Entrevue avec Monsieur David St-Jacques, astronaute, réalisée par Alice Pelletier, Cloé Girard, Noémie Boutin, Frédérique DeMontigny et Nicolas Bernier des Comités 12-18 de L’Avenir, Ste-Sophie d’Halifax et Ste-Séraphine.
- Lorsque vous étiez plus jeune, quel métier vouliez-vous faire ?
Quand j’étais jeune, je rêvais d’aller dans l’espace… ça fait très longtemps. Mais mon premier métier auquel j’ai rêvé, sais-tu c’était quoi ? Je pense que je voulais être, je ne sais pas si ça existait, je voulais être maquettiste. J’avais été fasciné par les maquettes de chemins de fer. Quand j’étais petit, j’adorais ça faire des « legos », des espèces de modèles miniatures. Alors c’était mon premier rêve d’être maquettiste, mais bon, ce n’est pas le métier que j’ai fait.
- Comment avez- vous su que vous vouliez devenir astronaute ?
Ce n’était pas de devenir astronaute mon rêve. C’était de comprendre l’univers. Ça, ça m’est venu la première fois que j’ai vu des photos avec la terre et l’espace. Au début quand j’étais petit, je ne comprenais pas. Un jour, on comprend ce qu’on regarde quand on voit ça. Je ne sais pas quel âge j’avais (6-7 ans ?), quand j’ai compris ça… O.K., c’est la terre où que nous sommes maintenant…. Cette perspective-là que ça m’a donnée sur la vie, c’est que je suis devenu un peu obsédé par l’espace à ce moment-là. Je voulais tout savoir sur l’astronomie, l’astrophysique, pas nécessairement devenir astronaute. C’est venu plus tard, plus adulte, lorsque j’ai plus compris ce que c’était qu’être astronaute. J’étais déjà assez vieux, je dirais à l’université, lorsque j’ai entendu dire qu’il avait un recrutement d’astronaute, il y a maintenant 12 ans de ça. C’est là que je me suis dit que je veux absolument essayer.
- Quelles sont les études que vous avez faites et aviez-vous de bonnes notes à l’école ?
Quand j’étais à l’école, j’avais d’assez bonnes notes. J’étais un peu distrait, je n’aimais pas trop ça faire tous mes devoirs. J’aimais mieux faire mes bricolages et jouer. Je me suis toujours forcé pour avoir de bonnes notes parce que je me disais que c’était important pour mon avenir. C’est ça qui allait me permettre plus tard d’avoir le choix de faire ce que je voulais accomplir dans la vie. Quelles sont les études que vous avez faites ? J’ai fait comme tout le monde mon primaire et l’école secondaire. Ensuite je suis allé au cégep en sciences pures et puis après, je suis devenu ingénieur comme mon père et mon grand-père. Je porte encore ma bague d’ingénieur parce que, au Québec, les ingénieurs reçoivent une bague spéciale. Donc je suis devenu ingénieur, je suis allé à l’École polytechnique à Montréal et puis après, j’ai travaillé comme ingénieur. Je suis ensuite retourné à l’université. Je suis allé en Angleterre pour faire un doctorat en astrophysique. Ensuite, j’ai travaillé comme astronome. Je suis retourné à l’université pour devenir médecin. Je suis allé à l’Université Laval pour devenir médecin et à l’université McGill pour me spécialiser en médecine familiale. J’ai été travaillé dans le Grand Nord du Québec comme médecin de famille. C’est là que je travaillais lorsque j’ai entendu parler du recrutement des astronautes. Je suis allé à l’université très longtemps, mais j’ai arrêté pour travailler puis j’y suis retourné comme ça plusieurs fois.
- Que faites-vous dans la fusée avant d’arriver à destination ?
