Entrevue avec Alain Carrier, homme d’affaires établi dans la région de Drummondville, réalisée par Cloé Girard, Makayla Nantel, Charline Pelletier et Madison Ménard des Comités 12-18 de L’Avenir, St-Félix-de-Kingsey, Lefebvre et Durham-Sud.

Décrivez-nous votre entreprise.

On a principalement des magasins récréatifs. Comme je vous l’ai dit tantôt, je vous ai fait l’historique des Harley, des 8 magasins, des 7 bannières DRT, 3 Harley Davidson et bientôt 3 BMW. On a aussi une pépinière Centre de Jardin. C’était mon métier principal. On est partis là‑dedans, comme vous le dites, en ‘78-‘79. Aujourd’hui, c’est une des plus grosses entreprises, sinon la plus grosse entreprise, d’aménagement paysager. Principalement, les activités sont à Montréal. Pourquoi ? Parce que pendant longtemps, avec la compétition d’ici, on a trop grossi et on avait trop d’équipement. Résultat : ça nous prenait une journée juste pour déplacer la machinerie, du temps qu’on aurait pu prendre pour remplir le contrat dans son entièreté. Ça devenait que ça nous prenait des gros contrats pour que ce soit rentable. Maintenant, on travaille avec Costco, Métro, Provigo, Pomerleau Construction… Des grosses compagnies. Comme là, on fait l’Oratoire Saint-Joseph, des contrats de 3 à 4 millions. On a fait Amazon, Canadian Tire. C’est ça notre business. Là-dedans, compte tenu des demandes, de l’équipement, on n’a pas trop, trop de compétition. On en a, mais pas tant.

Aussi, avec les années, on a acheté des terres agricoles pour faire de la plantation d’arbres pour pouvoir les vendre plus tard. Heureusement, un jour, le gouvernement du Québec a dézoné ces terres-là sans nous le demander, alors on a fait du développement domiciliaire. Donc, j’ai une entreprise qui fait du développement domiciliaire. On fait juste les infrastructures et on vend les terrains à des entrepreneurs pour qu’eux bâtissent principalement de la résidence unifamiliale.

Quelles qualités de base recherchez-vous chez vos employés quand vous les embauchez ?

La passion. Être dévoué, attentif. Aimer son job. Moi, je dis toujours, si tu travailles quelque part et que tu es pas heureux ou heureuse… Il faut travailler dans la vie, aussi bien le faire dans un endroit où tu te lèves le matin et t’as hâte d’y aller. Moi, je dis toujours, c’est comme tous mes enfants. Il faut qu’ils soient heureux.

Quelles sont les valeurs de votre entreprise ?

Pas les valeurs monétaires ? (rires) C’est la famille. Je ne dirais pas que j’ai appris ça à mes enfants, mais quand on va au magasin, je fais la navette des magasins. Aujourd’hui, j’ai fait 2 places. C’est une famille. C’est des valeurs. Transmettre ta passion. L’esprit de famille. Parler, échanger. Pas juste parler de business. « Comment ça va, toi ? » T’entends dire qu’un employé, sa femme ou vice-versa, va pas bien Tu t’informes : « Ça va mieux? » Il faut que ça se fasse naturellement, tu peux pas jouer la comédie. Les gens le voient, avec les années. Si on parle de valeurs d’entreprise, c’est ça. Les valeurs dans ma vie privée, c’est être honnête, respectueux, généreux. Ça, c’est mes valeurs personnelles.

Y a-t-il des réalisations ou des projets de votre entreprise dont vous êtes particulièrement fier ?

Quand tu pars de rien, que tes parents ont pas d’argent et qu’aujourd’hui tu te réveilles avec 400 et quelques employés et chaque magasin a une valeur, tu peux être fier d’être parti de zéro. Je ne dis pas que quand je vais partir, mes enfants vont avoir ça, ils ont travaillé et participé, ils le font à tous les jours. D’être fier de dire que tu as réussi. Il ne faut jamais le tenir pour acquis, c’est un travail de tous les jours. Moi, j’ai toujours dit, la journée où tu vas dire qu’on « est les meilleurs », tu viens de tomber deuxième, parce que tu es trop au-dessus de tes affaires. Il ne faut pas être maladif, mais il faut se demander ce qu’on ferait de mieux. L’argent, c’est plus nécessaire maintenant. Qu’est-ce qu’on ferait de mieux ? Meilleur service à la clientèle, bien servir tes clients. On est les leaders canadiens dans le sport récréatif. Essayer de conserver ça. Il y a sûrement 20 ou 30 compagnies de ce genre en Amérique du Nord. On est parmi les 3 meilleures, parce qu’on est allés à Prague l’année passée sur l’invitation de Harley. Ils ne disent pas publiquement c’est qui, mais « on nous invite à Prague, toutes dépenses payées. » C’est le fun d’apprendre de BRT qu’on était les plus gros en termes de volume. Pas nécessairement la grosseur de la bâtisse, mais en termes de volume d’affaires. C’est le fun d’entendre ça.

