Entrevue avec Martin Lajeunesse, propriétaire d’AG Gestion Financière.

Entrevue avec Martin Lajeunesse, propriétaire d’AG Gestion Financière, réalisée par Leïla Quirion, Shanny Croteau et Tifanye Carrier des Comités 12-18 de St-Valère, St-Rémi-de-Tingwick et Lyster.

Décrivez-nous votre entreprise.

C’est un cabinet de services financiers dédiés dans l’assurance de personnes principalement et aussi en placements dans les secteurs. Il faut juste différencier que dans le terme assurance, il y a l’assurance de dommages (pour votre auto, maison, responsabilités) qui n’est pas mon secteur. Moi, je couvre tout ce qui est relatif à la personne en tant que telle (assurance-vie, assurance-salaire, assurance-médicaments, assurances-voyage). C’est très différent comme domaine d’intervention. Je connais l’automobile, mais pour assurer mes autos, c’est carrément un autre monde.

Pour faire une histoire courte, les services financiers se sont évolués depuis je te dirais 1992. Il y a une loi qui a été passée au Canada que les institutions financières (caisses ou banques) ont eu le droit de vendre de l’assurance de personne. Par contre, en contrepartie, nous, on a eu le droit de vendre tous les produits bancaires. Donc je fais autant de l’hypothèque, comptes d’épargne, comptes chèques, marges de crédit… En fait, je peux être un conseiller bancaire au même titre qu’un conseiller d’assurances en même temps. C’est ça qui est l’enveloppe du type d’entreprise dans laquelle j’évolue, qui est d’environ 12 000 représentants dans le même secteur que moi au Québec. Il y a beaucoup de relève à y avoir, car la clientèle est vieillissante. Il y a au moins 5000 représentants à remplacer à très court terme, disons en dedans de 5 ans. Beaucoup de monde à remplacer, c’est semblable à d’autres secteurs. Je ne sais pas où on va les prendre. (rires)

C’est à peu près ça, vite de même. C’est du conseil financier avec une fonction conseil. Je dis tout le temps à mes clients : « Peu importe la question que vous avez, emmenez-moi-la et si je n’ai pas la réponse, je vais vous la trouver. Mais avant de prendre une décision majeure, ça ne vous coûte rien de me passer un coup de fil, je vais vous guider à travers la décision que vous avez à prendre. » Avec les années d’expérience, on en sait beaucoup. Même si on ne sait pas tout, on peut aider. J’ai une formation de comptabilité à l’université (administration et sciences comptables). Techniquement, je m’enlignais pour être un comptable, mais je n’ai jamais finalement travaillé dans un bureau comptable. J’ai fait beaucoup d’administration, par contre, il y a plusieurs années, mais ça fait depuis 1984 que je suis dans le secteur financier et dans le type d’entreprise dans laquelle je suis aujourd’hui.

Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ?

En fait, ici, on fait un peu de tout, par exemple il y a de l’administration, donc normalement une personne dédiée à la comptabilité, l’administration générale, c’est l’un des métiers qu’on retrouve. Au niveau de la vente, moi je fais la vente, la représentation avec la clientèle, les conseils, etc. Et puis, Marilou, vous l’avez vue, elle est adjointe administrative, donc l’aspect clérical, réponses téléphoniques… On n’a pas le choix d’avoir ces trois emplois-là : comptabilité, administration et domaine de la vente.

Par contre, tout ce qui est lié au domaine de la vente, ça a l’obligation d’être régi par l’Autorité des marchés financiers (AMF), donc il faut obtenir un permis, passer des examens, et puis il y a différents types qui peuvent être émis en terme de certificats. Il y a entre autres les planificateurs financiers, que j’aurais pu obtenir, mais finalement j’ai pratiquement la même formation mais sans avoir le titre. Ça m’empêche pas de travailler pareil, mais quand vous entendez le terme « planificateur financier », ce n’est pas tout le monde qui a son titre de planificateur financier. (Intervention d’une femme : Petite parenthèse, pour avoir un permis de l’Autorité des marchés, il ne faut pas de dossier criminel, sinon on est expulsé.) Oui, il faut être blanc comme neige partout, car tout est scruté par l’Autorité des marchés. Tu ne peux pas avoir eu des écarts et c’est correct, parce qu’ils protègent le public. L’Autorité, elle est là pour protéger le public en premier lieu.

Il y a un autre organisme qui est la Chambre de la sécurité financière, qu’on fait partie aussi. Eux, c’est plus pour l’aspect formation. On a l’abréviation UFC (Unité de Formation Continue), comme moi j’ai 40 unités de formation obligatoire basées sur une période de 2 ans. Une unité équivaut à peu près à une heure de cours, grosso modo, mais si tu n’as pas tes unités de cours, ils ne te renouvellent pas ton permis. Ça touche la majorité de tous les secteurs pour lesquels on a des permis de distribution. Donc, plus tu as de permis, plus tu vas avoir d’UFC. Ça fait le tour des métiers de ce secteur.

Certains gros cabinets vont avoir des personnes dédiées seulement à l’investissement et d’autres seulement dédiées à l’assurance. Dans l’assurance, il y en a qui vont faire l’assurance-vie, un autre va faire l’assurance collective. L’assurance collective, c’est lorsque par exemple chez un employeur, il y a… Je ne sais pas, cinquante employés, mais on couvre l’assurance-salaire, l’assurance-vie et l’assurance-médicaments dans un régime qu’on appelle « collectif », parce que c’est souscrit par l’employeur, mais offert à tous les salariés dans l’entreprise. C’est un permis séparé aussi pour l’assurance collective, il y a beaucoup moins de permis en collectif qu’en assurance-vie. Les 12 000 représentants dont je parlais, c’est l’assurance-vie et là-dedans, je te dirais peut-être 2000 ou 3000 ont le collectif, mais les autres ne l’ont pas. Ce sont tous des cours supplémentaires.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

Les valeurs, comme disait Julie tantôt, il faut avoir… Comment je dirais ça ? C’est sûr que l’honnêteté en premier lieu, c’est la base. Tu dois être respectueux de l’argent que les clients te confient. Mais le conseil que t’apportes aux clients se fait toujours par ce qu’on appelle l’analyse des besoins (une cueillette de données). Plus j’en connais sur les clients que j’ai à conseiller, mieux va être la pertinence du conseil que j’apporterai. Pour ça, il faut vraiment faire une analyse et discuter avec les gens.

Je comprends que vous pouvez acheter de l’assurance sur Internet. Par contre, jusqu’à quel point le service ou le conseil est complet ? Tu parles avec une machine, tu rentres ta date de naissance, ton statut fumeur ou non-fumeur, tu dis que tu veux 1000 $. Oui, tu vas en avoir, une assurance. Mais c’est peut-être de 2000 $ ou 3000 $ dont t’avais besoin. La machine, elle ne sera pas là peut‑être pour te dire de combien t’as besoin exactement. Ça s’améliore un peu, l’espèce d’intelligence artificielle, mais en tout cas, moi je suis encore du point de vue qu’il faut avoir une intervention humaine, plus particulière avec la clientèle. C’est là que l’expérience entre en ligne de compte. C’est sûr que les nouveaux représentants ont à apprendre ça.

Les valeurs, c’est une chose, les aptitudes… Il faut que tu sois empathique, que tu ailles chercher le fond de la pensée de tes clients. Souvent, je connais des familles, à partir de ce que les parents m’ont dit, j’en connais plus que leurs propres enfants, parce que moi je suis au courant. Je leur pose la question : « As-tu un testament ? » ou « C’est quoi tes volontés en cas de décès ? » Moi, je voudrais ci, moi je voudrais ça. Souvent, les gens nous confient quasiment leurs secrets qu’ils ne vont pas dire à d’autres. Mais ça, pour aller le chercher, c’est la confiance qu’il faut qui s’installe. Ce n’est pas dans une conversation de 2 minutes au téléphone que tu vas régler ça. Ça va se régler selon moi plus facilement face to face.

À partir de là, tes valeurs… Je dis tout le temps à la blague que je ne vendrais pas un produit que j’achèterais pas. Donc, à quelque part, je suis très, très rigoureux dans ma recherche de produits. Sans dénigrer la compétition, ce produit-là, à valeur égale ou à prix égal, celui-là est bien meilleur que lui et voici les raisons pour lesquelles je te dis ça. J’appuie toujours mes recommandations face à ça. Moi, j’entre ça dans l’honnêteté, mais je ne sais pas si vous avez un meilleur mot pour ça. C’est ancré en moi, ce réflexe-là de dire si c’est bon pour moi, c’est bon pour eux. Si je ne l’achèterais pas, je ne le vendrais pas. C’est tout à fait normal.

Vous avez déjà en partie répondu à la question, mais je me demandais si vous aviez d’autres choses à rajouter : quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez ?

Mon slogan, ici, pour tout le monde qui a travaillé chez nous, c’est « plaisir et affaires font équipe ». Si t’as pas de plaisir dans le travail que tu fais, viens pas chez nous, parce que tu ne « fitteras » pas dans l’équipe. J’ai l’impression que quand je m’en viens travailler, je ne m’en viens pas à reculons. Je dis « travailler », mais je ne le vois pas comme un travail en tant que tel. C’est sûr qu’à un moment donné, la charge nous pousse tout le temps et on dirait que le tas d’ouvrage est toujours en augmentant, mais c’est pas comme un labeur ou quelque chose pour lequel je fais ça à reculons. Tu peux pas être une patte dedans et une patte à côté. Il faut que tu sois 100 % impliqué dans ton travail et dans tes activités.

L’implication, la prestance, la ponctualité… Tu donnes un rendez-vous à un client, tu lui dis : « Je vais être chez vous à 6 h 30 », eh bien arrive pas à 7 h. Je vais être là quelques minutes avant, je vais être présent à l’heure que j’ai dit que je me présenterais. Si je suis pour être en retard pour des raisons que je connaissais pas, je vais l’aviser. « Excusez-moi, je vais avoir quelques minutes de retard. » La ponctualité, c’est l’une des choses importantes.

La gentillesse. Quand Marylou, elle répond au téléphone, c’est la porte d’entrée chez nous. Si le client appelle et quelqu’un a un air bête au téléphone, oublie ça. Ça donne pas une belle visibilité à l’entreprise. Je suis content des fois d’entendre des clients me dire « J’ai parlé à Marylou, elle est « smatte ». Ça fait partie de mon slogan de dire que si ça te fait plaisir de travailler chez nous, tu y vas avec agrément, eh bien ça se transmet à la clientèle.

Pour le reste, s’éduquer, apprendre de nouvelles choses. L’un des points importants, ce qui est constant dans notre domaine, c’est le changement. Ça change constamment, il faut que tu te gardes à jour tout le temps. Ça touche tous les aspects financiers. Quand on parle d’aspects financiers, on parle des placements, mais on parle aussi de la fiscalité. Les clients parlent de leurs rapports d’impôts, les entreprises me présentent leur état financier, donc je dois toujours être à la page de savoir ce qui se passe. Il y a une nouvelle que le gouvernement sort un nouveau budget, le client appelle : « Qu’est-ce qu’ils ont dit, là ? Ils vont rajouter une taxe et vont nous donner un 400 $, c’est quoi cette affaire-là ? C’est quoi les conditions ? » Je ne peux pas être là à dire : « J’étais pas au courant ». Non, il faut que je sois au courant. Donc, je dois constamment rester à l’affût de tout ce qui se distribue comme nouvelles économiques ou gouvernementales pour pouvoir répondre aux clients. C’est pour ça que je dis que c’est pas routinier, dans le sens qu’il faut tout le temps, par contre, se garder à jour. Si je suis en dehors de l’information, ne serait‑ce que quelques mois, je suis rendu un dinosaure, je suis plus up to date. En placements, mon ordinateur est ouvert sur les marchés boursiers à journée longue. Je jette un coup d’œil, est-ce à la hausse ou est-ce à la baisse ? Il faut que j’aie une idée. Le client m’appelle : « Les marchés baissent. » Eh bien c’est à cause de ça, c’est à cause de ça. « Est-ce que ça va se placer ? » Je pense que oui pour telle raison. Il faut toujours être à l’avant du client pour pouvoir répondre à ses questions. C’est exigeant, ça demande une exigence d’apprendre et de se réinventer quasiment régulièrement. Les qualités, ça en est quelques-unes, sans être ultra précis.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?

En ’84, quand j’ai débuté, j’ai commencé à zéro, zéro, zéro. Aucun client. Donc il faut acquérir, rechercher, convaincre quelqu’un. À l’époque, on appelait ça en anglais des cold call : décrocher le téléphone, quasiment prendre l’annuaire téléphonique et appeler. « Bonsoir, monsieur Cayer, mon nom est Martin Lajeunesse, je suis conseiller, j’aimerais vous rencontrer. » Et on me répond : « Je te connais pas, t’es un autre vendeur d’assurances. » T’as un paquet d’objections que les gens qui te connaissent pas vont t’amener, alors il faut qu’à un moment donné tu réussisses à te faire une carapace, un genre de speech pour les convaincre de te donner un rendez-vous. Il faut que tu te vendes. C’est la qualité première, savoir se vendre, parce que les gens qui rentrent dans l’industrie, sur 5 représentants que j’engagerais aujourd’hui, en dedans d’un an, il va en rester un. Les quatre autres vont avoir déclaré forfait. Pourquoi ? Pas capables de rencontrer du monde. Je vends à qui si je rencontre pas de monde ? Je vends rien. Oui, le « walk-in », je suis dans le secteur centre‑ville, il passe du monde constamment, mais ça ne fait pas la file devant mon bureau. Si j’attends après le monde, oubliez ça, je vais avoir fermé. C’est pas ça, il faut recruter, donc ça c’en est une des qualités nécessaires : être capable de recruter et d’approcher du monde. C’est toute la relation humaine qui rentre en cause. On est des psychologues, des vendeurs. On joue avec les émotions des clients, eux autres nous amènent des émotions. Il arrive un décès, la première personne qu’ils appellent, c’est moi. Je dis toujours à la blague à mes clients : « Le seul qui va amener un chèque, c’est moi, les autres m’ont tous amené des factures. » Ton salon funéraire va te charger, l’impôt va te collecter, tout le monde t’amène des factures. Moi, j’amène le chèque. » Et c’est moi qui ai de la misère à rentrer dans la maison. (rires)

C’est un peu ironique, parce qu’on a déjà eu une mauvaise presse. Il fut un temps où les représentants, c’était : t’arrivais quelque part, quelqu’un te rencontrait et te disait : « Ah, toi tu peux faire de l’assurance ? » Il te donnait une valise, puis go. Moi je les appelle à la blague un peu mes derrières de plomb, parce qu’ils cognent à toutes les portes et comme on dit, ils se font donner des coups de pied dans le derrière, parce qu’ils veulent rien savoir de toi. C’est tough. Moi, personnellement, je l’aurais pas fait. C’est vraiment la partie dure pour eux autres. Le training, ça dit : « Fais les rues, fais les portes. » Oh boy. Ça devrait être théoriquement révolu en 2022, mais ça existe encore. Mais mosus que c’est la partie pas facile. S’ils ont fait ça et s’ils ont « toughé », c’est vraiment des colosses. (rires)

Tout ça pour dire que le degré de réussite de maintien est très, très bas. Donc, très difficile. Alors, quand tu me parles de réalisation, moi ça a été de partir à zéro. Ça a été quoi ? Un, j’ai fait le tour des gens que je connaissais, mais ça, ça a une limite. T’as un cercle de connaissances X, là il faut que tu demandes des recommandations. Si t’as pas de recommandations, la semaine prochaine, tu la remplis avec qui comme prospects ? Ça me prend tout le temps une source d’approvisionnement de noms pour pouvoir aller rencontrer des gens. Donc ça, c’est important, de demander des recommandations. Mais moi, je voulais aller encore plus vite que ça.

Ce que j’ai fait ? Des acquisitions. Comme je le disais tantôt, il y a plusieurs personnes qui vont prendre leur retraite, alors tout de suite dans l’année suivant mon début de carrière, j’ai fait l’acquisition d’un représentant qui connaissait le domaine mais qui avait déjà une clientèle de 1000 clients. Il a fallu que un, j’investisse, j’achète, je demande du financement, mais ça, ça m’a propulsé très, très rapidement, parce qu’au lieu d’avoir à chercher des clients, j’ouvrais le tiroir, j’avais 1000 dossiers. J’y suis allé rigoureusement, un par un, rencontrer un par un ces clients‑là. « Bonjour, je suis votre nouveau représentant, Monsieur Untel. J’ai fait l’acquisition du bureau de votre représentant et je voudrais vous rencontrer, pour qu’on se connaisse. » Ç’a été un tremplin énorme quand j’ai acheté cette première clientèle-là. Mon niveau de vente a monté considérablement.

Au final, aujourd’hui, j’ai fait 19 acquisitions de bureaux et j’ai 600 500 clients alors que je suis parti de zéro. J’ai monté à 8000, j’en ai revendu, mais présentement, on est dans ce range-là. Pour vous dire, la moyenne des représentants font leur carrière à peu près entre 300 à 400 clients. Sans me vanter, je peux me qualifier que je suis l’un des gros cabinets dans la région. Ma clientèle est répartie à travers la province : 1000 clients dans la région de la Beauce et Thetford Mines, 300 à 400 clients dans la région de Montréal, surtout dans le nord de Montréal, et pour ceux pour qui ça peut dire de quoi, à partir de Repentigny, j’ai des clients à toutes les sorties de l’autoroute 640, même de la 15 jusqu’à Saint-Jérôme. J’ai acheté un bureau à Trois-Rivières qui avait 600 clients. J’ai le bassin local du Centre-du-Québec, principalement Victoriaville, Princeville, Plessisville et Davelyuville. (Intervention d’une femme : Il y a eu aussi plusieurs prix Hommage.)

Je suis courtier indépendant, je ne suis employé par aucune compagnie, je suis mon propre entrepreneur, mon propre propriétaire. Mais je signe des ententes de distribution avec 24 compagnies différentes. C’est une relation d’affaires. L’un de mes gros joueurs, aujourd’hui, s’appelle la Canada Vie. Quand j’ai débuté, le premier gros contrat que j’ai eu, c’était Great West Life, une compagnie qui date des années 1800, une très vieille compagnie. J’ai été pendant plusieurs années dans les dix premiers représentants au Canada. J’ai une plaque entre autres sur laquelle il y a 25 petites plaques pour les 25 années consécutives. Après ça, ils n’en ont plus donné, je suis membre à vie. (rires) Pour atteindre ce statut-là, qu’ils appelaient le conseil présidentiel, il fallait que tu fasses 400 % des normes minimales qu’eux autres demandaient d’un représentant. Pendant plusieurs années, ça m’a permis d’être membre de ça avec plusieurs avantages, dans le sens que j’ai participé pendant 6 ans de temps au comité consultatif canadien des représentants. Ça, ça veut dire qu’une semaine par année, on s’assoit avec les dirigeants de la compagnie Great West pour discuter. Eux nous présentent leurs objectifs, qu’est-ce qu’ils veulent faire et nous, à la base, on dit dans tel domaine, il nous manque ça, il faudrait qu’on ait tel produit. Donc, c’est vraiment un échange avec la haute direction pour les orientations que la compagnie va prendre. C’est vraiment un beau mandat. C’est un représentant par province, j’étais donc le représentant du Québec à ce comité-là. Ça m’a permis de connaître à 100 % la haute direction et de rencontrer des gens de partout au Canada. Des confrères de Vancouver, Calgary, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve. J’ai des connaissances partout et j’ai voyagé partout au Canada, de A à Z. On a eu des congrès d’Halifax jusqu’à Victoria. Juste pour vous donner une idée, je suis allé au moins 15 fois à Calgary. L’Ouest canadien, j’ai tout voyagé ça.

Ça, c’est un aspect parallèle à la carrière qui m’a permis de voyager en même temps que j’allais pour des congrès. Mais un congrès de formation, juste pour vous donner une idée, si le congrès est à Victoria, pour 3 jours de congrès, c’est au moins 5000 $ de dépenses. Il faut que t’investisses dans ton perfectionnement, tout le temps. Il y a des coûts à ça, mais t’as pas le choix, il faut se garder à jour, rencontrer les gestionnaires, voir les gens qui gèrent les placements dans lesquels on place. Ça me prend cette information-là, c’est le cœur du travail que je fais.

Il y a donc eu plusieurs réalisations, oui, que je peux être fier. L’aspect humain a toujours été la base de ça, parce que les confrères que j’ai rencontrés de partout au Canada, c’est des échanges, on est dans le même secteur, mais il y avait beaucoup de partage d’informations, de comment toi t’as fait ça dans ton bureau, comment t’as développé telle affaire, comment ça se passe au Québec alors que nous autres en Ontario, on a tel ou tel défi, etc. Ça amène beaucoup, beaucoup de développement personnel, je dirais, de ce côté-là.

Selon vous, quels sont les avantages de travailler en région ?

Comme je l’ai dit, je travaille un peu partout, même si je suis majoritairement en région. Je dirais que le contact est plus facile en région que dans les grands centres. C’est sûr que si j’étais à Montréal, si j’étais né et aurais vécu là, peut-être que je serais plus habitué, mais c’est sûrement plus compliqué. Beaucoup plus de compétition aussi, plus difficile, beaucoup plus d’ethnies. J’ai rien contre, mais c’est un autre monde. Je suis québécois d’origine, né à Victoriaville, je demeure ici, donc c’est sûr que la région, je trouve ça plus simple de ce côté-là. L’approche va être plus familiale, c’est peut-être plus facile d’approcher les gens. C’est ma façon de voir les choses.

Il reste que j’ai des confrères qui sont dans les grands centres qui réalisent des chiffres d’affaires extraordinaires. C’est sûr que des clients pour des primes d’un million, c’est pas à tous les jours que j’en ai. J’en ai, mais juste pour vous donner une idée, un confrère qui est à Montréal vend 60 contrats environ par année et il n’y a aucun de ces contrats-là qui est en bas d’un million de primes. Ça, ça veut dire qu’à chaque année, le client fait un chèque d’un million pour payer son assurance. Ça vous donne une idée, plusieurs millions d’assurance, mais le dépôt annuel, c’est 1 million. Moi, à date, en carrière, la plus grosse que j’ai vendue, c’est 484 000 $ de prime annuelle. J’ai vendu il y a 6 ou 7 ans un 200 000 $ de prime annuelle pour 4 millions d’assurance que j’ai payés d’ailleurs l’an passé. Ça a probablement été l’un des placements les plus rentables de ce client d’avoir acheté cette assurance-là, même à 200 000 par année. Mais la première présentation que je lui avais faite, c’était 500 000 $ de prime. Là, il a un peu reculé sur sa chaise, pas qu’il n’avait pas les moyens, mais disons qu’on va commencer avec un 200 000. (rires)

Mais c’est quand tu apportes ce genre de contrat-là, ça fait partie d’une planification souvent successorale qu’on transfère l’actif d’une génération à l’autre. Ton père est immensément riche, mais à son décès, il y a beaucoup d’impôts à payer et après ça, l’argent qui reste te revient. Moi, je dis souvent aux gens : « Regarde, il y a 2 façons. Est-ce que l’impôt que tu as à payer au gouvernement, t’aimerais mieux la donner à tes enfants ? » La réponse, je la sais, normalement c’est oui. « Astheure, si je te trouve un moyen de faire ça sans que ça te coûte trop cher, t’es-tu intéressé ? » S’il me dit oui, je vais amener une approche d’assurance qui fait en sorte que l’assurance va payer l’impôt et l’ensemble de l’actif va s’en aller à ses héritiers. C’est tous des conseils fiscaux, mais c’est pour ça que je disais qu’au départ, la fiscalité est importante, comme de connaître toutes les approches fiscales pour économiser de l’impôt. C’est là qu’on réussit à souscrire des gros dossiers.

Mais en dehors de ça, c’est sûr que le marché familial (Papa, Maman, enfants), oui ça fait partie d’une base de la business. Mais quand tu veux courir après des gros dossiers, il faut que tu te diriges du côté commercial, où souvent les entrepreneurs ont déjà des grosses entreprises. Il faut pas que tu sois trop impressionné et il faut que tu sois assez formé pour les approcher et dire : « Ton comptable t’a parlé de ça ? Et ton fiscaliste ? » Il faut que t’ouvres des portes, comme on dit. (rires) Ça prend des livres, c’est comme aller à la pêche, si t’as pas de ligne à pêche, ça ira pas bien.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

C’est très varié. Un, répondre aux services à la clientèle. Le nombre d’appels qu’on peut recevoir par jour, c’est l’un des aspects. Marylou répond, mais comme elle n’a pas de permis, elle n’a pas le droit de donner de conseils. Elle peut juste donner de l’information par rapport à ce que le client détient déjà, mais elle n’a aucun droit de donner des conseils. Donc, il faut qu’elle me réfère le dossier. Si je suis disponible, je vais prendre l’appel et à partir de là, je vais déterminer si c’est déjà un client. Si je n’ai pas besoin d’ouvrir un nouveau contrat et que je travaille déjà sur quelque chose d’existant, je vais lui donner des conseils et on va régler le dossier en tant que tel. Mais souvent, j’ai un appel ou même aujourd’hui, des courriels. J’ai une cliente tantôt, elle m’envoie un courriel en me disant qu’elle s’excuse, qu’elle n’a pas eu le temps de m’appeler, elle a un 100 000 $ à placer, elle veut que je m’occupe de ça. Son dossier est déjà ouvert, je n’ai pas besoin de faire toute la paperasse pour ouvrir un nouveau dossier, mais je vais m’occuper d’investir son placement qu’elle veut faire.

