Entrevue avec Roxanne Bruneau, auteure, compositrice et interprète

Entrevue avec Roxane Bruneau, auteure, compositrice et interprète, réalisée par Émy Roy, Kim et Bianca Pontbriand-Pellerin et Cloé Girard des Comités 12-18 de Tingwick, Notre-Dame-de-Lourdes et L’Avenir.

À quel âge as-tu commencé à chanter ?

À l’âge de 12 ans, j’ai écrit ma première chanson, alors je te dirais que c’est dans ces eaux-là. Je chantais sous la douche et c’est pour ça que mon studio est maintenant dans une douche.

J’ai entendu dire que tu faisais toutes tes vidéos par toi-même. Pourquoi ne pas partager ce travail ?

Au début, j’ai commencé seule parce que je n’avais pas les moyens d’engager une équipe. Ça coûte des sous, les gens font ça de leur vie. Caméraman, preneur de son, éclairagiste, je n’avais pas les moyens de payer tout ce monde-là, alors je me filmais avec mon téléphone. Quand tu fais cela, tu développes une technique. Moi j’aime tout gérer. Alors la seule personne qui m’aide, c’est André, mon caméraman que nous appelons Youtube. Quand je me promène et que je fais des « vlogs », ce qui arrive moins depuis la pandémie, c’est arrivé certaines fois, il était là. Alors c’est la seule personne qui m’aide vraiment. J’aime ça faire le montage, gérer tout ça toute seule.

Du jour au lendemain tu as connu un succès immense qui ne cesse d’augmenter. Crois-tu que tout est allé trop vite ? Si oui, est-ce que tu changerais quelque chose à ta carrière ?

Moi je ne changerais rien. Je pense que chaque truc arrive pour une raison, même si des fois c’est une « bad luck ». Ces «  bad luck » là m’ont emmenée sur des chemins qui m’ont permis de rencontrer certaines personnes, certains événements. Je ne changerais rien. Oui c’est arrivé vite, ça l’air d’être arrivé plus vite que ça l’est en réalité. Ça fait quand même 7 ans que je fais de l’Internet de mon côté. Ça fait 4 ans que je fais de la musique professionnellement. 7 ans c’est un bon bout pareil ! Oui c’est sûr qu’à première vue, si tu m’as connue la semaine passée à la télé, tu peux avoir l’impression que c’est allé vite. Ceux qui me suivent depuis le premier jour où je me déguisais en Tinky Winky sur ma chaîne YouTube, ils savent que ça fait vraiment longtemps.

Si tu avais le choix de faire n’importe quel autre métier, que ferais-tu ?

C’est sûr que ça serait dans le domaine des arts parce que je pense que je ne suis pas bonne dans rien d’autres. Ça serait surement caméraman ou monteuse vidéo, recherchiste sur un plateau de télé. Ce serait en lien avec les arts de la scène et des médias.

Pourquoi as-tu commencé à composer des chansons?

Je n’ai aucune idée ! Je n’avais même pas l’impression que j’écrivais des chansons. J’avais des cours de guitare et je me suis mise à écrire des paroles là-dessus. Je ne me suis jamais levée un matin en disant moi je veux être chanteuse, je vais écrire des chansons. Ça s’est vraiment fait de façon naturelle.

Tu appelles tes fans tes cocos. Pourquoi ce surnom ?

Je trouve qu’appeler le monde des fans, ça fait comme si j’étais plus cool qu’eux autres, alors qu’au contraire. Si ça n’était pas de ces gens-là, aujourd’hui je ne serais pas assis avec vous et je ne ferais pas de spectacles. Je n’ai pas le type de carrière normal. Exemple, une téléréalité t’amène dans le salon des gens. Moi j’ai commencé dans le salon des gens et je suis rendue à la télé grâce aux gens. Je voulais avoir un petit surnom « cute » et « coco » c’est arrivé du jour au lendemain, sans mi attendre. Depuis ce temps ça n’a pas arrêté.

Je sais que tu es très impliquée dans la cause LGBTQ+. Quel est ton principal message pour toutes les personnes pour qui tu es un modèle important ?

Mon message serait de ne pas te stresser pas à trouver ta lettre ou ta couleur sur le drapeau. Tu n’es pas obligé de te mettre une étiquette. Souvent, je vais parler à des jeunes qui me disent moi ça me stresse, je ne sais pas, je me pose des questions… Fais juste vivre. Si demain matin tu es une fille qui tripe sur une fille, tu n’es même pas obligée de dire que tu es lesbienne. Moi ma blonde à 40 ans. Elle n’a jamais sorti avec des filles de sa vie et ça va faire 4 ans que nous sommes ensemble. Elle ne dit pas nécessairement au monde qu’elle est lesbienne, elle sort juste avec une fille. Peut-être qu’après moi, s’il y a un après moi, elle sera avec un gars ou une autre fille. Nous ne sommes pas obligés de nous stresser avec l’étiquette et la couleur qui nous appartiennent sur le drapeau. Si c’est important pour toi, je ne te juge pas non plus. Tu fais les choses comme toi ça te tente, car moi quand je vais me coucher ce soir, ça ne m’empêchera pas de dormir. Alors c’est vraiment de s’écouter et de ne pas se stresser avec ça.

Est-ce que tu veux des enfants ? Si oui, combien ?

Je ne veux pas d’enfants. Ma blonde en a déjà 3 et en avoir d’autres, ce n’est pas dans ses plans. Moi ça n’a jamais vraiment été dans mes plans parce que je suis très carriériste, très travaillante. Avoir des enfants, c’est vraiment un truc de société. Je pense que rendu en 2021, tu peux t’écouter. Moi j’ai peur de « scrapper » mes enfants. J’ai peur de faire des enfants et de ne pas être assez là pour eux, de ne pas leur montrer les bonnes choses et d’engendrer des enfants qui n’ont pas de bons sens. J’aime mieux ne pas me mettre ce stress-là sur les épaules.

Est-ce que tu as des animaux chez toi ?

Il en avait un qui pleurait tantôt et qu’il est en train de mastiquer je ne sais pas quoi. J’ai un chien et un chat.

Félicitation pour tes 100 000 albums vendus ! Avec la musique numérique de nos jours, comment vois-tu la vente d’albums dans le futur ?

C’est une bonne question ! En ce moment, je ne suis pas une experte, en ce moment je touche du bois parce que ça se passe bien. Si l’on revient 20 ans en arrière, les ventes physiques étaient un fiasco. Avant, le monde n’achetait que des albums et ce ne sont des chiffres qui ne faisaient pas de bons sens. 100 000 en 2021 ça n’a pas de sens, c’est complètement fou ! Je me compte vraiment chanceuse. Je pense vraiment que c’est appelé à disparaitre malheureusement, à moins qu’il y aille un revirement de situation, que la mode change. Comme là les vinyles sont très à la mode et tout le monde veut une machine a vinyle. À moins qu’il y ait une tournure dans les événements, je pense vraiment que nous allons vers le numérique.  Ce qui est « cool » aussi, c’est que ma musique voyage en France en ce moment et je ne suis jamais allée en France ! il y a des pour et des contres de chaque côté.

Récemment tu as fait part de ton expérience face à la violence conjugale avec ta chanson « Secret ». Que penses-tu de la situation actuelle et quel serait ton message pour toutes les personnes qui se retrouvent dans cette situation ?

C’est une grosse question qui mériterait une discussion de 3 heures, alors répondre comme ça risque d’être difficile. Ce que j’ai envie de dire aux victimes, c’est que l’on peut s’en sortir, il y a des numéros de téléphone, il y a des endroits où vous pouvez aller. Par contre, c’est dur de dire ça au monde présentement avec le confinement et tout ce qui sort dans les médias. Je peux comprendre les victimes de ne pas avoir envie deparler présentement, parce qu’on dirait que le système n’est pas assez derrière les victimes. C’est sûr que le message d’espoir que j’ai envie de donner, c’est il y a vraiment des numéros de téléphone et je vous le jure que nous pouvons nous en sortir.

Qu’est-ce qui te rend la plus heureuse en ce moment?

Mon Dieu, c’est une grosse question ! Je vais être franche avec vous, je suis le genre d’être humain qui voit le verre tout le temps à moitié vide. Je me lève le matin et je suis déjà marabout. Les petites choses de la vie comme boire mon café froid quand il fait soleil, être relaxe avec ma blonde et le chien, faire des spectacles. Juste une petite vie relaxe me rend heureuse.

Quel a été ton endroit préféré pour chanter ?

Je pense que c’est le spectacle de la St-Jean à Montréal. Il y avait du monde à perte de vue, je n’avais jamais chanté devant autant de monde. Je ne sais pas si ça été mon spectacle préféré, mais c’est le spectacle que je suis sortie de scène la plus fière. Je pensais mourir avant, pendant et un peu après. D’avoir survécu à ce spectacle-là, je suis vraiment, vraiment heureuse.

Comment arrives-tu à gérer ton stress avant un spectacle ?

