Entrevue avec Pierre Pagé, animateur de radio.

Entrevue avec Pierre Pagé, animateur radio, réalisée par Juliette Léveillée, Lucas Manningham, Liam Bouffard et Éloïse Turcotte des Comités 12-18 de L’Avenir, de Lyster et de St-Rosaire. 

Pouvez-vous nous parler de votre impressionnant parcours dans le monde des médias ?

J’ai commencé quand j’avais dix-sept ans et je n’ai jamais arrêté depuis. C’était en 1979 au Saguenay-Lac-Saint-Jean, la région où je suis né. C’était plus facile dans le temps parce qu’il y avait beaucoup plus de postes de radio. Chaque petite ville avait la sienne et il n’y avait pas encore de réseaux sociaux. J’ai fait une partie de ma carrière pendant cinq, ans dans ma ville natale, puis huit ans, à Québec. J’ai été chanceux dans mon parcours parce que j’ai commencé à travailler dans les années 80, la meilleure période pour la radio francophone au Canada. Ça brassait. On avait 21 ou 22 ans et on « capotait ». On avait du « fun ». Ensuite, je suis parti travailler à Montréal à partir de 1992. Et je suis toujours là. (rires)

À part travailler de nuit, j’ai tout fait en radio : les sports, les nouvelles, l’animation et la coanimation. Côté émissions, j’ai fait de l’animation le matin pendant quatorze ans, « Les Grandes Gueules » pendant quatre ans et demi et maintenant, je fais « Midi Fun » depuis cinq ans déjà. Je n’arrête pas. Je suis encore là et ça marche. En tout, ça fait 45 ans en continu. J’en suis très fier.

Vous avez reçu une étoile portant votre nom dans le Hall de Bell Médias. Pouvez-vous nous parler des avantages d’avoir cette médaille ?

Quand j’ai reçu l’étoile, je ne savais pas que j’étais malade. Alors recevoir cette médaille de mon vivant, en plus des compliments de mes collègues et de mes patrons, c’était le « fun ». C’est comme si je recevais du respect et de l’amour de leur part. J’ai aussi pu avoir une vision d’ensemble de toute ma carrière. C’est comme avec Shea Webber, un ancien joueur des Canadiens de Montréal et des Predators de Nashville, intronisé hier dans le Temple de la Renommée. Je regardais son visage et je comprenais ce qu’il ressentait.

Ça m’a fait un petit quelque chose de recevoir ça de mon vivant. Je ne dis pas que je veux mourir demain matin, loin de là, mais ça adonnait bien. C’est comme si les astres étaient alignés pour que je reçoive ça là. En effet, un mois plus tard, j’apprenais que j’étais gravement malade. Je souffrais du cancer de la prostate depuis un an et demi. J’ai dû me faire opérer.

Quel est ce dont vous êtes le plus fier dans votre métier ?

Avoir connu (entre guillemets) le succès dans chaque quart que j’ai travaillé. Tu ne peux pas travailler le matin pendant quatorze ans si ça ne marche pas. « Les Grandes Gueules », ça marchait. Le « Midi Fun », ça fait déjà cinq ans que ça existe. Peut-être qu’on va se rendre à six alors qu’au départ, je pensais qu’on n’en ferait pas deux. Ce que je veux dire, c’est que les gens qui connaissent le succès pendant un an et demi, j’en ai vu plein. Ce qui prouve que ton projet fonctionne bien, c’est sa longévité. Si tu as été bon hier, il faut que tu sois bon aujourd’hui. Tu peux savourer ton succès sur le moment, mais tu ne peux pas rester assis sur tes lauriers indéfiniment. Sinon, pendant que toi tu te dis que tu es « hot », d’autres vont prendre ta place.

Quelle importance accordez-vous à l’activité physique ?

C’est tellement important. J’ai 63 ans. J’ai eu des problèmes cardiaques. J’ai eu deux cancers en un an et demi. Je fais donc du sport au minimum cinq jours par semaine. Sinon, mon mental ne suivra pas. J’adore l’activité physique et l’adrénaline que ça me procure. Mon sang circule. Je me sens en vie. Je passe deux jours sans faire de sport et on dirait que je deviens de mauvaise humeur. Ça me prend de l’activité physique. Ça fait partie intégrante de ma vie, tout comme la bonne nourriture. J’aime le « junk », comme les poutines. Mais j’essaie de bien manger.

Quel message voudriez-vous envoyer aux jeunes de notre région ?

Que tout est possible si tu fais des efforts et que tu « focus » sur ton projet, peu importe le domaine. Des fois, c’est plus tentant de sortir avec tes amis, mais travailler, ça rapporte. Certains disent que nous, les « boomers », on a trop travaillé dans notre vie. Mais je n’ai pas d’autres recettes que ça. Quand je veux quelque chose, je vais l’avoir. Mais je ne peux pas l’avoir si je me « pogne » le beigne à deux mains dans mon divan en mangeant des chips. Il faut faire des efforts, comme pour l’activité physique.

Est-ce que vous auriez voulu commencer votre carrière plus tard ? Quels impacts cela aurait-il eus ?

J’avais été accepté en communication au Collège Algonquin à Ottawa. Le regret que j’ai, c’est de ne pas y être allé. La raison, c’est que je venais d’obtenir un emploi chez nous au Saguenay. Ma mère était très fière que j’aille à Ottawa. Quand je lui ai annoncé que je n’irais pas, elle m’a dit de revenir sur ma décision. Je ne l’ai pas écoutée. J’aurais dû, je serais bilingue aujourd’hui. Je ne suis pas un peureux dans la vie, j’aurais aimé faire de la radio à New York ou à Boston. Je suis un maniaque de radio et j’aurais aimé être capable d’en faire en anglais. Je connais des personnes bilingues qui l’ont fait. Ça a marché. J’aurais « capoté ». (rires)

Comment décririez vous le métier d’animateur radio ?

Ça dépend. Chaque chaîne a son but. Si tu travailles pour Radio-Canada, c’est plus conventionnel et centré sur l’information. Pour BPM Sports, ça se concentre sur le sport. Ici, c’est plus du divertissement. On n’est pas ici pour traiter des dossiers sur les élections américaines et la victoire de Trump, par exemple. D’ailleurs, ça ne m’intéresse pas de faire ça. Les gens qui nous écoutent veulent se faire divertir peu importe le moment de la journée. C’est de l’animation légère. On parle de musique. On est de bonne humeur. Notre slogan, c’est : « Plus de classiques, plus de fun ». Ça résume très bien ce qu’on fait. On fait jouer des classiques et on a du plaisir. J’adore notre format parce que le rock, c’est en plein le genre de musique que j’écoutais à votre âge. Je baigne encore là-dedans, j’aime ça.

Quel est votre plus grand rêve ?

Me rendre à cinquante ans de carrière, si ma santé me le permet. Au mois de juin, ça va faire 46 ans que je travaille. J’aurais 67 ans et ce serait assez. (rires)

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est super. On n’avait pas ces opportunités ou même d’organismes comme le vôtre dans notre temps. Ça vous fait voir la manière que ça fonctionne au niveau de votre municipalité.

Vous êtes ambassadeur pour la campagne « Movember » pour ramasser des fonds pour le cancer de la prostate. Pourquoi avoir choisi cette cause ?

Grâce à mon cousin Jean Pagé. C’était une grande personnalité dans le monde du sport. Il était animateur pour Radio-Canada, TQS et bien d’autres stations de télévision. Il est décédé du cancer de la prostate. En 2023, j’ai reçu le même diagnostic. J’ai été opéré dès le mois suivant parce que le cancer était très invasif. Quand on m’a demandé de devenir l’un des porte-étendards de PROCURE, je n’avais pas le choix d’accepter. C’était naturel pour moi de m’associer à cet organisme et de les aider. Je le fais également pour le Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) de Montréal où j’ai été opéré.


Entrevue avec Nicolas Houle, coordonnateur des relations communautaires de la Sûreté du Québec

Entrevue avec Nicolas Houle de la Sûreté du Québec, réalisée par Carolann Lacharité, Frédérique Ménard, Eva-Rose Beaudet et Liam Bouffard des Comités 12-18 de St-Albert et de St-Rosaire

Avez-vous toujours voulu être policier ? Si oui, pour quelles raisons ?

Quand j’étais plus jeune, je pensais à devenir policier, oui. Je pensais aux métiers de services d’urgence de façon générale. J’ai toujours eu ça en tête. C’est vraiment au secondaire que ça s’est concrétisé, que j’ai réalisé que c’est ce que je voulais faire. Ça m’attirait parce que ce n’est pas un travail routinier.

Depuis combien de temps êtes-vous policier ?

Depuis octobre 1997. Ça va faire 28 ans cet automne.

Qu’est-ce que vous préférez de votre métier ?

J’ai fait de la patrouille pendant 22 ans à peu près. Ce que j’aimais, c’est que ce n’était pas routinier. Quand on rentre le matin, on ne sait pas ce qu’on va avoir comme appels ou ce qu’on va faire. C’est beaucoup d’action et d’adrénaline. On aide les gens. Maintenant comme coordonnateur des relations communautaires, c’est plus positif. Souvent, je suis appelé pour faire des rencontres avec vous. Les gens sont contents de me voir. Je fais de la prévention dans les écoles. Partout où je vais, mon travail est apprécié. C’est un côté que j’aime beaucoup.

Pensez-vous continuer encore ce métier ?

Ça va faire 28 ans cette année comme je le disais. Je pense continuer à faire ce métier pendant au moins deux ans encore. On verra comment je me sens après 30 ans de service.

Qu’est-ce que vous trouvez le plus difficile à faire ou à vivre dans ce métier ?

C’est le genre d’appel qu’on peut avoir. On voit des choses qui ne sont pas toujours agréables. On a à gérer des situations qui ne sont pas le « fun ». Par exemple, quand ça implique des enfants. Je pense que c’est ça le pire. Sinon, il y a des gens qui n’aiment pas les policiers sans aucune raison et ils nous le font sentir. On se fait insulter. On se fait une carapace, mais il reste que ce n’est pas le « fun ». Oui, on a un travail à faire. Oui, on a un uniforme. Mais on est quand même des personnes comme tout le monde. Parfois, les gens l’oublient. À la longue, c’est plus difficile.

Est-ce que ça vous arrive de vouloir changer de métier?

Non, jamais. J’ai fait 22 ans de patrouille, j’ai toujours aimé ça. Puis, j’ai eu l’opportunité de m’en aller dans les relations communautaires. J’ai décidé de l’essayer et finalement, j’ai aimé ça. Ce que j’ai fait dans ma carrière fait mon bonheur.

Quelles sont les interventions les plus courantes ?

Probablement les interventions en sécurité routière. On en fait beaucoup. On doit faire respecter les limites de vitesse. On doit aussi répondre aux appels d’accident, puis faire le rapport.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

Je pense que c’est l’aide qu’on peut donner aux gens. Oui, on donne des tickets, on arrête des voleurs. Mais une grosse partie de notre travail consiste à aider les gens. Depuis la pandémie, on reçoit beaucoup d’appels en lien avec la santé mentale. Il faut être un peu des travailleurs sociaux parfois. Je pense que les gens l’ignorent. Parfois, on prête assistance aux ambulanciers et aux pompiers. C’est peut-être quelque chose que les gens ignorent aussi.

Faites-vous souvent des interventions dans les écoles ?

Oui, il y a beaucoup d’interventions. On a deux policières ici qui justement sont mandatées pour faire des interventions dans les écoles. Est-ce que ça a un impact ? Je pense que oui. En plus des interventions dans les écoles, mon travail consiste à préparer les conférences qu’on fait dans les écoles. Les conférences touchent à plusieurs sujets, comme l’utilisation des réseaux sociaux, l’intimidation, la violence, etc. Je pense qu’on fait une différence en étant présents dans les écoles et en sensibilisant les gens.

Qu’est-ce que la police peut faire pour diminuer la vitesse des automobiles ?

Les opérations en sécurité routière et le cinémomètre (le radar) aident à réduire la vitesse. Notre rôle, c’est de faire respecter la signalisation. Si la municipalité décide que la limite est de 50 km/h, on doit la faire respecter. En faisant des opérations cinémomètre et en donnant des constats d’infractions, ça fait réfléchir les gens sur leur vitesse. Notre présence sur les routes joue un rôle aussi. Quand les gens circulent et voient une voiture de patrouille, automatiquement ils ralentissent. Je pense que tout le monde a ce réflexe. À force de nous voir, ils font plus attention sur la route. On aide aussi les municipalités à mettre en place des infrastructures, comme des dos d’âne. On ne prend pas la décision finale, mais on peut conseiller les municipalités sur les mesures qu’il faudrait prendre pour faire réduire la vitesse.

Est-ce que ça vous arrive d’être appelés quelque part et quand vous arrivez sur place, il n’y a rien ? Qu’est-ce que vous faites dans ce cas ?

Oui, ça arrive. Ce ne sont pas forcément de faux appels. Ça arrive qu’une personne pense voir quelque chose et nous appelle. Nous, on arrive sur place et ce n’est pas du tout la situation qui a été décrite. Finalement, il ne se passe pas grand-chose ou même rien du tout. C’est notre rôle comme policiers de faire une mini-enquête pour savoir ce qui est arrivé. On va voir les gens, on leur parle. Une fois qu’on s’est assuré que personne n’est en danger ou n’a besoin d’aide, on quitte les lieux.

Est-ce que tous les appels aux services policiers passent par le 911 ?

