris la décision de plonger la tête la première dans cette passion-là, dans ce rêve-là, dans ces objectifs-là. Je suis repartie à zéro dans la plupart des sphères de ma vie au niveau du travail, des relations et tout ça. J’ai tout mis mon énergie dans la musique, pour l’amour que j’avais pour ça. Finalement, aujourd’hui ça fait onze ans que je suis sortie de l’École nationale de la chanson et ça fait onze ans que chaque année, c’est ma plus grosse année. C’est un beau parcours.  

Comment les gens ont réagi à l’annonce de la carrière que tu voulais faire? 

Ma mère, vraiment bien. Mes frères et sœurs aussi. Mes parents se sont séparés quand j’avais sept ou huit ans. Mon père n’a pas été super présent. Je l’ai appelé pour voir s’il pouvait m’aider financièrement parce que je n’allais pas travailler pendant un an. Je lui ai demandé s’il pouvait payer ma chambre, il m’a dit non. (rires) On a raccroché. Il m’a rappelé disant : « Ça veut dire quoi, ça, aller dans la chanson ? » Je lui ai dit que ça me donnait une attestation collégiale en chanson. Mon père aime ça, les beaux diplômes, mais là, c’était juste un diplôme en chanson. Finalement, il m’a dit oui. Peut-être à reculons, mais je pense qu’aujourd’hui, il est vraiment fier de voir que le petit apport qu’il a mis, ça fait une grande différence. Sinon, je te dirais que le reste du monde était en accord avec mon choix. Sauf mon père. Mais maintenant, il est fier. (rires)  

 Quel parcours as-tu effectué pour faire le métier que tu fais aujourd’hui? 

Je dirais que le début a été de prendre des cours de guitare, sans savoir que c’est ce que je ferais dans la vie. Jusqu’à ce que je découvre l’École Nationale de la chanson et c’est là que ma vie a changé à 180 degrés je dirais. À cette école là on t’apprend tout pour être capable de voler de nos propres ailes. Que ce soit au niveau de la gestion de la carrière artistique, de la création, de l’histoire de la chanson, du chant, des techniques vocales et j’en passe. Quand je suis sortie de l’école, il nous fallait des objectifs à court, moyen et long terme. Quand j’ai commencé, mon but était de faire 10 spectacles par années, ce qui équivaut à un peu moins d’un spectacle par mois. 11 ans plus tard, l’an dernier j’en ai fait 55 en 4 mois, on peut voir que les objectifs ont changé, ça évolué beaucoup. Mon début de parcours a été beaucoup dans les concours partout au Québec. Ceux-ci permettent de baigner dans ce milieu-là, tu rencontres des amis, tu tisses des liens, tu te fais des contacts, tu apprends beaucoup aussi. J’ai fait beaucoup de formations sur plein de trucs en lien avec la musique parce que c’est un milieu complexe (droits d’auteur, droits d’édition, droits mécaniques etc.). Ensuite je voulais un mini album pour jouer dans les festivals, puis j’ai fait 2 albums. Je vais sortir mon 3e album à l’automne. 

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui voudraient aller dans le domaine de la musique? 

Une des choses les plus importante, je dirais, serait de rester soi-même, de ne pas essayer d’être quelqu’un d’autre. Nous sommes tous uniques et souvent, ce qu’on pense qui est étrange chez nous, deviendra souvent notre force. Comme moi au début je trouvais ça bizarre de voir que j’écrivais comme je parlais, je me comparais à la façon de parler des autres. Quelques années plus tard, je réalise que c’est finalement une de mes forces, je pense. De croire en ses rêves, avoir un rêve c’est quelque chose mais de faire les premiers pas dans sa direction, amènera toujours un autre pas qui permet de tracer le parcours. Finalement c’est d’avoir du plaisir.  

Tu as écrit un de tes albums dans ton chalet dans le bois, où as-tu écris ton nouvel album? 

Cet album-là, j’avais comme objectif de l’écrire au lac Saint-Jean et sur cet abum là, on entend vraiment mon retour en région parce que je devais aller passer un hiver là mais finalement je suis retournée là, je me suis acheté une maison. J’habite là depuis 2 ans et demi, il y a des chansons que j’ai écrit en prenant une marche, d’autre dans la nuit, d’autres à la table du chalet où je passais l’hiver, il y en a que j’ai écrit dans la maison que je me suis achetée et ça s’entend sur l’album. 

Quel sujet n’as-tu pas abordé dans tes chansons, que tu aimerais aborder dans le futur? 

J’ai commencé à l’aborder un peu dans mes chansons, mes chansons sont souvent collées sur ce que je vis, au quotidien. J’aimerais être capable d’écrire une chanson en me sortant en racontant l’histoire de quelqu’un d’autre, avec la voix de quelqu’un d’autre. Être moins au ‘’je’’ c’est un défi auquel je pense depuis quelques années déjà.  

Dans tes vidéoclips, on peut voir un aperçu de tes talents de comédienne. Aurais-tu aimé continuer cette voie après Watatatow?  

Oui, j’aurais aimé ça. Quand j’ai commencé à faire de l’improvisation à 13 ans, j’ai eu le désir en même temps de devenir comédienne. J’aimais tout ce qui touchait le domaine des arts au secondaire. Après ça, Watatatow est arrivé. Quand ça s’est terminé, j’ai quand même essayé de continuer dans ça et c’est là que la musique a pris plus de place si on peut dire. Mais oui, j’ai essayé un peu. J’ai fait de la figuration dans quelques films, j’ai fait des émissions et tout ça. Mais je me suis vraiment concentrée sur la musique. J’ai vraiment aimé ça de jouer des rôles dans mes clips. Ce n’est pas quelque chose que j’exclus dans ma vie plus tard. 

Tu fais maintenant une chronique à la radio chaque semaine. Est-ce que faire de la radio faisait partie de tes rêves ? Aimes-tu l’expérience ? 

Je n’avais pas comme rêve de faire de la radio, mais c’était dans ma tête parce que j’aime ça toucher à tout. J’aime ça apprendre et découvrir de nouvelles choses et je m’étais dit peut-être que plus tard j’aimerais ça toucher à ça. Je ne pensais pas que ça allait venir vite comme ça dans ma vie. On m’a approchée pour me proposer des vendredis à CKOI et j’étais là : « C’est une belle offre que j’ai de la misère à refuser ». Pour répondre à ta question, ce n’était pas un rêve, mais c’est quelque chose e je me plais vraiment à découvrir. En fait, ça me fait vraiment sortir de ma zone de confort. Je trouve que quand on sort de notre zone de confort, on grandit en tant que personne. C’est un peu ça que je vais chercher en ce moment.  

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique dans la vie de tous les jours ? 

Une grande importance. Je pense que plus on vieillit, plus c’est important de se garder en forme. Je le vois parce que je fais des spectacles et c’est important de se garder en forme pour le souffle et essayer de livrer. Je suis quelqu’un qui bouge beaucoup en spectacle et j’essaie chaque jour de faire un peu d’exercice. Ce n’est pas toujours facile quand on est tout le temps en déplacement. J’aimerais pour le restant de mes jours essayer de garder l’activité physique présente dans ma vie. Je pense que c’est une clé pour une bonne santé, un bon mental et un équilibre de vie. 

Que penses tu du fait que des jeunes comme nous s’impliquent bénévolement dans leur municipalité? 

Je trouve ça merveilleux et vraiment beau de voir ça parce que j’ai l’impression que même quand j’étais jeune, je ne me rappelle pas avoir vu quelque chose comme ça. Je trouve ça « hot ». J’ai l’impression qu’on dit souvent que les jeunes sont sur leur cellulaire et qu’ils ne font rien. Mais là, je trouve que c’est tout le contraire que je vois. Je trouve ça magnifique de vous voir et de pouvoir participer à ça avec toi. Je vois que c’est plein d’avenir pour le futur. 

Pour toi, la persévérance scolaire, c’est quoi?  

Pour moi, c’est quand ça devient difficile. Je suis passée par là, autour de mon secondaire 4 environ. J’étais démotivée complètement de l’école, j’avais même pensé lâcher l’école. J’arrivais en retard à mes cours, je dormais pour mes examens. J’étais complètement déconnectée. Par contre, j’ai toujours eu une petite voix à l’intérieur de moi qui me disait de ne pas lâcher. Je me suis accroché à cette petite voix-là. Je ne savais pas pourquoi, mais je me suis dit : « Je vais l’écouter parce que je pense que le « feeling » et l’intuition qu’on a à l’intérieur de nous, c’est parfois notre meilleur conseiller ». Avec les années, j’ai vu que c’était vrai. J’ai décidé de poursuivre et de finir mon secondaire 5. Quand je l’ai fini, je n’avais pas les mathématiques nécessaires pour aller au cégep. Je me disais : « Bof, de toute façon, je ne vais pas aller au cégep ». Mais j’avais encore cette petite voix-là qui m’a dit : « Tu devrais finir tes affaires et après, on en parlera plus ». Je suis allée m’inscrire à une école qui était semi-adulte, pour les jeunes de 16, 17 ou 18 ans. Je suis allée finir mes maths. Honnêtement, j’ai déjà eu 1 % dans un examen de maths. Donc, ça m’a pris du courage, de la persévérance et de la détermination pour aller m’inscrire et de me dire que je vais aller à mon rythme pour finir mes mathématiques. J’ai toujours été motivée en commençant une année scolaire, mais je suis quelqu’un qui est beaucoup dans la lune. Dans une classe de 32 élèves comme c’était, ce n’était pas long avant que je parte dans la lune et que je manque la formule d’algèbre. Pendant l’année où j’ai fini mes maths, j’allais à mon rythme, mon prof m’a aidée aussi. J’ai terminé mes maths de secondaire 5 avec 95 %. Je pensais que j’étais nulle, mais finalement ce n’est pas que j’étais nulle, c’est juste que je ne cadrais pas dans cette façon de faire-là. Ça m’a beaucoup encouragée, mais je ne savais pas encore pourquoi j’avais fini mes maths. Je ne voulais pas y aller au cégep. C’est dix ans plus tard, quand j’ai découvert l’École nationale de la chanson, qui est l’équivalent d’un Cégep, que j’ai vu que j’avais besoin de mes maths de secondaire 5. Là, j’étais vraiment contente de les avoir finis parce que sinon, je n’aurais pas pu accomplir mon rêve. Je pense que ça répond bien à ce que c’est pour moi la persévérance scolaire. 

Quel artiste t’inspire le plus? 

