Entrevue avec Roxanne Bruneau, auteure, compositrice et interprète

Entrevue avec Roxane Bruneau, auteure, compositrice et interprète, réalisée par Émy Roy, Kim et Bianca Pontbriand-Pellerin et Cloé Girard des Comités 12-18 de Tingwick, Notre-Dame-de-Lourdes et L’Avenir.

À quel âge as-tu commencé à chanter ?

À l’âge de 12 ans, j’ai écrit ma première chanson, alors je te dirais que c’est dans ces eaux-là. Je chantais sous la douche et c’est pour ça que mon studio est maintenant dans une douche.

J’ai entendu dire que tu faisais toutes tes vidéos par toi-même. Pourquoi ne pas partager ce travail ?

Au début, j’ai commencé seule parce que je n’avais pas les moyens d’engager une équipe. Ça coûte des sous, les gens font ça de leur vie. Caméraman, preneur de son, éclairagiste, je n’avais pas les moyens de payer tout ce monde-là, alors je me filmais avec mon téléphone. Quand tu fais cela, tu développes une technique. Moi j’aime tout gérer. Alors la seule personne qui m’aide, c’est André, mon caméraman que nous appelons Youtube. Quand je me promène et que je fais des « vlogs », ce qui arrive moins depuis la pandémie, c’est arrivé certaines fois, il était là. Alors c’est la seule personne qui m’aide vraiment. J’aime ça faire le montage, gérer tout ça toute seule.

Du jour au lendemain tu as connu un succès immense qui ne cesse d’augmenter. Crois-tu que tout est allé trop vite ? Si oui, est-ce que tu changerais quelque chose à ta carrière ?

Moi je ne changerais rien. Je pense que chaque truc arrive pour une raison, même si des fois c’est une « bad luck ». Ces «  bad luck » là m’ont emmenée sur des chemins qui m’ont permis de rencontrer certaines personnes, certains événements. Je ne changerais rien. Oui c’est arrivé vite, ça l’air d’être arrivé plus vite que ça l’est en réalité. Ça fait quand même 7 ans que je fais de l’Internet de mon côté. Ça fait 4 ans que je fais de la musique professionnellement. 7 ans c’est un bon bout pareil ! Oui c’est sûr qu’à première vue, si tu m’as connue la semaine passée à la télé, tu peux avoir l’impression que c’est allé vite. Ceux qui me suivent depuis le premier jour où je me déguisais en Tinky Winky sur ma chaîne YouTube, ils savent que ça fait vraiment longtemps.

Si tu avais le choix de faire n’importe quel autre métier, que ferais-tu ?

C’est sûr que ça serait dans le domaine des arts parce que je pense que je ne suis pas bonne dans rien d’autres. Ça serait surement caméraman ou monteuse vidéo, recherchiste sur un plateau de télé. Ce serait en lien avec les arts de la scène et des médias.

Pourquoi as-tu commencé à composer des chansons?

Je n’ai aucune idée ! Je n’avais même pas l’impression que j’écrivais des chansons. J’avais des cours de guitare et je me suis mise à écrire des paroles là-dessus. Je ne me suis jamais levée un matin en disant moi je veux être chanteuse, je vais écrire des chansons. Ça s’est vraiment fait de façon naturelle.

Tu appelles tes fans tes cocos. Pourquoi ce surnom ?

Je trouve qu’appeler le monde des fans, ça fait comme si j’étais plus cool qu’eux autres, alors qu’au contraire. Si ça n’était pas de ces gens-là, aujourd’hui je ne serais pas assis avec vous et je ne ferais pas de spectacles. Je n’ai pas le type de carrière normal. Exemple, une téléréalité t’amène dans le salon des gens. Moi j’ai commencé dans le salon des gens et je suis rendue à la télé grâce aux gens. Je voulais avoir un petit surnom « cute » et « coco » c’est arrivé du jour au lendemain, sans mi attendre. Depuis ce temps ça n’a pas arrêté.

Je sais que tu es très impliquée dans la cause LGBTQ+. Quel est ton principal message pour toutes les personnes pour qui tu es un modèle important ?

Mon message serait de ne pas te stresser pas à trouver ta lettre ou ta couleur sur le drapeau. Tu n’es pas obligé de te mettre une étiquette. Souvent, je vais parler à des jeunes qui me disent moi ça me stresse, je ne sais pas, je me pose des questions… Fais juste vivre. Si demain matin tu es une fille qui tripe sur une fille, tu n’es même pas obligée de dire que tu es lesbienne. Moi ma blonde à 40 ans. Elle n’a jamais sorti avec des filles de sa vie et ça va faire 4 ans que nous sommes ensemble. Elle ne dit pas nécessairement au monde qu’elle est lesbienne, elle sort juste avec une fille. Peut-être qu’après moi, s’il y a un après moi, elle sera avec un gars ou une autre fille. Nous ne sommes pas obligés de nous stresser avec l’étiquette et la couleur qui nous appartiennent sur le drapeau. Si c’est important pour toi, je ne te juge pas non plus. Tu fais les choses comme toi ça te tente, car moi quand je vais me coucher ce soir, ça ne m’empêchera pas de dormir. Alors c’est vraiment de s’écouter et de ne pas se stresser avec ça.

Est-ce que tu veux des enfants ? Si oui, combien ?

Je ne veux pas d’enfants. Ma blonde en a déjà 3 et en avoir d’autres, ce n’est pas dans ses plans. Moi ça n’a jamais vraiment été dans mes plans parce que je suis très carriériste, très travaillante. Avoir des enfants, c’est vraiment un truc de société. Je pense que rendu en 2021, tu peux t’écouter. Moi j’ai peur de « scrapper » mes enfants. J’ai peur de faire des enfants et de ne pas être assez là pour eux, de ne pas leur montrer les bonnes choses et d’engendrer des enfants qui n’ont pas de bons sens. J’aime mieux ne pas me mettre ce stress-là sur les épaules.

Est-ce que tu as des animaux chez toi ?

Il en avait un qui pleurait tantôt et qu’il est en train de mastiquer je ne sais pas quoi. J’ai un chien et un chat.

Félicitation pour tes 100 000 albums vendus ! Avec la musique numérique de nos jours, comment vois-tu la vente d’albums dans le futur ?

C’est une bonne question ! En ce moment, je ne suis pas une experte, en ce moment je touche du bois parce que ça se passe bien. Si l’on revient 20 ans en arrière, les ventes physiques étaient un fiasco. Avant, le monde n’achetait que des albums et ce ne sont des chiffres qui ne faisaient pas de bons sens. 100 000 en 2021 ça n’a pas de sens, c’est complètement fou ! Je me compte vraiment chanceuse. Je pense vraiment que c’est appelé à disparaitre malheureusement, à moins qu’il y aille un revirement de situation, que la mode change. Comme là les vinyles sont très à la mode et tout le monde veut une machine a vinyle. À moins qu’il y ait une tournure dans les événements, je pense vraiment que nous allons vers le numérique.  Ce qui est « cool » aussi, c’est que ma musique voyage en France en ce moment et je ne suis jamais allée en France ! il y a des pour et des contres de chaque côté.

Récemment tu as fait part de ton expérience face à la violence conjugale avec ta chanson « Secret ». Que penses-tu de la situation actuelle et quel serait ton message pour toutes les personnes qui se retrouvent dans cette situation ?

C’est une grosse question qui mériterait une discussion de 3 heures, alors répondre comme ça risque d’être difficile. Ce que j’ai envie de dire aux victimes, c’est que l’on peut s’en sortir, il y a des numéros de téléphone, il y a des endroits où vous pouvez aller. Par contre, c’est dur de dire ça au monde présentement avec le confinement et tout ce qui sort dans les médias. Je peux comprendre les victimes de ne pas avoir envie deparler présentement, parce qu’on dirait que le système n’est pas assez derrière les victimes. C’est sûr que le message d’espoir que j’ai envie de donner, c’est il y a vraiment des numéros de téléphone et je vous le jure que nous pouvons nous en sortir.

Qu’est-ce qui te rend la plus heureuse en ce moment?

Mon Dieu, c’est une grosse question ! Je vais être franche avec vous, je suis le genre d’être humain qui voit le verre tout le temps à moitié vide. Je me lève le matin et je suis déjà marabout. Les petites choses de la vie comme boire mon café froid quand il fait soleil, être relaxe avec ma blonde et le chien, faire des spectacles. Juste une petite vie relaxe me rend heureuse.

Quel a été ton endroit préféré pour chanter ?

Je pense que c’est le spectacle de la St-Jean à Montréal. Il y avait du monde à perte de vue, je n’avais jamais chanté devant autant de monde. Je ne sais pas si ça été mon spectacle préféré, mais c’est le spectacle que je suis sortie de scène la plus fière. Je pensais mourir avant, pendant et un peu après. D’avoir survécu à ce spectacle-là, je suis vraiment, vraiment heureuse.

Comment arrives-tu à gérer ton stress avant un spectacle ?

Je ne gère pas mon stress avant un spectacle… si vous avez des trucs pour m’aider, juste me le dire, ça serait plaisant. Je suis toujours près de la mort. Mon dernier spectacle que j’ai fait c’est à Gatineau, un spectacle acoustique, et juste avant d’embarquer sur scène, j’avais l’impression d’avoir un énorme poil dans le fond de la gorge. J’étais avec mon guitariste en coulisse, il faut embarquer sur scène dans 30 secondes et je dis « Mat j’ai un poil dans le fond de la gorge ». Mat me demande d’où il vient le poil ? Là je suis comme ce n’est pas important d’où il vient le poil, c’est juste que là je vais chanter avec un poil dans la gorge ! Ce sont toutes de petites angoisses qui n’existent pas, comme ça, que je me crée comme une grande fille.

Comment vis-tu la situation actuelle (covid-19) sachant que tu es hyperactive et qu’il t’est très difficile de ne rien faire ? Quelles sont tes occupations et tes projets pour t’occuper un peu ?

D’emblée, je ne peux pas me plaindre. Je sais qu’il y a des artistes qui ont dû retourner travailler. Il y a des infirmières en ce moment qui se battent contre la mort. Moi, je continue à faire des vidéos sur Internet, à faire un peu de télé, un peu de spectacles.  Je te dirais que pour moi, oui c’est ennuyant, mais je ne peux pas me plaindre. Je suis une de celles qui ont été épargnées quand même. Près de moi, personne n’a été malade, tout le monde est en santé.

Comment as-tu trouvé que le chant était une passion pour toi ?

Je l’ai découvert quand un producteur m’a dit on va faire un disque. J’étais tellement gênée de chanter devant le monde que ça ne me passionnait pas. Je le faisais seule chez moi, j’avais du fun, mais je n’étais pas passionnée. J’étais terrorisée de le faire devant des gens. Présenter une chanson, c’est un peu se mettre l’âme à nu devant le monde et dire « aimes-tu ça ? » Je l’ai découvert quand les gens ont commencé à aimer ça. Je pense qu’ils m’ont donné le petit coup que ça prenait pour aimer ça.

Comme tu as dit tantôt, tu fais de l’anxiété et cela fait partie de ta vie. Quel serait ton message pour toutes ces personnes qui en souffrent au quotidien ?

Tu ne vas pas mourir. Je pense que c’est ce que je leur dirais parce que parfois, c’est tellement intense. Tu as l’impression que tu vas mourir. Au début de la covid, quand nous avons été confinés pour la première fois, ça a été long avant les assouplissements. Moi je suis vraiment la fille qui respecte les règles. Je n’ai pas vu personne. J’étais enfermée dans mon sous-sol. À un moment, je me suis dit que peut-être que l’anxiété, tranquillement pas vite, allait prendre de plus en plus de place dans mon cerveau et que je ne serais plus capable de sortir de chez moi. Il y a des gens pour qui l’anxiété n’est pas juste des poils dans le fond de la gorge et des sueurs froides avant d’embarquer sur scène. Ce sont du monde qui ne peuvent même pas sortir pour aller au restaurant. Il y a des degrés d’anxiété et si tu ne prends pas le temps de réaliser que tu en fais, ça peut prendre beaucoup de place. N’hésite pas à aller chercher de l’aide. Souvent, nous allons être gênés, nous allons avoir honte, mais il n’y a aucune raison d’avoir honte. Je pense que tous les êtres humains sur terre font un degré d’anxiété.

Pour toi, la persévérance scolaire c’est quoi ?

C’est dur. Je vous lève mon chapeau ! D’un parce que moi à l’école je trouvais ça vraiment difficile. Si on m’avait envoyée une journée sur deux ou complètement à la maison pour faire l’école, probablement que j’aurais décroché avant. J’ai décroché en secondaire 3 parce que je l’ai redoublé 3 fois. Je pense que c’est parce que je ne voulais pas. J’ai doublé une fois et j’ai décroché à partir de ce moment-là. Je restais parce que mes parents me forçaient à rester et pour vrai, ne faites pas ça. C’est la pire chose à faire ! Je sais que c’est difficile, je sais que c’est poche. Tu es fatigué et des fois tu ne comprends rien, tes parents t’énervent. Au secondaire, c’est le moment où vous avez le plus de questionnements. Vous recevez des formations, vous apprenez à devenir des adultes et là, vous le faites de façon confinée, alors bravo ! Il ne faut vraiment pas lâcher parce que si tu n’as pas de secondaire 5, il n’y a pas grand-chose après que tu peux faire. Ce qui est triste à dire, c’est que quand tu es une fille, c’est pire. Un gars qui a un secondaire 4 peut aller chercher ses cartes de construction. Physiquement oui, certaines filles peuvent le faire, mais moi en secondaire 3, je pesais 110 livres toutes trempées. Alors faire de la construction, ce n’était pas vraiment une option pour moi. De la musique, je suis chanceuse, c’est tombé sur moi comme par magie. Si je n’avais pas eu ça, je serais probablement encore en train de faire de la pizza, au salaire minimum, à devoir choisir si je fais une épicerie ou si je fais le plein de ma voiture. Si je peux vous traumatiser un peu, ne lâchez pas l’école.

Quel message veux-tu lancer aux jeunes de notre région du Centre-du-Québec ?

Je pense que j’ai répondu à deux questions importantes dans la question précédente. C’est vraiment ça mon message. Il ne faut pas lâcher. J’en ai deux ados à la maison et je sais que ce n’est pas facile, même pour la plus jeune qui est super bonne à l’école. C’est plus difficile avec la Covid, les masques. C’est compliqué, mais pour vrai, si je peux vous envoyer un peu d’ondes positives, ne lâchez pas.

Que penses-tu des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je trouve ça « cute ».

Que penses-tu de la relation entre les jeunes et la cigarette/vapoteuse ?

Je pense que pour vous, la cigarette c’est moins « hot ». Dans le temps de mes parents, il y avait des publicités à la télé qui disaient que la cigarette c’était bon. Il y avait des pharmacies et des médecins qui disaient que la cigarette c’était « cool » et que ça réduisait le stress. Après ils ont fait des recherches et ils se sont rendu compte que la cigarette tuait le monde à grands coups de cancer des poumons. Ils se sont retournés et dit que ce n’était pas « cool » et que ce n’était pas bon. La vapoteuse n’a pas tant de règlementation. Le monde fume beaucoup avec ça. J’ai l’impression que dans 20 ans, des chercheurs vont sortir que la vapoteuse fait pousser des yeux dans le front. Oui tu as l’air « cool de puffer » sur ta clé USB, mais ça va probablement causer des problèmes dans le futur. Si tu as le goût d’arrêter, c’est le temps !

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Je n’y accordais pas beaucoup d’importance lorsque j’étais ado. Quand j’ai eu 25 ans, j’avais de la difficulté à monter les marches. J’étais étourdie et le cœur me battait dans la tête. J’ai alors décidé de commencer à m’entraîner, faire du tapis, faire du sport dans mon garage. Je ne suis pas très bonne, mais je le fais quand même. Je pense que c’est quelque chose qui est assez important. En même temps, si au secondaire j’avais eu autant de réseaux sociaux et de trucs à faire assis, probablement que j’aurais continué. C’est sûr que c’est important, mais entre ne pas faire de sport et vapoter, reste assis et arrête de vapoter.

https://www.youtube.com/watch?v=1urqVjr9_Fk


Entrevue avec Rémi Bergeron, propriétaire de Vimetri Productions

Entrevue avec Rémi Bergeron, propriétaire de Vimetri Productions, réalisée par Camille Lambert et Tristan Lyonnais du Comité 12-18 de Ste-Séraphine.

Décrivez-nous votre entreprise.

C’est une bonne question, parce qu’en fait, je fais plusieurs choses dans la vie, je suis travailleur autonome. Je suis un homme d’affaires avec plusieurs volets à son actif : Le premier volet, c’est que j’ai mon entreprise en production vidéo, je fais de la production vidéo, des tournages et du montage pour différents clients. Je suis aussi un investisseur immobilier depuis un peu plus de neuf ans, j’ai 77 locataires qui demeurent dans mes immeubles.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise?