Nous sommes très occupés. Une fusée ça vole à peu près automatiquement. Les astronautes, nous sommes très occupés à surveiller l’ordinateur. Il fait tout automatiquement, mais il faut s’assurer qu’il fait ça correctement. Nous sommes occupés à le programmer, à suivre toutes les phases de pilotage pour être certains que ça se fait correctement. L’entrainement que l’on suit, c’est surtout pour apprendre à réagir en cas de problème. S’il y a un problème avec les moteurs, avec la navigation, avec le système d’oxygène par exemple. Donc nous surveillons toujours tout ça pour être sûrs qu’il n’y aura pas de problème. Nous sommes donc très occupés, mais c’est plus un travail de surveillance. C’est comme si nous étions des pilotes dans un avion qui fonctionne sur autopilote. L’astronaute ne fait pas rien pendant ce temps-là. Il surveille quand même que l’autopilote fonctionne bien. Une fois arrivé, ça prend environ 6 heures se rendre à partir de la rampe de lancement jusqu’à la station spatiale internationale, nous devons faire les manœuvres d’arrimage, ouvrir le sas. C’est une longue journée se rendre dans l’espace. Ça prend environ 14 heures en tout avant d’arriver dans la station et de pouvoir s’installer dans notre nouvelle maison.
- Quels sentiments ressentons-nous lorsque nous flottons pour la première fois dans l’espace et lorsque nous voyons la terre par le hublot ?
C’est un moment très spécial et très fort pour moi. La première fois, le décollage de la fusée se faisait au coucher du soleil. Donc après la mise en orbite, c’était rendu la nuit. Ça va vite dans l’espace. Nous allons tellement vite qu’on fait le tour de la terre en 1 heure 30. Aussi, 45 minutes après le coucher du soleil, c’est déjà le lever du soleil et vice versa. Environ 15 minutes après être arrivé en orbite, déjà c’étaient les premières lueurs de l’aurore. Quand j’ai vu ça pour la première fois par mon petit hublot, la courbe de la terre avec les lumières de l’aurore, l’orange, le rouge, les lumières des villes, j’ai compris. Wow ! « My god ! » c’est vrai, je suis vraiment rendu dans l’espace ! Jusque-là, ça ressemblait tellement à l’entrainement, au simulateur, que mon esprit n’avait pas vraiment réalisé que c’était vrai. C’est à ce moment que j’ai réalisé que c’était vrai, la première fois que j’ai vu la terre et l’espace. C’est incroyable de voir ça !
- Est-ce qu’il fait froid dans l’espace et dans les vaisseaux spatiaux ?
Bonne question ! Ça, c’est une question physique. Je vais vous expliquer un peu. La température c’est quoi ? C’est la température des objets ou en ce moment dans la maison où vous êtes, c’est la température de l’air que vous ressentez. Ça prend un objet, de la matière, pour avoir de la température. Dans l’espace, il n’y a rien. C’est quoi la température de l’espace ? On mesure ça, ça dépend si tu es au soleil ou à l’ombre. Au soleil, très vite il fait très chaud, car le soleil est très fort dans l’espace. Si tu es à l’ombre, il fait très froid. Donc ça dépend si tu es illuminé ou non. Par exemple, si tu prends la lune, parfois tu vois la moitié de la lune illuminée et l’autre moitié qui est à l’ombre. La moitié qui est illuminée est environ à +200 degrés. La moitié à l’ombre est environ à -200 degrés. Donc ça dépend vraiment et énormément de l’illumination du soleil. La même chose pour un vaisseau spatial. Le côté qui est au soleil est super chaud et le côté qui est à l’ombre est super froid. Donc les ingénieurs qui l’ont construit l’ont conçu en conséquence. Même pour notre scaphandre, quand nous sommes au soleil, il fait super chaud. Il faut mettre le système de refroidissement, fermer absolument la visière du casque comme de grosses lunettes soleil. Le soleil rentre à l’intérieur, c’est vraiment chaud et dès que l’on rentre dans la nuit, on allume les chaumières pour se réchauffer les doigts. Très, très vite il fait froid. Donc ça dépend. Mais les vaisseaux spatiaux, les scaphandres, tout ça possèdent de bons systèmes de contrôle de température. Donc à l’intérieur, il fait une température totalement normale. On se promène en t-shirt, c’est très, très confortable.
