Entrevue avec Marie-Claude Savard, animatrice à la radio et à la télévision, réalisée par Victor Bourgeois, Gaëlle Lauzière, Makayla Nantel et Charline Pelletier des Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey et de Lefebvre.

Je m’appelle Victor, je suis vice-président dans le Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey. Moi ainsi que tous les membres de Partenaires 12-18 sommes très heureux que vous nous accueilliez dans les studios d’Énergie et que vous ayez accepté notre invitation.

Ça me fait plaisir de vous recevoir dans les studios là où on fait « Ça rentre au poste » tous les jours.

On pourrait commencer l’entrevue, j’ai trois questions à vous poser. La première, c’est : y a-t-il des études spéciales qu’il faut faire pour animer à la radio comme vous le faites ?

Non, il n’y a pas de prérequis. C’est pas comme quand on devient médecin où ça nous prend un diplôme. Évidemment, une formation en communication ne fait pas de tort. Par contre, il y a des gens de tous les horizons qui peuvent se ramasser à la radio. Ça prend quand même un bon français, donc peu importe le programme qu’on choisit, il faut savoir bien écrire, bien parler, savoir placer la voix. Il y a quand même des choses à apprendre dans le monde de la radio. Alors un bon cours en communication peut nous les donner. Sinon, d’écouter beaucoup la radio et de s’exercer à en faire. Par exemple, moi j’ai étudié en histoire, en science politique et en communication. J’étais pas prédestinée à faire de la radio et de la télé dès le départ. Sébastien Benoît, avec qui j’ai travaillé, a fait ses études en droit. La plupart de mes collègues ont pas vraiment d’études. (rires) Mais ça dépend de ce qu’on veut faire parce que pour être journaliste, oui ça prend une formation de journaliste. Mais tous les chemins mènent à Rome comme on dit. Et tous les chemins mènent à la radio.

Quelle importance accordez-vous à l’activité physique ?

C’est essentiel parce que le milieu du travail est quand même sédentaire. Ça vient avec beaucoup de stress, d’anxiété et de compétition. Souvent l’un des bons remèdes, c’est justement de balancer ça avec de l’activité physique, de bouger. L’activité physique, ça peut être juste de partir prendre une marche, de pas toujours rester dans notre tête. Nous, on travaille avec des écrans d’ordinateur. J’ai l’ordinateur ici, j’ai l’ordinateur là, c’est beaucoup d’écrans et beaucoup de stimuli. Pour moi, en tout cas, c’est essentiel de bouger.

Pour terminer, lors d’un coup de téléphone que vous avez fait, est-ce qu’il y a quelqu’un qui a tellement cru à la situation que ça aurait pu finir par dégénérer si vous aviez pas dit que c’était une blague ?

En fait, on fait beaucoup de recherches quand on téléphone. Avec les complices et notre producteur, il se passe énormément d’échanges. Il faut toujours s’assurer que la personne qu’on va piéger n’est pas cardiaque, n’a pas de problèmes de santé majeurs, n’est pas sur la route ou avec un véhicule à proximité. C’est pas quelqu’un qui pourrait décider de prendre son auto et de partir sur la route pour aller dénouer une situation. Souvent, les gens qu’on piège sont sur leur milieu de travail et il y a des gens autour qui sont au courant qu’il y a un téléphone qui va se passer. Donc, on s’assure qu’ils sont bien entourés parce qu’on sait jamais ça va être quoi la réaction. Il y en a qui réagissent très fortement. Comme là, ça fait 3 fois qu’on piège Nancy Vaillancourt et elle, elle part de 0 à 100. Mais elle est jeune, Nancy, on le sait. Je suis sûre que dans la vie de tous les jours, elle pogne les nerfs souvent comme ça. Des fois, on piège des personnes âgées et ça devient encore plus crucial de faire une recherche au préalable. On s’arrange tout le temps pour que ce soit sécuritaire.

Bonjour, moi c’est Gaëlle, je suis trésorière dans le Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey. Pour commencer, c’est quoi la blague la plus malaisante que vous ayez dite à la radio ?

Ça dépend quel niveau de malaisant, dans le sens où des fois, je dis quelque chose d’hyper personnel que normalement, tu dirais pas à la radio. Mais moi, j’ai pas le malaise à la même place que tout le monde. Ce qui pourrait être malaisant pour toi ne l’est probablement pas pour moi. Je sais pas si j’ai déjà vraiment eu des gros moments de malaise. Il faudrait que je pose la question à mes collègues. À un moment donné, j’ai piégé Christine Morency. Je l’avais appelée pour lui dire qu’elle avait tout cochonné le studio et que ça n’avait pas d’allure. J’arrêtais pas parce que j’étais dedans et elle, elle m’écoutait. Là, peut-être que j’aurais créé un malaise. Je suis peut-être allée un peu loin dans cette blague-là, mais autrement, non je me sens pas très mal à l’aise.