Un mot d’ordre pour moi, c’est la liberté. Je suis libre de temps, libre financièrement et libre de lieux, je veux conserver cette autonomie à tout prix. Quand je confie une tâche à un employé, j’aime pouvoir lui faire confiance et leur laisser une certaine liberté afin qu’ils puissent aller de l’avant, grandir dans l’entreprise et proposer leurs idées eux aussi. C’est important de pouvoir faire confiance à son équipe de travail.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez?

Quand j’engage un employé, je recherche une personne autonome, qui effectue le travail demandé sans que je sois toujours là pour superviser ou accompagner ses actions. Il faut aussi que les employés soient capables de s’adapter aux diverses situations qui peuvent survenir puisque dans mon domaine, les imprévus sont fréquents. Je pense que les futurs travailleurs doivent apprendre jeunes, que quand on effectue un travail, il faut le faire à 100%. Si vous n’aimez pas ça, c’est peut-être mieux de changer et de trouver ce qui vous intéresse vraiment. Comme ça chacun est gagnant et personne ne perd son temps.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région?

Quand j’ai commencé, après mes études, je suis allé à Montréal et j’ai fait six mois là-bas puisqu’en production vidéo, il y a beaucoup plus de possibilités à Montréal. Je suis revenu rapidement au bercail, la grande ville ne me convenait pas. En région, dans mon domaine, il y a moins de compétition et on est plus libre de faire un peu ce que l’on veut et de pouvoir choisir avec qui on va travailler. Souvent, on connait personnellement nos clients, c’est plus facile d’avoir une relation avec eux et ce sont habituellement des relations à long terme qui évoluent dans le temps.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise?

Je n’ai plus autant d’ambition avec mon entreprise qu’avant puisque j’ai la liberté que je voulais atteindre, je voulais pouvoir travailler sur des projets qui me ressemblent et que je peux faire lorsque cela me convient et j’ai atteint cet objectif. Maintenant, j’ai plus des ambitions personnelles comme devenir une meilleure personne, de pouvoir profiter de la vie sans être obligé d’aller travailler à tous les matins. Je me suis rendu compte que ce n’est pas la grosseur de l’entreprise qui compte, mais ce que l’entreprise t’apporte au plan personnel. Si tu es bien quand l’entreprise est petite, pourquoi voudrais-tu la grossir?

Pour vous, la persévérance scolaire c’est…

La persévérance scolaire c’est de ne pas lâcher, évidemment, mais au-delà de ça il y a aussi de trouver sa voie en essayant plein de choses. L’école ce n’est pas nécessairement, selon moi, la seule manière de réussir dans la vie. Si tu continues tout le temps d’apprendre tu trouveras ta voie, c’est ça le plus important au-delà des notes obtenues à l’école.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région?

Ce n’est pas parce que tu es en région que tu ne peux pas réaliser tes rêves, tu n’es pas obligé de partir à Montréal ou à Québec, ou ailleurs dans le monde, pour faire ce que tu as envie de faire. En campagne, on est plus tranquille, plus relax, ono prend le temps de profiter de la vie. Il y a des espaces verts. C’est un mode de vie qui est moins stressant, moins rapide et en plus on n’est pas coincé à perdre du temps dans le « trafic ».

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité?

C’est bien. Moi, je l’ai fait quand même souvent aussi en étant jeune. Ce n’est pas juste de s’impliquer bénévolement, Je pense que le fait de s’impliquer dans toutes sortes de choses, bénévolement ou non, ça nous fait découvrir des choses qu’on n’aurait pas découvertes autrement et ça c’est ce qui nous fait grandir personnellement.

Quelle importance doit-on apporter à l’activité physique?

Je dirais, sans être au « gym » à tous les jours, c’est important d’avoir un mode de vie sain. Je pense que c’est souvent aussi, parce qu’en plus d’aider le corps, ça l’aide l’esprit à se libérer des mauvaises énergies.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette ou la vapoteuse?

Ça c’est non. En fait, avant, je peux comprendre que le monde fumait, que la société fumait, et on n’avait pas les connaissances qu’on avait aujourd’hui. Moi, j’ai toujours dit à un fumeur : « Sors-moi une seule bonne raison pour que tu fumes et j’arrêterai de t’achaler pour que tu arrêtes. » Il n’y en a aucune bonne raison de fumer, c’est tout.


Entrevue avec Gabrielle Monfette, Directrice générale de la Société Protectrice des Animaux Arthabaska (SPAA)

Entrevue avec Gabrielle Monfette, directrice générale de la Société Protectrice des Animaux Arthabaska (SPAA), réalisée par Bianka Pontbriand-Pellerin et Laury Laliberté du Comité 12-18 de Notre-Dame-de-Lourdes.

Depuis combien d’années est-ce que l’Astrolab existe?

L’Astrolab, dédié au public, a été construit en 1996, ça fait 25 ans cette année que l’Astrolab existe. L’Observatoire pour la recherche est au sommet du Mont-Mégantic, il est aussi ouvert au public et il a mené à la construction de l’Astrolab.

Qu’est-ce qui vous a mené à devenir responsable de l’éducation de l’Astrolab?

C’est une belle histoire! En fait, j’ai souhaité venir animer ici un été, à ce moment-là, je cherchais un poste d’enseignant au cégep. Au départ je me suis dit : « Je vais aller animer un été pour acquérir de l’expérience d’enseignement puisque j’ai fait une maitrise sur un sujet qui touche les étoiles et l’astronomie » Finalement, il y a eu un concours de circonstances, un poste de six mois s’est ouvert. Après ça, on m’a gardé ici. Ça fait en sorte que ça fait 20 étés que je suis ici. J’ai fini par y faire ma vie et m’établir dans le coin. Je me considère bien privilégié. Donc, ce sont à la fois des études jusqu’au niveau de la maîtrise et aussi des opportunités qui se sont présentées.

Quelle est la distance entre la terre et l’étoile la plus proche?

La distance entre la Terre et le Soleil, l’étoile la plus rapprochée qui est Proxima du Centaure, c’est à peu près 4,3 années-lumière d’ici. Il faut se rappeler ce qu’est une année-lumière parce que c’est assez abstrait. Dans notre langage, une année, c’est une unité de temps, mais en réalité, une année-lumière c’est une unité de distance. C’est la distance que parcourt la lumière pendant une année à la vitesse de la lumière qui est de dix mille milliards de kilomètres. La vitesse de la lumière, c’est 300 000 kilomètres par seconde. Donc, la vitesse de la lumière, c’est 7 fois le tour de la Terre en une seconde. Imaginez, si ça c’est une seconde, la distance que la lumière va parcourir en un an. Et ça, c’est l’étoile la plus proche, on s’entend. La galaxie, c’est encore plus fou que ça.

L’astronomie vous intéresse pour quelles raisons?

C’est une bonne question, pour beaucoup de raisons. D’abord, je pense que l’astronomie représente le monde qui nous dépasse comme les étoiles et l’univers. Aussi, je suis fasciné envers le mystère de nos origines : Ce qui fait qu’on est ici, que nous sommes huit milliards d’êtres humains, suspendus au milieu des étoiles sur une petite planète bleue, à tourner autour de notre étoile. C’est quand même le plus grand « show » de tous les temps. Puis, à l’intérieur de ces grandes questions-là : « Qui est-on ? D’où vient-on ? Etc. », il y a tous les sujets fascinants de l’astronomie en soit : Les étoiles, les trous noirs, l’évolution de la matière dans l’univers par exemple. Il y a plein de grands mystères au cœur de l’astronomie. Je pense que quand on s’intéresse à l’astronomie et qu’on prend conscience de l’univers, de sa grandeur, du miracle de notre planète dans l’univers, on réalise encore plus le miracle, la fragilité et l’importance de notre planète que lorsqu’on a toujours les yeux dedans et qu’on n’est jamais sorti. Quand tu regardes l’univers et que tu te dis qu’il n’y a pas de biodiversité ailleurs que sur la terre et que nous sommes en train de mettre en péril ce qu’on a chez nous, qui a mis des centaines de millions d’années à se développer, ça fait encore plus mal au cœur. Je dirais que le regard astronomique transforme aussi notre regard sur la Terre, sur la vie.

Pourquoi est-on plus léger sur la lune que sur la terre?

C’est à cause de la gravitation, ce qui fait le poids c’est notre masse en fonction de l’astre sur lequel on se trouve. Plus on se trouve sur un astre qui est massif, plus on va devenir pesant. Comme la lune est moins massive que la Terre, eh bien ça fait en sorte qu’on est plus léger et qu’on peut sauter plus haut sur la Lune que sur la Terre. Si un jour il y a des astronautes qui vont explorer les astéroïdes, c’est tellement petit un astéroïde qu’il faudrait qu’il fasse attention pour ne pas s’envoler dans l’espace, ça va ressembler quasiment plus à de la plongée sous-marine.

Qu’avez-vous observé de plus impressionnant dans le ciel à travers le télescope?

C’est sûr que les anneaux de Saturne, c’est un grand coup de cœur universel, pour tout le monde, que le télescope soit petit ou grand. La première fois que j’ai vu les anneaux de Saturne dans un télescope, c’était une toute petite lunette astronomique et c’est la fois la plus spectaculaire, dont je me rappelle. Je dirais aussi que de voir une nébuleuse comme la nébuleuse d’Orion, qui est un grand nuage de gaz dans lequel les étoiles naissent. De regarder ça dans un télescope, de voir le nuage et de comprendre que des étoiles sont en train de naitre là-dedans et qu’il y a des planètes en train de naitre autour de ces étoiles-là pendant que je suis en train de regarder ça, je trouve ça vraiment fascinant et marquant aussi. C’est un peu comme voir le soleil et la Terre en train de se former il y a quatre milliards d’années. Il y a peut-être des destins, il y a peut-être de la vie qui vont apparaître là-bas un jour. Observer des nébuleuses où les étoiles naissent c’est quand même vraiment spécial aussi. Il y a beaucoup de spectacles à l’œil nu qui sont vraiment incroyables aussi, mais disons que dans un télescope, ce sont peut-être les deux qui m’interpellent le plus.

Est-ce que vous croyez qu’il y aurait d’autres planètes habitables? 

C’est une très bonne question puisque c’est une des grandes questions au cœur de l’astronomie. Même si les astrophysiciens n’en parlent pas toujours, c’est la grande fascination. Jusqu’en 1995, on ne savait pas s’il y avait de la vie sur les autres planètes, les seules planètes qu’on connaissait dans l’univers c’étaient les planètes autour de notre soleil, notre système solaire. Depuis 1995, il y a vraiment une révolution en astronomie, la révolution des exoplanètes. « Exo », ça veut dire « à l’extérieur », donc des planètes qui existent, mais qui tournent autour d’autres étoiles que le soleil. Il y aurait au-dessus de 4000 exoplanètes. On détecte leur présence parce qu’elles font vibrer leur étoile, par exemple, ou parce qu’elles forment une éclipse devant leur étoile. Quand on imagine la galaxie qui a plus de 200 milliards d’étoiles, on peut imaginer qu’il y a au moins autant de planètes. On a détecté un certain nombre de planètes qui sont « Habitables », ce qui veut dire à la bonne distance de leur étoile pour que l’eau puisse exister à l’état liquide, entre 0 et 100 degrés. Avec la technologie d’aujourd’hui comme le télescope spatial James Webb, qui est en préparation depuis 20 ans, va remplacer le télescope spatial Hubble actuel. Il est capable de voir « encore plus loin », puisqu’il va capter plus de lumière. C’est un projet international. Il est sous la responsabilité du directeur de l’observatoire du Mont-Mégantic, René Doyon, qui est aussi chercheur principal pour l’Agence spatiale canadienne. Il a le potentiel d’observer et de détecter directement la lumière d’exoplanètes et des empreintes digitales chimiques. Il faut aussi faire la différence entre détecter de la vie unicellulaire, de la vie simple, et de la vie intelligente. Ça a pris environ à peu près 700 millions d’années pour que la vie apparaisse sur la terre, mais pendant 2 500 000 d’années, il y a eu de la vie unicellulaire.

Est-ce que vous avez fait des études dans ce domaine-là?

Je suis un cas un peu particulier, je ne suis pas un astrophysicien qui a fait de la science d’astrophysique. Je suis un philosophe des sciences, j’ai fait une maitrise en philosophie des sciences. Je n’irai pas aussi loin que les scientifiques dans les calculs mathématiques et tout ça. Cependant, j’ai étudié l’histoire de la science, la méthode scientifique, comment elle est née, comment elle a évolué avec les années, comment elle évolue ou comment elle s’adapte dans différents domaines comme en physique, en biologie ou en psychologie. Quand on devient un scientifique, il faut choisir un domaine et en devenir spécialiste, moi, j’avais le goût de m’intéresser à la science au complet, c’est ce qui m’a amené en philosophie des sciences. Une citation explique bien ma situation: « Quelle est la différence entre un scientifique et un philosophe ? Le scientifique, c’est celui qui sait tout, sur rien et le philosophe, c’est celui qui ne sait rien, sur tout ».

Comment est-ce que les étoiles tiennent dans le ciel?

Eh bien, est-ce qu’elles tiennent ? En fait, la notion de haut et de bas auquel réfère la notion de « tenir », encore une fois, c’est lié à la gravité. Dans l’hémisphère Nord, on tient sur la Terre parce qu’on est attiré vers le centre. Si les gens dans l’hémisphère Sud, en ce moment, qui ont « la tête en bas », eh bien ils ont le même haut et bas, parce qu’ils sont attirés par le centre de la Terre aussi. Mais une étoile c’est attiré par le centre de sa galaxie, une immense ville d’étoiles, qui tourne autour d’un centre. Comme elles circulent à grande vitesse autour du centre de la galaxie, elles ne tombent pas dessus. Elles ne sont pas immobiles, elles sont aussi soumises aux lois de la gravitation.

Pourquoi est-ce que le Mont-Mégantic est un emplacement de choix pour observer le ciel?

En raison de la qualité du ciel étoilé, en effet, quand le site a été choisi pour construire un observatoire dans les années 1970, il y a des gens qui s’étaient promenés partout au Québec avec un instrument pour mesurer la luminosité naturelle du ciel quand il n’y a pas de lune pour découvrir l’endroit où il ferait le plus noir. À part la qualité du ciel, il y a aussi une notion d’accessibilité, comme le télescope a été bâti pour les universités de Montréal et de Laval, pour les étudiants ou les chercheurs, il ne fallait pas que ça coûte une fortune pour s’y rendre.  Le Mont-Mégantic, c’est un endroit où la qualité du ciel est excellente et c’est aussi un endroit qui est à peu près à la même distance de Montréal et de Québec. C’est pour ça aussi qu’on a créé la première Réserve Internationale de ciel étoilé pour préserver cette qualité-là du ciel, dont dépend l’observatoire pour la qualité de ces observations.

L’univers est grand comment?

On n’a pas la réponse à cette question-là. Pour l’instant, on ne sait pas si l’univers est fini ou infini. Un univers infini, c’est assez difficile à imaginer, mais un univers qui serait fini, il finirait où et qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ? On est capable de détecter la lumière de galaxies qui sont à disons12 milliards d’années-lumière d’ici, donc, la lumière qu’on a détectée, qui est rentrée dans nos télescopes, ça veut dire que ça fait 12 milliards d’années qu’elle voyage. L’univers est plus grand que ce qu’on en perçoit. C’est pour ça qu’il y a ce qu’on appelle l’univers observable. Ça c’est celui avec lequel on a reçu de l’information, de la lumière, des particules, sur lequel on est capable de faire une enquête, de l’explorer, mais au-delà de ça, on ne le sait pas.

Si vous en aviez la chance, feriez-vous un voyage dans l’espace?

Ah, c’est drôle. Si tu m’avais posé la question il y a 15 ans j’aurais dit oui. Aujourd’hui, quand on a une famille, des enfants, c’est sûr que ça change un peu. Je veux dire, est-ce que ça vaut vraiment la peine ? Ça dépend du niveau de risque mais c’est sûr que j’aurais vraiment eu le goût d’aller voir la Terre vue de l’espace. Tous les astronautes qui sont allés dans l’espace, qui ont vu la Terre, ça les a vraiment marqués à vie. C’est presqu’une expérience semi-mystique, même pour des scientifiques, ils réalisent à quel point la Terre est fragile.

Qu’est-ce qu’il y aura lorsque le monde ou l’univers sera mort?

On peut imaginer, qu’un jour, il n’y aura plus de nouvelles étoiles qui vont naître. Là, il y a encore beaucoup de gaz comme carburant pour faire naître des nouvelles étoiles. Mais dans des milliards de milliards de milliards de milliards d’années, même les particules vont se désintégrer. Les étoiles vont s’éteindre. Il n’en naîtra plus de nouvelles. Un jour, il va ne rester que des trous noirs, donc c’est un peu ça la mort de l’univers, la mort thermique.