Non. Le 911, c’est vraiment un service d’urgence pour tous les services : pompiers, ambulanciers et policiers. Les gens qui contactent le 911 disent ce dont ils ont besoin. S’ils ont besoin de nous, ça nous sera transféré. S’ils ont besoin des pompiers, ça leur sera transféré. Mais ce n’est pas le seul numéro pour nous contacter. Tous les appels ne passent pas par là. On a un numéro pour rejoindre la Sûreté du Québec, peu importe où on se trouve. C’est le 310-41-41. Les gens peuvent nous appeler par ce numéro s’ils ont besoin de nos services.

Quelles sont les principales tâches que vous faites dans votre métier ?

Comme coordonnateur des relations communautaires, mes principales tâches reviennent à la prévention comme je le disais tantôt. C’est de planifier les conférences dans les écoles et dans les autres milieux aussi. Parfois, ce sont avec les aînés, la population en général, etc. Tout ce qui est prévention, c’est mon mandat. Je fais aussi le lien entre toutes les municipalités de la MRC d’Arthabaska. Je travaille avec les maires, les directeurs généraux, les conseillers municipaux, les organismes communautaires, etc. Je crée des partenariats et des collaborations avec eux. S’ils ont une question ou un problème, ils passent par moi. Après ça, je regarde ce dont il s’agit, j’analyse le tout et j’essaie de leur venir en aide.

Avez-vous beaucoup de collègues policières ?

Oui. Ici, au poste, on est environ 80 policiers. Sur ces 80, il y a 33 policières. Quand j’étais au cégep il y a plusieurs années, la moitié de ma classe était des femmes. Maintenant, il y a beaucoup de femmes qui pratiquent ce métier.

Sur une échelle de 1 à 10, quelle note donneriez-vous à votre métier ? Le recommanderiez vous aux gens ?

Je donnerais 8 sur 10. C’est un métier que j’aime beaucoup. Il y a beaucoup d’action. Ce n’est jamais pareil chaque jour. Ce qui est moins le « fun », comme je le disais tantôt, c’est que certains appels sont plus difficiles. C’est peut-être pour ça que je ne donne pas un 10. Rien n’est parfait dans la vie. C’est la même chose pour les métiers. Mais oui, je pourrais le recommander si tu aimes aider les gens et si la justice est importante pour toi. Si tu as besoin d’un travail qui n’est pas routinier et si tu aimes l’action, être policier te conviendrait.

Pour vous, c’est quoi la persévérance scolaire ?

C’est de faire les efforts à l’école pour surmonter les obstacles. C’est de continuer à travailler fort. Dans la vie, on a toujours des défis et des complications. Il ne faut pas abandonner. À l’école surtout, parce que c’est ce qui déterminera ton avenir plus tard. Ça t’apprend à devenir résilient face aux obstacles.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

On a tous été jeunes. Il faut faire les bons choix. Il ne faut pas prendre le mauvais chemin. Parfois, c’est l’influence des autres qui dicte ta conduite. C’est important de réfléchir avant d’agir parce qu’on est responsable de ses actes. À l’adolescence, on a peut-être une mauvaise vision de ce qu’est la police. La police n’est pas juste là pour vous taper sur les doigts ou vous arrêter si vous faites des mauvais coups. On est là pour vous aider et vous écouter aussi. Si vous avez besoin d’aide, on est là pour vous.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je trouve ça très bien. Déjà à votre âge, vous vous impliquez. Ça démontre beaucoup de maturité. Ça ne peut qu’être positif pour plus tard. Vous êtes l’avenir de nos municipalités et de notre région. En vous impliquant tout de suite, vous travaillez pour avoir un lieu qui vous ressemble et pour lequel vous pourrez continuer à vous impliquer.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette/la vapoteuse ?

Les jeunes commencent tôt à utiliser la cigarette et la vapoteuse. Je trouve ça dommage. Souvent, c’est juste pour être « cool » et faire partie de la « gang » alors que ça n’amène rien. Ça crée de grosses dépendances et des problèmes de santé. Il y a beaucoup de choses dans la vie que tu peux faire pour avoir de la satisfaction. Des choses plus intéressantes et le plus le « fun » que fumer.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

Je pense que c’est important, autant pour la santé physique que la santé mentale. Quand on fait du sport, même si ce n’est pas à l’extrême, c’est bien. Ça nous libère le cerveau. C’est bon pour plein d’aspects dans la vie. C’est important de rester en santé. Il faut prendre soin de notre corps et notre tête. Aujourd’hui, la santé mentale est un enjeu. Faire de l’activité physique aide beaucoup à ce niveau.

Est-ce que ça arrive souvent que vous utilisez votre fusil ?

Ce ne sera pas dans n’importe quelle circonstance. C’est seulement quand la vie de quelqu’un ou la nôtre est en danger. On s’entend, une arme à feu est une arme mortelle. On a d’autres outils avant d’en arriver là, comme le poivre de cayenne, le bâton télescopique, les « tasers », etc. Si quelqu’un n’est pas armé, je ne sors pas mon arme à feu.

Vous êtes-vous déjà fait attaquer par quelqu’un que vous vouliez arrêter?

Oui, ce sont des choses qui arrivent régulièrement. Quelqu’un peut nous donner des coups de poing ou nous attaquer avec un couteau ou un tournevis. Parfois, quand les gens consomment ou se désorganisent, ils deviennent agressifs. Ça fait partie du travail.

Est-ce que ça vous est déjà arrivé de gérer une situation de prise d’otages ?

Non, moi ça ne m’est jamais arrivé. Du moins, pas avec des otages. Parfois, des gens étaient en crise et se barricadaient dans leur appartement ou leur maison. Il n’y avait personne avec eux. Il reste qu’ils peuvent être un danger pour eux-mêmes. On établit un périmètre autour du domicile. On négocie avec la personne pour que ça se termine sans que personne ne soit blessé.

As-tu déjà vu quelqu’un mourir pendant une intervention ?

Non. Ça ne m’est jamais arrivé. Une chance. Dans notre travail, oui il y a beaucoup d’action et oui, il y a beaucoup d’intervention. Mais il y a aussi beaucoup de rapports à rédiger. On ne le voit pas toujours dans les films. Toutes les interventions qui sont le « fun » à faire, il y a des rapports qui viennent avec. C’est sûr qu’un film ou une série où on voit des policiers écrire des rapports, ce ne serait pas très intéressant. C’est un côté un peu « plate », mais ça fait partie de la « job ». Il faut écrire tout ce qu’on fait pendant une arrestation. Ça peut être utile s’il y a une enquête ou si ça se retrouve à la Cour.

Est-ce qu’il y a beaucoup de chiens en patrouille ?

Non, pas ici à Victoriaville. À la Sûreté du Québec, il y en a plusieurs. Souvent, ils sont localisés dans les quartiers généraux de Montréal ou de Québec. À Drummondville, il y a un maître-chien de patrouille. Le patrouilleur travaille avec son chien. Il peut se déplacer si on a besoin de lui quelque part.

Avez-vous déjà fait une poursuite de voiture ?

Oui, c’est déjà arrivé. De plus en plus, on essaie d’éviter de le faire. En effet, à la vitesse qu’on va, ça occasionne des dangers pour tout le monde. On fait des poursuites dans des cas exceptionnels. Par exemple, si on ne peut pas identifier la personne ou si elle a commis un crime grave. Il y a d’autres moyens que la poursuite pour l’arrêter.

Est-ce que vous avez des outils qui vont s’activer au passage de la voiture poursuivie ? Quelque chose qui pourrait freiner les roues ?

Non, on n’a pas ça sur nos véhicules. Ce qu’on utilise en cas de poursuite quand il faut que ça s’arrête, ce sont les tapis à clous. On en a dans chacun des véhicules de patrouille. On les utilise si on en a l’occasion. Souvent dans les poursuites, il y a d’autres véhicules de police en arrière. Alors, ça peut être risqué. À la place, on peut faire appel à d’autres patrouilleurs ou d’autres postes de police pour aller positionner le tapis à clous là où se dirige le véhicule. Quand une poursuite s’enclenche, on évalue le risque, bien sûr, mais aussi pourquoi il se sauve. Pour excès de vitesse ? Où est-il ? A-t-il causé une agression ? Est-ce qu’il va causer plus de dommages ? On veut éviter le plus possible les dommages collatéraux. On évalue tout ça.

Vous disiez devoir vous requalifier chaque année pour le tir. Avez-vous d’autres tests de ce genre à passer ?

Oui, pour les appareils comme le cinémomètre (le radar), il faut une formation de base pour pouvoir les utiliser. Puis, une nouvelle autorisation à tous les cinq ans. Tous ceux qui ont des « tasers » ou des armes longues ont des requalifications à faire. Ce ne sont pas tous les patrouilleurs qui sont formés. C’est la même chose pour l’appareil qui mesure le taux d’alcool dans le sang.

Avez-vous des tests de conduite à passer ?

Non, on n’a pas de requalifications à faire pour ça. On a des cours de conduite au départ. Au besoin, on peut avoir une formation sur la conduite hivernale. Pour ce qui est de la force physique et de la condition physique, ils nous donnent une formation et des mises à jour, mais ce n’est pas une requalification. On a aussi des formations de tireur actif et des pratiques. On veut rester « up to date ».


Entrevue avec Christine Morency, humoriste et animatrice de radio.

Entrevue avec Christine Morency, humoriste et comédienne, réalisée par Éléonore Tessier, Maéva Bilodeau, Britanie Poiré, Frédérique Ménard et Elya Roy des Comités 12-18 de L’Avenir, de Laurierville, Saint-Rosaire et de St-Félix-de-Kingsey.

Qui vous a le plus soutenue dans votre changement de carrière lorsque vous êtes devenue humoriste ?

C’est ma mère. Quand on veut faire un métier artistique (comédienne, humoriste, danseuse, chanteuse, etc.), les parents ne sont pas toujours d’accord. Ce sont des métiers incertains où ce n’est pas tout le monde qui va réussir à percer. Ils nous disent donc de penser à un plan B ou C. Mais ma mère m’a toujours encouragée à faire ce que je voulais faire, même si l’avenir était plus incertain avec ce métier. Je suis vraiment chanceuse.

Quel est le moment de votre carrière dont vous vous souviendrez toute votre vie ?

La première fois que j’ai fait un gala « Juste pour rire » à la télévision, c’était quelque chose. C’était devant 3 000 personnes, c’était impressionnant. En plus, c’était dans une grosse salle de spectacle de grande renommée située à la Place des Arts. C’était incroyable pour moi. Mais je pense que le moment le plus marquant, celui dont on me parle encore aujourd’hui, c’est celui du fameux pet dans « LOL : Qui rira le dernier ? ».

Justement, on a aimé vous voir dans cette émission. Est-ce que c’est une expérience que vous aimeriez revivre ?

Oui, parce que je n’aime pas perdre. Dans cette émission, je savais que je ne serais pas bonne, parce qu’il ne faut pas rire. C’est extrêmement difficile pour moi, je suis une ricaneuse de nature. J’aimerais donc retenter l’expérience, cette fois pour gagner. J’essaierais de garder mon sérieux encore plus longtemps pour gagner plein d’argent, que je pourrais donner à des fondations.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Bravo, c’est important. Je trouve ça tellement le « fun » de voir que les jeunes font du bénévolat et s’impliquent dans leur communauté. Je trouve que ça fait toute la différence. Ça me donne de l’espoir en l’humanité. Des fois, il se passe des choses vraiment pas belles dans le monde. Quand je vois des jeunes aider les autres, ça me donne confiance en l’avenir. Je me dis que ces jeunes vont devenir des adultes vraiment « nice ».

Quel est votre style vestimentaire préféré ?

Je mets ce qui me fait. C’est ça, malheureusement. Dans les magasins de vêtements qu’on appelle taille plus (pour les personnes grosses), ce sont souvent les mêmes choses. Des petites fleurs. Du noir. Pas souvent de couleur. Si jamais tu as envie de t’en aller en design de mode, je t’invite à faire du linge pour les personnes de toutes les tailles.

Comment définiriez-vous le métier d’animatrice à la radio ?

C’est sûr qu’il y a des choses qu’on doit faire. Il y a des obligations. Par exemple, ouvrir un bloc, fermer un bloc, présenter une chanson, etc. Ce ne sont pas toujours des chansons qu’on aime, mais il faut les présenter comme si on les aimait d’un amour inconditionnel. Entre ça, c’est de se faire du vrai « fun ». Quand on ne trouve pas ça drôle, on ne se force pas à rire. C’est ce qui arrive souvent avec Pierre. (rires)

Est-ce que vous avez toujours voulu être humoriste ?

Oui. Je faisais des petits spectacles dans mon salon devant ma famille à Noël. Je leur disais : « Regardez-moi, j’ai un spectacle à vous montrer ! » Je savais déjà que c’est ce que je voulais faire à l’âge adulte. Je ne savais pas quel genre de spectacle (du théâtre, de la musique ou de l’humour). Mais en vieillissant, je me suis rendu compte que ce que j’aimais le plus, c’était de faire rire les gens. C’est là que j’ai compris que je voulais être humoriste.

Vous semblez avoir une belle chimie, Pierre Hébert et vous. Comment votre amitié a-t-elle débuté ?

On travaillait ensemble pour l’émission « Véronique et les Fantastiques ». À un moment donné, Dominique (la personne qui s’occupe des réseaux sociaux) m’a demandé si on pouvait faire une vidéo où on lançait un crayon dans une tasse. En faisant ça, on a tellement ri qu’on s’est rendu compte qu’on s’aimait beaucoup, qu’on se faisait rire. Après ça, on a continué à faire ce jeu. À travers ça, j’ai rencontré sa famille, dont ses enfants, son frère et ses parents. On a aussi eu un contrat pour travailler ensemble à la radio. On est devenus petit à petit des vrais amis dans la vie.

En parlant de ça, Pierre Hébert et vous faites des TikTok amusants ensemble. Lequel préférez-vous ? Lequel est le plus drôle ?