- Comment faites-vous pour manger et boire de l’eau dans l’espace ?
Les 2 problèmes évidemment sont que premièrement, nous n’avons pas de frigidaire. On ne peut pas garder les aliments longtemps, alors il faut avoir seulement des aliments déshydratés. Tu as peut-être déjà vu ça en allant en camping. Des aliments déshydratés, c’est que l’on mange de la nourriture qui est déshydratée. Elle est faite d’avance depuis 1 an peut-être avant le voyage en vaisseau spatial. On la réhydrate et franchement, c’est très bon. Ça a toujours l’air un peu a du ragoût. C’est comme un mélange de soupe épaisse avec de la viande et des légumes. Il y en a de plein, plein de sortes, mais c’est ça que l’on mange. On peut faire mariner des choses comme du saumon fumé, ça fonctionne dans l’espace et ça peut durer très longtemps. On peut avoir des biscuits, des choses comme ça. On peut avoir du café, des choses comme ça. Le problème pour boire, c’est que si tu mets du liquide dans un verre, il va sortir du verre. Ça va faire comme une grosse boule qui flotte. Donc on boit seulement un peu comme quand parfois dans ta boite à lunch tu as des jus en carton avec une paille. Ça, ça marche dans l’espace. Le liquide est prisonnier donc avec la paille tu l’aspires. On peut également le faire avec des sacs de plastique, un peu comme à l’hôpital quand ils vous mettent du sérum. Des systèmes de plastique comme ça à laquelle on peut avoir de l’eau, du café ou du lait. C’est comme ça que l’on boit. Toujours au travers d’une paille. Il n’y a pas moyen de faire autre chose. Pour la nourriture, c’est déshydraté, mais c’est très bon. Moi j’aime beaucoup aller en camping et quand on va en camping, on déshydrate nous-mêmes notre nourriture. Donc nous avions fait de la nourriture déshydratée que nous avons réussi à apporter dans l’espace. Donc j’en avais quelques-unes pour mes repas spéciaux. Une chose qui est plaisant avec la nourriture, c’est que chaque pays possède sa nourriture dans l’espace. Donc chaque personne peut échanger sa nourriture avec un autre astronaute du Japon, de la Russie. Moi j’avais apporté plein, plein de sortes de saumon fumé, de sirop d’érable du Canada. Donc c’est ce que je donnais en échange pour les repas des autres pays.
- Est-ce que l’on s’ennuie d’un trio Big Mac dans l’espace ?
Moi je trouve très bonne la nourriture. Ce dont je m’ennuyais, c’est la nourriture fraîche. On ne peut pas manger de steak frais, de légumes frais, des œufs frais, on ne peut pas avoir tout ça. Alors ça c’est ce dont je finissais par m’ennuyer. Quand il y avait des vaisseaux de ravitaillement, toujours sur la rampe de lancement, les gens cachaient des oranges, des choses comme ça, des petits cadeaux. Alors pendant quelques jours, nous avions de la nourriture fraîche. Quand je suis revenu sur terre, c’est sûr que je voulais juste manger de la nourriture fraîche. Je ne voulais rien de déshydraté, parce que j’étais fatigué de la nourriture en sachet.
- Lors de vos voyages dans l’espace, quelles sont les choses qui vous ont le plus effrayé ?