Quel aspect de votre travail vous plaît-il le plus?

De voir les gens s’émerveiller devant la nature et le ciel étoilé. C’est vraiment ma passion et ma mission. Ici, au Mont-Mégantic, c’est ça qu’on fait, connecter les gens avec la nature avec les histoires qu’on raconte au niveau de l’astronomie. Quand ils viennent faire des soirées astronomie, ils voient le ciel étoilé comme il ne l’ont jamais vu. Pour moi, c’est vraiment l’aspect qui est le plus important de voir les gens qui font « wow » devant le ciel étoilé. Avec toutes les menaces qu’on a sur les épaules actuellement, si on veut que le monde change et qu’on fasse plus attention à la Terre et à la vie, eh bien normalement, comme on le dit souvent, on va faire attention à ce que l’on aime. Il faut donc aller créer ce lien-là avec les gens, parce que quand on grandit en ville, si on ne vit jamais d’expériences d’émerveillement ou de connexion avec la nature, c’est beaucoup plus difficile de comprendre et de vouloir la protéger.

Comment les anneaux de Saturne restent-ils en place?

Les anneaux de Saturne, c’est un peu comme des mini-lunes, si on veut, ils sont faits avec des blocs de roche et de glace et on les voit parce qu’ils réfléchissent la lumière du soleil. Ils vont rester autour de Sature pour la même raison que la Lune continue à tourner autour de la Terre ou que la Terre continue à tourner autour du Soleil. Ça veut dire qu’ils sont en équilibre, ils ont exactement la bonne vitesse qui les maintient en équilibre toujours à presque la même distance.

De quelle manière ont été découvertes les planètes et les étoiles?

C’est sûr que les étoiles et les planètes, au sens premier, on les voyait à l’œil nu, donc ça a toujours fait partie de la vie, de l’humanité. La grande aventure a été d’essayer de comprendre ce qu’étaient les étoiles et les planètes. À l’origine, les planètes ont été découvertes parce qu’elles ne se déplaçaient pas comme les autres étoiles et à l’époque, ils ne savaient pas pourquoi. C’est ça que veut dire le mot « planète » en grec « astre errant », parce qu’elles se déplaçaient par rapport aux autres étoiles. Les étoiles, elles ont toujours été là.

Pour vous, qu’est-ce que la persévérance scolaire?

Dans la notion de persévérance, il y a la notion de défi. Quand c’est facile, quand tout va bien, ce n’est pas encore de la persévérance, quand on affronte des défis ou des difficultés un peu plus grandes que ce à quoi on est habitué, je crois que c’est ici que l’on parle de persévérance scolaire. C’est la capacité à ne pas abandonner, à se motiver, à se remotiver quand on a des moments creux ou la capacité d’aller demander de l’aide autour de soi pour rester motivé, pour passer à travers les embuches.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région, les municipalités du Centre-du-Québec?

Wow ! Ce n’est pas souvent qu’on se fait donner cette opportunité-là. Je dirais que, moi, mon message serait de s’émerveiller, de regarder la nature, les gens autour de nous et la vie, de développer et d’entretenir notre capacité d’émerveillement devant le monde, devant la nature en particulier. La capacité d’émerveillement, je pense que c’est quelque chose qui est très nourrissant pour un être humain, parce que ça nous rend heureux, même avec les petites choses du quotidien, qui nous font sourire, qui nous font « tripper », mais c’est aussi cette capacité d’émerveillement-là qui est un peu à la base de la science. Quand on est petit, on s’émerveille devant toutes les petites affaires. Plus on grandit, plus le monde devient une habitude, les choses deviennent ordinaires et on peut facilement oublier que chaque petite chose qu’on fait, chaque respiration qu’on prend, chaque journée qu’on vit, chaque arbre, chaque feuille, chaque insecte, chaque ciel étoilé, c’est un miracle perpétuel qu’on soit en vie.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité?

J’ai une très, très grande admiration et un très grand respect pour les gens qui s’impliquent dans leur communauté, les jeunes en particulier. Je suis fier des jeunes qui font ça. J’aimerais ça faire plus de bénévolat, c’est dans mes valeurs et je n’en fais pas autant que je voudrais. Il faut dire que je travaille trop. Je pense que les jeunes qui font du bénévolat dans leur communauté sont vraiment des exemples pour tout le monde autour d’eux et on en a de besoin. Au-delà des métiers, c’est ce qui fait la force d’une société, ce sentiment communautaire-là. On le sait que dans les sociétés plus individualistes dans lesquelles on vit aujourd’hui, ça devient encore plus important d’avoir des gens qui nous inspirent à donner du temps dans leur communauté, dans leur collectivité. Bravo.

Que pensez-vous de la relation avec les jeunes et la cigarette ou la vapoteuse?

Quand on a des habitudes qui sont nocives pour la santé, c’est sûr qu’on est porté à trouver ça triste, ce sont des habitudes qui ne sont pas bonnes pour notre corps. En même temps, je suis quand même sensible au fait que quand on est adolescent et un peu toute notre vie, on est en quête d’identité et c’est normal, selon les influences qu’on a. Je pense qu’il faut aider les jeunes à développer de meilleures habitudes de vie sans les juger, les mépriser ou les ridiculiser. Ce que l’on doit faire comme « jeunesse », c’est d’apprendre à résister aux mauvaises influences de tout le domaine de la publicité, du marketing et des grandes entreprises. Elles dépensent des fortunes pour nous faire prendre des mauvaises habitudes, que ce soit du gras, du sucre, de la cigarette ou autre chose.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Majeure, c’est super important. C’est sûr, les anciens Grecs le disaient déjà : « Un esprit sain dans un corps sain ». Moi, je suis quelqu’un qui fait la promotion d’avoir un mode de vie équilibré, autant au niveau de l’intelligence, de nos connaissances, autant au niveau de notre corps et du physique, qu’au niveau de nos émotions. Dans la société dans laquelle on vit, l’enjeu de la santé physique est quand même important. L’importance du sport, c’est pour la santé mentale aussi, d’être capable d’exprimer et de sortir le stress.


Entrevue avec Guillaume Bergeron, propriétaire d'Idéal Cargo

Cette entrevue à été réalisée par Vincent Dussault et Yannick Soucy du Comité 12-18 de St-Valère.

Comment décririez-vous votre entreprise?

Chez Idéal Cargo, on est fabricant de remorques. On est situé à Saint-Valère, au Centre-du-Québec. Nous, on est manufacturiers de remorques fermées pour les gens de la construction comme je l’ai dit tantôt. Les gens récréatifs, plombiers, électriciens, charpentiers-menuisiers représentent 80% de tout ce que l’on vend. L’autre 20 % se retrouve aux niveaux récréatif, motoneige, quatre-roues, motocross, « côte-à-côte », moto, etc. Vraiment, je vous dirais, on fabrique des remorques fermées de haute qualité, structure en acier galvanisé. On vend au Québec, par l’entremise de concessionnaires, en Ontario, dans les provinces maritimes jusqu’à Terre-Neuve, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Île-du-Prince-Édouard. On vend tranquillement dans le Nord des États-Unis. Présentement, on a deux clients dans le Maine et un client dans le Vermont. C’est un peu, grosso modo, ce qu’est l’entreprise. Nous comptons 80 employés, usine et bureaux en tout.

Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise?

Des métiers de dessinateur, d’ingénieur mécanique, d’ingénieur industriel, les gens de maintenance au niveau de la robotique, programmeur. On a des journaliers de production. On a des soudeurs, aussi soudeur-monteur. On a des postes d’acheteur. On a des postes d’adjointe administrative. On a des postes de comptabilité. On a des postes au niveau des finances. C’est ça qui est « fun », je trouve, d’être un fabricant, on touche à peu près à tout. On a des achats, on a de la vente, on a de la production, on a de la gestion de dessin à faire, de la gestion de production. C’est ça que je trouve qui est cool d’être fabricant, c’est qu’on ne fait pas juste de la vente. On fait des achats, on fait de la production, on fait du dessin, on fait plein de choses. C’est ça qui est cool. On ne s’ennuie pas beaucoup. On a tellement de choses. Il n’y a pas trop de routine. C’est ça qui est « fun ».

Quelles sont les valeurs de votre entreprise?

On a notre tableau d’entreprise, de vision, mission et valeurs. C’est sûr, comme tu vois, nous autres, intégrité et respect c’est la base. Les employés sont très proches de la direction. Vous voyez, moi, je suis un propriétaire et mes employés, on se côtoie tout le temps, tout le temps, tout le temps. Qu’ils viennent nous voir, on est ouvert sans problème. S’il y a des problématiques ou quoi que ce soit, ils sont les bienvenus à venir nous en parler, à venir dans les bureaux et venir nous parler. Donc, respect, honnêteté, passion et détermination. Nouvellement, aussi, on a décidé d’ajouter l’empathie à nos valeurs. Les gens empathiques, prendre soin de son prochain, prendre soin de son coéquipier, on trouvait ça important comme valeur. C’est une nouvelle valeur qu’on veut intégrer à nos valeurs d’entreprise.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez?

Je vous dirais quelqu’un qui veut toujours apprendre, se dépasser. C’est sûr et certain qu’on gère quand même une production dans l’entreprise. C’est important, comme on dit toujours, de rentrer le matin. Bien oui ! À un moment donné, on a 40 heures à faire, il faut les faire. Je vous dirais que la qualité, ce sont vraiment des gens qui veulent se dépasser. Nous autres, on éprouve du plaisir au travail. Avec nos clients aussi, c’est ça qu’on dit. On veut avoir du « fun » avec nos clients. On veut avoir du « fun » avec nos employés et on veut que nos employés aient du plaisir aussi. On essaie de garder ça dans le plaisir. Après ça, je pense que le reste va bien aller.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fiée?

C’est sûr et certain que ce dont on est fiers, c’est que l’entreprise fête ses 20 ans cette année. C’est sûr que c’est une fierté, 20 ans de production. On a évolué quand même énormément. Il y a 20 ans, quand mes parents ont parti ça, dans le temps, ils sortaient une remorque par semaine, parfois pas, parfois deux. À un moment donné trois, à un moment donné quatre et à un moment donné cinq au fil des années. Présentement, on sort 40 remorques par semaine régulièrement et on a mis de la robotique en place pour nous aider à passer de 40 à 80 remorques par semaine. D’ici un an et demi, il faut être à 80 remorques par semaine. Donc, on veut doubler la capacité de production d’ici un an, un an et demi. Avec tout l’investissement qu’on a fait au niveau de la robotique et tout ça. Je vous dirais que la fierté c’est d’être rendu où on est rendus aujourd’hui. Moi, je ne pensais jamais être rendu où on est aujourd’hui. Si on s’était rencontrés il y a, disons dix ans, jamais je n’aurais pensé être rendu à ce niveau de vente et de grosseur d’entreprise, avec 80 employés. Ça c’est vraiment intéressant. Je trouve que la deuxième usine qui s’en vient aussi ça fait partie de tout ça, l’évolution.

Selon-vous, quels sont les avantages à travailler en région?

En région ? Eh bien, si tu regardes en avant de toi, regardes comment c’est beau. C’est sûr et certain que nous autres, ici, ce qui est plaisant vraiment à St-Valère, un milieu rural. Les champs, tu vois, c’est super beau, le milieu tranquille. Ce n’est pas plus long traverser la ville de Victoriaville le matin que de partir de Victoriaville et s’en venir ici. Traverser Victoriaville le matin, il commence à y avoir du trafic. Tu sais, quand tu traverses la ville, c’est aussi long que de partir de Victoriaville et de s’en venir ici. Je trouve que c’est la tranquillité, moins de trafic. Je trouve ça « fun ». Par rapport à une entreprise, on n’est pas dans un parc industriel non plus. C’est sûr qu’il y a des avantages à être dans un parc, mais l’avantage ici, c’est au niveau des taxes municipales et les choses comme ça qui sont moins élevées ici. On est capable de fonctionner à St-Valère. Tant qu’on va être capable de fonctionner à St-Valère et que la grosseur d’usine nous le permettra, eh bien, on va rester ici. C’est sûr et certain.

Comment se passe une journée de travail pour vous?

Pour moi ? Comme je te dis, ce n’est jamais pareil. Étant donné que moi je m’occupe beaucoup des ventes et du développement des affaires, dans le fond, je suis en contact avec les concessionnaires, nos revendeurs. En étant propriétaire aussi, on s’occupe un petit peu de tout aussi. Donc, on garde un œil sur la production, on garde un œil sur les achats, on garde un œil aussi au niveau des finances et tout ça. J’ai des associés aussi, j’ai mon beau-frère et tout ça. On a mon père qui est aussi actionnaire, mais qui n’est plus là. Il est en pré-retraite, si l’on veut, tranquillement. Une journée de travail, je vous dirais que ce n’est jamais pareil et c’est ça qui est « fun ». Mais, moi, je suis beaucoup occupé avec la clientèle. Les concessionnaires, ouvrir des marchés, ouvrir des concessionnaires, entretenir les relations, ça c’est ce que, moi, j’aime beaucoup faire. C’est mon dada.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

Rencontrer des gens, aller ouvrir des concessionnaires. Moi, aller en Ontario, aller aux États-Unis, rencontrer des nouveaux concessionnaires, des gens qui veulent vendre notre produit, aller rencontrer ces gens-là pour une première fois, aller rencontrer des gens que je ne connais pas, moi, j’adore ça. J’adore ça faire ça.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise?

On est encore jeune. Moi j’ai 36 ans. Présentement, on est rendus à deux usines. On a une nouvelle technologie de remorque aussi qui va peut-être nous permettre d’ouvrir des usines satellites, des usines de fabrication de remorques qui sont un peu plus faciles à monter aussi. C’est sûr que, nous autres, on a une vision sur cinq ans. On a une vision de chiffre d’affaires à atteindre. On a une vision de multi-usines, multi-sites aussi. Donc, c’est sûr qu’on aimerait avoir peut-être des usines, soit dans l’ouest canadien, peut-être aussi un jour aux États-Unis.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise?

Je pense qu’on est une entreprise qui est, de base, familiale. On a des gens avec qui c’est « fun ». Je pense qu’avec la proximité de nos employés, on a des bonnes relations. Nos employés, ce sont comme des membres, un peu, de la famille. Donc, c’est vraiment ça. On a une belle ambiance. Nous autres, quand le Covid-19 nous le permettait, l’hiver, on jouait au hockey avec tous. Eh bien, ceux qui veulent ont joué au hockey avec les gens de l’entreprise. Aux deux semaines, on a des activités. On a un club social. On a des bonis de performance, des bonis de performance aussi au niveau du salaire. On a des salaires aussi qui sont compétitifs et concurrentiels, plus les bonis de performance qu’on a au niveau de la production. Donc, ça commence à être intéressant. De plus en plus, l’entreprise grandit et grossit et on est capable de donner des meilleurs salaires qu’on avait aussi dans le passé et des meilleures conditions aussi qu’il y a 10 ans.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie?

Les entrepreneurs en général. Je vous dirais des gens qui ont réussi, des gens de multi-entreprises. Moi, j’ai fait l’École d’Entrepreneurship de Beauce, en Beauce aussi. Ce sont tous des gens d’affaires qui se rencontrent. Moi, je suis inspiré par des gens qui sont assoiffés d’entreprenariat, par les gens qui « trippent » faire du business. Moi, je m’inspire de ces gens-là. Je trouve ça motivant. Je trouve ça « fun », moi, les gens qui ont du plaisir à être en affaires et, moi, j’ai du plaisir à être en affaires aussi. C’est un défi à tous les jours, mais c’est un défi super « fun ».

Pour vous, la persévérance scolaire c’est…

La persévérance scolaire ? Bien, c’est sûr et certain que la persévérance scolaire je vous dirais que, dans le fond, si tu es capable de persévérer dans ce que tu aimes beaucoup, à un moment donné, ça ne sera même plus de la persévérance. À un moment donné, je pense que vous devez l’avoir, présentement, à votre âge, pour être capable de persévérer un peu. Quand vous allez savoir un peu ce que vous allez faire, ce dans quoi vous « trippez » aussi, à un moment, vous allez choisir quelque chose que vous aimez et dans lequel vous êtes bien, qui vous allume. À un moment donné, ça ne sera plus travailler. À un moment donné, ça ne sera plus de la persévérance, ça va être juste du bonheur à travailler et à faire ce que vous aimez. Moi, je ne travaille pas quand je viens ici. Je parle à mes clients. Quand je vois entrer mes clients, je « trippe ». Mes clients, ce ne sont pas des « chums », des « chums » proches, mais ce sont des relations d’affaire. Je vous dirais qu’à votre âge, c’est important. Persévérance un peu, il y a des journées moins « fun » que d’autres, mais c’est comme ma mère me disait : « Tu es mieux de faire la paix avec le travail tout de suite, parce que tu vas être malheureux, parce que tu vas travailler toute ta vie. » Ma mère m’a toujours dit ça. Donc, faire des devoirs le soir, ce n’est pas si grave que ça. Quand vous allez être plus grands, vous allez travailler et ça va être normal. Donc, il faut juste essayer de trouver un travail dans lequel vous allez être heureux et vous n’aurez pas l’impression de travailler. Vous aurez l’impression d’être dans vos passions et d’être dans vos forces.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région?