Je ne gère pas mon stress avant un spectacle… si vous avez des trucs pour m’aider, juste me le dire, ça serait plaisant. Je suis toujours près de la mort. Mon dernier spectacle que j’ai fait c’est à Gatineau, un spectacle acoustique, et juste avant d’embarquer sur scène, j’avais l’impression d’avoir un énorme poil dans le fond de la gorge. J’étais avec mon guitariste en coulisse, il faut embarquer sur scène dans 30 secondes et je dis « Mat j’ai un poil dans le fond de la gorge ». Mat me demande d’où il vient le poil ? Là je suis comme ce n’est pas important d’où il vient le poil, c’est juste que là je vais chanter avec un poil dans la gorge ! Ce sont toutes de petites angoisses qui n’existent pas, comme ça, que je me crée comme une grande fille.

Comment vis-tu la situation actuelle (covid-19) sachant que tu es hyperactive et qu’il t’est très difficile de ne rien faire ? Quelles sont tes occupations et tes projets pour t’occuper un peu ?

D’emblée, je ne peux pas me plaindre. Je sais qu’il y a des artistes qui ont dû retourner travailler. Il y a des infirmières en ce moment qui se battent contre la mort. Moi, je continue à faire des vidéos sur Internet, à faire un peu de télé, un peu de spectacles.  Je te dirais que pour moi, oui c’est ennuyant, mais je ne peux pas me plaindre. Je suis une de celles qui ont été épargnées quand même. Près de moi, personne n’a été malade, tout le monde est en santé.

Comment as-tu trouvé que le chant était une passion pour toi ?

Je l’ai découvert quand un producteur m’a dit on va faire un disque. J’étais tellement gênée de chanter devant le monde que ça ne me passionnait pas. Je le faisais seule chez moi, j’avais du fun, mais je n’étais pas passionnée. J’étais terrorisée de le faire devant des gens. Présenter une chanson, c’est un peu se mettre l’âme à nu devant le monde et dire « aimes-tu ça ? » Je l’ai découvert quand les gens ont commencé à aimer ça. Je pense qu’ils m’ont donné le petit coup que ça prenait pour aimer ça.

Comme tu as dit tantôt, tu fais de l’anxiété et cela fait partie de ta vie. Quel serait ton message pour toutes ces personnes qui en souffrent au quotidien ?

Tu ne vas pas mourir. Je pense que c’est ce que je leur dirais parce que parfois, c’est tellement intense. Tu as l’impression que tu vas mourir. Au début de la covid, quand nous avons été confinés pour la première fois, ça a été long avant les assouplissements. Moi je suis vraiment la fille qui respecte les règles. Je n’ai pas vu personne. J’étais enfermée dans mon sous-sol. À un moment, je me suis dit que peut-être que l’anxiété, tranquillement pas vite, allait prendre de plus en plus de place dans mon cerveau et que je ne serais plus capable de sortir de chez moi. Il y a des gens pour qui l’anxiété n’est pas juste des poils dans le fond de la gorge et des sueurs froides avant d’embarquer sur scène. Ce sont du monde qui ne peuvent même pas sortir pour aller au restaurant. Il y a des degrés d’anxiété et si tu ne prends pas le temps de réaliser que tu en fais, ça peut prendre beaucoup de place. N’hésite pas à aller chercher de l’aide. Souvent, nous allons être gênés, nous allons avoir honte, mais il n’y a aucune raison d’avoir honte. Je pense que tous les êtres humains sur terre font un degré d’anxiété.

Pour toi, la persévérance scolaire c’est quoi ?

C’est dur. Je vous lève mon chapeau ! D’un parce que moi à l’école je trouvais ça vraiment difficile. Si on m’avait envoyée une journée sur deux ou complètement à la maison pour faire l’école, probablement que j’aurais décroché avant. J’ai décroché en secondaire 3 parce que je l’ai redoublé 3 fois. Je pense que c’est parce que je ne voulais pas. J’ai doublé une fois et j’ai décroché à partir de ce moment-là. Je restais parce que mes parents me forçaient à rester et pour vrai, ne faites pas ça. C’est la pire chose à faire ! Je sais que c’est difficile, je sais que c’est poche. Tu es fatigué et des fois tu ne comprends rien, tes parents t’énervent. Au secondaire, c’est le moment où vous avez le plus de questionnements. Vous recevez des formations, vous apprenez à devenir des adultes et là, vous le faites de façon confinée, alors bravo ! Il ne faut vraiment pas lâcher parce que si tu n’as pas de secondaire 5, il n’y a pas grand-chose après que tu peux faire. Ce qui est triste à dire, c’est que quand tu es une fille, c’est pire. Un gars qui a un secondaire 4 peut aller chercher ses cartes de construction. Physiquement oui, certaines filles peuvent le faire, mais moi en secondaire 3, je pesais 110 livres toutes trempées. Alors faire de la construction, ce n’était pas vraiment une option pour moi. De la musique, je suis chanceuse, c’est tombé sur moi comme par magie. Si je n’avais pas eu ça, je serais probablement encore en train de faire de la pizza, au salaire minimum, à devoir choisir si je fais une épicerie ou si je fais le plein de ma voiture. Si je peux vous traumatiser un peu, ne lâchez pas l’école.

Quel message veux-tu lancer aux jeunes de notre région du Centre-du-Québec ?

Je pense que j’ai répondu à deux questions importantes dans la question précédente. C’est vraiment ça mon message. Il ne faut pas lâcher. J’en ai deux ados à la maison et je sais que ce n’est pas facile, même pour la plus jeune qui est super bonne à l’école. C’est plus difficile avec la Covid, les masques. C’est compliqué, mais pour vrai, si je peux vous envoyer un peu d’ondes positives, ne lâchez pas.

Que penses-tu des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je trouve ça « cute ».

Que penses-tu de la relation entre les jeunes et la cigarette/vapoteuse ?

Je pense que pour vous, la cigarette c’est moins « hot ». Dans le temps de mes parents, il y avait des publicités à la télé qui disaient que la cigarette c’était bon. Il y avait des pharmacies et des médecins qui disaient que la cigarette c’était « cool » et que ça réduisait le stress. Après ils ont fait des recherches et ils se sont rendu compte que la cigarette tuait le monde à grands coups de cancer des poumons. Ils se sont retournés et dit que ce n’était pas « cool » et que ce n’était pas bon. La vapoteuse n’a pas tant de règlementation. Le monde fume beaucoup avec ça. J’ai l’impression que dans 20 ans, des chercheurs vont sortir que la vapoteuse fait pousser des yeux dans le front. Oui tu as l’air « cool de puffer » sur ta clé USB, mais ça va probablement causer des problèmes dans le futur. Si tu as le goût d’arrêter, c’est le temps !

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Je n’y accordais pas beaucoup d’importance lorsque j’étais ado. Quand j’ai eu 25 ans, j’avais de la difficulté à monter les marches. J’étais étourdie et le cœur me battait dans la tête. J’ai alors décidé de commencer à m’entraîner, faire du tapis, faire du sport dans mon garage. Je ne suis pas très bonne, mais je le fais quand même. Je pense que c’est quelque chose qui est assez important. En même temps, si au secondaire j’avais eu autant de réseaux sociaux et de trucs à faire assis, probablement que j’aurais continué. C’est sûr que c’est important, mais entre ne pas faire de sport et vapoter, reste assis et arrête de vapoter.

https://www.youtube.com/watch?v=1urqVjr9_Fk


Entrevue avec Rémi Bergeron, propriétaire de Vimetri Productions

Entrevue avec Rémi Bergeron, propriétaire de Vimetri Productions, réalisée par Camille Lambert et Tristan Lyonnais du Comité 12-18 de Ste-Séraphine.

Décrivez-nous votre entreprise.

C’est une bonne question, parce qu’en fait, je fais plusieurs choses dans la vie, je suis travailleur autonome. Je suis un homme d’affaires avec plusieurs volets à son actif : Le premier volet, c’est que j’ai mon entreprise en production vidéo, je fais de la production vidéo, des tournages et du montage pour différents clients. Je suis aussi un investisseur immobilier depuis un peu plus de neuf ans, j’ai 77 locataires qui demeurent dans mes immeubles.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise?

Un mot d’ordre pour moi, c’est la liberté. Je suis libre de temps, libre financièrement et libre de lieux, je veux conserver cette autonomie à tout prix. Quand je confie une tâche à un employé, j’aime pouvoir lui faire confiance et leur laisser une certaine liberté afin qu’ils puissent aller de l’avant, grandir dans l’entreprise et proposer leurs idées eux aussi. C’est important de pouvoir faire confiance à son équipe de travail.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez?

Quand j’engage un employé, je recherche une personne autonome, qui effectue le travail demandé sans que je sois toujours là pour superviser ou accompagner ses actions. Il faut aussi que les employés soient capables de s’adapter aux diverses situations qui peuvent survenir puisque dans mon domaine, les imprévus sont fréquents. Je pense que les futurs travailleurs doivent apprendre jeunes, que quand on effectue un travail, il faut le faire à 100%. Si vous n’aimez pas ça, c’est peut-être mieux de changer et de trouver ce qui vous intéresse vraiment. Comme ça chacun est gagnant et personne ne perd son temps.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région?

Quand j’ai commencé, après mes études, je suis allé à Montréal et j’ai fait six mois là-bas puisqu’en production vidéo, il y a beaucoup plus de possibilités à Montréal. Je suis revenu rapidement au bercail, la grande ville ne me convenait pas. En région, dans mon domaine, il y a moins de compétition et on est plus libre de faire un peu ce que l’on veut et de pouvoir choisir avec qui on va travailler. Souvent, on connait personnellement nos clients, c’est plus facile d’avoir une relation avec eux et ce sont habituellement des relations à long terme qui évoluent dans le temps.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise?