Dans une journée de travail, il y a de la préparation de dossiers, parce que si je sais que demain j’ai 2 rendez-vous, il faut que je sois préparé avant ma rencontre. Je vais ressortir et mettre à jour la valeur des contrats, les montants d’assurance, les valeurs des placements, puis quand j’arrive à ma rencontre, je suis déjà tout préparé pour donner l’information au client . Est-ce qu’il a besoin de souscrire à un REER ? Est-ce qu’il a besoin de souscrire à du CELI ? Je vais arriver déjà « mindé » chez mon client, peu importe ce qu’il va me poser comme questions. J’ai tout son dossier et j’ai déjà entrepris la prochaine étape de lui offrir quelque chose. « Tu te rappelles, on a parlé de telle affaire, finalement t’avais pas souscrit ça, veux-tu en entendre parler ? » T’as toujours ta carte de vendeur un peu à quelque part, dans ta poche. C’est ça, ta business : recommander et vendre les produits.

Et puis, vient tout le côté administration. L’administration, malheureusement, nous gruge beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps. L’administration, ce sont des renouvellements de placements, des renouvellements d’assurances, tout ce qui est légal. L’ANF, le renouvellement des permis et celui des assurances responsabilité, parce qu’on doit se couvrir en cas de poursuite d’une assurance. Produire des paies, ça c’est dans l’aspect comptable. Payer les factures. Les téléphones. Renouveler les abonnements de cellulaire, de téléphone, de qui va ouvrir la cour l’hiver. Il y a tout le temps, tout le temps de l’administration. J’ai des factures qui arrivent sur mon bureau à chaque jour. (rires) Il faut tout le temps régler un paquet de choses. Ça gruge du temps dans le quotidien et le peu de temps qui me reste, il faut que je me concentre et que je me dise « OK, là il faut que je monte un dossier, mais si j’ai quelqu’un à rencontrer, comment je vais l’approcher ? » Souvent, j’ai déjà fait au préalable une cueillette de données suite à ce qu’ils m’ont donné. J’analyse ça, je me fais une idée sur la meilleure offre de conseil que je peux lui faire. Après ça, je suis prêt à le rencontrer.

C’est très varié. Des fois, tu le sais pas. Il y a des journées, je commence et je me dis : « Je vais faire ça aujourd’hui » et finalement à la fin de la journée, j’ai pas eu trop, trop le temps de le faire, parce qu’il y a eu 3 clients qui se sont présentés et qui n’ont pas pris rendez-vous. Tu les laisses pas sur le carreau, si je suis capable de les prendre, je les prends. Mais pendant ce temps-là, je fais pas mon travail que je pensais faire. Il faut jamais, à quelque part, que ça paraisse, je suis toujours content de les voir. Ce que j’ai à faire, c’est là. Le client est là, c’est ma priorité, c’est de le servir. C’est ça qui va faire en sorte qu’un client va être fidèle, il va rester chez vous et même s’il est approché par la compétition, il se dit qu’il travaille avec Martin, c’est beau. C’est d’acquérir ça au fil du temps. J’ai un client qui aujourd’hui est décédé à 73 ans environ et quelques années avant, il me disait : « Une chose que je peux te dire, Martin, si on t’avait pas eu dans notre vie, on n’aurait pas la qualité de retraite qu’on a eue. Si on a tout ça, c’est en grande partie à cause de toi, avec ton aide. » Je le prends comme une fleur, je suis content, parce qu’on a eu assez de temps de relation d’affaires ensemble pour qu’il voit le résultat concret de mes conseils. Des fois, ils achètent du vent comme idée, parce que je leur dis qu’on « s’en va là ». Mais tant qu’ils ne l’ont pas réalisé, c’est pas évident. Je leur vends des conseils, mais c’est dans le temps qu’ils vont porter fruit. C’est très, très particulier comme domaine. Il n’y a pas un autre emploi qui va te donner le même aspect nécessairement. C’est ça qui est très spécial.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

C’est sûr que c’est la rencontre client. C’est là que tout ce que j’ai acquis comme connaissances va entrer en ligne de compte. L’aspect client, il peut m’amener sur plusieurs chemins. Ça m’amène à me dépasser, à trouver le bon conseil, etc. C’est le client qui me fait vivre, si j’ai pas de clients, je serais pas là. En même temps, c’est lui qui m’apporte la reconnaissance et l’objectif de l’aider. C’est pas mal l’aspect prioritaire, mais c’est aussi mon préféré, c’est sûr que c’est ça. Parce que faire de la paperasse, payer des factures… C’est pas le côté qui m’apporte une joie énorme… En tout cas, pas équivalente à l’autre. (rires) Avoir le sentiment de lui avoir servi, que le client, quand il quitte mon bureau, il est content. Ça, c’est la récompense.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

L’entreprise, je l’ai amenée où est-ce qu’elle est, en partant de rien. Là, je suis rendu à 60 ans, 40 ans presque de carrière. Ça fait un bon moment que je pense à la relève. Mais la relève, comme dans tous les métiers, les gens disponibles sont rares, très rares. J’ai eu une association que j’ai faite en 2016, j’avais un partenaire que j’avais avec moi depuis 2011 et qui est devenu actionnaire de mon entreprise en 2016. Par contre, je l’ai perdu en 2017. Il a été atteint d’un cancer et est décédé à 48 ans. Ça a été plate, parce que j’avais un planning avec lui, c’était lui qui prenait tranquillement ma relève. On avait un premier objectif de 5 ans, soit 2016-2021. Pendant 5 ans, il payait son acquisition de 40 % des parts à l’époque et normalement en 2021, je lui aurais revendu probablement la balance de l’entreprise. Peut-être que je serais resté avec lui pareil, mais pour moi, mon transfert d’entreprise aurait été fait.

L’objectif est encore là. Je vous cacherai pas que j’ai des pourparlers avec différents intervenants, mais là, en tout cas, il y a une vague présentement qui est en train de se faire où ce que je deviendrais régional. Dans le sens que mon bureau resterait tel quel, mais je rattacherais des représentants du Centre-du-Québec, Trois-Rivières, Drummondville, Sherbrooke et Victoriaville. Ce serait à peu près ça. À partir de là, il y a des actionnaires qui s’ajouteraient. On deviendrait un méga bureau régional avec plusieurs représentants, mais en allant chercher de la force du regroupement de tout ça. Moi, à travers ça, tranquillement pas vite, je céderais des parts du bureau pour avoir un bureau qui se continue. Parce que demain matin, je pourrais mettre une pancarte qui annonce que je suis à vendre, j’aurais des acheteurs, de même. Sauf que, à regret, eux prendraient mes affaires, emmèneraient ça dans leur bureau et mon cabinet viendrait de disparaître. Moi, ça fait 40 ans que je bâtis ça et mon objectif, c’est que ça se continue, même si je suis pas là.

Quand je me suis incorporé la première fois, j’ai appelé mon cabinet Assurances Martin Lajeunesse et au fil du temps, je l’ai changé aujourd’hui pour que ça s’appelle AG Gestion Financière. Pourquoi ? Parce que un, Assurances Martin, le monde voyait juste « assurances » et « Martin ». Les clients ont commencé à me poser la question : « Si tantôt t’es plus là, c’est qui qui est là pour nous servir ? » J’ai un cabinet, je vais avoir d’autres personnes. Mais les gens commencent à te poser la question, ils voient que tu rajeunis pas non plus. Alors, j’ai décidé de mettre AG, qui est le symbole de l’argent en chimie. Je n’étais pas pour mettre un signe de piastre sous gestion financière, mais en mettant AG comme ça, c’est le représentant de l’argent.

Car, qu’est-ce qu’on fait? On gère des placements, on gère de l’assurance. Tantôt, je disais que j’amène un chèque. Un chèque, ça se transforme en argent. C’est tout le temps de l’argent. On est tout le temps lié à quelque part à de l’argent. Je te vends une assurance salaire, tu tombes invalide, je t’amène de l’argent. T’es malade, t’as besoin d’argent pour payer tes médicaments ? C’est moi qui paie. C’est tout le temps lié à l’argent. Il n’y avait rien de mieux que le symbole de l’argent. C’est de là que ça vient. Pour la gestion financière, je fais quoi ? Je gère de la gestion, tout ce qui est financier. Ton hypothèque, tes assurances, tes placements, nomme-les toutes. On touche à tout. Et ça peut être n’importe qui en arrière ça, tu viens d’enlever un argument des clients qui disent que c’est plus juste Martin. Il faut après ça que j’en mette d’autres derrière, c’est ça le défi.

Avec ce que je vous parle, l’idée qui est en train de se faire, j’ai bon espoir qu’en 2023, on va arriver à ce genre de regroupements-là qui va faire un méga bureau Centre-du-Québec où on va être 7, 8 ou 10 représentants et qu’on va réunir nos forces. Je ne sais pas la clientèle, elle sera rendue à combien, mais je prends mes 600 500, je les mets dans le pot, si les autres amènent chacun 1000 clients, on va peut-être se ramasser à 15 000 clients pour un cabinet, avec plus qu’une adjointe évidemment et plusieurs représentants. Ce serait, je dirais, la prochaine étape de développement au niveau de l’entreprise qui germe tranquillement pas vite, mais qui se précise.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

À peu près toutes les raisons déjà que j’ai dites. Marylou est une employée, mais les personnes aux ventes, je ne les considère pas comme des employés, mais comme des gens autonomes. Tout ce qu’ils viennent chercher ici, c’est les services d’adjoints, se partager de l’information et moi, partager mes connaissances avec eux. « Martin, j’ai un dossier, qu’est-ce que tu ferais, toi, dans ça ? » Je ferais telle ou telle affaire, donne-moi du jus et je vais te dire ce que moi, je recommanderais. Mais ça, si on est plusieurs à mettre notre expérience en commun, je pense qu’on va être très fort dans les recommandations qu’on va faire.

Pour travailler chez nous, comme je l’ai dit, « plaisir et affaires ». Je veux pas que personne travaille chez nous avec l’impression d’avoir un boss dans le dos et qui serre la vis tout le temps. C’est pas ma façon de voir les choses. Un, j’ai déjà essayé de travailler pour une institution financière et j’ai été pendant 2 ans à m’obstiner avec la direction, ça a pas d’allure, c’est pas de même qu’il faut que vous fassiez ça. Mais quand c’est une grande entreprise avec une banque en haut, tu fais ce qu’ils te disent et ton opinion… On en tient pas compte trop, trop. (rires) Cet aspect-là, quelqu’un qui vient travailler chez nous, oui, ça prend un peu d’autonomie pour qu’évidemment, il puisse lui-même travailler. Mais le fait qu’il y ait des collègues et d’autres personnes expérimentées, ça va aider. Il faut aider à partir des jeunes recrues pour pas avoir le défi aussi fort comme je disais tantôt de recruter eux-mêmes client par client. Si on a un bassin de X milliers de clients, c’est pas vrai que je suis capable physiquement de rencontrer 600 500 clients par année, c’est impossible. Oui, il y a une base active, mais je te dirais ma grosse base active, c’est peut-être 1000. Les autres, ce sont des clients à qui j’ai vendu de quoi il y a 10 ans et qui m’ont jamais redemandé quoi que ce soit. Mais si j’ai du monde, je pourrais leur dire : « Prends donc ce dossier-là, appelle donc Monsieur Untel ou Madame Untelle. Ça pourrait être le fun qu’on aille lui faire une visite. »

Mon associé qui est décédé, il est venu ici, je le connaissais pas. Il m’a appelé un matin : « Monsieur Lajeunesse ? Je voudrais vous rencontrer. Vous me connaissez pas, mais moi je vous connais pas mal plus que vous le pensez et je veux vous rencontrer. » La première chose qu’il m’a dit au restaurant, c’est : « Je suis dans le domaine de gestion de placements d’un million et plus depuis plusieurs années. Ce que je trouve remarquable chez vous, c’est qu’à chaque fois, je suis tombé sur l’un de tes clients, j’ai jamais été capable de rien faire. Toi, c’est pas compliqué, tu rentres chez un client, tu passes la gratte et tu fermes la porte, c’est fini. Ça, j’en reviens pas. J’ai jamais été capable de rien faire chez tes clients. Je trouve ça remarquable. C’est l’une des raisons pour laquelle je veux travailler avec toi, être associé et partager le même bureau. Deuxièmement, à chaque fois que je passe devant la porte, je me vois dans ton bureau. T’es au centre-ville, t’es bien placé, t’es bien installé, c’est très important pour moi. » C’était le fun d’entendre ça en même temps, ça fait partie des raisons pour travailler chez nous.

C’est presque illimité comme développement potentiel. Dans un travail qui est routinier, tu vas atteindre une espèce de routine qui fait en sorte que oui, tu fais ton travail, mais que ce soit lundi, mardi, mercredi, jeudi ou vendredi, tu vas avoir fait la même affaire à chaque jour. Alors que moi, il y a pas une journée dans la vie qui est pareil comme la veille. Il y a tout le temps quelque chose de nouveau, il y a tout le temps un nouvel événement, il y a tout le temps une nouvelle personne. Tu rencontres Pierre, Jean, Jacques, tu fais des découvertes. Je suis allé cette semaine à Montréal, je rencontre un gars, j’ai passé la soirée avec eux autres, j’ai appris toutes sortes d’affaires. En même temps, tu te dis : « Ah, je viens de pogner un contact pour telle affaire, parce que lui était là, moi j’étais pas là. Parfait, je vais me servir de lui pour entrer là ». Il faut tout le temps que tu restes aux aguets, de toutes les rencontres que tu peux faire et tu peux pas dénier ou mettre quelqu’un de côté. Il y a toujours quelque chose à apprendre. Cette curiosité-là, il faut que tu l’aies, tout le temps. Il faut que tu dises : « OK, lui, cette personne-là, je la rencontre pas pour rien, il y a quelque chose dans sa vie, si c’est pas pour m’apporter de la business, c’est pour m’apporter quelque chose au personnel de son expérience ».

T’as pas ça dans tous les travails. Quand t’es devant ta machine, tu parles juste à ta machine… C’est correct, ça en prend, je serais pas capable de faire ça, pas après avoir connu ce que j’ai fait. À quelque part, je dirais presque que c’est le meilleur métier du monde, c’est peut-être exagéré, mais c’est l’un des très beaux métiers pour quelqu’un qui veut tout le temps prospérer et mentalement et dans son travail et ses relations. Ça vaut de l’or.

Je pense qu’il y a un mot, que souvent les clients me disent : c’est la passion. C’est pas plus compliqué que ça. Si t’as pas la passion dans le travail que tu fais, change de travail. C’est le plus important.

Pour vous, la persévérance c’est quoi ?

La persévérance, c’est très important. Je dirais, dans mes études, dès le secondaire dans les années 70, il y avait 3 types de classe : les 110, les 220 et les 330. Je me suis toujours classé dans le 330. C’est sûr que quand le professeur rencontrait les 330, il pesait fort, t’avais toujours un peu plus d’ouvrage, mais t’avais un niveau de compétition à travers la classe de peut-être 30 élèves. C’était de haut niveau, tout le temps. Donc, oui, ça prend de la persévérance dans les études, ça prend de la persévérance dans ton travail, mais à partir de là, t’évoluais beaucoup plus rapidement.

Juste pour vous donner une idée, en secondaire 1, on commençait les cours d’anglais. La professeure, après 2 semaines, elle dit : « Toi, je sais pas ce que tu fais ici. T’avanceras pas, t’en sais plus de ce que je vais donner dans l’année. Ta place, c’est pas ici, c’est en secondaire 3. » Elle me passe de 1, elle me transfère en 3. Elle me dit : « Oublie ça, tu vas perdre ton temps. T’as pas d’affaire ici. Je t’envoie tout de suite en 3. » Ça, ça été comme ça pendant tous les secondaires, un après l’autre, de 1 à 5, toujours dans les groupes de 330. L’équipe qui était là aujourd’hui, c’est des notaires, des propriétaires d’entreprises, des avocats. C’est tous des gens qui je dirais ont un niveau professionnel important. Entre autres, il y en a un, que plusieurs peut-être connaissent à Victoriaville : l’entreprise Sani Marc. C’est Pierre Goudreault qui est aujourd’hui président-directeur et propriétaire, c’est son père qui a parti ça, mais Pierre, on était dans les mêmes classes et on s’est suivis tout le temps. Ça vous donne une idée. Monsieur Labé des restaurants St-Hubert à Victoriaville, c’était dans ma classe. Après ça, des notaires, des médecins, des gens en haut niveau informatique.

Si notre cohorte avait pas eu la persévérance de ça, de se dire oui c’est difficile, oui ça demandait plus d’heures, mais par contre, ça nous a amenés à un niveau je dirais très important. La persévérance scolaire, il faut pas lâcher. Par contre, il y en a qui vont dire : « Moi, le secondaire 5, j’en ai assez », mais bon, je pense que dans le milieu, aujourd’hui, ça prend un peu plus que ça.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Les jeunes, c’est notre relève. Vous avez comme on dit la vie devant vous. Tout ça, si je remonte à l’époque… Je sais pas à tous vos âges, mais à quelque part entre 12 et 18. (rires) Ce qui est difficile, un, on est jeune, on le sait pas encore notre intérêt, vers quoi on veut s’en aller, quel métier on aimerait faire. Des fois, ça, c’est difficile.

Je vous dirais que moi jusqu’à mes 18 ou 19 ans, encore là j’étais pas sûr, je savais pas. Quand je suis arrivé au cégep, je savais pas encore. J’ai pris un cégep en sciences pures, j’ai finalisé mes 2 ans et là j’ai dit : « Ouais, pas sûr encore, je vais faire sciences santé ». J’ai rajouté 1 an. Donc j’avais autant de sciences pures que sciences santé. Si avec ça, j’ai pas de bagage pour faire de quoi, je suis aussi bien de retourner sur les bancs d’école encore. Je me suis inscrit à l’université et j’ai fait 3 demandes : l’Université de Montréal en pharmacie, Université Laval en génie électrique et Université du Québec à Trois-Rivières en administration (sciences comptables). J’ai « spreadé » ça en trois domaines. Après quelques semaines, on reçoit les retours de nos demandes. Montréal ? Refus, programme contingenté. Laval ? Accepté. Trois-Rivières ? Accepté. La conclusion, c’est que je suis allé en sciences comptables, mais je vous dirais qu’il n’y a pas une journée que ce cours-là m’apporte pas dans ma carrière des outils.

Les sciences comptables, il y a la fiscalité en arrière de ça et tout ce qui est l’aspect financier (les placements, par exemple). C’est une base très importante pour le travail que je fais aujourd’hui. Ça m’a aidé à progresser encore plus rapidement dans ce domaine-là à cause de ça, parce que je pouvais me démarquer d’autres confrères qui sont dans l’assurance, mais qui n’ont peut-être pas autant d’études. Moi j’arrivais : « Hop, moi je l’ai, ta solution » ou encore « Moi, je suis en fiscalité, tu devrais faire ça, ça, ça, tu vas sauver de l’impôt ». Toutes ces petites affaires-là, j’étais plus vite que plusieurs autres.

Le conseil que j’aurais à donner, c’est de ne pas lâcher vos études. Allez chercher au moins une certification quelconque pour pouvoir après ça vous orienter. Encore là, ça ne veut pas dire que c’est exactement ce que vous allez préférer faire, mais vous avez encore le temps de changer d’idée par après, c’est pas trop un problème. (rires)

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je trouve ça le fun. C’est l’aspect implication qui vous amène à rencontrer du monde, à donner des services. Oui, c’est du bénévolat, mais j’en fais, moi aussi, du bénévolat entre autres dans 2 organismes. Même que j’ai été sur un conseil d’administration d’une maison dans le coin de Joliette. J’ai été plusieurs années sur le conseil d’administration. C’est une maison de ressourcement qui permet entre autres aux femmes violentées d’avoir refuge, etc. C’était du bénévolat. Là, je suis sur un conseil d’administration de la Société sylvicole, dédiée à la forêt. Ça existe depuis au-delà de 40 ans. Je siège au conseil d’administration depuis 15 ans et j’en suis le président depuis 6 ans. La fierté que j’ai, c’est que de par mon implication, j’ai fait évoluer cette entreprise-là pour quadrupler en dedans de 5 ans son chiffre d’affaires. Du 1,2 million du chiffre d’affaires, on est passé à 6,2 l’an passé.

Oui, avec l’expérience personnelle, parce que oui, j’ai amené 7 personnes sur le conseil d’administration, mais ça prend un leader dans la gang et ça faisait longtemps que j’étais là et ça bouge pas. À un moment donné, il fallait donner un coup de barre et dire : « C’est fini, il faut prendre une autre direction ». À partir de là, c’est correct, on veut pas refaire les erreurs du passé, mais cette entreprise, il faut qu’elle s’en aille là. Qu’est-ce qu’on va faire ? On va changer le mode d’opération. C’est de l’implication bénévole, ça me donne pas plus d’argent dans mes poches, sauf que j’ai 15 employés là-bas, on a une masse salariale de 500 000 par année. Je fais quand même vivre des familles et je sécurise leurs emplois, parce qu’eux autres, ils en ont besoin de leurs emplois et pour ça, il faut que l’entreprise soit là. Je veux l’amener encore plus haut, mais comme on dit, à un moment donné, il faut respirer un peu. C’est allé vite, parce qu’en dedans de 5 ans, j’ai doublé le chiffre d’affaires, année après année.

Je fais aussi du bénévolat dans un club d’ébénisterie à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie à Victoriaville. Je suis le trésorier. Encore là, on a fondé ça, on l’a parti de zéro. Aujourd’hui, il y a 80 membres qui viennent passer du temps à s’amuser, à faire leurs projets. Cette année, on va donner autour de 150 jouets à des organismes de charité qui ont tous été fabriqués par des membres du club. On redonne socialement, on divertit des gens, on leur donne l’opportunité de travailler le bois. Le groupe qui est là s’entraide. Vous venez travailler à l’atelier, vous avez envie de faire telle affaire sans savoir comment le faire ? Quelqu’un en a déjà fait, il va t’aider, te donner quelques instructions pour t’aider à bâtir le meuble ou l’objet que tu veux fabriquer en bois. C’est le fun, parce qu’on retrouve des connaissances : l’un est fort en sculpture, l’un est fort pour tourner du bois, l’un a fait des armoires, l’un a fait des escaliers, etc. Il y a un partage de connaissances qui se fait à travers ça.

Le bénévolat, c’est un peu tout ça. À quelque part, t’obtiens une joie, une reconnaissance face à ce que t’apportes dans ton bénévolat, mais nécessairement tu vas avoir aidé des gens autour de toi.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Il faut trouver le temps. (rires) Quand on est jeune, des fois on se garde du temps, on pratique une activité. J’ai joué au hockey quelques années, mais au fil des années, ça s’est estompé. J’ai fait du ski alpin. Mais l’activité physique, oui, il faut se garder en forme. Étant jeune, on se n’en aperçoit pas, mais quand on prend de l’âge, les bobos vont finir par sortir. C’est important de dire : « OK, il faut que je garde une certaine activité ». Malheureusement, nous autres, on a un travail qui est plus assis, plus de bureau, mais quand même. En dehors de ça, j’ai une terre à bois, une érablière. Je manque de temps pour y aller, mais bon. À un moment donné, je courrais un peu toutes sortes d’affaires pour essayer de me dépenser, mais oui, c’est très important de se garder en forme.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette ?

C’est pas une bonne idée à mon avis. J’ai jamais fumé, je peux pas vous dire que je connais ça. J’ai vu des fumeurs en masse. Mais à toutes les fois, j’ai vu des gens qui ont fumé et plusieurs en sont décédés en plus ou moins bas âge. Je suis rendu à 60 ans, mais quelqu’un qui décède à 65 ans, il a été fumeur toute sa vie, ça n’a probablement pas aidé. C’est peut-être un des aspects qui fait qu’il finit avec un cancer de la gorge ou un cancer des poumons. Je peux pas vous dire que je suis très enclin à recommander que quelqu’un fume ou vapote. C’est plus un défaut qu’une qualité à mon avis.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie, les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

Le seul aspect positif à la légalisation que je peux donner, c’est d’essayer de contrer le crime, tous ceux qui font ça de façon criminelle d’une certaine façon. Il y a les groupes de motards, on le sait, où tout le monde peut avoir de la drogue sur la rue, etc. Le gouvernement, en légalisant ça, a essayé de faire diminuer ça. Je dis pas que ça l’a fait disparaître, mais ça peut aider. Par contre, ça donne accès à tout le monde. Je peux croire que ça peut être bénéfique pour certains en thérapeutique, mais en dehors de ça, si ça pouvait ne pas exister… Ça serait plus ma façon de penser. C’est très, très mauvais en tant que tel que ce soit dans notre vie, mais bon.