Les choses qui m’ont le plus effrayé dans le voyage spatial ? La seule chose dont nous avions peur en fait, c’est de se dire si je meurs, ce sera vraiment triste pour mes enfants et ma famille. Moi si je meurs, je ne me rends pas compte que je suis mort. Le problème, c’est les gens qui restent derrière. Sinon j’avais peur que mes parents, ils sont vieux, s’ils mouraient pendant que je serais dans l’espace, ce serait vraiment triste. Je ne pourrais pas les voir pendant qu’ils sont malades. Alors c’est surtout ça. Je n’avais pas peur de mon travail. J’avais vraiment confiance dans toute l’équipe qui travaille super fort pour préparer les fusées, préparer les missions. Avec mon entrainement pendant des années, je connaissais vraiment mon travail. Alors le jour du décollage, j’étais vraiment très calme, très serein. Je n’avais pas vraiment peur… Pas que je n’avais pas peur, ce serait faux de ne pas avoir peur, car c’est dangereux une fusée… C’est sûr que c’est épeurant. L’important quand tu as peur de quelque chose, c’est de se rendre compte que la peur c’est juste un signal d’alarme pour te dire attention, c’est dangereux. Il faut que tu te concentres, il faut que tu fasses attention. La peur ne veut pas dire « Vas y pas ! ». Ça veut juste dire « Attention, sois prudent ». Oui la peur était toujours là, mais ce n’était pas de la terreur. C’est juste que je restais très, très attentif et concentré pour faire mon travail correctement. Ce qui était peut-être le plus dangereux dans l’espace, c’étaient les météorites. Les petites météorites qui peuvent frapper la station, faire un trou, mettre le feu et causer une fuite d’air. Ça, c’est un peu comme la loterie. D’Ailleurs, pour un astronaute, quand on regarde la terre par la fenêtre, quand on voit une étoile filante, nous on n’aime pas ça. Une étoile filante, c’est un accident qu’on vient d’éviter de justesse. Les étoiles filantes ce sont des roches, alors il ne faudrait pas que ça nous frappe. Quand tu sors dehors de la station, tu vois qu’elle est recouverte de micro étoiles filantes. Ce sont juste des petits bouts de poussière qui la frappent. Ce sont comme des maringouins sur le pare-brise d’une voiture. Plein, plein, plein de petits cratères, de toutes petites roches qui l’ont frappée. À date, nous n’avons jamais été frappés par un gros débris. Sais-tu ce qui est le plus épeurant honnêtement ? Il ne faut pas faire d’erreurs, vraiment aucune erreur. Ce que l’on fait à bord, tout est compliqué, tout est cher, tout est accompli par plein de gens qui travaillent là-dessus depuis longtemps. C’est important, il y a plein de gens qui ont confiance en nous. C’est comme quand tu fais un spectacle avec l’école. Tu es sur scène, tu ne veux pas te tromper, t’enfarger. C’est un peu comme ça notre vie dans l’espace. On ne peut pas se tromper, s’enfarger, faire d’erreur. C’est drôle, ta question est vraiment bonne, elle me fait réfléchir ! Sais-tu c’est quoi les choses donc j’ai le plus peur ? Ce sont les quelques fois où j’ai fait des erreurs. Ça arrive à tout le monde de faire des erreurs, mais j’avais vraiment peur d’appeler Houston pour leur dire que j’en avais fait une. Ça ne me tentait pas. Ça ne me tentait pas d’admettre mon erreur ! Ça ne me tentait tellement pas, j’aurais aimé mieux oublier ça, mais tu ne peux pas. Il faut que tu appelles pour admettre ton erreur et pour demander de l’aide. C’est toujours ça la bonne chose à faire. C’était cela qui me rendait le plus nerveux…
- Comment fonctionne le cycle jour/nuit dans l’espace ?