Je n’ai plus autant d’ambition avec mon entreprise qu’avant puisque j’ai la liberté que je voulais atteindre, je voulais pouvoir travailler sur des projets qui me ressemblent et que je peux faire lorsque cela me convient et j’ai atteint cet objectif. Maintenant, j’ai plus des ambitions personnelles comme devenir une meilleure personne, de pouvoir profiter de la vie sans être obligé d’aller travailler à tous les matins. Je me suis rendu compte que ce n’est pas la grosseur de l’entreprise qui compte, mais ce que l’entreprise t’apporte au plan personnel. Si tu es bien quand l’entreprise est petite, pourquoi voudrais-tu la grossir?

Pour vous, la persévérance scolaire c’est…

La persévérance scolaire c’est de ne pas lâcher, évidemment, mais au-delà de ça il y a aussi de trouver sa voie en essayant plein de choses. L’école ce n’est pas nécessairement, selon moi, la seule manière de réussir dans la vie. Si tu continues tout le temps d’apprendre tu trouveras ta voie, c’est ça le plus important au-delà des notes obtenues à l’école.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région?

Ce n’est pas parce que tu es en région que tu ne peux pas réaliser tes rêves, tu n’es pas obligé de partir à Montréal ou à Québec, ou ailleurs dans le monde, pour faire ce que tu as envie de faire. En campagne, on est plus tranquille, plus relax, ono prend le temps de profiter de la vie. Il y a des espaces verts. C’est un mode de vie qui est moins stressant, moins rapide et en plus on n’est pas coincé à perdre du temps dans le « trafic ».

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité?

C’est bien. Moi, je l’ai fait quand même souvent aussi en étant jeune. Ce n’est pas juste de s’impliquer bénévolement, Je pense que le fait de s’impliquer dans toutes sortes de choses, bénévolement ou non, ça nous fait découvrir des choses qu’on n’aurait pas découvertes autrement et ça c’est ce qui nous fait grandir personnellement.

Quelle importance doit-on apporter à l’activité physique?

Je dirais, sans être au « gym » à tous les jours, c’est important d’avoir un mode de vie sain. Je pense que c’est souvent aussi, parce qu’en plus d’aider le corps, ça l’aide l’esprit à se libérer des mauvaises énergies.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette ou la vapoteuse?

Ça c’est non. En fait, avant, je peux comprendre que le monde fumait, que la société fumait, et on n’avait pas les connaissances qu’on avait aujourd’hui. Moi, j’ai toujours dit à un fumeur : « Sors-moi une seule bonne raison pour que tu fumes et j’arrêterai de t’achaler pour que tu arrêtes. » Il n’y en a aucune bonne raison de fumer, c’est tout.


Entrevue avec Gabrielle Monfette, Directrice générale de la Société Protectrice des Animaux Arthabaska (SPAA)

Entrevue avec Gabrielle Monfette, directrice générale de la Société Protectrice des Animaux Arthabaska (SPAA), réalisée par Bianka Pontbriand-Pellerin et Laury Laliberté du Comité 12-18 de Notre-Dame-de-Lourdes.

Depuis combien d’années est-ce que l’Astrolab existe?

L’Astrolab, dédié au public, a été construit en 1996, ça fait 25 ans cette année que l’Astrolab existe. L’Observatoire pour la recherche est au sommet du Mont-Mégantic, il est aussi ouvert au public et il a mené à la construction de l’Astrolab.

Qu’est-ce qui vous a mené à devenir responsable de l’éducation de l’Astrolab?

C’est une belle histoire! En fait, j’ai souhaité venir animer ici un été, à ce moment-là, je cherchais un poste d’enseignant au cégep. Au départ je me suis dit : « Je vais aller animer un été pour acquérir de l’expérience d’enseignement puisque j’ai fait une maitrise sur un sujet qui touche les étoiles et l’astronomie » Finalement, il y a eu un concours de circonstances, un poste de six mois s’est ouvert. Après ça, on m’a gardé ici. Ça fait en sorte que ça fait 20 étés que je suis ici. J’ai fini par y faire ma vie et m’établir dans le coin. Je me considère bien privilégié. Donc, ce sont à la fois des études jusqu’au niveau de la maîtrise et aussi des opportunités qui se sont présentées.

Quelle est la distance entre la terre et l’étoile la plus proche?

La distance entre la Terre et le Soleil, l’étoile la plus rapprochée qui est Proxima du Centaure, c’est à peu près 4,3 années-lumière d’ici. Il faut se rappeler ce qu’est une année-lumière parce que c’est assez abstrait. Dans notre langage, une année, c’est une unité de temps, mais en réalité, une année-lumière c’est une unité de distance. C’est la distance que parcourt la lumière pendant une année à la vitesse de la lumière qui est de dix mille milliards de kilomètres. La vitesse de la lumière, c’est 300 000 kilomètres par seconde. Donc, la vitesse de la lumière, c’est 7 fois le tour de la Terre en une seconde. Imaginez, si ça c’est une seconde, la distance que la lumière va parcourir en un an. Et ça, c’est l’étoile la plus proche, on s’entend. La galaxie, c’est encore plus fou que ça.

L’astronomie vous intéresse pour quelles raisons?

C’est une bonne question, pour beaucoup de raisons. D’abord, je pense que l’astronomie représente le monde qui nous dépasse comme les étoiles et l’univers. Aussi, je suis fasciné envers le mystère de nos origines : Ce qui fait qu’on est ici, que nous sommes huit milliards d’êtres humains, suspendus au milieu des étoiles sur une petite planète bleue, à tourner autour de notre étoile. C’est quand même le plus grand « show » de tous les temps. Puis, à l’intérieur de ces grandes questions-là : « Qui est-on ? D’où vient-on ? Etc. », il y a tous les sujets fascinants de l’astronomie en soit : Les étoiles, les trous noirs, l’évolution de la matière dans l’univers par exemple. Il y a plein de grands mystères au cœur de l’astronomie. Je pense que quand on s’intéresse à l’astronomie et qu’on prend conscience de l’univers, de sa grandeur, du miracle de notre planète dans l’univers, on réalise encore plus le miracle, la fragilité et l’importance de notre planète que lorsqu’on a toujours les yeux dedans et qu’on n’est jamais sorti. Quand tu regardes l’univers et que tu te dis qu’il n’y a pas de biodiversité ailleurs que sur la terre et que nous sommes en train de mettre en péril ce qu’on a chez nous, qui a mis des centaines de millions d’années à se développer, ça fait encore plus mal au cœur. Je dirais que le regard astronomique transforme aussi notre regard sur la Terre, sur la vie.

Pourquoi est-on plus léger sur la lune que sur la terre?

C’est à cause de la gravitation, ce qui fait le poids c’est notre masse en fonction de l’astre sur lequel on se trouve. Plus on se trouve sur un astre qui est massif, plus on va devenir pesant. Comme la lune est moins massive que la Terre, eh bien ça fait en sorte qu’on est plus léger et qu’on peut sauter plus haut sur la Lune que sur la Terre. Si un jour il y a des astronautes qui vont explorer les astéroïdes, c’est tellement petit un astéroïde qu’il faudrait qu’il fasse attention pour ne pas s’envoler dans l’espace, ça va ressembler quasiment plus à de la plongée sous-marine.

Qu’avez-vous observé de plus impressionnant dans le ciel à travers le télescope?

C’est sûr que les anneaux de Saturne, c’est un grand coup de cœur universel, pour tout le monde, que le télescope soit petit ou grand. La première fois que j’ai vu les anneaux de Saturne dans un télescope, c’était une toute petite lunette astronomique et c’est la fois la plus spectaculaire, dont je me rappelle. Je dirais aussi que de voir une nébuleuse comme la nébuleuse d’Orion, qui est un grand nuage de gaz dans lequel les étoiles naissent. De regarder ça dans un télescope, de voir le nuage et de comprendre que des étoiles sont en train de naitre là-dedans et qu’il y a des planètes en train de naitre autour de ces étoiles-là pendant que je suis en train de regarder ça, je trouve ça vraiment fascinant et marquant aussi. C’est un peu comme voir le soleil et la Terre en train de se former il y a quatre milliards d’années. Il y a peut-être des destins, il y a peut-être de la vie qui vont apparaître là-bas un jour. Observer des nébuleuses où les étoiles naissent c’est quand même vraiment spécial aussi. Il y a beaucoup de spectacles à l’œil nu qui sont vraiment incroyables aussi, mais disons que dans un télescope, ce sont peut-être les deux qui m’interpellent le plus.

Est-ce que vous croyez qu’il y aurait d’autres planètes habitables? 