Il y en a d’autres affaires comme ça, l’alcool par exemple qui n’est pas bien mieux. (rires) Une autre forme de dépendance. Manger trop, c’est pas mieux non plus. Des fois, les jeunes nous disent : « Mourir de ça ou mourir d’autre chose… » Oui, mais ce serait peut-être le fun que tu vives en santé le plus longtemps possible. Parce que ceux qui ont arrêté de fumer, qu’est-ce qui est arrivé ? Prise de poids, souvent. Plein de problématiques qui se continuent même si t’as décidé d’arrêter de fumer, parce que ton organisme réagit mal. Tu vas te garrocher dans la nourriture ou dans d’autre chose.


Entrevue avec Jean Morin, propriétaire de la Fromagerie du Presbytère.

Entrevue avec Jean Morin, propriétaire de la Fromagerie du Presbytère, réalisée par Shelby Croteau, Malyck Jacques et Maëlie Turcotte du Comité 12-18 de St-Rémi-de-Tingwick

Décrivez nous votre entreprise en général ?

En général, c’est une fromagerie qui transforme le lait de notre ferme, celle de mon arrière‑grand‑père. C’est moi qui ai pris la relève de la ferme avec mon frère et on a décidé de faire du fromage, parce que je rêvais d’en faire un jour. Un beau jour est arrivé devant chez nous un presbytère à vendre. « Une belle place pour faire une fromagerie. » J’ai étudié en Europe à faire des fromages. Je me suis embarqué dans la fromagerie. Mon frère s’est occupé un peu plus de la ferme. Il a vendu toutes ses parts de ferme, je les ai achetées et je les donne à mes enfants. J’ai 4 enfants qui prennent la relève et c’est eux qui s’occupent aujourd’hui de la ferme. Sommairement, on transforme le lait de notre troupeau en fromage fin et fromage en grains.

Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ?

On touche à plusieurs métiers. Il y a des curés, des fromagers, de l’assistance à la direction générale. On a fait le tour hier à une technicienne en qualité spécialisée dans le contrôle de la qualité, les normes de salubrité et l’hygiène. Par exemple, dans la fromagerie chez nous, la peinture est une peinture spéciale acceptée par l’Agence canadienne d’inspection des aliments, parce que c’est un peu le ministère de la Santé et des Services sociaux qui génère nos besoins en hygiène. Ça prend aussi des équipes à l’emballage et à la gestion. Quelque chose qui est ben à la mode, c’est quelqu’un qui gère les réseaux sociaux et qui est actif là-dessus. C’est surtout des gens qu’on veut garder avec nous, des gens de passion. C’est un métier, être passionné. C’est le plus beau métier. La passion de son travail.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

Les valeurs sont sur la qualité. Je dis à tous les gens qui travaillent avec moi le matin, quand on arrive : « Qu’est-ce qu’on pourrait faire aujourd’hui pour être meilleur qu’hier ? » Ça sert à tout le monde dans la vie, mais nous autres, quand on fait le fromage, mettons le fromage bleu. Sur le dessus, il y a un petit défaut quelque part dans la pâte qui est un peu agaçante, eh bien, nous, on travaille dessus pour corriger ça. On goûte à tous nos fromages. La principale qualité, la philosophie de l’entreprise pour moi, c’est de faire le meilleur fromage au monde. C’est toujours le but, dans chacun de nos gestes. Quoi faire pour être meilleur qu’hier ?

Quelles qualités de base recherchez vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

On recherche des gens qui seraient heureux à faire ça et qui n’auraient pas peur de prendre des responsabilités. On espère aussi qu’ils soient aussi attentionnés dans ce qu’ils font, c’est-à-dire que c’est pas des clous qu’on fait, c’est des aliments. La répercussion d’un geste peut se rendre à Toronto. Un fromage mal emballé, par exemple. Assumer les tâches de qualité. C’est ce que je souhaite avoir : des gens consciencieux, qui le deviennent ou qui le sont déjà. Comment on fait dans une entrevue pour trouver ça ? C’est difficile, mais on le détecte assez vite après quelques semaines.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?

Je suis fier de tout l’ensemble des projets. Je suis agriculteur. Ma fonction première, c’est de nourrir les humains. Ma plus grande fierté, c’est quand je nourris les humains, parce qu’ils font des sourires et ils sont heureux. Ça, c’est ma grande fierté. Rendre les gens heureux. À partir du même brin d’herbe. Les vaches mangent ce brin d’herbe et font du lait. Nous, on en fait du fromage : du bleu, en grains… C’est comme des petits magiciens là-dedans. Avec ça, on fait des heureux. Tout ça, avec la dynamique de garder la ruralité encore vivante. Par exemple, Saint‑Rémi. C’est un beau petit village, mais on dirait qu’il a perdu sa nature. Ça va prendre des jeunes comme vous pour bâtir des belles affaires. Notre petit village ici, il y a encore un poste à gaz, une église, un magasin général où tu peux t’acheter des Jos Louis et de la liqueur. Il y a une petite fromagerie et il y a du monde qui viennent faire un tour. C’est le fun, c’est ce qu’on souhaite avec tous les petits villages : qu’ils soient vitalisés par des gens comme vous autres.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

Il y a juste des avantages. Je vois pas l’avantage que j’aurais à travailler en ville. L’avantage de travailler en région, c’est d’abord beau le matin quand tu te lèves. Il y a toutes sortes d’emplois en région. Si tu t’en vas à Saint-Félicien, Saint-Élie-de Caxton, Sainte-Élisabeth, Saint‑Rémi‑de‑Tingwick, il y a plein de choses. Les emplois en région, c’est ce qu’il y a de plus précieux, parce qu’on assume qu’on doit laisser à nos employés une qualité de vie. C’est une belle place pour élever des enfants, faire du ski, faire toutes sortes de belles choses… Et surtout, ton travail, tu peux y aller quasiment à vélo. C’est merveilleux.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

C’est typique. Je me réveille à 3 h le matin, j’amène le lait frais à la ferme. Le lait, il sort du pis de la vache, puis est stocké dans un camion, que j’apporte ici à 4 h du matin. Puis, on commence les opérations. Chauffer le lait. Démouler les fromages d’hier. Les opérations de fromage, ça dure de 4 à 8 h. Puis, vers midi, les relations publiques. Les réunions avec les employés. Hier, j’ai eu un meeting avec Radio-Canada qui m’avait appelé pour faire une réunion. J’avais aussi une dégustation hier au Carré 150, parce qu’il y avait un vins et fromages pour accompagner un vernissage. Le matin, c’est le travail des fromages et l’après-midi, les travaux connexes.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

J’aime nourrir les humains, comme je disais tantôt. Relever le défi quotidien d’être meilleur. Faire des bons fromages. On travaille avec des aliments vivants. Le lait, ça vit, il y a plein de bactéries là-dedans. C’est vivant. Ça va pas toujours là où tu veux, c’est pas comme du fer. Ça nous interpelle à être à l’écoute de ce que c’est. C’est de la matière vivante. Le plus beau de la vie, c’est de travailler avec du vivant. Les bactéries dans le lait, le ferment que je mets dedans. Ce sont des humains qui travaillent autour et qui mangent ça. On est loin des embaumeurs. (rires)

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

J’ai pas mal l’impression que je suis rendu là où je voulais être. Je veux vraiment que la fromagerie soit transférée à mes enfants, mais avec des projets différents et nouveaux. Amélioration de ci, amélioration de ça. Je travaille souvent en meeting avec mes enfants pour décider ce qu’on va améliorer. Améliorer le magasin général ? Qu’est-ce qu’on va se donner comme saison ? Bref, toujours améliorer la fromagerie.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

Parce qu’on aime faire de la nourriture, faire du fromage. On aime l’environnement, l’ambiance et la dynamique de l’entreprise. On aime que ce soit vivant, on aime être respecté aussi, surtout ça. Le respect, c’est l’élément le plus fort qu’on a et dont on a besoin quand on travaille.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Les gens heureux. (rires) J’ai un bon ami qui s’appelle Fred Pellerin, je le trouve inspirant. Les choses bien faites, ça m’inspire. Quelqu’un qui s’applique à faire du vin, de la confiture, du pain. Quelqu’un qui fait de bonnes choses. Un grand chef cuisinier. Il sait, lui, qu’en composant ça, ça et ça, ça va faire un beau bagage. C’est comme un artiste qui écrit. Il prend ça où, lui, dans sa tête, pour écrire un livre ? Ou pour écrire un film ? La créativité m’inspire.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est la vie. Si tu commences à chier à terre à l’école, tu vas chier à terre toute ta vie. Oui, ça se peut que tu aimes pas le cadre de l’école, parce que il y a du monde à l’école qui t’énerve, t’es mal-aimé, t’as pogné un mauvais prof, le voisin est fatigant, etc. Mais en général, la persévérance, ça permet d’aller plus loin. Après l’école, c’est autre chose. Vous pouvez pas vous imaginer ce qu’on a comme embûches quand on part une patente de même. Moi, c’est le fun, je peux conclure en beauté, mais c’est rien que des embûches. Quand il y a des embûches, mettez votre cerveau en mode « solution ». Mettons, tu sors de la maison, tu te blesses. Il faut que tu trouves une solution. La persévérance, c’est de trouver des solutions. La vie nous met des bâtons dans les roues, tout le temps. Quand t’es en mode « solution », t’actives la persévérance. Ça prend la persévérance pour trouver des solutions aux problèmes.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Lâchez pas. (rires) Vous êtes dans une mosus de belle région, vous vous en rendez pas compte. J’arrive le matin, j’ouvre le robinet, il coule de l’eau. Il fait 22 °C. Cibole, et j’ai juste tourné le thermostat. C’est le fun, ça. Dans un environnement comme ça, je peux travailler à pied ou à vélo. Je peux respirer de l’air pur. Ça prend pas un gros média pour s’apercevoir qu’il y a du monde, c’est pas sûr qu’ils mangent et ça se peut qu’ils passent l’hiver au froid. S’ils sortent de la maison, ils peuvent se faire bombarder ou mitrailler. Ils n’ont pas le droit de parler. Ils ont la face voilée. Aux États-Unis, ça te prend quasiment un gun. Faudrait que t’aies ton cours d’arme à feu, parce que tu le sais pas, pour t’en aller à St-Rémi-de-Tingwick, tu peux pogner un chevreuil. On est dans un mautadit beau environnement. On a de la chance. On s’en rend pas compte, on est dedans. Quand tu te lèves le matin, tu te dis : « Wow, il fait chaud dans la maison. » On est chanceux d’avoir ça.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

J’adore cette volonté de faire du bénévolat, c’est ce qui constitue la richesse d’un pays.

 

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

C’est comme obligatoire. Il y a des gens qui se mettent à faire de l’activité physique ou qui se mettent au régime pour maigrir. Quelle mauvaise décision. L’activité physique, c’est comme une dose de drogue. Quand t’en fais, tu reviens, t’as de l’air frais dans les poumons, ça fait du bien de te grouiller. Vous le voyez moins à votre âge, mais on le voit en vieillissant. C’est donc bon d’avoir de l’air propre. On revient chez nous et on est fier d’avoir fait ça. Il faut s’amuser à le faire. Si tu aimes pas faire du jogging, fais-en pas. Va faire autre chose. Il y a tellement de belles choses à faire pour grouiller. À moins d’avoir des problèmes physiques graves, c’est important de faire de l’activité physique.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Je me demande comment ça se fait que ça existe encore. On en parle moins, de ça. Je vous le dis, j’ai 4 enfants et il y en a pas un qui fume. Ils sont une trentaine quand il y a des fêtes, mes enfants ont entre 25 et 30 ans. C’est l’âge que c’est festif. Mais personne fume. Mettons qu’il y en a un qui fume, il est mal vu. Il se fait traiter de puant. Dans la vie, tu peux être cool, mais à partir du moment où tu te fais traiter de puant, c’est pas drôle. Tu as pas envie de te faire traiter de puant. Quand tu fumes, mautadit que t’es puant. Sans parler de l’argent et la santé.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

On a pensé qu’il y aurait moins de monde en prison, parce qu’on arrêterait de courir après les petits morveux de vendeurs de pot. Malheureusement, ça a juste dévié le problème un petit peu. Ça amène à la consommation de la drogue à des niveaux encore de banditisme. C’est en partie encore la mafia qui s’occupe de ça. L’avantage, par contre, c’est que ça peut être thérapeutique. J’ai un drôle d’ami qui fume du pot, il va chercher çà à la Société québécoise du cannabis (SQDC). Il ramasse ce qu’il veut. Je veux à base de ça, de ça, de ça. C’est contrôlé. C’est donc moins risqué. Sa mère se choquait après lui. Il travaille avec nous à la fromagerie, il a 25 ans. Sa mère se choque : « Tu vas arrêter de prendre de la drogue ? » Il dit : « Toi, la mère, t’as vu le pot de pilules que tu manges ? C’est qui entre nous qui est le plus drogué ? » (rires) Je sais que ça aide beaucoup, que c’est thérapeutique. C’est géré presque de façon médicale. À mon sens, c’est naturel. Mais quand on en a, il y a le risque que ça amène de la corruption, le banditisme, les gangs de rue et, naturellement, la dépendance


Entrevue avec Stéphanie Desharnais, propriétaire de Centaure Kombucha.

Entrevue avec Stéphanie Desharnais, propriétaire de Centaure Kombucha, réalisée par Carolanne Desharnais, Koraly Blanchette, Rosalie Larivière et Anne-Marie Giguère du Comité 12-18 de St-Élizabeth-de-Warwick. 

Décrivez-nous votre entreprise ?

Nous sommes en activité depuis 2019. On se spécialise dans la production de kombucha. C’est une boisson pétillante à base de thé fermenté. Comme une culture bactérienne dans le produit qui se développe pendant la fermentation, ça devient un produit qui est riche en probiotiques, c’est bon pour le système digestif. Comme c’est à base de thé, c’est un antioxydant, donc très bon pour le système immunitaire aussi. C’est sans alcool et faible en sucre. Les gens vont prendre le kombucha pour remplacer les liqueurs, les jus sucrés ou les boissons alcoolisées. Ça devient comme l’alternative santé. On se spécialise là-dedans. Au fil des années, on a développé différents produits reliés au kombucha comme le thé et la tisane. On fait aussi des tisanes pétillantes qui seront sur le marché au printemps.

Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ? 

Pour l’instant, il y a mon conjoint et moi. Lui est le maître producteur, il s’occupe de la recherche et du développement, des recettes, de la production, de l’achat des équipements, des formations pour peaufiner la production. Moi je m’occupe de la gestion, du volet marketing/communication, comptabilité. Comme toutes les entreprises, il faut assurer le bon fonctionnement au niveau de la comptabilité, discuter avec les points de vente, les publications sur les réseaux sociaux. Finalement, il faut assurer une présence à différents événements, on essaie de se partager cette partie-là.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

On essaie le plus possible d’être authentiques. C’est-à-dire qu’on va prendre des produits qui sont naturels, on ne veut pas chercher à faire quelque chose qui est ‘’cheap’’ avec des produits bas de gamme. On va choisir la qualité des produits, qu’ils soient naturels, qui nous ressemblent. On va opter pour des recettes très originales, qui ne se retrouvent pas sur le marché. On essaie d’innover.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez ?

C’est sûr que comme entrepreneur, on cherche des employés qui vont être dévoués, qui vont vouloir s’impliquer dans l’entreprise et qui vont avoir un sentiment d’appartenance, qui prennent ça à cœur et qui ne veulent pas juste une paye. Ils doivent aussi vouloir participer au développement de l’entreprise. On veut quelqu’un de fiable et loyal. Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fiers ? 

C’est certain que le plus dur pour une entreprise, c’est le démarrage. On est fiers d’avoir passé ce cap-là des débuts de l’entreprise, plus difficiles, de se faire connaître, de se questionner à savoir si on est sur la bonne route, si on fait la bonne chose. C’est sûr que chaque fois qu’on fait une nouvelle recette, quand on y goûte et que c’est ‘’sur la coche’’, on est super fiers aussi.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

Il y a beaucoup d’avantages. On est plus « connus«  parce qu’on se perd moins dans la masse. Si on va par exemple à Victoriaville, on va voir plusieurs commerces qui encouragent les produits locaux des petites régions avoisinantes. Quand on parle de la ville de Québec ou de Montréal et grands centres urbains, c’est plus dilué. On est dans la masse, il y a beaucoup de produits. Même s’ils veulent encourager local, il y a beaucoup de produits dans la région, c’est plus difficile de choisir. On adore habiter en campagne. On est tranquille et il y a beaucoup moins de restrictions au niveau des permis. On est plus libres.

Comment se passe une journée de travail pour vous?

On a comme trois emplois. On a chacun notre emploi à temps plein, on a notre petite famille et on a le Kombucha qu’on va faire les soirs et les fins de semaine. Souvent les soirs, on va faire la comptabilité, de petites publications Facebook, des tests de recettes, etc. Les productions vont être un peu plus longues à faire donc on fait ça les fins de semaine, étant donné que ce sont des journées de cinq à six heures de production.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?  

Ce qu’on aime beaucoup c’est quand on crée un nouveau produit. On commence par avoir la recette, ensuite il faut faire notre étiquette, la vendre en contactant nos points de vente, etc. Ce qui se démarque, c’est quand on arrive à avoir des événements, des marchés, des kiosques où on est en contact avec les gens directement. On leur fait goûter notre produit et on a le feedback des gens.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

On va être millionnaires (rires) ! En fait, on veut l’amener au point où on va se dire qu’on a un produit que les gens recherchent, qu’ils reconnaissent le nom : Centaure kombucha. On veut que notre produit soit rare, que les gens s’approvisionnent parce qu’ils savent que les nouvelles productions vont partir vite. C’est agréable comme entrepreneur de savoir que notre produit est tellement recherché, qu’on crée une rareté.

Pour quelles raisons devrait on travailler pour votre entreprise ?

Quand tu as un lien avec la personne que tu embauches, que tu lui fais sentir que tu fais attention à elle, qu’il sait que son employeur pourra lui offrir une certaine qualité de vie, des bonus, une participer au processus de création et au développement, l’employé ne doit pas sentir qu’il est là juste pour vendre ou offrir juste de la main-d’œuvre.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Nous sommes des aimants de la nature, des sports de plein air. On aime beaucoup être en contact avec ce que la nature peut nous donner. On aime aller en forêt chercher des produits de qualité, naturels, authentiques.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?  

Ce que je veux lancer, c’est de dire qu’il y a de l’espoir pour l’avenir. Moi je trouve ça le « fun«  de vous voir ce soir, vous êtes des jeunes super impliqués. Il y a beaucoup de préjugés envers les adolescents de nos jours. Les gens disent qu’ils ne font plus rien et qu’ils sont toujours sur leurs cellulaires, mais je pense que c’est faux. Il y a tellement de jeunes impliqués et dévoués qui veulent travailler pour leur communauté. Je dirais aux jeunes de ne pas lâcher et de continuer de se démarquer dans ce que vous faites, de continuer à montrer qu’il y a de l’espoir dans l’avenir de la jeunesse.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Encore une fois, je trouve ça super admirable ! Je pense que c’est vraiment une expérience d’une vie. Plus tard, vous allez pouvoir dire à vos enfants à quoi vous avez contribué et laissé votre marque. On peut être très individualistes et faire les choses de notre bord, mais quand on arrive à laisser notre trace à travers notre municipalité, ça va se savoir longtemps. Ça va rester dans le temps.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

L’important, c’est d’avoir un équilibre dans ta passion, que ce soit un sport, l’art, l’écriture, la danse ou le chant. Je pense que l’important c’est d’avoir quelque chose qui te passionne et de développer un équilibre entre tout ça.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette/la vapoteuse ?

C’est un fléau ! Encore là, il y a beaucoup de préjugés, d’exagération de la part des adultes et des différents médias. Il y a des effets néfastes, on ne va pas se le cacher, mais c’est correct d’essayer et de faire des expériences. Ce qui est important, c’est de se respecter, de connaître ses limites et les impacts. Il s’agit ensuite de s’affirmer auprès de ses amis et de se respecter.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie, les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

Encore une fois, il y a une question de dosage. On voit apparaitre une plus grande sensibilisation dans la publicité, ce qui est nouveau avec la légalisation du cannabis. On a un plus grand contrôle sur ce que l’on achète et quel pourcentage de THC contient chaque produit. Le cannabis acheté sur le coin de la rue ne permet pas de savoir ce qui est ingéré. Est-ce que ça a amené une banalisation ? Probablement que certains parents qui se cachaient avant pour consommer le font maintenant devant leurs enfants puisque c’est légal.


Entrevue avec Josianne Lauzière, présidente-stratège principale de Synaptik Média.

Entrevue avec Josianne Lauzière, présidente- stratège principale de Synaptik Média, réalisée par Émy St Sauveur et Cloé Girard du Comité 12-18 de L’Avenir.

Décrivez-nous votre entreprise ?

Ce que nous faisons chez Synaptik Média, c’est de la production vidéo, du « motion » et aussi de la réalité virtuelle. Nous le faisons surtout pour le secteur corporatif, des entreprises et aussi des municipalités. Nous le faisons également dans le secteur des évènements mais aussi beaucoup pour les formations. Nous créons des formations en ligne ou des vidéos de formation.

Quels types de métiers pouvons-nous trouver dans votre entreprise ?

Il y en a plusieurs ! Il y a des caméramans, des monteurs, des « motions designers ». Le « motion design » est la création de dessins. Ça pourrait se rendre jusqu’aux Simpson, mais nous, nous le faisons surtout pour les entreprises. C’est surtout de l’animation d’images, parfois de personnages, parfois d’icônes, comparativement à la production de vidéos où l’on filme des images réelles. Nous retrouvons également des rédacteurs, des scénaristes, qui vont vraiment planifier le contenu ou planifier les narrations. Nous pouvons aussi trouver des narrateurs, des gestionnaires de plateau qui vont coordonner le tournage, s’assurer que tout ce qui se passe devant la caméra fonctionne bien. Nous avons des intégrateurs multimédias pour le secteur de la formation. Ils s’assurent de faire toute l’intégration du contenu. C’est un travail un peu plus technique. Nous avons aussi des stratèges, c’est ce que moi je fais, c’est un de mes rôles. C’est vraiment de construire la stratégie. Pour qu’une vidéo performe, il faut se questionner, à qui on s’adresse, comment on s’y adresse, quel message nous voulons passer, nous sommes rendus à quelle étape avec lui. C’est mon gros plaisir de me questionner. On diffuse ça où et comment ? Et d’échanger avec les gens, comprendre leurs besoins, pour trouver des solutions, leur expliquer notre univers pour les aider à prendre la bonne décision. Nous avons aussi le coordonnateur de production. Tout le long du processus, c’est lui applique la rigueur. Il s’assure de parler à tous les spécialistes. C’est qui le premier qui va entendre parler du projet et il va établir ce qui doit être fait. Il faut parler au caméraman pour tel évènement, je dois parler avec le stratège. Il coordonne tout ce beau monde-là du début à la fin. Ça prend quelqu’un qui aime la logistique, voir à tout, aimer être en relation avec le client. Il va également avoir une adjointe administrative qui est tellement précieuse pour que tout se tienne d’un point de vue budgétaire et administratif. Finalement, il y a le directeur général qui est notre chef d’orchestre. Il s’assure que tout va bien dans toutes les facettes de l’entreprise. Nous avons tout ce beau monde-là dans notre équipe et c’est avec chacun d’eux que nous réussissons à faire ce que nous faisons dans l’entreprise.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

Synaptik est vraiment une entreprise basée sur les valeurs. Il y en a une pour nous qui est très importance, c’est la bienveillance. Nous voulons être bienveillants. Ce n’est pas de te vendre quelque chose à tout prix et ni de te vendre n’importe quoi parce que j’ai des objectifs à atteindre. Nous en n’avons pas des tactiques de vente chez Synaptik. Personne n’a de commission parce qu’il a vendu quelque chose. Nous voulons rendre service et être bienveillants ce qui nous amène souvent à éduquer nos clients. Nous leur voulons du bien et ça va se voir autant dans l’équipe, qu’avec nos clients. Se permettre d’être humain et se vouloir du bien, voilà. Dans nos valeurs fortes, la pertinence et la performance. Nous voulons nous questionner sur ce qui va vraiment amener la vidéo ou le contenu qu’on développe afin qu’il soit pertinent. Elle doit bien rejoindre les cibles, performer, aller chercher un maximum de vues. Bref, elle doit répondre au pourquoi on fait ce projet-là. Il n’y a aucune entreprise qui fait une vidéo en se disant qu’il espère que personne ne va la voir ! Ils veulent du contenu parce qu’ils ont des enjeux. Ils veulent recruter, communiquer leur message. Nous avons aussi la valeur de l’innovation qui est super forte. On se questionne tout le temps. Ce n’est pas pour rien que nous sommes allés en réalité virtuelle. On se questionne toujours à savoir comment faire plus, comment faire mieux. Et une autre valeur qui est très forte est le plaisir. On s’assure d’avoir du plaisir, de rire ensemble. On a absolument le droit de ne pas se prendre au sérieux !