Comment définiriez-vous le métier d’animatrice à la radio ?

Ça ressemble à du théâtre d’une certaine façon. C’est de l’improvisation. Quand on est en situation d’improvisation, c’est un jeu humain très serré. C’est beaucoup d’écoute. C’est souvent plus important ce qu’on ne dit pas que ce qu’on va dire, surtout quand on travaille à plusieurs. C’est très important que je ne parle pas en même temps que toi et vice-versa. On se regarde énormément, on est toujours en train de se regarder. Tu peux pas être sur ton téléphone cellulaire et attendre ton tour quand tu fais de la radio. On est très engagés dans ce qu’on fait. C’est un peu comme le hockey : on joue en trio et ça va vite sur la patinoire. On se lance la rondelle et ce qu’on espère, c’est marquer un but. C’est un travail où il faut savoir parler de manière efficace et concise. Il faut avoir un sens de l’humour, un sens du rythme et une connaissance des codes de la radio comme je le disais. Ça veut dire que quand l’animateur va présenter une chanson, c’est pas le temps de partir un sujet ou d’ouvrir une parenthèse. C’est beaucoup de rodage et beaucoup de pratique.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Pour moi, c’est la base de tout. Moi, j’aurais pas fait le métier que j’ai fait si j’avais pas fait des activités parascolaires et si je m’étais pas impliquée. C’est important de s’impliquer parce que c’est ça qui fait qu’on va chercher des connaissances différentes et qu’on se découvre aussi. À l’école, on apprend des choses, on est exposé à certaines activités. Plus on s’ouvre jeune, plus on se donne la possibilité de découvrir quelque chose. Moi, j’étais pas prédestinée au métier que je fais. J’étais très bonne en arts plastiques et je pensais que je ferais carrière là-dedans. C’est vraiment des orienteurs et des gens que j’ai rencontrés qui m’ont poussée vers les communications. Vous apprenez aussi à rencontrer de nouvelles personnes et à vous présenter différemment. Ça, c’est essentiel dans le milieu du travail aujourd’hui. Ça fait toute la différence. Je pense donc que le bénévolat, c’est hyper important.

Bonjour, je suis Makayla, je suis responsable des relations publiques du Comité 12-18 de St-Félix-de-Kingsey. J’ai quelques questions pour vous. Qu’est-ce qui vous a inspirée à faire ce métier ?

Ce sont les orienteurs à l’école. C’est-à-dire que j’étais partie dans d’autres champs d’intérêt et puis à un moment donné, il y a eu des professeurs qui m’ont dit qu’ils me verraient bien en communication. Moi, mon père était réalisateur télé, alors j’avais déjà des connaissances dans ce milieu-là. Souvent on veut faire différemment de nos parents et je voulais partir dans une autre direction. Les profs m’ont suggéré d’aller en communication. Quand j’ai commencé à étudier dans ce domaine, c’était clair que c’était quelque chose qui était fait pour moi. Évidemment, c’est un milieu dans lequel c’est difficile de percer. C’est un milieu où on est travailleur autonome, ça prend un type de personnalité pour ça. Pour moi, c’était bien. Donc, c’est un peu un concours de circonstances qui m’a amenée à faire ce métier.

Qui vous a le plus soutenue dans votre cheminement?

Il y a eu mon père, beaucoup, parce qu’il connaissait le métier. Mes premiers patrons aussi quand je suis rentrée stagiaire à CKVL Radio, au début de ma vingtaine. Ils m’ont beaucoup encouragée. Je pense que ce sont les premières personnes qu’on rencontre sur notre chemin qui vont nous donner un élan. Après ça, au fil du temps, on rencontre d’autres personnes, des mentors qui nous aident à persévérer. Moi, ça fait 30 ans que je fais cette carrière, il y a eu des hauts et des bas. Donc, mes premiers patrons qui m’ont choisie comme stagiaire et qui ont décidé de me donner un chèque de paie pour ce travail-là, c’est ça qui a fait toute la différence dans ma vie. Encore aujourd’hui, ils travaillent en radio et je les côtoie. Ça fait drôle que 30 ans plus tard, on soit encore ensemble.

Quel message voudriez-vous envoyer aux jeunes de notre région ?