Je n’ai pas vraiment d’idoles, mais en ce moment, dans le monde entier, Brandi Carlile, c’est l’artiste que j’admire le plus. J’aime sa façon d’écrire, j’aime la personne qu’elle est, j’aime la façon qu’elle a de s’exprimer, j’aime son style. J’ai été la voir en show déjà deux fois. Une fois en spectacle solo et curieusement je m’étais habillée comme elle, mais à l’envers. Donc j’avais des pantalons bleus avec un veston vert et elle, elle avait un veston bleu avec des pantalons verts. À la deuxième chanson, elle m’a vue. Elle m’a dit : « Hey, on matche ! » Pendant tout le spectacle, elle lançait des pics de guitare. Je souhaitais tellement qu’elle m’en lance un dans ma direction parce que j’avais un bon siège. Le dernier pic de la soirée, elle part pour le lancer et je me suis levée. J’ai crié : « Hey! » Et là, elle m’a vue. J’ai fait un pas en avant et elle m’a lancé son pic, mais le pic est tombé entre la clôture de sécurité et le stage. Là, je voulais fouiller avec ma lampe de poche pour le trouver, mais elle m’a dit : « Je vais t’en chercher un autre ». Donc je me suis avancée sur le bord du stage pour attendre le pic. Quand elle m’a revue habillée comme elle, elle a dit : « You guys gotta see this shit » et elle m’a dit de monter sur le stage. Elle me fait monter sur le stage devant 3000 personnes. Je monte, j’ai sauté comme mon chien quand je lui dis de faire une commande. Elle m’a dit que c’était sa dernière chanson et qu’on allait faire le salut ensemble. (rires) On a salué le public ensemble et j’ai eu son pic. J’ai plein de photos avec elle aussi. C’était mon anecdote avec Brandi Carlile. En ce moment, c’est l’artiste que j’admire le plus. Mon rêve, ce serait de faire une chanson avec elle. (rires)  

Qu’est-ce qui t’a inspirée à écrire ton hit Semi-route Semi-trail 

J’étais en discussion avec un de mes amis qui me disait un peu comment il était. C’est quelqu’un que je venais de rencontrer et il m’expliquait qu’il était « redneck ». J’étais là : « Okay, moi je ne suis pas « redneck », je suis semi-route semi-trail » pour expliquer que je suis capable d’être « redneck », mais je suis capable aussi d’avoir de la classe. C’est là que je lui ai dit qu’il fallait que j’arrête de lui parler parce que je venais d’avoir une idée de chanson. Je suis rentrée tout de suite chez nous et j’ai écrit toutes les idées que j’avais. Je me disais que j’allais écrire une toune qui s’appelle Semi-route Semi-trail parce que j’ai besoin des deux univers pour être équilibrée. Je ne pourrais pas habiter à Montréal tout le temps, je ne pourrais pas habiter dans le bois tout le temps. J’aime ça l’équilibre entre les deux.  

Quelle est ta chanson préférée? 

J’en ai plusieurs. Si j’en ai une à dire, je vais parler de la chanson avec laquelle j’ai découvert Brandi Carlile. J’étais assise dans ma voiture, dans le stationnement du Canadian Tire. J’ai écouté la chanson, je suis partie à brailler. Ça s’appelle « The Story ». Encore aujourd’hui, c’est une chanson que j’aime énormément. Il y en a plein d’autres que j’aurais pu nommer, mais celle-là est significative parce qu’en plus, c’est l’artiste que j’admire. 

Quelle est la marque de son ski doo? 

C’est un Summit X 850, 165 pouces, 2 pouces et demi de chenille. 


Entrevue avec Véronique Boutet, propriétaire du restaurant Chez Lucky

Entrevue avec Véronique Boutet, propriétaire du Resto Chez Lucky, réalisée par Shelby et Shanny Croteau et Malyck Jacques du Comité 12-18 de St-Rémi-de-Tingwick.

Décrivez-vous votre entreprise.

C’est un petit restaurant qui est très familial. Les gens, ça vient ici, ça jase entre eux autres. Puis ce qui est agréable, c’est que tout le monde mange bien.

Quel type de métiers peut-on trouver dans votre entreprise ?

Il y a des cuisiniers, des serveurs, des « busgirls et busboys ». Je le dis en anglais, mais dans le fond, ce sont des aide‑cuisiniers et des aide‑serveurs. Il y a aussi des laveurs de vaisselle. Puis il y a des « boss » comme moi pour faire la gestion. (rires)

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

C’est sûr qu’il y en a quelques-unes, mais moi, la valeur que j’ai ici, c’est vraiment que c’est familier.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez ?

La ponctualité. Le respect. Être souriant ou souriante, mais surtout le respect.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ?

Depuis avant-hier, ça fait exactement cinq mois que j’ai acheté. J’ai pas encore fait beaucoup de choses, mais j’ai changé les chaises et les gens sont tous contents. (rires) C’est le seul projet que j’ai eu à date. J’en veux d’autres, mais pour le moment…

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

C’est le « fun » parce que tout le monde se parle. Il y a personne qui reste dans son coin.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

J’ai mal aux jambes le soir quand j’arrive chez nous, mais j’adore mon travail. Je suis souriante du matin au soir. Juste l’approche des gens, c’est très important pour moi. J’ai bien du plaisir. Pour moi, c’est ça une journée de travail.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

Jaser avec les gens, avec mes clients.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

Je sais pas. (rires) Pour le moment, je rêve qu’un jour, ma fille reprenne mon entreprise. Elle a 27 ans et travaille en cuisine pour le moment. J’espère qu’un jour, elle va me dire : « Maman, je t’achète. » (rires)

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

Les raisons sont simples. On est une petite famille. On est tissés serrés. Tout le monde a du plaisir à travailler. En plus, on a de la bonne bouffe. (rires)

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Les clients heureux. La satisfaction des gens quand ils viennent me voir à la caisse et me disent : « Merci, c’était vraiment bon. »

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est très important. Quand on est jeune, à votre âge, nos parents nous disent ça et ça ne nous tente pas de l’entendre. J’aurais dû écouter un peu plus, mais c’est pas grave. (rires) J’ai réussi quand même dans la vie. La persévérance, c’est très important.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

De pas lâcher. C’est pas toujours facile à tous les jours, mais si c’était facile, on aurait rien.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Ça, c’est vraiment un beau wow pour moi. Tous les jeunes devraient essayer ça au moins une fois dans leur vie, je pense, de faire quelque chose bénévolement. Juste pour savoir c’est quoi le travail, c’est quoi le « fun » qu’on peut avoir à faire quelque chose sans bénéfices. Juste pour le plaisir de le faire.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

C’est important, parce qu’au bout du compte, c’est la santé qui compte. Au moins faire une petite demi-heure d’activité physique par jour.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

C’est une perte de temps, une perte d’argent, énormément. J’ai fumé quand j’étais jeune et si c’était à recommencer aujourd’hui, je le ferais pas, parce que ma santé est bien plus importante.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

Je suis totalement en désaccord avec ça. Je peux même pas dire s’il y a du positif là-dedans. Pour moi, c’est que du négatif. Moi, c’est mon opinion personnelle, parce que j’ai jamais pris ça de ma vie et ça me manque pas, je l’essaierais pas non plus. Mais pour ceux qui en prennent à l’occasion, tant mieux pour eux autres que ce soit légal, mais pour moi il y a rien de positif par rapport à ça. Le temps qu’ils sont là-dessus, ils travaillent pas, ils font pas d’efforts physiques, ils peuvent pas étudier. Ils ont un manque à quelque part, parce qu’ils font ça en attendant.


Entrevue avec Marie-Claude Savard, animatrice à la radio et à la télévision.

Entrevue avec Marie-Claude Savard, animatrice à la radio et à la télévision, réalisée par Victor Bourgeois, Gaëlle Lauzière, Makayla Nantel et Charline Pelletier des Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey et de Lefebvre.

Je m’appelle Victor, je suis vice-président dans le Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey. Moi ainsi que tous les membres de Partenaires 12-18 sommes très heureux que vous nous accueilliez dans les studios d’Énergie et que vous ayez accepté notre invitation.

Ça me fait plaisir de vous recevoir dans les studios là où on fait « Ça rentre au poste » tous les jours.

On pourrait commencer l’entrevue, j’ai trois questions à vous poser. La première, c’est : y a-t-il des études spéciales qu’il faut faire pour animer à la radio comme vous le faites ?

Non, il n’y a pas de prérequis. C’est pas comme quand on devient médecin où ça nous prend un diplôme. Évidemment, une formation en communication ne fait pas de tort. Par contre, il y a des gens de tous les horizons qui peuvent se ramasser à la radio. Ça prend quand même un bon français, donc peu importe le programme qu’on choisit, il faut savoir bien écrire, bien parler, savoir placer la voix. Il y a quand même des choses à apprendre dans le monde de la radio. Alors un bon cours en communication peut nous les donner. Sinon, d’écouter beaucoup la radio et de s’exercer à en faire. Par exemple, moi j’ai étudié en histoire, en science politique et en communication. J’étais pas prédestinée à faire de la radio et de la télé dès le départ. Sébastien Benoît, avec qui j’ai travaillé, a fait ses études en droit. La plupart de mes collègues ont pas vraiment d’études. (rires) Mais ça dépend de ce qu’on veut faire parce que pour être journaliste, oui ça prend une formation de journaliste. Mais tous les chemins mènent à Rome comme on dit. Et tous les chemins mènent à la radio.

Quelle importance accordez-vous à l’activité physique ?

C’est essentiel parce que le milieu du travail est quand même sédentaire. Ça vient avec beaucoup de stress, d’anxiété et de compétition. Souvent l’un des bons remèdes, c’est justement de balancer ça avec de l’activité physique, de bouger. L’activité physique, ça peut être juste de partir prendre une marche, de pas toujours rester dans notre tête. Nous, on travaille avec des écrans d’ordinateur. J’ai l’ordinateur ici, j’ai l’ordinateur là, c’est beaucoup d’écrans et beaucoup de stimuli. Pour moi, en tout cas, c’est essentiel de bouger.

Pour terminer, lors d’un coup de téléphone que vous avez fait, est-ce qu’il y a quelqu’un qui a tellement cru à la situation que ça aurait pu finir par dégénérer si vous aviez pas dit que c’était une blague ?

En fait, on fait beaucoup de recherches quand on téléphone. Avec les complices et notre producteur, il se passe énormément d’échanges. Il faut toujours s’assurer que la personne qu’on va piéger n’est pas cardiaque, n’a pas de problèmes de santé majeurs, n’est pas sur la route ou avec un véhicule à proximité. C’est pas quelqu’un qui pourrait décider de prendre son auto et de partir sur la route pour aller dénouer une situation. Souvent, les gens qu’on piège sont sur leur milieu de travail et il y a des gens autour qui sont au courant qu’il y a un téléphone qui va se passer. Donc, on s’assure qu’ils sont bien entourés parce qu’on sait jamais ça va être quoi la réaction. Il y en a qui réagissent très fortement. Comme là, ça fait 3 fois qu’on piège Nancy Vaillancourt et elle, elle part de 0 à 100. Mais elle est jeune, Nancy, on le sait. Je suis sûre que dans la vie de tous les jours, elle pogne les nerfs souvent comme ça. Des fois, on piège des personnes âgées et ça devient encore plus crucial de faire une recherche au préalable. On s’arrange tout le temps pour que ce soit sécuritaire.

Bonjour, moi c’est Gaëlle, je suis trésorière dans le Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey. Pour commencer, c’est quoi la blague la plus malaisante que vous ayez dite à la radio ?

Ça dépend quel niveau de malaisant, dans le sens où des fois, je dis quelque chose d’hyper personnel que normalement, tu dirais pas à la radio. Mais moi, j’ai pas le malaise à la même place que tout le monde. Ce qui pourrait être malaisant pour toi ne l’est probablement pas pour moi. Je sais pas si j’ai déjà vraiment eu des gros moments de malaise. Il faudrait que je pose la question à mes collègues. À un moment donné, j’ai piégé Christine Morency. Je l’avais appelée pour lui dire qu’elle avait tout cochonné le studio et que ça n’avait pas d’allure. J’arrêtais pas parce que j’étais dedans et elle, elle m’écoutait. Là, peut-être que j’aurais créé un malaise. Je suis peut-être allée un peu loin dans cette blague-là, mais autrement, non je me sens pas très mal à l’aise.

Comment définiriez-vous le métier d’animatrice à la radio ?