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embaucher ?

Les mêmes valeurs que nous autres ! Il est certain que ça demande des compétences de base. Dans notre domaine, il faut avoir travaillé son porte-folio, avoir pratiqué et être curieux de l’industrie. Ici, ce ne sont pas des employés, mais des joueurs parce que chez Synaptik, nous formons une équipe. Si nous avons le choix entre un joueur potentiel qui a un grand ego, il a beau avoir un super beau talent, s’il ne cadre pas dans nos valeurs et qu’il est là juste pour prouver à tout le monde qui est le meilleur, on ne veut rien savoir. Son talent ne compte pas. Si on a quelqu’un qui travaille fort, qui porte les mêmes valeurs que nous et, même avec des connaissances de moins que l’autre, on va choisir celui-là. Des connaissances ça s’apprend, mais une attitude c’est difficile à changer !

Est-ce qu’il y a des réalisations ou des projets pour lesquels vous êtes particulièrement fière ?

Oui ! Encore une fois, il a fallu que je me gère ! Il y en a 3-4. Il y a un projet que nous avons réalisé en République Dominicaine. On est allé faire des visites virtuelles de la République Dominicaine pour permettre aux gens de visiter plusieurs lieux sans devoir s’y rendre. On sait quand nous avons à choisir une destination vacances, nous retournons souvent aux mêmes endroits, car nous sommes certains qu’on va aimer ça. Permettre de visiter de nouveaux lieux étaient très stratégiques. Nous avons fait un 11 jours là-bas à tourner tout le temps. Même à filmer des couchers de soleil. Ils nous ont amenés dans les meilleurs endroits ! La raison pour laquelle il me rend fière ce projet-là, c’est qu’ils l’ont publicisé et ils l’ont mis sur la page Facebook du « National Geographic » du Canada. C’est lui qui a eu le plus de vues de l’histoire du « National Geographic » du Canada ! Nous étions tous très fiers de ces centaines de milliers de vues ! Je suis fière des projets d’implication sociale que nous faisons dans notre communauté. Ça fait plusieurs années qu’on s’implique dans la municipalité pour des fondations. On les aide à communiquer leur message et ça me rend fière ! Ça fait du sens qu’on prenne conscience des besoins de notre communauté et de supporter ceux qui s’impliquent. Il y a aussi Structures BRL. Celui-là je l’aime car le client a accepté qu’on l’amène dans notre univers. Nous avons pu aller dans un concept fou ! C’est tellement drôle ! Une vidéo pour le recrutement pour lui qui est à la recherche de soudeurs. C’est quelque chose de vraiment difficile de recruter des soudeurs dans la vie ! On a vraiment défini avec lui son profil et nous avons sorti un concept de fous où les gars, avec un chalumeau, allument un gâteau de fête. On l’a amené à faire un paquet de niaiseries tout en étant une bonne vidéo corporative. Elle s’est promenée aussi, tout le monde l’a vue ! Nous avons vraiment ri ! Tout le monde qui la regarde est crampé et se demande ce qu’ils font là ! Nous avons un gars qui liche un comptoir en disant que c’est super propre. Ce sont des choses qu’on ne fait pas habituellement, mais eux ont voulu y aller. Ça me rend vraiment fière qu’ils aient osé et assumé leur message. Nous faisons également plusieurs projets pour Cascades. Un projet qui m’a rendu particulièrement fière c’est celui qu’on a pu présenter sur leur plan de développement durable. Ils cherchent à avoir un impact par leurs différentes actions qu’ils mettent en place. Le message qu’ils lançaient donne le goût de faire des efforts pour la planète.

Selon vous, quels sont les avantages de travailler en région ?

Ce qu’on fait habituellement se fait dans les grands centres. Avant qu’on fonde Synaptik, ici au Centre-du-Québec, tout le monde nous disait qu’il fallait être dans les grands centres comme Montréal ou Québec. On s’est entêtés, nous on veut vivre en région. On vient d’ici et on veut s’établir ici. Travailler en région égale la nature, la qualité de vie, le rythme. Pour moi ça symbolise également la confiance qu’il y a entre les gens. On a moins le goût de faire n’importe quoi quand tu sais que tu as des chances de le croiser en faisant ton épicerie. Je trouve ça précieux le sentiment d’appartenir à une communauté, connaître des gens, savoir à quoi que tu contribues et la différence que tu peux faire. Travailler en région, c’est la décision la plus intelligente, surtout en ce moment avec le télétravail. En région, tu peux faire presque tous les métiers.

Comment se passe une journée de travail chez vous ?

Comme nous avons plusieurs quarts de métiers, ce n’est vraiment pas pareil pour tout le monde. Pour ma part, j’ai un rôle d’entrepreneur. Je touche à tout. Pour l’équipe de production c’est beaucoup de tournées, de création, de montage. Personne chez Synaptik fait la même chose tous les jours. Dans mon cas, une journée peut ressembler à des échanges avec mon équipe pour concevoir un projet. Je peux avoir des rencontres avec des clients pour comprendre leurs besoins, les aider à trouver une solution et les conseiller. À l’occasion, je vais sur des tournages. Avant j’y allais beaucoup, c’est principalement ce que je faisais quand l’entreprise était plus petite. J’y vais encore, je vais découvrir les gens, voir les lieux. Ça, c’est l’aventure ! On ne sait jamais ce qui peut arriver sur un tournage. Tu ne peux tout planifier, mais tu dois toujours t’adapter. Il y a toujours une notion d’imprévues. Une journée, je peux faire de la révision de projet. Le projet a déjà été fait, je dois valider si le contenu est correct et si nous passons le bon message. Dans mon rôle, je vais avoir aussi la vigie administrative de l’entreprise. Je ne fais pas la comptabilité et ce bout-là, mais je vérifie comment vont nos chiffres, est-ce que tout tient la route encore. Je vais aussi travailler sur des projets internes d’amélioration continue afin qu’on soit toujours meilleurs. Je vais aussi travailler pour implanter des logiciels pour s’automatiser davantage dans nos communications. Je fais aussi de ça.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

C’est une bonne question ! Ce ne sont pas des tâches que je préfère mais des moments. Ce que je préfère, ce sont les moments de partage, les moments qui sont vrais. Mon gros plaisir dans mon travail, c’est de voir un collègue qui s’accomplit. Comme avant c’était un défi de recevoir de sa part un feedback, je le vois qui sort de sa zone de confort. Nous en avons jasé un peu, il fait une rétroaction à une autre et il s’améliore là-dedans. De jaser avec un client, de le voir réfléchir et ça lui donne plein d’idées de comment il pourrait utiliser la vidéo pour son entreprise. Et aussi moi-même m’améliorer. Devenir chaque jour une meilleure version de moi-même. Avant je me blasais des métiers que je faisais. On dirait qu’une fois que j’ai tout appris et que je dois faire une deuxième boucle, ce n’est pas mon profil. Il faut que ça avance tout le temps, que je m’améliore. Je suis très critique envers moi-même. Le métier que je fais chez Synaptik dure depuis 11 ans et je ne me tanne vraiment pas. Chaque fois que je pense que j’ai appris quelque chose, je vois tout le reste qu’il reste à apprendre et à améliorer. Le fait que ce soit varié et il y a plusieurs zones où je peux travailler à m’améliorer et à devenir meilleure.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

Je ne sais pas ce qu’on vous répond habituellement à cette question. Je pourrais répondre un chiffre d’affaire à 3-4 millions ou je veux qu’on soit deux cents joueurs… Mais moi ce que je rêve, c’est que Synaptik devienne un modèle ce à quoi doit servir une entreprise. Je suis convaincue que l’utilité d’une entreprise est de permettre aux gens de s’accomplir professionnellement. Ce que je rêve avec cette business-là est d’en faire la place où les gens s’accomplissent professionnellement en gagnant le meilleur salaire possible. Je veux que l’entreprise ait les moyens de s’impliquer dans la communauté, de soutenir des projets pour faire une vraie différence, pour soutenir des initiatives. Je rêve de voir performer les entreprises qui ont les mêmes valeurs que nous autres. Je veux que ce soit ces entreprises qui prennent la place dans le marché. Je veux qu’on fasse tout ça en étant rentable. Ne pas faire ça en donnant tout, mais je veux avoir un modèle qui trouve cette équilibre là, qui démontre qu’on peut avoir toutes ces valeurs là et être rentable.

Pour quelles raisons devrait on travailler pour votre entreprise ?

Pour contribuer à ce rêve-là ! Je dis souvent que moi ce que je veux, c’est améliorer le monde une communication à la fois ! Ceux qui ont envie de bâtir ce monde-là, qu’ils viennent, ils auront la place pour y contribuer. On leur donne cette chance, d’être eux même, d’être vrai, avec leurs couleurs. Il n’y a pas de hiérarchie chez Synaptik. Ça serait moi la plus haute dans la hiérarchie et je suis loin d’être autoritaire ! Ce n’est pas ça ma vision.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Je crois que c’est la seule question que je n’ai pas préparée d’avance ! Je dirais la vie, dans toutes ces facettes. La vie, la naissance, la mort. La nature en fait, ça m’inspire beaucoup. De juste observer comment ça se passe pour s’enlever de la pression. Ce n’est pas parfait la nature. Et je dirais l’amour, ce que l’amour peut faire. Pas l’amour, amoureux, mais l’amour d’aimer les autres. Et je dirais l’intelligence émotionnelle, ça me fascine ! Ça m’inspire beaucoup en fait.  Les émotions, leur donner de la place. Je considère que nous sommes dans une société malade émotionnellement. Dès qu’il y a une émotion, c’est déplacé. Il ne faut pas être en colère, ça c’est de la violence. Non ! La colère n’est pas de la violence ! C’est quelque chose qui me fascine et m’inspire beaucoup.

Pour vous, la persévérance scolaire c’est quoi ?

J’ai pris une petite note question de bien m’enligner. Pour moi la persévérance scolaire, je vois plus la persévérance que le scolaire. De s’entêter à persévérer, ça sert toute une vie ! Il faut se concentrer sur un but et c’est à chacun de déterminer c’est quoi son objectif. Persévérer en regardant notre objectif, on ne peut pas être perdant. On y apprend toujours quelque chose. Pour moi la persévérance scolaire, c’est un plan d’apprentissage de la vie. De persévérer même quand on n’est pas confortable, d’aller chercher de l’aide si l’inconfort est trop fort c’est vraiment correct. Essayer d’atteindre l’objectif peu importe ce que c’est. Faire tout ce qu’on peut pour persévérer et apprendre des affaires qui des fois ne nous intéressent pas. On ne sait pas dans la vie et plus tard, quand est-ce que ça va nous servir. Selon mon humble expérience, ce n’est pas quand j’étais à l’étape du scolaire que je savais ce que je voulais faire dans la vie, que je savais ce que j’avais besoin et à quoi ça me servirait. La preuve, c’est que j’ai fait mes maths 436 et 536 et ma chimie et je ne voulais pas du tout m’en aller vers les sciences. J’aurais pu bifurquer vers le théâtre ! J’en ai appris des affaires ! J’ai appris à me casser le ciboulot et à ne pas lâcher le morceau. Persévérer dans le scolaire, c’est sûr que ça te sert d’apprendre des choses que tu ne juges pas nécessaire. Ça va te servir toute ta vie. Il ne faut pas oublier que c’est important de demander de l’aide et de moduler c’est quoi ton objectif. Si toi tu persévères parce que ton objectif est un secondaire 4, c’est correct ! Va le plus loin que tu es capable.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Dans quel monde as-tu envie de vivre ? C’est simple comme ça ! Crée-le ! Il reste encore bien de la place pour le construire. Tout le monde peut faire une différence dans le monde ! Rêve-le et fais tous les petits bouts de chemin que tu es capable de faire pour que ça devienne une réalité !

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Toute expérience te fait avancer ! J’en ai fait du bénévolat. Je me suis impliquée dans plein de projets et j’ai toujours appris ! C’est très louable, ça fait une différence dans la communauté. C’est gagnant-gagnant. Quand tu t’impliques, tu prends de l’expérience, tu rencontres des gens, tu développes ton réseau, tu ne sais pas où ça pourrait te mener. Avec Synaptik, j’ai un client qui venait à l’école primaire. Tu ne sais jamais qui tu vas rencontrer ! Rencontrer des gens, sortir, tisser des liens, agir en fonction de tes valeurs vont normalement t’amener à la bonne place !

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

J’ai l’air de la sportive de la place ! C’est drôle, j’ai longtemps été coach au basket et de tennis quand j’étais ado et au CEGEP. Moi je dirais que toute stratégie qui te fait du bien, il faut la mettre en place chaque fois qu’on est capable. On n’a pas les mêmes besoins. On n’a pas tous les mêmes besoins de faire 30 heures d’exercice physique par semaine. Il faut seulement avoir conscience de ce que nous avons besoin. On vit dans un corps, pas juste dans une tête et on n’a pas besoin seulement de bouts de doigt au bout d’un écran. De sortir, de bouger, d’avoir conscience de ce qu’il y a autour, à la fréquence que nous en ressentons le besoin. On est dans un corps, il faut prendre soin de ce coups-là. C’est lui qui nous permet de vivre tout le reste de l’aventure. L’activité physique est une façon d’en prendre soin et de prendre soin de soi.

Qu’est-ce que vous pensez de la relation entre les jeunes et la cigarette et ou la vapoteuse ?

Ce n’est pas un contexte que je connais. Je dirais juste à quel besoin ils répondent en faisant ça ? On essaie tous de combler nos besoins. Moi je ne vais pas juger, loin de là. Je n’ai pas à critiquer le choix d’un autre jusqu’à temps que ma fille soit ado ! Sérieusement, je pense qu’on cherche tous à répondre à des besoins et nous prenons des stratégies pour le faire. Ma question serait : Parfait, tu réponds à quel besoin maintenant ? Quand tu fumes ou vapotes, est-ce que c’est parce que tu as besoin de calme, de descendre la pression ? Tu as le goût d’envoyer quelqu’un promener et c’est ta façon de lui démontrer qu’il n’a aucun pouvoir sur toi ? Est-ce que tu le fais parce que tu adores la sensation quand ça entre à l’intérieur de toi et l’effet que ça te fait ? Tu réponds à des besoins. J’espère que les jeunes ont conscience du pourquoi ils le font. Je considère qu’il faut répondre à nos besoins sans que ça nous détruise ou nous fasse du mal et sans que ça nous impacte à plus long terme. Nous sommes des humains, on cherche des solutions, on cherche des outils.

Pour terminer, quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie les effets négatifs de celle-ci ?

Les deux dernières questions, c’est à vous autres que j’avais envie de les poser ! Pour vrai, moi je suis qui ? Je réponds à mes besoins de d’autres façons. La légalisation du cannabis, ce n’était pas légal quand j’étais jeune. Est-ce mieux légal ou mieux pas ? Vous autres vous, en pensez quoi ? Ça fait quoi comme différence que ce soit légal ?

Crédit photo: Exposeimage


Entrevue avec Monsieur Simon Martineau de chez SM Cuisine.

Entrevue avec Monsieur Simon Martineau, SM Cuisine
réalisée par Antonin et Arnaud Arès, Cédric Poulin, et Louan Bédard du Comité 12-18 de Tingwick

Décrivez-nous votre entreprise ?

On est fabricant d’armoires de cuisines et de salles de bain. On fait aussi des meubles commerciaux, des petits meubles de chambre ou salon, tout dépendant des unités murales.

Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ?

On peut retrouver des ébénistes, des peintres, des designers, des journaliers… L’ébéniste travaille le bois massif et il y a des opérateurs de machines. Si la personne n’a pas le cours, on peut lui montrer.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

Le service à la clientèle. Souvent on fait affaire avec le propriétaire de la maison et lorsqu’on a terminé le contrat, il faut que les clients soient contents de ce que nous leur avons présenté. S’il y a quelque chose qui n’est pas correct, on le règle pour qu’ils soient satisfaits.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez ?

La ponctualité, la précision et la finition. On veut des personnes qui sont là lorsqu’on a besoin d’eux et que le travail soit bien accompli.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fiers ?

L’année passée on a fait le Pavillon Promutuel à Victoriaville. C’était un gros projet avec toute la nouvelle partie des sports avec les murs d’escalade. On n’a pas fait la partie mur d’escalade, mais on a fait les salles de bain, les bureaux d’accueil, les panneaux sur les murs, les vestiaires et les bancs… C’était dans nos plus gros contrats.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler dans la région ?

Quand on travaille dans une région, tout l’argent que tu fais est remis dans la région. Ce n’est pas comme si tu achètes quelque chose à Montréal par exemple et que l’argent ne reste pas ici. Avec l’argent que mes clients me donnent, je paie mes employés, mes employés travaillent dans la région donc la dépensent dans la région en faisant l’épicerie par exemple.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

Très vite. On ne voit pas le temps passer parce qu’on a tout le temps quelque chose à faire. Je n’ai jamais d’employés qui vont dire qu’il est seulement 9h. Souvent, le travail est varié alors il est midi, puis la journée est finie. Cela passe vite.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

La fin des travaux avec les clients. Pas nécessairement quand tu vas chercher le chèque, mais quand tu vois la réalisation faite. Par exemple, lorsque tu arrives chez un client, on livre la cuisine en morceaux et l’installateur la monte. Ensuite la nouvelle cuisine est montée et les clients sont satisfaits.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

Disons que mon entreprise a déjà beaucoup grandi. Présentement, on est rendu où nous voulions aller.

Pour quelles raisons devrait on travailler pour votre entreprise ?

Pour la fabrication de vos projets. C’est valorisant de faire des projets qu’on fait. Ce n’est pas juste de mettre un morceau à une place, mais bien d’accomplir des travaux variés.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Les commodités. Par exemple, lorsqu’une personne dit qu’elle aimerait avoir telle ou telle chose dans la cuisine, que ce soit vraiment pratique et non seulement juste du « look ». Il peut y avoir du « look », mais pas seulement cela.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est… ?

Important parce que c’est vous êtes la relève ! Il faut posséder un certain bagage pour continuer dans la vie et pouvoir faire quelque chose d’intéressant.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Continuez de vous impliquer. C’est important de faire comme ce que vous faites au lieu de rester à la maison, à juste regarder la télévision. Vous faites des activités, vous gagnez de l’expérience, donc continuez de vous impliquer.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est très important, comme j’ai répondu à la question précédente.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Pour avoir une bonne forme physique et avoir un bon éveil, quelqu’un qui est en forme, qui n’est pas nécessairement un coureur de marathon, mais quelqu’un qui fait un peu d’activités physique est réveillé. Il voit et bouge plus que la personne qui est assise à se bercer.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette/la vapoteuse ?

Pas très santé.


Entrevue avec Benoît Gagnon, animateur de radio et de télévision.

Entrevue avec Benoît Gagnon, animateur de radio et de télévision, réalisée par Jade Fortier, Anabelle Comtois, Félix Lambert et Éliott Grondin-Lemay des Comités 12-18 de plusieurs municipalités.

Je m’appelle Félix Lambert, j’ai 12 ans et je viens de Victoriaville. J’aimerais savoir si vous avez des conseils pour des jeunes qui veulent se lancer dans le podcast, la radio ou même la réalisation de vidéos sur Internet ?

Le premier conseil, ce serait de se lancer et de pas hésiter. Je pense que si tu as une bonne idée, un bon concept et que tu as envie de le faire, c’est possible. Puis, je trouve que vous êtes chanceux à votre âge parce que la technologie est tellement cool. Regarde ce qu’on fait, on a chacun un petit micro que tu peux te procurer et lancer ton truc. Go ! Le message, c’est de le faire et de l’essayer. Mon fils Charles a 7 ans et n’arrête pas de me dire qu’il va devenir Youtubeur. Dans sa tête, il est rendu là. Ma belle-fille Emma a 16 ans et elle trippe sur le maquillage et les produits de beauté. L’autre jour, elle me disait qu’elle devrait peut-être commencer à faire des vidéos. Ben oui, go ! Donc, je pense que si vous avez un sujet qui vous intéresse et que vous avez envie de le partager — on le fait déjà beaucoup avec nos téléphones, Instagram, Tik Tok, etc. — avec votre signature, votre studio et votre univers, c’est sûr qu’il y a quelqu’un, quelque part, qui va être intéressé.

Qu’est-ce que vous auriez fait si vous n’aviez pas été animateur radio ?

C’est une bonne question parce que je ne connais pas grand-chose d’autre que ça dans la vie. Mais il y a beaucoup de choses qui m’intéressent : le sport, la musique de façon générale. C’est la musique qui a fait en sorte que je fais de la radio. C’est la radio qui m’a amené à la télé, mais c’est la musique à la base. Je pense que de produire des spectacles, j’aurais aimé ça. Être agent d’artistes, je pense que c’est quelque chose que j’aurais aimé faire. Mais sincèrement, un métier autour du sport ou du voyage, ça aurait été quelque chose que j’aurais aimé faire si je ne faisais pas aujourd’hui ce que j’aime le plus au monde. Je suis chanceux, je travaille dans quelque chose que j’aime beaucoup.

Je m’appelle Eliott, j’ai 13 ans et je viens de Victoriaville aussi. J’aurais 3 questions pour vous aujourd’hui. Premièrement, quel est votre passe-temps favori, hors radio ?

Le voyage et la bouffe. Si peux faire les deux en même temps… (rires) Ma blonde et moi, on est bien gourmands et on aime ça manger au restaurant. Mais, surtout le voyage. Si j’ai la chance de voyager, je le fais. Il n’y a rien de négatif dans un voyage. Tu ramènes des souvenirs impérissables, tu découvres de nouveaux pays, de nouvelles villes, de nouvelles personnes. Il y a quelque chose de vraiment trippant. Ma grande passion, à part ce que je fais ici, c’est le voyage.

Quels sont les moments qui ont eu un impact important et qui vous ont motivé à poursuivre votre carrière ?

Mon Dieu, il y en a beaucoup. Je pense que quand les gens te disent qu’ils apprécient le travail que tu fais, c’est vraiment plaisant. J’ai eu la chance d’avoir eu ça souvent dans ma carrière parce que j’ai travaillé fort. J’ai aussi rencontré des gens extraordinaires qui m’ont amené à faire ce que je fais dans la vie. J’ai un ami qui s’appelle Guy Mongrain, qui est animateur télé et avec qui j’ai travaillé pendant plusieurs années. C’est encore un ami aujourd’hui, ça fait une vingtaine d’années qu’on ne travaille plus ensemble, mais on continue à se parler. La dernière fois remonte à ce matin et on s’est dit des niaiseries comme on le faisait autrefois. C’est lui qui est venu me chercher à Québec un moment donné et qui m’a dit qu’il voulait m’avoir dans son équipe. Ce moment-là est super important pour moi. Ça a changé beaucoup de choses. Je lui dois beaucoup encore aujourd’hui et c’est aussi quelqu’un que j’ai dans mon cercle d’amis. Je me sens privilégié de l’avoir.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique dans la vie de tous les jours ?

Je te dirais que c’est primordial. C’est bon pour ma santé mentale à moi. J’aime le sport parce que ça me permet de me changer les idées. Quand j’ai une bonne journée, ça me fait du bien. Quand j’ai une mauvaise journée, ça me fait du bien aussi. Les gens n’aiment pas beaucoup l’hiver, mais quand on reste en dedans et qu’on fait juste chialer, l’hiver devient long. Mais si on s’habille avec des vêtements adéquats, peu importe les conditions, et qu’on va dehors, l’hiver passe plus vite. Mon sport préféré, c’est le ski alpin. Dans les montagnes de ski, je peux faire tout ce que j’aime dans la vie : voyager, manger, écouter de la musique.

Mes enfants font du sport et je suis là pour les encourager. Mon fils Mathieu, quand il avait 12 ans, n’avait pas beaucoup d’amis à l’école et c’était difficile pour lui. J’ai décidé de lui proposer de l’amener jouer au football (c’est un sport qui a été important pour moi) et rapidement, il s’est fait des amis. Il a appris à gagner et à perdre, à avoir des responsabilités. Le sport l’a changé complètement. Juste le fait de faire partie d’un gang, ça change beaucoup de choses dans une vie. Je dis toujours que tout seul je suis pas pire, mais en équipe je me sens souvent invincible parce que j’ai mon gang autour de moi. Alors, le sport, pour moi, c’est vraiment important.

Je m’appelle Jade Fortier, je m’occupe des relations publiques dans le comité de Villeroy. J’ai aussi 3 questions pour vous. Que pensez-vous du fait que les jeunes s’impliquent dans leur municipalité ?