C’est une très bonne question puisque c’est une des grandes questions au cœur de l’astronomie. Même si les astrophysiciens n’en parlent pas toujours, c’est la grande fascination. Jusqu’en 1995, on ne savait pas s’il y avait de la vie sur les autres planètes, les seules planètes qu’on connaissait dans l’univers c’étaient les planètes autour de notre soleil, notre système solaire. Depuis 1995, il y a vraiment une révolution en astronomie, la révolution des exoplanètes. « Exo », ça veut dire « à l’extérieur », donc des planètes qui existent, mais qui tournent autour d’autres étoiles que le soleil. Il y aurait au-dessus de 4000 exoplanètes. On détecte leur présence parce qu’elles font vibrer leur étoile, par exemple, ou parce qu’elles forment une éclipse devant leur étoile. Quand on imagine la galaxie qui a plus de 200 milliards d’étoiles, on peut imaginer qu’il y a au moins autant de planètes. On a détecté un certain nombre de planètes qui sont « Habitables », ce qui veut dire à la bonne distance de leur étoile pour que l’eau puisse exister à l’état liquide, entre 0 et 100 degrés. Avec la technologie d’aujourd’hui comme le télescope spatial James Webb, qui est en préparation depuis 20 ans, va remplacer le télescope spatial Hubble actuel. Il est capable de voir « encore plus loin », puisqu’il va capter plus de lumière. C’est un projet international. Il est sous la responsabilité du directeur de l’observatoire du Mont-Mégantic, René Doyon, qui est aussi chercheur principal pour l’Agence spatiale canadienne. Il a le potentiel d’observer et de détecter directement la lumière d’exoplanètes et des empreintes digitales chimiques. Il faut aussi faire la différence entre détecter de la vie unicellulaire, de la vie simple, et de la vie intelligente. Ça a pris environ à peu près 700 millions d’années pour que la vie apparaisse sur la terre, mais pendant 2 500 000 d’années, il y a eu de la vie unicellulaire.

Est-ce que vous avez fait des études dans ce domaine-là?

Je suis un cas un peu particulier, je ne suis pas un astrophysicien qui a fait de la science d’astrophysique. Je suis un philosophe des sciences, j’ai fait une maitrise en philosophie des sciences. Je n’irai pas aussi loin que les scientifiques dans les calculs mathématiques et tout ça. Cependant, j’ai étudié l’histoire de la science, la méthode scientifique, comment elle est née, comment elle a évolué avec les années, comment elle évolue ou comment elle s’adapte dans différents domaines comme en physique, en biologie ou en psychologie. Quand on devient un scientifique, il faut choisir un domaine et en devenir spécialiste, moi, j’avais le goût de m’intéresser à la science au complet, c’est ce qui m’a amené en philosophie des sciences. Une citation explique bien ma situation: « Quelle est la différence entre un scientifique et un philosophe ? Le scientifique, c’est celui qui sait tout, sur rien et le philosophe, c’est celui qui ne sait rien, sur tout ».

Comment est-ce que les étoiles tiennent dans le ciel?

Eh bien, est-ce qu’elles tiennent ? En fait, la notion de haut et de bas auquel réfère la notion de « tenir », encore une fois, c’est lié à la gravité. Dans l’hémisphère Nord, on tient sur la Terre parce qu’on est attiré vers le centre. Si les gens dans l’hémisphère Sud, en ce moment, qui ont « la tête en bas », eh bien ils ont le même haut et bas, parce qu’ils sont attirés par le centre de la Terre aussi. Mais une étoile c’est attiré par le centre de sa galaxie, une immense ville d’étoiles, qui tourne autour d’un centre. Comme elles circulent à grande vitesse autour du centre de la galaxie, elles ne tombent pas dessus. Elles ne sont pas immobiles, elles sont aussi soumises aux lois de la gravitation.

Pourquoi est-ce que le Mont-Mégantic est un emplacement de choix pour observer le ciel?

En raison de la qualité du ciel étoilé, en effet, quand le site a été choisi pour construire un observatoire dans les années 1970, il y a des gens qui s’étaient promenés partout au Québec avec un instrument pour mesurer la luminosité naturelle du ciel quand il n’y a pas de lune pour découvrir l’endroit où il ferait le plus noir. À part la qualité du ciel, il y a aussi une notion d’accessibilité, comme le télescope a été bâti pour les universités de Montréal et de Laval, pour les étudiants ou les chercheurs, il ne fallait pas que ça coûte une fortune pour s’y rendre.  Le Mont-Mégantic, c’est un endroit où la qualité du ciel est excellente et c’est aussi un endroit qui est à peu près à la même distance de Montréal et de Québec. C’est pour ça aussi qu’on a créé la première Réserve Internationale de ciel étoilé pour préserver cette qualité-là du ciel, dont dépend l’observatoire pour la qualité de ces observations.

L’univers est grand comment?

On n’a pas la réponse à cette question-là. Pour l’instant, on ne sait pas si l’univers est fini ou infini. Un univers infini, c’est assez difficile à imaginer, mais un univers qui serait fini, il finirait où et qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ? On est capable de détecter la lumière de galaxies qui sont à disons12 milliards d’années-lumière d’ici, donc, la lumière qu’on a détectée, qui est rentrée dans nos télescopes, ça veut dire que ça fait 12 milliards d’années qu’elle voyage. L’univers est plus grand que ce qu’on en perçoit. C’est pour ça qu’il y a ce qu’on appelle l’univers observable. Ça c’est celui avec lequel on a reçu de l’information, de la lumière, des particules, sur lequel on est capable de faire une enquête, de l’explorer, mais au-delà de ça, on ne le sait pas.

Si vous en aviez la chance, feriez-vous un voyage dans l’espace?

Ah, c’est drôle. Si tu m’avais posé la question il y a 15 ans j’aurais dit oui. Aujourd’hui, quand on a une famille, des enfants, c’est sûr que ça change un peu. Je veux dire, est-ce que ça vaut vraiment la peine ? Ça dépend du niveau de risque mais c’est sûr que j’aurais vraiment eu le goût d’aller voir la Terre vue de l’espace. Tous les astronautes qui sont allés dans l’espace, qui ont vu la Terre, ça les a vraiment marqués à vie. C’est presqu’une expérience semi-mystique, même pour des scientifiques, ils réalisent à quel point la Terre est fragile.

Qu’est-ce qu’il y aura lorsque le monde ou l’univers sera mort?

On peut imaginer, qu’un jour, il n’y aura plus de nouvelles étoiles qui vont naître. Là, il y a encore beaucoup de gaz comme carburant pour faire naître des nouvelles étoiles. Mais dans des milliards de milliards de milliards de milliards d’années, même les particules vont se désintégrer. Les étoiles vont s’éteindre. Il n’en naîtra plus de nouvelles. Un jour, il va ne rester que des trous noirs, donc c’est un peu ça la mort de l’univers, la mort thermique.

Quel aspect de votre travail vous plaît-il le plus?

De voir les gens s’émerveiller devant la nature et le ciel étoilé. C’est vraiment ma passion et ma mission. Ici, au Mont-Mégantic, c’est ça qu’on fait, connecter les gens avec la nature avec les histoires qu’on raconte au niveau de l’astronomie. Quand ils viennent faire des soirées astronomie, ils voient le ciel étoilé comme il ne l’ont jamais vu. Pour moi, c’est vraiment l’aspect qui est le plus important de voir les gens qui font « wow » devant le ciel étoilé. Avec toutes les menaces qu’on a sur les épaules actuellement, si on veut que le monde change et qu’on fasse plus attention à la Terre et à la vie, eh bien normalement, comme on le dit souvent, on va faire attention à ce que l’on aime. Il faut donc aller créer ce lien-là avec les gens, parce que quand on grandit en ville, si on ne vit jamais d’expériences d’émerveillement ou de connexion avec la nature, c’est beaucoup plus difficile de comprendre et de vouloir la protéger.

Comment les anneaux de Saturne restent-ils en place?

Les anneaux de Saturne, c’est un peu comme des mini-lunes, si on veut, ils sont faits avec des blocs de roche et de glace et on les voit parce qu’ils réfléchissent la lumière du soleil. Ils vont rester autour de Sature pour la même raison que la Lune continue à tourner autour de la Terre ou que la Terre continue à tourner autour du Soleil. Ça veut dire qu’ils sont en équilibre, ils ont exactement la bonne vitesse qui les maintient en équilibre toujours à presque la même distance.

De quelle manière ont été découvertes les planètes et les étoiles?

C’est sûr que les étoiles et les planètes, au sens premier, on les voyait à l’œil nu, donc ça a toujours fait partie de la vie, de l’humanité. La grande aventure a été d’essayer de comprendre ce qu’étaient les étoiles et les planètes. À l’origine, les planètes ont été découvertes parce qu’elles ne se déplaçaient pas comme les autres étoiles et à l’époque, ils ne savaient pas pourquoi. C’est ça que veut dire le mot « planète » en grec « astre errant », parce qu’elles se déplaçaient par rapport aux autres étoiles. Les étoiles, elles ont toujours été là.

Pour vous, qu’est-ce que la persévérance scolaire?

Dans la notion de persévérance, il y a la notion de défi. Quand c’est facile, quand tout va bien, ce n’est pas encore de la persévérance, quand on affronte des défis ou des difficultés un peu plus grandes que ce à quoi on est habitué, je crois que c’est ici que l’on parle de persévérance scolaire. C’est la capacité à ne pas abandonner, à se motiver, à se remotiver quand on a des moments creux ou la capacité d’aller demander de l’aide autour de soi pour rester motivé, pour passer à travers les embuches.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région, les municipalités du Centre-du-Québec?