Écoutez, moi, je vous dirais de, si vous avez le goût vraiment au niveau de l’entreprenariat de vous partir en affaires. Moi, je vous dis que je ne me verrais pas faire autre chose que ça, être en affaires. Il y a plein d’organismes qui sont là pour ça, vous aider à faire des plans d’affaires, faire des « start-ups », plein de choses pour vous aider à mettre des choses en place. Des plans d’affaires si vous avez besoin de sous pour décoller au niveau des entreprises, des banques, des choses comme ça, ils vont vous aider à faire des plans, des plans d’affaires, des plans financiers aussi et tout ça. Donc, moi, je vous dirais que d’être en affaires, c’est vraiment génial, vraiment super. Je vous dirais que si jamais vous n’aviez jamais eu l’envie d’être en affaires et d’être propriétaires et de créer des choses, je vous dirais de ne pas hésiter.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité?

Eh bien, nous autres, au niveau de St-Valère, Idéal Cargo, on a toujours été à St-Valère. À St-Valère, il n’y a pas beaucoup d’entreprises non plus. Nous autres, on est quand même, je pense, une entreprise bien établie à St-Valère depuis bientôt 17-18 ans. On trouve ça « cool » qu’il y ait des jeunes qui s’impliquent. Nous autres, quand on voit des jeunes qui s’impliquent comme vous autres, nous autres, ça nous donne le goût de vous aider un peu peut-être aussi financièrement, des choses comme ça. Chaque année, comme là, on aide l’école à faire des bacs à jardin pour les enfants de l’école. On a donné un montant d’argent pour aider des jeunes à monter des bacs à jardin. Quand il y a des projets comme ça, au niveau de la municipalité, Idéal Cargo est toujours en arrière de ça. On est toujours prêt à aider. Mes parents ont toujours dit aussi que, quand il y a des demandes de St-Valère, St-Valère est la priorité au niveau des dons et commandites ou des aides financières qu’on est capables d’apporter. Eh bien, on commence par St-Valère. On est à St-Valère, l’usine est à St-Valère et on se doit d’aider la communauté.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette ou la vapoteuse?

Eh bien, écoutes, moi la vapoteuse je connais plus ou moins ça. Je sais qu’il y a des études qui ont été faites… Moi, ce que je trouve de la vapoteuse, c’est que c’est trop nouveau. Les jeunes, vous vous lancez là-dedans un peu. La vapoteuse, on ne sait pas ce que ça va donner. Dans cinq ans, dix ans, on ne sait pas ce qui peut sortir de ça. Les effets secondaires, personne ne les connait. C’est trop nouveau. On peut se réveiller avec des méchantes surprises. Au niveau de la cigarette, écoutes, quand vous allez avoir 18 ans,, c’est un choix de vie. C’est un choix de vie de se mettre ça, de s’empoisonner avec ça dans les poumons. Il y en a qui le font. Il y en a qui ne le font pas.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Ça c’est très, très, très, très important tant qu’à moi. Ça, l’activité physique, ça aide le cerveau, ça aide l’énergie, ça aide tout. Moi, j’ai toujours été quelqu’un qui bouge beaucoup. Je bouge un peu moins avec le Covid-19. C’est un petit peu plus dur et les gyms sont fermés. Je vous dirais que j’ai un petit 15-20 livres en trop présentement. C’est très important. Je suis là-dessus présentement. J’essaie d’aller courir le soir et d’aller au gym le matin. Très important l’activité physique. Ça fait du bien à la tête, à l’esprit, au stress. Très, très, très important. Moi, je mets beaucoup d’importance sur ça.

 

 

 


Entrevue avec Sébastien Giguère, responsable de l’éducation du parc national du Mont-Mégantic et coordinateur scientifique de l'Astrolab

Cette entrevue à été réalisée par Laury Laliberté, Bianka Pontbrilland-Pellerin, Noémie Boutin et Élizabeth Beaudet des Comités 12-18 de Notre-Dame-de-Lourdes et Sainte-Sophie d’Halifax.

Depuis combien d’années est-ce que l’Astrolab existe?

L’Astrolab, dédié au public, a été construit en 1996, ça fait 25 ans cette année que l’Astrolab existe. L’Observatoire pour la recherche est au sommet du Mont-Mégantic, il est aussi ouvert au public et il a mené à la construction de l’Astrolab.

Qu’est-ce qui vous a mené à devenir responsable de l’éducation de l’Astrolab?

C’est une belle histoire! En fait, j’ai souhaité venir animer ici un été, à ce moment-là, je cherchais un poste d’enseignant au cégep. Au départ je me suis dit : « Je vais aller animer un été pour acquérir de l’expérience d’enseignement puisque j’ai fait une maitrise sur un sujet qui touche les étoiles et l’astronomie » Finalement, il y a eu un concours de circonstances, un poste de six mois s’est ouvert. Après ça, on m’a gardé ici. Ça fait en sorte que ça fait 20 étés que je suis ici. J’ai fini par y faire ma vie et m’établir dans le coin. Je me considère bien privilégié. Donc, ce sont à la fois des études jusqu’au niveau de la maîtrise et aussi des opportunités qui se sont présentées.

Quelle est la distance entre la terre et l’étoile la plus proche?

La distance entre la Terre et le Soleil, l’étoile la plus rapprochée qui est Proxima du Centaure, c’est à peu près 4,3 années-lumière d’ici. Il faut se rappeler ce qu’est une année-lumière parce que c’est assez abstrait. Dans notre langage, une année, c’est une unité de temps, mais en réalité, une année-lumière c’est une unité de distance. C’est la distance que parcourt la lumière pendant une année à la vitesse de la lumière qui est de dix mille milliards de kilomètres. La vitesse de la lumière, c’est 300 000 kilomètres par seconde. Donc, la vitesse de la lumière, c’est 7 fois le tour de la Terre en une seconde. Imaginez, si ça c’est une seconde, la distance que la lumière va parcourir en un an. Et ça, c’est l’étoile la plus proche, on s’entend. La galaxie, c’est encore plus fou que ça.

L’astronomie vous intéresse pour quelles raisons?

C’est une bonne question, pour beaucoup de raisons. D’abord, je pense que l’astronomie représente le monde qui nous dépasse comme les étoiles et l’univers. Aussi, je suis fasciné envers le mystère de nos origines : Ce qui fait qu’on est ici, que nous sommes huit milliards d’êtres humains, suspendus au milieu des étoiles sur une petite planète bleue, à tourner autour de notre étoile. C’est quand même le plus grand « show » de tous les temps. Puis, à l’intérieur de ces grandes questions-là : « Qui est-on ? D’où vient-on ? Etc. », il y a tous les sujets fascinants de l’astronomie en soit : Les étoiles, les trous noirs, l’évolution de la matière dans l’univers par exemple. Il y a plein de grands mystères au cœur de l’astronomie. Je pense que quand on s’intéresse à l’astronomie et qu’on prend conscience de l’univers, de sa grandeur, du miracle de notre planète dans l’univers, on réalise encore plus le miracle, la fragilité et l’importance de notre planète que lorsqu’on a toujours les yeux dedans et qu’on n’est jamais sorti. Quand tu regardes l’univers et que tu te dis qu’il n’y a pas de biodiversité ailleurs que sur la terre et que nous sommes en train de mettre en péril ce qu’on a chez nous, qui a mis des centaines de millions d’années à se développer, ça fait encore plus mal au cœur. Je dirais que le regard astronomique transforme aussi notre regard sur la Terre, sur la vie.

Pourquoi est-on plus léger sur la lune que sur la terre?

C’est à cause de la gravitation, ce qui fait le poids c’est notre masse en fonction de l’astre sur lequel on se trouve. Plus on se trouve sur un astre qui est massif, plus on va devenir pesant. Comme la lune est moins massive que la Terre, eh bien ça fait en sorte qu’on est plus léger et qu’on peut sauter plus haut sur la Lune que sur la Terre. Si un jour il y a des astronautes qui vont explorer les astéroïdes, c’est tellement petit un astéroïde qu’il faudrait qu’il fasse attention pour ne pas s’envoler dans l’espace, ça va ressembler quasiment plus à de la plongée sous-marine.

Qu’avez-vous observé de plus impressionnant dans le ciel à travers le télescope?

C’est sûr que les anneaux de Saturne, c’est un grand coup de cœur universel, pour tout le monde, que le télescope soit petit ou grand. La première fois que j’ai vu les anneaux de Saturne dans un télescope, c’était une toute petite lunette astronomique et c’est la fois la plus spectaculaire, dont je me rappelle. Je dirais aussi que de voir une nébuleuse comme la nébuleuse d’Orion, qui est un grand nuage de gaz dans lequel les étoiles naissent. De regarder ça dans un télescope, de voir le nuage et de comprendre que des étoiles sont en train de naitre là-dedans et qu’il y a des planètes en train de naitre autour de ces étoiles-là pendant que je suis en train de regarder ça, je trouve ça vraiment fascinant et marquant aussi. C’est un peu comme voir le soleil et la Terre en train de se former il y a quatre milliards d’années. Il y a peut-être des destins, il y a peut-être de la vie qui vont apparaître là-bas un jour. Observer des nébuleuses où les étoiles naissent c’est quand même vraiment spécial aussi. Il y a beaucoup de spectacles à l’œil nu qui sont vraiment incroyables aussi, mais disons que dans un télescope, ce sont peut-être les deux qui m’interpellent le plus.

Est-ce que vous croyez qu’il y aurait d’autres planètes habitables? 

C’est une très bonne question puisque c’est une des grandes questions au cœur de l’astronomie. Même si les astrophysiciens n’en parlent pas toujours, c’est la grande fascination. Jusqu’en 1995, on ne savait pas s’il y avait de la vie sur les autres planètes, les seules planètes qu’on connaissait dans l’univers c’étaient les planètes autour de notre soleil, notre système solaire. Depuis 1995, il y a vraiment une révolution en astronomie, la révolution des exoplanètes. « Exo », ça veut dire « à l’extérieur », donc des planètes qui existent, mais qui tournent autour d’autres étoiles que le soleil. Il y aurait au-dessus de 4000 exoplanètes. On détecte leur présence parce qu’elles font vibrer leur étoile, par exemple, ou parce qu’elles forment une éclipse devant leur étoile. Quand on imagine la galaxie qui a plus de 200 milliards d’étoiles, on peut imaginer qu’il y a au moins autant de planètes. On a détecté un certain nombre de planètes qui sont « Habitables », ce qui veut dire à la bonne distance de leur étoile pour que l’eau puisse exister à l’état liquide, entre 0 et 100 degrés. Avec la technologie d’aujourd’hui comme le télescope spatial James Webb, qui est en préparation depuis 20 ans, va remplacer le télescope spatial Hubble actuel. Il est capable de voir « encore plus loin », puisqu’il va capter plus de lumière. C’est un projet international. Il est sous la responsabilité du directeur de l’observatoire du Mont-Mégantic, René Doyon, qui est aussi chercheur principal pour l’Agence spatiale canadienne. Il a le potentiel d’observer et de détecter directement la lumière d’exoplanètes et des empreintes digitales chimiques. Il faut aussi faire la différence entre détecter de la vie unicellulaire, de la vie simple, et de la vie intelligente. Ça a pris environ à peu près 700 millions d’années pour que la vie apparaisse sur la terre, mais pendant 2 500 000 d’années, il y a eu de la vie unicellulaire.

Est-ce que vous avez fait des études dans ce domaine-là?

Je suis un cas un peu particulier, je ne suis pas un astrophysicien qui a fait de la science d’astrophysique. Je suis un philosophe des sciences, j’ai fait une maitrise en philosophie des sciences. Je n’irai pas aussi loin que les scientifiques dans les calculs mathématiques et tout ça. Cependant, j’ai étudié l’histoire de la science, la méthode scientifique, comment elle est née, comment elle a évolué avec les années, comment elle évolue ou comment elle s’adapte dans différents domaines comme en physique, en biologie ou en psychologie. Quand on devient un scientifique, il faut choisir un domaine et en devenir spécialiste, moi, j’avais le goût de m’intéresser à la science au complet, c’est ce qui m’a amené en philosophie des sciences. Une citation explique bien ma situation: « Quelle est la différence entre un scientifique et un philosophe ? Le scientifique, c’est celui qui sait tout, sur rien et le philosophe, c’est celui qui ne sait rien, sur tout ».

Comment est-ce que les étoiles tiennent dans le ciel?

Eh bien, est-ce qu’elles tiennent ? En fait, la notion de haut et de bas auquel réfère la notion de « tenir », encore une fois, c’est lié à la gravité. Dans l’hémisphère Nord, on tient sur la Terre parce qu’on est attiré vers le centre. Si les gens dans l’hémisphère Sud, en ce moment, qui ont « la tête en bas », eh bien ils ont le même haut et bas, parce qu’ils sont attirés par le centre de la Terre aussi. Mais une étoile c’est attiré par le centre de sa galaxie, une immense ville d’étoiles, qui tourne autour d’un centre. Comme elles circulent à grande vitesse autour du centre de la galaxie, elles ne tombent pas dessus. Elles ne sont pas immobiles, elles sont aussi soumises aux lois de la gravitation.

Pourquoi est-ce que le Mont-Mégantic est un emplacement de choix pour observer le ciel?

En raison de la qualité du ciel étoilé, en effet, quand le site a été choisi pour construire un observatoire dans les années 1970, il y a des gens qui s’étaient promenés partout au Québec avec un instrument pour mesurer la luminosité naturelle du ciel quand il n’y a pas de lune pour découvrir l’endroit où il ferait le plus noir. À part la qualité du ciel, il y a aussi une notion d’accessibilité, comme le télescope a été bâti pour les universités de Montréal et de Laval, pour les étudiants ou les chercheurs, il ne fallait pas que ça coûte une fortune pour s’y rendre.  Le Mont-Mégantic, c’est un endroit où la qualité du ciel est excellente et c’est aussi un endroit qui est à peu près à la même distance de Montréal et de Québec. C’est pour ça aussi qu’on a créé la première Réserve Internationale de ciel étoilé pour préserver cette qualité-là du ciel, dont dépend l’observatoire pour la qualité de ces observations.

L’univers est grand comment?

On n’a pas la réponse à cette question-là. Pour l’instant, on ne sait pas si l’univers est fini ou infini. Un univers infini, c’est assez difficile à imaginer, mais un univers qui serait fini, il finirait où et qu’est-ce qu’il y a de l’autre côté ? On est capable de détecter la lumière de galaxies qui sont à disons12 milliards d’années-lumière d’ici, donc, la lumière qu’on a détectée, qui est rentrée dans nos télescopes, ça veut dire que ça fait 12 milliards d’années qu’elle voyage. L’univers est plus grand que ce qu’on en perçoit. C’est pour ça qu’il y a ce qu’on appelle l’univers observable. Ça c’est celui avec lequel on a reçu de l’information, de la lumière, des particules, sur lequel on est capable de faire une enquête, de l’explorer, mais au-delà de ça, on ne le sait pas.

Si vous en aviez la chance, feriez-vous un voyage dans l’espace?

Ah, c’est drôle. Si tu m’avais posé la question il y a 15 ans j’aurais dit oui. Aujourd’hui, quand on a une famille, des enfants, c’est sûr que ça change un peu. Je veux dire, est-ce que ça vaut vraiment la peine ? Ça dépend du niveau de risque mais c’est sûr que j’aurais vraiment eu le goût d’aller voir la Terre vue de l’espace. Tous les astronautes qui sont allés dans l’espace, qui ont vu la Terre, ça les a vraiment marqués à vie. C’est presqu’une expérience semi-mystique, même pour des scientifiques, ils réalisent à quel point la Terre est fragile.

Qu’est-ce qu’il y aura lorsque le monde ou l’univers sera mort?

On peut imaginer, qu’un jour, il n’y aura plus de nouvelles étoiles qui vont naître. Là, il y a encore beaucoup de gaz comme carburant pour faire naître des nouvelles étoiles. Mais dans des milliards de milliards de milliards de milliards d’années, même les particules vont se désintégrer. Les étoiles vont s’éteindre. Il n’en naîtra plus de nouvelles. Un jour, il va ne rester que des trous noirs, donc c’est un peu ça la mort de l’univers, la mort thermique.

Quel aspect de votre travail vous plaît-il le plus?