Je dis bravo à ça. Moi, je ne le faisais pas beaucoup. J’avais des amis autour de moi qui le faisaient. Je les regarde aujourd’hui et déjà, ce qu’ils faisaient dans le temps fait en sorte qu’aujourd’hui, ils sont bons et elles sont bonnes dans ce qu’ils font. Ils avaient un intérêt à être impliqués, être là, faire bouger les choses, organiser des événements et apporter du positif dans leur milieu. Ce sont des gars et des filles qui sont proches de moi encore aujourd’hui. Ils font une différence autour d’eux et je leur dis bravo comme je vous dis bravo de vous impliquer déjà. Je n’avais pas cette vocation de le faire à votre âge. De voir des gens impliqués, je trouve ça très bien.

Quel parcours avez-vous effectué pour faire le métier que vous faites aujourd’hui ?

Tu ne veux pas savoir mon parcours parce qu’il est un peu bizarre. Des fois, je suis invité par des écoles et des centres de formation pour aller raconter mon histoire et je ne suis pas très bon. Mais je vais le dire à vous parce que ça va rester entre nous. Moi, je suis allé au cégep une heure et quart et j’ai fini mon secondaire par la peau des fesses. Je suis allé à l’université, c’était un programme de 4 ans et après la première année, rendu à la moitié, j’ai tout sacré ça là. Je fais le métier que je fais aujourd’hui parce que j’ai beaucoup travaillé. Pour moi, l’école, ce n’était pas là que j’apprenais le plus.

Je suis parti à Moncton au Nouveau-Brunswick parce que je n’avais pas mon cégep. Je ne pouvais pas entrer à l’université au Québec, mais là-bas j’avais été accepté. Et il y avait une petite radio communautaire où j’ai commencé à aller et je remplaçais tout le monde. Je travaillais à 8 h le matin et si mettons le gars qui devait animer l’émission country n’était pas là, je le faisais, je le remplaçais. Je ne connaissais rien au country, mais j’allais vite voir sur Internet, je prenais les pochettes des disques et j’apprenais d’où venaient les artistes. Des fois, la fille qui faisait les nouvelles n’était pas là, elle était malade. Ce n’était pas grave parce que j’étais là, je la remplaçais. J’apprenais. J’ai tout fait parce que j’avais envie d’apprendre rapidement. Mon cheminement a beaucoup été fait par le travail. D’être là sans compter les heures. De voyager pour le job. De travailler à Montréal et à Québec dans la même journée pendant des années. Je faisais le show du matin ici à la radio de 5 h 25 jusqu’à 8 h 25. J’embarquais dans mon auto. J’allais à Québec, je tournais la télé jusqu’à 6 h ou 7 h le soir. Puis, je revenais, je couchais à la maison. Le lendemain matin, je réanimais ici et ainsi de suite.

Donc, ça a été grâce à la passion que je me suis lancé et j’ai travaillé fort pour avoir ce que j’ai aujourd’hui. J’ai des gens autour de moi qui ont cru en moi et qui m’ont aidé. J’ai fait un heureux mélange de tout ça. L’école, c’est excellent. J’encourage mes enfants à y aller et ils ont leur cheminement à eux aussi. C’est sûr que le mien est un peu bizarre et particulier, mais c’est le mien, mon histoire à moi et ça m’a servi. C’est ce pourquoi je fais ce que je fais encore aujourd’hui, après autant d’années. Je me sens privilégié.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Il n’y a aucun de mes enfants qui fume à la maison. Moi, j’ai grandi dans une maison où ma mère et mon père fumaient. Mon père était garde du corps pour René Levesque, qui a été premier ministre du Québec. Monsieur Levesque fumait de 3 à 4 paquets par jour. Alors, mon père fumait 2 paquets par jour et ma mère le faisait aussi. Dans l’auto, mon frère et moi, on se faisait boucaner tout le temps. On n’a jamais aimé ça. Mon frère n’a jamais fumé de sa vie, moi non plus. Mes enfants ne fument pas. On parlait de sport tantôt et des bonnes habitudes de vie. Pour moi, la cigarette et la vapoteuse, c’est non. Mais les gens sont libres de faire ce qu’ils veulent. Ma mère a fumé toute sa vie, là elle vapote depuis 3 ans et se trouve « cool ». L’autre jour, il y avait un truc aux fraises dans sa vapoteuse. Si c’est son plaisir et qu’elle se sent bien à faire ça, je ne vais pas le lui interdire, mais si j’avais un conseil à dire, ce serait de l’éviter. Si les jeunes le font, on ne peut pas contrôler tout ce qu’ils font. Si on peut en rester loin, c’est encore mieux.

Bonjour ! Mon nom est Anabelle Comtois et je suis responsable des relations publiques pour le Comité 12-18 de Lyster. Qu’avez-vous appris durant votre expérience à Big Brother Célébrités ?

Que j’ai beaucoup de difficultés à être enfermé dans la vie de tous les jours. C’était l’une des choses les plus difficiles. Et j’ai appris à être plus calme parce qu’on n’avait ni téléphone ni contact avec l’extérieur. Quand on se lève le matin, la journée est partie. On est dans un monde de performance, on est en compétition tout le temps avec les autres stations, tout va vite. L’émission m’a permis d’apprécier davantage le calme, le fait de pas avoir de rendez-vous dans la journée, puis de prendre le temps de regarder les gens dans les yeux quand on leur parle. De prendre le temps. Juste ça. C’est l’une des plus belles choses qui est ressortie. Depuis ma sortie de Big Brother, j’essaie de moins utiliser mon téléphone. Je suis plus détendu. Comme là, on prend le temps de parler. C’est super important.

Où avez-vous découvert votre passion pour les relations publiques ?

J’aime les gens et je suis un curieux de nature. Je m’intéresse aux gens. Je pense que c’est ma curiosité qui a fait en sorte que je me suis développé un talent pour ça. Je suis une grande gueule, je suis quelqu’un qui aime parler beaucoup et avoir des gens autour de moi. Mais je pense que les relations publiques, c’est super important. Je fais plein de trucs dans la vie. J’ai la chance de faire le 24 h Tremblant depuis 23 ans et de participer au Club des petits déjeuners depuis 26 ans. C’est ça, les relations publiques. D’aller voir les enfants le matin dans les écoles et de servir le déjeuner. Faire des relations publiques avec des gens qui ont une entreprise et les amener à faire des dons pour le 24 h Tremblant ou encore pour le Club des petits déjeuners.

Ce sont des choses super importantes pour moi parce que c’est de redonner dans sa communauté, comme on le disait tantôt. Je pense que c’est important de le faire. Je ne sauve pas des vies avec mon job, mais on travaille avec une certaine plateforme qui fait que quand on parle à des gens, on est capable d’aller les chercher. En me servant de cette plateforme là pour faire des relations publiques, je trouve ça important de redonner à la communauté, par exemple en faisant une différence pour les organismes et les gens dans le besoin.

La radio est un outil extraordinaire, ce n’est pas juste de présenter des chansons, c’est aussi d’être utile pour les autres. On a vécu une COVID et ce n’était pas facile. On a appris à gérer ça, mais au début on savait pas comment ça allait se passer. Un des réflexes des gens, c’était de savoir ce qui se passe dans leur communauté et leur ville et ça passait beaucoup par la radio. On avait la responsabilité d’informer les gens, les rassurer et leur changer les idées parce qu’on ne savait pas dans quoi on s’embarquait ou combien de temps ça allait durer. La radio, c’est des relations publiques à notre façon. Cette passion que j’ai pour les gens vient de ma curiosité parce que je m’intéresse à ce qu’ils font dans la vie. C’est ce pourquoi je fais ce que je fais aujourd’hui.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est super important et même la persévérance en général. C’est drôle parce qu’à toutes les semaines, je fais un petit truc dans l’émission du matin avec le gang de Rouge à Gatineau. C’était mon sujet cette semaine. Je trouve qu’on abandonne beaucoup aujourd’hui. C’est facile de faire autre chose parce qu’on aime plus ça ou de se trouver quelqu’un d’autre quand on aime plus son amoureux ou sa blonde. Le Mont Everest, c’est le plus haut sommet du monde et ça ne se fait pas en une journée. Ça se prépare pendant des années et quand tu arrives, il y a différents camps que tu vas devoir atteindre, différents objectifs aussi à avoir. Ensuite peut-être, si tu as la chance, d’atteindre le sommet. La persévérance, c’est ça aussi. Il n’y a rien de facile. Si ça l’était, tout le monde ferait tout, que ce soit en affaires, dans les relations amoureuses ou dans les relations de travail.

Je pense que d’être persévérant, c’est super important et l’un des premiers endroits où tu es appelé à l’être, c’est à l’école. Ce n’est pas toujours facile. Moi aussi il y avait des journées où ça ne me tentait pas d’y aller. Ce matin, ça ne tentait pas pantoute à mon fils Charles et ma belle-fille Emma d’y aller. C’est vendredi, il fait beau, je les comprends. Mais ils sont allés quand même. Avoir des objectifs, c’est super important : dans le monde du sport, à l’école, etc. Même les journées les plus plates, où ça ne nous tente pas et qu’on y va quand même, on s’en rend pas compte, mais on vient d’investir dans ce qui s’en vient. La persévérance, en bout de ligne, ça paie toujours. Quand tu sors du secondaire, du cégep ou de l’université avec un diplôme, tu sors avec la réussite de l’objectif que tu t’étais fixé. C’est plaisant en tabarnouche. Ce feeling là, il n’y a personne qui va te le donner. Il faut que tu te lèves le matin et que tu ailles le chercher, peu importe ce que tu fais.

Persévérez, mais surtout faites ce que vous avez envie de faire. À votre âge, quand vous avez une passion, faites là. C’est super important et c’est de la persévérance. Avoir une idée, c’est le fun, mais ça peut soit rester une idée, soit devenir un projet concret. C’est en étant persévérant vis‑à‑vis de ton objectif que tu vas arriver à le réaliser. Il n’y a personne qui va te le donner, il faut que tu ailles le chercher.


Entrevue avec Chantal Machabée, vice-présidente Communications Hockey du Canadiens de Montréal,

Entrevue avec Chantal Machabée, vice-présidente Communications Hockey du Canadiens de Montréal, réalisée par Anabelle Comtois, Leila Quirion, Charline Pelletier et Charles Bilodeau des Comités 12-18 de Lyster, St-Valère, Lefebvre et Inverness.

En quoi consiste votre travail exactement ?

Mon travail consiste à travailler avec l’équipe. Je suis vice-présidente hockey, ça veut dire tout ce qui a rapport avec les joueurs, le personnel d’entraîneurs, le directeur général, le vice‑président aux opérations, etc. Je fais le lien entre les médias, les joueurs et tout le personnel hockey. Donc, chaque matin, je suis avec l’équipe à l’entraînement. Je demande aux journalistes à qui ils veulent parler, j’avertis les joueurs. Je vais souvent aussi résumer aux joueurs quels seront les sujets de la journée. Comme j’ai été journaliste sportif pendant 38 ans, je connais pas mal le genre de questions qui seront posées aux joueurs et quels seront les sujets de la journée. Alors, avant qu’ils rencontrent les médias, je vais leur dire : « Aujourd’hui, il sera question de tel sujet, tel sujet, tel sujet ». Donc, quand ils se présentent devant les médias, ils sont préparés et non pris au dépourvu. Je fais la même chose avec Martin St. Louis tous les jours, et ce, matin et soir.

Je prends aussi les demandes des médias, par exemple les talk-shows et les émissions de variétés. Les demandes viennent de partout, on en a une centaine par semaine. Ça, c’est sans compter les demandes quotidiennes après les entraînements et après les matches. On en a beaucoup, ça vient de l’Europe, des États-Unis, ailleurs au Canada et beaucoup du Québec bien sûr. C’est un travail que j’adore et qui est très prenant, donc beaucoup d’heures. Il faut toujours que je sois avec l’équipe, donc j’assiste aux 82 matches, à tous les entraînements. Je voyage avec l’équipe. Donc je fais véritablement partie de cette équipe-là. Je suis pas toute seule là‑dedans, j’ai 3 adjoints qui travaillent avec moi parce que je ne pourrais pas faire ça toute seule, il y a trop de demandes, on n’y arriverait pas. Charles, Guillaume et Timothée, mes 3 adjoints, m’aident dans ces tâches-là. En gros, c’est pas mal ça.

Qu’est-ce que vous préférez dans votre travail de journaliste ?

Les matches de hockey. (rires) Il y a rien de plus le fun que d’assister aux matches, d’être là avec les joueurs. Après une victoire, je suis toujours en bas parce que mon bureau (j’ai deux bureaux, un à Brossard pour les entraînements et un au Centre Bell pour les matches) est juste à côté du vestiaire, donc quand les joueurs sortent de la patinoire, on se fait des high fives. C’est le fun de voyager avec eux autres, d’apprendre à les connaître, eux et leurs familles (leur femme, leurs parents, leurs frères et sœurs). Faire partie d’une équipe, c’est vraiment particulier. C’est nous autres contre eux autres. Il y a un sentiment d’appartenance qui est incroyable. Je suis une maniaque de hockey depuis tellement longtemps, donc être payée pour voir des matches, je trouve ça vraiment agréable.

Quels sont vos passe-temps préférés ?

Regarder le hockey. (rires) L’été, quand je ne travaille pas, je joue au golf avec mes deux fils qui sont de bons golfeurs. Sinon, je vais sur Netflix et je regarde des séries. Quand on fait des longs vols en avion, je suis pas capable de dormir parce que les joueurs sont bruyants en arrière. (rires) Sinon, je fais de la course à pied, je m’entraîne dans les gymnases dans les hôtels quand on est sur la route. J’aime beaucoup courir, ça me fait du bien. Je vais courir 5 à 10 kilomètres et ça, ça aide beaucoup à s’évader un petit peu et rester en forme. Je joue un peu de piano. Je dis « un peu » parce que j’ai déjà joué beaucoup et j’ai perdu ce que j’avais appris. J’aimerais recommencer à suivre des cours de piano. Tout pour se changer les idées parce que je travaille 7 jours sur 7 pendant la saison de hockey et beaucoup d’heures, donc à un moment donné, ça fait du bien de se trouver une petite échappatoire.

Comment vous sentez vous d’être la première femme à occuper le poste de vice‑présidente aux communications hockey des Canadiens de Montréal?

C’est le fun, mais ce n’est pas quelque chose à laquelle j’ai déjà pensé. Je sais qu’avant moi, il y avait eu Michelle Lapointe qui était secrétaire de route. Ce n’était pas un travail tout à fait pareil au mien, mais il y avait des similitudes. Être la première femme à occuper le poste de vice-présidente aux communications hockey, je trouve ça le fun. Moi, j’aurais jamais pensé travailler pour les Canadiens de Montréal. Mon rêve, c’était d’être journaliste sportif, mais dans ma tête de petite fille, travailler pour les Canadiens, c’était impossible, inaccessible, parce que c’est une équipe masculine. C’est une affaire de gars. Même si journaliste sportif, il n’y avait pas de femmes à l’époque, je me disais que c’était possible pour moi. Alors je trouve ça vraiment le fun d’être là aujourd’hui et de faire partie d’une équipe, c’est très flatteur. Merci à Geoff Molson et Florence Margaret Bélanger pour me donner cette opportunité là. Ça donne de l’espoir à toutes les jeunes filles qui veulent travailler pour une équipe de hockey. Il n’y a rien d’impossible, même si on est une fille. Il suffit d’y croire, toujours.

Quand avez-vous su que vous vouliez faire de la radio pour le sport ?

J’avais dix ans, j’étais très jeune. J’étais chez mes cousins, mes parents aimaient pas du tout le sport. Mon père détestait ça et je n’ai pas de frères. J’étais chez mes cousins un soir et ils regardaient un match des Canadiens. Je me suis assise avec eux et j’ai vu ça, j’ai vu Guy Lafleur marquer un but. J’ai eu un coup de foudre sportif. Comme personne pouvait m’enseigner le hockey (parce que chez nous, personne ne regardait ça, je suis allée à la bibliothèque et été chercher plein de livres sur le hockey, les Canadiens et leur histoire, les règlements, etc. J’ai appris par moi-même dans les livres, puis ensuite je me suis mise à aimer tous les sports. C’était l’époque des Jeux olympiques de Montréal en 1976, je me suis mise à être maniaque de sports. Je devais avoir 11 ou 12 ans quand j’ai décidé que je serais journaliste sportif. Mon père trouvait ça drôle. Il était sûr que je ne réussirais pas parce qu’il y avait personne qui aimait ça dans la famille. Il se disait que ça me passerait, mais ce désir là a toujours grandi. Je me suis impliquée très jeune dans des associations sportives, entre autres marqueur, chronométreur et annonceur au hockey. J’ai joué à la balle molle, j’ai écrit des matches de baseball, j’étais marqueur au baseball aussi. Je me suis beaucoup impliquée dans les journaux locaux et radios communautaires. Je n’ai jamais changé d’idée et j’ai réussi à le faire, donc c’est bon des fois d’avoir la tête dure.

Qu’est-ce que vous auriez aimé faire différemment dans votre carrière ?

Rien. J’ai aimé tout mon parcours, même si ça a été très difficile par moments parce que quand j’ai commencé, les gens n’étaient pas habitués de voir une femme qui couvrait le hockey et d’autres sports. Donc, j’ai eu beaucoup d’insultes, de menaces de mort, de commentaires très désobligeants et très blessants. Mais ça a forgé mon caractère, ça aidé à me faire une carapace. Ça m’a prouvé à quel point je voulais faire ce métier là, à quel point j’avais cette passion là. Je disais toujours qu’il n’y a personne qui va me briser et m’empêcher d’atteindre mon objectif. Ça m’a aidé à contourner des obstacles. Il s’en est dressé beaucoup, des obstacles, devant moi dans ma carrière. Au lieu de me décourager devant ça, je me demandais c’était quoi la solution et comment j’allais m’y prendre. Parce que je voulais tellement le faire qu’il y a rien qui allait m’empêcher d’arriver à mon objectif. Je voyais les obstacles comme un défi plus que comme une façon de me décourager. Dans un parcours professionnel, il y a toujours des embûches, tout le temps. Ce n’est jamais facile. Des fois, on peut se décourager, mais ça ne durait jamais longtemps dans mon cas. Je me disais qu’il y avait une solution et que j’allais la trouver. C’est comme ça que j’ai réussi à pratiquer mon métier.

Quelles études avez-vous fait pour devenir journaliste ?

J’ai un parcours atypique. Je voulais être journaliste sportif écrit, donc j’ai étudié beaucoup en théâtre et en littérature. À un moment donné, j’ai eu la chance de faire de la télévision et je me suis dit qu’il fallait que j’étudie en communication. Alors, j’ai postulé à l’université en communication, mais j’ai été refusée malgré le fait que je faisais déjà de la télé. Je me suis demandé ce que j’allais faire. J’ai été étudier en science politique. Aucun rapport entre les deux. Mais j’ai pris un cours en communication dans une école privée et c’est ça qui m’a aidée à trouver un travail. J’ai étudié dans plein de choses : littérature universelle, théâtre, science politique, communication, étude hispanique, histoire de l’art… J’adorais étudier. (rires) Mais mes études en littérature, en communication et en théâtre m’ont vraiment aidée. J’étais très timide et le théâtre m’a aidée à m’exprimer devant des gens et à avoir la parole facile, bref à contrer cette timidité là. Je dirais que ces trois formations là m’ont aidée à faire le métier de journaliste et celui que je fais là, aujourd’hui.

Est-ce qu’il y a eu des moments plus difficiles que d’autres dans votre carrière et pourquoi ?

J’en ai parlé tantôt, mais il y avait des gens qui croyaient pas en moi et se posaient beaucoup de questions. Quand j’allais dans des arénas, on m’accotait et me demandait ce que je faisais là, si je savais ce qui se passait sur la patinoire, si je savais ce qu’était un hors-jeu, si je connaissais les règlements, etc. Le questionnement des gens, c’était difficile. Il fallait toujours que je prouve que je savais de quoi je parlais. Ça a été long avant de chercher la confiance des fans et de certains patrons. Mais il y a des hommes extraordinaires qui m’ont ouvert des portes et qui ont cru en moi. C’est plus ça que je retiens. J’ai parlé tantôt des insultes et menaces de mort que je recevais et reçois encore aujourd’hui. C’est atroce parce qu’on me dit que je vole la job d’un homme, que je devrais retourner dans ma cuisine, que les femmes n’ont pas d’affaire à être dans les vestiaires et dans le domaine du sport parce qu’elles connaissent pas ça. C’est beaucoup de gros jugements. Ça a été dur, il y a des jours où tu n’as pas le goût de te faire insulter.

Quand les médias sociaux sont arrivés, ça a empiré. Avant, les gens prenaient la peine de m’écrire des lettres et poster ça à RDS. Quand Facebook, Twitter et compagnie sont arrivés, c’est devenu facile pour les gens de t’insulter et ils le font généreusement. Il y a des jours où ça ne te tente pas et d’autres où je préfère en rire. Des fois, je vais répondre à ces gens-là avec humour, juste pour qu’ils réalisent que j’ai lu leurs commentaires. Alors ils s’excusent, me disent qu’ils viennent de perdre leur job et qu’ils passent des moments difficiles. Des fois, les gens vont se rabattre sur toi et tu vas servir de punching-bag. Ils ne réalisent pas qu’on lit ces messages là qui peuvent nous blesser beaucoup. Journaliste, je recevais beaucoup de messages quand les Canadiens perdaient beaucoup de matches. Les gens étaient frustrés et le lien direct avec l’équipe, c’était moi. C’est difficile, mais il y a des choses qu’on contrôle pas dans la vie et la réaction des gens, je ne peux pas la contrôler. Donc, à un moment donné, je me suis mise à moins m’en faire et à moins lire ces commentaires là.

Quand vous étiez petite, quelle était votre carrière de rêve et d’où vous vient votre passion pour le hockey ?

Ma carrière de rêve, c’était d’être journaliste sportif. J’avais 10 ou 11 ans quand j’ai décidé de le faire. Le hockey, je l’ai expliqué tantôt, c’est en voyant Guy Lafleur marquer un but que j’ai développé cette passion là. Passion qui ne s’est jamais éteinte, qui a toujours grandi. Dans les années 70, les Canadiens gagnaient des Coupes Stanley à répétition, dont quatre de suite. Alors ça, ça faisait augmenter ma passion pour le hockey. J’étais une grande fan des Canadiens de Montréal, alors c’est de cette façon là (grâce à Guy Lafleur) que j’ai voulu être journaliste sportif.

Dans le milieu sportif majoritairement masculin, quel a été votre plus grand défi pour faire votre place ?

Des défis, il y en a eu beaucoup. Je dirais que le plus grand, ça a été de prouver mes compétences, et ce, tout le temps. J’ai toujours été très à l’aise avec les gars parce que quand j’étais jeune, j’étais maniaque de sports, donc j’avais beaucoup d’amis de gars. Je ne me suis jamais sentie pas à ma place dans un groupe de gars. Au contraire, j’étais très à l’aise parce que j’ai toujours eu les mêmes intérêts. Mais les défis, ça a été de convaincre, de montrer aux gens que je savais de quoi je parlais. Ça, ça s’est fait assez rapidement avec mes collègues. Avec les fans, ça a été un peu plus long, mais avec de la patience, on réussit.

Qui est votre idole sportif masculin et votre idole sportive féminine ?

Comme j’en ai parlé tantôt, Guy Lafleur a été ma première idole. Il y a aussi eu Mario Lemieux que j’ai eu la chance de voir jouer quand j’ai travaillé pour son équipe de hockey junior, les Voisins de Laval. Mario a été une grande inspiration pour moi. J’admire beaucoup d’athlètes, dont Sidney Crosby. Du côté de chez nous, j’admire tous les joueurs des Canadiens. (rires) J’adore Nick Suzuki, Cole Caulfield… Tous les joueurs qui sont là, ils sont tellement cool et gentils.

Pour les idoles féminines, j’en ai moins. J’aime beaucoup le tennis et Serena Williams est une femme que j’admire énormément. Annika Sörenstam au golf parce que j’adore le golf. J’ai jasé tout à l’heure avec la boxeuse Marie-Ève Dicaire, que j’adore. J’admire son courage, je la trouve phénoménale. Oh, j’allais oublier : au hockey, Manon Rhéaume, que j’ai adorée et qui a joué avec les gars dans le junior. Elle a joué un match hors concours avec le Lightning de Tampa Bay dans la Ligue nationale de hockey. J’étais en grande admiration de Manon.

Est-ce que quelqu’un a cru en vous quand vous vouliez devenir journaliste ?

