Entrevue avec Jocelynn Bédard, maire de Notre-Dame-de-Lourdes, réalisée par Océane Bélanger et Elizabeth Simoneau, du Comité 12-18 de Notre-Dame-de-Lourdes.
Pouvez-vous nous expliquer quelle entreprise la municipalité de Notre-Dame-de-Lourdes a pris en charge ?
La municipalité a pris en charge une entreprise très importante. Il y avait un dépanneur sur le coin de la route et de la rue Principale à Notre-Dame de Lourdes qui a fermé. La municipalité a acheté le bâtiment du dépanneur.
Quelles sont les raisons qui ont poussé la municipalité à reprendre cette entreprise ?
Les principales raisons, la première c’est qu’il faut comprendre que la municipalité elle-même ne peut pas ouvrir un dépanneur. Nous n’avons pas ce droit. Mais on avait des gens, qui sont bénévoles faisant partie d’un comité qu’on appelle un comité de développement, prêts à s’impliquer dans ce projet. Eux avaient le droit de s’occuper du dépanneur, de le prendre en charge. À partir de là, on s’est dit : « C’est impensable qu’une municipalité comme Notre-Dame-de-Lourdes, qui augmente en population, n’ait pas de dépanneur ». Alors pour les familles de Lourdes, on a décidé avec le Comité de développement d’exploiter ce dépanneur là pour pouvoir garder notre monde chez nous. Plus le temps passe, plus on voit des jeunes comme vous qui s’impliquent, qui travaillent. Alors on s’est dit que c’était impossible qu’on ait pas de dépanneur. C’est pour cette raison que nous l’avons gardé, soit pour donner un service à la population.
Quels types de métiers peut-on y retrouver ?
Dans ce type d’entreprise, il y en a quelque uns ! On peut faire de l’administration, pour être gérant(e), et il faut avoir des études en administration. Il faut être capable de faire de la comptabilité. Ensuite le marketing ! Il faut que cette personne ait une base en étude de marketing pour être capable de vendre le produit. Elle doit aussi avoir une certaine formation en RH (Relations Humaines). Elle devra gérer les employé(e)s. Les employé(e)s eux, comme le ou la gérant(e) doivent aimer travailler avec le public. Il faut une aptitude spéciale pour être capable de bien servir le client. Il faut être gentil et accueillant quand on travaille dans un dépanneur pour bien l’exploiter. Ce sont les qualités premières pour être capable de travailler dans un commerce comme ça.
Quelles qualités de base recherchez-vous chez les employés lorsque vous les embauchez ?
La première qualité de base doit être l’honnêteté jusqu’au bout des ongles. L’employé(e) va devoir parfois travailler tout(e) seul(e) au dépanneur, le soir ou le jour, alors ça prend quelqu’un d’extrêmement honnête. Le Comité de développement a investi des centaines de milliers de dollars dans ce commerce. Imagine qu’il donne la clé à quelqu’un en lui disant : « C’est toi qui va gérer mon 100 000$…ou mon 200 000$ ». Donc ça prend beaucoup d’honnêteté pour faire ce travail. La deuxième qualité, selon moi, c’est d’avoir une super de bonne attitude avec le public. Je le dis souvent, mais il faut être gentil si l’on veut que les gens reviennent chez nous ! Si on entre dans le dépanneur et que la personne qui se présente devant nous a toujours un air fatigué, comme si elle n’avait pas dormi de la nuit…c’est pas drôle ! Il faut que l’employé accueille avec un beau sourire et qu’il ou elle soit bien accueillante.
Y a-t-il des réalisations ou des projets dont vous êtes particulièrement fiers ?
Je pourrais t’en parler pendant une demi-heure de temps des projets et des réalisations dont nous sommes contents. Ça fait depuis 2005 que je suis élu à la municipalité. J’ai la chance depuis de travailler avec une équipe de conseillers qui sont là, même avant mon arrivée, et qui sont restés avec moi ! C’est une fierté pour moi d’être capable de travailler avec les mêmes personnes pendant des années et qu’on puisse s’entendre à travailler en équipe comme ça ! Pour parler des réalisations, on a fait une garderie, on a amélioré notre centre communautaire, on a amélioré notre offre de loisir, on s’occupe du service de garde après l’école…Je te le dis, je peux t’en énumérer encore pour une demi-heure ! Je suis extrêmement fier des gens de la municipalité ! Une parenthèse…Je suis allé au terrain de balle dernièrement pour voir jouer les plus jeunes… Pour moi, voir le terrain de balle garni de petits gilets oranges, c’est une fierté ! Voir que l’on est capable de garder ces jeunes chez nous.
Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?
Travailler en région donne la chance de rester dans ton patelin. Quelqu’un qui aime Lourdes et qui se trouve un travail en région, exemple Plessisville ou Princeville, va avoir une chance de rester ici, à Notre-Dame-De-Lourdes. C’est l’avantage ! Autre chose, on est plus proche les uns des autres en région donc on se connait plus… Si on va à Québec, on se connait moins, on connait moins nos voisins…Ici, la plupart des gens se connaissent. C’est rare que l’on est mal pris. Si quelqu’un a un problème, la mentalité des gens de Lourdes ou en région est de s’aider ! C’est pour cette raison que j’aime bien demeurer en région.