Celui que j’ai aimé le plus faire, c’est celui où je frappe sur Pierre avec un marteau. Un marteau gonflable, pas un vrai. Ça m’a beaucoup fait rire. Les vidéos où je lui fais mal, ça me fait du bien. (rires)

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est quand tu n’abandonnes pas, même si tu as des difficultés dans une matière. Tu donnes ton 100 %. Même si tu n’atteins pas la note de passage, au moins tu as mis tous les efforts qu’il fallait pour réussir. Après, tu vas chercher de l’aide si tu en as besoin. Tu continues de faire des efforts, même si ce n’est pas ta matière préférée. La persévérance, ça se travaille, comme n’importe quoi.

Qu’est-ce qui vous a poussée à faire de la radio et de l’humour ?

À tous les jours, je peux parler aux gens à travers la radio. Même s’ils sont à la maison ou au travail, je peux les faire rire. Ça leur permet de manger leur sandwich et de rigoler un peu. C’est un peu pour ça aussi que j’ai choisi de faire de l’humour. Je trouve que c’est vraiment le « fun » de rire. Ça fait du bien. C’est comme une petite bulle d’air dans ta journée.


Entrevue avec Serge Harnois, président de Harnois Énergies.

Entrevue avec Serge Harnois, président de Harnois Énergies, réalisée par Brittany Guay, Jasmine Provencher et Liliane Provencher du Comité 12-18 de St-Louis-de-Blandford.

Quand vous étiez jeune, aviez-vous une idée de ce que vous vouliez faire ?

Jeune, j’aimais beaucoup la chasse et la pêche. Je voulais être ingénieur forestier pour pouvoir être dans le bois. Mais ça a changé vite. À l’adolescence, je savais que je voulais m’en aller en « business » comme mes parents. Je les regardais travailler et ils avaient l’air d’aimer ça, alors je voulais faire comme eux.

Quelles études avez-vous effectué pour devenir l’entrepreneur que vous êtes aujourd’hui ?

Après le secondaire, je suis allé au cégep. Dans le temps, le programme s’appelait « Sciences pures » et maintenant, je crois que c’est « Sciences de la nature ». Je voulais probablement être ingénieur. À un moment donné (je ne sais pas quelle bulle m’a passé par la tête), j’ai fini mon cégep en « Sciences pures » et j’ai décidé d’aller faire une technique administrative. Je voulais travailler avec mon père et je ne pensais pas avoir besoin d’un bac pour gérer l’entreprise. Elle comptait alors une dizaine d’employés. Je suis donc resté au cégep plutôt que d’aller à l’université. Je me disais que j’allais me la couler douce et jouer dans l’équipe de soccer du cégep. Après ça, je m’en irais travailler. Sauf que mon frère Luc est arrivé dans l’entreprise pour informatiser la boîte. Lui, c’était un ingénieur, il était allé à l’université. J’aurais peut-être fait pâle figure à côté de lui avec mon diplôme de cégep. C’est comme ça que je me suis décidé à m'inscrire en finances au HEC Montréal.

Est-ce que vous aviez de la facilité à apprendre à l’école ?

Oui, c’est pour ça que ça aurait été un gaspillage que je n’aille pas à l’université. J’ai une excellente mémoire et une bonne logique. L'école n’était pas difficile pour moi.

Est-ce qu’il y a eu un élément ou un événement marquant dans votre adolescence qui a fait en sorte que vous saviez ce que vous alliez faire plus tard ?

Mon père était comme moi, il travaillait à son compte. À dix ou douze ans, quand ma mère ne savait pas quoi faire avec moi, elle m’envoyait soit avec un chauffeur de « truck », soit avec mon père. Elle se débarrassait de moi, si on veut. L’idée de rencontrer et travailler avec les clients, ça m’intéressait. Je voyais mon père négocier avec des clients, justement. Ça a dû jouer sur mon envie de suivre ses pas. En plus, son bureau était dans la maison. Des fois, je prenais mon bain et des clients venaient me voir. (rires)

Qui vous a le plus encouragé lors de votre démarrage d’entreprise ?

Votre génération est gâtée, vos parents vous encouragent et vous prennent dans leurs bras. Moi, j'ai moins connu ça. Mais je voyais que mon père était content de moi, même s’il ne le disait pas, par son ton de voix ou sa gestuelle par exemple. Ça faisait son affaire que l’entreprise m’intéresse. Il était derrière moi. Je pense qu’il ne voulait pas me mettre de pression. La ligne est mince entre encourager son enfant et lui mettre la pression. Je pense que ce qu’il voulait, c’est qu’on soit heureux et qu’on fasse ce qu’on a à faire.

Qui a créé le tout premier poste d’essence ?

Mon père, qui a 90 ans aujourd’hui, a parti la compagnie mère. Ça fera 66 ans cet automne. Mais ce n’était pas un poste d’essence à la base, c’était une usine d’huile pour chauffer les maisons et aider les cultivateurs dans leur travail. Ensuite, on a été avec la compagnie Texaco qui a par la suite été achetée par Esso. Il fallait trouver une bannière. Mon frère, ma sœur et moi, on s’est dit : « Pourquoi pas Harnois ? » C’est comme né par hasard, il fallait trouver quelque chose. La bannière Harnois existe depuis à peu près 35 ans, mais la compagnie existe depuis 66 ans.

Combien y a-t-il de succursales Harnois au Québec ?

Il y en a peut-être 190. Mais Harnois Énergies regroupe sous son nom des stations-service Harnois, Esso et quelques indépendantes. Au total, ça doit faire plus de 450 stations.

Quel aspect de votre emploi vous intéresse ?

Les relations avec les gens, mais pas que ça. J’aime voir du monde, mais on dirait que plus on vieillit, plus on a envie d’être seul des fois. (rires) Donc, ça me plaît de faire de la comptabilité et de m’assurer de l’efficacité de l’entreprise. En même temps, les relations humaines, c’est toujours intéressant.

Si vous étiez un employé de Harnois Énergies, quel poste aimeriez-vous le plus occuper ?

Répartiteur, c’est une belle « job ». Tu reçois les commandes des clients. Tu planifies les déplacements. Il faut que tu t’assures que les camionneurs ne se promènent pas pour rien, mais que les clients ne manquent pas d’essence. En même temps, il ne faut pas en livrer pour rien, juste en petites quantités. Il faut maximiser les livraisons. C'est intéressant, ça a été ma première « job ».

Est-ce que vous pensez que dans cinq à dix ans, Harnois Énergies aura beaucoup évolué ?

Oui, l’avènement des autos électriques et l’amélioration des autos à essence vont avoir un impact sur les compagnies pétrolières. Il va y avoir un déclin de la consommation d’essence dans les prochaines années. Comme vous le savez, à partir de 2035, il n’est plus supposé se vendre d’autos à essence. Est-ce que ça va arriver ? Des fois, les promesses électorales sont loin de la réalité. Mais c’est sûr qu’il faut apprendre à s’adapter. Chez Harnois Énergies, on est aussi dans le ravitaillement d’avions, l’antigel, le propane, etc. Toute entreprise qui arrête d’évoluer meurt à un moment donné. C’est vrai pour nous, c’est vrai pour un dépanneur, c’est vrai pour tout. Si on fait de la « business » comme on en faisait il y a 20 ans, un jour on ne sera plus là.

Quelles sont vos plus belles réalisations sur le plan professionnel ?

Quand je suis arrivé dans l’entreprise en 1989, l’entreprise était beaucoup plus petite. On était une dizaine d’employés et maintenant on en est à 2000. Mais je suis fier d’avoir pris une entreprise régionale et de l’avoir amenée à travers le Québec, géographiquement et dans plusieurs lignes de produits. Aujourd’hui, c’est une entreprise solide financièrement parce qu’on est dans plusieurs domaines et points géographiques. Il faut savoir qu’au début, il y avait des guerres de prix concentrées dans la région de Joliette. Comme c’est là qu’on était, on en a beaucoup souffert. Être répandu géographiquement, ça nous permet de supporter des détaillants d’autres régions et de mieux gérer la compétition.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est de continuer et de trouver sa voie, même si des fois ce n’est pas toujours évident. Ce n’est pas tout le monde qui va devenir médecin, ingénieur ou avocat. Mais aujourd’hui, vous avez la chance d’avoir le choix entre plein d’emplois. Il suffit de trouver la branche dans laquelle on est bien et heureux. Même si on a des difficultés dans quelque chose, on peut se réessayer ailleurs jusqu’à ce qu’on trouve ce qui va nous rendre heureux le reste de notre vie. On se concentre parfois trop sur les cours au cégep et à l’université alors que tu peux très bien réussir dans la vie en persévérant dans quelque chose que tu aimes. Tu n’as pas forcément besoin d’un bac. Je connais des électriciens comme ça. C’est dommage, ce ne sont pas des quarts de métiers valorisés et on manque d’employés. Moi, quand j’ai fini mes études, je suis allé passer des entrevues pour trouver un « job ». Aujourd’hui, c’est l’employé qui choisit l’employeur et non l’inverse. Profitez-en, mais n’oubliez pas que ce sera plus difficile de vous trouver un emploi si vous avez arrêté d'aller à l’école après la 6e année. Il ne faut pas lâcher, même si c’est plus dur. Il faut toujours se relever.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

C’est un peu le même message que je vous ai fait tantôt. Faites vos essais et erreurs. Trouvez ce dans quoi vous pensez vous amuser. Si vous faites un « job » parce qu’il est payant, mais que vous n’avez pas de plaisir, vous ne serez jamais heureux. Mais si vous faites un « job » parce que vous l’aimez et qu’il vous passionne, automatiquement ça va être payant. Vous ne compterez pas vos heures. Faites ce que vous aimez. Si chaque matin vous vous levez pour aller travailler et que c’est pénible, ce ne sera pas le « fun ». Le message que j’ai à passer, c’est que la seule façon de ne pas avoir l’impression de travailler, c’est de faire ce qu’on aime.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est un plus. Quand on est à l’école, peu importe le niveau (secondaire, cégep ou université), on « focus » sur les notes. Vous êtes trois filles et je ne veux pas être sexiste, mais quand j’allais à l’école et que les filles n’avaient pas de grosses notes, c’était le drame. Quand les gens finissent l’université et qu’ils viennent passer des entrevues, on ne leur demande pas leurs notes. On ne leur a jamais demandé leurs notes. Par contre, s’ils se sont impliqués bénévolement quelque part ou dans une association étudiante, pour nous c’est bien plus important que les notes à l’école. Ça démontre qu’ils ont fait autre chose et qu’ils ont ouvert leur esprit. C'est une très bonne affaire.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

C’est très important. Depuis un an, j’en fais moins et il faut que je m’y remette. (rires) Chez nous, on suffoque dans l’activité physique à travers différentes organisations et avec les employés. On subventionne une organisation qui s’appelle Fillactive. Ça a été démontré que malheureusement, les filles à l’adolescence arrêtent de faire du sport pour différentes raisons. Ça peut être les changements hormonaux ou les comparaisons avec leurs amies. C’est malheureux. On pousse pour que ça change. En même temps, on pousse nos employés à faire du sport parce que ton cerveau, c’est un muscle. Si tu travailles ton corps, ton cerveau va être en santé et il va mieux travailler. On fait ça pour nos employés parce qu’on les aime et on le fait aussi pour nous. Des employés en forme et en santé vont travailler plus efficacement, ils seront plus positifs et aurons moins d’absentéisme. C’est juste du bon. Plus les gens sont en forme, moins ils se retrouvent à l’hôpital. Regardez le Grand défi Pierre Lavoie, c’est plein de bon sens. Pourquoi on met tant d’argent à soigner le monde malade alors qu’on serait peut-être mieux d'investir pour qu’ils soient moins malades ? Au bout du compte, ça ne coûterait pas plus cher.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Je ne suis pas la meilleure personne pour répondre à ça. Mes parents fumaient. Je viens de Joliette, une région où on faisait du tabac. C'était « in » de fumer dans les années 70. Il y avait même le Festival du tabac que mon père avait créé. Mais je n’ai jamais fumé de ma vie. Mes parents fumaient et ça m’écœurait sérieusement. Je trouve ça triste que ça existe encore. Je ne comprends pas pourquoi les jeunes fument. Oui, c’est « cool », mais tu embarques dans une relation de dépendance qui t’empoisonne. Je trouve ça vraiment dommage. Je suis antitabac, même si on en vend beaucoup dans nos dépanneurs. (rires) Mais on n’est pas là pour encourager les jeunes à fumer. « Anyway », ils vont en acheter en contrebande ou d’autre chose. Ce serait une bonne chose si on vendait autre chose à la place. En plus, ça coûte cher, ça gruge ton budget. Ce que tu mets dans la cigarette, tu ne le mets pas dans des aliments de santé qu’on pourrait vendre.


Entrevue avec Luc Poirier, entrepreneur

Entrevue avec Luc Poirier, entrepreneur, réalisée par Shanny Croteau, Éliane Desmarais, Makayla Nantel et Charline Pelletier des Comités 12-18 de St-Rémi-de-Tingwick, Lefebvre et St-Félix-de-Kingsey.

Décrivez-nous votre entreprise.

Au fil des années, j’ai eu une cinquantaine d’entreprises dans toutes sortes de domaines. Principalement depuis six ou sept ans, c’est plus du développement de terrains que je fais. Je fais de l’immobilier, mais c’est large comme domaine. J’ai touché un peu à tout, j’ai eu des blocs d’appartements, des bâtiments commerciaux, des bâtiments industriels. J’ai construit de gros édifices à Montréal. J’ai été aussi courtier immobilier. Mais aujourd’hui, je fais que, ou à peu près que, du développement de terrains.

Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ?