D’essayer des choses, de se faire confiance, d’être curieux. C’est un beau mélange de se fixer des objectifs, mais aussi de se laisser ouvert à la possibilité qu’il y ait d’autres choses. De pas se décourager. C’est important de suivre son instinct. Les conseils que les gens nous donnent à l’extérieur sont importants, mais je pense qu’on sait toujours à l’intérieur de nous si on aime quelque chose. Et moi, je suis persuadée que quand on aime quelque chose et qu’on a du talent là-dedans, on a la possibilité de réussir. Je pense qu’aujourd’hui, on est appelé à faire plusieurs carrières différentes. C’est pour ça que c’est important de s’ouvrir à plein de sujets. Parce qu’avant, on faisait 40 ans dans une entreprise et un seul métier. Aujourd’hui, on fait plein de métiers connexes, comme moi je fais de la radio, mais aussi de la télé. On jongle avec plusieurs balles et je pense que c’est important d’apprendre à le faire quand on est jeune. En ayant des activités scolaires et en vous impliquant comme vous le faites dans votre municipalité, vous apprenez à jongler. Ça, ça va être extraordinaire pour l’avenir.

Dernière question : que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la vapoteuse et/ou la cigarette ?

Dans mon temps, c’était la cigarette. Aujourd’hui, c’est la vapoteuse. Je pense qu’on cherche tous une façon d’être cool et intégré et de gérer notre stress et notre anxiété. C’est souvent ces choses-là qui semblent très faciles qui arrivent à nous quand on est jeune. C’est dommage parce que facilement on devient accro à ça. Ça devient une bêtise et c’est mauvais pour la santé. Moi, j’ai perdu mes parents alors qu’ils étaient encore très jeunes à cause du tabagisme, donc ça a eu un impact sur moi. La santé, c’est tellement important. C’est ça qui va nous permettre de réaliser notre potentiel. Une vapoteuse, ça nous mène à rien. Je trouve ça décevant. En même temps, je comprends les jeunes parce qu’on est tous exposés à ça. Mais ça ne vaut pas la peine.

Bonjour madame Savard, je suis Charline, responsable des relations publiques dans le Comité 12-18 de Lefebvre. Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

La persévérance scolaire, ça m’en a tellement pris, moi. (rires) C’est d’accepter que des fois, on a des défis et des obstacles. Il faut les accepter. Moi, j’avais tellement de difficultés en mathématiques, c’était épouvantable. J’ai vraiment eu besoin d’aide. Encore aujourd’hui, c’est quelque chose que je ne maîtrise pas très bien. Au secondaire, ça a été un enjeu majeur pour moi. Je remercie tous ceux qui m’ont aidée parce que ça me prenait ma scolarité pour réussir à faire ce que je fais aujourd’hui. C’est sûr que les mathématiques, ça ne me sert pas à grand-chose à mon travail, mais il fallait que je réussisse à les faire. Je suis contente d’avoir persévéré. Il y a eu des moments de découragement intenses, surtout en secondaire 4 quand on a commencé à faire de l’algèbre. Moi, j’étais complètement perdue là-dedans et j’ai passé limite. De persévérer, ça m’a donné confiance et j’étais fière de ça. J’ai trouvé ça très difficile en même temps. Ça dure pas longtemps, l’école, mais quand tu es dedans, tu as l’impression que c’est une éternité. Il faut juste passer à travers et trouver des outils. Si c’est juste de passer à la note de passage, c’est suffisant. On peut pas être bon dans tout, mais il faut faire la route au complet.

Qu’est-ce que vous préférez de votre travail ?

De vivre la synergie, la communauté, le sentiment d’accomplissement et de fierté. De savoir que je mets des gens de bonne humeur. Juste en m’en venant ici, je suis entrée dans ma voiture au centre-ville et il y avait un camionneur qui me disait que ça le déstresse quand l’émission commence. C’est le sentiment de contribuer. Je pense que c’est ça qui fait une différence dans n’importe quel travail. C’est ça le plus important pour moi.

Qu’est-ce que vous désiriez faire à notre âge ?

Je voulais être artiste et faire des peintures et des sculptures. Je voulais aller aux beaux-arts, j’étais très spécialisée en arts plastiques. Mon rêve, c’était d’avoir un atelier à New York. J’ai monté mon portfolio. J’ai réussi à me faire accepter aux beaux-arts et là, les profs m’ont dit que je n’étais pas si bonne que ça finalement. (rires) En tout cas, pas assez pour en faire un métier. Et puis, j’ai fait un majeur en histoire et là, même chose : il fallait se spécialiser et les profs m’ont dit que j’étais pas tant historienne. Il a fallu que j’accepte une réorientation à quelques reprises. Je me voyais faire autre chose à la base, mais finalement je suis bien contente.