Jusqu’où rêvez-vous d’amener cette entreprise ?
Jusqu’où j’aimerais amener cette entreprise ? Là aussi, il y a encore beaucoup de projets ! On pourrait développer des bureaux à côté, on pourrait développer un restaurant si on voulait, on pourrait louer un salon de coiffure, on pourrait louer au Comité 12-18 aussi… Il y a peut-être un grand local au sous-sol (rire) !
Tu sais, je vais appeler ça un bâtiment multi-services. On peut faire oui le dépanneur et autres choses avec !
Pour quelles raisons devrait-on travailler pour cette entreprise ?
Premièrement, c’est chez vous, c’est chez nous, à Notre-Dame-de Lourdes. Quand on vient de Lourdes et que l’on veut travailler pour une entreprise d’ici, il me semble que c’est une fierté ! Et l’entreprise est fière d’engager des gens de Lourdes ! Présentement et dans les semaines à venir, nous allons passer des entrevue (surveillez votre courrier pour les invitations). Le comité responsable va essayer de prioriser les gens de Lourdes pour les encourager. Car il ne faut pas oublier que le bâtiment a été acheté à partir des taxes payées par les gens de Notre-Dame-de-Lourdes. Alors c’est normal de les prioriser.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?
Qu’est-ce qui m’inspire dans la vie ? Comme j’ai mentionné un peu plus tôt, lors de ma visite au terrain de balle, lorsque je vois des jeunes qui sont capables de vivre et de travailler ensemble, quand je vois des jeunes comme vous qui s’impliquent dans des comités pour vous développer vous-mêmes, pour avancer et pour aider à développer l’ensemble de vos connaissances, ça m’inspire beaucoup ! Même si j’ai 64 ans, je regarde aller les 12-18 et ça m’encourage, ça me donne du gaz de continuer moi aussi. J’ai espoir qu’un jour, vous autres, vous allez pouvoir nous remplacer.
Pour vous, la persévérance scolaire, c’est… ?
Écoute…moi j’ai seulement un secondaire 5 et 1 an de cégep. Je ne suis pas un gars qui a fait un BAC. J’ai beaucoup beaucoup d’études dans l’école de la vie. À l’école pour moi, ce fut important parce que je faisais un travail qui me demandait une base. Être capable d’aller plus loin dans ses études, c’est un cadeau que quelqu’un peut se faire. Même moi, avoir eu 2 ans de cégep de plus et 1 ou 2 ans d’université, j’aurais peut-être fait un autre travail aujourd’hui. Il y a des occasions que j’ai manquées à cause de cela. C’est pour cette raison que c’est important d’aller jusqu’au bout de ses études, pour plus de possibilités.
Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?
J’ai un peu de difficulté à lancer des messages aux jeunes parce que je reviens à dire que c’est souvent les jeunes qui nous lancent des messages ! Je vais dire : « Continuez de nous alimenter avec votre énergie ». Ça c’est le message que j’ai envie de vous donner ! Nous, le gros de notre travail, à l’âge où nous sommes rendus, il est pas mal fait ! (Sourire). Alors je m’adresse à vous les jeunes, continuez à vous impliquer, continuez à vous et nous aider comme ça. Je pense que c’est la plus belle action que vous pouvez faire dans votre région.
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
Ça c’est tout un cadeau ! C’est tout un cadeau pour le conseil municipal parce que nous ne sommes pas capables de tout faire. Nous on gère des chiffres, on gère des taxes, des bâtiments. Vous, quand vous vous impliquez (je vois qu’il y a d’autres membres qui font partie de votre comité) et bien vous, vous aidez ces gens-là…Ils ne sont pas nécessairement là aujourd’hui, mais ils vous regardent avec de grands yeux et se disent : Wow! Ils sont bien bons! On aimerait ça être comme eux autres ! » Alors continuez comme ça !
Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?
C’est important !! Regarde, je suis venu vous rencontrer en vélo ! J’ai triché, j’ai pris mon vélo électrique…(rire). Il faut prendre de l’air en tout cas ! Faites de l’activité physique, prenez soin de votre santé. Vous êtes capables de réaliser les projets que vous désirez en prenant soin de vous afin de rester en forme !
Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette/la vapoteuse ?
Ce n’est pas bon du tout ! La cigarette est une méchante drogue. Moi je suis assez réputé pour dire ce que je pense, réputé pour ne pas faire trop de cachette… Même moi j’ai ce problème là. Je fume la cigarette et je vous déconseille totalement de commencer ça. J’ai de la misère à m’en défaire…Alors je suis complètement contre ça !
Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie, les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?
L’effet positif, c’est que l’on a plus à se cacher, ça c’est correct. On a plus à avoir peur d’avoir des amendes et d’être jugés des gens. Ça a enlevé beaucoup de mauvais jugement. L’effet négatif, c’est le danger, comme la cigarette, de prendre l’habitude et d’avoir de la difficulté à s’en défaire.