Ça ressemble à du théâtre d’une certaine façon. C’est de l’improvisation. Quand on est en situation d’improvisation, c’est un jeu humain très serré. C’est beaucoup d’écoute. C’est souvent plus important ce qu’on ne dit pas que ce qu’on va dire, surtout quand on travaille à plusieurs. C’est très important que je ne parle pas en même temps que toi et vice-versa. On se regarde énormément, on est toujours en train de se regarder. Tu peux pas être sur ton téléphone cellulaire et attendre ton tour quand tu fais de la radio. On est très engagés dans ce qu’on fait. C’est un peu comme le hockey : on joue en trio et ça va vite sur la patinoire. On se lance la rondelle et ce qu’on espère, c’est marquer un but. C’est un travail où il faut savoir parler de manière efficace et concise. Il faut avoir un sens de l’humour, un sens du rythme et une connaissance des codes de la radio comme je le disais. Ça veut dire que quand l’animateur va présenter une chanson, c’est pas le temps de partir un sujet ou d’ouvrir une parenthèse. C’est beaucoup de rodage et beaucoup de pratique.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Pour moi, c’est la base de tout. Moi, j’aurais pas fait le métier que j’ai fait si j’avais pas fait des activités parascolaires et si je m’étais pas impliquée. C’est important de s’impliquer parce que c’est ça qui fait qu’on va chercher des connaissances différentes et qu’on se découvre aussi. À l’école, on apprend des choses, on est exposé à certaines activités. Plus on s’ouvre jeune, plus on se donne la possibilité de découvrir quelque chose. Moi, j’étais pas prédestinée au métier que je fais. J’étais très bonne en arts plastiques et je pensais que je ferais carrière là-dedans. C’est vraiment des orienteurs et des gens que j’ai rencontrés qui m’ont poussée vers les communications. Vous apprenez aussi à rencontrer de nouvelles personnes et à vous présenter différemment. Ça, c’est essentiel dans le milieu du travail aujourd’hui. Ça fait toute la différence. Je pense donc que le bénévolat, c’est hyper important.

Bonjour, je suis Makayla, je suis responsable des relations publiques du Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey. J’ai quelques questions pour vous. Qu’est-ce qui vous a inspirée à faire ce métier ?

Ce sont les orienteurs à l’école. C’est-à-dire que j’étais partie dans d’autres champs d’intérêt et puis à un moment donné, il y a eu des professeurs qui m’ont dit qu’ils me verraient bien en communication. Moi, mon père était réalisateur télé, alors j’avais déjà des connaissances dans ce milieu-là. Souvent on veut faire différemment de nos parents et je voulais partir dans une autre direction. Les profs m’ont suggéré d’aller en communication. Quand j’ai commencé à étudier dans ce domaine, c’était clair que c’était quelque chose qui était fait pour moi. Évidemment, c’est un milieu dans lequel c’est difficile de percer. C’est un milieu où on est travailleur autonome, ça prend un type de personnalité pour ça. Pour moi, c’était bien. Donc, c’est un peu un concours de circonstances qui m’a amenée à faire ce métier.

Qui vous a le plus soutenue dans votre cheminement?

Il y a eu mon père, beaucoup, parce qu’il connaissait le métier. Mes premiers patrons aussi quand je suis rentrée stagiaire à CKVL Radio, au début de ma vingtaine. Ils m’ont beaucoup encouragée. Je pense que ce sont les premières personnes qu’on rencontre sur notre chemin qui vont nous donner un élan. Après ça, au fil du temps, on rencontre d’autres personnes, des mentors qui nous aident à persévérer. Moi, ça fait 30 ans que je fais cette carrière, il y a eu des hauts et des bas. Donc, mes premiers patrons qui m’ont choisie comme stagiaire et qui ont décidé de me donner un chèque de paie pour ce travail-là, c’est ça qui a fait toute la différence dans ma vie. Encore aujourd’hui, ils travaillent en radio et je les côtoie. Ça fait drôle que 30 ans plus tard, on soit encore ensemble.

Quel message voudriez-vous envoyer aux jeunes de notre région ?

D’essayer des choses, de se faire confiance, d’être curieux. C’est un beau mélange de se fixer des objectifs, mais aussi de se laisser ouvert à la possibilité qu’il y ait d’autres choses. De pas se décourager. C’est important de suivre son instinct. Les conseils que les gens nous donnent à l’extérieur sont importants, mais je pense qu’on sait toujours à l’intérieur de nous si on aime quelque chose. Et moi, je suis persuadée que quand on aime quelque chose et qu’on a du talent là-dedans, on a la possibilité de réussir. Je pense qu’aujourd’hui, on est appelé à faire plusieurs carrières différentes. C’est pour ça que c’est important de s’ouvrir à plein de sujets. Parce qu’avant, on faisait 40 ans dans une entreprise et un seul métier. Aujourd’hui, on fait plein de métiers connexes, comme moi je fais de la radio, mais aussi de la télé. On jongle avec plusieurs balles et je pense que c’est important d’apprendre à le faire quand on est jeune. En ayant des activités scolaires et en vous impliquant comme vous le faites dans votre municipalité, vous apprenez à jongler. Ça, ça va être extraordinaire pour l’avenir.

Dernière question : que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la vapoteuse et/ou la cigarette ?

Dans mon temps, c’était la cigarette. Aujourd’hui, c’est la vapoteuse. Je pense qu’on cherche tous une façon d’être cool et intégré et de gérer notre stress et notre anxiété. C’est souvent ces choses-là qui semblent très faciles qui arrivent à nous quand on est jeune. C’est dommage parce que facilement on devient accro à ça. Ça devient une bêtise et c’est mauvais pour la santé. Moi, j’ai perdu mes parents alors qu’ils étaient encore très jeunes à cause du tabagisme, donc ça a eu un impact sur moi. La santé, c’est tellement important. C’est ça qui va nous permettre de réaliser notre potentiel. Une vapoteuse, ça nous mène à rien. Je trouve ça décevant. En même temps, je comprends les jeunes parce qu’on est tous exposés à ça. Mais ça ne vaut pas la peine.

Bonjour madame Savard, je suis Charline, responsable des relations publiques dans le Comité 12-18 de Lefebvre. Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

La persévérance scolaire, ça m’en a tellement pris, moi. (rires) C’est d’accepter que des fois, on a des défis et des obstacles. Il faut les accepter. Moi, j’avais tellement de difficultés en mathématiques, c’était épouvantable. J’ai vraiment eu besoin d’aide. Encore aujourd’hui, c’est quelque chose que je ne maîtrise pas très bien. Au secondaire, ça a été un enjeu majeur pour moi. Je remercie tous ceux qui m’ont aidée parce que ça me prenait ma scolarité pour réussir à faire ce que je fais aujourd’hui. C’est sûr que les mathématiques, ça ne me sert pas à grand-chose à mon travail, mais il fallait que je réussisse à les faire. Je suis contente d’avoir persévéré. Il y a eu des moments de découragement intenses, surtout en secondaire 4 quand on a commencé à faire de l’algèbre. Moi, j’étais complètement perdue là-dedans et j’ai passé limite. De persévérer, ça m’a donné confiance et j’étais fière de ça. J’ai trouvé ça très difficile en même temps. Ça dure pas longtemps, l’école, mais quand tu es dedans, tu as l’impression que c’est une éternité. Il faut juste passer à travers et trouver des outils. Si c’est juste de passer à la note de passage, c’est suffisant. On peut pas être bon dans tout, mais il faut faire la route au complet.

Qu’est-ce que vous préférez de votre travail ?

De vivre la synergie, la communauté, le sentiment d’accomplissement et de fierté. De savoir que je mets des gens de bonne humeur. Juste en m’en venant ici, je suis entrée dans ma voiture au centre-ville et il y avait un camionneur qui me disait que ça le déstresse quand l’émission commence. C’est le sentiment de contribuer. Je pense que c’est ça qui fait une différence dans n’importe quel travail. C’est ça le plus important pour moi.

Qu’est-ce que vous désiriez faire à notre âge ?

Je voulais être artiste et faire des peintures et des sculptures. Je voulais aller aux beaux-arts, j’étais très spécialisée en arts plastiques. Mon rêve, c’était d’avoir un atelier à New York. J’ai monté mon portfolio. J’ai réussi à me faire accepter aux beaux-arts et là, les profs m’ont dit que je n’étais pas si bonne que ça finalement. (rires) En tout cas, pas assez pour en faire un métier. Et puis, j’ai fait un majeur en histoire et là, même chose : il fallait se spécialiser et les profs m’ont dit que j’étais pas tant historienne. Il a fallu que j’accepte une réorientation à quelques reprises. Je me voyais faire autre chose à la base, mais finalement je suis bien contente.


Entrevue avec Sylvianne Desrochers, propriétaire de Toilettage Sissi.

Entrevue avec Sylvianne Desrochers, propriétaire de Toilettage Sissi, réalisée par Maéla St-Pierre et Dalie Montambeault du Comité 12-18 de Laurierville.

Décrivez-nous votre entreprise.

C’est Toilettage Sissi, un salon de toilettage. Ça consiste à laver les chiens et les chats, couper les griffes des animaux. Je lave aussi les oreilles. Pour les chiens qui perdent beaucoup de poils, on fait des traitements nus. Dans le bain, j’ai un produit qui fait que tous les poils morts tombent, alors le chien repart et a perdu les poils qu’il avait à perdre. Laver, raser les chats ou les chiens.

Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ?

C’est un salon de toilettage, donc on retrouve des toiletteuses.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

L’honnêteté. C’est plaisant avec les clients d’être honnête. Si exemple son chien, je vois qu’il a un problème aux oreilles, je vais lui dire et la personne est contente de le savoir. Le respect. Respecter les clients et les animaux. La minutie, l’ouverture d’esprit et la patience, autant avec les animaux que les clients.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

J’ai pas d’employés, alors je sais pas quoi répondre. (rires) Mais supposons que j’avais à en embaucher, je rechercherais les mêmes valeurs que celles de l’entreprise. Une personne honnête, ouverte d’esprit et qui aime travailler avec les animaux.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ?

Juste le fait d’avoir démarré ce projet que j’ai toujours voulu faire. Travailler pour moi et non pour quelqu’un d’autre, j’aime bien ça aussi.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

Le bouche-à-oreille. Mettons que je fais un client. S’il aime le travail que je fais, il va en parler. Ça va se parler dans la région. Aussi, encourager les entreprises de chez nous, c’est plaisant. Puis, je peux aller travailler à pied. Ça coûte moins cher de gaz et c’est moins polluant aussi pour la planète.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

C’est jamais pareil. Ça dépend, des fois j’ai des gros chiens, des petits chiens. Comme aujourd’hui, j’ai fait 2 gros chiens et 1 petit chien. Je peux faire 2, 3 chats.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

Voir la réaction des gens quand ils voient leur animal après le toilettage. Je trouve ça plaisant. Ils sont contents de voir qu’il est tout beau et bien toiletté. Ça me rend fière de mon travail.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

J’espère avoir une clientèle fidèle. Des gens qui reviennent à tous les mois ou les 2 mois pour toiletter leurs animaux. Aussi, travailler à temps plein. Là, je commence et je suis pas complète tout le temps. Faire ça à tous les jours, j’aimerais ça.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

L’entreprise est basée sur l’honnêteté, le respect et l’ouverture d’esprit, alors c’est plaisant d’y travailler.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Ma famille. Aimer son travail, c’est important également.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

Continuer et de faire le mieux qu’on peut, même si des fois on a de la difficulté à l’école. Tout le monde dans sa vie a une matière où il a déjà eu de la difficulté ou quelque chose qu’il aime moins. C’est de pas se décourager. Surmonter une chose à la fois. Demander de l’aide s’il en a besoin.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Faire un travail qu’on aime. Faire des activités qu’on aime avec les gens qu’on aime. Avoir confiance en soi. Faire des choix pour nous et non pour les autres personnes autour de nous.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je trouve que c’est vraiment super de s’impliquer. Ça aide beaucoup à avoir des activités dans la région pour les familles, comme à l’Halloween ou à Noël. C’est plaisant pour ce côté-là. Ça crée une belle complicité.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Je sais pas trop quoi répondre à ça. (rires) Mais des fois, quand on fait de l’activité physique, ça peut nous aider à vider notre tête si on pense à trop de choses et à mieux se concentrer après si on a des travaux scolaires.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

La cigarette, personnellement, j’y ai jamais touché. J’ai jamais fumé. Je trouve que c’est néfaste pour la santé, que c’est pas quelque chose qu’on devrait prendre. Souvent, on veut le faire parce que les grands le font. C’est une habitude, mais c’est pas bon.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

C’est plus facile de s’en procurer, donc plus accessible pour les jeunes. C’est quelque chose qui n’est pas bon pour le corps et l’esprit si on en consomme beaucoup et régulièrement. Pour les impacts positifs, j’en trouve pas.