Wow ! Ce n’est pas souvent qu’on se fait donner cette opportunité-là. Je dirais que, moi, mon message serait de s’émerveiller, de regarder la nature, les gens autour de nous et la vie, de développer et d’entretenir notre capacité d’émerveillement devant le monde, devant la nature en particulier. La capacité d’émerveillement, je pense que c’est quelque chose qui est très nourrissant pour un être humain, parce que ça nous rend heureux, même avec les petites choses du quotidien, qui nous font sourire, qui nous font « tripper », mais c’est aussi cette capacité d’émerveillement-là qui est un peu à la base de la science. Quand on est petit, on s’émerveille devant toutes les petites affaires. Plus on grandit, plus le monde devient une habitude, les choses deviennent ordinaires et on peut facilement oublier que chaque petite chose qu’on fait, chaque respiration qu’on prend, chaque journée qu’on vit, chaque arbre, chaque feuille, chaque insecte, chaque ciel étoilé, c’est un miracle perpétuel qu’on soit en vie.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité?

J’ai une très, très grande admiration et un très grand respect pour les gens qui s’impliquent dans leur communauté, les jeunes en particulier. Je suis fier des jeunes qui font ça. J’aimerais ça faire plus de bénévolat, c’est dans mes valeurs et je n’en fais pas autant que je voudrais. Il faut dire que je travaille trop. Je pense que les jeunes qui font du bénévolat dans leur communauté sont vraiment des exemples pour tout le monde autour d’eux et on en a de besoin. Au-delà des métiers, c’est ce qui fait la force d’une société, ce sentiment communautaire-là. On le sait que dans les sociétés plus individualistes dans lesquelles on vit aujourd’hui, ça devient encore plus important d’avoir des gens qui nous inspirent à donner du temps dans leur communauté, dans leur collectivité. Bravo.

Que pensez-vous de la relation avec les jeunes et la cigarette ou la vapoteuse?

Quand on a des habitudes qui sont nocives pour la santé, c’est sûr qu’on est porté à trouver ça triste, ce sont des habitudes qui ne sont pas bonnes pour notre corps. En même temps, je suis quand même sensible au fait que quand on est adolescent et un peu toute notre vie, on est en quête d’identité et c’est normal, selon les influences qu’on a. Je pense qu’il faut aider les jeunes à développer de meilleures habitudes de vie sans les juger, les mépriser ou les ridiculiser. Ce que l’on doit faire comme « jeunesse », c’est d’apprendre à résister aux mauvaises influences de tout le domaine de la publicité, du marketing et des grandes entreprises. Elles dépensent des fortunes pour nous faire prendre des mauvaises habitudes, que ce soit du gras, du sucre, de la cigarette ou autre chose.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Majeure, c’est super important. C’est sûr, les anciens Grecs le disaient déjà : « Un esprit sain dans un corps sain ». Moi, je suis quelqu’un qui fait la promotion d’avoir un mode de vie équilibré, autant au niveau de l’intelligence, de nos connaissances, autant au niveau de notre corps et du physique, qu’au niveau de nos émotions. Dans la société dans laquelle on vit, l’enjeu de la santé physique est quand même important. L’importance du sport, c’est pour la santé mentale aussi, d’être capable d’exprimer et de sortir le stress.


Entrevue avec Guillaume Bergeron, propriétaire d'Idéal Cargo

Cette entrevue à été réalisée par Vincent Dussault et Yannick Soucy du Comité 12-18 de St-Valère.

Comment décririez-vous votre entreprise?

Chez Idéal Cargo, on est fabricant de remorques. On est situé à Saint-Valère, au Centre-du-Québec. Nous, on est manufacturiers de remorques fermées pour les gens de la construction comme je l’ai dit tantôt. Les gens récréatifs, plombiers, électriciens, charpentiers-menuisiers représentent 80% de tout ce que l’on vend. L’autre 20 % se retrouve aux niveaux récréatif, motoneige, quatre-roues, motocross, « côte-à-côte », moto, etc. Vraiment, je vous dirais, on fabrique des remorques fermées de haute qualité, structure en acier galvanisé. On vend au Québec, par l’entremise de concessionnaires, en Ontario, dans les provinces maritimes jusqu’à Terre-Neuve, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard. On vend tranquillement dans le Nord des États-Unis. Présentement, on a deux clients dans le Maine et un client dans le Vermont. C’est un peu, grosso modo, ce qu’est l’entreprise. Nous comptons 80 employés, usine et bureaux en tout.

Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise?

Des métiers de dessinateur, d’ingénieur mécanique, d’ingénieur industriel, les gens de maintenance au niveau de la robotique, programmeur. On a des journaliers de production. On a des soudeurs, aussi soudeur-monteur. On a des postes d’acheteur. On a des postes d’adjointe administrative. On a des postes de comptabilité. On a des postes au niveau des finances. C’est ça qui est « fun », je trouve, d’être un fabricant, on touche à peu près à tout. On a des achats, on a de la vente, on a de la production, on a de la gestion de dessin à faire, de la gestion de production. C’est ça que je trouve qui est cool d’être fabricant, c’est qu’on ne fait pas juste de la vente. On fait des achats, on fait de la production, on fait du dessin, on fait plein de choses. C’est ça qui est cool. On ne s’ennuie pas beaucoup. On a tellement de choses. Il n’y a pas trop de routine. C’est ça qui est « fun ».

Quelles sont les valeurs de votre entreprise?

On a notre tableau d’entreprise, de vision, mission et valeurs. C’est sûr, comme tu vois, nous autres, intégrité et respect c’est la base. Les employés sont très proches de la direction. Vous voyez, moi, je suis un propriétaire et mes employés, on se côtoie tout le temps, tout le temps, tout le temps. Qu’ils viennent nous voir, on est ouvert sans problème. S’il y a des problématiques ou quoi que ce soit, ils sont les bienvenus à venir nous en parler, à venir dans les bureaux et venir nous parler. Donc, respect, honnêteté, passion et détermination. Nouvellement, aussi, on a décidé d’ajouter l’empathie à nos valeurs. Les gens empathiques, prendre soin de son prochain, prendre soin de son coéquipier, on trouvait ça important comme valeur. C’est une nouvelle valeur qu’on veut intégrer à nos valeurs d’entreprise.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez?

Je vous dirais quelqu’un qui veut toujours apprendre, se dépasser. C’est sûr et certain qu’on gère quand même une production dans l’entreprise. C’est important, comme on dit toujours, de rentrer le matin. Bien oui ! À un moment donné, on a 40 heures à faire, il faut les faire. Je vous dirais que la qualité, ce sont vraiment des gens qui veulent se dépasser. Nous autres, on éprouve du plaisir au travail. Avec nos clients aussi, c’est ça qu’on dit. On veut avoir du « fun » avec nos clients. On veut avoir du « fun » avec nos employés et on veut que nos employés aient du plaisir aussi. On essaie de garder ça dans le plaisir. Après ça, je pense que le reste va bien aller.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fiée?

C’est sûr et certain que ce dont on est fiers, c’est que l’entreprise fête ses 20 ans cette année. C’est sûr que c’est une fierté, 20 ans de production. On a évolué quand même énormément. Il y a 20 ans, quand mes parents ont parti ça, dans le temps, ils sortaient une remorque par semaine, parfois pas, parfois deux. À un moment donné trois, à un moment donné quatre et à un moment donné cinq au fil des années. Présentement, on sort 40 remorques par semaine régulièrement et on a mis de la robotique en place pour nous aider à passer de 40 à 80 remorques par semaine. D’ici un an et demi, il faut être à 80 remorques par semaine. Donc, on veut doubler la capacité de production d’ici un an, un an et demi. Avec tout l’investissement qu’on a fait au niveau de la robotique et tout ça. Je vous dirais que la fierté c’est d’être rendu où on est rendus aujourd’hui. Moi, je ne pensais jamais être rendu où on est aujourd’hui. Si on s’était rencontrés il y a, disons dix ans, jamais je n’aurais pensé être rendu à ce niveau de vente et de grosseur d’entreprise, avec 80 employés. Ça c’est vraiment intéressant. Je trouve que la deuxième usine qui s’en vient aussi ça fait partie de tout ça, l’évolution.

Selon-vous, quels sont les avantages à travailler en région?

En région ? Eh bien, si tu regardes en avant de toi, regardes comment c’est beau. C’est sûr et certain que nous autres, ici, ce qui est plaisant vraiment à St-Valère, un milieu rural. Les champs, tu vois, c’est super beau, le milieu tranquille. Ce n’est pas plus long traverser la ville de Victoriaville le matin que de partir de Victoriaville et s’en venir ici. Traverser Victoriaville le matin, il commence à y avoir du trafic. Tu sais, quand tu traverses la ville, c’est aussi long que de partir de Victoriaville et de s’en venir ici. Je trouve que c’est la tranquillité, moins de trafic. Je trouve ça « fun ». Par rapport à une entreprise, on n’est pas dans un parc industriel non plus. C’est sûr qu’il y a des avantages à être dans un parc, mais l’avantage ici, c’est au niveau des taxes municipales et les choses comme ça qui sont moins élevées ici. On est capable de fonctionner à St-Valère. Tant qu’on va être capable de fonctionner à St-Valère et que la grosseur d’usine nous le permettra, eh bien, on va rester ici. C’est sûr et certain.