Alors ça, c’est intrigant ! Être dans l’espace, c’est un peu comme être en orbite. Nous restons là, car nous allons très vite. Je vais t’expliquer brièvement. Sur la terre, la gravité est encore là pour nous faire tomber. Imagine que je prends mon téléphone et que je le lance. Sur terre, il va faire une courbe. Si je le lance plus fort, il va faire une plus grande courbe, il va aller plus loin. Encore plus fort, il va encore plus loin. Si je le lance assez fort pour qu’il tourne en suivant la courbe de la terre, il ne va jamais toucher par terre. Il va juste continuer à tourner. C’est ça être en orbite. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de gravité, c’est juste que nous allons tellement vite que nous tournons en suivant la courbe du sol en dessous de nous. C’est comme si nous étions toujours en chute libre. Donc pour répondre à ta question, vu que nous allons si vite, nous allons à 8 km par seconde, nous faisons le tour de la terre en 1 heure 30. À cause de cela, en 1 heure 30 nous avons fait le tour de la terre du côté qui est au soleil et ensuite, le tour de la terre qui est dans la nuit et on revient. Aux 45 minutes, c’est le lever du soleil et le coucher du soleil. C’est un peu désorientant au début. Tu ne sais plus c’est quand le jour et la nuit. Tu ne sais plus quand aller te coucher, quand manger ton déjeuner tellement que la lumière dehors change tout le temps. On finit par s’habituer à plus se fier sur notre montre, se fier sur l’horaire. C’est ça le cycle jour/nuit dans l’espace. C’est un peu comme un spectacle qui n’a pas rapport avec ta vie, avec tes journées à toi. Le cycle est sur 1 heure 30, alors on vit arbitrairement à l’heure de l’Angleterre. Nous avons décidé ça arbitrairement, comme ça c’est un peu entre Houston (Texas) et Moscou (Russie) où sont situés les deux grands centres de contrôle. Notre vie est sur l’heure de Londres, mais le jour et la nuit, c’est chaque heure et demie un cycle qui n’arrête pas. C’est un peu désorientant au début.
- Avez-vous des temps libres dans l’espace et si oui, quels étaient vos passe-temps ?
Nous avons du temps libre, pas beaucoup, mais nous en avons. Les journées sont longues. On travaille de 7 h le matin à 7 h le soir. Après ça, nous prenons un peu de temps pour appeler notre famille, faire de l’exercice. La plupart des dimanches sont libres. Nous essayons de nous garder le dimanche. Le samedi, nous faisons le ménage et réparons ce qui est brisé. Le dimanche, nous essayons d’être libres. Moi ce que j’aimais le plus faire, c’était tout simplement aller à la coupole regarder la terre. J’essayais souvent d’appeler un ami au téléphone. On peut appeler au téléphone, pas tout le temps, mais assez souvent. J’aimais ça parler à des amis ou ma femme, mes enfants et mes parents en regardant la terre. C’était mon passe-temps préféré.
- Avez-vous pu parler à votre femme tout au long de votre mission ?
J’ai pu parler à ma femme et ma famille presque tous les jours. C’était ma confidente et celle qui était le plus au courant. Mes enfants avaient la chance que, chaque fin de semaine, nous pouvions jaser pendant 1h ou 2, comme on fait en ce moment, avec un appel vidéo. C’était plus difficile à organiser, alors nous le faisions une fois par semaine chacun notre tour. C’était vraiment formidable de parler comme ça avec des amis et mes parents. Au téléphone, tous les jours, j’ai réussi à parler à ma conjointe. C’était vraiment important psychologiquement. Les deux nous avions besoin de l’aide l’un de l’autre. Elle, elle était seule sur terre avec les enfants, moi, je suis seul dans l’espace loin des gens que j’aime. Quelquefois c’était moi qui avais besoin d’aide et quelquefois, c’était elle qui avait besoin d’aide. Alors on s’aidait mutuellement.
- Avez-vous une anecdote à partager sur ce qui est arrivé là-haut ?