Entrevue avec Roxanne Bédard-Martineau, propriétaire de l'entreprise Pression.

Roxanne Bédard-Martineau, propriétaire de l’entreprise ‘’Pression’’ réalisée par Madison Ménard et Maxime Houle du Comité 12-18 de Durham-Sud.

Pourriez-vous nous décrire votre entreprise ?

En fait, PRESSION est une entreprise qui conçoit des accessoires textiles, plus particulièrement des boîtes à lunch qui sont isothermes donc qui gardent au froid. Je fais aussi des trousses, des étuis, des napperons, tout ce qui à un lien aux boîtes à lunch. Ce qui me différencie beaucoup des autres, c’est que mes motifs sont créés par une graphiste et ensuite, moi je les fais imprimer ici au Québec. Une de mes valeurs, c’est vraiment la production locale et l’achat local donc j’essaie de rassembler toutes les actions le plus possible ici au Québec.

Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ?

Dans le fond, ça peut aller de designer, parce qu’il faut quelqu’un pour concevoir les produits, les penser, les imaginer. Ensuite, une patronniste. Il faut aussi quelqu’un pour coudre, donc une couturière. Mais tu sais…derrière tout cela, il y a aussi une personne qui doit s’occuper des réseaux sociaux, celle-ci doit préparer les visuels pour les réseaux sociaux et les événements. On doit avoir une comptable et bien sûr pour se vendre, il faut quelqu’un qui soit capable de vendre les produits aussi.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

Ha ! C’est une belle question ! Les valeurs bien premièrement comme je disais plutôt, l’achat local et tout ce qui entoure la production locale, c’est vraiment quelque chose d’important pour moi. Aussi la collaboration des artisans entre d’autres entreprises. Par exemple, moi je fais faire mes petites plaquettes sur mes produits par une autre artisane du Québec. Mes motifs sont créés ici aussi, j’y fais imprimer mes trucs…J’aime beaucoup l’aspect qu’un produit rassemble plein d’entreprises d’ici.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employé(e)s lors ce que vous les embauchez?

Et bien par exemple, depuis quelques années déjà, j’ai quelqu’un qui fait la confection pour moi, donc qui va m’aider dans la couture. Ce que je recherche d’une personne qui va coudre, c’est d’être minutieuse, d’être à l’écoute aussi des instructions que je vais lui donner pour qu’elle comprenne bien et qu’elle soit fiable. Par exemple, si je demande si c’est possible d’avoir une conception dans deux semaines et bien j’ai envie qu’elle respecte ses engagements.

Quels types de réalisations ou de projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière?

Le fait de réussir à la faire grandir, c’est bien…Mon but ce n’est pas de devenir international, loin de là, j’ai envie que ça reste petit, que ça reste proche des gens, c’est de garder mes valeurs. Ce que je veux c’est de rester vraiment fidèle à moi !

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

C’est assez différent d’une journée à l’autre ! Quand il y a des évènements qui arrivent, c’est certain que je prépare ma production. Sinon, si c’est plus dans un temps mort d’évènement alors j’en profite pour préparer mes publications Facebook et pour chercher des nouveaux points de ventes, c’est beaucoup de recherches aussi.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

La création ! C’est vraiment ça qui est le plus agréable ! C’est quelqu’un d’autre qui fait les dessins pour moi mais c’est moi que donne l’ambiance que je veux donner. savoir ce qu’ils ont envie. Sinon quand je fais des marchés, avoir le contact direct avec les clients, c’est intéressant. Ce n’est pas comme une vente internet ou je fais seulement voir le nom de la personne et que je fais son envoi.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Je pense que c’est la simplicité, je crois que je ne suis pas une personne compliquée et ça se reflète dans mes produits. Il n’y a pas de superflu. J’aime tout ce qui touche à l’art aussi. Comme je suis quelqu’un de quand même artistique, ça m’inspire ! Et la relève aussi, c’est inspirant de voir les jeunes évoluer avec Partenaires 12-18 en particulier !

 

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

Pour moi la persévérance scolaire veut dire que même si quelqu’un n’a pas de résultats incroyables, celui-ci est engagé dans ses études, il travaille fort. Même s’il ne réussit pas du premier coup, il ne lâche pas, il persévère. C’est vraiment quelque chose dont je suis un peu rattachée parce que je ne suis pas quelqu’un qui performait tant que ça, mais je travaillais fort et au bout de la ligne, j’étais fière de ce que je faisais !

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes ?

Et bien de croire en vos rêves, de croire en ce qui vous fait vibrer aussi, malgré des fois. Je n’aurais pas mon entreprise aujourd’hui si j’avais écouté tout ce que l’on m’a dit.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Ça me touche beaucoup parce que je suis passée par là aussi, donc je trouve ça très intéressant de voir qu’encore aujourd’hui, ça continue. Je pense que le bénévolat leur apprend aussi beaucoup de chose dans la vie, que parfois ce n’est pas une question d’argent mais plutôt de reconnaissance, de satisfaction d’avoir aidé les autres, je trouve ça important !

Quelle importance accordez-vous à l’activité physique ?

Juste l’équilibre ! Je suis allée dans les deux extrêmes et aujourd’hui, je pense avoir trouvé mon équilibre. Oui c’est important mais je pense que c’est important aussi d’avoir du plaisir dans ça et de ne pas transformer ça en compétition nécessairement !


Entrevue avec Martin Lajeunesse, propriétaire d’AG Gestion Financière.

Entrevue avec Martin Lajeunesse, propriétaire d’AG Gestion Financière, réalisée par Leïla Quirion, Shanny Croteau et Tifanye Carrier des Comités 12-18 de St-Valère, St-Rémi-de-Tingwick et Lyster.

Décrivez-nous votre entreprise.

C’est un cabinet de services financiers dédiés dans l’assurance de personnes principalement et aussi en placements dans les secteurs. Il faut juste différencier que dans le terme assurance, il y a l’assurance de dommages (pour votre auto, maison, responsabilités) qui n’est pas mon secteur. Moi, je couvre tout ce qui est relatif à la personne en tant que telle (assurance-vie, assurance-salaire, assurance-médicaments, assurances-voyage). C’est très différent comme domaine d’intervention. Je connais l’automobile, mais pour assurer mes autos, c’est carrément un autre monde.

Pour faire une histoire courte, les services financiers se sont évolués depuis je te dirais 1992. Il y a une loi qui a été passée au Canada que les institutions financières (caisses ou banques) ont eu le droit de vendre de l’assurance de personne. Par contre, en contrepartie, nous, on a eu le droit de vendre tous les produits bancaires. Donc je fais autant de l’hypothèque, comptes d’épargne, comptes chèques, marges de crédit… En fait, je peux être un conseiller bancaire au même titre qu’un conseiller d’assurances en même temps. C’est ça qui est l’enveloppe du type d’entreprise dans laquelle j’évolue, qui est d’environ 12 000 représentants dans le même secteur que moi au Québec. Il y a beaucoup de relève à y avoir, car la clientèle est vieillissante. Il y a au moins 5000 représentants à remplacer à très court terme, disons en dedans de 5 ans. Beaucoup de monde à remplacer, c’est semblable à d’autres secteurs. Je ne sais pas où on va les prendre. (rires)

C’est à peu près ça, vite de même. C’est du conseil financier avec une fonction conseil. Je dis tout le temps à mes clients : « Peu importe la question que vous avez, emmenez-moi-la et si je n’ai pas la réponse, je vais vous la trouver. Mais avant de prendre une décision majeure, ça ne vous coûte rien de me passer un coup de fil, je vais vous guider à travers la décision que vous avez à prendre. » Avec les années d’expérience, on en sait beaucoup. Même si on ne sait pas tout, on peut aider. J’ai une formation de comptabilité à l’université (administration et sciences comptables). Techniquement, je m’enlignais pour être un comptable, mais je n’ai jamais finalement travaillé dans un bureau comptable. J’ai fait beaucoup d’administration, par contre, il y a plusieurs années, mais ça fait depuis 1984 que je suis dans le secteur financier et dans le type d’entreprise dans laquelle je suis aujourd’hui.

Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ?

En fait, ici, on fait un peu de tout, par exemple il y a de l’administration, donc normalement une personne dédiée à la comptabilité, l’administration générale, c’est l’un des métiers qu’on retrouve. Au niveau de la vente, moi je fais la vente, la représentation avec la clientèle, les conseils, etc. Et puis, Marilou, vous l’avez vue, elle est adjointe administrative, donc l’aspect clérical, réponses téléphoniques… On n’a pas le choix d’avoir ces trois emplois-là : comptabilité, administration et domaine de la vente.

Par contre, tout ce qui est lié au domaine de la vente, ça a l’obligation d’être régi par l’Autorité des marchés financiers (AMF), donc il faut obtenir un permis, passer des examens, et puis il y a différents types qui peuvent être émis en terme de certificats. Il y a entre autres les planificateurs financiers, que j’aurais pu obtenir, mais finalement j’ai pratiquement la même formation mais sans avoir le titre. Ça m’empêche pas de travailler pareil, mais quand vous entendez le terme « planificateur financier », ce n’est pas tout le monde qui a son titre de planificateur financier. (Intervention d’une femme : Petite parenthèse, pour avoir un permis de l’Autorité des marchés, il ne faut pas de dossier criminel, sinon on est expulsé.) Oui, il faut être blanc comme neige partout, car tout est scruté par l’Autorité des marchés. Tu ne peux pas avoir eu des écarts et c’est correct, parce qu’ils protègent le public. L’Autorité, elle est là pour protéger le public en premier lieu.

Il y a un autre organisme qui est la Chambre de la sécurité financière, qu’on fait partie aussi. Eux, c’est plus pour l’aspect formation. On a l’abréviation UFC (Unité de Formation Continue), comme moi j’ai 40 unités de formation obligatoire basées sur une période de 2 ans. Une unité équivaut à peu près à une heure de cours, grosso modo, mais si tu n’as pas tes unités de cours, ils ne te renouvellent pas ton permis. Ça touche la majorité de tous les secteurs pour lesquels on a des permis de distribution. Donc, plus tu as de permis, plus tu vas avoir d’UFC. Ça fait le tour des métiers de ce secteur.