Comment se passe une journée de travail pour vous?

Pour moi ? Comme je te dis, ce n’est jamais pareil. Étant donné que moi je m’occupe beaucoup des ventes et du développement des affaires, dans le fond, je suis en contact avec les concessionnaires, nos revendeurs. En étant propriétaire aussi, on s’occupe un petit peu de tout aussi. Donc, on garde un œil sur la production, on garde un œil sur les achats, on garde un œil aussi au niveau des finances et tout ça. J’ai des associés aussi, j’ai mon beau-frère et tout ça. On a mon père qui est aussi actionnaire, mais qui n’est plus là. Il est en pré-retraite, si l’on veut, tranquillement. Une journée de travail, je vous dirais que ce n’est jamais pareil et c’est ça qui est « fun ». Mais, moi, je suis beaucoup occupé avec la clientèle. Les concessionnaires, ouvrir des marchés, ouvrir des concessionnaires, entretenir les relations, ça c’est ce que, moi, j’aime beaucoup faire. C’est mon dada.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

Rencontrer des gens, aller ouvrir des concessionnaires. Moi, aller en Ontario, aller aux États-Unis, rencontrer des nouveaux concessionnaires, des gens qui veulent vendre notre produit, aller rencontrer ces gens-là pour une première fois, aller rencontrer des gens que je ne connais pas, moi, j’adore ça. J’adore ça faire ça.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise?

On est encore jeune. Moi j’ai 36 ans. Présentement, on est rendus à deux usines. On a une nouvelle technologie de remorque aussi qui va peut-être nous permettre d’ouvrir des usines satellites, des usines de fabrication de remorques qui sont un peu plus faciles à monter aussi. C’est sûr que, nous autres, on a une vision sur cinq ans. On a une vision de chiffre d’affaires à atteindre. On a une vision de multi-usines, multi-sites aussi. Donc, c’est sûr qu’on aimerait avoir peut-être des usines, soit dans l’ouest canadien, peut-être aussi un jour aux États-Unis.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise?

Je pense qu’on est une entreprise qui est, de base, familiale. On a des gens avec qui c’est « fun ». Je pense qu’avec la proximité de nos employés, on a des bonnes relations. Nos employés, ce sont comme des membres, un peu, de la famille. Donc, c’est vraiment ça. On a une belle ambiance. Nous autres, quand le Covid-19 nous le permettait, l’hiver, on jouait au hockey avec tous. Eh bien, ceux qui veulent ont joué au hockey avec les gens de l’entreprise. Aux deux semaines, on a des activités. On a un club social. On a des bonis de performance, des bonis de performance aussi au niveau du salaire. On a des salaires aussi qui sont compétitifs et concurrentiels, plus les bonis de performance qu’on a au niveau de la production. Donc, ça commence à être intéressant. De plus en plus, l’entreprise grandit et grossit et on est capable de donner des meilleurs salaires qu’on avait aussi dans le passé et des meilleures conditions aussi qu’il y a 10 ans.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie?

Les entrepreneurs en général. Je vous dirais des gens qui ont réussi, des gens de multi-entreprises. Moi, j’ai fait l’École d’Entrepreneurship de Beauce, en Beauce aussi. Ce sont tous des gens d’affaires qui se rencontrent. Moi, je suis inspiré par des gens qui sont assoiffés d’entreprenariat, par les gens qui « trippent » faire du business. Moi, je m’inspire de ces gens-là. Je trouve ça motivant. Je trouve ça « fun », moi, les gens qui ont du plaisir à être en affaires et, moi, j’ai du plaisir à être en affaires aussi. C’est un défi à tous les jours, mais c’est un défi super « fun ».

Pour vous, la persévérance scolaire c’est…

La persévérance scolaire ? Bien, c’est sûr et certain que la persévérance scolaire je vous dirais que, dans le fond, si tu es capable de persévérer dans ce que tu aimes beaucoup, à un moment donné, ça ne sera même plus de la persévérance. À un moment donné, je pense que vous devez l’avoir, présentement, à votre âge, pour être capable de persévérer un peu. Quand vous allez savoir un peu ce que vous allez faire, ce dans quoi vous « trippez » aussi, à un moment, vous allez choisir quelque chose que vous aimez et dans lequel vous êtes bien, qui vous allume. À un moment donné, ça ne sera plus travailler. À un moment donné, ça ne sera plus de la persévérance, ça va être juste du bonheur à travailler et à faire ce que vous aimez. Moi, je ne travaille pas quand je viens ici. Je parle à mes clients. Quand je vois entrer mes clients, je « trippe ». Mes clients, ce ne sont pas des « chums », des « chums » proches, mais ce sont des relations d’affaire. Je vous dirais qu’à votre âge, c’est important. Persévérance un peu, il y a des journées moins « fun » que d’autres, mais c’est comme ma mère me disait : « Tu es mieux de faire la paix avec le travail tout de suite, parce que tu vas être malheureux, parce que tu vas travailler toute ta vie. » Ma mère m’a toujours dit ça. Donc, faire des devoirs le soir, ce n’est pas si grave que ça. Quand vous allez être plus grands, vous allez travailler et ça va être normal. Donc, il faut juste essayer de trouver un travail dans lequel vous allez être heureux et vous n’aurez pas l’impression de travailler. Vous aurez l’impression d’être dans vos passions et d’être dans vos forces.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région?

Écoutez, moi, je vous dirais de, si vous avez le goût vraiment au niveau de l’entreprenariat de vous partir en affaires. Moi, je vous dis que je ne me verrais pas faire autre chose que ça, être en affaires. Il y a plein d’organismes qui sont là pour ça, vous aider à faire des plans d’affaires, faire des « start-ups », plein de choses pour vous aider à mettre des choses en place. Des plans d’affaires si vous avez besoin de sous pour décoller au niveau des entreprises, des banques, des choses comme ça, ils vont vous aider à faire des plans, des plans d’affaires, des plans financiers aussi et tout ça. Donc, moi, je vous dirais que d’être en affaires, c’est vraiment génial, vraiment super. Je vous dirais que si jamais vous n’aviez jamais eu l’envie d’être en affaires et d’être propriétaires et de créer des choses, je vous dirais de ne pas hésiter.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité?

Eh bien, nous autres, au niveau de St-Valère, Idéal Cargo, on a toujours été à St-Valère. À St-Valère, il n’y a pas beaucoup d’entreprises non plus. Nous autres, on est quand même, je pense, une entreprise bien établie à St-Valère depuis bientôt 17-18 ans. On trouve ça « cool » qu’il y ait des jeunes qui s’impliquent. Nous autres, quand on voit des jeunes qui s’impliquent comme vous autres, nous autres, ça nous donne le goût de vous aider un peu peut-être aussi financièrement, des choses comme ça. Chaque année, comme là, on aide l’école à faire des bacs à jardin pour les enfants de l’école. On a donné un montant d’argent pour aider des jeunes à monter des bacs à jardin. Quand il y a des projets comme ça, au niveau de la municipalité, Idéal Cargo est toujours en arrière de ça. On est toujours prêt à aider. Mes parents ont toujours dit aussi que, quand il y a des demandes de St-Valère, St-Valère est la priorité au niveau des dons et commandites ou des aides financières qu’on est capables d’apporter. Eh bien, on commence par St-Valère. On est à St-Valère, l’usine est à St-Valère et on se doit d’aider la communauté.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette ou la vapoteuse?

Eh bien, écoutes, moi la vapoteuse je connais plus ou moins ça. Je sais qu’il y a des études qui ont été faites… Moi, ce que je trouve de la vapoteuse, c’est que c’est trop nouveau. Les jeunes, vous vous lancez là-dedans un peu. La vapoteuse, on ne sait pas ce que ça va donner. Dans cinq ans, dix ans, on ne sait pas ce qui peut sortir de ça. Les effets secondaires, personne ne les connait. C’est trop nouveau. On peut se réveiller avec des méchantes surprises. Au niveau de la cigarette, écoutes, quand vous allez avoir 18 ans,, c’est un choix de vie. C’est un choix de vie de se mettre ça, de s’empoisonner avec ça dans les poumons. Il y en a qui le font. Il y en a qui ne le font pas.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Ça c’est très, très, très, très important tant qu’à moi. Ça, l’activité physique, ça aide le cerveau, ça aide l’énergie, ça aide tout. Moi, j’ai toujours été quelqu’un qui bouge beaucoup. Je bouge un peu moins avec le Covid-19. C’est un petit peu plus dur et les gyms sont fermés. Je vous dirais que j’ai un petit 15-20 livres en trop présentement. C’est très important. Je suis là-dessus présentement. J’essaie d’aller courir le soir et d’aller au gym le matin. Très important l’activité physique. Ça fait du bien à la tête, à l’esprit, au stress. Très, très, très important. Moi, je mets beaucoup d’importance sur ça.

 

 

 


Entrevue avec Sébastien Giguère, responsable de l’éducation du parc national du Mont-Mégantic et coordinateur scientifique de l'Astrolab

Cette entrevue à été réalisée par Laury Laliberté, Bianka Pontbrilland-Pellerin, Noémie Boutin et Élizabeth Beaudet des Comités 12-18 de Notre-Dame-de-Lourdes et Sainte-Sophie d’Halifax.