Dans le développement de terrains, on fait à peu près tout à l’externe à part la comptabilité. Ce que ça prend, c’est l’urbaniste, l’arpenteur et le biologiste. Qu’est-ce qu’il y a d’autres aussi ? L’ingénieur pour mettre les rues, les trottoirs et les lampadaires. Les ingénieurs électriques et mécaniques d’Hydro-Québec. Tout se fait à l’externe avec des sous-traitants. Avant, quand je construisais des buildings, j’avais à peu près 180 employés parce qu’on avait de tout : des charpentiers, des menuisiers, des « gars journaliers » comme on les appelle, des chargés de projets, etc. Mais aujourd’hui, comme je fais plus du développement de terrains, c’est beaucoup plus simple. Ce sont les quelques de sous-traitants que j’ai nommés au début et c’est à peu près tout.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

C’est bizarre à dire, mais c’est de créer de la valeur. C’est ça le concept. Je prends un terrain que personne veut, sur lequel il y a une industrie qu’il faut que je démolisse ou des problématiques de contamination. Je monte un projet global et je crée de la valeur. Au niveau des valeurs de l’entreprise, c’est la franchise, le dévouement, la persévérance. En fait, je suis reconnu comme un créateur qui a peur de rien. J’achète des terrains contaminés que personne ne veut, dont le terrain juste ici . J’ai payé 23 millions il y a trois ans et ça vaut 400 millions aujourd’hui. Mais personne n’en voulait il y a trois ans, même à 23 millions. Quand j’ai acheté ça, les gens riaient de moi. Les gens me reconnaissent comme quelqu’un qui a peur de rien et qui aime les défis. Je pense que c’est ça, la valeur de l’entreprise. On fonce, on n’a pas peur et on se débrouille parce qu’il n’y a rien de facile, il y a toujours des difficultés. On vit avec et on va jusqu’au bout. On finit ce qu’on a commencé. C’est l’une des valeurs de l’entreprise.

Dans ma vie personnelle, par exemple, j’avais lâché l’université entre ma première et ma deuxième année à cause de mon magasin informatique qui a tellement bien fonctionné et demandé. Je me suis dit que j’allais m’occuper plus tard de mes études et « plus tard » n’est jamais arrivé, sauf dernièrement. Donc aujourd’hui, je finis mon université parce que je finis toujours ce que je fais. C’est une valeur personnelle, mais aussi celle de ma compagnie. Aller jusqu’au bout et tout faire pour y arriver.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

Qu’ils soient différents des autres. Quand je travaillais au magasin informatique, tous les gens qui venaient avec des CV et qui venaient de finir l’université (avec un bac en informatique), ils étaient toujours dépassés par les petits jeunes de quinze ans qui étaient des petits « nerds » dans leur sous‑sol. Ils mangeaient de l’informatique du matin au soir. Moi, c’était les petits jeunes de quinze ans que j’engageais et qui aujourd’hui sont les meilleurs au monde. Ils travaillent pour Microsoft pour 1 million par année. Ils n’ont pas été à l’université ou fait beaucoup d’études, mais ils sont brillants et différents des autres.

J’essaie de trouver la perle rare qui va se démarquer, être différent, penser autrement. Là, j’ai de moins en moins d’employés parce que je veux une qualité de vie et gérer les employés, ce n’est pas toujours évident. J’ai décidé de m’occuper des terrains pour avoir moins d’employés que les 180 que j’avais avant. Surtout que dans le monde de la construction, c’est un monde où il y a beaucoup de boissons et de drogues. Ça se vole entre eux les outils, ça se bat, il y a beaucoup de testostérone. Il se passe toutes sortes d’affaires.

Donc ce que je recherche, c’est quelqu’un de différent et de franc. Parfois, l’employé, ça lui ne tente pas de rentrer. J’aime mieux qu’il le dise au lieu de raconter toutes sortes d’histoires. Être honnête, c’est la base. Après ça, j’aime engager des employés qui sont de belles personnes d’abord et avant tout parce que tout peut s’apprendre. Mais ça ne sert à rien d’engager quelqu’un qui connaît tout, mais qui n’est pas capable d’être avec d’autres gens. Il y en a qui sont antisociaux. Moi, je préfère quelqu’un qui est une belle personne, bien élevé, respectueux envers les autres et à qui tu peux montrer le job plutôt qu’une personne qui connaît tout, mais qui n’est pas fin ou menteur.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?

Il y en a plusieurs. On me connaît beaucoup pour l’histoire de l’île Charron. C’est un terrain que j’ai acheté et sur lequel le gouvernement, pendant quatre ans et demi, a mis une réserve. Je ne pouvais rien faire avec. J’avais tout mis mon argent dans ce terrain-là et j’avais un prêteur privé avec un gros taux d’intérêt à 14 %. Donc chaque mois, ça me coûtait à peu près 50 000 $ d’intérêts. J’avais plus d’argent. Pendant quatre ans et demi, je me suis débrouillé pour créer 50 000 $ par mois de revenus avec 0 $. Le gouvernement a vu que j’étais comme une coquerelle impossible à tuer et ils m’ont donné 15 millions. Ça, c’était en 2012. J’avais payé 6 millions et ils m’ont donné 15. Moins l’impôt et tout ça, il me restait 8 millions avec les prêts. C’est avec ça que je suis réellement parti en affaires et que ça a bien été.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

Oh, il y en a plein, la qualité de vie d’abord et avant tout. Pas de trafic. L’air pur, plus de nature. Les gens sont plus calmes. J’ai des chalets à Bromont et au Lac-Brome et les gens sont relax. Ce n’est pas la même clientèle à Montréal ou en ville. Il y a un paquet d’avantages. Pendant la COVID, tout le monde est parti en région avec le télétravail. On pense même, nous, déménager peut-être un jour pas si lointain à Bromont, justement parce que la qualité de vie est incroyable comparée à celle de Montréal. Oui, il y a plein d’avantages. L’un d’eux, c’est que quand tu es employeur, pour trouver de la main-d’œuvre, tu grossis, tu grossis, c’est difficile, il y en a moins. Tu as des avantages et des désavantages aussi, tu as les deux. C’est certain que ce n’est pas pour rien que moi, je ne suis pas à Montréal. Je ne veux rien savoir du centre-ville. Avant, le trafic, c’était démentiel et là, ça va recommencer quand le monde va revenir au bureau. Plus tu es loin… en tout cas (rires).

Comment se passe une journée de travail pour vous?

Une journée typique, je rentre le matin vers 7 h 45 et 8 h. Je fais de la paperasse, c’est beaucoup de travail de bureau, je ne travaille pas de mes mains réellement. Des fois, j’ai des dîners d’affaires. L’après-midi, c’est encore de la paperasse et je suis tout le temps à la maison pour le souper. Je soupe avec ma famille, mes enfants. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de ne plus construire. La construction commençait à 6 h le matin et je ne pouvais pas déjeuner avec les cocos. Le soir, ça finissait vers 6 ou 7 h et le temps d’arriver chez moi… Mes journées, ce n’est pas le « jet-set ». Je rentre, je fais du travail de bureau, je retourne des appels, je réponds à plein de courriels, je fais des rapports, je travaille avec la comptable qui est là.

Mais je travaille de moins en moins, je prends quatre mois de vacances par année et des fois, je prends des après-midis de congé. Ce n’était pas le cas voilà cinq ou dix ans. Mais de plus en plus, je peux me le permettre avec le développement de terrains. Tandis qu’avec une compagnie de construction, je ne pouvais pas. Avant, j’avais des compagnies d’étau-ébéniste, au détail et d’informatique. Tu as des employés, mais si tu n’es pas là, ça ne marche pas autant. Tout le monde veut voir le boss. Toutes les problématiques, c’est toi qui les règles. Même si tu as des bons gérants, c’est toi qui dois être là. J’ai laissé tomber l’étau-ébéniste, j’en veux plus. Le terrain, si je ne rentre pas demain matin, ce n’est pas la fin du monde à moins que j’aie des rendez-vous planifiés. Au pire, je les annule et les déplace. C’est pas du tout pareil.

Il ne faut pas être esclave de notre travail dans le meilleur des mondes. Les jeunes de votre génération, c’est un peu ça. Ils ne veulent pas de poste. Ils arrivent dans une entrevue d’emploi et ils veulent deux mois de vacances en partant. Ça change les choses, votre génération.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

Tous les jours sont différents et posent de nouveaux défis. Quand j’achète des terrains, celui que j’ai acheté n’est pas le même que celui que j’ai acheté avant et l’autre d’avant. C’est plaisant parce que ce n’est jamais pareil. Je ne serais pas capable de travailler dans une usine d’automobiles et de mettre une pièce là, puis une pièce là et de faire ça 8 heures par jour. Ce que j’aime de mon travail, c’est que ce n’est jamais pareil et qu’il y a toujours de nouveaux défis. C’est toujours compliqué. Quand tu développes des terrains, tu te bats avec la ville, le ministère de l’environnement, les citoyens qui sont alentour du projet. Toujours, sans arrêt et j’aime ça, me battre. (rires)

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

En ce moment, je suis en mode stabilisation. Je n’ai pas 50 projets, j’ai 10 projets et ils sont tous là derrière. Je n’en veux pas 50. Je veux acheter un ou deux terrains par année, c’est tout. Les projets, retenez ça c’est bien important : C’est qu’il y en a beaucoup qui se pètent les bretelles en disant par exemple : « J’ai 300 portes de logement ». Mais si tu as 300 portes de logement à Shawinigan, ce n’est pas la même chose qu’avoir 300 portes de logement à Westmount (Montréal). L’important, quand on est en affaires, c’est la ligne du bas, la ligne des profits. Les épiceries, par exemple, ils ont beaucoup de chiffres d’affaires. Ils vendent beaucoup, mais il leur reste 3 % de marge de profits. Mais moi, les terrains, quand je les achète à 300 millions et que je les revends à 400 millions quelques années plus tard, la marge de profits est énorme. Je n’ai pas besoin de faire 150 terrains si j’en ai un qui me rapporte beaucoup plus que les autres. J’ai décidé avec le temps et l’expérience de choisir seulement les gros terrains avec beaucoup de possibilités de profits. Je fais moins de projets, mais ceux que je fais sont plus intéressants et profitables pour moi.

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

Il n’y a pas beaucoup de postes disponibles. On est trois. (rires) En fait, on est quatre. Il y a la comptable qui est là et j’ai deux employés qui s’occupent de mes bébelles (bateaux, motoneiges, motos, autos). J’ai une employée réellement, je n’engage plus. Il y a plein de monde qui aimerait ça venir et travailler de six mois à un an, gratuitement, parce qu’ils veulent apprendre. Ce que je fais, ça ne prend pas beaucoup de connaissances. Ça se vit. Il y a un paquet de non-dits et de non-écrits qui s’acquièrent pour savoir si un terrain est bon ou pas bon. Les gens veulent avoir cette connaissance. Mais… non, je n’engage plus, j’en veux plus. (rires)

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Ma famille bien évidemment. C’est ma priorité. Les défis et la liberté également. Dans mon livre « Voir grand : leçons d’affaires, de vie et de liberté », quand je voulais ajouter le sous-titre « leçons de vie et liberté » et que je voulais absolument écrire « liberté », l’éditeur et mon coauteur trouvaient que le titre était trop long. Je leur ai dit que pour moi, c’est le mot le plus important. J’ai travaillé fort tout mon début de vie adulte, mais le but, c’était d’être libre. Je ne pensais jamais être capable d’acheter des Ferrari et tout ça. Je voulais juste avoir assez d’argent pour être libre. Mettons que je suis au restaurant et que j’hésite entre deux plats, je peux prendre les deux et piger entre les deux. J’ai acheté des valises en fin de semaine parce que les miennes étaient rendues vieilles. Mais le sac à dos vient avec, puis un autre truc vient avec, puis un autre parce que c’est un kit. Ce qui fait que je finis par avoir tout le kit au complet. Ça te permet d’avoir une liberté. On mange bien, on essaie de bien manger biologique et tout ça, mais ça coûte cher. On va en Floride au « Whole Foods », ce n’est pas le même prix que de manger de la cochonnerie. Ça te permet d’être libre et de choisir, c’est ça qui est important. Moi, je suis attaché à aucun bien matériel. Si je vendais toutes mes autos, ça ne me dérangerait pas. Mais perdre ma liberté, ça, ça me dérangerait.

La liberté, c’est de pouvoir aller à n’importe quel magasin quand tu as besoin de quelque chose et de ne pas avoir à attendre le rabais ou les petits coupons ou peu importe. Ça a une valeur. Ma mère, quand on allait à l’épicerie, elle apportait ses coupons et on faisait trois épiceries. Le lait était moins cher à une place et les céréales, à une autre. On se promenait pour sauver des sous, on perdait du temps. Elle était sur l’aide sociale ma mère. Elle avait du temps en masse. (rires)

La liberté, c’est aussi quand mes enfants étaient malades, on allait aux États-Unis les faire soigner. Ce n’est pas si cher que ça. Tu traverses la frontière, qui est à 45 minutes d’ici, tu t’en vas à Plattsburgh et ça coûte 150 $. Ce n’est pas 50 000 $. Tu as un médecin tout de suite, tandis qu’ici à l’urgence, c’est quoi ? Quinze heures, vingt heures d’attente ? Des fois, on allait les faire soigner en Floride. Ma fille était tout le temps malade, tout le temps des otites. Mettons qu’elle était malade le matin, on prenait l’avion (il y a des avions qui partent chaque heure durant l’hiver) et on allait en Floride. Là-bas, juste avec l’air salin et l’humidité, l’otite partait le lendemain. Puis on revenait et tout était correct. Ce sont ces petits plaisirs de la vie qui font toute une différence.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

Tu vois, moi je n’avais pas fini l’université et j’y suis retourné parce que je voulais absolument finir. Je dis à mes enfants que c’est super important l’école et de se rendre le plus loin possible, au moins d’avoir un bac idéalement. Peut-être pas une maîtrise, ce n’est pas une nécessité. J’en ai une et je n’ai pas besoin d’avoir ça. Je veux faire un doctorat en business (EMBA[1]) et j’attends qu’ils sortent leur demande d’admission chaque année pour le faire. Je n’en ai pas besoin, ça ne change rien dans ma vie, j’aurai pas un meilleur poste ou plus d’argent. Mais j’aime apprendre. Puis c’est intéressant, je vais avoir un titre et un diplôme. Pour moi, c’est super important, l’école.