Comment se passe une journée de travail pour vous ?

Une journée de travail, ça commence autour de 3 ou 4 h le matin, tous les matins. Comme je suis dévoué et que je pose beaucoup de questions, comme je disais tantôt, je reçois beaucoup de courriels et de textos. Alors, ma journée de travail, ça dure disons entre 4 et 6 h 30, ça dépend des journées. Je reçois environ 150 messages par jour que je me fais un devoir de répondre en moins de 24 h, à part ceux que je réponds temps en temps, en quelques minutes. C’est ça principalement. Après ça, c’est déjeuner. Après ça, je fais un peu ce que je veux maintenant. Je fais plus de livraison ou de vente sur le plancher, quoique j’aime ça quand un client arrive ici. « Bonjour, vous avez besoin de quoi ? Je vais vous aider. » Mais quand arrive le temps des prix et du financement, je sais plus. Je suis rendu à une autre étape de ma vie. Ça, j’aime ça. Mes journées, c’est ça. C’est de me promener et d’aller voir au Centre de Jardin, aller voir les employés, aller voir les jobs qu’ils font. Mais je le fais quand ça me tente. Si on recule il y a 15 ans, j’étais un bourreau de travail, je faisais toujours ça, partir à 3 ou 4 h le matin et rentrer à 10 h le soir. Pas déjeuné, pas dîné, pas soupé. J’ai fait ça pendant 25 ans. Je ne suis pas mort, j’ai 66 ans. J’ai passé un bilan de santé, je suis en parfaite condition. Le travail ne tue pas.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez?

Je pense que c’est la relation avec mes employés. Parler avec eux, comme je le disais tantôt, pas juste du travail. Être au courant. Mon plaisir, c’est d’essayer de tous les nommer. Je sais les reconnaître comme je fais la tournée au minimum aux 2 semaines, ne serait-ce qu’une heure. Je le sais quand l’un a eu une nouvelle, surtout ces temps ci. Manque de main-d’œuvre, il y a beaucoup d’offres qui sont faites ailleurs. C’est drôle, parce que nous, on traite bien nos employés. On a eu des départs comme les autres, mais je dirais que 40-50 % des départs sont revenus. C’est le fun de se dire qu’ils sont bien chez nous, ils reviennent.

 

Pour tout l’attachement que j’ai dit tantôt. Il existe sans doute d’autres entreprises qui portent attention comme on le fait. S’assurer d’être bien, d’être considéré. Il y a tout le temps à gauche et à droite des petits concours organisés par BMW ou Harley Davidson du genre Meilleur vendeur de ceci ou cela. On est très actif là-dessus, agacer les gens, apporter des ballons. Ça se résume à l’esprit d’équipe. De un, faut que t’aimes le sport récréatif, faut que t’aies la passion de ça. De deux, c’est le fun de travailler dans un endroit où c’est plaisant de de te lever le matin pour t’y rendre et y travailler, comme je le disais tantôt. C’est la raison de travailler pour mon entreprise.

Quel message voulez-vous lancer aux jeunes de notre région ?

C’est d’avoir un but. S’instruire. Aies des connaissances en administration et en comptabilité. Ça n’empêche pas de faire autre chose, mais d’avoir un petit penchant vers ça et un jour, peu importe ce que je vais faire, ça va me servir, que je sois ingénieur, comptable, infirmière, médecin, etc. Tu as besoin de connaître les chiffres. J’ai un diplôme en génie électrique, en administration marketing et l’autre en Institut de technologie agroalimentaire du Québec (à Saint-Hyacinthe). Je le disais à mes enfants : faites ce que vous voulez, vous n’êtes pas obligés de venir travailler dans l’entreprise, mais apprenez les chiffres. C’est important, même dans ton quotidien. Savoir faire un budget. C’est le conseil que je pourrais donner : aller à l’école.