J’en ai une que vous allez comprendre ! Vous avez déjà fait ça des achats sur Internet ? Parfois quand tu vas sur des sites, pour être certains que tu n’es pas quelqu’un qui a volé l’identité, ils envoient un message sur ton téléphone pour confirmer que c’est la bonne personne. Moi quand j’étais dans l’espace, je voulais acheter des fleurs à ma conjointe. J’ai eu la bonne idée d’aller sur un site Internet de fleurs, je voulais lui faire une surprise. Je fais la commande par Internet à la station spatiale. Ils me disent OK, on va envoyer un texto à votre téléphone pour confirmer que c’est vous. Ah non !!! Je n’avais pas mon téléphone évidemment, c’est ma conjointe qui l’avait… Alors ce ne serait pas une surprise ! Je me suis fait avoir par la technologie ! Je me suis organisé avec un bon ami qui a fait l’achat pour moi pour garder la surprise pour la famille.
- Quelle est la première chose que vous avez faite lors de votre retour sur terre ?
Lors du retour sur terre, nous avons atterri et des assistants m’ont sorti de la capsule parce que je n’étais pas capable de marcher debout. J’étais tellement désorienté. La première chose que j’ai faite, c’est que j’ai dormi. Je me suis reposé dans l’avion qui me ramenait à Houston. Là j’ai vu mes enfants et ma famille. C’est ça la première chose intéressante que j’ai faite, c’était de revoir ma famille. Je me suis aussi fait cuire des œufs !
- Quels sont vos projets pour les années à venir et est-ce qu’il y a une autre mission prévue ?
La mission, j’aimerais ça, mais ce n’est pas moi qui décide. Au Canada, nous sommes 4 astronautes en ce moment et les 3 autres ne sont pas encore allés dans l’espace. Je suis un peu à la fin de la ligne d’attente maintenant. C’est eux d’abord. Pour moi, mon travail maintenant est de supporter les autres missions et les missions des autres astronautes. Je suis comme un instructeur pour les astronautes parce que je possède de l’expérience. Je les conseille pour les futures missions spatiales. C’est un genre de rôle comme cela que j’ai maintenant.
- Est-ce que vous croyez en la possibilité d’installer une base sur mars et si oui, seriez-vous partant pour y aller ?
Oui, je crois que c’est possible. Je pense que c’est possible d’aller sur mars et d’avoir une base. Le plus difficile, c’est de revenir. Il faut faire le carburant sur place et il faut bien s’enligner pour revenir sur la terre. Est-ce que j’irais sur mars ? Maintenant, à mon âge, je pense que mes enfants sont trop jeunes. J’attendrais plus tard, que mes enfants soient des adultes, car c’est long. Les missions sur mars ça va durer plusieurs années. Ça prend sûrement environ 9 mois juste pour se rendre. Il faut rester plusieurs années peut-être et c’est 9 autres mois pour revenir. Ce sont des missions de 3, 4 ou 5 ans. Je pense que ce sera pour des gens qui n’ont pas encore de famille ou des gens dont la famille est déjà assez grande et qui a quitté la maison. C’est important quand même. On pense souvent à l’aspect technique, mais nous sommes aussi des gens qui possèdent une vie de famille. C’est très important de garder l’équilibre. Nous ne pouvons rien faire de bien dans la vie si nous n’avons pas d’équilibre. Nous ne pouvons pas sacrifier un morceau de sa vie pour tout mettre dans un autre. L’être humain ne fonctionne pas comme ça. Il faut tout garder en équilibre et c’est comme ça que l’on est à notre meilleur. C’est important pour nous aussi de garder notre esprit de famille en bon état.
- Quel a été le plus gros moment de stress durant votre carrière jusqu’à maintenant ?