Certains gros cabinets vont avoir des personnes dédiées seulement à l’investissement et d’autres seulement dédiées à l’assurance. Dans l’assurance, il y en a qui vont faire l’assurance-vie, un autre va faire l’assurance collective. L’assurance collective, c’est lorsque par exemple chez un employeur, il y a… Je ne sais pas, cinquante employés, mais on couvre l’assurance-salaire, l’assurance-vie et l’assurance-médicaments dans un régime qu’on appelle « collectif », parce que c’est souscrit par l’employeur, mais offert à tous les salariés dans l’entreprise. C’est un permis séparé aussi pour l’assurance collective, il y a beaucoup moins de permis en collectif qu’en assurance-vie. Les 12 000 représentants dont je parlais, c’est l’assurance-vie et là-dedans, je te dirais peut-être 2000 ou 3000 ont le collectif, mais les autres ne l’ont pas. Ce sont tous des cours supplémentaires.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

Les valeurs, comme disait Julie tantôt, il faut avoir… Comment je dirais ça ? C’est sûr que l’honnêteté en premier lieu, c’est la base. Tu dois être respectueux de l’argent que les clients te confient. Mais le conseil que t’apportes aux clients se fait toujours par ce qu’on appelle l’analyse des besoins (une cueillette de données). Plus j’en connais sur les clients que j’ai à conseiller, mieux va être la pertinence du conseil que j’apporterai. Pour ça, il faut vraiment faire une analyse et discuter avec les gens.

Je comprends que vous pouvez acheter de l’assurance sur Internet. Par contre, jusqu’à quel point le service ou le conseil est complet ? Tu parles avec une machine, tu rentres ta date de naissance, ton statut fumeur ou non-fumeur, tu dis que tu veux 1000 $. Oui, tu vas en avoir, une assurance. Mais c’est peut-être de 2000 $ ou 3000 $ dont t’avais besoin. La machine, elle ne sera pas là peut‑être pour te dire de combien t’as besoin exactement. Ça s’améliore un peu, l’espèce d’intelligence artificielle, mais en tout cas, moi je suis encore du point de vue qu’il faut avoir une intervention humaine, plus particulière avec la clientèle. C’est là que l’expérience entre en ligne de compte. C’est sûr que les nouveaux représentants ont à apprendre ça.

Les valeurs, c’est une chose, les aptitudes… Il faut que tu sois empathique, que tu ailles chercher le fond de la pensée de tes clients. Souvent, je connais des familles, à partir de ce que les parents m’ont dit, j’en connais plus que leurs propres enfants, parce que moi je suis au courant. Je leur pose la question : « As-tu un testament ? » ou « C’est quoi tes volontés en cas de décès ? » Moi, je voudrais ci, moi je voudrais ça. Souvent, les gens nous confient quasiment leurs secrets qu’ils ne vont pas dire à d’autres. Mais ça, pour aller le chercher, c’est la confiance qu’il faut qui s’installe. Ce n’est pas dans une conversation de 2 minutes au téléphone que tu vas régler ça. Ça va se régler selon moi plus facilement face to face.

À partir de là, tes valeurs… Je dis tout le temps à la blague que je ne vendrais pas un produit que j’achèterais pas. Donc, à quelque part, je suis très, très rigoureux dans ma recherche de produits. Sans dénigrer la compétition, ce produit-là, à valeur égale ou à prix égal, celui-là est bien meilleur que lui et voici les raisons pour lesquelles je te dis ça. J’appuie toujours mes recommandations face à ça. Moi, j’entre ça dans l’honnêteté, mais je ne sais pas si vous avez un meilleur mot pour ça. C’est ancré en moi, ce réflexe-là de dire si c’est bon pour moi, c’est bon pour eux. Si je ne l’achèterais pas, je ne le vendrais pas. C’est tout à fait normal.

Vous avez déjà en partie répondu à la question, mais je me demandais si vous aviez d’autres choses à rajouter : quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez ?

Mon slogan, ici, pour tout le monde qui a travaillé chez nous, c’est « plaisir et affaires font équipe ». Si t’as pas de plaisir dans le travail que tu fais, viens pas chez nous, parce que tu ne « fitteras » pas dans l’équipe. J’ai l’impression que quand je m’en viens travailler, je ne m’en viens pas à reculons. Je dis « travailler », mais je ne le vois pas comme un travail en tant que tel. C’est sûr qu’à un moment donné, la charge nous pousse tout le temps et on dirait que le tas d’ouvrage est toujours en augmentant, mais c’est pas comme un labeur ou quelque chose pour lequel je fais ça à reculons. Tu peux pas être une patte dedans et une patte à côté. Il faut que tu sois 100 % impliqué dans ton travail et dans tes activités.

L’implication, la prestance, la ponctualité… Tu donnes un rendez-vous à un client, tu lui dis : « Je vais être chez vous à 6 h 30 », eh bien arrive pas à 7 h. Je vais être là quelques minutes avant, je vais être présent à l’heure que j’ai dit que je me présenterais. Si je suis pour être en retard pour des raisons que je connaissais pas, je vais l’aviser. « Excusez-moi, je vais avoir quelques minutes de retard. » La ponctualité, c’est l’une des choses importantes.

La gentillesse. Quand Marylou, elle répond au téléphone, c’est la porte d’entrée chez nous. Si le client appelle et quelqu’un a un air bête au téléphone, oublie ça. Ça donne pas une belle visibilité à l’entreprise. Je suis content des fois d’entendre des clients me dire « J’ai parlé à Marylou, elle est « smatte ». Ça fait partie de mon slogan de dire que si ça te fait plaisir de travailler chez nous, tu y vas avec agrément, eh bien ça se transmet à la clientèle.

Pour le reste, s’éduquer, apprendre de nouvelles choses. L’un des points importants, ce qui est constant dans notre domaine, c’est le changement. Ça change constamment, il faut que tu te gardes à jour tout le temps. Ça touche tous les aspects financiers. Quand on parle d’aspects financiers, on parle des placements, mais on parle aussi de la fiscalité. Les clients parlent de leurs rapports d’impôts, les entreprises me présentent leur état financier, donc je dois toujours être à la page de savoir ce qui se passe. Il y a une nouvelle que le gouvernement sort un nouveau budget, le client appelle : « Qu’est-ce qu’ils ont dit, là ? Ils vont rajouter une taxe et vont nous donner un 400 $, c’est quoi cette affaire-là ? C’est quoi les conditions ? » Je ne peux pas être là à dire : « J’étais pas au courant ». Non, il faut que je sois au courant. Donc, je dois constamment rester à l’affût de tout ce qui se distribue comme nouvelles économiques ou gouvernementales pour pouvoir répondre aux clients. C’est pour ça que je dis que c’est pas routinier, dans le sens qu’il faut tout le temps, par contre, se garder à jour. Si je suis en dehors de l’information, ne serait‑ce que quelques mois, je suis rendu un dinosaure, je suis plus up to date. En placements, mon ordinateur est ouvert sur les marchés boursiers à journée longue. Je jette un coup d’œil, est-ce à la hausse ou est-ce à la baisse ? Il faut que j’aie une idée. Le client m’appelle : « Les marchés baissent. » Eh bien c’est à cause de ça, c’est à cause de ça. « Est-ce que ça va se placer ? » Je pense que oui pour telle raison. Il faut toujours être à l’avant du client pour pouvoir répondre à ses questions. C’est exigeant, ça demande une exigence d’apprendre et de se réinventer quasiment régulièrement. Les qualités, ça en est quelques-unes, sans être ultra précis.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?

En ’84, quand j’ai débuté, j’ai commencé à zéro, zéro, zéro. Aucun client. Donc il faut acquérir, rechercher, convaincre quelqu’un. À l’époque, on appelait ça en anglais des cold call : décrocher le téléphone, quasiment prendre l’annuaire téléphonique et appeler. « Bonsoir, monsieur Cayer, mon nom est Martin Lajeunesse, je suis conseiller, j’aimerais vous rencontrer. » Et on me répond : « Je te connais pas, t’es un autre vendeur d’assurances. » T’as un paquet d’objections que les gens qui te connaissent pas vont t’amener, alors il faut qu’à un moment donné tu réussisses à te faire une carapace, un genre de speech pour les convaincre de te donner un rendez-vous. Il faut que tu te vendes. C’est la qualité première, savoir se vendre, parce que les gens qui rentrent dans l’industrie, sur 5 représentants que j’engagerais aujourd’hui, en dedans d’un an, il va en rester un. Les quatre autres vont avoir déclaré forfait. Pourquoi ? Pas capables de rencontrer du monde. Je vends à qui si je rencontre pas de monde ? Je vends rien. Oui, le « walk-in », je suis dans le secteur centre‑ville, il passe du monde constamment, mais ça ne fait pas la file devant mon bureau. Si j’attends après le monde, oubliez ça, je vais avoir fermé. C’est pas ça, il faut recruter, donc ça c’en est une des qualités nécessaires : être capable de recruter et d’approcher du monde. C’est toute la relation humaine qui rentre en cause. On est des psychologues, des vendeurs. On joue avec les émotions des clients, eux autres nous amènent des émotions. Il arrive un décès, la première personne qu’ils appellent, c’est moi. Je dis toujours à la blague à mes clients : « Le seul qui va amener un chèque, c’est moi, les autres m’ont tous amené des factures. » Ton salon funéraire va te charger, l’impôt va te collecter, tout le monde t’amène des factures. Moi, j’amène le chèque. » Et c’est moi qui ai de la misère à rentrer dans la maison. (rires)

C’est un peu ironique, parce qu’on a déjà eu une mauvaise presse. Il fut un temps où les représentants, c’était : t’arrivais quelque part, quelqu’un te rencontrait et te disait : « Ah, toi tu peux faire de l’assurance ? » Il te donnait une valise, puis go. Moi je les appelle à la blague un peu mes derrières de plomb, parce qu’ils cognent à toutes les portes et comme on dit, ils se font donner des coups de pied dans le derrière, parce qu’ils veulent rien savoir de toi. C’est tough. Moi, personnellement, je l’aurais pas fait. C’est vraiment la partie dure pour eux autres. Le training, ça dit : « Fais les rues, fais les portes. » Oh boy. Ça devrait être théoriquement révolu en 2022, mais ça existe encore. Mais mosus que c’est la partie pas facile. S’ils ont fait ça et s’ils ont « toughé », c’est vraiment des colosses. (rires)

Tout ça pour dire que le degré de réussite de maintien est très, très bas. Donc, très difficile. Alors, quand tu me parles de réalisation, moi ça a été de partir à zéro. Ça a été quoi ? Un, j’ai fait le tour des gens que je connaissais, mais ça, ça a une limite. T’as un cercle de connaissances X, là il faut que tu demandes des recommandations. Si t’as pas de recommandations, la semaine prochaine, tu la remplis avec qui comme prospects ? Ça me prend tout le temps une source d’approvisionnement de noms pour pouvoir aller rencontrer des gens. Donc ça, c’est important, de demander des recommandations. Mais moi, je voulais aller encore plus vite que ça.

Ce que j’ai fait ? Des acquisitions. Comme je le disais tantôt, il y a plusieurs personnes qui vont prendre leur retraite, alors tout de suite dans l’année suivant mon début de carrière, j’ai fait l’acquisition d’un représentant qui connaissait le domaine mais qui avait déjà une clientèle de 1000 clients. Il a fallu que un, j’investisse, j’achète, je demande du financement, mais ça, ça m’a propulsé très, très rapidement, parce qu’au lieu d’avoir à chercher des clients, j’ouvrais le tiroir, j’avais 1000 dossiers. J’y suis allé rigoureusement, un par un, rencontrer un par un ces clients‑là. « Bonjour, je suis votre nouveau représentant, Monsieur Untel. J’ai fait l’acquisition du bureau de votre représentant et je voudrais vous rencontrer, pour qu’on se connaisse. » Ç’a été un tremplin énorme quand j’ai acheté cette première clientèle-là. Mon niveau de vente a monté considérablement.

