Pouvez-vous nous parler de votre impressionnant parcours dans le monde des médias ?
J’ai commencé quand j’avais dix-sept ans et je n’ai jamais arrêté depuis. C’était en 1979 au Saguenay-Lac-Saint-Jean, la région où je suis né. C’était plus facile dans le temps parce qu’il y avait beaucoup plus de postes de radio. Chaque petite ville avait la sienne et il n’y avait pas encore de réseaux sociaux. J’ai fait une partie de ma carrière pendant cinq, ans dans ma ville natale, puis huit ans, à Québec. J’ai été chanceux dans mon parcours parce que j’ai commencé à travailler dans les années 80, la meilleure période pour la radio francophone au Canada. Ça brassait. On avait 21 ou 22 ans et on « capotait ». On avait du « fun ». Ensuite, je suis parti travailler à Montréal à partir de 1992. Et je suis toujours là. (rires)
À part travailler de nuit, j’ai tout fait en radio : les sports, les nouvelles, l’animation et la coanimation. Côté émissions, j’ai fait de l’animation le matin pendant quatorze ans, « Les Grandes Gueules » pendant quatre ans et demi et maintenant, je fais « Midi Fun » depuis cinq ans déjà. Je n’arrête pas. Je suis encore là et ça marche. En tout, ça fait 45 ans en continu. J’en suis très fier.
Vous avez reçu une étoile portant votre nom dans le Hall de Bell Médias. Pouvez-vous nous parler des avantages d’avoir cette médaille ?
Quand j’ai reçu l’étoile, je ne savais pas que j’étais malade. Alors recevoir cette médaille de mon vivant, en plus des compliments de mes collègues et de mes patrons, c’était le « fun ». C’est comme si je recevais du respect et de l’amour de leur part. J’ai aussi pu avoir une vision d’ensemble de toute ma carrière. C’est comme avec Shea Webber, un ancien joueur des Canadiens de Montréal et des Predators de Nashville, intronisé hier dans le Temple de la Renommée. Je regardais son visage et je comprenais ce qu’il ressentait.
Ça m’a fait un petit quelque chose de recevoir ça de mon vivant. Je ne dis pas que je veux mourir demain matin, loin de là, mais ça adonnait bien. C’est comme si les astres étaient alignés pour que je reçoive ça là. En effet, un mois plus tard, j’apprenais que j’étais gravement malade. Je souffrais du cancer de la prostate depuis un an et demi. J’ai dû me faire opérer.
Quel est ce dont vous êtes le plus fier dans votre métier ?
Avoir connu (entre guillemets) le succès dans chaque quart que j’ai travaillé. Tu ne peux pas travailler le matin pendant quatorze ans si ça ne marche pas. « Les Grandes Gueules », ça marchait. Le « Midi Fun », ça fait déjà cinq ans que ça existe. Peut-être qu’on va se rendre à six alors qu’au départ, je pensais qu’on n’en ferait pas deux. Ce que je veux dire, c’est que les gens qui connaissent le succès pendant un an et demi, j’en ai vu plein. Ce qui prouve que ton projet fonctionne bien, c’est sa longévité. Si tu as été bon hier, il faut que tu sois bon aujourd’hui. Tu peux savourer ton succès sur le moment, mais tu ne peux pas rester assis sur tes lauriers indéfiniment. Sinon, pendant que toi tu te dis que tu es « hot », d’autres vont prendre ta place.
Quelle importance accordez-vous à l’activité physique ?
C’est tellement important. J’ai 63 ans. J’ai eu des problèmes cardiaques. J’ai eu deux cancers en un an et demi. Je fais donc du sport au minimum cinq jours par semaine. Sinon, mon mental ne suivra pas. J’adore l’activité physique et l’adrénaline que ça me procure. Mon sang circule. Je me sens en vie. Je passe deux jours sans faire de sport et on dirait que je deviens de mauvaise humeur. Ça me prend de l’activité physique. Ça fait partie intégrante de ma vie, tout comme la bonne nourriture. J’aime le « junk », comme les poutines. Mais j’essaie de bien manger.
Quel message voudriez-vous envoyer aux jeunes de notre région ?
Que tout est possible si tu fais des efforts et que tu « focus » sur ton projet, peu importe le domaine. Des fois, c’est plus tentant de sortir avec tes amis, mais travailler, ça rapporte. Certains disent que nous, les « boomers », on a trop travaillé dans notre vie. Mais je n’ai pas d’autres recettes que ça. Quand je veux quelque chose, je vais l’avoir. Mais je ne peux pas l’avoir si je me « pogne » le beigne à deux mains dans mon divan en mangeant des chips. Il faut faire des efforts, comme pour l’activité physique.
Est-ce que vous auriez voulu commencer votre carrière plus tard ? Quels impacts cela aurait-il eus ?
J’avais été accepté en communication au Collège Algonquin à Ottawa. Le regret que j’ai, c’est de ne pas y être allé. La raison, c’est que je venais d’obtenir un emploi chez nous au Saguenay. Ma mère était très fière que j’aille à Ottawa. Quand je lui ai annoncé que je n’irais pas, elle m’a dit de revenir sur ma décision. Je ne l’ai pas écoutée. J’aurais dû, je serais bilingue aujourd’hui. Je ne suis pas un peureux dans la vie, j’aurais aimé faire de la radio à New York ou à Boston. Je suis un maniaque de radio et j’aurais aimé être capable d’en faire en anglais. Je connais des personnes bilingues qui l’ont fait. Ça a marché. J’aurais « capoté ». (rires)
Comment décririez-vous le métier d’animateur radio ?
Ça dépend. Chaque chaîne a son but. Si tu travailles pour Radio-Canada, c’est plus conventionnel et centré sur l’information. Pour BPM Sports, ça se concentre sur le sport. Ici, c’est plus du divertissement. On n’est pas ici pour traiter des dossiers sur les élections américaines et la victoire de Trump, par exemple. D’ailleurs, ça ne m’intéresse pas de faire ça. Les gens qui nous écoutent veulent se faire divertir peu importe le moment de la journée. C’est de l’animation légère. On parle de musique. On est de bonne humeur. Notre slogan, c’est : « Plus de classiques, plus de fun ». Ça résume très bien ce qu’on fait. On fait jouer des classiques et on a du plaisir. J’adore notre format parce que le rock, c’est en plein le genre de musique que j’écoutais à votre âge. Je baigne encore là-dedans, j’aime ça.
Quel est votre plus grand rêve ?
Me rendre à cinquante ans de carrière, si ma santé me le permet. Au mois de juin, ça va faire 46 ans que je travaille. J’aurais 67 ans et ce serait assez. (rires)
Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?
C’est super. On n’avait pas ces opportunités ou même d’organismes comme le vôtre dans notre temps. Ça vous fait voir la manière que ça fonctionne au niveau de votre municipalité.
Vous êtes ambassadeur pour la campagne « Movember » pour ramasser des fonds pour le cancer de la prostate. Pourquoi avoir choisi cette cause ?
Grâce à mon cousin Jean Pagé. C’était une grande personnalité dans le monde du sport. Il était animateur pour Radio-Canada, TQS et bien d’autres stations de télévision. Il est décédé du cancer de la prostate. En 2023, j’ai reçu le même diagnostic. J’ai été opéré dès le mois suivant parce que le cancer était très invasif. Quand on m’a demandé de devenir l’un des porte-étendards de PROCURE, je n’avais pas le choix d’accepter. C’était naturel pour moi de m’associer à cet organisme et de les aider. Je le fais également pour le Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) de Montréal où j’ai été opéré.