Entrevue avec Jocelyn Monty, Ferme la p’tite virée, réalisée par Élodie Gosselin et Kayla Carrier du Comité 12-18 d’Inverness.
Décrivez-nous votre entreprise
L’entreprise, c’est La p’tite virée. C’est une entreprise agrotouristique. On fait du bleuet en autocueillette, des produits de l’érable et un peu de canard saisonnier.
Quels types de métiers peut-on retrouver dans votre entreprise ?
Pas mal toutes sortes d’emplois différents. Autant de construction, de comptabilité que de vente et marketing. Il faut vendre nos produits si on veut être rentable. Il y a aussi la transformation alimentaire, cuisinier, bûcheron, acériculteur. Ça regroupe un paquet de métiers différents.
Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?
La mission de l’entreprise c’est, en premier, les valeurs familiales. On est une jeune famille. La deuxième valeur est l’authenticité des produits. Être le plus simple possible, le plus authentique dans nos produits.
Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés lorsque vous les embauchez ?
C’est sûr, d’être responsable et d’avoir le sens du travail. Par-dessus tout, être honnête. Je ne demande pas la performance, mais surtout d’être honnête. De me le demander s’ils ne comprennent pas. Je suis ouvert à tout ça. Je veux dire, tout s’apprend. Toute personne ne travaille pas de la même vitesse non plus, ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas bons. Il y en a qui peuvent travailler moins vite, mais faire un travail excellent qu’on a pas besoin de reprendre. D’autres travaillent trop vite. Je demande un objectif pour les jeunes qui sont surtout à l’autocueillette, c’est souvent leur premier emploi. Je suis conscient de ça et j’essaye de l’être au maximum et de montrer ce qu’est un travail et comment bien le faire.
Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fière ?
C’est l’entreprise en général dont je suis fier parce qu’on est vraiment parti de rien. Je dirais de rien pantoute. Quand on a repris la ferme, ça faisait 4 générations qui étaient là. Le monsieur était fatigué, il avait environ 70 ans. Tout était un peu à l’abandon. Il y avait juste l’érablière qui était fonctionnelle. Elle n’était pas productive, mais elle était fonctionnelle. Donc, il a fallu repartir de zéro, autant les ventes que les bâtiments, la façon de travailler et l’aménagement de tout ça. Les bleuets, on est parti de zéro et il faut croire qu’on fait bien ça, on en manque chaque année. C’est une belle fierté aussi.
Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?
L’avantage de travailler en région, c’est que souvent on est plus conciliant avec le travail-famille. On peut être plus versatile pour essayer de garder le monde le plus possible. Souvent la nature est plus proche, c’est plus avantageux de ce niveau-là.
Comment se passe une journée de travail pour vous ?
Ouf ! Ça dépend de quelle période. Ces temps-ci, c’est très intense avec la récolte du sirop d’érable. Je sais environ quand je me lève, mais je ne sais jamais quand je me couche. On pourrait dire qu’une journée typique, souvent le matin, j’organise ma journée, à savoir quelles sont les priorités. Est-ce que j’ai des commandes ? Est-ce que je dois tasser des choses puisqu’une grosse commande vient d’entrer ? Est-ce que je dois me mettre à la transformation ? Ça peut être les constructions, les projets de plus grande envergure qui n’avancent pas aussi vite qu’on le veut parce qu’il faut gérer la production au travers des produits qu’on vend. C’est quand même la priorité, c’est ça qui amène des revenus. Il n’y a pas une journée qui se ressemble chez nous. C’est un des avantages, si on n’aime pas la routine.
Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?
J’aime tout ce que je fais, j’adore tout ce que je fais. Par exemple, la construction, j’adore ça en faire, la rénovation, mais je ne ferais pas ça toute l’année. L’acériculture, j’adore ça, mais c’est un bout intense. Les bleuets, c’est pareil, je suis super content de commencer, de préparer, mais je suis aussi super content quand ça finit. J’aime le changement. Je suis servi et je touche à tout. C’est pas mal ça le point fort de mon travail.
Jusqu’où rêvez-vous d’amener votre entreprise ?
Le plus loin qu’humainement c’est possible tout en gardant ça familial. Je n’ai pas l’ambition de devenir international. Le sirop d’érable, j’aimerais bien l’exporter en France. On a beaucoup de contacts là-bas. C’est pas mal le plus. Ça va toujours rester grandeur familial. Le rêve ultime, c’est de rendre l’entreprise rentable, qu’on vive bien de ça.
Pour quelles raisons devrait-on travailler pour votre entreprise ?