Depuis combien d’années est-ce que l’Astrolab existe?

L’Astrolab, dédié au public, a été construit en 1996, ça fait 25 ans cette année que l’Astrolab existe. L’Observatoire pour la recherche est au sommet du Mont-Mégantic, il est aussi ouvert au public et il a mené à la construction de l’Astrolab.

Qu’est-ce qui vous a mené à devenir responsable de l’éducation de l’Astrolab?

C’est une belle histoire! En fait, j’ai souhaité venir animer ici un été, à ce moment-là, je cherchais un poste d’enseignant au cégep. Au départ je me suis dit : « Je vais aller animer un été pour acquérir de l’expérience d’enseignement puisque j’ai fait une maitrise sur un sujet qui touche les étoiles et l’astronomie » Finalement, il y a eu un concours de circonstances, un poste de six mois s’est ouvert. Après ça, on m’a gardé ici. Ça fait en sorte que ça fait 20 étés que je suis ici. J’ai fini par y faire ma vie et m’établir dans le coin. Je me considère bien privilégié. Donc, ce sont à la fois des études jusqu’au niveau de la maîtrise et aussi des opportunités qui se sont présentées.

Quelle est la distance entre la terre et l’étoile la plus proche?

La distance entre la Terre et le Soleil, l’étoile la plus rapprochée qui est Proxima du Centaure, c’est à peu près 4,3 années-lumière d’ici. Il faut se rappeler ce qu’est une année-lumière parce que c’est assez abstrait. Dans notre langage, une année, c’est une unité de temps, mais en réalité, une année-lumière c’est une unité de distance. C’est la distance que parcourt la lumière pendant une année à la vitesse de la lumière qui est de dix mille milliards de kilomètres. La vitesse de la lumière, c’est 300 000 kilomètres par seconde. Donc, la vitesse de la lumière, c’est 7 fois le tour de la Terre en une seconde. Imaginez, si ça c’est une seconde, la distance que la lumière va parcourir en un an. Et ça, c’est l’étoile la plus proche, on s’entend. La galaxie, c’est encore plus fou que ça.

L’astronomie vous intéresse pour quelles raisons?

C’est une bonne question, pour beaucoup de raisons. D’abord, je pense que l’astronomie représente le monde qui nous dépasse comme les étoiles et l’univers. Aussi, je suis fasciné envers le mystère de nos origines : Ce qui fait qu’on est ici, que nous sommes huit milliards d’êtres humains, suspendus au milieu des étoiles sur une petite planète bleue, à tourner autour de notre étoile. C’est quand même le plus grand « show » de tous les temps. Puis, à l’intérieur de ces grandes questions-là : « Qui est-on ? D’où vient-on ? Etc. », il y a tous les sujets fascinants de l’astronomie en soit : Les étoiles, les trous noirs, l’évolution de la matière dans l’univers par exemple. Il y a plein de grands mystères au cœur de l’astronomie. Je pense que quand on s’intéresse à l’astronomie et qu’on prend conscience de l’univers, de sa grandeur, du miracle de notre planète dans l’univers, on réalise encore plus le miracle, la fragilité et l’importance de notre planète que lorsqu’on a toujours les yeux dedans et qu’on n’est jamais sorti. Quand tu regardes l’univers et que tu te dis qu’il n’y a pas de biodiversité ailleurs que sur la terre et que nous sommes en train de mettre en péril ce qu’on a chez nous, qui a mis des centaines de millions d’années à se développer, ça fait encore plus mal au cœur. Je dirais que le regard astronomique transforme aussi notre regard sur la Terre, sur la vie.

Pourquoi est-on plus léger sur la lune que sur la terre?

C’est à cause de la gravitation, ce qui fait le poids c’est notre masse en fonction de l’astre sur lequel on se trouve. Plus on se trouve sur un astre qui est massif, plus on va devenir pesant. Comme la lune est moins massive que la Terre, eh bien ça fait en sorte qu’on est plus léger et qu’on peut sauter plus haut sur la Lune que sur la Terre. Si un jour il y a des astronautes qui vont explorer les astéroïdes, c’est tellement petit un astéroïde qu’il faudrait qu’il fasse attention pour ne pas s’envoler dans l’espace, ça va ressembler quasiment plus à de la plongée sous-marine.

Qu’avez-vous observé de plus impressionnant dans le ciel à travers le télescope?

C’est sûr que les anneaux de Saturne, c’est un grand coup de cœur universel, pour tout le monde, que le télescope soit petit ou grand. La première fois que j’ai vu les anneaux de Saturne dans un télescope, c’était une toute petite lunette astronomique et c’est la fois la plus spectaculaire, dont je me rappelle. Je dirais aussi que de voir une nébuleuse comme la nébuleuse d’Orion, qui est un grand nuage de gaz dans lequel les étoiles naissent. De regarder ça dans un télescope, de voir le nuage et de comprendre que des étoiles sont en train de naitre là-dedans et qu’il y a des planètes en train de naitre autour de ces étoiles-là pendant que je suis en train de regarder ça, je trouve ça vraiment fascinant et marquant aussi. C’est un peu comme voir le soleil et la Terre en train de se former il y a quatre milliards d’années. Il y a peut-être des destins, il y a peut-être de la vie qui vont apparaître là-bas un jour. Observer des nébuleuses où les étoiles naissent c’est quand même vraiment spécial aussi. Il y a beaucoup de spectacles à l’œil nu qui sont vraiment incroyables aussi, mais disons que dans un télescope, ce sont peut-être les deux qui m’interpellent le plus.

Est-ce que vous croyez qu’il y aurait d’autres planètes habitables? 

C’est une très bonne question puisque c’est une des grandes questions au cœur de l’astronomie. Même si les astrophysiciens n’en parlent pas toujours, c’est la grande fascination. Jusqu’en 1995, on ne savait pas s’il y avait de la vie sur les autres planètes, les seules planètes qu’on connaissait dans l’univers c’étaient les planètes autour de notre soleil, notre système solaire. Depuis 1995, il y a vraiment une révolution en astronomie, la révolution des exoplanètes. « Exo », ça veut dire « à l’extérieur », donc des planètes qui existent, mais qui tournent autour d’autres étoiles que le soleil. Il y aurait au-dessus de 4000 exoplanètes. On détecte leur présence parce qu’elles font vibrer leur étoile, par exemple, ou parce qu’elles forment une éclipse devant leur étoile. Quand on imagine la galaxie qui a plus de 200 milliards d’étoiles, on peut imaginer qu’il y a au moins autant de planètes. On a détecté un certain nombre de planètes qui sont « Habitables », ce qui veut dire à la bonne distance de leur étoile pour que l’eau puisse exister à l’état liquide, entre 0 et 100 degrés. Avec la technologie d’aujourd’hui comme le télescope spatial James Webb, qui est en préparation depuis 20 ans, va remplacer le télescope spatial Hubble actuel. Il est capable de voir « encore plus loin », puisqu’il va capter plus de lumière. C’est un projet international. Il est sous la responsabilité du directeur de l’observatoire du Mont-Mégantic, René Doyon, qui est aussi chercheur principal pour l’Agence spatiale canadienne. Il a le potentiel d’observer et de détecter directement la lumière d’exoplanètes et des empreintes digitales chimiques. Il faut aussi faire la différence entre détecter de la vie unicellulaire, de la vie simple, et de la vie intelligente. Ça a pris environ à peu près 700 millions d’années pour que la vie apparaisse sur la terre, mais pendant 2 500 000 d’années, il y a eu de la vie unicellulaire.

Est-ce que vous avez fait des études dans ce domaine-là?

Je suis un cas un peu particulier, je ne suis pas un astrophysicien qui a fait de la science d’astrophysique. Je suis un philosophe des sciences, j’ai fait une maitrise en philosophie des sciences. Je n’irai pas aussi loin que les scientifiques dans les calculs mathématiques et tout ça. Cependant, j’ai étudié l’histoire de la science, la méthode scientifique, comment elle est née, comment elle a évolué avec les années, comment elle évolue ou comment elle s’adapte dans différents domaines comme en physique, en biologie ou en psychologie. Quand on devient un scientifique, il faut choisir un domaine et en devenir spécialiste, moi, j’avais le goût de m’intéresser à la science au complet, c’est ce qui m’a amené en philosophie des sciences. Une citation explique bien ma situation: « Quelle est la différence entre un scientifique et un philosophe ? Le scientifique, c’est celui qui sait tout, sur rien et le philosophe, c’est celui qui ne sait rien, sur tout ».

Comment est-ce que les étoiles tiennent dans le ciel?

Eh bien, est-ce qu’elles tiennent ? En fait, la notion de haut et de bas auquel réfère la notion de « tenir », encore une fois, c’est lié à la gravité. Dans l’hémisphère Nord, on tient sur la Terre parce qu’on est attiré vers le centre. Si les gens dans l’hémisphère Sud, en ce moment, qui ont « la tête en bas », eh bien ils ont le même haut et bas, parce qu’ils sont attirés par le centre de la Terre aussi. Mais une étoile c’est attiré par le centre de sa galaxie, une immense ville d’étoiles, qui tourne autour d’un centre. Comme elles circulent à grande vitesse autour du centre de la galaxie, elles ne tombent pas dessus. Elles ne sont pas immobiles, elles sont aussi soumises aux lois de la gravitation.