C’est drôle parce que je viens d’une famille pour qui l’école, ce n’était vraiment pas important. Moi, si je ne me levais pas le matin, ma mère ne disait rien. J’étais très bon à l’école, mais on n’était pas obligés d’y aller. En plus, vu que j’étais doué, je m’ennuyais. J’ai un TDA accoté solide, ça n’allait pas assez vite pour moi et j’étais tanné. Pour passer le temps, je faisais des niaiseries et j’en ai tellement fait que je me suis fait mettre dehors de deux écoles. Il n’y en avait plus aucune qui voulait m’accepter. Heureusement, il y a une loi au Québec qui m’a sauvé la vie. C’est la loi qui dit que si tu as 16 ans et moins, tu n’es pas obligé d’aller à l’école. Donc ils ont été obligés de me prendre, mais sans cette loi, j’aurais été un gars à part de l’école. Donc pour moi, c’est super important.

Mon fils de 19 ans a commencé à faire de l’immobilier à 16 ans. Il pourrait faire ça, il vaut facilement un demi-million après deux ans et demi. Il est bien parti s’il continue comme ça, pas besoin d’aller à l’école. Mais je veux absolument qu’il aille à l’école, qu’il finisse son cégep et qu’il ait un bac. Encore là, c’est lui qui va décider, mais je n’arrête pas de lui dire que c’est important. Je pense que c’est un plus dans ta vie. En fait, ce qu’on veut donner à nos enfants, ce sont des outils. On leur donne le maximum d’outils. Mes deux enfants sont bilingues, complètement. Moi, je ne le suis pas parce qu’à l’époque, il y avait pas de Netflix et d’ordinateurs. Aujourd’hui, tout se passe en anglais sur le Web. Avec des séries sur Netflix, les jeunes apprennent plus l’anglais que nous. Ça m’a bloqué toute ma vie de ne pas être bilingue. C’est super important pour moi qu’ils le soient. Là, ils apprennent l’espagnol et ma fille apprend le mandarin. Ma fille est malentendante. Elle n’est pas supposée être capable de parler français comme il faut. Ils lui ont dit qu’elle ne serait jamais capable d’apprendre une autre langue. Et là, elle est presque trilingue. Ils sont partis dans un camp de vacances en Ontario. À la fin de leur secondaire 5, ils vont être trilingues.

C’est tous ces petits outils qui font que tant mieux si tu te rends le plus loin possible. Ce n’est pas compliqué : plus tu as de scolarité, meilleure est ta vie en général. Tu as des meilleurs salaires, des meilleures conditions de travail et des promotions plus rapides. Le gouvernement n’encourage pas les jeunes à apprendre l’anglais. J’ai essayé d’envoyer mes enfants à l’école anglaise et ils ne voulaient pas. Mais en même temps, ils savent très bien que les gens bilingues gagnent beaucoup plus cher que les gens unilingues francophones. On se prive d’une qualité de gens qui serait supérieure et des salaires supérieurs, donc des impôts supérieurs. C’est nono de tout faire pour que les jeunes n’apprennent pas l’anglais. La loi est faite comme ça pour que les gens n’apprennent pas l’anglais. C’est plate parce que plus tu as d’outils, mieux que c’est. L’école, c’est important.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Que tout est possible. Dans la région, il y a plein d’entrepreneurs qui réussissent et dont on entend parler. La génération avant la mienne, ils naissaient et vivaient au Québec jusqu’à leur mort. Maintenant, c’est mondial. Le village est mondial. On est plus restreints à Drummondville ou peu importe. D’ailleurs, ma femme a peur que nos plus jeunes aillent étudier à Boston ou ailleurs. Peur qu’ils se fassent des blondes et des chums et qu’on ne les revoie plus parce qu’ils vont déménager. C’est ça la réalité d’aujourd’hui. On n’est pas restreints. Les possibilités sont tellement faciles, le monde appartient à tout le monde. Il n’y a plus de limites d’espace. Autrefois, mettons que tu naissais dans une famille de mécaniciens, tu devenais mécanicien si tu étais un homme. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La citation d’Iron Man, c’est : « Anything is possible ». Je dirais la même chose.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Je pense que ça fait grandir. Ma mère était sur l’aide sociale, mais elle nous amenait faire du bénévolat avec elle. Elle en faisait énormément. Ça fait grandir la personne, pas juste ceux qui reçoivent les services. Je pense que c’est important et que ça fait partie d’une bonne éducation. Ça donne des outils pour plus tard. Pour te donner un exemple concret, quand je me suis fait mettre dehors des deux écoles et qu’il n’y en avait aucune qui voulait me prendre, ma mère a demandé une rencontre avec la ministre de l’Éducation, Mme Pauline Marois, qu’elle connaissait. C’est donc grâce à ma mère qui faisait du bénévolat dans des communautés que Pauline Marois s’est arrangée pour que je revienne à l’école. Le bénévolat apporte plein de choses que tu ne vois pas sur le coup, mais sur le long terme, c’est super bon. Ça en prend des bénévoles.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

C’est très important. Depuis un an, je m’entraîne et le pourquoi, c’est que je vois trop de gens qui tombent à la retraite à 65 ans et qui sont tout croches. Ils sont malades, ils ont de la misère à marcher, ils se promènent en triporteur. Ça a aucun sens. C’est ennuyant  à dire, mais à cause de notre nutrition, 65 % des américains sont « overweight ». Ça donne du diabète, ça donne d’autres complications. On dit toujours « un esprit sain dans un corps sain », mais c’est important. Vieillir quand tu es mal en point, que tu es malade et que tu as mal partout, ce n’est pas plaisant. C’est super important de bouger. Ça peut être juste de marcher. J’ai ma belle-mère qui fout rien, elle a de la misère à bouger dans une maison. On lui dit : « Pourquoi tu ne vas pas marcher ? » Je connais des personnes âgées qui ont 70 ans qui font juste marcher. Ils ne font rien de spécial, mais ils font des marches tous les jours, des fois avec leurs chiens. Ça fait toute la différence. Ça fait partie d’un équilibre de vie. Il y en a qui font juste travailler. Ils n’ont pas de vie de famille parce qu’ils perdent leur femme et tout ça. Ce n’est pas bon, ça prend un équilibre dans tout. Le travail, c’est un équilibre. La famille, les amis, le foyer, ça te prend un cadre de vie qui te ramène aux valeurs. Bouger, c’est important, c’est un tout.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Heureusement qu’il y a de moins en moins de jeunes qui fument, mais il y en a de plus en plus qui vapotent. Mon plus vieux vapotait, je ne sais pas s’il vapote encore. C’est problématique. Au moins, ils ont enlevé les saveurs ou ils vont le faire. C’est bien parce que pour les jeunes, c’est attirant, ça a un bon goût. Déjà, s’ils enlèvent les saveurs, ça va aider, mais c’est la pire affaire. Mon frère a fumé toute sa vie, il a voulu bien faire. Il jouait au hockey avec moi et même s’il avait moins de souffle que moi, il était capable. Il a commencé à vapoter et il a développé une maladie pulmonaire obstructive chronique. Maintenant, il ne peut plus jouer au hockey. Il ne peut plus rien faire. Il n’y a pas assez de trucs scientifiques encore, c’est récent. Il y en a qui disent que ça va être pire que la cigarette. Je ne sais pas si c’est vrai, mais dans les deux cas, ce n’est pas bon. C’est nocif. Ma mère est morte du cancer du poumon parce qu’elle fumait.

Souvent, la cigarette est associée aux gens plus pauvres, c’est comme la boisson. On était pauvres, alors tout le monde fumait dans ma famille. Moi, je n’ai jamais fumé, je n’ai jamais essayé. Je faisais de l’asthme quand j’étais plus jeune parce que mes parents fumaient. Aussitôt que je suis parti tout seul dans ma maison, l’asthme est parti. Mes poumons se sont régénérés. Avant, ils fumaient dans l’auto et ils n’ouvraient même pas les vitres. Il y avait tout le temps de la boucane. On habitait dans des petits appartements, des 5 ½  à 800 pieds carrés, c’était petit. Quand ça fumait, tout l’appartement sentait la cigarette. On n’avait ni air climatisé ni changeur d’air. On fumait la fumée secondaire. Moi je suis contre la cigarette, totalement. La société ne l’encourage pas, mais c’est tout comme. Ils pourraient dire que c’est illégal et dans une couple d’années, ce serait terminé. Mais ils ne le font pas. Ils font des taxes. Avec un paquet de cigarettes à 14 $, ils se font 10 $ de taxes et ils le remettent dans le système de santé après. C’est un vase communicant. Ils vont chercher de l’argent, mais c’est pour soigner des gens comme ma mère qui avait le cancer.


Entrevue avec Les p'tits Monty, jeunes entrepreneurs de la région.

Entrevue avec Camille, Étienne, Marybelle et Antoine Monty, jeunes entrepreneurs, réalisée par Geneviève Duclos et Charles Bilodeau du Comité 12-18 d’Inverness.

Décrivez-nous votre entreprise.

On est des jeunes entrepreneurs. On fait beaucoup de pâtisseries. La plupart de nos produits sont faits sans lactose, donc pas de lait.

Quel type de tâches peut-on retrouver dans votre entreprise ?

Planifier et acheter les ingrédients et les emballages. Cuisiner, déguster et emballer les produits. Faire de la comptabilité.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

L’égalité, l’entraide, le travail d’équipe, la qualité des produits et le service client.

Il y a quelques années, pensiez-vous avoir votre propre entreprise, étant si jeunes ?

Non, pas du tout. C’était inattendu, mais c’est le « fun ». Ça fait un revenu de plus.

C’est quoi qui vous a poussés à démarrer une entreprise ?

Étienne a commencé à faire des biscuits. On les trouvait bons. Notre mère nous a parlé d’une jeune entrepreneure qui vendait des cactus. Ça nous a encore plus motivé. Sinon, notre mère nous a dit qu’il y avait du prêt-à-manger à faire au Marché public d’Inverness.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fiers ?

C’est l’ensemble du projet pour cette première année. On a beaucoup vendu et on ne s’attendait pas à ça.

Selon vous, c’est quoi les avantages à travailler en région ?

C’est qu’on connaît plus de monde parce que ça reste autour de notre maison. On a des relations avec du monde. C’est bien aussi qu’il y ait un marché à Inverness. Ça fait qu’on peut socialiser aussi.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

On divise les tâches. Après ça, on organise le travail. On fait l’inventaire et on planifie les quantités.

C’est quoi la partie du travail que vous aimez le plus ?

La dégustation. Je pense pour tout le monde aussi (rires). Sinon, il y a la vente parce que comme ça, on peut offrir ce qu’on veut et on voit nos produits partir.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

On aimerait que ça fonctionne à l’année.

De quelle manière votre entreprise se différencie des autres ?

On fait du sans lactose. Il n’y a pas beaucoup d’entreprises qui font ça. Nos produits sont authentiques aussi.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

La musique. L’art. La réussite.

Camille, la persévérance scolaire pour toi, c’est…

Essayer, même si on n’est pas capable.

Antoine, quel message voulez-vous lancer aux jeunes de votre région ?

Même si on est jeunes, quasiment tout est possible. Si vous voulez, vous pouvez.

Marybelle, qu’est-ce que tu penses des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Inspirer la communauté et aider à créer des événements, comme le Festival du boeuf.

Étienne, quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

Une grande importance parce que c’est meilleur pour la santé physique et mentale.

Antoine, que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la vapoteuse et/ou la cigarette ?

Je trouve qu’en gros, c’est comme payer pour s’abîmer les poumons.


Entrevue avec Francis Lacharité, propriétaire des Marchés Tradition – Claude et Jean Lacharité inc.

Entrevue avec Francis Lacharité, propriétaire des Marchés Tradition – Claude et Jean Lacharité inc., réalisée par Carolanne Lacharité et Gabrielle Bibeau du Comité 12-18 de St-Albert.

Décrivez-nous votre entreprise.

Ce n’est pas compliqué, c’est un marché d’alimentation (une épicerie). Avec le temps, on a ajouté un fumoir additionnel artisanal, puis une station d’essence. Donc, c’est aussi un peu un dépanneur.

Quel type de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ?

On a des bouchers, un gérant d’épicerie et d’entrepôt, des comptables, des commis généralistes, des caissiers et caissières et un gérant de prêt-à-manger.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

Je pense que comme n’importe quelle entreprise, ce serait l’honnêteté, la politesse et l’intégrité.

Quelles qualités de base recherchez vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

Qu’ils soient vaillants et polis avec les gens. J’aime quand ils sont curieux et qu’ils cherchent à aller plus loin.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?