Oui, le premier qui a cru en moi, ça a été Gilles Péloquin. À l’époque, je travaillais pour les Voisins de Laval. Gilles Péloquin avait CKSH (une émission de télé à Sherbrooke qui chaque vendredi résumait ce qui s’était passé dans le monde du sport) et m’a demandé que je fasse une chronique. Comme Mario Lemieux battait tous les records et que je voyais tous ses matches, Gilles Péloquin voulait que je raconte par téléphone ce que Mario avait fait dans la semaine et que je parle du hockey junior en général. Ça a été le premier à croire en moi et je n’oublierai jamais ça.

Il y en a d’autres, comme Pierre Durivage à la Presse Canadienne du réseau NTR et Maurice Brisson à Télé 4 à Québec. Puis, monsieur Guy Des Ormeaux qui est venu me chercher pour ouvrir RDS. Il m’a donné le grand honneur d’animer la première émission de l’histoire de RDS le 1er septembre 1989. Donc, il y avait des gens qui croyaient pas en moi, mais aussi des gens extraordinaires qui m’ont ouvert des portes et je leur en suis éternellement reconnaissante. Sans oublier bien sûr Geoff Molson et Florence Margaret Bélanger qui m’ont ouvert la porte chez les Canadiens de Montréal.

Que diriez vous à une jeune qui aspire à faire le même travail que vous ou à suivre vos pas ?

Je lui dirais d’avoir cette passion du sport parce que c’est un métier qui est très prenant. C’est beaucoup d’heures, on travaille tous les jours, le soir, la fin de semaine. On n’a pas vraiment de journées fériées, sauf le 25 décembre. Ça prend de la passion pour travailler autant. C’est ce qui est le fun quand tu es passionnée par ce que tu fais, c’est que tu n’as pas l’impression de travailler, même si tu y mets beaucoup d’heures. La passion, la débrouillardise, le désir de bien faire les choses, je pense que c’est ce qu’il y a de plus important. Puis, de pas compter tes heures. De se dire que tu vas faire ce qu’il faut pour réussir. S’il faut que tu prennes 3 cours en même temps, tu vas le faire. C’est d’être impliquée à fond et d’y aller avec cette passion là. Je pense qu’avec ça, on peut aller loin.

Que diriez vous à une femme qui aimerait s’intégrer dans un milieu traditionnellement masculin et quelle serait la principale qualité à avoir ?

Le meilleur conseil que je peux donner, c’est de croire en soi et de ne pas se laisser intimider parce que si les autres peuvent douter de toi, il faut que toi, tu crois en toi. Fais tes devoirs, travaille fort, puis les hommes vont accepter. Les femmes compétentes sont là, dans le milieu et si tu arrives avec confiance, ils vont avoir confiance en toi. Ça prend beaucoup d’humour aussi pour travailler avec un groupe d’hommes. (rires) Mais moi, j’adore ça. C’est direct, tu sais ce qu’ils pensent, tu sais à quoi t’attendre. Si ça ne fonctionne pas, on règle ça tout de suite, puis après ça on tourne la page. C’est très agréable.

Est-ce que vous avez un rêve ?

Le plus grand rêve que j’ai, c’est de gagner la Coupe Stanley avec les Canadiens. (rires) J’aimerais tellement vivre ça de l’intérieur. Je l’ai vécu comme journaliste en 1993 quand l’équipe s’est rendue en finale de la Coupe Stanley. J’étais encore à RDS et je trouvais ça vraiment le fun, mais j’étais très déçue parce que j’étais à Tampa quand les Canadiens ont perdu et de voir le Lightning célébrer sur la patinoire, même si je travaillais et que j’étais journaliste, je trouvais ça poche. Alors, mon plus grand rêve, en ce moment, ce serait de gagner une Coupe Stanley et de faire partie de cette équipe là. Je pense qu’on pourrait faire ça dans quelques années. Ça ne devrait pas être trop long encore.

Qu’est-ce qui vous rend le plus fière de ce que vous avez fait ?

De durer autant d’années. Quand j’ai quitté RDS, je l’ai fait parce que j’avais eu une offre des Canadiens, sinon je serais restée là le plus longtemps possible. Mais je trouve ça le fun, j’ai été 32 ans à RDS, puis en tout, ça faisait 38 ans que j’étais journaliste sportif. De garder cette passion là pour le métier et le sport, d’avoir encore du plaisir à le faire pendant toutes ces année-là, ça me disait que j’avais fait le bon choix et le bon cheminement. C’est ça qui me rend le plus fière.

  • Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Trouvez votre passion, je dirais. Concentrez vous là-dessus. Ayez pas peur. Foncez. Ayez confiance en vous. Quand vous avez trouvé cette passion là ou ce don-là (pour le piano, le théâtre, etc.), souvenez vous que vous possédez plein de talent et avez plein de ressources. Vous êtes une belle génération, brillante et avec plein de moyens. Moi, je vous regarde et vous admire tellement. Ça peut être facile d’être désabusé parce que vous avez plein de ressources et peut‑être trop des fois. Concentrez vous sur ce qui vous fait vibrer à l’intérieur. Travaillez fort et foncez parce que vous avez tout le talent du monde.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Yark. (rires) Fumez pas, vapotez pas, je vous en prie. C’est facile pour moi, je n’ai jamais fumé ou vapoté de ma vie, mes enfants non plus. Mais j’ai vu les ravages que ça fait. Il y a beaucoup de personnes autour de moi qui ont eu des cancers du poumon en raison de ça et je trouve ça triste. Je trouve qu’on est ailleurs en 2023, je trouve qu’on connaît les ravages, on sait ce que ça fait. Je vous en prie, embarquez pas là-dedans. Allez faire du sport, courir, jouer au soccer, au golf, au hockey. On connaît trop maintenant ce que ça fait. On est au courant, la médecine est développée. Attendez pas d’être malades, s’il vous plaît, gâchez pas vos vies avec la cigarette et la vapoteuse. Ça se déroule très vite, une vie. Vous êtes jeunes, vous l’avez devant vous et vous pensez que c’est éternel, mais ce l’est pas. Ça se déroule très vite et quand plus tard vous avez un cancer du poumon ou quelque chose, vous êtes pris avec ça. Et vous le regrettez. Tous ceux que je connais qui sont décédés de ça, et il y en a qui sont décédés assez jeunes, ils disaient : « Mon Dieu, j’aurais jamais dû. Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi je suis devenu esclave de ça ? » Je vous en prie, fumez pas, vapotez pas. Ça en vaut pas la peine.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

C’est tellement important, physiquement et mentalement. Ça fait tellement du bien quand tu vas courir. Tu penses à autre chose. Ça te garde jeune. Ça te garde en forme. Ça t’éloigne du médecin. C’est bon pour ton mental. Il n’y a rien de plus important. Un esprit sain dans un corps sain. Tu n’as pas besoin d’aller aux Jeux olympiques, de t’entraîner, de faire partie d’une équipe ou de l’élite. Juste en faire pour toi pour être en forme et bien te sentir. C’est l’essence même de la vie. Tu veux être en forme, tu veux vivre longtemps et en faire le plus que tu veux. C’est primordial, l’activité physique.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie, les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

Comme j’ai dit tantôt, je n’ai jamais fumé. (rires) Est-ce qu’il y a des bons côtés à ça ? Je sais qu’il y a des côtés thérapeutiques, donc fort probablement pour les gens qui sont malades. Ça peut de toute évidence, parce que ça a été prouvé, aider certaines personnes. Sinon, personnellement, je n’en vois pas l’utilité, sauf dans un cas thérapeutique. Je suis un peu mal placée pour parler de ça parce que ça ne me concerne pas vraiment. Tout ce qui est cigarettes, tabac, toutes ces choses là, je trouve ça nocif si ce n’est pas consommé à but thérapeutique. Tout ce qui est pas sain, je vois pas d’utilité à ça, honnêtement


Entrevue avec Jocelyn Bédard, maire de Notre-Dame-de-Lourdes

Entrevue avec Jocelynn Bédard, maire de Notre-Dame-de-Lourdes, réalisée par Océane Bélanger et Elizabeth Simoneau, du Comité 12-18 de Notre-Dame-de-Lourdes.

Pouvez-vous nous expliquer quelle entreprise la municipalité de Notre-Dame-de-Lourdes a pris en charge ?

La municipalité a pris en charge une entreprise très importante. Il y avait un dépanneur sur le coin de la route et de la rue Principale à Notre-Dame de Lourdes qui a fermé. La municipalité a acheté le bâtiment du dépanneur.

Quelles sont les raisons qui ont poussé la municipalité à reprendre cette entreprise ?

Les principales raisons, la première c’est qu’il faut comprendre que la municipalité elle-même ne peut pas ouvrir un dépanneur. Nous n’avons pas ce droit. Mais on avait des gens, qui sont bénévoles faisant partie d’un comité qu’on appelle un comité de développement, prêts à s’impliquer dans ce projet. Eux avaient le droit de s’occuper du dépanneur, de le prendre en charge. À partir de là, on s’est dit : « C’est impensable qu’une municipalité comme Notre-Dame-de-Lourdes, qui augmente en population, n’ait pas de dépanneur ». Alors pour les familles de Lourdes, on a décidé avec le Comité de développement d’exploiter ce dépanneur là pour pouvoir garder notre monde chez nous. Plus le temps passe, plus on voit des jeunes comme vous qui s’impliquent, qui travaillent. Alors on s’est dit que c’était impossible qu’on ait pas de dépanneur. C’est pour cette raison que nous l’avons gardé, soit pour donner un service à la population.

Quels types de métiers peut-on y retrouver ?

Dans ce type d’entreprise, il y en a quelque uns ! On peut faire de l’administration, pour être gérant(e), et il faut avoir des études en administration. Il faut être capable de faire de la comptabilité. Ensuite le marketing ! Il faut que cette personne ait une base en étude de marketing pour être capable de vendre le produit. Elle doit aussi avoir une certaine formation en RH (Relations Humaines). Elle devra gérer les employé(e)s. Les employé(e)s eux, comme le ou la gérant(e) doivent aimer travailler avec le public. Il faut une aptitude spéciale pour être capable de bien servir le client. Il faut être gentil et accueillant quand on travaille dans un dépanneur pour bien l’exploiter. Ce sont les qualités premières pour être capable de travailler dans un commerce comme ça.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez les employés lorsque vous les embauchez ?

La première qualité de base doit être l’honnêteté jusqu’au bout des ongles. L’employé(e) va devoir parfois travailler tout(e) seul(e) au dépanneur, le soir ou le jour, alors ça prend quelqu’un d’extrêmement honnête. Le Comité de développement a investi des centaines de milliers de dollars dans ce commerce. Imagine qu’il donne la clé à quelqu’un en lui disant : « C’est toi qui va gérer mon 100 000$…ou mon 200 000$ ». Donc ça prend beaucoup d’honnêteté pour faire ce travail. La deuxième qualité, selon moi, c’est d’avoir une super de bonne attitude avec le public. Je le dis souvent, mais il faut être gentil si l’on veut que les gens reviennent chez nous ! Si on entre dans le dépanneur et que la personne qui se présente devant nous a toujours un air fatigué, comme si elle n’avait pas dormi de la nuit…c’est pas drôle ! Il faut que l’employé accueille avec un beau sourire et qu’il ou elle soit bien accueillante.

Y a-t-il des réalisations ou des projets dont vous êtes particulièrement fiers ?

Je pourrais t’en parler pendant une demi-heure de temps des projets et des réalisations dont nous sommes contents. Ça fait depuis 2005 que je suis élu à la municipalité. J’ai la chance depuis de travailler avec une équipe de conseillers qui sont là, même avant mon arrivée, et qui sont restés avec moi ! C’est une fierté pour moi d’être capable de travailler avec les mêmes personnes pendant des années et qu’on puisse s’entendre à travailler en équipe comme ça ! Pour parler des réalisations, on a fait une garderie, on a amélioré notre centre communautaire, on a amélioré notre offre de loisir, on s’occupe du service de garde après l’école…Je te le dis, je peux t’en énumérer encore pour une demi-heure ! Je suis extrêmement fier des gens de la municipalité ! Une parenthèse…Je suis allé au terrain de balle dernièrement pour voir jouer les plus jeunes… Pour moi, voir le terrain de balle garni de petits gilets oranges, c’est une fierté ! Voir que l’on est capable de garder ces jeunes chez nous.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

Travailler en région donne la chance de rester dans ton patelin. Quelqu’un qui aime Lourdes et qui se trouve un travail en région, exemple Plessisville ou Princeville, va avoir une chance de rester ici, à Notre-Dame-De-Lourdes. C’est l’avantage ! Autre chose, on est plus proche les uns des autres en région donc on se connait plus… Si on va à Québec, on se connait moins, on connait moins nos voisins…Ici, la plupart des gens se connaissent. C’est rare que l’on est mal pris. Si quelqu’un a un problème, la mentalité des gens de Lourdes ou en région est de s’aider ! C’est pour cette raison que j’aime bien demeurer en région.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener cette entreprise ?

Jusqu’où j’aimerais amener cette entreprise ? Là aussi, il y a encore beaucoup de projets ! On pourrait développer des bureaux à côté, on pourrait développer un restaurant si on voulait, on pourrait louer un salon de coiffure, on pourrait louer au Comité 12-18 aussi… Il y a peut-être un grand local au sous-sol (rire) !

Tu sais, je vais appeler ça un bâtiment multi-services. On peut faire oui le dépanneur et autres choses avec !

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour cette entreprise ?

Premièrement, c’est chez vous, c’est chez nous, à Notre-Dame-de Lourdes. Quand on vient de Lourdes et que l’on veut travailler pour une entreprise d’ici, il me semble que c’est une fierté ! Et l’entreprise est fière d’engager des gens de Lourdes ! Présentement et dans les semaines à venir, nous allons passer des entrevue (surveillez votre courrier pour les invitations). Le comité responsable va essayer de prioriser les gens de Lourdes pour les encourager. Car il ne faut pas oublier que le bâtiment a été acheté à partir des taxes payées par les gens de Notre-Dame-de-Lourdes. Alors c’est normal de les prioriser.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Qu’est-ce qui m’inspire dans la vie ? Comme j’ai mentionné un peu plus tôt, lors de ma visite au terrain de balle, lorsque je vois des jeunes qui sont capables de vivre et de travailler ensemble, quand je vois des jeunes comme vous qui s’impliquent dans des comités pour vous développer vous-mêmes, pour avancer et pour aider à développer l’ensemble de vos connaissances, ça m’inspire beaucoup ! Même si j’ai 64 ans, je regarde aller les 12-18 et ça m’encourage, ça me donne du gaz de continuer moi aussi. J’ai espoir qu’un jour, vous autres, vous allez pouvoir nous remplacer.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est… ?

Écoute…moi j’ai seulement un secondaire 5 et 1 an de cégep. Je ne suis pas un gars qui a fait un BAC. J’ai beaucoup beaucoup d’études dans l’école de la vie. À l’école pour moi, ce fut important parce que je faisais un travail qui me demandait une base. Être capable d’aller plus loin dans ses études, c’est un cadeau que quelqu’un peut se faire. Même moi, avoir eu 2 ans de cégep de plus et 1 ou 2 ans d’université, j’aurais peut-être fait un autre travail aujourd’hui. Il y a des occasions que j’ai manquées à cause de cela. C’est pour cette raison que c’est important d’aller jusqu’au bout de ses études, pour plus de possibilités.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

J’ai un peu de difficulté à lancer des messages aux jeunes parce que je reviens à dire que c’est souvent les jeunes qui nous lancent des messages ! Je vais dire : « Continuez de nous alimenter avec votre énergie ». Ça c’est le message que j’ai envie de vous donner ! Nous, le gros de notre travail, à l’âge où nous sommes rendus, il est pas mal fait ! (Sourire). Alors je m’adresse à vous les jeunes, continuez à vous impliquer, continuez à vous et nous aider comme ça. Je pense que c’est la plus belle action que vous pouvez faire dans votre région.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Ça c’est tout un cadeau ! C’est tout un cadeau pour le conseil municipal parce que nous ne sommes pas capables de tout faire. Nous on gère des chiffres, on gère des taxes, des bâtiments. Vous, quand vous vous impliquez (je vois qu’il y a d’autres membres qui font partie de votre comité) et bien vous, vous aidez ces gens-là…Ils ne sont pas nécessairement là aujourd’hui, mais ils vous regardent avec de grands yeux et se disent : Wow! Ils sont bien bons! On aimerait ça être comme eux autres ! » Alors continuez comme ça !

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

C’est important !! Regarde, je suis venu vous rencontrer en vélo ! J’ai triché, j’ai pris mon vélo électrique…(rire). Il faut prendre de l’air en tout cas ! Faites de l’activité physique, prenez soin de votre santé. Vous êtes capables de réaliser les projets que vous désirez en prenant soin de vous afin de rester en forme !

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette/la vapoteuse ?

Ce n’est pas bon du tout ! La cigarette est une méchante drogue. Moi je suis assez réputé pour dire ce que je pense, réputé pour ne pas faire trop de cachette… Même moi j’ai ce problème là. Je fume la cigarette et je vous déconseille totalement de commencer ça. J’ai de la misère à m’en défaire…Alors je suis complètement contre ça !

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie, les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

L’effet positif, c’est que l’on a plus à se cacher, ça c’est correct. On a plus à avoir peur d’avoir des amendes et d’être jugés des gens. Ça a enlevé beaucoup de mauvais jugement. L’effet négatif, c’est le danger, comme la cigarette, de prendre l’habitude et d’avoir de la difficulté à s’en défaire.

L'intimidation avec Jocelyn Bédard


Entrevue avec Yves Benny, vice-Président développement des marchés chez Benny & co.

Entrevue avec Yves Benny, vice-président développement des marchés, Benny&Co., réalisée par Rosalie Bousquet, Charline Pelletier, Makayla Nantel et Éliane Desmarais du Comité 12-18 de Lefebvre et Saint-Félix-de-Kingsey.

Décrivez-nous votre entreprise.

C’est une entreprise familiale. Il y a beaucoup d’entreprises qui se disent familiales, on va dire que c’est une entreprise ultra familiale. On est encore une dizaine de membres de la deuxième génération, sur 25 jeunes, 5 jeunes de la quatrième génération sont impliqués dans l’entreprise. Au total, 39 membres de la famille sont impliqués dans la même entreprise. On peut dire que c’est ultra familial.

Quelles qualités de base recherchez vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

Je dirais que ce n’est pas nécessairement ce qu’ils savent faire, mais c’est plutôt comment ils savent être. Donc, c’est l’attitude. Si quelqu’un n’a pas beaucoup de connaissances du métier, on peut lui apprendre. Ce qui est difficile à montrer à quelqu’un, c’est d’avoir la bonne attitude. Alors, quand on cherche un nouveau candidat ou une nouvelle candidate, c’est de voir comment cette personne réagit, comment elle pense. Est-ce qu’elle a une bonne attitude ? Avec les clients, mais aussi en cuisine devant les collègues, les amis avec qui ils vont travailler en équipe. L’attitude, je dirais que c’est la chose la plus importante pour venir travailler chez Benny&Co.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

On a trois valeurs. Anecdote : Quand on a décidé de choisir nos valeurs, nous étions à peu près 7, 8 ou 10 cousins et cousines autour d’une table. Nous étions la deuxième génération. Nous avions travaillé avec nos parents et il y avait des valeurs que l’on aurait voulu inculquer dans l’entreprise. Mais le fait qu’on soit nombreux faisait en sorte que l’on avait environ 15 valeurs mises sur la table. On sait très bien que si nous avons trop de valeurs à faire respecter, on n’y arrivera pas. On a dû faire un compromis, chacun autour de la table, pour finalement n’en choisir que trois. On y est arrivés, ça a pris de grosses discussions, parce que quelquefois on disait : « Ah non, l’honnêteté, c’est plus important que ça » ou « La ponctualité, c’est plus important que ça ».

Mais finalement, on en est venus à dire que la première valeur, c’est le respect. Ce n’est pas le respect comme on dit : « Je te respecte, tu me respectes », c’est le respect de tout ce qui nous entoure. Le respect de la marque de Benny&Co. Le respect de la clientèle. Ce n’est pas toujours facile de travailler avec les clients. Il y a des clients qui sont très exigeants, mais il faut quand même les respecter jusqu’au bout. On ne peut pas se permettre de ne pas respecter ces clients. C’est aussi le respect des collègues de travail, des fournisseurs, du matériel avec lequel on travaille. Parfois, il y a des restaurants où les gens vont brasser les chaudrons ou briser la vaisselle et ça ne peut pas être acceptable. Donc, le respect sur plusieurs aspects. C’est l’une de nos valeurs.

La deuxième valeur est l’esprit d’équipe. On demande à nos employés quand ils travaillent chez Benny&Co d’être respectueux envers leurs collègues de travail. Ça veut dire aussi que si tu n’es pas malade, n’appelle pas le matin pour dire que tu es malade, parce qu’il va manquer une personne dans l’équipe avec laquelle tu étais censé travailler. Et s’il manque une personne, l’équipe va être dans l’eau chaude. Ils vont vouloir donner un bon service aux clients, vouloir que les clients n’attendent pas trop longtemps pour avoir leur commande. On appelle ça manquer de respect envers ton équipe et ça brise l’esprit d’équipe. C’est la deuxième valeur sur laquelle on est vraiment exigeants. C’est bien correct d’être malade et de demander des congés, mais il faut toujours garder en tête que si l’on effectue un travail d’équipe, on termine le travail en équipe. On fait en sorte que les gens s’épanouissent au travail et fassent confiance à leurs amis et collègues de travail.

La troisième valeur, c’est l’excellence. Tantôt, je vous disais qu’on était une dizaine de cousins et cousines autour de la table pour décider de nos valeurs. Mon père, ma mère, mes oncles et mes tantes ont travaillé très fort… C’est drôle, je suis ému de ça… parce qu’ils ont travaillé très fort pour pouvoir commencer ça. C’étaient des cultivateurs, ils n’avaient pas la vie facile, c’était dur financièrement. Puis, quand ils ont ouvert le premier restaurant, ça a commencé à être un peu prometteur. Ma mère et mon père ont travaillé fort. Le premier restaurant, ça n’a pas été un succès. Ils ont vraiment été dans la misère pendant longtemps avant de pouvoir sortir la tête hors de l’eau. Ils étaient déterminés et si ce n’était pas parfait, si le client avait un inconfort, si l’endroit n’était pas assez joli ou propre, si le poulet n’était pas assez chaud, si les frites n’étaient pas assez rôties… Chaque fois, ma mère et mon père revenaient et se disaient que : « Non, il faut que ce soit l’excellence ». Nous autres, on était petits et on travaillait dans le restaurant. Bien souvent, on habitait au deuxième étage, alors quand ma mère et mon père avaient besoin d’un coup de main, on allait aider à la cuisine. Parfois, mon père mettait une caisse de lait à l’envers, on montait dessus et on était de la même grandeur que les autres cuisiniers et on pouvait aider. On faisait cuire les pains, faisait les petites sauces. L’excellence, c’est venu comme ça. Mes cousins et cousines ont tous connu ça un peu, parce que nos parents étaient exigeants et nous montraient à faire bien. On s’est dit que ça, il faut que ce soit une valeur de Benny&Co. Il faut que ça reste. Il faut que nos employés continuent ça. Alors, on l’a mis dans nos choix de valeurs. Je pense que ça se perpétue. On est des gardiens de ça. On va souvent dans les restaurants pour voir comment ça se passe. Même si on a un beau bureau maintenant (on a un beau siège social tout neuf), on passe beaucoup de temps auprès de nos employés.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?

Avant, Benny&Co était Rôtisserie Coq Rapide, Rôtisserie Au Coq et Benny. Il y avait plusieurs marques de commerce, mais c’étaient toujours les rôtisseries d’un des membres de la famille Benny. En 2006, mon frère Jean, le plus vieux des 3 garçons chez nous, a créé la marque Benny&Co. En 2010, Vincent et moi (les deux frères de Jean), on s’est associés avec un autre associé, qui était aussi l’associé de mon frère Jean, et on a créé ensemble Benny & Frères. C’est une compagnie qui avait comme mission de regrouper tous les membres de la famille Benny, qu’ils s’appellent Au Coq, Coq Rapide ou Benny. On les invitait à venir dans la marque, changer les enseignes et s’appeler Benny&Co. Ça a fait en sorte qu’aujourd’hui, il y a 75 restaurants au Québec et en Ontario qui s’appellent Benny&Co. C’est une grande réussite, parce qu’avant, on était tous propriétaires de nos deux ou trois restaurants, chacun de notre côté. C’était facile, parce que c’était une belle indépendance, mais ça ne pouvait pas rayonner autant qu’aujourd’hui.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

Premièrement, j’essaie de me réveiller. (rires) Je ne suis pas tellement un gars matinal. Dans les premiers temps, je gardais toujours les quarts de fermeture parce que j’étais beaucoup plus réveillé le soir. Mon frère faisait les ouvertures de restaurant le matin.