Alors le plus gros moment de stress, ce sont les examens. Je n’aime pas ça les examens. Il y a plein d’examens pour devenir astronaute. Nous sommes constamment en examen et c’est toujours stressant un examen. Même si tu as confiance en toi, que tu es capable, que tu as bien étudié et que tu es bien préparé, tu n’es jamais certain que tu ne vas pas faire une erreur. Même si tu as confiance, tu peux aussi te planter. Alors j’ai toujours trouvé ça stressant les examens. Surtout les examens finaux, c’était assez stressant. C’est bizarre on dirait qu’après ça, faire la mission elle-même, ce n’était pas stressant. Ça, j’avais toujours confiance que ça allait bien aller et je me sentais prêt. J’étais un peu stressé, c’est vrai, pour utiliser le bras canadien. Je ne l’avais jamais utilisé pour vrai. Pendant toutes ces années, ce que j’avais fait, c’était de le pratiquer en jeux vidéo sur le simulateur. Là, c’était la première fois avec le vrai et c’est vraiment gros, c’est vraiment énorme ! Pour attraper un vaisseau cargo, c’est un des rares moments dans le travail d’astronaute où personne ne peut t’aider. C’est juste toi avec tes 2 manettes et ton écran. C’est le silence à la radio, plus personne ne parle, personne ne dit rien, tout le monde regarde. Tout le monde te regarde faire ! On appelle ça vivre dans un aquarium. Ce sont des moments où tu te sens comme un poisson dans un aquarium et que tout le monde te regarde. En gros, la solution au stress, c’est de se préparer. Je trouve que lorsque tout est prêt, moins tu es stressé. Quand tu as l’impression que tu improvises un peu, c’est là que c’est plus stressant.
- Combien de langue parlez-vous ?
Je parle bien le français, car c’est ma langue natale. Je parle bien l’anglais parce que j’ai longtemps vécu dans des pays anglophones. J’ai appris à parler un peu japonais parce que j’ai habité au Japon 2 ans lorsque j’étais jeune étudiant. J’ai appris à parler russe pour devenir astronaute. Il faut absolument parler russe pour piloter la fusée. Je parle un peu espagnol parce que c’est important quand on est américain de parler espagnol. Au Texas, il y a beaucoup de gens hispanophones. Je parle correctement 2 langues et je peux me débrouiller dans 2 autres.
- Croyez-vous aux extraterrestres ?
Je ne peux pas te le dire c’est un secret ! Oui j’y crois. Je suis certain qu’il y a d’autres vies dans l’univers, mais je n’ai pas de preuve. Nous n’en avons jamais vu, c’est juste que je me dis que c’est tellement grand l’univers. Il y a des centaines de milliards d’étoiles, avec des galaxies ayant chacune des milliards d’étoiles. Ça ne se peut pas qu’il y en ait juste une avec de la vie. Il me semble que ça ne se peut pas, mais je n’ai pas de preuves.
- Au cas où il y aurait encore des sceptiques, pouvez-vous nous confirmer que la terre est belle et bien ronde et non plate ?
Absolument, aucun doute, je l’ai vue ! C’est une boule ! Je faisais le tour sans arrêt. Si elle était plate ça n’aurait pas fonctionné.
- Pour vous la persévérance scolaire, c’est quoi ?
J’ai deux choses à dire là-dessus. D’abord, aller à l’école, apprendre quelque chose, c’est plaisant. Ça te permet de voyager dans ta tête, de comprendre le monde autour de toi. Il y a plein de brumes qui se lèvent, plein de mystères qui disparaissent. Je trouve que même si parfois il peut y avoir des côtés négatifs, des devoirs à faire, il ne faut jamais oublier le positif. La richesse que c’est de mieux comprendre le monde autour de nous. Ça donne tellement de force de caractère, d’ouverture! C’est formidable de comprendre. La plus belle chose je trouve, c’est de comprendre ce qu’il y a tout autour de nous. Ça, c’est ce qui m’a toujours aidé avec la persévérance scolaire. Ça m’a rappelé la joie que j’avais au fond de mieux comprendre. Ensuite, quand nous avons des difficultés, l’important c’est de ne pas avoir peur de demander de l’aide. Un peu comme lorsque je racontais plus tôt que, lorsque j’ai fait des erreurs pendant la mission, même si j’avais vraiment peur d’appeler au centre de contrôle, je devais demander de l’aide. C’est la même chose à l’école. Lorsque ça va mal ou que c’est difficile, il ne faut pas avoir peur de demander de l’aide. Tout le monde est prêt à aider quelqu’un qui veut apprendre. C’est encore plus plaisant quand on le fait en équipe, avec l’aide de quelqu’un d’autre. Alors voilà, nous ne sommes pas seuls. Maintenant que je suis père de famille, c’est tellement important d’aller à l’école. C’est tellement important pour moi que mes enfants persévèrent à l’école et qu’ils acquièrent cette richesse-là dans leur tête. Personne ne peut t’enlever tes connaissances, ce sont tes outils pour la vie.
- Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?
Vous êtes chanceux d’habiter dans des belles municipalités comme ça, d’avoir accès à la nature. C’est une belle richesse de vivre dans des milieux un peu plus petits parce que la vie est parfois moins compliquée. Vous perdez moins de temps dans les transports. J’ai habité longtemps en région, j’ai fait plein de stages, j’ai travaillé dans le Grand Nord. J’adore l’atmosphère des régions du Québec. J’ai marié une fille qui vient des régions. Ce sont de beaux milieux de vie pour grandir. Après ça, vous avez toute la vie pour explorer la terre au complet et toutes les grandes villes. C’est un privilège d’habiter et de grandir dans des endroits qui sont sains.
- Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leurs municipalités ?
C’est formidable ! Il n’y a rien de mieux pour le bonheur que de s’impliquer dans sa communauté. C’est la plus belle chose que nous pouvons faire pour les autres, mais aussi pour soi-même. On dirait que ça nous donne tellement de fierté, que ça nous donne un peu un sens à la vie. C’est vraiment une très belle chose à faire que de s’impliquer dans son environnement. C’est quelque chose que nous ne pouvons pas regretter. Je vous encourage et je félicite ceux qui font ça.
- Quelle importance doit-on porter à l’activité physique ?
J’aime ça faire du sport. Je ne suis pas un athlète olympique, mais j’aime ça et je me sens bien dans ma tête quand je fais de l’exercice. Vous, vous êtes jeunes et votre corps est en parfait état, c’est facile. Peut-être que vous ne voyez pas l’intérêt encore, mais peu importe c’est quoi votre rêve, c’est certain que vous allez avoir besoin de votre corps. Peu importe ce que vous voulez faire, vous avez besoin de votre corps. Votre corps c’est comme votre meilleur ami, c’est votre meilleur outil. Il faut absolument en prendre soin. Il faut faire de l’exercice un peu, régulièrement. Il faut bien manger, bien dormir, faire attention au stress parce que vous n’êtes pas fait en plastique. Un corps, il faut vraiment lui faire attention, c’est votre meilleur allié. Je trouve ça important. J’aime ça faire de l’exercice parce que je me sens mieux. Ça me donne de l’énergie et j’ai toujours adoré faire ça.
- Que pensez-vous des jeunes et la relation avec la cigarette ou la vapoteuse ?
Je n’ai jamais fumé alors je ne sais pas. Je me rappelle quand j’étais jeune, mes parents fumaient et ils ont arrêté. Ça n’a jamais été tellement présent dans ma vie. Les jeunes qui fument, je vous conseillerais d’arrêter ça parce que, même si c’est difficile d’arrêter et que ça coüte cher, c’est nocif pour la santé. Parfois les gens fument pour aider leurs stress, mais il y a d’autres manières. Quand nous sommes stressés, il y a d’autres manières plus saines de combattre cela comme faire de l’exercice ou parler à des gens. Est-ce que vous en voyez beaucoup dans vos écoles ? Moi à mon école, il y a beaucoup de jeune qui fument et qui prennent la vapoteuse. C’est quand même assez populaire ces temps si.