Au final, aujourd’hui, j’ai fait 19 acquisitions de bureaux et j’ai 600 500 clients alors que je suis parti de zéro. J’ai monté à 8000, j’en ai revendu, mais présentement, on est dans ce range-là. Pour vous dire, la moyenne des représentants font leur carrière à peu près entre 300 à 400 clients. Sans me vanter, je peux me qualifier que je suis l’un des gros cabinets dans la région. Ma clientèle est répartie à travers la province : 1000 clients dans la région de la Beauce et Thetford Mines, 300 à 400 clients dans la région de Montréal, surtout dans le nord de Montréal, et pour ceux pour qui ça peut dire de quoi, à partir de Repentigny, j’ai des clients à toutes les sorties de l’autoroute 640, même de la 15 jusqu’à Saint-Jérôme. J’ai acheté un bureau à Trois-Rivières qui avait 600 clients. J’ai le bassin local du Centre-du-Québec, principalement Victoriaville, Princeville, Plessisville et Davelyuville. (Intervention d’une femme : Il y a eu aussi plusieurs prix Hommage.)

Je suis courtier indépendant, je ne suis employé par aucune compagnie, je suis mon propre entrepreneur, mon propre propriétaire. Mais je signe des ententes de distribution avec 24 compagnies différentes. C’est une relation d’affaires. L’un de mes gros joueurs, aujourd’hui, s’appelle la Canada Vie. Quand j’ai débuté, le premier gros contrat que j’ai eu, c’était Great West Life, une compagnie qui date des années 1800, une très vieille compagnie. J’ai été pendant plusieurs années dans les dix premiers représentants au Canada. J’ai une plaque entre autres sur laquelle il y a 25 petites plaques pour les 25 années consécutives. Après ça, ils n’en ont plus donné, je suis membre à vie. (rires) Pour atteindre ce statut-là, qu’ils appelaient le conseil présidentiel, il fallait que tu fasses 400 % des normes minimales qu’eux autres demandaient d’un représentant. Pendant plusieurs années, ça m’a permis d’être membre de ça avec plusieurs avantages, dans le sens que j’ai participé pendant 6 ans de temps au comité consultatif canadien des représentants. Ça, ça veut dire qu’une semaine par année, on s’assoit avec les dirigeants de la compagnie Great West pour discuter. Eux nous présentent leurs objectifs, qu’est-ce qu’ils veulent faire et nous, à la base, on dit dans tel domaine, il nous manque ça, il faudrait qu’on ait tel produit. Donc, c’est vraiment un échange avec la haute direction pour les orientations que la compagnie va prendre. C’est vraiment un beau mandat. C’est un représentant par province, j’étais donc le représentant du Québec à ce comité-là. Ça m’a permis de connaître à 100 % la haute direction et de rencontrer des gens de partout au Canada. Des confrères de Vancouver, Calgary, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve. J’ai des connaissances partout et j’ai voyagé partout au Canada, de A à Z. On a eu des congrès d’Halifax jusqu’à Victoria. Juste pour vous donner une idée, je suis allé au moins 15 fois à Calgary. L’Ouest canadien, j’ai tout voyagé ça.

Ça, c’est un aspect parallèle à la carrière qui m’a permis de voyager en même temps que j’allais pour des congrès. Mais un congrès de formation, juste pour vous donner une idée, si le congrès est à Victoria, pour 3 jours de congrès, c’est au moins 5000 $ de dépenses. Il faut que t’investisses dans ton perfectionnement, tout le temps. Il y a des coûts à ça, mais t’as pas le choix, il faut se garder à jour, rencontrer les gestionnaires, voir les gens qui gèrent les placements dans lesquels on place. Ça me prend cette information-là, c’est le cœur du travail que je fais.

Il y a donc eu plusieurs réalisations, oui, que je peux être fier. L’aspect humain a toujours été la base de ça, parce que les confrères que j’ai rencontrés de partout au Canada, c’est des échanges, on est dans le même secteur, mais il y avait beaucoup de partage d’informations, de comment toi t’as fait ça dans ton bureau, comment t’as développé telle affaire, comment ça se passe au Québec alors que nous autres en Ontario, on a tel ou tel défi, etc. Ça amène beaucoup, beaucoup de développement personnel, je dirais, de ce côté-là.

Selon vous, quels sont les avantages de travailler en région ?

Comme je l’ai dit, je travaille un peu partout, même si je suis majoritairement en région. Je dirais que le contact est plus facile en région que dans les grands centres. C’est sûr que si j’étais à Montréal, si j’étais né et aurais vécu là, peut-être que je serais plus habitué, mais c’est sûrement plus compliqué. Beaucoup plus de compétition aussi, plus difficile, beaucoup plus d’ethnies. J’ai rien contre, mais c’est un autre monde. Je suis québécois d’origine, né à Victoriaville, je demeure ici, donc c’est sûr que la région, je trouve ça plus simple de ce côté-là. L’approche va être plus familiale, c’est peut-être plus facile d’approcher les gens. C’est ma façon de voir les choses.

Il reste que j’ai des confrères qui sont dans les grands centres qui réalisent des chiffres d’affaires extraordinaires. C’est sûr que des clients pour des primes d’un million, c’est pas à tous les jours que j’en ai. J’en ai, mais juste pour vous donner une idée, un confrère qui est à Montréal vend 60 contrats environ par année et il n’y a aucun de ces contrats-là qui est en bas d’un million de primes. Ça, ça veut dire qu’à chaque année, le client fait un chèque d’un million pour payer son assurance. Ça vous donne une idée, plusieurs millions d’assurance, mais le dépôt annuel, c’est 1 million. Moi, à date, en carrière, la plus grosse que j’ai vendue, c’est 484 000 $ de prime annuelle. J’ai vendu il y a 6 ou 7 ans un 200 000 $ de prime annuelle pour 4 millions d’assurance que j’ai payés d’ailleurs l’an passé. Ça a probablement été l’un des placements les plus rentables de ce client d’avoir acheté cette assurance-là, même à 200 000 par année. Mais la première présentation que je lui avais faite, c’était 500 000 $ de prime. Là, il a un peu reculé sur sa chaise, pas qu’il n’avait pas les moyens, mais disons qu’on va commencer avec un 200 000. (rires)

Mais c’est quand tu apportes ce genre de contrat-là, ça fait partie d’une planification souvent successorale qu’on transfère l’actif d’une génération à l’autre. Ton père est immensément riche, mais à son décès, il y a beaucoup d’impôts à payer et après ça, l’argent qui reste te revient. Moi, je dis souvent aux gens : « Regarde, il y a 2 façons. Est-ce que l’impôt que tu as à payer au gouvernement, t’aimerais mieux la donner à tes enfants ? » La réponse, je la sais, normalement c’est oui. « Astheure, si je te trouve un moyen de faire ça sans que ça te coûte trop cher, t’es-tu intéressé ? » S’il me dit oui, je vais amener une approche d’assurance qui fait en sorte que l’assurance va payer l’impôt et l’ensemble de l’actif va s’en aller à ses héritiers. C’est tous des conseils fiscaux, mais c’est pour ça que je disais qu’au départ, la fiscalité est importante, comme de connaître toutes les approches fiscales pour économiser de l’impôt. C’est là qu’on réussit à souscrire des gros dossiers.

Mais en dehors de ça, c’est sûr que le marché familial (Papa, Maman, enfants), oui ça fait partie d’une base de la business. Mais quand tu veux courir après des gros dossiers, il faut que tu te diriges du côté commercial, où souvent les entrepreneurs ont déjà des grosses entreprises. Il faut pas que tu sois trop impressionné et il faut que tu sois assez formé pour les approcher et dire : « Ton comptable t’a parlé de ça ? Et ton fiscaliste ? » Il faut que t’ouvres des portes, comme on dit. (rires) Ça prend des livres, c’est comme aller à la pêche, si t’as pas de ligne à pêche, ça ira pas bien.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

C’est très varié. Un, répondre aux services à la clientèle. Le nombre d’appels qu’on peut recevoir par jour, c’est l’un des aspects. Marylou répond, mais comme elle n’a pas de permis, elle n’a pas le droit de donner de conseils. Elle peut juste donner de l’information par rapport à ce que le client détient déjà, mais elle n’a aucun droit de donner des conseils. Donc, il faut qu’elle me réfère le dossier. Si je suis disponible, je vais prendre l’appel et à partir de là, je vais déterminer si c’est déjà un client. Si je n’ai pas besoin d’ouvrir un nouveau contrat et que je travaille déjà sur quelque chose d’existant, je vais lui donner des conseils et on va régler le dossier en tant que tel. Mais souvent, j’ai un appel ou même aujourd’hui, des courriels. J’ai une cliente tantôt, elle m’envoie un courriel en me disant qu’elle s’excuse, qu’elle n’a pas eu le temps de m’appeler, elle a un 100 000 $ à placer, elle veut que je m’occupe de ça. Son dossier est déjà ouvert, je n’ai pas besoin de faire toute la paperasse pour ouvrir un nouveau dossier, mais je vais m’occuper d’investir son placement qu’elle veut faire.

Dans une journée de travail, il y a de la préparation de dossiers, parce que si je sais que demain j’ai 2 rendez-vous, il faut que je sois préparé avant ma rencontre. Je vais ressortir et mettre à jour la valeur des contrats, les montants d’assurance, les valeurs des placements, puis quand j’arrive à ma rencontre, je suis déjà tout préparé pour donner l’information au client . Est-ce qu’il a besoin de souscrire à un REER ? Est-ce qu’il a besoin de souscrire à du CELI ? Je vais arriver déjà « mindé » chez mon client, peu importe ce qu’il va me poser comme questions. J’ai tout son dossier et j’ai déjà entrepris la prochaine étape de lui offrir quelque chose. « Tu te rappelles, on a parlé de telle affaire, finalement t’avais pas souscrit ça, veux-tu en entendre parler ? » T’as toujours ta carte de vendeur un peu à quelque part, dans ta poche. C’est ça, ta business : recommander et vendre les produits.

Et puis, vient tout le côté administration. L’administration, malheureusement, nous gruge beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps. L’administration, ce sont des renouvellements de placements, des renouvellements d’assurances, tout ce qui est légal. L’ANF, le renouvellement des permis et celui des assurances responsabilité, parce qu’on doit se couvrir en cas de poursuite d’une assurance. Produire des paies, ça c’est dans l’aspect comptable. Payer les factures. Les téléphones. Renouveler les abonnements de cellulaire, de téléphone, de qui va ouvrir la cour l’hiver. Il y a tout le temps, tout le temps de l’administration. J’ai des factures qui arrivent sur mon bureau à chaque jour. (rires) Il faut tout le temps régler un paquet de choses. Ça gruge du temps dans le quotidien et le peu de temps qui me reste, il faut que je me concentre et que je me dise « OK, là il faut que je monte un dossier, mais si j’ai quelqu’un à rencontrer, comment je vais l’approcher ? » Souvent, j’ai déjà fait au préalable une cueillette de données suite à ce qu’ils m’ont donné. J’analyse ça, je me fais une idée sur la meilleure offre de conseil que je peux lui faire. Après ça, je suis prêt à le rencontrer.