Moi, j’ai un secondaire 5 et une session au Cégep. C’est tombé en grève, j’ai arrêté. Je suis allé travailler sur la construction au début, j’étais assistant-briqueteur. C’est là que j’ai eu la passion de poser des briques sur une maison. Je me suis dit que si j’étais capable de poser de la brique sur une maison, j’étais capable d’en poser dans un stationnement. C’était nouveau. J’étais capable de vendre du pavé imbriqué. Je suis parti à mon compte en paysagement, j’étais le seul qui faisait ça. Mais ça n’a pas été long, la compétition a suivi. Si j’ai un reproche à me faire aujourd’hui, c’est de me dire que j’aurais aimé ça apprendre la géographie, la culture. Je me tiens au courant, j’aime ça, mais on dirait que ça me manque. Comme vous le voyez, je suis très à l’aise de jaser, mais parfois je suis bloqué quand on parle d’un pays. J’en ai visité beaucoup, mais j’aurais aimé être plus connaissant. Mais bon, on ne peut pas être connaissant dans tout. Il fallait faire un choix.

Jusqu’où rêvez vous d’amener votre entreprise ?

Comme je l’ai dit tantôt, je pense qu’elle a atteint son plafond. Ce qui resterait à faire, ce serait d’acheter d’autres magasins. Le but de ma famille, ça a toujours été d’acheter un magasin, le rendre à son maximum, ramasser les sous et après ça, acheter un deuxième magasin. Là, t’en as 2. Tu attends que les 2 soient opérationnels, tu ramasses tes sous, tu en achètes un troisième, quatrième, cinquième, etc. Disons qu’on a pris une pause autour de 2018, je crois, et puis la pandémie nous a tous bloqués. Mais on est toujours à l’affût d’une occasion. On ne refuse rien. On n’a pas le goût d’arrêter. Pas moi, en tout cas. J’ai le goût encore d’aller plus loin, mais c’est plus l’argent qui me motive. C’est de faire des choses. Il y a des concessionnaires qu’on a (BRT, entre autres), mais peut-être qu’un jour, dans l’automobile, peut-être… Mais pas pour maintenant.

Qu’est-ce qui vous inspire dans la vie ?

Je suis dans les affaires, alors les hommes et les femmes d’affaires, ça m’inspire. J’aime lire sur la vie de Kennedy et celle des gens riches et célèbres. Pas les célébrités comme les musiciens, parce que souvent, c’est superflu. Pas tous, il y a des exceptions. Notre Céline, je pense qu’elle est correcte. Je suis passionné de savoir comment ils ont réussi, eux. Steve Jobs, tous ceux que vous connaissez. Ça, j’aime ça. J’ai une passion de ça, d’apprendre comment ils ont fait pour réussir. Warren Buffet. Tu les vois, ils ont 80 ans. Laurent Beaudoin, anciennement de Bombardier, a 84 ou 85 ans et il n’y a pas une année

qu’il ne vient pas au magasin pour me voir et me jaser d’affaires. Il est passionné encore, il fait de la motoneige, de la motomarine. Lui, il est l’est, passionné.

Une autre affaire qui m’inspire beaucoup, vous le savez si vous êtes de la région, c’est que je suis une personne généreuse. Vous avez vu les dons qu’on a fait à l’Hôpital Sainte-Croix. Ça, honnêtement, c’est la Fondation qui m’a demandé de le dire en pensant que les gens qui ont des sous pourraient en inspirer d’autres, peu importe le montant donné. Le message, c’était de donner. L’hôpital, c’est important, on va tous y passer. La première fois que j’ai fait un don, c’était pour les soins palliatifs. C’était important de donner parce que, riche ou pauvre, entouré ou pas, au moins ton dernier traitement se passe bien, dans une belle chambre avec du vivant. Moi, ma mère et mon père sont allés là et tu as un petit lit, c’est large comme la table et tu as une chaise qui est prise entre le lit et le mur. Tu as un genre de cafétéria là-bas, ce n’est pas trop inspirant. Je me disais qu’il n’y aurait personne qui allait le faire. Le gouvernement, ce n’est pas trop sa priorité. Pour moi, c’était important. Ce serait le fun que la famille de ceux qui n’ont pas eu beaucoup dans la vie aillent là et se disent : « Wow. Mes parents ont fini leur vie dans un bel endroit. On pouvait se rassembler de l’autre côté pendant ses derniers mots. Se parler, prendre le temps. On a des belles chaises. » Ce n’est pas nécessairement la valeur des objets, mais d’avoir quelque chose de propre et de bien. D’avoir un autre lit à côté. Tu veux te coucher à côté de ta mère, parce que tu le sais qu’elle ne passera pas la nuit. Tu as une autre place juste à côté d’elle.