Aujourd’hui, ça a changé. Avec plusieurs restaurants, mon travail principal, c’était (j’y arrive encore un peu maintenant que je suis sur le bord de la retraite) d’identifier les endroits où il n’y avait pas encore de restaurant Benny&Co et où les gens demandaient qu’on s’implante. Ils voulaient avoir un Benny&Co dans leur ville ou leur région. Mon travail, c’était d’aller trouver cet endroit, de trouver le terrain et de faire les études de marché pour voir si ce serait rentable. Si l’on ouvre un restaurant Benny&Co à cet endroit, est-ce qu’il va y avoir assez de clients ? Est-ce que ça va bien fonctionner?

J’allais dans des endroits où il n’y avait pas de restaurant Benny&Co, je me déplaçais partout dans la province de Québec, même en Ontario, pour aller trouver ces endroits. C’était mon travail. Je revenais le soir, j’avais fait beaucoup de route. C’était une belle fatigue.

Un beau défi aussi parce que quand j’identifiais un endroit où il n’y avait pas de restaurant, comme à Victoriaville ou ici, à Drummondville, je me disais : « On va choisir cet endroit, parce que ça va être le meilleur endroit où les gens vont pouvoir nous voir, où l’on va être accessible et visible et où l’on sera au cœur des activités pour qu’on puisse faire de la livraison à domicile assez rapidement ». Je ne savais jamais si j’avais réussi mon travail avant qu’on ait ouvert le restaurant. La journée d’ouverture, j’étais très nerveux, parce que j’avais dit à tout le monde, à mes frères entre autres et aux gens au bureau : « Il faut qu’on ouvre un restaurant à cet endroit, parce que c’est là que ça va marcher ». À date, je ne me suis pas trop trompé. Soit j’ai bien de la chance, soit j’ai un petit peu de talent. (rires)

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

J’aime beaucoup être en contact avec les gens, aller à la découverte des nouveaux marchés. Une autre chose que j’aime dans mon travail, ce sont les relations publiques, parce que ça prend un porte-parole pour Benny&Co. Maintenant, je m’occupe aussi de la Fondation Benny&Co, dont je suis le président. (Mon frère Jean, lui, est président de Benny&Co.) Avec la Fondation, on réussit avec nos fournisseurs, nos employés et nos clients à faire des collectes de fonds. Tout l’argent qu’on ramasse, on le redonne à des familles dont les enfants ont des problèmes de santé ou des problèmes cognitifs (trisomie, handicaps intellectuels). Ce qu’on donne aux parents, c’est un répit. On paie un camp ou un week-end aux enfants atteints de ces maladies pour que les parents puissent aller se reposer un peu. C’est ce que la Fondation Benny&Co peut faire.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

La première, je dirais, ce serait pour vous réaliser. Quand quelqu’un est engagé chez nous, s’il est malheureux et qu’il n’aime pas ce qu’il fait, il ne va pas vraiment se réaliser, alors il est mieux de ne pas venir travailler chez nous. (rires) Mais étant donné qu’on est en croissance, il y a plusieurs opportunités. Quelqu’un peut entrer chez nous en étant étudiant et c’est un travail passager et finalement, il s’avère qu’au cours de ses études, il gradue dans les postes et devient peut-être chef d’équipe, chef de quart ou assistant gérant. C’est déjà arrivé dans l’entreprise que des jeunes employés ayant étudié pour devenir ingénieur ou je ne sais pas quel autre métier, soient allés travailler dans leur domaine après leurs études et ont dit : « Je n’aime pas ça, je reviens chez Benny&Co ». On les reprend et comme on est en croissance, on a besoin d’ingénieurs ou de gens qui travaillent en informatique ou en marketing. Souvent, on est capables de leur fournir un emploi à la hauteur de leurs aspirations.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

En région, il y a de la place pour vivre. Moi, je suis un gars de la campagne. J’aime être près de mon travail, mais en même temps être près de la nature. Je pense que ça, en région, on a ça instantanément. Ce n’est pas long, si l’on prend notre vélo, on peut sortir de la ville et voir un champ ou un boisé. On a cette chance. Mais je trouve aussi qu’en région, les gens sont débrouillards. Ça fait partie de la culture, peut-être que ça fait partie de l’ADN. Les premiers qui se sont installés en région ont dû faire preuve de beaucoup de débrouillardise et ça a dû rester au fil des années. C’est ce que j’apprécie le plus de la région.

Jusqu’où rêvez vous d’amener votre entreprise ?

J’aimerais ouvrir un Benny&Co sur la planète Mars…, mais je ne sais pas comment faire. Je vais attendre que les gens aillent s’installer, puis après ça, je vais arriver. (rires) Blague à part, j’ai rêvé quand j’étais jeune que la rôtisserie que mon père avait et celle que mes oncles, cousins et cousines avaient aussi, un jour on serait une marque de commerce connue et respectée. J’ai rêvé qu’on serait des bons leaders dans l’industrie pour bien faire notre travail. C’est jusque-là que je rêvais quand j’étais jeune et je n’avais aucune idée de la façon de pouvoir le faire. J’ai travaillé longtemps dans mes premiers restaurants comme cuisinier et caissier, je faisais le ménage aussi. Bref tous les postes de travail parce que j’avais 3 employés au début et c’était tout petit et il fallait faire tout. Mais de rêver qu’un jour, on aurait 75 restaurants, 2 500 employés, un beau gros siège social ? J’avais rêvé ça sans savoir que ça se réaliserait vraiment. Donc, je pense que je suis arrivé au bout de mes rêves. Cependant, on a des enfants, la troisième et quatrième génération. Eux, je pense qu’ils peuvent se permettre de rêver encore plus. Jusqu’où ça peut aller ? Je vais les laisser décider, parce que c’est beaucoup de travail. (rires)

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Les gens qui réussissent en affaires et qui restent humbles, ça m’inspire. Le fait aussi que quand tu réussis, tu peux redonner. L’ancien président de l’entreprise française Danone, monsieur Emmanuel Faber, m’inspire beaucoup. Il dit qu’il fait tout ce qu’il peut pour aider les pays en voie de développement, parce que c’est là qu’ils vont chercher les ingrédients pour faire leur yogourt. Il fait en sorte que les gens là-bas soient équitablement rémunérés pour le travail qu’ils font. Donner un peu plus quand tu as beaucoup de succès, être capable d’en redonner un peu plus à ceux qui sont dans le besoin, voilà ce qui m’inspire.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est très important. Dans ma vie, j’ai engagé beaucoup de jeunes qui étaient décrocheurs et malheureusement, ils avaient décroché parce qu’ils n’avaient peut-être pas eu les bons outils, peut‑être pas eu l’encadrement nécessaire (le milieu familial) pour persévérer dans leurs études. Tout ce qu’ils voyaient, eux, c’était une grosse montagne difficile à monter. Donc, c’est important de les aider à persévérer et à se réaliser. Je dois dire aussi que j’ai eu des jeunes décrocheurs tellement pleins d’initiative, tellement illuminés et ouverts. Des jeunes qui saisissaient des opportunités, parce que même s’ils n’avaient pas leur secondaire 3, ils étaient capables de comprendre un travail manuel comme chez nous on peut le faire. Ils étaient capables de comprendre que s’ils le faisaient bien, ils allaient être fiers d’eux et gagner un peu en estime de soi à travers des petites réalisations. Ce n’est pas rare que j’ai eu des jeunes décrocheurs qui sont devenus des gérants et des assistants gérants dans leurs équipes, parce qu’ils avaient développé la confiance et l’initiative nécessaire. Donc, la persévérance scolaire, c’est très important et en même temps, ceux qui ont de la difficulté à persévérer à l’école peuvent le faire dans leur vie, il y a des chances pour qu’ils puissent quand même se réchapper.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Accrochez vous. Venez travailler chez Benny&Co. (rires) Ce serait le même message pour les jeunes de toutes les régions : vous êtes beaux et vous êtes intelligents, faites vous confiance. Vous êtes capables de faire de belles réussites.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est très bien. Un peu comme je disais tout à l’heure, les gens dans le besoin ont besoin qu’on leur redonne. Les jeunes, c’est peut-être la période de votre vie où vous pouvez faire un petit sacrifice et donner un peu de votre temps aux gens qui en ont le plus besoin. Après, quand vous allez arriver dans les études un peu plus complexes, le temps commence à manquer pour faire du bénévolat et si vous fondez une famille, c’est une autre étape qui va vous demander du temps. Mais si vous avez le goût de vous impliquer, c’est un bon moment. Je vois 12-18 devant moi et c’est le meilleur âge pour créer un peu de bien-être autour de vous et vous impliquer. En même temps, vous allez pouvoir en retirer énormément.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Je ne suis pas un très bon modèle là-dedans. (rires) Je m’entraîne difficilement, mais bon. Disons que je considère que c’est important au point où on devrait presque mettre ça obligatoire, même dans l’entreprise. Parce que la bonne santé, c’est aussi la bonne santé mentale. Pouvoir accorder les deux, le physique comme le mental. À notre nouveau siège social (à l’ancien bureau, on en avait un aussi), on a un super beau gym avec tous les appareils. On a engagé un entraîneur pour que nos employés adhèrent à des programmes de formation et fréquentent le gym deux, trois fois par semaine. On veut que ça passe par là, parce qu’on voit dans la dynamique de nos gens comment ils sont plus allumés, plus en forme, plus souriants. Ils prennent soin de leur santé. Je ne nommerai pas de nom, mais à notre bureau, on a un jeune qui a perdu près de 100 livres. Il avait un poste de travail où il ne bougeait pas beaucoup et maintenant, en venant s’entraîner, il est fier de lui. Il a fait beaucoup de progrès, beaucoup gagné en estime de soi. C’est passé par l’activité physique.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Je trouve ça bien dommage. Dans mon temps, c’était beaucoup à la mode. J’ai été fumeur une bonne partie de ma vie. Très longtemps. Trop longtemps, même. Ça ne fait pas longtemps d’ailleurs que j’ai arrêté. (rires) J’aimerais développer la conscience que quand tu es jeune et que tu as 12, 13 ou 14 ans et que tu te fais présenter une cigarette, si tu la prends pour avoir l’air cool et avoir l’air d’être dans la gang, c’est pas une bonne décision. Je l’ai vécu, je le sais, j’ai été esclave de cette cigarette pendant des années. Ça m’a apporté des problèmes de santé. J’ai dû vivre des chirurgies et des opérations reliées au cancer. Donc, si j’avais une baguette magique, je ferais disparaître la cigarette et la vapoteuse. Mais là, il faudrait trouver autre chose pour que les jeunes puissent avoir l’air cool et fassent partie de la gang.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets bénéfiques de la légalisation de cette substance ?

Le côté positif, je pense que les gens peuvent se responsabiliser un peu mieux, parce que maintenant, ce n’est plus un crime, c’est légal. Si tu en veux, si tu en consommes, ce sont tes affaires. Le côté négatif, je dirais que ce n’est pas tout le monde qui a la maturité de savoir si c’est bien pour eux ou non. Bien souvent, ils sont plus dépendants que bénéficiaires. C’est dommage, la loi ne fait pas de différence entre quelqu’un qui est bénéficiaire et quelqu’un qui est dépendant. Il faudrait un arbitre pour chaque personne et ce serait trop difficile de contrôler ça. Espérons que les gens se reconnaissent et sachent quand ils ont atteint leurs limites. Ceux qui le font en pleine conscience, sans en être dépendants ou victimes, tant mieux pour eux.


Entrevue avec Pauline Marois, première Première ministre du Québec.

Entrevue avec Pauline Marois, première Première ministre du Québec, réalisée par Charline Pelletier, Éliane Desmarais, Shanny Croteau et Corine Bradette des Comités 12-18 de Lefebvre, St-Rémi-de-Tingwick et Notre-Dame-de-Lourdes.

Quel était le rêve que vous vouliez réaliser pour le Québec lorsque vous avez été élue ?

Nous étions 5 enfants, pour mes parents, l’éducation était très importante. Papa n’était pas allé à l’école longtemps, maman avait fait l’école normale, c’est à dire dans une école de rang. Ils m’ont envoyé dans une école privée, à l’époque, les filles n’avaient pas facilement accès au cours classique. C’était le changement lors du changement régime scolaire, je me suis donc retrouvée dans une école où il y avait des jeunes filles qui étaient très aisées. Des filles de médecin, d’avocats etc. C’est à ce moment que ‘ai découvert qu’il y avait des écarts entre les individus dans la société. Ces écarts sont restés dans ma tête tout le temps par la suite. Je suis allée à l’université en service social, j’ai fait le baccalauréat en service social dans la perspective d’aider les gens. On offre des services aux familles, aux enfants de la DPJ, entre autres. Je voyais toujours cette difficulté que vivait certains citoyens et leurs enfants et je me disais, que pourrais-je faire pour changer ça ? Pour que la société soit plus belle, qu’elle permette une meilleure égalité des chances, pour avoir la chance d’aller au bout de ce qu’on est, peu importe -si on n’est pas tous sur la même ligne de départ. Je me suis retrouvée à travailler dans une organisation communautaire qui s’appelait les ACEF, les associations coopératives d’économie familiale. C’était une organisation qui aidait les gens à faire leur budget, à s’organiser pour avoir de meilleurs moyens pour vivre et j’ai été confronté à des familles qui vivaient sur l’aide sociale et qui avaient beaucoup de difficultés à rejoindre les 2 bouts. Encore là, ça me choquait, je me disais : Comment se fait-il qu’on ne donne pas la même chance à ces gens-là ?  À cette époque, il y a eu un grand chambardement au Québec, dans tout le domaine des services sociaux et des services de santé qui a amené une réflexion sur la pauvreté. On a fait une manifestation contre un ministre qui est venu dans la région pour présenter son projet. J’avais 21 ans, je regardais ça et je me disais peut-être qu’un jour si je veux vraiment changer des choses je devrais aller là où se prennent les décisions. Ça a été le premier déclencheur de mon engagement politique. Je venais d’une famille qui ne connaissait pas la politique je voyais un ministre pour la première fois de ma vie, c’était difficile de me m’imaginer qu’un jour je pourrais faire ça, mais j’étais convaincue qu’il y avait des endroits où on pouvait faire évoluer une société et la changer. Il y a aussi une autre cause à laquelle je crois toujours aujourd’hui, vous savez qu’au Québec on est une société différente et distincte du reste du Canada, on parle français, on a des institutions différentes et j’ai toujours cru qu’on pouvait être un jour indépendants et qu’on pouvait être un vrai pays. À cette époque, il n’y avait pas de protection de la loi française et il y avait beaucoup de francophones qui s’assimilaient à la communauté anglophone qui perdaient leur langue maternelle. C’est un autre élément qui m’a motivé à m’engager en politique. Ensuite, il est arrivé toutes sortes d’événements et je suis devenu membre du parti québécois, progressivement, j’ai travaillé comme militante bénévole pour faire avancer les idées du parti et je me suis rapprochée de gens qui allaient devenir des élus. C’est comme ça que je me suis retrouvée dans des cabinets de ministre dont M. René Lévesque, il avait dans son cabinet plusieurs ministres importants. C’est comme ça que j’ai vu de très près comment ça se passait la politique, j’ai alors décidé de plus en en faire jamais ! Je trouvais ça trop dur et ce n’était pas possible mais0 en même temps je me disais que c’était quand même le meilleur lieu si je voulais faire avancer les idées.

De quoi êtes-vous la plus fière dans toute votre carrière?

Il y a plusieurs choses dont je suis très fière, mais honnêtement, la plus importante pour moi, c’est la politique familiale. Qu’est-ce que la politique familiale ? Vous avez sûrement entendu parler des gens qui ont besoin de services de garde ou de garderie. Les femmes voulaient aller sur le marché du travail et étudier même si elles ont des enfants. Il y a déjà un bon moment de ça, en 1997, le Premier ministre du Québec, qui s’appelait Jean Bouchard, avait proposé qu’on aide mieux les familles québécoises en leur offrant des services de garde dans des garderies de qualité, à un prix accessible et abordable, ainsi qu’un congé parental, entre autres. J’ai aussi été ministre à la condition féminine dans le gouvernement de monsieur Lévesque, j’ai toujours été convaincue que l’égalité entre les hommes et les femmes ça passait par le fait qu’on devait avoir des politiques pour soutenir les familles avec des enfants, puisque souvent les enfants étaient sous la responsabilité des femmes. Je me suis dit que si l’on veut atteindre l’égalité des sexes, il faudrait qu’il y ait des services offerts aux enfants pour concilier la famille et le travail, pour les études et la famille. Il y avait déjà des services de garde et j’étais certaine que c’était une façon d’en arriver là. L’autre c’était qu’il y ait des congés maternité, ce que l’on a appelé des congés parentaux, ce qui veut dire que lorsque l’on devient enceinte, on puisse avoir un remplacement de son salaire, pour ensuite retrouver son emploi quand on a eu son enfant et qu’on a pris du temps pour en prendre soins. Je voulais que les hommes aussi aient un congé pour prendre soin de leur bébé. La politique familiale permet ça, ce sont les 2 principales mesures, soit offrir des services de garde de qualité que l’on a appelé des CPE, qui allaient être dirigés par les parents et qui allait embaucher du personnel, pour que les parents paient un petit montant par jour. Au début, c’était 5$ par jour, pour monter jusqu’à 10 ou 11$ maintenant. Avant qu’on fasse la politique, les places coûtaient 20$ à 25$ par jour. En Ontario, la province voisine, les places coûtent jusqu’à 50$ par jour et maintenant dans les garderies privées ce sont des sommes aussi importantes que les Québécois paient. Je suis certaine que dans la vie des québécois et québécoise ça a changé la situation puisqu’il y avait beaucoup de femmes monoparentales, qui voulait retourner sur le marché du travail alors qu’elles étaient sur l’aide sociale, mais payer une place à 25$ par jour ne pouvait pas être raisonnable pour elle. En offrant des services à 5$ ça a amené beaucoup de femmes à sortir de la pauvreté. Maintenant, quand on compare la participation des femmes au Québec sur le marché du travail avec ce qui se passe sur dans les autres pays, les femmes entre 25 et 45 ans ont les plus hauts taux de participation sur le marché du travail et les écarts de pauvreté sont de beaucoup réduits grâce à ces politiques. D’avoir été Première ministre aussi évidemment même si ça n’a pas été très long.

Quel était votre rêve à réaliser pour le Québec lorsque vous avez été élue ?

Ça aurait été de faire l’indépendance de prendre nos propres décisions, qu’il n’y qu’un seul gouvernement responsable à Québec, avec des ententes avec le reste du Canada, les États-Unis et les autres pays du monde. C’est mon plus grand rêve et ça continue de l’être. L’autre que je n’ai pas complètement réalisé mais que j’ai fait avancer, c’était l’égalité des chances. C’était de réduire les écarts entre les gens qui avaient plus de moyens et ceux qui en avaient moins pour que peu importe d’où on vient ou la richesse de nos parents, tous puissent avoir accès à l’éducation sans nécessairement aller à l’université, en choisissant un métier, une technique pour se sentir heureux et bien dans la vie. Ce sont mes grands rêves j’en ai réalisé un, l’autre on attend encore.

Êtes-vous satisfaite de vos 2 années de mandat où auriez-vous préféré rester plus longtemps ?

Je serais resté beaucoup plus longtemps mais en même temps je suis contente parce qu’on a mis en place beaucoup de mesure qui ont été reprises par les gouvernements qui ont suivi. Entre autres, une loi sur la question du port de signes religieux. J’aurais préféré qu’on appelle ça une loi sur la laïcité, ce qui veut dire que la loi et la religion sont séparés puisqu’elles sont 2 réalités différentes. Les personnes peuvent avoir toutes les croyances qu’ils veulent mais l’état doit rester neutre. Nous avons fait un projet de loi qui n’a pas été adopté, le gouvernement actuel a repris une partie du projet de loi et l’a fait adopter. On avait aussi déposé un projet de loi sur la langue française afin qu’elle soit mieux protégée et mieux soutenue. Cette loi a été reprise et un peu modifiée pour finalement être adoptée. L’autre grand projet auquel je tenais énormément, c’était l’électrification des transports. L’environnement, on doit s’en préoccuper, c’est fondamental pour la survie de la planète, nous sommes responsables de ça. Selon moi, la façon dont le Québec pouvait agir le plus efficacement pour réduire les gaz à effet de serre, c’était d’éliminer l’utilisation des énergies faciles (pétrole, gaz etc.). On a fait des barrages avec des turbines où l’eau circule dans les turbines d’électricité, ce qui diminue le niveau de pollution comparativement à l’électricité faite avec du charbon ou du pétrole, qui sont une catastrophe. Mon rêve c’était une politique d’électrification des transports, puisque le plus grand polluant au Québec, c’est le transport utilisant des carburants à énergie facile. Électrifier les autobus scolaires ça a fonctionné, ils font maintenant des autobus aux États-Unis et en vende partout. Ça a été repris par les gouvernements qui nous ont suivi. Une autre chose que j’ai faite pendant cette année et demie dont je vois les résultats aujourd’hui, qui n’est pas connu beaucoup, le domaine culturel. Les domaines de la chanson, de l’opéra, du théâtre et des arts visuels ont besoin d’aide parce que nous sommes une petite population. À 8 millions et demi d’habitants au Québec, ce n’est pas toujours possible de supporter nos artistes, peu importe de quel domaine ils viennent. Le gouvernement peut en faire un peu, mais n’a pas nécessairement les moyens illimités. J’ai réuni un groupe de travail qui a proposé qu’on offre aux gens qui veulent donner de l’argent, le mécénat, c’est-à-dire, des gens qui ont des sous qu’ils veulent donner aux artistes afin qu’on puisse réduire leurs taxes, on appelle ça une mesure fiscale. J’ai fait adopter ce projet-là et ces mesures budgétaires et maintenant ça va beaucoup aider plusieurs orchestres, groupes de théâtre etc. Puisque les gens ont donné plus d’argent, étant donné qu’ils économisaient sur les impôts, cet argent a été utile pour aider les artistes. Voici une anecdote à ce propos : Des cantatrices sont venus chanter l’opéra chez moi, pour me remercier de cette mesure budgétaire, 10 ans plus tard. J’aurais aimé rester plus longtemps pour faire adopter la nouvelle version de la loi 101, il y avait des choses que je voulais faire au niveau de l’éducation, bien qu’on en eût fait beaucoup déjà. La population en a décidé autrement, c’est la démocratie et on doit être respectueux de la démocratie, parce que c’est un système qui est très riche pour l’égalité. Chaque citoyen a le droit d’exprimer un choix, c’est pour ça que c’est important d’aller voter quand l’élection arrive.

Vous avez été ministre de beaucoup de domaines, vous avez été la personne qui a occupé le plus de postes différents dans la politique au Québec, ce qui est quand même impressionnant ….

Il y a eu un très gros conflit étudiant, qu’on a réglé avec les étudiants qui manifestaient puisque le gouvernement qui m’a précédé, gouverné par M. Charest, avait imposé une hausse importante des frais de scolarité, on a appelé ça ‘’le printemps érable’’. Le petit carré rouge, qu’ils portaient, portait le message suivant : Ils étaient contre les choix du gouvernement et le rouge représentait le libéral. Comme nous étions dans l’opposition, nous les avons appuyés, pour que soient réduits les frais de scolarité. Lorsque nous sommes arrivés au gouvernement, nous avons fait un sommet avec tout le monde, pour ramener ces frais, à un niveau comparable à avant. Une loi a été adoptée pour les faire augmenter seulement au coût de l’inflation, pour les années qui allaient suivre. Je ne sais pas pourquoi j’ai changé de mandant comme ça, mais oui, j’en ai fait beaucoup. La santé, l’éducation, la famille, la conditions féminines, fonction publique, Conseil du Trésor. Le Conseil du Trésor, c’est le ou la ministre, responsable de toutes les conditions de travail du personnel qui travaille au gouvernement.

Qui vous a le plus supporté durant votre campagne?

Je pense qu’il y a eu beaucoup de femmes, puisqu’elles continuent de me le dire d’ailleurs. Il y a eu aussi des hommes qui m’ont appuyé. La raison de ma défaite, c’est que les citoyens et les citoyennes du Québec, ont un peu peur encore de l’indépendance et craignaient qu’on refasse un référendum. C’est-à-dire, que l’on repose la question au québécois et québécoises à savoir si on veut être indépendants. Même si j’ai mentionné qu’on ne pensait pas que les gens veuillent en arriver là, je ne voulais pas renoncer au fait que l’indépendance ça restait une perspective qu’on devait garder pour la suite des choses. J’avais une formidable équipe de candidats et de candidates pour l’élection de 2014, j’avais les leaders étudiants (les carrés rouges), ils étaient des étudiants candidats chez moi avec le Parti Québécois, les soins infirmiers, express santé des soins infirmiers ordre professionnel très important au Québec et cette femme était une femme très solide et très forte elle a été candidate avec moi

Quelle qualité vous aura plus aidé à devenir Première ministre du Québec ?