C’est très varié. Des fois, tu le sais pas. Il y a des journées, je commence et je me dis : « Je vais faire ça aujourd’hui » et finalement à la fin de la journée, j’ai pas eu trop, trop le temps de le faire, parce qu’il y a eu 3 clients qui se sont présentés et qui n’ont pas pris rendez-vous. Tu les laisses pas sur le carreau, si je suis capable de les prendre, je les prends. Mais pendant ce temps-là, je fais pas mon travail que je pensais faire. Il faut jamais, à quelque part, que ça paraisse, je suis toujours content de les voir. Ce que j’ai à faire, c’est là. Le client est là, c’est ma priorité, c’est de le servir. C’est ça qui va faire en sorte qu’un client va être fidèle, il va rester chez vous et même s’il est approché par la compétition, il se dit qu’il travaille avec Martin, c’est beau. C’est d’acquérir ça au fil du temps. J’ai un client qui aujourd’hui est décédé à 73 ans environ et quelques années avant, il me disait : « Une chose que je peux te dire, Martin, si on t’avait pas eu dans notre vie, on n’aurait pas la qualité de retraite qu’on a eue. Si on a tout ça, c’est en grande partie à cause de toi, avec ton aide. » Je le prends comme une fleur, je suis content, parce qu’on a eu assez de temps de relation d’affaires ensemble pour qu’il voit le résultat concret de mes conseils. Des fois, ils achètent du vent comme idée, parce que je leur dis qu’on « s’en va là ». Mais tant qu’ils ne l’ont pas réalisé, c’est pas évident. Je leur vends des conseils, mais c’est dans le temps qu’ils vont porter fruit. C’est très, très particulier comme domaine. Il n’y a pas un autre emploi qui va te donner le même aspect nécessairement. C’est ça qui est très spécial.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

C’est sûr que c’est la rencontre client. C’est là que tout ce que j’ai acquis comme connaissances va entrer en ligne de compte. L’aspect client, il peut m’amener sur plusieurs chemins. Ça m’amène à me dépasser, à trouver le bon conseil, etc. C’est le client qui me fait vivre, si j’ai pas de clients, je serais pas là. En même temps, c’est lui qui m’apporte la reconnaissance et l’objectif de l’aider. C’est pas mal l’aspect prioritaire, mais c’est aussi mon préféré, c’est sûr que c’est ça. Parce que faire de la paperasse, payer des factures… C’est pas le côté qui m’apporte une joie énorme… En tout cas, pas équivalente à l’autre. (rires) Avoir le sentiment de lui avoir servi, que le client, quand il quitte mon bureau, il est content. Ça, c’est la récompense.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

L’entreprise, je l’ai amenée où est-ce qu’elle est, en partant de rien. Là, je suis rendu à 60 ans, 40 ans presque de carrière. Ça fait un bon moment que je pense à la relève. Mais la relève, comme dans tous les métiers, les gens disponibles sont rares, très rares. J’ai eu une association que j’ai faite en 2016, j’avais un partenaire que j’avais avec moi depuis 2011 et qui est devenu actionnaire de mon entreprise en 2016. Par contre, je l’ai perdu en 2017. Il a été atteint d’un cancer et est décédé à 48 ans. Ça a été plate, parce que j’avais un planning avec lui, c’était lui qui prenait tranquillement ma relève. On avait un premier objectif de 5 ans, soit 2016-2021. Pendant 5 ans, il payait son acquisition de 40 % des parts à l’époque et normalement en 2021, je lui aurais revendu probablement la balance de l’entreprise. Peut-être que je serais resté avec lui pareil, mais pour moi, mon transfert d’entreprise aurait été fait.

L’objectif est encore là. Je vous cacherai pas que j’ai des pourparlers avec différents intervenants, mais là, en tout cas, il y a une vague présentement qui est en train de se faire où ce que je deviendrais régional. Dans le sens que mon bureau resterait tel quel, mais je rattacherais des représentants du Centre-du-Québec, Trois-Rivières, Drummondville, Sherbrooke et Victoriaville. Ce serait à peu près ça. À partir de là, il y a des actionnaires qui s’ajouteraient. On deviendrait un méga bureau régional avec plusieurs représentants, mais en allant chercher de la force du regroupement de tout ça. Moi, à travers ça, tranquillement pas vite, je céderais des parts du bureau pour avoir un bureau qui se continue. Parce que demain matin, je pourrais mettre une pancarte qui annonce que je suis à vendre, j’aurais des acheteurs, de même. Sauf que, à regret, eux prendraient mes affaires, emmèneraient ça dans leur bureau et mon cabinet viendrait de disparaître. Moi, ça fait 40 ans que je bâtis ça et mon objectif, c’est que ça se continue, même si je suis pas là.

Quand je me suis incorporé la première fois, j’ai appelé mon cabinet Assurances Martin Lajeunesse et au fil du temps, je l’ai changé aujourd’hui pour que ça s’appelle AG Gestion Financière. Pourquoi ? Parce que un, Assurances Martin, le monde voyait juste « assurances » et « Martin ». Les clients ont commencé à me poser la question : « Si tantôt t’es plus là, c’est qui qui est là pour nous servir ? » J’ai un cabinet, je vais avoir d’autres personnes. Mais les gens commencent à te poser la question, ils voient que tu rajeunis pas non plus. Alors, j’ai décidé de mettre AG, qui est le symbole de l’argent en chimie. Je n’étais pas pour mettre un signe de piastre sous gestion financière, mais en mettant AG comme ça, c’est le représentant de l’argent.

Car, qu’est-ce qu’on fait? On gère des placements, on gère de l’assurance. Tantôt, je disais que j’amène un chèque. Un chèque, ça se transforme en argent. C’est tout le temps de l’argent. On est tout le temps lié à quelque part à de l’argent. Je te vends une assurance salaire, tu tombes invalide, je t’amène de l’argent. T’es malade, t’as besoin d’argent pour payer tes médicaments ? C’est moi qui paie. C’est tout le temps lié à l’argent. Il n’y avait rien de mieux que le symbole de l’argent. C’est de là que ça vient. Pour la gestion financière, je fais quoi ? Je gère de la gestion, tout ce qui est financier. Ton hypothèque, tes assurances, tes placements, nomme-les toutes. On touche à tout. Et ça peut être n’importe qui en arrière ça, tu viens d’enlever un argument des clients qui disent que c’est plus juste Martin. Il faut après ça que j’en mette d’autres derrière, c’est ça le défi.

Avec ce que je vous parle, l’idée qui est en train de se faire, j’ai bon espoir qu’en 2023, on va arriver à ce genre de regroupements-là qui va faire un méga bureau Centre-du-Québec où on va être 7, 8 ou 10 représentants et qu’on va réunir nos forces. Je ne sais pas la clientèle, elle sera rendue à combien, mais je prends mes 600 500, je les mets dans le pot, si les autres amènent chacun 1000 clients, on va peut-être se ramasser à 15 000 clients pour un cabinet, avec plus qu’une adjointe évidemment et plusieurs représentants. Ce serait, je dirais, la prochaine étape de développement au niveau de l’entreprise qui germe tranquillement pas vite, mais qui se précise.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

À peu près toutes les raisons déjà que j’ai dites. Marylou est une employée, mais les personnes aux ventes, je ne les considère pas comme des employés, mais comme des gens autonomes. Tout ce qu’ils viennent chercher ici, c’est les services d’adjoints, se partager de l’information et moi, partager mes connaissances avec eux. « Martin, j’ai un dossier, qu’est-ce que tu ferais, toi, dans ça ? » Je ferais telle ou telle affaire, donne-moi du jus et je vais te dire ce que moi, je recommanderais. Mais ça, si on est plusieurs à mettre notre expérience en commun, je pense qu’on va être très fort dans les recommandations qu’on va faire.

Pour travailler chez nous, comme je l’ai dit, « plaisir et affaires ». Je veux pas que personne travaille chez nous avec l’impression d’avoir un boss dans le dos et qui serre la vis tout le temps. C’est pas ma façon de voir les choses. Un, j’ai déjà essayé de travailler pour une institution financière et j’ai été pendant 2 ans à m’obstiner avec la direction, ça a pas d’allure, c’est pas de même qu’il faut que vous fassiez ça. Mais quand c’est une grande entreprise avec une banque en haut, tu fais ce qu’ils te disent et ton opinion… On en tient pas compte trop, trop. (rires) Cet aspect-là, quelqu’un qui vient travailler chez nous, oui, ça prend un peu d’autonomie pour qu’évidemment, il puisse lui-même travailler. Mais le fait qu’il y ait des collègues et d’autres personnes expérimentées, ça va aider. Il faut aider à partir des jeunes recrues pour pas avoir le défi aussi fort comme je disais tantôt de recruter eux-mêmes client par client. Si on a un bassin de X milliers de clients, c’est pas vrai que je suis capable physiquement de rencontrer 600 500 clients par année, c’est impossible. Oui, il y a une base active, mais je te dirais ma grosse base active, c’est peut-être 1000. Les autres, ce sont des clients à qui j’ai vendu de quoi il y a 10 ans et qui m’ont jamais redemandé quoi que ce soit. Mais si j’ai du monde, je pourrais leur dire : « Prends donc ce dossier-là, appelle donc Monsieur Untel ou Madame Untelle. Ça pourrait être le fun qu’on aille lui faire une visite. »

Mon associé qui est décédé, il est venu ici, je le connaissais pas. Il m’a appelé un matin : « Monsieur Lajeunesse ? Je voudrais vous rencontrer. Vous me connaissez pas, mais moi je vous connais pas mal plus que vous le pensez et je veux vous rencontrer. » La première chose qu’il m’a dit au restaurant, c’est : « Je suis dans le domaine de gestion de placements d’un million et plus depuis plusieurs années. Ce que je trouve remarquable chez vous, c’est qu’à chaque fois, je suis tombé sur l’un de tes clients, j’ai jamais été capable de rien faire. Toi, c’est pas compliqué, tu rentres chez un client, tu passes la gratte et tu fermes la porte, c’est fini. Ça, j’en reviens pas. J’ai jamais été capable de rien faire chez tes clients. Je trouve ça remarquable. C’est l’une des raisons pour laquelle je veux travailler avec toi, être associé et partager le même bureau. Deuxièmement, à chaque fois que je passe devant la porte, je me vois dans ton bureau. T’es au centre-ville, t’es bien placé, t’es bien installé, c’est très important pour moi. » C’était le fun d’entendre ça en même temps, ça fait partie des raisons pour travailler chez nous.

C’est presque illimité comme développement potentiel. Dans un travail qui est routinier, tu vas atteindre une espèce de routine qui fait en sorte que oui, tu fais ton travail, mais que ce soit lundi, mardi, mercredi, jeudi ou vendredi, tu vas avoir fait la même affaire à chaque jour. Alors que moi, il y a pas une journée dans la vie qui est pareil comme la veille. Il y a tout le temps quelque chose de nouveau, il y a tout le temps un nouvel événement, il y a tout le temps une nouvelle personne. Tu rencontres Pierre, Jean, Jacques, tu fais des découvertes. Je suis allé cette semaine à Montréal, je rencontre un gars, j’ai passé la soirée avec eux autres, j’ai appris toutes sortes d’affaires. En même temps, tu te dis : « Ah, je viens de pogner un contact pour telle affaire, parce que lui était là, moi j’étais pas là. Parfait, je vais me servir de lui pour entrer là ». Il faut tout le temps que tu restes aux aguets, de toutes les rencontres que tu peux faire et tu peux pas dénier ou mettre quelqu’un de côté. Il y a toujours quelque chose à apprendre. Cette curiosité-là, il faut que tu l’aies, tout le temps. Il faut que tu dises : « OK, lui, cette personne-là, je la rencontre pas pour rien, il y a quelque chose dans sa vie, si c’est pas pour m’apporter de la business, c’est pour m’apporter quelque chose au personnel de son expérience ».