De voir les gens s’émerveiller devant la nature et le ciel étoilé. C’est vraiment ma passion et ma mission. Ici, au Mont-Mégantic, c’est ça qu’on fait, connecter les gens avec la nature avec les histoires qu’on raconte au niveau de l’astronomie. Quand ils viennent faire des soirées astronomie, ils voient le ciel étoilé comme il ne l’ont jamais vu. Pour moi, c’est vraiment l’aspect qui est le plus important de voir les gens qui font « wow » devant le ciel étoilé. Avec toutes les menaces qu’on a sur les épaules actuellement, si on veut que le monde change et qu’on fasse plus attention à la Terre et à la vie, eh bien normalement, comme on le dit souvent, on va faire attention à ce que l’on aime. Il faut donc aller créer ce lien-là avec les gens, parce que quand on grandit en ville, si on ne vit jamais d’expériences d’émerveillement ou de connexion avec la nature, c’est beaucoup plus difficile de comprendre et de vouloir la protéger.

Comment les anneaux de Saturne restent-ils en place?

Les anneaux de Saturne, c’est un peu comme des mini-lunes, si on veut, ils sont faits avec des blocs de roche et de glace et on les voit parce qu’ils réfléchissent la lumière du soleil. Ils vont rester autour de Sature pour la même raison que la Lune continue à tourner autour de la Terre ou que la Terre continue à tourner autour du Soleil. Ça veut dire qu’ils sont en équilibre, ils ont exactement la bonne vitesse qui les maintient en équilibre toujours à presque la même distance.

De quelle manière ont été découvertes les planètes et les étoiles?

C’est sûr que les étoiles et les planètes, au sens premier, on les voyait à l’œil nu, donc ça a toujours fait partie de la vie, de l’humanité. La grande aventure a été d’essayer de comprendre ce qu’étaient les étoiles et les planètes. À l’origine, les planètes ont été découvertes parce qu’elles ne se déplaçaient pas comme les autres étoiles et à l’époque, ils ne savaient pas pourquoi. C’est ça que veut dire le mot « planète » en grec « astre errant », parce qu’elles se déplaçaient par rapport aux autres étoiles. Les étoiles, elles ont toujours été là.

Pour vous, qu’est-ce que la persévérance scolaire?

Dans la notion de persévérance, il y a la notion de défi. Quand c’est facile, quand tout va bien, ce n’est pas encore de la persévérance, quand on affronte des défis ou des difficultés un peu plus grandes que ce à quoi on est habitué, je crois que c’est ici que l’on parle de persévérance scolaire. C’est la capacité à ne pas abandonner, à se motiver, à se remotiver quand on a des moments creux ou la capacité d’aller demander de l’aide autour de soi pour rester motivé, pour passer à travers les embuches.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région, les municipalités du Centre-du-Québec?

Wow ! Ce n’est pas souvent qu’on se fait donner cette opportunité-là. Je dirais que, moi, mon message serait de s’émerveiller, de regarder la nature, les gens autour de nous et la vie, de développer et d’entretenir notre capacité d’émerveillement devant le monde, devant la nature en particulier. La capacité d’émerveillement, je pense que c’est quelque chose qui est très nourrissant pour un être humain, parce que ça nous rend heureux, même avec les petites choses du quotidien, qui nous font sourire, qui nous font « tripper », mais c’est aussi cette capacité d’émerveillement-là qui est un peu à la base de la science. Quand on est petit, on s’émerveille devant toutes les petites affaires. Plus on grandit, plus le monde devient une habitude, les choses deviennent ordinaires et on peut facilement oublier que chaque petite chose qu’on fait, chaque respiration qu’on prend, chaque journée qu’on vit, chaque arbre, chaque feuille, chaque insecte, chaque ciel étoilé, c’est un miracle perpétuel qu’on soit en vie.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité?

J’ai une très, très grande admiration et un très grand respect pour les gens qui s’impliquent dans leur communauté, les jeunes en particulier. Je suis fier des jeunes qui font ça. J’aimerais ça faire plus de bénévolat, c’est dans mes valeurs et je n’en fais pas autant que je voudrais. Il faut dire que je travaille trop. Je pense que les jeunes qui font du bénévolat dans leur communauté sont vraiment des exemples pour tout le monde autour d’eux et on en a de besoin. Au-delà des métiers, c’est ce qui fait la force d’une société, ce sentiment communautaire-là. On le sait que dans les sociétés plus individualistes dans lesquelles on vit aujourd’hui, ça devient encore plus important d’avoir des gens qui nous inspirent à donner du temps dans leur communauté, dans leur collectivité. Bravo.

Que pensez-vous de la relation avec les jeunes et la cigarette ou la vapoteuse?

Quand on a des habitudes qui sont nocives pour la santé, c’est sûr qu’on est porté à trouver ça triste, ce sont des habitudes qui ne sont pas bonnes pour notre corps. En même temps, je suis quand même sensible au fait que quand on est adolescent et un peu toute notre vie, on est en quête d’identité et c’est normal, selon les influences qu’on a. Je pense qu’il faut aider les jeunes à développer de meilleures habitudes de vie sans les juger, les mépriser ou les ridiculiser. Ce que l’on doit faire comme « jeunesse », c’est d’apprendre à résister aux mauvaises influences de tout le domaine de la publicité, du marketing et des grandes entreprises. Elles dépensent des fortunes pour nous faire prendre des mauvaises habitudes, que ce soit du gras, du sucre, de la cigarette ou autre chose.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

Majeure, c’est super important. C’est sûr, les anciens Grecs le disaient déjà : « Un esprit sain dans un corps sain ». Moi, je suis quelqu’un qui fait la promotion d’avoir un mode de vie équilibré, autant au niveau de l’intelligence, de nos connaissances, autant au niveau de notre corps et du physique, qu’au niveau de nos émotions. Dans la société dans laquelle on vit, l’enjeu de la santé physique est quand même important. L’importance du sport, c’est pour la santé mentale aussi, d’être capable d’exprimer et de sortir le stress.


Photo de Félix Auger-Aliassime

Entrevue avec Félix Auger-Aliassime, joueur de tennis

Cette entrevue a été réalisée par Marélya Grenier, Alyson Doucet et Éloyse Marcotte des Comités 12-18 de Ste-Élizabeth-de-Warwick, Lyster et L’Avenir.

As-tu déjà été inscrit dans un programme « sport-études »?

Oui, 2 ans. En fait, moi, j’ai fait toute mon école primaire dans une école publique normale à l’Ancienne-Lorette, près de Québec. Puis après, en secondaire 1, j’ai fait le « sport-études » à l’école Cardinal-Roy, pas loin du centre-ville de Québec. Après ça, j’ai déménagé à Montréal. J’ai fait mon secondaire 2 à l’école Antoine-de-St-Exupéry à Saint-Léonard. J’ai donc fait deux ans de mon secondaire dans deux programmes de « sport-études » différents.

À quel âge as-tu su que tu allais devenir un des meilleurs joueurs?

Tant que tu n’y arrives pas, tu n’es pas sûr. Il n’y a rien qui est garanti, il n’y a rien qui est certain. J’ai toujours voulu, j’ai toujours cru en mon rêve, en mon potentiel, en mes moyens, mais vraiment la certitude est arrivée quand j’y suis arrivé. Quand j’ai gagné mon premier tournoi professionnel, je me suis dit que j’avais vraiment des chances d’être parmi les meilleurs joueurs du monde.

Quand tu avais mon âge, soit 15 ans, étais-tu plus le genre de personne qui était découragée ou la personne qui était en colère lors d’une défaite?

Plutôt en colère, surtout envers moi-même je dirais. En fait, lors de tous mes entraînements, tous mes matchs, c’est rare que j’avais des frustrations envers quelque chose d’extérieur, comme un entraineur ou le public. C’était toujours envers moi. J’étais assez difficile avec moi-même, mais jamais j’avais envie de me décourager, de baisser les bras par rapport à la difficulté.

Quel coup t’a donné le plus de difficulté?

Je dirais mon service. Le service, c’est quand même un coup compliqué. C’est quand même un coup qui demande beaucoup de choses, beaucoup de coordination. Donc, même moi, mon service m’a joué des tours à certains moments de ma saison, à certains moments de ma carrière. Des fois, je connais de très bonnes périodes où je suis un des meilleurs serveurs sur le circuit, et des fois, c’est plus difficile. Ça me donne parfois du fil à retordre.

Quel coup préfères-tu faire?

Mon coup droit. Ça a toujours été un coup naturel pour moi. En fait, quand j’étais enfant, je voulais juste jouer en coup droit, tellement que mon père faisait des entrainements où il fallait juste que je joue en revers pour m’améliorer. C’étaient les pires journées parce que j’avais l’impression que j’étais pourri.

Pendant un match, quand tu te parles mentalement, le fais-tu en anglais ou en français?

En français, tout le temps. En fait, mes entraineurs sont francophones aussi, donc tous mes entrainements se font juste en français. Mes mots clés, mes repères sont en français. Et puis, ça reste que le français, c’est ma première langue aussi. En fait, je me parle toujours en français dans ma tête.

D’où vient cette passion pour le piano?

Elle vient du côté de ma mère. Mon père, c’était plus le côté sportif. Ma mère, c’était plus le côté artistique. Elle m’a introduit au piano quand j’avais sept ans. J’ai pris des cours une fois ou deux par semaine pendant deux ans, Donc j’ai appris à lire la musique et à jouer du piano. Après ça, j’ai continué à en jouer comme passe-temps. Ça vient strictement du côté de ma mère.

Quel joueur t’inspire le plus?

Beaucoup de joueurs m’ont inspiré. J’aurais du mal à en nommer un. Nadal, Federer, tous les grands joueurs de ce monde m’ont inspiré quand j’étais plus jeune et même aujourd’hui encore. Le joueur français Tsonga, qui est métissé tout comme moi, me donnait un bel exemple de quelqu’un qui me ressemblait physiquement. Donc c’était bien de voir ça aussi quand j’étais enfant. J’ai eu plusieurs inspirations dans le tennis.

Quelle est ta plus grande peur reliée au tennis?

Ça serait d’avoir des regrets à la fin de ma carrière. Ça serait, quand j’accrocherai ma raquette, de me dire que je n’ai pas fait tout ce que j’aurais pu faire, que j’ai un peu abandonné ou que je me suis découragé trop vite. Je voudrais avoir le sentiment qu’à la fin de ma carrière, peu importe ce que j’ai fait, peu importe quels tournois j’ai gagné, j’ai maximisé ce que j’avais. Donc ça serait ma peur d’avoir des regrets à la fin de ma carrière.

Comment te prépares-tu physiquement et mentalement avant un match?

C’est sûr que je joue beaucoup sur mes qualités physiques. Donc j’aime bien sentir que je suis prêt physiquement quand j’arrive au match en terme de déplacement et de cardio. C’est sûr qu’il y a de la préparation qui se fait des mois avant le tournoi, mais, juste avant le match, je m’assure d’être bien échauffé. Même que des fois ça va durer trente minutes à une heure avant les matchs. Je vais commencer à m’activer physiquement pour que je sente que, dès que j’arrive sur le terrain, je suis actif, je rebondis et je suis explosif. Mentalement, j’essaie de penser à des choses plutôt positives. J’essaie de mettre de côté tout ce qui est à travailler, tout ce qui est moins bon, tout ce que je n’aime pas de mon jeu ou quoi que ce soit. J’essaie de penser vraiment à ce que je fais bien parce que c’est ça qui va me faire gagner. Des pensées positives et une longue activité, ce sont deux clés.

Quel genre de musique écoutes-tu avant un match?

Je n’écoute pas trop de musique avant un match parce que ça me reste un peu dans la tête. Je préfère être plus dans le calme. Je parle avec mes entraineurs. Quand on arrive trente minutes avant le match, on parle un peu du plan de match. Je n’ai pas trop l’habitude d’écouter de la musique avant un match, même si j’écoute toutes sortes de musique dans la vie de tous les jours.

Quels comportements de tes fans te dérangent le plus?

C’est sûr que, quand il y a un bruit agaçant ou désagréable juste avant de servir, quand c’est vraiment un moment de concentration, c’est dérangeant. Après, une fois que le point est parti, des fois il peut y avoir un bruit que je n’entends pas. Quelqu’un peut s’exclamer dans le public et je ne vais pas trop l’entendre parce que je suis un peu coupé de tout une fois que le point est commencé. Quand tu as vraiment le 5 secondes juste avant de servir où c’est le silence complet, ça j’aime ça. Donc, si quelqu’un fait du bruit en plein service, ça va me déranger, mais je n’ai pas de mauvais souvenir au de mauvaise expérience avec le public en général.

Quels sont les conseils que tu donnerais aux jeunes qui veulent réussir?

Je dirais d’apprendre à se connaitre, d’apprendre ses forces, ses faiblesses, ce qu’il aime. Parce que c’est toujours plus facile selon moi de réussir dans quelque chose qu’on aime vraiment, qui nous passionne, peu importe ce que c’est. Je pense que c’est plus facile de se lever chaque jour et de travailler là-dessus si tu aimes ça. Après, une fois que tu as choisi et que tu es bien, c’est de la persévérance, du travail, de la discipline. Tout le monde va avoir des moments difficiles, des échecs, des défaites, mais si tu persévères et que tu es résilient, ça va te sourire un jour.

Si tu avais à choisir un stade où tu devrais jouer tous tes prochains tournois, lequel prendrais-tu et pour quelles raisons?

S’il y a un public, je dirais Montréal. C’est la seule fois de l’année où j’ai vraiment tout le public avec moi. Je dirais Montréal avec un public. Avec les circonstances, sans public, ça serait un peu différent, mais ça serait vraiment un rêve pour moi de jouer plusieurs tournois durant l’année à Montréal.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est… ?

C’est d’aller au bout de soi-même, peu importe d’où on est parti, peu importe nos difficultés, peu importe nos points forts et nos points faibles. C’est vraiment de maximiser ce qu’on a. Quand tu finis ton parcours scolaire, tu dois te dire “Je ne peux pas me comparer à tout le monde parce que tout le monde a eu son chemin. Moi, je suis content du chemin que j’ai parcouru parce que je suis allé au bout de moi-même.” C’est ça pour moi la persévérance scolaire.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Croyez en vos rêves. Moi j’ai grandi à Québec. C’est sûr qu’on connaît tous un peu Montréal: il y a beaucoup de monde, beaucoup d’opportunités, etc. À Québec, des fois le discours c’était “Ouais, mais ça n’arrive pas aux gens de la région”. Même là encore, Québec c’est pas vraiment une région, mais je dirais que tout le monde peut y arriver. La réussite, ce n’est pas seulement pour les gens des villes, c’est pour les gens de toute la province, de tout le pays. Donc, croyez en vos rêves et abandonnez pas.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je trouve que c’est une très belle chose. Je pense que tout le monde peut le faire un peu à sa façon, à son propre degré. J’ai un peu cette philosophie de dire que, si tu redonnes à quelqu’un, que ce soit un ami, un collègue ou quelqu’un dans ta famille, tu l’aides un peu dans sa vie. Un jour cette personne-là va redonner à quelqu’un d’autre. Donc, c’est un beau cycle de redonner aux gens de sa communauté, d’élever un peu le niveau de tout le monde pour que tout le monde soit de mieux en mieux autour de soi. En plus c’est une belle énergie, donc je suis très content à chaque fois que je vois des gens qui aident bénévolement.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

Moi, c’est ma profession. Mon corps, c’est un peu mon outil de travail. Si je me blesse un poignet, je suis dans le trouble, donc il faut que je fasse attention. Par contre, je pense qu’on sous-estime l’activité physique pour tous. Il faut penser à long terme pour se sauver une opération ou un problème de santé plus tard. L’activité physique, ça doit faire partie de notre quotidien, chacun à son rythme, chacun à sa façon. Je pense qu’on a tous les moyens de faire une petite activité physique et que c’est une belle habitude de vie. Il y a beaucoup de bonnes choses qui sont mises en place dans les écoles de la province pour ça et les jeunes ne doivent pas lâcher. C’est très sain pour leur corps et pour leur vie.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette/la vapoteuse ?

Je n’ai jamais été un grand fan de ça… je pense que vous l’avez peut-être deviné. On connaît les dangers, on sait ce que ça fait. C’est sûr que des fois, ça peut donner envie parce que c’est un peu un style et parce que d’autres le font. Je pense qu’au final, c’est peut-être ceux qui ne le font pas qui sont les gagnants parce qu’ils protègent leur santé future, leurs poumons, leurs organes. Donc, je pense que les vrais gagnants sont ceux qui ne se laissent pas influencer par les autres.


Photo d'André Lamontagne et les jeunes de Partenaires 12-18

Entrevue avec André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation

Cette entrevue a été réalisée par Rosalie Bousquet et Zachary Lahaie des Comités 12-18 de L’Avenir et Ste-Clotilde-de-Horton.

Comment étiez-vous à l’adolescence ?  

Comment étais-je à l’adolescence ? Je viens d’une famille de cinq enfants. J’avais 3 frères et une sœur. J’étais l’avant-dernier. Je te dirais que j’étais un petit bonhomme curieux, qui aimait jouer dans divers sports. À l’école, ça allait bien. Je n’étais pas de trouble, même si un petit garçon énergique, énergétique.