Je pense que c’est le respect et l’amour des gens, je pense que pour faire de la politique, il faut aimer les gens avec qui on travaille, les gens qu’on sert, puisque servir les citoyens et les citoyennes avec la politique, c’est le plus grand service qu’on peut rendre à une population. Les représenter et essayer d’écouter leur point de vue et de transformer ça en grande politique, en programmes, en mesures budgétaires etc. Pour ça, il faut aimer les gens et les respecter et moi ça a été toujours très présent chez moi. Il ne faut jamais mentir aux gens, même si parfois on ne peut pas tout dire en politique, pour toutes sortes de raisons. Ce n’est pas parce qu’on veut cacher des choses mais parce qu’on ne peut pas. Ne pas mentir, ça fait partie du respect, je pense que c’est ce qui m’a le plus aidé en politique et évidemment d’avoir quelques idées aussi !

Comment on se sent, quand on est élu la première femme, Première ministre du Québec ?

D’abord, on a un grand sentiment de fierté, de responsabilité aussi, parce qu’il reste que les décisions que l’on prend quand on est Première ministre ont un impact sur des millions de personnes. C’est une grande responsabilité parce qu’on sait que les gestes qui vont être posés, vont aider, être utiles à faire avancer des choses, vont permettre aux gens d’avoir une vie meilleure. Quand on s’occupe d’environnement, de transport, de gestion de l’éducation, c’est très important ! C’est ça le sentiment que j’ai eu, que pour faire ça, il faut aussi un peu d’humilité, accepter qu’on ne sache pas tout et qu’on n’est pas parfait. Le grand avantage que j’avais, était que j’avais sur plusieurs autres personnes qui se présentaient ou qui auraient pu se présenter, c’est que j’ai été longtemps dans un gouvernement d’opposition. Je connaissais en profondeur beaucoup de mécanismes de prise de décision, de sujets, de contraintes en santé ou en éducation. Je pouvais parler des exigences pour les programmes, par exemple, je connaissais beaucoup de choses à cause des fonctions que j’avais eues auparavant. J’ai fini par comprendre toutes les règles du jeu, qui font que si tu augmentes les impôts, ça empêche les gens d’avoir de l’argent pour répondre à leurs besoins. Doit-on hausser les impôts pour tout le monde, peu importe leur revenu ou on doit y aller progressivement. J’ai servi plusieurs premiers ministres, j’ai travaillé avec monsieur Lévesque, avec l’éphémère Pierre-Marc Johnson qui a été Premier ministre pendant 2 mois, il m’avait d’ailleurs battu à la chefferie du parti québécois. J’ai aussi travaillé avec Jacques Parizeau, Lucien Bouchard, Bernard Landry. J’ai travaillé de très près avec eux parce que j’ai été entre autres vice-Première ministre. Il s’agit de remplacer le Premier ministre en cas de problème, et de faire des représentations internationales, on reçoit des étrangers, des gens de gouvernement étrangers etc. J’avais une connaissance intrinsèque, en profondeur, de tout le fonctionnement du gouvernement. J’avais travaillé de près avec les premiers ministres donc je savais ce qu’était la fonction de Première ministre, je savais les exigences que ça comportait. Malgré tout on ne m’a pas choisi, alors j’ai accepté et assumé ça, même si ça m’a beaucoup blessé et fait énormément mal. Comme je ne suis pas une femme qui vit dans le passé, je me suis dit qu’il valait mieux regarder en avant.

D’où vient votre passion pour la politique ?

C’est en me rendant compte que c’était un endroit où on pouvait avoir un impact important sur la vie des gens, pour l’améliorer. J’ai parlé d’environnement et de politique familiale, mais en éducation on a fait aussi des grands changements. Les écoles, autrefois, étaient soit catholiques ou protestantes. On a décidé de faire en sorte que dans les écoles, peu importe la religion que tu pratiquais, peu importe la foi que tu avais, tu étais accepté dans ton école. On a transformé les cours de religion pour en faire des cours d’éthique et culture religieuse. On avait une base pour comprendre l’ensemble des religions du monde et les règles d’éthique, parce qu’on n’a pas besoin de participer à une religion pour avoir de la morale, respecter les gens et les règles de vie en société et c’était ça que le cours d’éthique venait faire.

Quel était votre rêve d’enfance ?

Mon rêve d’enfance était d’aller travailler à l’étranger. Vous allez dire que ça ressemble un peu à la politique. J’aurais voulu être missionnaire dans les États pauvres du monde mais je ne voulais pas être religieuse parce que c’était elles qui faisaient ça à l’époque accompagnées des prêtres, des frères et des pères des différentes congrégations. Quand je me suis engagée en politique, c’était pour aider les gens, donc ça rejoint mon rêve d’enfance mais réalisé dans un monde dans lequel je n’imaginais même pas avoir accès. Pour moi c’était tellement loin la politique, je ne vais jamais vu un député de ma vie à 20 ans et c’était quelque chose d’inaccessible. Comme quoi vous pouvez avoir des rêves en pensant qu’ils sont inaccessibles et un jour les réaliser, c’est ce que je voudrais que vous reteniez comme leçon de ce que je vous dis.

Avez-vous trouvé difficile de faire votre place en tant que femme dans un monde majoritairement constitué d’hommes ?

Ça n’a pas toujours été facile parce que souvent, on a un regard sur nous qui est à l’image qu’on se fait des hommes et des femmes. Une femme c’est fragile, c’est trop émotif, ce n’est pas batailleur comme un homme qui a de l’autorité, qui est fort et capable de diriger. Ce sont des stéréotypes, des images qu’on a, qui nous sont données par notre histoire ou par la culture. Les femmes ont toujours été dans des secteurs d’activités liés au ‘’prendre soins’’ comme les infirmières, les enseignantes etc. Les hommes se sont retrouvés dans des lieux plus financiers et plus industriels. On me jugeait en fonction de si j’étais bien coiffé ou habillée, on n’aurait jamais fait ça à un garçon. Une femme pas coiffée, pas maquillée, tout le monde lui dira qu’elle va être incapable de faire le job tandis qu’un homme qui arrive mal vêtu ou les yeux un peu cernés, les gens diront qu’il travaille fort. Je suis une femme un peu excentrique dans ma vie privée et j’aime les costumes colorés, les souliers de couleur etc. On me critiquait souvent sur ça, et ça a fait en sorte que j’ai changé mon comportement. Pas dans ma vie privée mais dans ma vie publique. Tailleurs plus foncés, petits bijoux, toujours la même coiffure etc. Il n’y avait aucun commentaire possible. Ce sont des exemples qui ont l’air mineurs mais qui sont très importants. Ce qui est formidable, c’est que ça change et que vous autres, vous êtes une génération qui va voir ce changement et le vivre encore plus. À l’Assemblée nationale, le droit des votes des femmes a été possible seulement en 1940. Partout au Canada, sauf nous au Québec, les femmes pouvaient voter, encore, nous étions en retard. Aucune femme n’a été élue avant 1961. Seulement une femme élue entre 1961 et 1975. En 2014, il y avait autour de 32% de femmes membre de l’Assemblée nationale du Québec. Actuellement, il en a 42%. La moitié serait idéale mais maintenant on admet entre 40 et 60%, c’est une zone paritaire, c’est à dire une somme où il y a un poids suffisant de femmes à l’Assemblée nationale. Il y a eu un progrès gigantesque mais il ne faut pas le perdre, il faut donc travailler pour qu’il y ait autant de femmes candidates et autant de femmes élues à l’Assemblée nationale. On est l’un des parlements en Amérique qui est le plus progressiste à cet égard-là, avec le plus grand nombre de femmes. Beaucoup d’états dans le monde ont obligé la parité mais ça ne donne pas toujours les résultats qu’on souhaitait. Ce sont les pays du Nord de l’Europe comme la Suède le Danemark l’Islande qui ont la plus grande proportion de femmes

Après avoir vécu à travers un attentat, quelle est votre perception de l’événement ? Quels sont vos souvenirs les plus marquants ?

C’est le fait qu’il y a eu mort d’homme. J’ai un grand sang-froid dans la vie et j’ai rarement peur, je crains pour les autres mais jamais pour moi. Quand c’est arrivé, je pense que j’ai eu les bons réflexes d’essayer de protéger les gens qui étaient là, parce que c’était un attentat qui aurait pu être un véritable carnage. L’arme s’est enrayée, ce qui a fait qu’il n’a pas plu lancer ce qu’il souhaitait. Il avait aussi un cocktail Molotov, une espèce de petite torche pour allumer des feux, la porte à travers laquelle il voulait la lancer a bloqué. Ce que j’ai trouvé le plus difficile c’est qu’il y a un homme qui a été blessé sérieusement et mort d’homme mais je n’ai jamais eu peur et je suis assez fière de ma réaction honnêtement, parce que j’ai voulu protéger les gens. Quand j’ai vu de la fumée dans les coulisses, j’étais sur la scène je ne savais pas qu’il y avait mort d’homme. Je faisais mon discours de réjouissance et on me disait de sortir de la scène. Je suis revenue quand j’ai vu qu’il y avait beaucoup de monde dans cette salle-là, il y avait trop de monde pour le nombre de places disponibles. Tout le monde était debout et je me disais : S’il faut qu’ils sortent tous, s’il faut que les gens voient la fumée et paniquent, on va avoir des morts. Quand la bâtisse était sécurisée, j’ai dit : Vous pouvez tranquillement rester, je vais finir mon intervention. J’ai essayé d’être très présente pour calmer le jeu, je n’ai jamais eu peur, après non plus. Beaucoup de gens me posent la question mais je me suis dit : Si je crains qu’il y ait un autre attentat, je vais me priver d’aller à la rencontre des gens. On a un système de sécurité autour de nous, des policiers habillés en civil. Un jour, ils m’ont dit : Madame Marois on va vous faire faire une veste pare-balle, ils me l’ont amené dans un beau carton, je l’ai mise dans ma garde-robe et c’est resté là. Si je commence à avoir peur, je ne voudrais plus aller à la rencontre des gens et c’est trop important pour moi d’être dans les foules, de serrer des mains, de causer et de parler. Mon conjoint et mes enfants ont craint plus que moi, il faut que vous sachiez que ma famille était dans les coulisses et plusieurs députés, qui eux, ont eu le temps de réfléchir plus que moi. Eux, ça les a affectés pendant longtemps. Du personnel de mon équipe a été aidé sur le plan psychologique. Le juge a confirmé que c’était un geste politique, on voulait me tuer parce que j’étais souverainiste et une femme en plus. Des gens m’ont reproché de ne pas m’en être servi pendant mon mandat. Je pense que si c’était arrivé à un homme politique du camp adverse, ça aurait soulevé beaucoup de passion. Je n’ai pas agi de cette façon-là et je ne le regrette pas aujourd’hui, bien peut-être un peu, parce que ça aurait peut-être augmenter ma popularité mais je ne voulais pas jouer sur ça. Quand on est au pouvoir on assume et on prend ses responsabilités

Quelles sont les principales mesures que vous avez réussi à mettre en place durant votre mandat ?

On a, entre autres, introduit à l’école, l’éducation à la sexualité, ce qui a été enlevé par la suite. Il y a eu beaucoup d’opposition mais j’étais ministre de la Condition féminine, donc je travaillais avec le ministre de l’Éducation parce qu’il y avait des gens qui s’opposaient à l’avortement et on en entendait beaucoup parler à cette époque. Beaucoup de groupes religieux s’opposaient aussi au cours qu’on voulait donner. Je les avais rencontrés pour leur dire : Vous ne pouvez pas être contre l’avortement et contre la contraception en même temps. Être contre un cours ou on va donner des outils aux jeunes pour prendre leurs décisions c’était incohérent. J’ai aussi été ministre de la Main-d’œuvre et de la Sécurité du revenu, qui s’occupe entre autres de l’aide sociale et des régimes de retraite publics. J’étais responsable de l’encadrement des régimes publics et privés, incluant les politiques de formation de la main-d’œuvre. En emploi, l’impact considérable était vis-à-vis les jeunes sur le bien-être social, qui avait une allocation beaucoup plus basse que les familles et les adultes, ce qui n’est pas convenable pour vivre correctement. Ces jeunes-là, n’avaient souvent pas fini leur secondaire. Je me disais que dans la vie, sans secondaire, c’était difficile de trouver un travail. J’ai négocié avec Ottawa et on a offert à ces jeunes de retourner à l’école, d’aller faire un stage dans une entreprise ou d’aller travailler dans des organismes communautaires. S’il le faisait, leur prestation était doublée, même plus et leurs frais de transport étaient payés. S’ils allaient à l’école, le matériel scolaire était payé aussi. Ça a été une révolution parce que ça a permis à des jeunes d’avoir une meilleure formation et d’être mieux équipés pour trouver un travail ultérieurement et sortir de l’aide sociale. C’est une mesure dont je suis très fière, qui a continué sous différentes formes. J’ai aussi travaillé beaucoup avec des femmes chefs de familles, monoparentales, qui étaient sur l’aide sociale. On leur a donné accès à des régimes de prêts et bourses et d’aide financière aux études afin qu’elles aient un meilleur revenu. Il fallait être capable de faire garder leurs enfants pour aussi pour retourner à l’école. On a fait une grande réforme de l’éducation, on a changé ce qu’on enseignait au niveau primaire et secondaire, on a mis plus d’heures en français, en mathématiques et en histoire. On a aussi changé les commissions scolaires, qui n’existe plus aujourd’hui. C’est drôle, ce matin, j’entendais parler des supers infirmières à la radio, des infirmières régulières avec une formation plus longue qui permet de soigner des malades, un peu comme un médecin, en allant un peu moins loin. C’est moi qui ai implanté ça au Québec. Les chirurgiens ne veulent pas expliquer aux malades comment manger, comment faire de l’exercice etc. Quand ils ont fait une chirurgie, une infirmière clinicienne spécialisée, formée pour ça, va suivre le malade avant et après l’opération, pour que le chirurgien se concentre sur son opération chirurgicale. Le patient sera mieux aidé et mieux soutenu. Les médecines familiales, c’est à dire des cliniques de médecins avec tout ce qu’il faut, tous les services, pour offrir des soins plus globaux aux patients qui viennent. J’ai fait adopter une loi reconnaissant l’économie sociale quand j’étais ministre des Finances, j’ai permis que les organismes aient accès à de l’argent, à un taux réduit, à de l’argent sans intérêt pour avoir des prêts sur un très long terme pour les aider à mieux implanter leur organisation etc.

Avez-vous siégé sur d’autres comités durant votre enfance où votre adolescence ?

Oui, il y avait à l’époque, une association qui s’appelait la jeunesse étudiante catholique, une organisation qui aidait les jeunes à participer à des activités de réflexion, orientées sur la religion, un peu, mais pas tant que ça. Toute jeune, j’ai participé à un camp, c’était très agréable. Je suis devenue, au niveau secondaire, présidente de ma classe. Finalement, j’ai été membre du Conseil de l’association générale des étudiants de mon école, j’étais secrétaire, de mémoire. Je fais le tour de l’école secondaire pour expliquer comment ça fonctionne le thème était voir jugé agir donc voir une situation juger de la situation et agir pour régler les choses. J’ai aussi été présidente de mon groupe d’étudiants quand j’ai fait mon baccalauréat services social et pendant mes études en hautes études commerciales

Si vous pouviez changer une chose dans votre carrière qu’est-ce que ce serait ?

Je ne sais pas, c’est drôle hein ? Travailler plus fort pour me faire réélire ? Je n’ai pas tout fait parfait et des gestes que j’ai posés, je les ai regrettés par la suite. Je les ai toujours posés de bonne foi, en pensant que c’était ce qu’il fallait faire de mieux, je n’ai jamais essayé de tromper les gens et je n’ai jamais essayé de faire croire à des gens des choses, alors que ce n’était pas ça que je voulais faire. Ça m’a nuit et aider en même temps mais c’est sûr que ça m’a nuit parfois. De dire peut-être trop franchement les choses, mais en même temps je n’aurais pas changé ça. Ce sont les premiers ministres qui nous nomment au ministère, j’aurais peut-être dû dire non et rester par exemple, en éducation, où j’étais en train de mettre sur pied une nouvelle réforme. Les ministres avaient un gros problème avec le ministère de la santé parce qu’il y avait beaucoup de changements à apporter, bien que le Premier ministre qui était là avant, avait fait un beau changement. Il voulait que je quitte l’éducation, le ministère que j’ai le plus aimé, à la tête duquel je me suis senti le mieux, mais j’ai accepté pour servir. Quand un Premier ministre nous demande quelque chose comme ça, soit on accepte, soit on s’en va, ce sont des règles du jeu.

Quel rôle vous avez remarqué avoir eu sur la cause féministe au Québec ?

Je crois que j’ai changé pas mal de choses, entre autres, avec la réforme familiale, j’ai permis à des femmes de réaliser qu’elle pouvait faire plusieurs choses dans la vie. Le modèle aussi que j’ai pu représenter aux yeux de certaines femmes, de penser que c’était possible par exemple, d’avoir des enfants en même temps qu’on était au travail. Moi qui ai été ministre, j’ai eu 4 enfants, dont 3 pendant que j’ai été ministre. J’ai envoyé comme message aux femmes que oui, c’est possible et que rien n’est impossible. Ça ne veut pas dire que ça va être facile et qu’il n’y aura pas d’embuches cependant. L’autre chose ce que j’ai eu comme impact sur les femmes, c’est de les inviter à se faire confiance, parce qu’on est souvent très talentueuses, on a beaucoup de belles expériences qui ne sont pas mises en valeur, parce qu’on pense qu’on n’est pas capable ou qu’on n’est pas assez bonnes. Souvent, les femmes font ça ! Il faut se dire : Je vais essayer puis je vais réussir et si je ne réussis pas, ce n’est pas grave, je vais recommencer.

Pourquoi qualifiez-vous les CPE comme un rêve inachevé ?

Je vais te dire pourquoi, c’est simple, les gouvernements qui ont suivi le nôtre ont changé tout ça et ont fait apparaître des garderies privées à but lucratif. Je ne dis pas que c’est mauvais mais les centres de la petite enfance ont une autre philosophie. Mon rêve inachevé est le suivant : J’aurais souhaité, comme il y a des écoles primaires partout au Québec, des CPE partout aussi. Que dans les centres de la petite enfance, non seulement on allait offrir des services de garde de qualité, éducatifs, on allait aussi offrir aux parents, différents services, par exemple, l’infirmière du CLCS qui viendrait faire les injections pour les enfants, un médecin, un optométriste, un ophtalmologiste, des gens qui répondraient aux inquiétudes des parents sur le comportement de leurs enfants, un psychologue. Cela aurait permis que le CPE devienne un centre multiservice.00 Il y a actuellement le médecin en médecine familiale, docteur Julien, qui crée des centres qui ressemblent un peu à ça. Des centres de psychologie sociale et d’intervention sociale, c’est exactement ce que je voulais, pour que les parents puissent sauver du temps. Si on avait pu concentrer dans le CPE, un tel type de service, ça aurait facilité beaucoup la vie des parents. Malheureusement, les gouvernements qui ont suivi n’ont pas relevé le défi. J’ai proposé au ministre actuel cette idée mais il ne m’a pas redonné de nouvelles, il n’est jamais trop tard pour bien faire !

Si vous aviez un message à dire aux jeunes qui veulent se lancer en politique que leur diriez-vous ?

C’est formidable, vous allez éprouver du plaisir, c’est passionnant, vous allez pouvoir influencer la vie de vos concitoyens pour la rendre meilleure. Imaginez que vous pouvez faire des choses politiques exceptionnelles et que vous avez tout ce qu’il faut. Il y a des gens qui viennent de tous les domaines en politique, on vient de tous les horizons et je pense que de sensibiliser les jeunes à réaliser leurs rêves

Pour vous la persévérance scolaire c’est… ?

Je suis plus que convaincue de ça, parce que la persévérance scolaire, ça veut dire aller chercher ce qu’il faut pour bien vivre, pour mieux vivre dans la vie. Personnellement, mes 4 enfants n’ont jamais décroché mais on les a beaucoup accompagnés, aidés et on a aidé de leurs amis. Au plan de l’éducation, il est prouvé que plus on intervient tôt dans la vie d’un enfant, moins il risque d’avoir des problèmes. On peut détecter ces risques-là, on a des chances de l’influencer de telle sorte qu’on évite qu’ils décrochent, tous les psychologues vous le diront. Quand j’ai fait la politique familiale, j’ai pensé à ça aussi, avoir un impact sur le décrochage scolaire. Tous les enfants n’apprennent pas de la même façon, souvent, il y a une différence entre les garçons et les filles, pas juste culturelles, dans les faits aussi. Il faudrait qu’il y ait des modules de formation qui permettent à chacun d’exprimer ses talents et de le faire à sa façon. Je pense que c’est mieux que c’était à l’école, il y a des voies qui sont offertes et des façons d’apprendre en se mobilisant. Je pense que pour contrer le décrochage scolaire, il faut lutter contre la pauvreté, parce que souvent des enfants vont vivre dans des milieux, sans blâmer les parents, où leur situation ne leur permet pas de prendre soin de leur enfant, de les suivre, de les aider, de les accompagner. J’ai toujours dit à mes enfants que l’important c’est de pouvoir choisir dans la vie, ce que vous allez vouloir faire et les aimer. Pour ça, il faut aller à l’école et aller obtenir son diplôme, peu importe lequel. On a besoin de tous les corps de métiers, c’est de choisir des choses que vous allez aimer faire, tous les métiers sont bons, il n’y a pas de sous métier. Je donne des cours à leadership et je finis toujours de la même façon : Aimez ce que vous faites parce que si vous n’aimez pas ça, vous ne serez pas bon et vous allez nuire à l’organisation dans laquelle vous vous trouvez. Je comprends que parfois on n’a pas le choix, qu’il faut gagner sa vie, qu’on a une famille et des obligations, mais il faut trouver un travail qui va vous satisfaire dans lequel vous allez vous réaliser de toutes sortes de façons.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes du centre du Québec ?

D’abord il faut être fier de notre région, d’où on vient, il faut donc s’engager et s’investir un peu. Le Québec est exceptionnel, chaque région à ses caractéristiques. Nos régions sont belles, il y a toujours des choses intéressantes à y faire. On a de plus en plus d’espaces culturels où on peut recevoir des artistes, c’est souvent dans les régions où il y a moins de monde que c’est plus facile d’organiser des activités. Ce que je vous dis c’est : Aimez votre coin de pays et occupez-vous-en pour l’habiter, pour occuper le territoire et inviter des gens à venir vous voir c’est tellement beau. Parfois je me désole de voir les nouveaux arrivants au Québec s’installer à Montréal. Si on pouvait les emmener vivre ou voir toutes les régions du Québec, il me semble que ça changerait un petit peu leur goût de s’intégrer, peut-être ailleurs qu’à Montréal.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans la municipalité ?

Je leur dis bravo, c’est formidable, vous êtes des citoyens de demain, vous êtes déjà des citoyens. C’est très important, plus on comprend les mécanismes de prise de décisions, les choix qui se font, les projets qui se développent, plus on devient habile et plus on a le goût d’en faire davantage. Peut-être qu’un jour vous serez élu à votre mairie, comme mairesse, comme conseillère ou conseiller ou encore comme député, peut-être que vous occuperez une fonction dans d’autres institutions. En vivant des expériences comme celle-là, ça vous forme ça vous rend des meilleurs citoyens

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et les cigarettes et la vapoteuse ?

Ce sont les enfants qui m’ont fait arrêter de fumer, j’ai fumé longtemps, je ne fume plus depuis très longtemps maintenant. Je trouve ça un peu dommage mais je pense que ce sont les campagnes de sensibilisation et d’information qui peuvent aider le plus. Ce sont souvent les camarades qui sont le mieux placés pour faire ça, qui ont plus d’influence sur les amis.

Quelle importance doit-on apporter à l’activité physique?

Pour moi, c’est très important parce que ça permet une meilleure qualité de vie si on se tient plus en forme. Notre corps vit mieux, on peut mieux profiter de la vie, faire des activités de plein air. Je vais vous révéler que moi-même, je fais de l’activité physique depuis maintenant 20 ans peut-être même 25 ans. Je n’en faisais pas beaucoup avant, je jouais au ballon-balai, au baseball, je faisais du patin, du vélo et j’ai arrêté pour finalement reprendre l’exercice tous les jours depuis au moins 25 ans. C’est une discipline que je me suis donnée : 15 minutes d’exercice physique et 30 minutes de marche par jour, quand j’ai la chance je marche plus longtemps.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis ainsi que les effets négatifs ?

C’est un sujet un peu difficile à traiter mais je vais vous dire que je pense qu’il valait mieux la légaliser, puisqu’on pénalise et qu’on criminalise des gens. Cela dit, ça reste une drogue, si elle est bien encadrée, elle peut avoir des effets positifs. On le voit sur l’effet de la santé lorsque le cannabis est consommé de façon médicale. Ça reste que la consommation, surtout la surconsommation est néfaste, tout comme le beurre, ça crée des habitudes et ça va finir par avoir des impacts. Il faut vraiment l’encadrer et qu’il y ait des campagnes d’information pour que ça ne devienne pas une habitude, on devrait resserrer un peu l’encadrement, selon moi.