Comme je l’ai dit dans l’introduction, c’est sûr qu’intégrer une station d’essence à une épicerie, ça a été un gros projet. On en retrouve de plus en plus aujourd’hui, surtout dans les municipalités comme les nôtres. Quand on l’a fait il y a huit ans, ce n’était pas quelque chose de commun. Je suis fier également de la progression constante du magasin depuis sa création. On réinvestit sans cesse dans la compagnie pour la garder au goût du jour, pour la garder intéressante pour les gens. De ce fait, on est toujours à l’affût des nouvelles tendances. Une autre de mes fiertés, c’est qu’on soit resté dans la municipalité. J’espère qu’on sera encore là longtemps.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

La proximité avec les gens, c’est un gros avantage. On se connaît. Souvent, en région, les entreprises sont plus petites, alors c’est bien rare que les employés soient des numéros. On se connaît personnellement et on s’appelle par notre nom. La connaissance du milieu en général et le sentiment d’appartenance, ce sont d’autres avantages à travailler en région.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

La mienne commence vers 5 h 30. Je commence avec les inventaires et les commandes. Je fais ma préparation de produits de base pour ma production. Ensuite, pendant la journée en général, je m’occupe de la mise en marché des produits. Je réponds aux clients, évidemment, et discute avec les fournisseurs pour les livraisons. D’habitude, je quitte vers 17 h 15 et 17 h 30. Avec mon équipe, on revient en soirée pour ce qui est de la fermeture du magasin. On compte les chiffres et on prépare le début de la journée suivante.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez ?

Je pense que l’interaction avec les gens, c’est toujours intéressant. On n’est pas juste devant une machine à faire nos petites choses. C’est sûr que cette interaction amène des défis; il faut toujours rester sur le qui-vive.

Jusqu’où rêvez vous d’amener votre entreprise ?

Le but ultime dans ma tête, ce serait un nouveau bâtiment de type 3 en 1 : une section épicerie, une station d’essence plus développée (un « truck stop ») et un restaurant. On en ferait vraiment un gros centre, un pôle d’attraction majeur à St-Albert. Je pense que ce serait très avantageux parce qu’il y a beaucoup de véhicules qui passent sur nos axes routiers.

Pour quelles raisons devrait on travailler pour votre entreprise ?

Quand tu travailles chez nous, tu fais partie de la famille. On est quand même proches de notre monde. Ceux qui n’ont pas ce sentiment, souvent on les voit un peu à l’écart. Une autre raison : tu as la possibilité de faire plusieurs postes différents, comme le développement ou carrément être à un seul poste, mais qui pourrait servir de tremplin pour devenir assistant-gérant, par exemple.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Je carbure aux défis. Aucune de mes journées ne se ressemble. Oui, je suis propriétaire, mais je suis aussi le gérant de plancher et je fais la maintenance. À tout moment, ma journée peut exploser et on passe en mode : « Go, go, go! On s’en va à la guerre et on règle nos problèmes ».

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

Celle-là est embêtante pour moi un peu. Je ne suis pas quelqu’un qui a été très scolarisé. Oui, j’ai mon secondaire 5. Oui, j’ai fait un DEP, mais ce n’est pas les études qui m’intéressaient dans la vie. Moi, j’ai toujours dit que j’allais travailler, peu importe c’était dans quoi. Effectivement, je travaille beaucoup. Mais je pense que c’est important d’avoir une éducation de base. Le secondaire 5, c’est le minimum. Au-delà de ça, je pense que chaque personne doit trouver sa voie, que ce soit d’entrer dans une usine, faire un DEP ou faire des hautes études (le cégep et l’université). Tout est valide. Pousser les gens à faire quelque chose, je ne pense pas que c’est une bonne idée non plus. C’est vraiment de trouver sa voie qui est le plus important.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Ça fait un peu référence à la question précédente. C’est juste de trouver sa passion et de foncer. Il ne faut pas se laisser influencer ou rabaisser par les autres. Si tu as de l’intérêt dans ce qui te passionne, tu vas réussir.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est super. C’est une belle façon de s’accomplir à d’autres niveaux. Le travail et les études, c’est bien beau, mais ceux qui s’impliquent en faisant du bénévolat ont plein d’opportunités. Ça t’amène à rencontrer de nouvelles personnes et faire des choses différentes. Ça te permet aussi de développer d’autres aspects de ta personnalité.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

Je pense que c’est quand même important d’être en santé. De là à faire de l’activité physique extrême, je ne pense pas non plus que ce soit nécessaire. En faire un minimum pour se garder éveillé, c’est bien.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Avec toutes les études qu’on a faites sur le sujet, on sait que le monde meurt à cause de la cigarette et/ou la vapoteuse. Je ne comprends pas pourquoi on aurait envie de fumer. Il y a l’aspect « cool », mais je ne pense pas que ce soit suffisant. On le sait que ce n’est pas bon. Le problème, c’est que c’est très accessible. Même si on n’a pas 18 ans, il y a plein de moyens d’en avoir.


Entrevue avec Andrée-Anne Barbeau, journaliste sportive (RDS)

Entrevue avec Andrée-Anne Barbeau, journaliste sportive (RDS), réalisée par Tristan Lyonnais et Félix Lemay des Comité 12-18 de Ste-Séraphine et Daveluyville.

Quel a été votre premier travail comme adolescente ?

Pour ma première « job » d’été, je vendais les toutous à La Ronde, ceux que tu peux gagner en jouant à des jeux. Je ne peux pas dire que j’ai beaucoup aimé ça, mais c’était une première expérience dans le public. Il fallait crier tout le long de notre quart de travail et essayer d’attirer les gens pour qu’ils dépensent de l’argent pour gagner des toutous. En passant, il n’y avait rien qui était arrangé comme peuvent penser les gens. Dans mon temps du moins, ce ne l’était pas.

Est-ce qu’il y a une personne qui vous a inspirée pour devenir journaliste ?

Je dirais que ce sont surtout les athlètes qui m’ont inspirée. Je ne viens pas d’une famille de sportifs. Je suis la seule qui aimait le sport et qui suivait ça quand j’étais jeune. Je suivais les Canadiens de Montréal. Mon idole de jeunesse, c’était Pierre Turgeon, un ancien capitaine de l’équipe. Il n’a pas été ici si longtemps, mais il a beaucoup marqué mon enfance. D’autres m’ont attiré vers le sport, comme Vincent Damphousse, Benoît Brunet, Vincent Lacroix et Jocelyn Thibault. Je les regardais jouer à l’époque et c’est drôle, maintenant je travaille avec plusieurs d’entre eux. Sinon, j’ai beaucoup côtoyé les joueurs de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, dont les Remparts de Québec et l’équipe de Sherbrooke. Je couvrais leurs matchs. Au niveau du journalisme en tant que tel, ça s’est plus décidé à l’université. J’ai croisé de bonnes personnes très expérimentées sur mon chemin. Elles m’ont guidée.

Quelles ont été vos motivations pour devenir journaliste ?

Je suis entrée au cégep et je voulais devenir criminologue. J’ai changé d’idée en chemin. Le journalisme m’a toujours beaucoup intéressée parce que chez moi, on regardait le téléjournal à Radio-Canada en soupant à tous les soirs. On recevait La Presse à tous les jours. Les nouvelles et l’actualité, c’était très important chez moi. J’ai jumelé ça avec ma passion du sport. Je pense que j’ai toujours baigné dans ce besoin de savoir et de comprendre ce qui se passe un peu partout. Après ça, j’ai changé d’idée, je suis allée étudier en journalisme. Quand j’ai commencé à faire mes stages à la télévision et à la radio, j’ai vraiment eu la piqûre et j’ai su que c’est ça que je voulais faire. Ça s’est fait naturellement.

Comment avez-vous débuté votre carrière à RDS ?

Ça fait six ans maintenant que je suis à RDS, mais dix-sept ans que je suis journaliste sportive. Je me suis pas mal promenée. En 2018, j’ai quitté la famille de Québecor pour aller dans la famille de Bell Média. J’étais journaliste à la radio au départ à Énergie et à Rouge. Nos bureaux sont littéralement l’un en face de l’autre, alors ça n’a pas été très long pour que RDS me confie de belles responsabilités. Je venais de TVA Sports, donc j’avais un bon passé de journaliste sportive à la télévision. J’ai commencé en faisant des résumés des autres matchs dans la LNH et en animant des matchs des Sénateurs. Au fil des années, mes responsabilités se sont accrues. Depuis deux années maintenant, je suis permanente chez RDS. Je travaille à temps plein, plus que plein (rires), pour différentes émissions. Ça s’est fait graduellement dans les six dernières années, mais j’avais déjà onze ans de journalisme sportif dans le corps avant d’arriver là.

Comment se déroule une journée de travail pour vous ?

Ça dépend. Je suis chanceuse, je fais beaucoup de choses et je n’ai pas de routine. Il y a les journées avec les Canadiens. Par exemple demain je vais aller à Brossard pour couvrir l’entraînement et le vestiaire. Je vais aussi parler avec Martin St-Louis, l’entraîneur. Puis, je vais retourner à RDS pour préparer et faire les directs en studio. Ça, ça va être une journée d’entraînement.

Si c’est une journée de match, tout se passe au Centre Bell du matin au soir. Il y a l’entraînement matinal avec les échos de vestiaire et Martin St-Louis. Le match, puis les directs d’après-match. Il y a aussi des soirs où j’anime les matchs des Sénateurs. Je vais arriver à RDS juste en fin de journée pour animer leurs matchs. Il y a beaucoup de préparation qui se fait avant ça. Je vais travailler de la maison pour préparer le match. Si les Sénateurs affrontent les Washington Capitals par exemple, je vais m’assurer de connaître les deux équipes. Évidemment, je connais tous les Sénateurs, je fais une trentaine de leurs matchs par année. Je couvre aussi le hockey féminin. C’est un peu la même chose. Je me prépare pendant la journée, j’arrive à RDS en fin de journée et j’anime le match.

Quand on fait l’Antichambre, surtout les vendredis et samedis, il y a un peu moins de préparation en amont parce qu’on parle des Canadiens et qu’on suit ça au jour le jour. Les sujets sont déterminés d’avance, mais évidemment, on peut y déroger et aller complètement ailleurs si les panélistes le décident. On a un meeting à 16 h l’après-midi par Zoom. Habituellement après ça, je m’en vais à RDS.

Il y a les journées où je peux faire deux choses. Je peux faire un entraînement des Canadiens toute la journée, puis en soirée animer un match des Sénateurs. Mon horaire change continuellement.

Quels sont vos projets futurs ou vos objectifs professionnels ?

J’aimerais finir ma carrière à RDS. J’ai fait plusieurs places et je suis bien avec l’équipe de RDS. Nous avons beaucoup de plaisirs.

Quel joueur de la LNH est le plus amusant à interviewer ?

Le joueur le plus divertissant est Marc-André Fleury, très drôle et sympathique. Il se souvient d’où il vient. Dans l’équipe du Canadiens, il y a Arber Xhekaj et Jordan Harris qui sont très gentils.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

Le bénévolat, c’est très bien de redonner au suivant. Comme moi ce soir avec vous, je redonne. J’aurais aimé avoir cette opportunité lorsque j’étais jeune, de rencontrer des journalistes.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

L’activité physique, tout le monde devrait en faire. C’est primordial pour la santé. Ça enlève le stress. Si tous les gens en faisaient, le monde se porterait mieux.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette/la vapoteuse?

La cigarette, c’est tout le contraire de l’activité physique. J’ai essayé de prendre une « puff » de cigarette lorsque j’étais jeune et j’ai trouvé ça dégueulasse. C’est prouvé que c’est mauvais pour la santé, autant la cigarette que la vapoteuse. Ça ne devrait même pas exister.


Entrevue avec Christian G. Pageau, fondateur de l’entreprise Lavxel

Entrevue avec Christian G. Pageau, fondateur de l’entreprise Lavxel, réalisée par Laurence Picard, Maëlie Turcotte et Malyck Jacques du Comité 12-18 de St-Rémi-de-Tingwick.

Décrivez-nous votre entreprise.

Je vais commencer par vous raconter une anecdote. J’ai vécu à St-Rémi-de-Tingwick, dans la maison rouge en avant du presbytère, à peu près de dix à quinze ans. Après ça, j’ai déménagé dans un appartement à Victoriaville. Je connais un peu le coin, mais ça a changé pas mal. En avant de la maison de mes parents, il y avait deux gros sapins. Aujourd’hui, il n’y a plus de sapins. Ça, c’était une école, c’est rendu un musée. C’est passé par plein d’affaires. Ici, c’était une caserne de pompiers. À côté, c’est rendu la salle communautaire, mais avant c’était un garage autos. Il y a eu un dépanneur en bas de la côte. Il y avait un restaurant aussi. Bref, il y a eu plein de choses ici. Il y a une autre chose aussi que vous ne savez peut-être pas. J’ai déjà habité pendant un an chez Philippe. Quand tu démarres dans la vie, tu as parfois des difficultés et moi, je n’avais pas nécessairement la chance d’avoir des parents qui étaient là pour moi. Donc, il m’a accueilli avec sa famille. Sa mère me faisait à manger. Elle faisait mon lavage aussi (rires). J’avais peut-être quinze, seize ou dix-sept ans. Je voulais vous raconter ça parce que je suis un humain comme les autres.

Pour répondre à votre question, mon entreprise existe depuis douze ans. On est distributeur d’équipements de buanderie (laveuses et sécheuses) commerciale industrielle. Il y a bien des choses qui sont plus « sexy » que ça, mais ce qu’il faut comprendre, c’est que mon entreprise, c’est juste un véhicule. Peu importe ce que tu vends, ça te permet de créer une entreprise. Moi, j’ai eu la chance de travailler dans une buanderie. Je n’avais aucune scolarité. Je lavais du linge. À un moment donné, je me suis dit qu’il allait bien falloir que je fasse quelque chose de ma vie. J’ai décidé de retourner à l’école. J’ai fait mon école de soir. Je travaillais de 7 h le matin jusqu’à 3 h l’après-midi. Puis, de 3 h 30 l’après-midi jusqu’à 10 h 30 le soir, je faisais mon DEP en électromécanique. Tout ça pour vous dire que peu importe le chemin, vous allez arriver à quelque chose. Si on en vient à mon entreprise, c’est pour ça que je m’en suis allé en buanderie. J’avais une certaine connaissance dans le domaine. On a un entrepôt à Drummondville et un bureau à Laval. En grande primeur, je vous apprends qu’on va aussi avoir un bureau à Trois-Rivières, mais en ce moment, il n’y a personne qui le sait. Moi-même, je l’ai su aujourd’hui et là je vous le dis, mais ne le dites pas à personne (rires). On devrait l’annoncer à notre équipe d’ici un mois et demi. Lavxel dessert le marché de Québec et avec notre bureau à Laval et des partenaires, on vend partout au Canada, notamment en Ontario et dans les Maritimes.