C’est un peu pour les raisons que j’ai nommées. La conciliation travail-famille. On est très compréhensif si l’honnêteté est au rendez-vous. La monotonie, il n’y en a pas. On sait à quelle heure on entre le matin, mais on ne sait pas nécessairement ce qu’on va faire dans la journée. Ça peut tout changer avec un coup de téléphone.
Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?
C’est de vivre, c’est de bien exprimer nos valeurs, c’est de se respecter soi-même, de ne pas se faire une image pour les autres.
Que pensez-vous de la persévérance scolaire ?
C’est bien. Il faut persévérer à l’école, ne serait-ce que pour faire le métier qu’on aime plus tard. Pour être bien. Pour moi le métier, ce n’est pas un travail, c’est un mode de vie, peu importe ce qu’on fait. Je veux dire, on passe le trois quart de notre vie à “travailler”. Je le mets entre guillemets parce que pour moi, c’est un mode de vie. De persévérer à l’école, si ça te donne ce pouvoir-là, tu vas vivre la plus belle vie.
Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?
La persévérance en tout c’est bien. Il y a beaucoup de monde qui nous avait dit de ne pas toucher à ce qu’on fait aujourd’hui, que c’était beaucoup de travail, que ce n’est pas garanti de réussite, que ça va peut-être être un échec. On a toujours persévéré là-dedans. On a tout le temps eu foi en ce qu’on faisait. Ça a donné ce qu’on a aujourd’hui. Donc, ne lâchez pas quand vous avez un objectif et si vous n’en avez pas, il faut en trouver un.
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
En n’étant pas natif de la région, c’est quelque chose qui m’a beaucoup attiré, l’esprit communautaire d’Inverness. On a passé 9 mois à venir avant d’être propriétaire, quand on a monté le plan d’affaires et qu’on a préparé l’entreprise. On a participé au Festival du bœuf, on a vu l’esprit communautaire qui régnait ici et c’est ce qui nous a attirés. J’encourage mes enfants à aller dans cette direction-là parce que je trouve ça super.
Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?
Par mon métier, je suis en forme par défaut. Ça ne me prend pas un entraînement bien développé. Mais l’activité physique, c’est très important parce que ça nous permet de garder les idées claires, d’être mieux dans sa peau, de mieux dormir le soir. Tout dépend un peu de ça. Si on ne fait rien et qu’on reste assis tout le temps, les idées se brouillent.
Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette/la vapoteuse ?
Bien pour être honnête, je suis moi-même fumeur. J’ai arrêté à quelques reprises. Je prétends bien arrêter plus tard. Je suis un fumeur. Je ne suis pas un grand fumeur mais je l’ai déjà été. Là, je ne fume pas dans la maison, ni dans l’auto. Je respecte tout ça. Mes enfants et ma conjointe ne fument pas. Même si je dis que ce n’est pas bon pour la santé, je me suis tout fait dire ça, c’est un peu à chacun de faire ses choix. Sauf qu’il faut qu’il soit conscient que ça crée une dépendance et que c’est dur d’arrêter. Je ne pourrais pas dire à quelqu’un de ne pas fumer, il va me demander pourquoi, moi, je fume. C’est vraiment selon les expériences de chacun. J’ai des amis qui l’ont essayé étant jeunes et qui n’ont jamais accroché et tant mieux pour eux-autres. Ce n’est pas bien pour la santé, personne ne dit le contraire. Après, chaque jeune va faire son expérience de ça.
Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et en contrepartie, les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?
L’effet positif, c’est qu’il y a une certaine qualité qui est assurée. Tu contrôles plus ce qu’il y a dedans, parce que dans l’illégal il peut y avoir toutes sortes de produits x qui peuvent être autres que du cannabis qui ne feront pas les effets désirés. Donc, ça le rend peut-être moins attrayant pour ceux qui sont attirés vers l’illégal. Pour les effets négatifs, ça donne un accès plus facile pour les jeunes. Malgré que, pour avoir été jeune, l’accès était quand même facile. Je dirais qu’on peut être plus conscient vu qu’on a une alternative où l’on peut aller s’informer en toute légalité à savoir c’est quoi le produit, qu’est-ce que ça fait et les différentes variétés. Ça rend la personne plus consciente, même si elle va du côté illégal pour acheter. Encore là, c’est un peu comme la cigarette. Chacun va faire son choix, même si on dit que ce n’est pas bon. Chaque personne va faire son expérience. Donc en ayant un côté légal, j’estime que c’est plus favorable, au moins la personne a plus de connaissance à ce niveau-là.