J’étais impliqué dans les sports à l’école. Après cela, nous à l’époque, je ne sais pas si cela existe encore à l’école, il y avait les brigadiers.  Par la suite, je me suis présenté, on appelait cela les échevins à l’école. Par la suite, dans les activités sportives.

Dans quel milieu familial avez-vous grandi ?

Bien écoute, j’ai grandi dans une famille où mon père était quelqu’un en affaires. Nous étions cinq dans la famille. Une famille qui était à l’aise financièrement, de sorte que, sans avoir beaucoup de choses, je n’ai jamais manqué de rien. Puis dans notre famille, mon père avait sept frères et sœurs. Il y en avait plusieurs qui avaient des enfants et on restait tous à St-Félicien au Lac-Saint-Jean. Je viens du Lac-Saint-Jean. Juste notre communauté familiale, les cousins, les cousines ont se voyaient souvent, on avait beaucoup d’activités ensemble. Aujourd’hui, on voit cela comme une petite ville, mais à l’époque pour nous, c’était une grande ville. Quand il y avait des activités organisées, on aimait cela aller dans les différentes activités. Il y a aussi à St-Félicien, un jardin zoologique extraordinaire qui vaut la peine d’être visité.  Il y avait Jean un cousin qui travaillait là, alors on aimait aller le visiter. Il y avait une belle vie communautaire autour de la famille, ensuite les amis.

Quel est votre parcours scolaire ?

Mon parcours scolaire, comme j’ai dit, je suis né au Lac-Saint-Jean. Alors j’ai fait ma maternelle, première et deux, trois à St-Félicien. Par la suite, on a déménagé à Québec. J’ai fait mon primaire dans un pensionnat et ça, dans un pensionnat, cela m’avait brassé un petit peu. J’étais habitué avec la famille, les amis, et quand nous sommes arrivés à Québec, j’ai commencé à être pensionnaire. Cela signifie que le dimanche soir, mes parents m’emmenaient à l’école et puis le vendredi, en fin de journée, il me reprenait. C’était comme cela toutes les semaines.  À l’époque, le petit André, quand y voyait le dimanche arrivé sur la fin d’après-midi, il ne commençait pas déprimer, mais cela ne lui tentait pas. J’ai quand même été là 3 ans. J’apprécie. C’était une bonne école, mais j’ai toujours appréhendé mes dimanches après-midi. Je m’éloignais de la famille. Ensuite, j’ai fait mon secondaire à Québec. Je suis allé au Cégep et à l’Université. J’ai gradué en 1982 à l’Université où j’ai fait un baccalauréat en administration des affaires. Puis presque, vingt ans plus tard, je suis retourné aux études où j’ai fait une maîtrise dans un tout autre domaine, soit en psychologie de l’éducation, en relations humaines. Les relations humaines me passionnaient. J’ai découvert aussi, comme les parents nous disaient, qu’aller à l’école est important. Puis finalement, je me suis mis vraiment à aimer cela à la dernière année d’études, à la fin de mon Université. Je ne dis pas que je n’aimais pas l’école, mais c’est là où je me suis le plus engagé, c’est dans ma dernière année. L’école est terminée et je me suis mis à travailler. Quand je suis retourné aux études, vers 40 ans, alors ça été un choix personnel, de passion. Mes deux années que cela m’a pris pour faire ma maîtrise a été pour moi un grand grand cadeau que je me suis fait en retournant aux études. Toutes les choses que je faisais du matin ou soir, c’était d’apprendre, d’utiliser mes connaissances, de développer de nouvelles choses et de partager cela avec des gens qui faisait la même chose que moi aussi aux études. Donc, cela a été pour moi une belle chose. Donc il y a eu une première tranche avant 22 ans et à 40 ans, jusqu’à 42 ans à peu près.

Quel a été votre premier emploi payant ?

Payant ? Je me souviens c’était 2,88$ de l’heure. Je travaillais comme commis dans un entrepôt libre-service où des restaurateurs ou des petits commerces allaient acheter de l’alimentation. Ils allaient acheter une caisse de soupes aux pois, une demi-caisse de quelques choses. Je me rappelle que moi, je les accompagnais. Il y avait de petits chariots et des fois, ils me demandaient « Pouvez-vous ouvrir cette caisse-là! Est-ce qu’il vous reste encore cela, dans l’arrière de l’entrepôt? »  Donc, mon premier emploi payant était à 15 ans. À l’époque, il fallait avoir notre numéro d’assurance sociale et il fallait demander un permis de travail particulier pour travailler à 15 ans. Sinon, c’était 16 ans. Alors, j’avais tout fait mes démarches et j’ai informé mon père que je voulais travailler. Il était bien heureux. C’était un emploi à 2,88$ de l’heure puis 40 heures par semaine, 110 ou 115 $ de paye par semaine environ. Et mon grand plaisir, c’était que cet emploi était syndiqué. Quand on travaillait plus de 40 heures semaine, je gagnais 4,10 $ ou 4,15$ de l’heure. Moi je restais autour pour faire des heures de plus et faire grossir ma paye. Ce fut mon premier emploi payant. À l’époque, je trouvais cela payant, mais aujourd’hui moins payant. Le salaire a augmenté avec le temps et le coût des choses a augmenté aussi. Moi j’ai des souvenirs à cet âge-là, à mon école secondaire, où on achetait un berlingot de lait au chocolat et ça coûtait 0,10$. Moi, j’aimais les Jos-Louis et c’était 0,10$. On achetait de petites barres de chocolat Aero à 0,10$. Il y en avait des plus minces qui coutaient 0,05$. Alors avec un 0,25$, on pouvait s’acheter trois petites, deux petits, une grosse ou deux grosses une petite. On allait loin avec 0,25$ à l’époque.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à faire de la politique ?

Bien moi, très jeune, j’ai commencé à lire, à 12-13 ans. J’ai commencé à lire les journaux à m’intéresser à cela. Moi je suis né en 1960. Dans ces années-là, le Québec a connu beaucoup de changements, une grande transformation, beaucoup d’effervescence. De sorte que dans l’actualité politique, il y avait toutes sortes de choses. Alors à 12-13-14 ans, je me suis intéressé à ça. En fait, je me suis toujours intéressé toute ma vie, beaucoup à ce qui se passait au point de vue politique. Je n’ai jamais milité et je n’avais jamais été membre d’un parti, mais j’ai toujours voté.  La vie a passé et il y a eu un certain nombre d’années où j’étais moins actif dans ma vie professionnelle. Je contemplais plus ce qui se passait au Québec et un jour, j’ai lu un livre. J’ai lu le livre de Monsieur François Legault, aujourd’hui notre Premier ministre.  Il a écrit un livre puis moi je m’intéressais à ce qu’il faisait depuis quelques années. Il faisait un retour et voulait partir un parti politique. Un moment donné, il a créé son parti politique et aussi écrit un livre. Après avoir lu son livre, je me suis dit que je voulais aider ce Monsieur. Je ne voulais pas devenir député, mais faire partie de son équipe, le conseiller. Après avoir décidé cela, je me suis comme endormi et j’ai oublié cela quelques mois. Je suis parti en vacances et j’ai apporté mon livre pour le lire à nouveau. Après cela, je me suis dit qu’il faut vraiment que j’aide ce Monsieur-là. Alors j’ai fait des démarches pour le contacter. On s’est rencontré. Je ne voulais pas être candidat, mais il m’a convaincu de devenir candidat. Je le suis devenu, j’ai été lu une première fois et une deuxième fois. C’est un peu de cette façon que cela s’est passé.

Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce parti ?

Cela faisait des années et des années au Québec que nous étions pris toujours dans la même dynamique. Toujours les mêmes deux parties avec une option qu’on veut se séparer ou qu’on ne veut pas se séparer. Il y avait pour moi des choses qui étaient importantes et un peu laissées de côté. Eh bien, Monsieur Legault avait un plan pour ce qui était très intéressant de faire au Québec. Il voulait aussi sortir de ce débat-là en créant un nouveau parti qui allait prendre la place des autres. Pour moi, c’était comme vraiment de tourner la page sur des années qui ont été bonnes pour le Québec et d’autres moins bonnes. Pour moi, tourner la page sur ce qui avait été fait, puis d’être capable de gérer, générer et créer une nouvelle dynamique était pour moi ce qui m’a amené à me joindre à lui et son projet.

Y a – t-il des réalisations ou des projets avec votre parti dont vous êtes particulièrement fiers ?

Particulièrement fiers qu’on ait été élus au gouvernement! Parce que ce qu’il faut réaliser, ce qui est extraordinaire, c’est qu’on vit dans un système politique qui, traditionnellement, était dominé par deux partis. Le parti pour lequel je suis député, Coalition Avenir Québec (CAQ) a été fondé en novembre 2011. Puis le premier octobre 2018, alors moins de 7 ans plus tard, non seulement il est devenu un parti important, mais le parti au gouvernement. Donc en moins de 7 ans, un nouveau parti qui a été créé au Québec et qui a pris le pouvoir. Bien cela pour moi, c’est une grande réalisation. Ensuite, c’est de prendre cette opportunité-là et de chercher à faire tous les jours de belles choses pour le Québec.

Quel est le plus gros risque que vous avez pris dans votre carrière ?

Mon plus gros risque… Moi dans mes vies passées, j’ai eu des entreprises et j’étais propriétaire de supermarchés d’alimentation. Puis, un jour j’en ai acheté, j’ai fait des changements et c’était une belle réussite. J’ai eu une autre opportunité qui se présentait et je n’étais pas trop certain… Des gens me disaient : « André tu devras pas, c’est périlleux. Tu ne devrais pas. » J’ai pris le risque de me lancer quand même. C’était un commerce qui était dans une zone peu dynamique et qui nécessitait des investissements. J’étais jeune, je n’avais pas d’enfants, ni de conjointe. Alors je me disais que je commence ma vie et je me suis lancé dans ce projet-là. J’ai travaillé fort pendant plusieurs années et au bout de certaines années, j’ai dû fermer. J’avais un autre commerce qui fonctionnait bien et j’en avais acheté un autre, mais lui, j’ai tout fait. Naturellement, cela a représenté des pertes financières importantes. J’ai dû aussi, à des collaborateurs, leur apprendre que leur emploi est terminé. En rétrospectives, je dirais que c’était le plus grand risque que j’ai pris. J’avais conscience qu’il y avait un risque, mais peut-être que si on m’avait dit que le risque était si grand, je ne l’aurais pas pris. Je l’ai pris. En même temps, c’est l’école de la vie. J’ai acquis des connaissances qui m’ont certainement été utiles dans d’autres sphères de ma vie.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez ?

Deux choses : Être près des gens et être avec les gens et le métier de politicien.  Je suis ministre du Ministère l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. Donc à tous les jours, je suis en relation avec des gens. Ils ont soit besoin de collaborateurs ou des gens qui ont besoin de notre aide ou avec qui on veut collaborer. Alors, moi c’est quelque chose que j’aime faire, que j’apprécie beaucoup. C’est un métier extraordinaire pour faire cela. L’autre côté que j’aime, c’est que l’on peut changer des choses.  Parfois, je fais des blagues que si je pèse sur le bouton ça fonctionne, il y a des choses qui se passent. Donc être près des gens et être dans l’action sont pour moi les deux choses que je préfère le plus dans mon travail.

Lorsque vous serez Premier ministre, qu’est-ce que vous changerez ?

Je ne veux pas vous dire un secret, mais je ne serai jamais Premier ministre. Je n’aspire pas être Premier ministre. Mais, par contre, ce que j’encourage de mon Premier ministre est d’être à l’écoute des gens, être sensible aux différentes réalités qui composent notre population et puis avoir du courage. Du courage pour faire du changement, parce que ce n’est pas facile de faire des changements. Il y a des gens qui ne veulent pas que ça change et d’autres oui.  En politique, on veut parfois faire plaisir aux gens et ce n’est pas toujours facile de faire des changements. Avoir de l’écoute, avoir de la sensibilité, du courage et avoir le goût de se lever le matin et d’être de bonne humeur.  Je vous dirais aujourd’hui que mon collègue, mon chef et Premier ministre a des qualités qui ressemblent à cela. Un homme agréable à côtoyer. Je n’ai pas envie de prendre sa place. Je suis heureux d’être un collaborateur pour lui.

Quelle importance accordez-vous à l’environnement ?

J’accorde une grande place. Plus on prend connaissance des traces qu’on laisse. Plus jeune, j’allais dans un camp d’été. Nous partions dans un camping une dizaine de jours. Il y avait un mouvement qui, en anglais, disait : « Leave no traces behind. » Ça veut dire ne laisser pas de traces derrière vous.  Partout où on allait, on faisait un feu, tout dans nos déplacements, il ne fallait pas laisser de traces outre nos pas sur la terre. C’est certain qu’à l’échelle de notre planète, idéalement, ce serait d’avoir une approche comme celle-là. C’est sûr que notre planète a de plus en plus d’habitants. Il faut nourrir ces gens-là, il faut que ceux-ci puissent vivre honorablement, il y a donc une activité économique. L’activité économique laisse des traces sur la planète. Chaque jour, de garder dans ma tête de laisser le moins de traces possible est pour moi quelque chose qui m’habite. Puis, l’idée de protéger nos eaux, notre air, notre sol pour vous autres, pour vos enfants et bien c’est quelque chose d’important à faire. En même temps, on est tout le temps dans la course pour comment on fait pour donner du travail à tout le monde? Comment on fait pour que les gens puissent gagner leur vie honorablement? Quand on s’engage là-dedans, bien on laisse des traces. C’est une équation qui devient difficile à équilibrer. Par contre, je me lève le matin avec l’idée que c’est important pour aider notre planète, pour nos enfants, de faire en sorte que notre planète reste en santé.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est… ?

La persévérance, je la verrai deux façons. Une première chose, je vous dirais que c’est de s’accrocher à notre parcours, s’accrocher à nos études. S’accrocher à ce à quoi on s’est engagé même quand il vente, même quand c’est difficile et même quand on perd de vue pourquoi on fait cela.  La persévérance, c’est d’être résilient, c’est de s’accrocher. La persévérance scolaire, c’est qu’il y a un gain et s’il n’y avait pas de gain à s’éduquer, on n’irait pas à l’école. Quand on va à l’école, on fait des exercices pour notre tête, c’est comme faire de la gymnastique intellectuelle. En plus, on apprend tout plein de choses, on développe aussi une vision du monde, des aptitudes sociales, de communication. La persévérance scolaire aussi c’est un peu une clé. Ce n’est peut-être pas la seule clé, mais une clé importante pour nous aider à aller au bout de notre potentiel et de développer notre potentiel, nos habiletés et nos capacités. D’un côté, c’est de s’accrocher même quand il vente, que c’est plus difficile d’aller au bout de notre parcours.  De l’autre côté, en allant au bout de notre parcours, c’est une clé qui nous permet d’avoir un meilleur accès à tous nos talents, à tout le potentiel qu’on peut utiliser.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région?

Un de s’impliquer et de s’intéresser! C’est sûr que parfois, il peut avoir des gens qui se lèvent le matin tous les jours et disent qu’on va prendre soin des jeunes et on va aider les jeunes. C’est hyper positif. En même temps, moi ce que j’encourage, c’est que chaque matin, vous vous leviez et puis vous cultiviez un intérêt pour ce qui se passe dans votre communauté. Qu’est-ce qui se passe dans notre communauté? Qu’est-ce que les gens de notre communauté font? Comment on peut contribuer? À quoi ressemble notre communauté? Comment les gens s’impliquent et qu’elles sortent d’impulsion les gens donnent à leur communauté?  Si j’ai un message à dire, c’est n’attendez pas que les gens vous impliquent. Cherchez des opportunités de vous intéresser à ce qui se passe chez-vous. Peut-être que vous allez pouvoir influencer au lieu de rester sur le bord de l’autoroute à regarder passer les autos. C’est d’embarquer sur la route et d’arriver à une destination et je pense que c’est un peu ce que vous faites actuellement.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Qu’est-ce que tu en penses avec ce que je viens de dire ? C’est très important. Cela donne un signal. Une façon volontaire de s’impliquer, cela montre qu’on est mobilisé. Il y a un côté entrepreneurial en nous autres s’investissant pour le changement. Ce sont tous des messages que les jeunes envoient. En vous impliquant volontairement dans votre communauté, vous démontrez aussi vos traits de caractère. Cela démontre une capacité de mobilisation, d’autonomie à penser pour eux. Parce que quand on décide un matin qu’on s’intéresse et veut participer, ce n’est pas quelqu’un qui nous prend par la main, ce n’est pas maman et ni papa. C’est parce qu’on a entendu parler de cela à l’école ou bien je veux faire quelque chose. Cela démontre une belle capacité d’autonomie et d’être en mouvement. C’est une grande qualité. Au départ, être autonome et avoir une énergie pour se mettre en action, pour un jeune qui a cela versus un jeune qui a moins ça, au fil des mois et des années, cela fera une grande différence.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

Très grande importance, parce que d’un c’est la santé physique. Surtout aujourd’hui, on vit dans un environnement où ce qui nous est offert à manger rapidement n’est pas nécessairement ce qui est le meilleur pour la santé. On vit dans une société qui nous amène son lot de stress et de tension.  Par le sport, cela nous permet de nous libérer l’esprit et cela nous permet de prendre soin de son corps. Si on pratique des sports d’équipe, cela permet de rire, de s’amuser avec des gens sur une base régulière et c’est plaisant. Cela nous permet d’oublier des situations dans lesquelles on peut être empêtré. Pendant quelques minutes ou heures, on va au bout de nous autres. On pleure, on rit et on s’amuse. L’activité physique, c’est bon pour le cœur, le corps et l’esprit. Parfois, par l’activité physique, on peut se valoriser. Quand on commence une activité, on n’est pas vraiment bon. À force de la faire, on devient meilleur et on développe une estime de soi et une appréciation. C’est très bon pour notre santé en général.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette /la vapoteuse ?