On a fait un don aussi pour les gens qui ont une maladie grave, comme un AVC ou un accident où la personne a perdu un membre. La réhabilitation. Ça aussi, je trouvais que c’était inspirant. Donner un coup de main, parce qu’encore une fois, le gouvernement, il met des sous, mais ce n’est jamais suffisant pour dire : « On va le faire. » C’était comme donner un lancement. Avec Desjardins, on s’est parlé et eux ont donné la même chose que moi, même s’ils sont beaucoup plus riches que moi. (rires) Ça m’inspire, les gens qui sont généreux. Les gens qui aident à la Fondation de la tablée populaire, au Comptoir Alimentaire Drummond. Être aux devants des gens. C’est ridicule, mais parfois tu vois quelqu’un traverser la rue avec des paquets dans une main et c’est un vieillard de 70 ans. Je pense que vous savez ce que je veux dire. Être attentif et dévoué.

Pour vous, la persévérance scolaire, c’est quoi ?

C’est d’avoir un but. Étudier pour étudier, ça doit être plate. En même temps, je ne me suis pas rendu à l’université, il faudrait que je pose la question à mes enfants, quoiqu’eux, ils savaient ce qu’ils voulaient faire et pourquoi ils allaient dans telle ou telle branche. Mais je pense qu’il faut persévérer, il faut se trouver un but à un moment donné, même si vous êtes peut-être encore trop jeunes. C’est quoi mon but ? OK, je m’en vais là et je fonce. Je dis toujours : « Tant qu’à faire de quoi, je vais le faire correctement. » Si je pellette mon banc de neige et mon voisin est sorti en même temps que moi, je vais avoir fini avant lui. Si je vais à l’école, je me dis que tant qu’à aller à l’école, j’aime autant être premier de classe. Si je suis en affaire, j’aime autant être le meilleur. Ce n’est pas maladif, c’est un but. Tant qu’à faire de quoi, faisons le bien. Si on prend 20 ou 25 ans de notre vie à étudier et à être sur un banc d’école, il vaut mieux le faire comme il faut. Ce n’est pas grave si t’arrives 10e sur 100. Mais tant qu’à faire, faisons le bien. Être persévérant dans ce qu’on fait. Ça va vous servir dans votre vie, votre quotidien. La persévérance, on l’apprend à l’école.

Selon vous, quels sont les avantages à travailler en région ?

Ces temps ci, le trafic. (rires) Je dirais, connaître ton prochain. Si tu vas à Boucherville, qui est près de Montréal, ton deuxième voisin, tu ne lui as jamais parlé, il ne t’a jamais parlé, t’as l’impression qu’il veut pas te parler. À Drummondville, c’est plus friendly. L’avantage, c’est d’être proche de tout le monde, se faire plus d’amis, de vrais amis. Travailler et connaître ton prochain. En étant en région, tu as l’avantage d’avoir plus de forêt et moins de pollution.

Que pensez-vous des jeunes qui s’impliquent bénévolement dans leur municipalité ?

C’est bien. Comme je l’ai dit à mes enfants, tout ce que j’ai fait dans ma vie pour aider mon prochain, je l’ai fait avant d’avoir des sous. Je pense que c’est important, tu le fais pour les autres et pour toi-même. C’est le fun arriver le soir et se dire : « Je suis allé manger à la Fondation de la tablée populaire et tu as vu comment le monde était content ? » Je vais là souvent, il n’y a pas un Noël depuis 4-5 ans que j’ai pas donné à tout le monde un billet pour aller au cinéma avec une liqueur et un popcorn. Ça peut paraître ridicule, mais savez-vous qu’il y en a qui ne sont jamais allé au cinéma, encore moins avec un popcorn et une liqueur ? C’est fou, mais chaque année, c’est entre 300 et 400 personnes. Ça existe vraiment. C’est la femme battue qui s’est ramassée sans foyer.

Quelle importance doit-on accorder à l’activité physique?

C’est important. (rires) Ce qui me tient toujours vivant et plein d’énergie, c’est ça. Je pense que « santé physique » est égale à « santé mentale ». Je vais au gym au moins 3 à 4 fois par semaine et je vais pas en vacances dans un hôtel s’il y a pas de gym. Ce n’est pas maladif pour moi, mais quasiment. Je fais du tapis roulant, de l’elliptique, de la musculature. Tu fais le vide. On a tous des tracas et t’arrives chez toi à la fin de la journée, t’as de la misère à dormir. L’activité physique fait en sorte que t’as de l’énergie et je trouve que c’est très important.