Quel type de métier peut-on retrouver dans votre entreprise ?

C’est assez diversifié. On peut avoir des électromécaniciens, des mécaniciens industriels, des commis d’entrepôts, des gens à la comptabilité, des vendeurs et des gens de soutien technique. On peut aussi avoir des gens qui vont s’occuper des pièces et services, donc des commis aux pièces. Dans la nouvelle branche qu’on va ouvrir bientôt, consacrée à la technologie, on va avoir des programmeurs Web, des analystes et des gens au « marketing ». Notre objectif sera de vendre des applications et de la connectivité, autrement dit des appareils qu’on va mettre dans nos laveuses. Donc par exemple, si vous allez dans un camping, au lieu de mettre de l’argent dans une machine, vous allez pouvoir payer avec votre cellulaire grâce à un code QR. Je voulais rendre ça le « fun » et innovateur.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

L’engagement, la collaboration et l’authenticité. Pourquoi ? Parce que ça définit tous les employés qui viennent travailler chez nous. S’ils ne cadrent pas dans nos valeurs, malheureusement ils quittent. Nous, on veut des gens engagés qui vont travailler vers la réussite de l’entreprise. On veut des gens authentiques. C’est correct de faire des erreurs, mais on veut le savoir, trouver une solution et avancer. Puis, l’authenticité est importante parce qu’on travaille tous ensemble. On ne travaille pas juste de notre côté pour faire notre « job », non, on travaille en équipe. On demande la même chose de nos fournisseurs et de nos clients. Quand on a une décision importante à prendre, on se pose trois questions. Est-ce que ça engage le client ? Est-ce qu’on collabore avec le client ? Est-ce qu’on est authentiques dans nos décisions ? Ce sont nos valeurs. La mission de l’entreprise, c’est de conquérir le monde une buanderie à la fois. Ce que ça dit, c’est qu’on ne se donne pas de limites, mais on prend le temps de faire les choses tout en conquérant les gens. Parce que conquérir le monde, c’est conquérir les gens.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

De respecter les valeurs qu’on vient juste de dire : l’engagement, la collaboration et l’authenticité. Ça fait douze ans que je suis en affaires et « by the way », quand j’ai démarré mon entreprise, je n’avais aucune idée de ce que je faisais. Je ne suis pas un entrepreneur, ma famille non plus. Je me suis juste dit : « Si je vais faire quelque chose, je vais le faire moi-même, on verra ce que ça donne ». C’est ce que j’ai fait. Mais au fil du temps, j’ai appris de mes erreurs et je suis allé suivre des formations à l’école. On va en parler peut-être plus tard, mais je pense que l’école, ça te montre comment apprendre des choses et après tu t’en sers dans le monde du travail. Pour en revenir aux qualités de nos employés, on veut des gens qui respectent nos valeurs et qui sont des humains avant tout. Ils vont avoir à cœur le développement de l’entreprise, mais qui vont aussi vouloir se réaliser et être ouverts. L’ouverture, ça va vous amener n’importe où dans le monde. Si vous restez toujours fermés à n’importe quoi, vous allez toujours être fermés. Si vous êtes ouverts, ça va vous ouvrir des opportunités. Nous, on demande à nos gens d’être ouverts à tous les problèmes et de trouver des solutions en discutant et en étant collaboratifs. De discuter et d’être collaboratifs.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?

Je suis fier d’avoir des employés, c’est quand même « cool » (rires). Bâtir une entreprise, c’est bien, mais quand tu réussis à avoir des employés, c’est le « fun ». C’est une belle réalisation je trouve. Ensuite, d’avoir ouvert un bureau à Montréal. Et maintenant, on distribue tous nos équipements partout au Canada. Ça aussi c’est le « fun ». Enfin, comme je l’ai dit, on va développer des applications technologiques pour faire en sorte que nos équipements de buanderie soient connectés les uns aux autres. Si vous avez un téléphone cellulaire ou un ordinateur portable, vous pouvez géolocaliser vos appareils. Eh bien, on va pouvoir faire ça avec nos équipements de buanderie. On va aussi avoir des bornes de paiement avec des cartes à réutiliser comme on utilise dans les jeux d’arcade, celles que tu recharges. On veut innover dans le domaine et j’en suis assez fier. Et je suis papa d’un petit garçon, je suis fier de ça aussi (rires).

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

J’ai ouvert un bureau à Laval et j’ai grandi en région. Ce que j’ai remarqué, c’est qu’en région, on sent plus de proximité. On se sent plus proche des gens. À Laval, c’est grand, mais on a l’impression que tout est loin. J’ai un bureau à Drummondville et éventuellement un autre à Trois-Rivières (j’y ai vécu pendant huit ans). J’ai l’impression qu’en région, les ressources sont plus accessibles. Il y a plus de programmes et de services pour les entreprises. Il y a moins de monde et c’est plus facile, c’est ça la différence. Si par exemple, il y a un concours d’entreprenariat, il y a peut-être 1500 candidatures. Mais s’il y a la même chose à disons Victoriaville, il y en a peut-être 80. Tu as pas mal plus de chances de gagner.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

Ça a changé beaucoup. Quand j’ai démarré mon entreprise, je faisais de la réparation d’équipements de buanderie. Je partais avec mon camion pour réparer les machines et les installer. Entre-temps, je recevais un appel d’un client qui avait besoin d’une laveuse. Je lui faisais une soumission. Je faisais tout. Au départ, j’étais un touche-à-tout. Maintenant, mon rôle a beaucoup changé. J’ai une équipe. Mon rôle, c’est de développer l’entreprise et de m’assurer que tout fonctionne bien. Mais ma priorité, c’est que les gens soient heureux. Et moi aussi, il faut que je sois heureux. Être entrepreneur, des fois ce n’est pas facile. Mais il y a des moyens d’être heureux là-dedans quand même. Il faut juste s’écouter.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez ?

Innover, développer et trouver de nouvelles idées. Développer l’entreprise, c’était une idée en soi. Ce que je trouve intéressant dans mon entreprise, c’est que ça me permet d’avoir des idées et de les concrétiser. C’est ce que j’aime le plus. Je suis une personne qui aime les idées, la nouveauté, la technologie, les nouvelles choses, apprendre. Ce que j’aime de mon travail, c’est d’être ouvert. Mettons que je suis en vacances dans un chalet ou que j’assiste à une « game » de hockey. Je vois une affaire et ça me donne une idée. Des fois, ça m’empêche de dormir la nuit. Quand je reviens au bureau, je propose de faire ça, ça ou ça. Toutes mes nouvelles idées d’entreprise, je les trouve bien souvent dans un cadre autre que le travail.

Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?

J’ai toujours rêvé qu’un jour, je partirais en vacances quelque part et que je verrais un logo de ma compagnie. Ça me ferait « capoter ». Je n’ai pas de limites. Quand on se met des limites, on se met des barrières et on s’empêche d’avancer. Je pense que dans la vie, tu ne peux pas t’arrêter d’avancer. Si tu n’avances plus, tu meurs. Je ne me mets aucune limite, j’avance. S’il y a des gens qui veulent avancer, je vais avancer avec eux. Ce que j’aime, c’est qu’il y a des gens dans mon entreprise qui sont rendus meilleurs que moi. C’est le « fun ».

Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?

Je pense qu’avant tout, c’est une entreprise qui est humaine. On comprend qu’à la fin de la journée, on a notre famille à aller voir. Je suis beaucoup à l’écoute de mes employés. Je n’ai pas toujours été comme ça honnêtement. En bâtissant mon entreprise, j’avais encore le vieil adage qui dit que je suis le « boss » et c’est moi qui décide, « that’s it ». Mais ça ne marche pas comme ça quand tu fais affaire avec des gens, surtout avec la nouvelle génération. Vous avez des besoins différents et on doit être à l’écoute des changements qui s’opèrent dans la société. Encore là, je parle d’ouverture depuis tantôt, il faut rester ouvert, allumé et à l’écoute. Je pense que notre grande force chez Lavxel, c’est d’être à l’écoute de nos employés et de nos fournisseurs.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie?

C’est une drôle de question parce que c’est la plus dure. Je lisais les questions avant l’entrevue et je me demandais ce que j’allais répondre. Je n’ai jamais eu d’idoles ou de personnes que je trouvais vraiment « hot ». Alors ce qui m’inspire dans la vie, ce sont des entrepreneurs de renom. Avant je lisais beaucoup et j’ai arrêté parce que je n’avais plus le temps. Maintenant, j’écoute des podcasts et des livres audios. Quand je m’en venais ici, j’écoutais l’histoire de Steve Jobs, le cofondateur d’Apple. Je m’inspire beaucoup de ces gens-là. Elon Musk est un autre exemple. Je prends le meilleur d’eux et je le transpose dans ma vie avec mes valeurs à moi. Ce qui m’inspire aussi, c’est qu’il n’y a pas de limites. La seule limite, c’est celle que vous vous donnez. Je me suis rendu compte de ça assez tard. Mais c’est vrai.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est de ne pas lâcher. Moi, j’ai lâché l’école quatre fois (rires). J’ai redoublé mon anglais de secondaire 1. En secondaire 4, j’ai lâché l’école. Je suis revenu, je suis allé faire un DEP en électromécanique, j’ai lâché. Je suis retourné à l’école pour adultes, j’ai lâché. Pour vous mettre en contexte, j’avais quinze ans. Je suis allé en appartement, je faisais des « jobs » un peu partout. J’ai travaillé dans des « shops ». À tous les trois mois, je changeais de « job ». Je vous raconte ça parce que c’est important. Un jour, en-dedans de moi, il y a quelque chose qui s’est dit que ça n’avait pas d’allure. Il fallait que je fasse quelque chose. Je me suis dit : « Si je ne le fais pas là, je vais continuer comme ça toute ma vie ». Ce n’est pas ça que je voulais. Je savais en-dedans de moi que j’allais réaliser quelque chose. Ça n’avait pas de sens que je fasse juste ça de ma vie. À un moment, je travaillais à un endroit où pour la première fois de ma vie quelqu’un me faisait confiance et me donnait des responsabilités. Ça m’a donné le goût de retourner à l’école. C’est quand je travaillais à la buanderie en fait. Je suis retourné à l’école, je travaillais le soir. Après deux ans, j’ai eu mon diplôme. C’était la première fois de ma vie que je réalisais quelque chose. Il ne faut pas oublier que j’avais vingt-trois ans à ce moment-là.

Pour moi, la persévérance scolaire, c’est de ne jamais abandonner. Dites-vous que c’est juste une question de confiance. Ayez confiance en vous. Vous allez le comprendre un jour, mais vous êtes jeunes, vous avez la vie devant vous. J’ai quarante ans, vous avez quinze et quatorze ans. Ce qui va vous aider, c’est d’avoir confiance en vous. Mais la première chose, c’est que quelqu’un ait confiance en vous. Je suis convaincu que Philippe a confiance en vous. Ça va vous aider beaucoup. Ce sont les gens qui vont tourner autour de vous qui vont faire en sorte que vous allez avancer. Entourez-vous de gens qui croient en vous et qui veulent vous aider pour que vous n’abandonniez pas. Il n’y en aura pas de limites.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

Je vous dirais que c’est un bel apprentissage. Quand j’étais jeune, je jouais dehors et mes seuls jeux, c’était de lancer des pommes et des roches (rires). On jouait à la cachette à travers le village au complet. En région, il y a quelque chose de spécial. Ça permet d’avoir une vision unique de la vie. En ville, les gens vivent parmi le brouhaha. En région, on vit autre chose. Quand vous arrivez ailleurs, ça vous permet d’amener votre propre perspective. Vous avez grandi dans une autre réalité. Vous allez vous démarquer des autres.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est merveilleux. Quelqu’un étant jeune qui s’implique bénévolement dans sa communauté va sans doute le faire quand il va être vieux. Si vous vous impliquez là, présentement, vous allez aussi vous impliquer plus tard dans tout ce que vous allez faire dans votre vie. Donc, tout va être une réussite parce que vous êtes habitués de travailler pour atteindre vos objectifs. J’aurais aimé ça être comme vous quand j’étais jeune. Je ne l’étais pas, je ne faisais que m’amuser. Vous êtes « hot », vous vous impliquez quand vous êtes jeunes, imaginez ça va être quoi quand vous allez être plus vieux. Ça va être malade.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique ?