T’as pas ça dans tous les travails. Quand t’es devant ta machine, tu parles juste à ta machine… C’est correct, ça en prend, je serais pas capable de faire ça, pas après avoir connu ce que j’ai fait. À quelque part, je dirais presque que c’est le meilleur métier du monde, c’est peut-être exagéré, mais c’est l’un des très beaux métiers pour quelqu’un qui veut tout le temps prospérer et mentalement et dans son travail et ses relations. Ça vaut de l’or.

Je pense qu’il y a un mot, que souvent les clients me disent : c’est la passion. C’est pas plus compliqué que ça. Si t’as pas la passion dans le travail que tu fais, change de travail. C’est le plus important.

Pour vous, la persévérance c’est quoi ?

La persévérance, c’est très important. Je dirais, dans mes études, dès le secondaire dans les années 70, il y avait 3 types de classe : les 110, les 220 et les 330. Je me suis toujours classé dans le 330. C’est sûr que quand le professeur rencontrait les 330, il pesait fort, t’avais toujours un peu plus d’ouvrage, mais t’avais un niveau de compétition à travers la classe de peut-être 30 élèves. C’était de haut niveau, tout le temps. Donc, oui, ça prend de la persévérance dans les études, ça prend de la persévérance dans ton travail, mais à partir de là, t’évoluais beaucoup plus rapidement.

Juste pour vous donner une idée, en secondaire 1, on commençait les cours d’anglais. La professeure, après 2 semaines, elle dit : « Toi, je sais pas ce que tu fais ici. T’avanceras pas, t’en sais plus de ce que je vais donner dans l’année. Ta place, c’est pas ici, c’est en secondaire 3. » Elle me passe de 1, elle me transfère en 3. Elle me dit : « Oublie ça, tu vas perdre ton temps. T’as pas d’affaire ici. Je t’envoie tout de suite en 3. » Ça, ça été comme ça pendant tous les secondaires, un après l’autre, de 1 à 5, toujours dans les groupes de 330. L’équipe qui était là aujourd’hui, c’est des notaires, des propriétaires d’entreprises, des avocats. C’est tous des gens qui je dirais ont un niveau professionnel important. Entre autres, il y en a un, que plusieurs peut-être connaissent à Victoriaville : l’entreprise Sani Marc. C’est Pierre Goudreault qui est aujourd’hui président-directeur et propriétaire, c’est son père qui a parti ça, mais Pierre, on était dans les mêmes classes et on s’est suivis tout le temps. Ça vous donne une idée. Monsieur Labé des restaurants St-Hubert à Victoriaville, c’était dans ma classe. Après ça, des notaires, des médecins, des gens en haut niveau informatique.

Si notre cohorte avait pas eu la persévérance de ça, de se dire oui c’est difficile, oui ça demandait plus d’heures, mais par contre, ça nous a amenés à un niveau je dirais très important. La persévérance scolaire, il faut pas lâcher. Par contre, il y en a qui vont dire : « Moi, le secondaire 5, j’en ai assez », mais bon, je pense que dans le milieu, aujourd’hui, ça prend un peu plus que ça.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Les jeunes, c’est notre relève. Vous avez comme on dit la vie devant vous. Tout ça, si je remonte à l’époque… Je sais pas à tous vos âges, mais à quelque part entre 12 et 18. (rires) Ce qui est difficile, un, on est jeune, on le sait pas encore notre intérêt, vers quoi on veut s’en aller, quel métier on aimerait faire. Des fois, ça, c’est difficile.

Je vous dirais que moi jusqu’à mes 18 ou 19 ans, encore là j’étais pas sûr, je savais pas. Quand je suis arrivé au cégep, je savais pas encore. J’ai pris un cégep en sciences pures, j’ai finalisé mes 2 ans et là j’ai dit : « Ouais, pas sûr encore, je vais faire sciences santé ». J’ai rajouté 1 an. Donc j’avais autant de sciences pures que sciences santé. Si avec ça, j’ai pas de bagage pour faire de quoi, je suis aussi bien de retourner sur les bancs d’école encore. Je me suis inscrit à l’université et j’ai fait 3 demandes : l’Université de Montréal en pharmacie, Université Laval en génie électrique et Université du Québec à Trois-Rivières en administration (sciences comptables). J’ai « spreadé » ça en trois domaines. Après quelques semaines, on reçoit les retours de nos demandes. Montréal ? Refus, programme contingenté. Laval ? Accepté. Trois-Rivières ? Accepté. La conclusion, c’est que je suis allé en sciences comptables, mais je vous dirais qu’il n’y a pas une journée que ce cours-là m’apporte pas dans ma carrière des outils.

Les sciences comptables, il y a la fiscalité en arrière de ça et tout ce qui est l’aspect financier (les placements, par exemple). C’est une base très importante pour le travail que je fais aujourd’hui. Ça m’a aidé à progresser encore plus rapidement dans ce domaine-là à cause de ça, parce que je pouvais me démarquer d’autres confrères qui sont dans l’assurance, mais qui n’ont peut-être pas autant d’études. Moi j’arrivais : « Hop, moi je l’ai, ta solution » ou encore « Moi, je suis en fiscalité, tu devrais faire ça, ça, ça, tu vas sauver de l’impôt ». Toutes ces petites affaires-là, j’étais plus vite que plusieurs autres.

Le conseil que j’aurais à donner, c’est de ne pas lâcher vos études. Allez chercher au moins une certification quelconque pour pouvoir après ça vous orienter. Encore là, ça ne veut pas dire que c’est exactement ce que vous allez préférer faire, mais vous avez encore le temps de changer d’idée par après, c’est pas trop un problème. (rires)

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je trouve ça le fun. C’est l’aspect implication qui vous amène à rencontrer du monde, à donner des services. Oui, c’est du bénévolat, mais j’en fais, moi aussi, du bénévolat entre autres dans 2 organismes. Même que j’ai été sur un conseil d’administration d’une maison dans le coin de Joliette. J’ai été plusieurs années sur le conseil d’administration. C’est une maison de ressourcement qui permet entre autres aux femmes violentées d’avoir refuge, etc. C’était du bénévolat. Là, je suis sur un conseil d’administration de la Société sylvicole, dédiée à la forêt. Ça existe depuis au-delà de 40 ans. Je siège au conseil d’administration depuis 15 ans et j’en suis le président depuis 6 ans. La fierté que j’ai, c’est que de par mon implication, j’ai fait évoluer cette entreprise-là pour quadrupler en dedans de 5 ans son chiffre d’affaires. Du 1,2 million du chiffre d’affaires, on est passé à 6,2 l’an passé.

Oui, avec l’expérience personnelle, parce que oui, j’ai amené 7 personnes sur le conseil d’administration, mais ça prend un leader dans la gang et ça faisait longtemps que j’étais là et ça bouge pas. À un moment donné, il fallait donner un coup de barre et dire : « C’est fini, il faut prendre une autre direction ». À partir de là, c’est correct, on veut pas refaire les erreurs du passé, mais cette entreprise, il faut qu’elle s’en aille là. Qu’est-ce qu’on va faire ? On va changer le mode d’opération. C’est de l’implication bénévole, ça me donne pas plus d’argent dans mes poches, sauf que j’ai 15 employés là-bas, on a une masse salariale de 500 000 par année. Je fais quand même vivre des familles et je sécurise leurs emplois, parce qu’eux autres, ils en ont besoin de leurs emplois et pour ça, il faut que l’entreprise soit là. Je veux l’amener encore plus haut, mais comme on dit, à un moment donné, il faut respirer un peu. C’est allé vite, parce qu’en dedans de 5 ans, j’ai doublé le chiffre d’affaires, année après année.

Je fais aussi du bénévolat dans un club d’ébénisterie à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie à Victoriaville. Je suis le trésorier. Encore là, on a fondé ça, on l’a parti de zéro. Aujourd’hui, il y a 80 membres qui viennent passer du temps à s’amuser, à faire leurs projets. Cette année, on va donner autour de 150 jouets à des organismes de charité qui ont tous été fabriqués par des membres du club. On redonne socialement, on divertit des gens, on leur donne l’opportunité de travailler le bois. Le groupe qui est là s’entraide. Vous venez travailler à l’atelier, vous avez envie de faire telle affaire sans savoir comment le faire ? Quelqu’un en a déjà fait, il va t’aider, te donner quelques instructions pour t’aider à bâtir le meuble ou l’objet que tu veux fabriquer en bois. C’est le fun, parce qu’on retrouve des connaissances : l’un est fort en sculpture, l’un est fort pour tourner du bois, l’un a fait des armoires, l’un a fait des escaliers, etc. Il y a un partage de connaissances qui se fait à travers ça.

Le bénévolat, c’est un peu tout ça. À quelque part, t’obtiens une joie, une reconnaissance face à ce que t’apportes dans ton bénévolat, mais nécessairement tu vas avoir aidé des gens autour de toi.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Il faut trouver le temps. (rires) Quand on est jeune, des fois on se garde du temps, on pratique une activité. J’ai joué au hockey quelques années, mais au fil des années, ça s’est estompé. J’ai fait du ski alpin. Mais l’activité physique, oui, il faut se garder en forme. Étant jeune, on se n’en aperçoit pas, mais quand on prend de l’âge, les bobos vont finir par sortir. C’est important de dire : « OK, il faut que je garde une certaine activité ». Malheureusement, nous autres, on a un travail qui est plus assis, plus de bureau, mais quand même. En dehors de ça, j’ai une terre à bois, une érablière. Je manque de temps pour y aller, mais bon. À un moment donné, je courrais un peu toutes sortes d’affaires pour essayer de me dépenser, mais oui, c’est très important de se garder en forme.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette ?

C’est pas une bonne idée à mon avis. J’ai jamais fumé, je peux pas vous dire que je connais ça. J’ai vu des fumeurs en masse. Mais à toutes les fois, j’ai vu des gens qui ont fumé et plusieurs en sont décédés en plus ou moins bas âge. Je suis rendu à 60 ans, mais quelqu’un qui décède à 65 ans, il a été fumeur toute sa vie, ça n’a probablement pas aidé. C’est peut-être un des aspects qui fait qu’il finit avec un cancer de la gorge ou un cancer des poumons. Je peux pas vous dire que je suis très enclin à recommander que quelqu’un fume ou vapote. C’est plus un défaut qu’une qualité à mon avis.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie, les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

Le seul aspect positif à la légalisation que je peux donner, c’est d’essayer de contrer le crime, tous ceux qui font ça de façon criminelle d’une certaine façon. Il y a les groupes de motards, on le sait, où tout le monde peut avoir de la drogue sur la rue, etc. Le gouvernement, en légalisant ça, a essayé de faire diminuer ça. Je dis pas que ça l’a fait disparaître, mais ça peut aider. Par contre, ça donne accès à tout le monde. Je peux croire que ça peut être bénéfique pour certains en thérapeutique, mais en dehors de ça, si ça pouvait ne pas exister… Ça serait plus ma façon de penser. C’est très, très mauvais en tant que tel que ce soit dans notre vie, mais bon.

Il y en a d’autres affaires comme ça, l’alcool par exemple qui n’est pas bien mieux. (rires) Une autre forme de dépendance. Manger trop, c’est pas mieux non plus. Des fois, les jeunes nous disent : « Mourir de ça ou mourir d’autre chose… » Oui, mais ce serait peut-être le fun que tu vives en santé le plus longtemps possible. Parce que ceux qui ont arrêté de fumer, qu’est-ce qui est arrivé ? Prise de poids, souvent. Plein de problématiques qui se continuent même si t’as décidé d’arrêter de fumer, parce que ton organisme réagit mal. Tu vas te garrocher dans la nourriture ou dans d’autre chose.