Que pensez-vous de la relation entre les jeunes et la cigarette et/ou la vapoteuse ?

Je n’ai jamais fumé. Mon fils Jonathan fume, les deux autres ne fument pas. Ma femme ne fume pas. Quand je vois Jonathan, je lui dis : « Tu sais lire, tu es instruit, t’es intelligent. C’est marqué là. Ce produit donne le cancer. Pas pourrait donner, il donne le cancer. C’est comme si je te mettais une bouteille d’eau et te disais qu’il y a de l’acide à batterie dedans. Si tu bois ça, tu vas mourir. Je ne sais pas quand, mais tu vas mourir. » « Tu ne comprends pas. » Non, je ne comprends pas. Heureusement, depuis dix ans, ça a beaucoup diminué.

Petite parenthèse, j’ai été maire de Drummondville pas longtemps et par accident. Mes amis me disaient : « Monsieur Cusson quitte, il reste un an et demi, tu devrais y aller et finir le mandat. » « Ben non, je n’ai pas le temps. » J’ai trop du bon temps. Comme je le disais tantôt, si je décide un jour de ne pas aller dans les entreprises, je n’y vais pas. Si je décide de partir 3 jours, j’y vais. Mes amis ont insisté deux, trois fois. La quatrième fois, j’ai dit : « Je vais y aller. » « Tu n’es pas game d’y aller. » Finalement, je suis allé. Pendant le temps que j’étais là, c’était la COVID. Je me rappelle qu’à un moment donné, le chef de police, il voulait me voir et me dit : « Monsieur Carrier, il faut sévir. » « Sévir de quoi ? » « Dans les écoles, on va là, les jeunes nous voient arriver, ils serrent la vapoteuse ou les cigarettes. Je pense qu’on en est à donner des infractions. » Moi je dis : « Ben voyons donc, continuons de leur dire. » Les infractions étaient proches de 200 $. J’imaginais le jeune arriver chez lui et se faire apostropher par ses parents, parce qu’une contravention, on sait très bien que la plupart du temps, ce sont les parents qui vont la payer. C’est déjà plein de problèmes, plein de problèmes de santé, on a déjà les grands-parents qui sont malades s’ils ne sont pas morts. « Ben voyons donc. » Une fois, je m’étais choqué parce qu’ils avaient donné des contraventions, parce que les scooters étaient stationnés sur le bord de la rue. J’étais en maudit. Alors j’ai dit au directeur général : « Va chercher toutes les contraventions, amène-moi ça sur mon bureau, je vais tout payer ça. » « Tu ne fais pas ça. » « Comment ça ? » « Si ça sort dans les journaux, tu es mort. » « Ben voyons donc. » C’est comme si je faisais une offense aux policiers. Je n’étais pas un politicien, j’étais un vrai.

Quels sont les impacts positifs de la légalisation du cannabis et les effets négatifs de la légalisation de cette substance ?

Je n’ai jamais compris, pour vrai. Je n’ai pas compris monsieur Trudeau dans cette histoire-là, parce que je me disais : « OK, faisons la législation pour les gens malades. » J’y croyais, parce qu’il y a un de mes employés qui souffrait en fin de vie et qui disait : « Tu ne peux pas savoir, quand je fume un joint, comment je suis libéré de ma souffrance. » Il aurait fallu qu’il demande l’aide médicale à mourir. Ça, pour moi, ça avait un sens. Mais de dire que tu ne peux pas fumer ou aller à la SQDC avant 18 ans ou 21 ans, je savais que ça se retrouverait dans les cours d’école. Ce que le cannabis fait, parce que je l’ai déjà essayé un soir, en me disant que « c’est légal, on va essayer ça. » Premièrement, je ne fume pas. Comme on dit en jargon : une puff et j’étais en train de mourir. Alors je n’ai pas eu d’effets, sauf que ceux qui étaient là, ils ont eu des effets. Ça a un effet relaxant. Mais il y en a beaucoup qui font ça sur leur job, on peut tous les remarquer. Ils n’ont pas d’attention, il manque quelque chose. C’est comme si tu vas dîner sur l’heure du midi, tu prends deux bières. Va en discothèque, prends deux bières dans la soirée, danse, il n’y a pas de trouble. Mais prends deux bières, va t’asseoir sur un banc et essaie de continuer ta commande de vêtements. C’est un peu ça, le cannabis. Pour répondre à votre question, j’aurais été contre ça, mais j’aurais été pour ça pour traiter ou guérir. Donner un petit coup de main à ceux qui souffraient.