Pourquoi est-ce que le Mont-Mégantic est un emplacement de choix pour observer le ciel?

En raison de la qualité du ciel étoilé, en effet, quand le site a été choisi pour construire un observatoire dans les années 1970, il y a des gens qui s’étaient promenés partout au Québec avec un instrument pour mesurer la luminosité naturelle du ciel quand il n’y a pas de lune pour découvrir l’endroit où il ferait le plus noir. À part la qualité du ciel, il y a aussi une notion d’accessibilité, comme le télescope a été bâti pour les universités de Montréal et de Laval, pour les étudiants ou les chercheurs, il ne fallait pas que ça coûte une fortune pour s’y rendre.  Le Mont-Mégantic, c’est un endroit où la qualité du ciel est excellente et c’est aussi un endroit qui est à peu près à la même distance de Montréal et de Québec. C’est pour ça aussi qu’on a créé la première Réserve Internationale de ciel étoilé pour préserver cette qualité-là du ciel, dont dépend l’observatoire pour la qualité de ces observations.

L’univers est grand comment?

On n’a pas la réponse à cette question-là. Pour l’instant, on ne sait pas si l’univers est fini ou infini. Un univers infini, c’est assez difficile à imaginer, mais un univers qui serait fini, il finirait où et qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ? On est capable de détecter la lumière de galaxies qui sont à disons12 milliards d’années-lumière d’ici, donc, la lumière qu’on a détectée, qui est rentrée dans nos télescopes, ça veut dire que ça fait 12 milliards d’années qu’elle voyage. L’univers est plus grand que ce qu’on en perçoit. C’est pour ça qu’il y a ce qu’on appelle l’univers observable. Ça c’est celui avec lequel on a reçu de l’information, de la lumière, des particules, sur lequel on est capable de faire une enquête, de l’explorer, mais au-delà de ça, on ne le sait pas.

Si vous en aviez la chance, feriez-vous un voyage dans l’espace?

Ah, c’est drôle. Si tu m’avais posé la question il y a 15 ans j’aurais dit oui. Aujourd’hui, quand on a une famille, des enfants, c’est sûr que ça change un peu. Je veux dire, est-ce que ça vaut vraiment la peine ? Ça dépend du niveau de risque mais c’est sûr que j’aurais vraiment eu le goût d’aller voir la Terre vue de l’espace. Tous les astronautes qui sont allés dans l’espace, qui ont vu la Terre, ça les a vraiment marqués à vie. C’est presqu’une expérience semi-mystique, même pour des scientifiques, ils réalisent à quel point la Terre est fragile.

Qu’est-ce qu’il y aura lorsque le monde ou l’univers sera mort?

On peut imaginer, qu’un jour, il n’y aura plus de nouvelles étoiles qui vont naître. Là, il y a encore beaucoup de gaz comme carburant pour faire naître des nouvelles étoiles. Mais dans des milliards de milliards de milliards de milliards d’années, même les particules vont se désintégrer. Les étoiles vont s’éteindre. Il n’en naîtra plus de nouvelles. Un jour, il va ne rester que des trous noirs, donc c’est un peu ça la mort de l’univers, la mort thermique.

Quel aspect de votre travail vous plaît-il le plus?

De voir les gens s’émerveiller devant la nature et le ciel étoilé. C’est vraiment ma passion et ma mission. Ici, au Mont-Mégantic, c’est ça qu’on fait, connecter les gens avec la nature avec les histoires qu’on raconte au niveau de l’astronomie. Quand ils viennent faire des soirées astronomie, ils voient le ciel étoilé comme il ne l’ont jamais vu. Pour moi, c’est vraiment l’aspect qui est le plus important de voir les gens qui font « wow » devant le ciel étoilé. Avec toutes les menaces qu’on a sur les épaules actuellement, si on veut que le monde change et qu’on fasse plus attention à la Terre et à la vie, eh bien normalement, comme on le dit souvent, on va faire attention à ce que l’on aime. Il faut donc aller créer ce lien-là avec les gens, parce que quand on grandit en ville, si on ne vit jamais d’expériences d’émerveillement ou de connexion avec la nature, c’est beaucoup plus difficile de comprendre et de vouloir la protéger.

Comment les anneaux de Saturne restent-ils en place?

Les anneaux de Saturne, c’est un peu comme des mini-lunes, si on veut, ils sont faits avec des blocs de roche et de glace et on les voit parce qu’ils réfléchissent la lumière du soleil. Ils vont rester autour de Sature pour la même raison que la Lune continue à tourner autour de la Terre ou que la Terre continue à tourner autour du Soleil. Ça veut dire qu’ils sont en équilibre, ils ont exactement la bonne vitesse qui les maintient en équilibre toujours à presque la même distance.

De quelle manière ont été découvertes les planètes et les étoiles?

C’est sûr que les étoiles et les planètes, au sens premier, on les voyait à l’œil nu, donc ça a toujours fait partie de la vie, de l’humanité. La grande aventure a été d’essayer de comprendre ce qu’étaient les étoiles et les planètes. À l’origine, les planètes ont été découvertes parce qu’elles ne se déplaçaient pas comme les autres étoiles et à l’époque, ils ne savaient pas pourquoi. C’est ça que veut dire le mot « planète » en grec « astre errant », parce qu’elles se déplaçaient par rapport aux autres étoiles. Les étoiles, elles ont toujours été là.

Pour vous, qu’est-ce que la persévérance scolaire?

Dans la notion de persévérance, il y a la notion de défi. Quand c’est facile, quand tout va bien, ce n’est pas encore de la persévérance, quand on affronte des défis ou des difficultés un peu plus grandes que ce à quoi on est habitué, je crois que c’est ici que l’on parle de persévérance scolaire. C’est la capacité à ne pas abandonner, à se motiver, à se remotiver quand on a des moments creux ou la capacité d’aller demander de l’aide autour de soi pour rester motivé, pour passer à travers les embuches.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région, les municipalités du Centre-du-Québec?

Wow ! Ce n’est pas souvent qu’on se fait donner cette opportunité-là. Je dirais que, moi, mon message serait de s’émerveiller, de regarder la nature, les gens autour de nous et la vie, de développer et d’entretenir notre capacité d’émerveillement devant le monde, devant la nature en particulier. La capacité d’émerveillement, je pense que c’est quelque chose qui est très nourrissant pour un être humain, parce que ça nous rend heureux, même avec les petites choses du quotidien, qui nous font sourire, qui nous font « tripper », mais c’est aussi cette capacité d’émerveillement-là qui est un peu à la base de la science. Quand on est petit, on s’émerveille devant toutes les petites affaires. Plus on grandit, plus le monde devient une habitude, les choses deviennent ordinaires et on peut facilement oublier que chaque petite chose qu’on fait, chaque respiration qu’on prend, chaque journée qu’on vit, chaque arbre, chaque feuille, chaque insecte, chaque ciel étoilé, c’est un miracle perpétuel qu’on soit en vie.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité?

J’ai une très, très grande admiration et un très grand respect pour les gens qui s’impliquent dans leur communauté, les jeunes en particulier. Je suis fier des jeunes qui font ça. J’aimerais ça faire plus de bénévolat, c’est dans mes valeurs et je n’en fais pas autant que je voudrais. Il faut dire que je travaille trop. Je pense que les jeunes qui font du bénévolat dans leur communauté sont vraiment des exemples pour tout le monde autour d’eux et on en a de besoin. Au-delà des métiers, c’est ce qui fait la force d’une société, ce sentiment communautaire-là. On le sait que dans les sociétés plus individualistes dans lesquelles on vit aujourd’hui, ça devient encore plus important d’avoir des gens qui nous inspirent à donner du temps dans leur communauté, dans leur collectivité. Bravo.

Que pensez-vous de la relation avec les jeunes et la cigarette ou la vapoteuse?

Quand on a des habitudes qui sont nocives pour la santé, c’est sûr qu’on est porté à trouver ça triste, ce sont des habitudes qui ne sont pas bonnes pour notre corps. En même temps, je suis quand même sensible au fait que quand on est adolescent et un peu toute notre vie, on est en quête d’identité et c’est normal, selon les influences qu’on a. Je pense qu’il faut aider les jeunes à développer de meilleures habitudes de vie sans les juger, les mépriser ou les ridiculiser. Ce que l’on doit faire comme « jeunesse », c’est d’apprendre à résister aux mauvaises influences de tout le domaine de la publicité, du marketing et des grandes entreprises. Elles dépensent des fortunes pour nous faire prendre des mauvaises habitudes, que ce soit du gras, du sucre, de la cigarette ou autre chose.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Majeure, c’est super important. C’est sûr, les anciens Grecs le disaient déjà : « Un esprit sain dans un corps sain ». Moi, je suis quelqu’un qui fait la promotion d’avoir un mode de vie équilibré, autant au niveau de l’intelligence, de nos connaissances, autant au niveau de notre corps et du physique, qu’au niveau de nos émotions. Dans la société dans laquelle on vit, l’enjeu de la santé physique est quand même important. L’importance du sport, c’est pour la santé mentale aussi, d’être capable d’exprimer et de sortir le stress.