Vous ne parlez pas à la bonne personne. Autant je viens de vous parler de l’importance de l’activité physique, autant pour la cigarette, je vais vous parler comme un vieux mon oncle. La cigarette, ce n’est pas bon pour la santé et on s’entend là-dessus. Quand on est jeune et qu’on commence à fumer pour toutes sortent de raisons qui nous appartiennent, on développe une habitude. Ensuite, c’est difficile de s’en départir. Le vapotage? Je l’associe un peu comme la même chose. On le présente comme venant aider les gens qui fument, mais cela crée aussi une dépendance. Dépendamment de ce qu’ils mettent là-dedans, on s’aperçoit que des entreprises lancent cela sur le marché sans connaître les conséquences. C’est certain que ce sont des corps étrangers qu’on ingère sur une base répétitive.  C’est sûr que pour moi, je ne trouve pas que c’est une bonne idée pour les jeunes de s’intéresser à cela.


Photo de Louis-Félix Taschereau

Entrevue avec Louis-Félix Taschereau, pilote chez Jazz Aviation

Cette entrevue a été réalisée par Alyson Doucet et Anabelle Comtois du Comité 12-18 de Lyster.

Étais-tu bon à l’école?

Oui, je n’ai jamais vraiment éprouvé de difficulté sur le plan académique.

Le mot intimidation te rappelle quoi?

Une époque où j’avais peur d’aller à l’école… Pour vous donner une idée, en quatrième année, j’étudiais la possibilité de faire l’école à la maison à l’insu de mes parents avec la matière disponible sur « Allo prof ». D’ailleurs, un des aspects qui m’as intéressé du CQFA, l’école de pilotage publique, c’est une visite en Secondaire 3. L’école n’était pas bâtie comme une école standard. Les casiers sont à l’écart et les hangars sont des lieux de travail. Je ne m’y suis pas senti comme à l’école et ça été un soulagement pour moi. L’intimidation est un enfer qui fait en sorte que chaque journée est une épreuve à traverser. Pour moi, c’était surtout psychosocial. Je n’ai pas été visé physiquement. C’est une torture à petits feux. Je ne sais pas avec précision pourquoi c’est aussi répandu. Ce n’est pas nouveau, même ma grand-mère, lorsqu’elle était institutrice, devait gérer des cas d’intimidation. J’imagine que le développement émotionnel à l’adolescence y est pour une grande part. J’ai aussi remarqué que même entre adultes, il y en a. Seulement, plusieurs d’entre eux sont mieux équipés pour y faire face. Ils font comprendre rapidement à l’intimidateur que ce n’est pas correct ou ils s’éloignent efficacement de la situation.

À quel point la famille est importante pour toi ?

Très importante! C’est eux qui me supportaient pour passer au travers l’intimidation. C’est une équipe formidable et un atout important. Je me considère chanceux et privilégié d’en faire partie.

La musique a-t-elle une signification pour toi ?

C’est une échappatoire. Je l’utilise pour m’aider à gérer mes émotions. C’est devenu de plus en plus facile avec les services de diffusion en ligne. On choisit le type et la musique est classée automatiquement. De plus, certaines chansons ont des significations particulières c’est certain. Cependant, je suis certain que pour d’autres que moi, elle est encore plus importante

Quelle est l’activité ou moment qui a confirmé ton envie de devenir pilote ?

Devenir pilote s’est imposé de lui-même en entrant dans les Cadets de l’air. Cependant, c’était à l’époque pour le défi personnel. Je ne pensais pas en faire ma carrière. C’est lorsque j’ai commencé la formation en vol, à ma toute première prise de contrôle en planeur le 1er juillet 2014, que c’est devenu clair que je devais en faire mon métier.

T’inspires-tu de quelqu’un? Si oui qui?

Plusieurs personnes m’inspirent. J’essaie de distinguer le pourquoi et d’en retenir le meilleur. Une de celles qui m’inspirent le plus est Jimmy Crawford (St-Pierre-Baptiste). Il était mon moniteur de ski lorsque j’étais enfant. Il a atteint les plus hauts sommets (Niveau 4) de cette profession. Grâce à sa persévérance, il est aujourd’hui pilote pour WestJet, sur le même avion que moi. Je ne savais même pas que c’était son objectif lorsque je suivais des cours de ski! Aujourd’hui, je commence mon Bac en administration pour profiter du temps de confinement imposé par la situation actuelle. C’est la formation qu’il suivait en même temps que ses cours d’aviation.

Qu’as-tu ressenti la première fois que tu as piloté un avion ?

Je parlerais ici du premier vol solo, car c’est la première fois qu’il n’y a pas d’instructeur pour rattraper la balle. C’est semblable à la liberté et à la responsabilité qu’on ressent la première fois qu’on monte à vélo ou qu’on conduit une voiture, mais multiplié par 10! Comme j’étais en planeur, je n’avais même pas de moteur pour me sortir du pétrin. Il fallait que je le pose quelque part et c’était mieux d’être sur la piste. Je ne me serais pas blessé, mais j’aurais brisé le planeur si ça avait été ailleurs. Sauf qu’on nous avait bien enseigné comment, alors je savais quoi faire pour y arriver sans problèmes.

C’est aussi un accomplissement très important. J’étais très fier de moi sur le coup. Je dirais même plus là qu’à chacune des autres petites victoires du parcours, comme ma qualification Q400 par exemple.

Quelle sorte d’avion pilotes-tu (grosseur, nombre de passagers, etc.)?

Je suis sur le Q400 de Bombardier. C’est un avion régional. On peut amener jusqu’à 78 personnes vers leur destination.

Comment te sens-tu en pilotant ?

Très heureux! J’ai toujours hâte d’aller travailler. Mon bureau étant à 18000 pieds d’altitude en moyenne, je n’ai pas à me plaindre de la vue! Les tâches que j’y accomplis ont un sens pour moi. J’ai le sentiment de rendre un service important au gens. Ayant déménagé de Vancouver pour revenir au Québec récemment, je sais aussi que les vols ont une signification pour les passagers, que ce soit pour un voyage personnel ou des raisons professionnelles.

Qu’aimes-tu le plus de ton métier ?

Me promener dans les aéroports! Ça peut sembler étrange, mais même si on ne fait pas de fraudes par chèques comme l’acteur Leonardo DiCaprio dans le film « Attrape-moi si tu peux », les passagers qui nous regardent passer ont tous des réactions uniques. Je me souviens entre autres d’un enfant qui étais très impressionné par ma valise à la file d’attente d’un contrôle de sécurité. C’était tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Je me suis baissé pour lui dire bonjour et lui ai fait mettre mon chapeau de pilote. J’ai fait sa journée! Une autre fois, une dame était certaine que j’étais agent de bord et qu’il était impossible d’être pilote à mon âge. Son « They let kid fly planes! » (ils laissent des enfants piloter des avions!) étonné valait au moins 1000$ quand je lui ai montré ma licence.

Quels sont les défis que tu as rencontrés dans ce métier ?

C’est énormément d’adaptation. Chaque vol est différent. Il faut non seulement s’adapter aux changements d’horaires, de porte de départ, de météo, de procédures, de routes, de contrôle aérien, mais aussi de ne jamais ou presque dormir dans le même lit. Par exemple, même si on reste 2 soirs dans le même hôtel, on n’y laisse pas nos valises, au cas où notre destination venait à changer. De plus, comme Premier Officier (Copilote), il faut s’adapter aux diverses personnalités des Commandants pour que le travail d’équipe soit bien maintenu à bord.

Quel est ton passe-temps favori quand tu n’es pas en train de piloter un avion de Jazz?

J’aime beaucoup le graphisme. Je réalisais des affiches pour les télévisions, des casiers lorsque j’étais à la Polyvalente. L’hiver, c’est le ski qui a ma préférence.

Es-tu fier de ce que tu es devenu ?

Oui et plus encore de ce que je vais devenir. « Watchez moi bien aller ! » Ma maxime dans l’album des finissants était que « l’important ce n’est pas d’arriver, mais d’aller vers » par Antoine de St-Exupéry. Alors je continue d’aller vers!


Photo de François Legault, Éric Lefebvre et les jeunes de Partenaires 12-18

Entrevue avec François Legault, premier ministre du Québec

Cette entrevue a été réalisée par Corine Bradette, Molee Robidoux, Maxim Normand, Rosalie Fouquet, Mathieu Champagne et Cédric Ouellet des Comités 12-18 de Notre-Dame-de-Lourdes, de StLouis-de-Blandford, de St-Valère, de L’Avenir et de St-Albert.

Comment étiez-vous à l’adolescence ?

Comment j’étais à l’adolescence ? On a combien d’heures pour répondre à ça ? J’étais quand même un jeune sérieux, parfois même trop, parce que ma mère était sévère. En fait, elle l’est toujours, mais moins aujourd’hui. Elle est encore vivante et elle a 91 ans. Pour elle, c’était très important d’étudier, donc j’ai beaucoup étudié. Chez nous, il fallait être dans les premiers de classe. Je n’ai pas fait de sport autant que j’aurais voulu, mais je me suis repris plus tard. Je me suis marié, j’avais 32 ans. Entre 20 et 32 ans, j’ai joué beaucoup au tennis, au golf et au hockey. J’ai fait beaucoup de sports, mais ce que je pense qui est important, c’est d’avoir un équilibre. Être capable oui, d’être sérieux dans les études, mais aussi de s’amuser avec ses amis et de faire du sport. Moi j’étais peut-être, c’est rare qu’on dit ça, trop aux études. Je ne dis pas que ce n’est pas important. C’est très important, parce que quand on étudie beaucoup, après c’est plus facile de poursuivre ses études. On développe ainsi des facilités à étudier. Mais honnêtement, je ne savais pas que j’irais en politique. C’est très difficile. Je suis certain que vous autres, vous vous demandez : « Qu’est-ce que je veux faire dans la vie ? » Et moi, je regarde mes deux garçons de 25-27 et je pense qu’ils ne savent pas encore ce qu’ils veulent faire. Ils ont fait comme leur père, ils ont étudié en administration, mais présentement ils ne sont pas sûrs qu’ils aiment ça. C’est très difficile de savoir ce qu’on veut faire quand on est jeune, rendu à 16 ans, et de choisir ce qu’on va faire au CÉGEP. J’aimais la psychologique, les mathématiques, j’aboutis en administration et je suis rendu en politique. Je n’ai pas étudié en politique. C’est très difficile de savoir, mais en même temps, c’est tellement important de découvrir sa passion. C’est sûr que nous autres, les garçons, quand nous étions jeunes, notre passion, c’était beaucoup le sport. Il faut se trouver un travail passionnant, parce que vous allez travailler jusqu’à 65-70 ans, donc c’est beaucoup de temps à passer. C’est très important de :

1 : étudier pour avoir un travail qu’on aime

2 : avoir à côté des passe-temps et des passions. Ça peut être les arts, les sports, ou toutes sortes de choses. Mais c’est à l’adolescence qu’on commence à se poser ces questions-là. Mais ne vous en faites pas, si vous vous posez ces questions-là, moi aussi je me les ai posées longtemps.

En résumé, j’étais un élève et un adolescent sérieux. J’avais une mère très sévère. Elle dit que ce n’est pas vrai aujourd’hui, mais moi je m’en souviens.

Quels sont vos loisirs en dehors de votre rôle de Premier Ministre ?

J’aime beaucoup jouer au tennis avec mes 2 fils de 25 et 27 ans. Mais le loisir le plus agréable, c’est de souper le vendredi soir avec des amis et de jaser de tout sauf de politique. Je suis marié depuis 30 ans avec la même femme. Alors sortir au restaurant juste nous deux et être capable de prendre, de temps en temps, des petites vacances à l’extérieur, c’est important. Nous sommes allés en Floride au début du mois de janvier. Ça fait du bien de se changer les idées et de lire un peu. J’aime beaucoup lire, je suis quelqu’un qui lit beaucoup. Avant de me coucher, j’ai besoin de lire 30 à 60 minutes. Mes garçons font ça également, car Isabelle et moi, on faisait ça quand on les mettait au lit. On leur faisait la lecture jusqu’à ce qu’ils soient capables de le faire eux-mêmes. Si je ne lis pas avant de me coucher, je m’endors moins vite ou moins bien. Si vous calculez ça, 30 à 60 minutes par soir, au bout d’une semaine, j’ai lu un livre. Je peux lire une cinquantaine de livres par année. Quand j’aime un livre, je le publie sur ma page Facebook ou mon compte Twitter. J’explique les raisons pour lesquelles je l’ai apprécié. Quand je n’aime pas un livre, je ne dis rien, car je n’aime pas ça la chicane ! Donc lecture, sports, les amis et tennis.

Quel est votre parcours scolaire ?

J’ai tout d’abord étudié en administration à l’école des Hautes Études Commerciales à Montréal. J’ai été comptable agréé, aujourd’hui on dit CPA (comptable professionnel agréé). J’ai alors commencé à travailler dans un bureau de comptables. J’ai également étudié le soir pour un MBA (Maîtrise en administration des affaires). C’est difficile d’étudier le soir, ça m’a pris 5 ans. Ce n’est pas plaisant, car le jour tu travailles et le soir, tu as tes cours ou tu étudies. Les fins de semaine, tu te sens toujours coupable, car tu as un travail à faire. Quand je travaillais dans le bureau de comptables, j’ai un client qui est venu me voir et qui voulait se partir une compagnie aérienne. Je l’ai aidé à partir sa compagnie et je suis allé travailler pour cette compagnie qui s’appelait Nationair. Ensuite, je suis allé travailler pour une autre compagnie aérienne qui s’appelait Québecair. Plus tard, avec des associés, j’ai parti ma propre compagnie aérienne qui s’appelle Air Transat où j’ai travaillé pendant 10 ans comme président. Ensuite, je me suis tourné vers la politique. J’ai commencé avec M. Lucien Bouchard, comme Ministre Industries Commerces, qui est maintenant Ministre de l’Économie. Ensuite, j’ai été Ministre de l’Éducation, Ministre de la Santé et après, je me suis retrouvé dans l’opposition. J’ai ensuite lancé avec d’autres députés, la Coalition Avenir Québec (CAQ), un nouveau parti. Depuis 1 an et demi, je me suis fait élire et je suis maintenant Premier Ministre. Je sens par contre que ça met trop de pression à mes fils. Oui j’ai travaillé fort, mais il y a toujours une partie de chance là-dedans. Nous ne sommes pas obligés d’être président d’Air Transat et Premier Ministre pour vivre sa vie. L’important, c’est de faire ce qu’on aime. Les moments les plus importants, c’est souvent en famille. Passer du temps avec mes 2 garçons, l’un d’eux a une amoureuse. Aller souper avec eux et ma femme, tous les 5, c’est un grand bonheur dans ma vie.

Quel a été votre premier emploi payant?

Mon premier emploi payant, j’avais 14 ans et je livrais le lait. Je viens de St-Anne de Bellevue. Il y avait beaucoup de chiens et je me suis fait mordre souvent en faisant mes livraisons. Dans ce temps-là, il y avait des bouteilles en vitre. On avait un petit support où nous mettions 6 pintes de lait. Dans les pintes vides, les gens y mettaient leurs 25 sous et souvent l’hiver, les sous étaient gelés dans le fond de la bouteille. On remplaçait les bouteilles vides par les bouteilles pleines de lait. Je trouvais ça difficile. C’était le samedi matin, ça commençait à 5h00 et finissait vers 13h00. À 5h00 le matin, je trouvais ça de bonne heure, car je devais me lever à 4h15, 4h30.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à faire de la politique ?