C’est très bien, c’est important. Mais une chose plus importante encore, c’est l’alimentation. Tu vas ressembler à ce que tu manges. Je m’en suis rendu compte il n’y a pas si longtemps. Je bois trois litres d’eau par jour. Je ne mange plus de « fast-food ». Je mange mes fruits et légumes ainsi que mes protéines. Je ne mange pas de grosses portions. Je ne bois pas d’alcool régulièrement. Pourquoi ? Parce que ça garde ton esprit vif et alimenté par une énergie qui est toujours présente. On a avancé l’heure dernièrement. Pour moi, ça n’a rien fait du tout. Je me suis levé et c’est comme s’il n’y avait aucun problème. Le sommeil, c’est aussi important. Dormir au moins huit heures par nuit, ça fait toute une différence. C’est comme une batterie. Si tu ne recharges pas ton cellulaire, il devient mort. C’est la même chose pour l’être humain. Pour en revenir à l’activité physique, c’est sûr que j’aimerais en faire beaucoup plus. Malheureusement, je ne suis pas un exemple. Mais je sais que c’est bien et je m’engage dans les prochaines années à avoir une meilleure activité physique. Pourquoi ? J’ai un petit garçon de quatre ans. Un jour, il va vouloir s’amuser un peu plus et il va falloir que je sois en forme pour le suivre. L’activité physique, l’alimentation et le sommeil, ce sont trois éléments clés pour être bien dans sa peau.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Ce n’est pas une bonne idée de fumer. Je l’ai déjà essayée quand j’étais jeune. Je suis chanceux de ne pas avoir aimé ça. Si tu veux détruire ta santé, très bien. Mais si tu veux mener à bien tes projets, il faut que tu sois en santé. Et je ne pense pas que fumer fasse partie des conditions pour être en santé.


Entrevue avec François Legault, Premier ministre du Québec.

Entrevue avec François Legault, Premier ministre du Québec, réalisée par Noémie Boutin, Juliette Léveillée, Marie-Pierre Beaudet, Ève Rioux et Éléonore Guévin-Roy des Comités 12-18 de Ste-Sophie d’Halifax, L’Avenir et Tingwick.

Quelle personne vous inspire dans la vie ?

Dans ma jeunesse, il y avait un politicien inspirant, aimé de tout le monde et proche du monde. C’était René Lévesque. En politique, c’est lui qui m’inspire. Dans le monde des affaires, je dirais Bernard Lemaire, il est décédé dernièrement. C’était vraiment un entrepreneur. Les frères Lemaire ont lancé une entreprise (Cascades) et ça m’a donné le goût de faire comme eux. J’ai lancé une compagnie aérienne qui s’appelle Air Transat.

Pourquoi vouliez-vous devenir Premier ministre ?

Il y a toujours eu deux sujets qui sont importants pour moi et à la base de mon implication politique. En tant qu’homme d’affaires, l’économie, c’est essentiel. Quand on compare la richesse du Québec avec celles du Canada et des États-Unis, on est moins riches qu’eux pour toutes sortes de raisons. Les francophones, pendant longtemps, n’aimaient pas les affaires. On était encore en rattrapage et maintenant ce qu’on essaie de faire entre autres, c’est de développer de nouveaux créneaux. Comme dans votre coin à Bécancour, avec la filière batterie. On voudrait attirer davantage d’investissements en offrant de l’électricité, de l’énergie verte.

Le deuxième point que je trouve important, c’est l’identité québécoise qui passe par la protection de la langue française. Je suis fier d’être Québécois. J’ai toujours été nationaliste, j’ai même été souverainiste. On oublie des fois (c’est peut-être encore plus vrai pour vous autres) que le français sera toujours fragile en Amérique du Nord. On est quelques millions entourés de centaines de millions d’anglophones. Moi, je viens de l’Ouest-de l’Île, donc j’étais vraiment entouré d’anglophones à Montréal. Il y a un déclin du français et pour arrêter ce déclin, il faut qu’on commence à augmenter le nombre de francophones. Ce n’est pas facile avec vous autres, les jeunes, parce qu’il y a Internet où presque tout est en anglais (Netflix, Spotify, etc.). C’est vraiment un gros défi. Être aussi riche que nos voisins, ce n’est pas une fin en soi. Mais ça donnerait les moyens de se payer de bons programmes sociaux et d’inverser le déclin du français pour qu’on soit encore plus fiers d’être Québécois.

Comment aimeriez-vous que les gens se souviennent de vous comme Premier ministre ?

Ça c’est facile. J’aimerais qu’ils disent : « François Legault, il a réussi à créer de la richesse et à réduire notre écart de richesse avec nos voisins. Il a aussi réussi à arrêter le déclin du français et maintenant, on est encore plus fiers d’être Québécois ». Mes deux plus grandes raisons d’être en politique sont les mêmes pour lesquelles j’aimerais qu’on se souvienne de moi.

Avec le recul d’aujourd’hui sur la situation de la COVID, qu’est-ce que vous auriez voulu changer ? Les mesures mises en place par le gouvernement ?

D’abord, je dois dire que de façon générale, je suis fier de ce qu’on a fait. On a été sévères, beaucoup plus qu’ailleurs en Amérique du Nord. Je vous donne juste quelques chiffres. Au Québec, pendant toute la pandémie, il y a eu 11 000 morts. Mais si on avait eu le même taux de surmortalité que dans le reste du Canada, on aurait eu 21 000 morts. Si on avait eu le même taux qu’aux États‑Unis, on aurait eu 31 000 morts. Ça veut dire qu’on a sauvé entre 10 000 et 20 000 vies. Il reste que ça a été très dur dans ce qu’on appelle les CHSLD (les résidences pour personnes âgées). On avait l’idée, avant la pandémie d’augmenter les salaires des préposés et finalement on l’a fait au début de la première vague. Si c’était à refaire, je l’aurais fait avant ça.

Quelle est la chose la plus difficile à faire quand on est Premier ministre ?

Répondre aux questions des journalistes comme vous autres. (rires) Je ne sais pas ce que vous allez faire avec ça dans les journaux, mais des fois, on prend un petit bout et on me fait dire des choses que je n’ai pas dites. En ce moment, je vous parle et si vous n’êtes pas d’accord, on peut s’obstiner et échanger. Quand c’est en première page du journal, c’est trop tard. Je me dis que ce n’était peut-être pas une bonne idée d’avoir dit ça. C’est ça qui est le plus dur.

Quelle situation pendant la pandémie fut la plus difficile pour vous ?

Je dirais que c’est par rapport à vous autres, les jeunes. J’ai des neveux et j’ai deux gars, je sais que ça a été difficile pour vous. Ne pas pouvoir aller dans les gyms alors qu’il y a bien du monde qui aime ça. Ne pas pouvoir voir vos amis. Ne pas pouvoir faire de party le vendredi soir. On disait : « Mettez des masques pour aller à l’école et quand l’école est finie, allez-vous-en chez vous ». Je me souviens quand j’avais treize ans, c’était important de voir mes amis. Je me mettais à votre place et comme le disaient les experts, vous n’étiez pas le plus à risque. Mais vous pouviez transmettre le virus à vos parents et encore plus à vos grands-parents. Eux, ils peuvent mourir. Dans le fond, je vous ai demandé de faire des sacrifices pour sauver des vies, mais ça me déchirait le cœur de le savoir.

Comment le conflit israélo-palestinien affecte votre travail depuis les récents événements ?

Qu’est-ce que vous en pensez, vous ? (rires) Je pense que ça s’ajoute à toute la morosité qu’on a. Avec l’inflation, le coût de la vie a beaucoup augmenté, donc l’épicerie coûte plus cher, le loyer coûte plus cher, etc. Maintenant, en plus de tout ça, ils ouvrent la télévision et voient des enfants qui se font tuer. On a beau se dire que c’est loin, ce sont des vrais enfants qui sont tués. C’est dur pour le moral. Évidemment, on souhaite tous que ça se termine. C’est un conflit qui existe depuis longtemps et qui ne sera jamais facile à régler. Ça ajoute à la lourdeur.

Quel impact apporte la grève dans votre travail ?

Oh, boy ! J’ai été trois ans Ministre de l’Éducation, j’ai passé beaucoup de temps dans des écoles. Je sais que la grève, ce n’est pas bon pour les jeunes. Quand tu manques une semaine, puis deux, puis trois, c’est difficile après de rattraper ton retard. Ça, je trouve ça dur. Évidemment, on essaie avec l’argent qu’on a de s’entendre avec les enseignants sur leurs salaires et leurs conditions de travail. Je voudrais que ça aille plus vite. Ça a un impact sur la scolarité des enfants et moi, c’est ce qui m’achale le plus.

Trouvez-vous que la question de la pluralité des genres est pertinente et quelle est votre opinion sur le sujet ?

C’est un nouvel enjeu partout dans le monde. Avec Suzanne Roy, la Ministre de la Famille, on a nommé un comité des « sages ». Ce sont des gens qui connaissent la sociologie et qui vont regarder ce qui se fait ailleurs. C’est un nouvel enjeu de se dire qu’il y a des personnes qui ne sont ni des hommes ni des femmes et qui se demandent : « C’est quoi ma place ? Est-ce que je peux avoir un X sur mon certificat de naissance ? Est-ce que je devrais avoir accès à des lieux, des toilettes et des services de façon différente ? » Il y a plein de questions qui se posent. Il faut y réfléchir. Ce n’est pas évident. Il y a des parents qui trouvent ça dur. Par exemple, vous avez treize ans, vous voulez changer de sexe, vos parents ne veulent pas, qu’est-ce qu’on fait ? Ce sont des questions fondamentales qu’on ne se posait pas quand moi j’avais treize ans, mais on doit se les poser actuellement. Il y a des experts qui vont se pencher là-dessus. Comme c’est un enjeu qui se passe partout dans le monde, ils vont regarder ce qui se fait ailleurs. Ils vont nous revenir avec des recommandations.

Avec les derniers résultats des sondages électoraux, comment envisagez-vous l’avenir du parti ?

Les sondages, ça monte et ça descend. Six mois, en politique, c’est une éternité. Il reste trois ans avant la prochaine élection, ça veut dire qu’il reste six éternités. Ça va continuer de monter et de baisser, mais j’essaie de ne pas trop regarder les sondages, même quand ils sont en ma faveur. Ce qui est important, c’est de faire les changements qu’on veut faire et obtenir des résultats. Nous, on a cinq priorités : l’éducation, la santé, l’économie, l’environnement et l’identité québécoise. J’essaie de regarder comment ça avance dans ces dossiers plus que comment ça avance dans les sondages.

Comment conseilleriez-vous quelqu’un qui veut se lancer en politique ? Quelles études doit-il/elle faire ?

Je pense que c’est important, avant de se lancer en politique, d’avoir une expérience de vie, d’avoir eu au moins un autre job avant. En politique, tu représentes tes concitoyens. Il faut que tu connaisses les enjeux sociaux et ça ne s’apprend pas juste à l’école, mais aussi par les expériences professionnelles.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

Pour tout le monde, moi le premier, il y a des moments quand on est à l’école que ça ne va pas bien. Tu as des mauvais résultats, tu te fais écœurer (dans la vraie vie ou sur les médias sociaux), tu te retrouves avec d’autres problèmes et tu as le goût de tout sacrer ça là. Il faut résister. Aujourd’hui, on est dans une société du savoir. Si on veut avoir un job stimulant intellectuellement, il faut avoir fait un minimum d’études. C’est long, travailler. Ça se peut que vous travailliez jusqu’à 70 ans si vous êtes en forme. Ça vaut la peine d’étudier, d’aller jusqu’au bout et de passer à travers les moments les plus durs. En somme, de persévérer.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

On travaille fort dans votre région. Je me souviens qu’il y a vingt ans, c’était dur au Centre-du-Québec et en Mauricie. Quand je comparais le revenu moyen, c’était plus bas que la moyenne du Québec pour toutes sortes de raisons. Il y a eu longtemps des industries dans le secteur du papier à Trois-Rivières et en Mauricie et, avec le temps, elles ont disparu. Même chose pour les compagnies à Shawinigan. Il fallait arriver avec quelque chose de nouveau dans la région. Ce qu’on a fait, entre autres avec la filière batterie, c’est d’amener des jobs : fabriquer des batteries pour des véhicules électriques. Ça va être long de passer des véhicules à essence aux véhicules électriques. Ce n’est pas rien de recevoir à Bécancour des grosses compagnies comme General Motors (GM) et Ford. On avait un parc industriel. Je me souviens l’avoir visité il y a vingt ans. On disait : « C’est le plus grand parc industriel au Canada à Bécancour ». C’est sur le bord de l’eau en plus, c’est bien situé pour le transport des marchandises par bateau. Le parc était vide à l’époque. Maintenant, il est plein. Même que l’inquiétude des entreprises, c’est : va-t-on trouver assez d’employés ? Ce sont de beaux problèmes. Il va falloir qu’on mette en place des formations. Mais je pense que c’est une bonne nouvelle pour le Centre-du-Québec et la Mauricie.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est super! J’adore ça. La solidarité, ce n’est pas juste Québec Solidaire. La solidarité, c’est à la base d’une société. Il faut s’aider les uns les autres. Dans la vie, il y en a qui ont plus de talent que d’autres, il y en a qui sont plus choyés que d’autres. Quand tu es plus choyé, il faut que tu t’occupes de ceux qui le sont moins. Il faut que tu penses à eux, pas juste à toi. Ça commence tôt. Ça commence dans les organismes et les municipalités. Éventuellement, grâce au bénévolat, il y en a qui vont faire de la politique.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

J’aime ça, je suis un passionné de sport. J’ai deux gars aujourd’hui qui ont 30 et 31 ans. Dès qu’ils ont été capables de marcher, ils n’avaient pas le choix, ils jouaient au tennis parce que je suis un maniaque de tennis. Je leur ai en plus appris le ski. Il y en a un qui me critique parce que j’aurais dû lui apprendre le hockey. Mais c’est une autre affaire. Le principe de dire que le sport aide à la réussite scolaire, moi j’y crois. En plus, ça déstresse. Pour moi, c’est bien important.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Je n’aime pas ça. C’est pour ça qu’on a enlevé les saveurs dans le vapotage. Il y en a qui n’ont pas aimé ça. Il faut tout faire pour éviter de tomber là-dedans. Ce n’est pas bon pour la santé.