Il y a un politicien qui m’a toujours inspiré et c’est M. René Lévesque. C’est lui qui a fondé le Parti Québécois. C’était surtout une question de fierté de dire : « Nous sommes fiers d’être québécois. Nous sommes fiers de parler français. » Après Air Transat, je me suis considéré chanceux. J’ai fait de l’argent, mais je voulais redonner. Les Québécois francophones, ça fait seulement deux générations qu’ils sont en affaires et il n’y en a pas assez. C’est plaisant d’être un homme d’affaires. On dit souvent que c’est plaisant d’être joueur de hockey et être joueur de football, comme on a vu dimanche avec Laurent Duvernay Tardif. Mais être un entrepreneur, je me souviens avec le premier vol d’Air Transat, nous avions la chair de poule. Je voulais donner le goût à plus de jeunes. D’abord d’étudier, car si on veut réussir à avoir un bon emploi, il faut d’abord étudier et par la suite, oser et que le gouvernement aide au besoin. Moi je n’avais pas beaucoup d’argent, mais il y avait des programmes où j’ai pu emprunter de l’argent et démarrer Air Transat. C’était important pour moi de redonner. Il est certain que l’économie et l’éducation sont très importantes.

Qu’est-ce qui vous a amené à choisir ce parti ?

Je l’ai fondé ce Parti étant donné qu’il n’y en avait pas un qui faisait mon affaire. Donc c’était un peu l’idée. J’étais d’abord au Parti Québécois, qui était souverainiste. Pour moi, ça veut dire qu’avant d’être souverainistes, nous sommes nationalistes québécois. Je suis fier du Québec. J’aimerais entendre les jeunes là-dessus, c’est certain que ça vous intéresse moins de faire du Québec un pays. Par contre, je reste nationaliste. Pour moi, l’économie, on peut faire mieux. Parce que pendant 50 ans, au Québec, il y avait 2 Partis qui ont alterné. Il y en a un qui était nationaliste, le Parti Québécois, et un qui était plus pro-économie. J’ai toujours pensé que les deux allaient ensemble. Il faut mieux s’occuper de l’économie et être plus riches. Ce n’est pas une fin en soi d’être riche, c’est une question de se donner les moyens de nos ambitions. C’est aussi important d’être fier d’être québécois. Donc, j’ai essayé de mettre ensemble le Parti Québécois et le Parti Libéral. Nous avons appelé ça la Coalition Avenir Québec, la CAQ, il y a 8 ans. Nous avons eu 19 députés en 2012, 21 en 2014 et en 2018, il y a 1 an ½, nous en avons élu 74. Depuis ce temps, nous avons eu 2 élections partielles que nous avons gagnées. Là, nous sommes rendus 76 sur 125. Ce qui veut dire les trois autres partis, additionnés ensemble, en ont 49. Donc, ça va bien notre affaire.

Est-ce qu’il y a des projets ou des réalisations de votre parti dont vous êtes particulièrement fier ?

Oui bien sûr, comme une des choses que l’on fait avec M. Lionel Carmant. Je l’ai amené en politique, il est un médecin, pédiatre, neurologue, nous travaillons à créer un programme qui s’appelle Agir Tôt. Nous sommes en train de mettre en place des maternelles 4 ans. Si on veut qu’il y ait plus de jeunes qui réussissent, il faut donner des services, entre autres, aux jeunes qui ont des difficultés. Ça peut être plusieurs choses : troubles d’attention, dyslexie, dysphasie… Si on commence plus tôt, on augmente les chances qu’ils soient capables, éventuellement, d’obtenir un diplôme. C’est une partie qui était importante pour moi, que nous avons déjà commencé à mettre en place et qui va aller loin. Nous sommes aussi en train de rénover toutes les écoles. Je trouve que nos écoles ne sont pas toujours belles, il n’y a pas assez de fenêtres. C’est la même chose avec les CHSLD. Nous allons d’abord changer de nom, pour Maisons des aînées et ça va être plus éclairées. Et tranquillement, en économie, nous sommes en train de semer. Je me promène. Je suis allé en Californie, à New York, à Dallas, à Boston et je pars en fin de semaine pour Washington. On essaie de convaincre des compagnies de venir au Québec, offrir des emplois bien payés, avec de gros enjeux, qui sont des emplois stimulants. Pour l’environnement, nous sommes en train de travailler sur plein de projets pour le transport en commun dans les grandes villes. On a également annoncé qu’on va agrandir la consigne des bouteilles. Ça veut dire que les bouteilles de plastique, les bouteilles de vitre incluant celles de la SAQ, les bouteilles de métal, les bouteilles de carton et les contenants de lait, nous allons tous pouvoir les recycler. Nous allons les consigner. Les gens vont payer 10 sous pour les bouteilles, pour les cartons et 25 sous pour les bouteilles à la SAQ, qui vont se faire rembourser quand ils vont les ramener. Nous serons capables plus facilement de recycler le verre, le métal, le plastique et le carton. Je pense que c’est très important pour notre environnement.

Quel est votre plus gros risque que vous avez pris dans votre carrière ?

De lancer Air Transat. Là ça l’air beau, Air Transat va bien, mais il y a des périodes où ça n’allait pas bien. Un avion arrive en retard, ça nous apporte des dépenses. On a eu des grosses pertes et on a failli faire faillite quelques fois. Donc chez Air Transat, j’ai pris de gros risques.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez ?

Rencontrer des jeunes. C’est bien plus plaisant de répondre à vos questions, comparativement à ce que vous avez vu ce matin avec l’Opposition et les journalistes qui essaient juste de nous coincer. C’est de rencontrer des gens, c’est ça qui est agréable.

Avez-vous de futurs projets qui s’annoncent, selon vous, innovateurs ?

Oui. Je ne sais pas si vous connaissez l’intelligence artificielle ? Mais tout ce qui est autour, les technologies de l’information, nous sommes bons là-dedans. On a commencé à être bons dans les jeux vidéo, ce qu’on sait moins par contre, c’est que nous sommes bons dans les films et les séries de films. On est bon dans l’intelligence artificielle, pour inventer une utilisation de mégas données et ça s’appliquent à tout. Ça s’applique à la santé et à plein de services qu’on peut donner. On s’en vient avec de beaux projets.

Quelle importance accordez-vous à l’environnement ?

C’est très important. Il faut qu’il y ait un équilibre entre l’économie et l’environnement. Mais nous avons un gros défi pour toute la planète et c’est de réduire les gaz à effet de serre. Parce que la planète se réchauffe et si on ne fait rien, l’eau va monter, les glaciers vont fondre et il y aura toutes sortes de problèmes climatiques. Il faut réduire les gaz à effet de serre, ce qui veut dire, utiliser moins de pétrole, moins d’autos comme on les connait. Ils seront remplacés par des autos électriques, des camions électriques, des autobus électriques, des trains, des tramways, des métros électriques. S’assurer que les entreprises polluent moins. Nous avons la chance d’avoir au Québec, l’hydroélectricité. C’est propre, ce qui est un gros avantage.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est ce qui est le plus important ! Malheureusement, surtout pour les garçons. Le 2/3 de ceux qui décrochent, ce sont des garçons. Il y en a beaucoup trop. Environ 15% des jeunes décrochent avant d’avoir son premier diplôme. Comment on fait pour régler ça ? D’abord, on doit s’occuper des jeunes qui ont des difficultés d’apprentissage très tôt. Ensuite, à l’école, avoir plus de sports à l’extérieur et plus d’activités artistiques. Aujourd’hui, il faut au moins finir son secondaire 5. Nous sommes dans une société du savoir. Les jeunes qui décrochent sont l’un des pires problèmes de notre société. Il faut tout faire pour ne pas qu’il y en ait.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Le Centre-du-Québec… Vous savez, quand je suis arrivé en politique, il y avait seulement 16 régions au Québec et maintenant, il y en a 17. Le Centre-du-Québec était placé avec la Mauricie. Vous savez, il y a une différence entre Drummondville, Victoriaville et Trois-Rivières. J’étais avec le Parti Québécois à cette époque et M. Jacques Baril m’avait apporté cette proposition-là. « Centre-du-Québec », ça le dit, c’est au centre du Québec. Moi je pense qu’au Centre-du-Québec et en Mauricie, on peut faire beaucoup mieux en économie. Quand on lit l’histoire, la Mauricie c’était beaucoup entre autres les papetières qui, pour toutes sortes de raisons, ont fermé. Des usines qui ont fermé et nous n’avons jamais réussi à recréer des emplois aussi bien payés. Quand je regarde le salaire moyen, je n’accepte pas que le Centre-du-Québec et la Mauricie aient un salaire moyen plus bas que le reste du Québec. Pour le Centre-du-Québec, la priorité pour moi, c’est l’économie. Évidemment, je le répète, l’économie commence par l’éducation. Il faut choisir certains secteurs. Il y a des secteurs très importants. Vous êtes sur la route des technologies d’information, tout le génie, tout ce qui est autour de l’innovation. Il faut qu’il y ait plus de jeunes qui choisissent, je sais que ce n’est pas plaisant, les sciences pures. C’est plus compliqué, les mathématiques, la physique, la chimie, la bio, mais c’est là qu’il y a 80% d’innovation. C’est dans ces secteurs-là. C’est bizarre, car les filles sont meilleures que les garçons à l’école, mais il y a moins de filles qui vont dans les sciences que les garçons. Il y a un problème. Pourquoi ? Il y a eu plusieurs tentatives pour essayer de rendre les sciences plus sexy. Si j’avais un message, c’est que j’aimerais ça qu’au Centre-du-Québec il y ait plus de jeunes qui se tournent vers les sciences ou en informatique.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est très important parce que nous sommes une société qui est plus individualiste. Depuis 25 ans, si on regarde l’évolution de notre société, les gens sont un peu plus à leurs affaires. Alors c’est tellement important d’avoir un esprit communautaire, d’être ouvert et d’aider ceux qui en ont besoin. On ne peut pas compter seulement sur les hôpitaux pour aider les gens. De s’impliquer dans la communauté, d’aider les gens moins riches, d’aller les aider financièrement, c’est vraiment important. Souvent les personnes âgées se retrouvent seules. À 85 ans, ils n’ont pas de visite. Que les jeunes rencontrent les plus vieux, c’est important pour l’esprit qu’on a dans une communauté.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

Comme je disais tantôt, on veut rajouter plus d’art et de sport et on va donc ajouter 5 heures par semaine dans les écoles secondaires. C’est prouvé que les jeunes qui pratiquent le sport décrochent moins. Un esprit sain dans un corps sain. Aujourd’hui on dit que les gens, même les jeunes, sont stressés. Même moi je suis stressé. Aussi, je vais faire du tapis roulant pendant 40 minutes et ça enlève le stress. Le sport, c’est important aussi pour être calme.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette ?

C’est mauvais la cigarette. J’espère qu’il y en aura plus du tout de cigarette. Moi je pense que dans 25 ans, même avant, les gens vont se dire : « Hey, vous en souvenez-vous en 2020, il y avait du monde qui fumait. Il savait que ça pouvait causer le cancer, que ça réduit en moyenne de 10 ans la durée de vie et il fumait pareil. Ils étaient fous à l’époque !? » Ce n’est pas bon pour la santé. Ça crée toutes sortes de problèmes. Il ne faut pas fumer.


Photo de Marie-Mai et les jeunes de Partenaires 12-18

Entrevue avec Marie Mai, chanteuse

Cette entrevue a été réalisée par Alicia Boissonneault, Bianka P.-Pellerin, Kim P.-Pellerin, Mia P.-Pellerin du Comité 12-18 de Notre-Dame-de-Lourdes.

Vous avez une belle fille. Aimeriez-vous avoir d’autres enfants ?

J’aimerais ça je pense oui. J’aimerais vraiment ça. Quand est-ce que ça va arriver? Ça ce n’est pas nous qui décidons de ça, mais je dirais que oui ça devient de plus en plus clair. J’ai de la difficulté à le verbaliser parce que c’est tout récent en fait que j’ai ressentie ce besoin-là. Donc ça s’en va dans l’univers…

Qu’est-ce que vous pensez des jeunes et la cigarette /vapoteuse ?

Ouhh! Ça c’est un fléau. En fait, la vapoteuse a été créée pour arrêter de fumer. À la base, c’était ça. Ça a toujours été passé comme une période de transition qui pouvait aider les fumeurs, les gros fumeurs, à arrêter. C’est sûr et certain que quand je vois des jeunes vapoter, je fais comme « oh boy », on est passé à côté de ce qu’on voulait faire! C’est clairement quelque chose de gros, quelque chose qui a besoin d’être changée, d’être régularisée. On doit enlever ça de la main des jeunes. Si on pouvait enlever ça de tout le monde! Donc oui, il est temps que ça arrête.

Qu’est-ce qui vous rend la plus fière de votre travail?

Ce qui me rend le plus fière de mon travail, c’est de voir à travers les années l’impact que mes mots et mes musiques ont eu chez les gens et chez les jeunes. De voir aussi qu’ils continuent d’avoir un impact chez mon public. Moi, faire de la musique, ça a toujours été en émotions. J’aime partager ce que j’ai appris, ce que j’ai vécu, que les gens se sentent moins seuls. Parce que moi, quand je vivais des périodes qui étaient plus difficiles, où je ressentais le besoin de l’écrire, j’aurais probablement aimé ça avoir quelqu’un qui me chante des chansons comme ça, quand j’avais besoin d’en entendre. Pour moi, l’écriture c’était une forme de thérapie. Ça me fait du bien de mettre ça sur papier quand je sens que ça fait du bien aux gens d’entendre ces beaux messages-là. Je me trouve très très privilégiée de pouvoir avoir ce lien là avec le public. Donc, définitivement de sentir que je peux inspirer et apporter un petit peu de lumière dans leur vie me rend fière.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité?

Bien ça, écoute, je pense que de façon plus large, moi les jeunes m’inspirent beaucoup de par la volonté et la résilience. Les jeunes qui s’impliquent veulent faire une différence. Donc c’est sûr et certain que, quand je vois des jeunes qui font une différence en faisant des actions concrètes en s’impliquant dans leur communauté, en s’impliquant dans leur école, ça me touche vraiment. Tellement que mon intuition, que mon feeling va sentir que la prochaine génération a quelque chose de spécial. C’est vrai. C’est fondé! Donc moi, j’encourage à faire une différence.

À 18 ans, vous avez participé à l’émission Star académie. Qu’avez-vous gardé comme souvenir?

En fait, Star Académie, ça le dis, c’est une école. C’est vraiment une période de ma vie où tout s’est défilé devant mes yeux très très rapidement. Ça a duré 9 semaines, donc 9 semaines sans voir ta famille, tes amis, mais où tu apprends. Jour après jour, heure après heure, tu n’as pas de pause. Tu es constamment dans un tourbrouillon d’inspiration et de cours de chants, de cours de danses, de cours de théâtre, de cours d’éducation physique. Tu baignes dans ce que tu aimes le plus. Donc, pour moi, c’est là que j’ai travaillé vraiment à peaufiner ce que je faisais. J’étais jeune, j’avais 18 ans. J’étais comme une éponge dans ce temps-là. Ça m’a vraiment servi à faire ce que je voulais faire. Ça m’a servi d’école.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

C’est très important et pas juste à l’école. C’est vraiment important dans la vie pour plein de raisons différentes. Pour les endorphines premièrement parce que notre tête a besoin de ça. On a besoin de se dépenser pour avoir un sentiment de bien-être. Moi je dis toujours que c’est important d’avoir un esprit sain dans un corps sain. Faire attention à ce qu’on mange, faire attention à ce qu’on met dans notre corps faire attention justement à garder un équilibre qui est très important. Nos jeunes en santé, on veut qu’ils grandissent pour devenir des adultes en santé. Donc c’est important d’optimiser tout ce qu’on fait avec notre corps pour être sûr de se trouver sur la bonne ligne.

À quel âge avez-vous commencé votre carrière de chanteuse?

J’ai commencé ma carrière professionnelle de chanteuse à 18 ans. Ma 1ère chanson que j’ai composée, j’avais 6 ans et demi. J’ai dit à ma mère : « Moi, plus tard, je vais être une chanteuse. Est-ce que tu me crois? » Ma mère m’a dit : « Si c’est ce que tu veux faire, parfait! Ça va prendre du travail par exemple. Il ne faut vraiment pas que tu lâches ». Et j’ai dit : « Non, je sais. C’est ce que je veux faire de toute façon. » Donc, je me suis conditionnée à faire ça. À 6 ans et demi, la seule chose que je voyais dans ma tête, c’était une scène. C’est ça que j’allais faire et c’est ça que j’ai fait. Je me suis préparé mentalement à ça.

C’est où le plus loin que vous êtes allée pour un spectacle?

Le plus loin que je suis allée pour faire un spectacle, c’est à Los Angeles. Je suis allée en France aussi pour faire plusieurs spectacles. J’ai fait les premières parties de Garou pendant plusieurs années. Après ça, j’ai fait une tournée avec Simple Plan aussi en France. Je fais quand même des spectacles assez loin, mais j’aimerais ça en faire encore plus loin. J’aimerais ça vraiment que ma musique puisse voyager sur d’autres continents.